Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: Marie-Antoinette dans la culture moderne :: Expositions, conférences et autres évènements
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Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Bien sûr la petite bourde n'est proférée ni par Xavier Mauduit ni par l'un de ses invités .
Voici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t401p75-marie-antoinette-le-film-de-sofia-coppola#149072
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Si tout va bien je pourrais me rendre à la conciergerie durant les vacances de noël. J'ai hâte!
QuentinBourbon- Messages : 3
Date d'inscription : 02/11/2019
Age : 21
Localisation : Royaume de France
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Très bien ! Je vous le souhaite .
Je n'entends que des échos très élogieux sur cette exposition .
Quant à moi, je n'attendrai pas aussi longtemps pour m'y rendre .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Etant à Lyon avec mon cher époux, j'ai personnellement dû me contenter d'une "visite virtuelle" de cette exposition mais elle est effectivement magnifique.
A voir si je peux trouver le moyen de me rendre à Paris avant qu'elle ne soit terminée !
A voir si je peux trouver le moyen de me rendre à Paris avant qu'elle ne soit terminée !
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L'Etoile de Pourpre
" Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom ! "
" Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu. "
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Manon Roland- Messages : 108
Date d'inscription : 07/04/2019
Age : 25
Localisation : Royaume de France
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
La distance avec le TGV est facile et rapide..... la GARE DE LYON n'est pas loin du palais avec un bus qui vous déposera sur place, sinon le métro LIGNE1 -CHATELET, descendre à CHATELET et traverser le pont au change juste en face de la conciergerie.
Bonne visite
MARIE ANTOINETTE
Bonne visite
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Vicq d Azir a écrit:Mon reportage ce jour de cette belle exposition.
... dont nous vous remercions vivement, cher Févicq !
Décidément, je trouve très frappant l'effet fantomatique de l'image de la reine sur la muraille .
Combien de temps faut-il compter pour bien faire le tour de cette exposition ?
La Conciergerie ferme-t-elle à l'heure du déjeuner ? 9h30 - 18h, il semble que non.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Comptez deux heures, chère Eléonore, sans fermeture le midi. Mais ça pourrait être plus, bien sûr, si vous vous attardez devant certaines vitrines. Mais beaucoup d’objets vous seront familiers...
Il ne faut pas oublier aussi un passage par le cachot (de nouveau accessible, je veux dire sur son sol d’origine), sans oublier la double vitrine dans La Chapelle des Girondins ( bien en faire le tour )...
Les pièces du dossier de la défense sont aussi intéressantes, malheureusement en vidéo pour certaines, et peu lisibles.
Et bien sûr les beaux portraits, dont le pastel de Kucharski, deux EVL...
Aussi la statue de Gower, etc.
Le thème de l’expo, l’image de la Reine, a amené les organisateurs à des rapprochements osés : le collier, les pamphlets, les coiffures, les copies de robes, les objets « dérivés » en tout genre, et je ne cacherai pas que ces rapprochements, à la Conciergerie, m’ont profondément troublé... C’est ce que j’ai essayé de faire ressortir dans ce reportage.
Il ne faut pas oublier aussi un passage par le cachot (de nouveau accessible, je veux dire sur son sol d’origine), sans oublier la double vitrine dans La Chapelle des Girondins ( bien en faire le tour )...
Les pièces du dossier de la défense sont aussi intéressantes, malheureusement en vidéo pour certaines, et peu lisibles.
Et bien sûr les beaux portraits, dont le pastel de Kucharski, deux EVL...
Aussi la statue de Gower, etc.
Le thème de l’expo, l’image de la Reine, a amené les organisateurs à des rapprochements osés : le collier, les pamphlets, les coiffures, les copies de robes, les objets « dérivés » en tout genre, et je ne cacherai pas que ces rapprochements, à la Conciergerie, m’ont profondément troublé... C’est ce que j’ai essayé de faire ressortir dans ce reportage.
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Merci, cher Févicq, pour tous ces renseignements pratiques . Nous disons donc plus de deux heures. Et je retiens vos précieux conseils sur ce qu'il ne faut surtout pas oublier.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
EXPO MA Métamorphose d'une image
Je suis allé voir l'exposition....
C'était très instructif et passionnant!!
On y voit comment une reine de France traînée dans la boue et victime de révolutionnaires haineux et sanguinaires est devenue après sa mort une icone à travers le monde.
