La vie de la famille royale aux Tuileries

Le séjour aux TUILERIES fit de MARIE ANTOINETTE, une personne sérieuse et une mère dévouée.
Le Roi devint l'objet de toutes ses sollicitudes .
Sa vie fut désormais partagée entre les méditations , les prières, les aumônes.
Elle recevait la Cour deux fois par semaine, déjeunait le dimanche en public avec le Roi dans la Galerie de Diane avant la messe.
Il n'y eut plus de concerts et de spectacles  ; Elle ne se rendit qu'une fois à l'Opéra à la fin de 1791 où une foule de royalistes l'acclamait ce qui fut rapporté par les journeaux patriotiques  - le Roi lui interdit de sortir du château.
Elle rédigeait sans répit sa correspondance avec les princes de sang, les cours étrangères et ses amis, dormant très peu.
Ses principales occupations étaient à manier l'aiguille,à jouer au loto deux fois par semaine avec des dames invitées et à s'entretenir avec Madame de TOURZEL. tandis que les enfants s'amusaient.
Une partie de tric trac se disputait parfois avec la Princesse de LAMBALLE  et d'autres personnes.
Les seules réunions importantes que la Reine s'autorisait étaient celles de la Princesse de LAMBALLE  dans son appartement du Pavillon de Flore
Mais malgré les efforts de la Princesse, de Madame NECKER et Madame DE STAËL , elle ne parvenait que difficilement à manifester une quelconque gaieté.
Madame de LAMBALLE finit par renoncer à ces soirées, et la Reine ne sortit plus de ses appartements.


Pour l'installation des lieux - il fallut utiliser les bâtiments des cours.
Dans la cour des princes:
le coiffeur de Madame ELISABETH , le gardien des appartements de la Reine, le balayeur, l'allumeur de réverbères, le cocher, l'infirmerie, la boulangerie , la cuisine de Madame de TOURZEL.
Les caves, l'échansonnerie, la rôtisserie, le lavoir, la vaisselle générale, les cuisines, la lingerie du château, la glacière étaient aménagés dans les souterrains du château  A.N. 01.1662
(je n'ai toujours pas trouvé la mystérieuse cachette en cas d'attaque permettant de mettre à l'abri la Famille)

MARIE ANTOINETTE àè-è\':


Texte tiré en partie de LES TUILERIES PALAIS DE LA REVOLUTION
de ANTOINE BOULANT - 1989 - les 5 pages de notes sont un trésor pour faire les recherches sur les lieux disparus.

Merci pour ces informations sur les activités de Marie-Antoinette aux Tuileries !

Merci MARIE-ANTOINETTE.

MARIE ANTOINETTE a écrit:
Mais malgré les efforts de la Princesse, de Madame NECKER et Madame DE STAËL , elle ne parvenait que difficilement à manifester une quelconque gaieté.

les Necker quittent Paris en 1790, et n’y reviennent plus si ma mémoire est bonne.
Quant à Mme de Staël, c’est sûr elle n’était pas la compagne idéale pour Marie-Antoinette qui ne l’aimait pas et pour Louis XVI qui la prenait pour une folle ! :
Mais, sauf erreur de ma part, elle était logée dans son ambassade (enfin, celle de son mari), et ne faisait que des apparitions aux Tuileries dans les pas de Narbonne... boudoi32

Bonjour,
Je sais, que La Reine pendant son séjour au Tuileries aimait se promener avec ses enfants dans le petit jardin anglais près de l'Orangerie au bout de la terrasse des Feuillants.  
L´Orangerie a disparu.   Sur sa place il y a aujourd'hui le Jeu de Paume.  
En savez-vous  plus sur ce lieu ?
Leos

Je me renseigne... Je sais juste que le Jeu de Paume date de Napoléon III et que l'Orangerie actuelle, sûrement de la même époque est du côté de la Seine.

Il arrive encore à Marie-Antoinette, bel et bien captive aux Tuileries   , de sortir en ville et de se rendre au théâtre, comme aux temps heureux ...  Si, si !


Le 22 février 1792, Madame Elisabeth écrit à Mme de Bombelles :

« Nous avons une neige affreuse depuis cinq jours et un froid assez piquant. Malgré cela, la Reine et les enfants ont été aux Evénements imprévus. Au duo, Ah ! comme j'aime ma maîtresse ! il y a eu les plus vifs applaudissements; et lorsqu'ils disent :  " il faut les rendre heureux " — une grande partie de la salle s'est écriée « oui, oui ! »  ...   bref le duo a été répété quatre fois  !   Au milieu de tout cela, il y a les Jacobins qui ont voulu faire le train... C'est une drôle de nation que la nôtre; il faut avouer qu'elle a des moments charmants.  »
La princesse conte les mêmes événements quelques jours après au comte d'Artois.

( Comte de Fleury )

Au théâtre en février 1792 ? Encore... Je suis surpris, mais pourquoi pas, cela me semble si irréel, surtout sans que la reine et sa suite se fasse insultés, car à cette époque les énergumènes de tous poils hurlent comme des pestiférés  au passage de la reine.