De l'histoire de France, les étrangers (et de nombreux français) ne connaissent que Napoléon Ier et...Marie-Antoinette!
Elle est presque devenue une "Sainte" après les pires humiliations et les souffrances endurées...
C'était très instructif et passionnant!!
On y voit comment une reine de France traînée dans la boue et victime de révolutionnaires haineux et sanguinaires est devenue après sa mort une icone à travers le monde.
De l'histoire de France, les étrangers (et de nombreux français) ne connaissent que Napoléon Ier et...Marie-Antoinette!
Elle est presque devenue une "Sainte" après les pires humiliations et les souffrances endurées...
Comte Valentin Esterhazy- Messages : 153
Date d'inscription : 29/07/2018
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Merci, cher Comte Esterhazy, pour ce témoignage !
Je vous ai emboîté le pas, si l'on peut dire, et je suis allée admirer moi aussi cette exposition ... comment dire ? ... peut-être un peu " décalée " dans un lieu aussi emblématique du martyr de la reine.
J'ai quelques photos ( beaucoup de pas terribles-terribles et d'autres meilleures, heureusement ) que je ventilerai de ci-de là, au gré des thèmes de nos sujets.
Mais tout de suite par exemple, cet enchaînement des apparitions fantômes de la reine, sur la muraille :
Remarquons, en haut à droite, le ravissant portrait de Marie-Antoinette en paille !
J'adore !!!
Il est comme tout doré ...
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
... et puis
AUTOUR DE L'EXPOSITION
Attention, amis parisiens , la première conférence a lieu demain soir !
27 novembre 2019
Les secrets de Marie-Antoinette,
Evelyne Lever, historienne et spécialiste du XVIIIe siècle
11 décembre 2019
Marie-Antoinette en rose et noir,
Annie Duprat, historienne spécialiste d’iconographie politique
15 janvier 2020
Marie-Antoinette, la reine de la Révolution,
Cécile Berly, historienne, spécialiste du XVIIIe siècle
AUTOUR DE L'EXPOSITION
Attention, amis parisiens , la première conférence a lieu demain soir !
27 novembre 2019
Les secrets de Marie-Antoinette,
Evelyne Lever, historienne et spécialiste du XVIIIe siècle
11 décembre 2019
Marie-Antoinette en rose et noir,
Annie Duprat, historienne spécialiste d’iconographie politique
15 janvier 2020
Marie-Antoinette, la reine de la Révolution,
Cécile Berly, historienne, spécialiste du XVIIIe siècle
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
A l'exposition de la Conciergerie nous pouvons voir un exemple de bol sein.
Il en fut beaucoup question, lors du colloque à la Sorbonne, dans l'exposé de Stanis Perez " Les corps contre la reine " . M. Perez nous a rappelé la puissance symbolique du lait maternel, nourriture à la fois matérielle et spirituelle, mais aussi symbole de fertilité. Comme Louis XVI est le père de ses peuples, Marie-Antoinette en est la mère nourricière. En tant que telle, elle assure prospérité et bonheur à ses sujets ainsi que la pérennité dynastique c'est à dire la stabilité du royaume, la paix.
Le corps entre sacré et profane de Marie-Antoinette a fait couler beaucoup d'encore.
Bien sur cette jatte-téton ( que c'est mignon ! ) n'a jamais été moulée sur son auguste sein, mais la légende plaît . En réalité, le bol sein existe depuis l'antiquité. Dans les temps modernes, Mme de Pompadour, Mme du Barry, Joséphine disputent à Marie-Antoinette l'honneur de s'être prêtées au fameux moulage .
Le bol sein est également prétexte à tous les fantasmes. La poitrine de la femme a une très grande puissance érotique.
Aux abords de la Révolution, avec la désacralisation du corps de Marie-Antoinette et la volonté féroce de la réduire à un corps lascif livré à tout le monde, le bol sein concrétise ni plus ni moins le désir de coucher avec la reine .
En témoigne ce pamphlet qui voisine dans une vitrine du petit Enfer de l'exposition :
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
L'expo a inspiré Franck Ferrand sur Radio-Classique :
https://player.pippa.io/franck-ferrand-raconte/episodes/5dee4dc7bdf007c3674e6e0c
https://player.pippa.io/franck-ferrand-raconte/episodes/5dee4dc7bdf007c3674e6e0c
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
La Conciergerie se penche à Paris sur les mille images de Marie-Antoinette
Un article peu amène d'ETIENNE DUMONT
17. décembre 2019
Marie-Jeanne, tu ne vas pas aimer !