Je sais qu'en 1792, les souverains se risquent encore à se promener dans les jardins des Tuileries, mais avec le printemps, la déclaration de guerre à l'Autriche, le véto du roi sur certains décrets, les "professionnels" de la violence rendent la vie quotidienne de la famille royale invivable, et puis il y aura le 20 juin, puis le 10 août....

Louis XVI surtout fait encore des promenades à cheval sur les boulevards ou à proximité de la capitale quand cela s'avère possible, il le note dans son carnet, mais le désordre et l'hostilité augmentant sans cesse, il cesse complètement l'équitation après le 20 juin.

Dominique Poulin a écrit:
... Je suis surpris, mais pourquoi pas, cela me semble si irréel,.

Oui, n'est-ce pas ! C'est pourquoi j'ai placé ici ce court extrait de Madame Elisabeth !

Cela semble très irréel, mais le peuple est si versatile. Je suis quand même assez étonnée.

Chers amis,
J'aimerais simplement ajouter une petite note sur ce sujet.
 
La reine, madame Royale et madame Elisabeth étaient allées lundi 20 février 1792 a la Comédie-Italienne, où l'on donnait Renaud d'Ast et Evénements imprévus.
C'était pour la dernière fois.
/Comédie italienne ou Théâtre italien, était sïtuée entre les rues Favart et Marivaux./
Le comte Fersen était encore caché à Paris chez Sullivan,
il est parti un jour plus tard, 21 février1792.


Madame la duchesse de Tourzel dans ses mémoires pour le printemps de 1792 a écrit cette phrase.

Elle allait quelquefois à Saint-Cloud, avec ses enfants, pour prendre l'air et se dissiper un peu.

Il semble que non seulement le roi est souvent allé aux alentours de la ville Paris, mais aussi la Reine et ses enfants.
 
Leos

Leos a écrit:Chers amis,
J'aimerais simplement ajouter une petite note sur ce sujet.
 
La reine, madame Royale et madame Elisabeth étaient allées lundi 20 février 1792 a la Comédie-Italienne, où l'on donnait Renaud d'Ast et Evénements imprévus.
.

Mais tout à fait, cher Leos   , et dans la lettre que je cite, Madame Elisabeth l'écrit deux jours plus tard à son amie Mme de Bombelles !

Leos a écrit:
C'était pour la dernière fois

Hélas !  

Ils pouvaient donc encore avoir une once d'espoir...

On perd un peu la boule, aux Tuileries !  

Une sentinelle sur la terrasse des Feuillants recevant des marrons sur la tête a cru qu'on lui jetait des pierres. « En conséquence il a tiré. Le caporal accourt à ce bruit, monte sur le mur, voit deux hommes se promenant dans la cour des Feuillants, tire dessus. Heureusement ils n'ont point été blessés. C'était deux hommes de la garde. »
Autre aventure de sentinelle. « Celle-ci s'est endormie dans un corridor du haut, a rêvé je ne sais quoi, s'est éveillée en criant. Dans le même moment, tous les postes jusqu'au fond de la galerie du Louvre en ont fait autant. Dans le jardin il y a eu aussi des terreurs paniques. Tout cela entretient la garde dans une terreur apparemment fort utile pour ceux qui sont cause de toutes ces bêtises '.
Il a été question hier de la maison militaire du Roi. Il aura douze cents hommes à pied et six cents à cheval qui seront choisis dans les troupes de ligne et dans la garde nationale. Outre cela il aura la garde d'honneur que la ville où il sera lui fournira. Tu conviendras que tout cela fera un Roi bien et librement gardé. On le croira et c'est tout de même. M. le duc d'Orléans a renoncé à ses droits au trône dans la séance d'hier.
Voilà, ma Bombe, toutes les nouvelles intéressantes que mon pays peut fournir. La fête du Roi se passe avec toute la modestie possible... Il n'y a pas la moindre différence des autres jours. On ne lui permet même pas d'entendre la messe dans la chapelle. »

Comme quoi la tention était maximale aux Tuileries... Suspicion permanente, étroite surveillance, un roi condamné à jouer à l'automate...Quelle horreur !

Et a Se refermer dans Sa coquille un peu plus.

Après Varennes :

« Paris et le Roi sont toujours dans la même position, le premier tranquille, et le second gardé à vue ainsi que la Reine ; même hier on a établi une espèce de camp sous leurs fenêtres, de peur qu'ils ne sautent dans le jardin, qui est hermétiquement fermé, et qui est rempli de sentinelles. On dit que l'affaire du Roi sera rapportée bientôt et qu'après, il aura sa liberté. »

( optimiste, Madame Elisabeth ! )

Que ne sont ils partis lorsqu'Ils étaient à Saint Cloud. Cela aurait été beaucoup plus simple.

Après Varennes, la famille royale est complètement prisonnière. Lors du retour, pendant l'été 1791, alors que le roi est suspendu de ses fonctions, leurs moindres faits et gestes sont observés à vue. Toujours des gardes, toujours... 
Le roi a fait des promenades à cheval plusieurs fois par mois entre septembre  1791 et juin 1792. La reine d'après ce que j'ai lu a pu retourner -rarement- se reposer à Saint-Cloud, le temps d'une après-midi, mais sous surveillance vigilante.

Aussi Madame Campan écrit dans ses mémoires sur l'une de ces excursions de la reine.

Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, reine de France:

Voici un extrait:

La mort de Lémpereur Léopold  arriva  le 1 er. mars 1792. La reine était sortie lorsque la nouvelle parvint aux Tuileries. A son retour , je lui remis la lettre qui la lui annonçait.  

Leos

La reine n'a même pas abandonné ses exercices à cheval.

Ils sont mentionnés, par exemple, par Morris dans son Journal en novembre 1791.

La princesse de Tarente est là; elle me confie que la reine lui parle souvent de moi pendant leurs promenades à cheval. Je réponds seulement par un salut. Elle se répèle, et s'étend sur ce sujet, mais je me contente de la même réponse.

source: Journal de Gouverneur Morris:

Leo

Merci, cher Leos, pour tous ces détails que vous nous donnez !

Chaque nuit, écrit Mme Elisabeth à Mme de Raigecourt le 17 novembre, un homme de garde couchait en travers de la porte de leurs appartements. Une fois, un caporal se permit de consigner le Roi et la Reine dans leurs chambres, de neuf heures du soir à neuf heures du matin, et cela avait duré deux jours .

Voulut-on empoisonner la famille royale ? On a pu prouver que des affidés des clubs des Jacobins s'étaient glissés dans le service du palais, et que Louis XVI, averti qu'on voulait l'empoisonner, se faisait apporter le pain et le vin par le fidèle Thierry de Ville-d'Àvray (Mémoires de Madame Campan). —
Le dénuement des prisonniers était extrême. La Reine, une fois, pendant huit jours n'eut pas un sou à sa disposition ; elle avait été sur le point d'être forcée d'emprunter au dépôt que le prince de Nassau avait fait pour elle-même. Ce même prince de Nassau écrivait en décembre à Catherine II :
« Quelque idée qu'on puisse se former des malheurs du Roi et de la Reine, l'imagination ne peut les atteindre. Il faut avoir eu le tourment d'en être témoin pour en concevoir toute l'horreur. Et ceux que les Jacobins et les Républicains leur préparent les surpassent. Cependant il n'est que trop vraisemblable que leur dessein est de ne les terminer qu'avec leur vie. »

( le comte de Fleury )

La réponse à l'une des énigmes de notre jeu, concernant le déménagement du mobilier et des objets du château de Versailles destinés à meubler les appartements de la famille royale aux Tuileries :

Dominique Poulin a écrit:Voici quelques éléments argumentés à notre énigme d'hier soir, dans la biographie suivante pages 163-164 :

"Thierry de Ville d'Avray 1732-1792, Premier maire de Versailles"
de Henri Gleizes/Éditions Tallandier/1988 :

"... A la différence de la plupart des habitants du château, le commissaire général des meubles de la couronne y revint fréquemment pour veiller sur le domaine mobilier dont il avait la charge. Dans l'immédiat sa préoccupation essentielle fut d'améliorer l'ameublement et la décoration des appartements des Tuileries fort délaissés depuis des décennies, en faisant procéder au transfert de nombreux éléments mobiliers, dessinés et réalisés pour Versailles, que l'on tenterait d'adapter à leur nouvelle destination.
L'entreprise était périlleuse : en raison de la pénurie des denrées, l'on notait de fréquentes attaques de toutes sortes ; tout ce qui partait n'arrivait pas, les transports étaient souvent interceptés sur les chemins alors peu sûrs. Il importait peu que les voitures fussent protégées par des couvertures bleues semées de fleurs de lys avec les trois couronnes en broderies, et qu'elles fussent escortées d'un portier du Garde-Meuble en livrée chargé d'une lettre de voiture... Il est d'ailleurs permis de se demander s'il n'eût pas été préférable de procéder à ces mouvements dans l'anonymat le plus complet, la qualification royale des meubles transportés constituant non plus une franchise, mais un attrait supplémentaire pour les "contrôleurs"..."  

Et pages 167-168 :

"Au fait, qu'étaient devenus les riches mobiliers si souvent "égarés" entre Versailles et les Tuileries ? N'y aurait-il pas eu connivence entre l'administration du Garde-Meuble et les detrousseurs de voitures royales    ? Ces ragots ou soupçons devinrent intolérables aux oreilles du commissaire général des meubles de la couronne d'autant mieux qu'ils risquaient de porter ombrage à l'immense crédit dont il disposait auprès de Louis XVI."

Dominique Poulin a écrit: Il importait peu que les voitures fussent protégées par des couvertures bleues semées de fleurs de lys avec les trois couronnes en broderies, et qu'elles fussent escortées d'un portier du Garde-Meuble en livrée chargé d'une lettre de voiture...

Un portier du Garde-meuble seulement ?
C'est une mesure de protection très légère, en effet...

Oui c'est comme si on laissait la caverne d'Ali Baba grande ouverte avec un écriteau défense d'entrer !!!!