En constantes métamorphoses, ces visions vont de la reine martyre historique à l'icône de la mode.
L'exposition brasse joyeusement le tout.
Elle est de retour. Elle ne nous quitte en fait jamais. Marie-Antoinette fait aujourd’hui l’objet d’une exposition fort peu conventionnelle à la Conciergerie. Un lieu idéal, si j’ose dire. C’est là que la reine (ou plutôt l’ex-reine) passa ses derniers jours avant d’être jugée et exécutée le 16 octobre 1793. Elle se retrouvait curieusement dans le plus ancien des palais parisiens, dont l’aspect actuel remonte au XIIIe siècle. Sa cellule se situait non loin de l’immense salle gothique, que les réaménagements successif de la capitale ont aujourd’hui transformé en caves. Le sol a fini par monter de quelques mètres.
Le parcours conçu par le commissaire Antoine de Baecque commence de manière tout à fait classique. Venu assez nombreux, le public se trouve au milieu des reliques. Nous sommes dans les derniers jours de la prisonnière. Il y a donc l’ultime lettre. Le pauvre linge final. Les portraits par Antoine Kucharski (son peintre après la fuite prudente à l’étranger d’Elisabeth Vigée-Lebrun) montrant la condamnée. Bref, nous pataugeons dans la martyrologie encouragée par les Bourbons après leur retour en 1814. Louis XVIII, qui avait détesté sa belle-sœur de son vivant, en fit alors une sorte de sainte. Paris connut du coup une «chapelle expiatoire». Elle existe toujours. Une horreur architecturale vouée au culte de Louis XVI et des siens.
Chemins de traverse
Après ce passage obligé, l’exposition se met à emprunter des chemins de traverse. Un mur entier montre les couvertures des biographies vouées à Marie-Antoinette. Du sérieux et du moins documenté. Du favorable et du critique. Mais presque toujours un succès commercial assuré. La reine s’est bien vendue de Stefan Zweig à Antonia Fraser (qui était l’épouse d’Harold Pinter). Après avoir divisé les Français, qui voyaient les uns en elle la folle dépensière et la traîtresse potentielle, les autres la mère sublime, Marie-Antoinette est devenue une figure historique dépolitisée. Une héroïne de cinéma ou de manga. Une icône de la mode. Et c’est cette dernière qui avant tout intéressé Antoine de Baecque et ses collaborateurs.
Marie-Antoinette incarnée par Normal Shaerer en 1938.
La version MGM. Photo DR.
Au fil des vitrines disposées entre les colonnes médiévales, le visiteur passe ainsi des effigies d’époque (ou des tableaux anciens montrant la fin de la reine) à une image fantasmée. Marie-Antoinette apparaît dans une trentaine de films au moins. L’exposition en dresse la liste, avant de montrer des extraits. On aurait encore pu trouver d’autres titres, pourvus de nouvelles interprètes. Je me souviens d’avoir vu la Bernoise Liselotte Pulver dans le rôle (c’était dans «La Fayette» de Jean Dréville), tout comme Renée Saint-Cyr (pour «Le chevalier de Maison-Rouge» de Vittorio Cottafavi). Mais il y avait déjà assez à faire en se limitant aux interprétations canoniques. La vision hollywoodienne de Woody S. Van Dyke (1938), avec une Norma Shaerer portant des robes encore plus luxueuses que les vraies, n’a ainsi aucun rapport avec le côté «glam-rock» (et surtout très mode) du «biopic» de Sofia Coppola avec Kirsten Dunst en 2006. Nous sommes également très loin avec eux du produit académique de Jean Delannoy conçu en 1955 pour une Michèle Morgan surgelée.
Star au Japon
Après le cinéma, la BD. Surtout japonaise. Un manga qui a donné lieu à un film de Jacques Demy resté inédit en Europe «Lady Oscar». «La rose de Versailles» de Riyoko Ikeda n’a pas nécessité en 1972 moins de 82 épisodes. De quoi fasciner les très jeunes lectrices de l’archipel. Il y aura aussi du coup des bandes européennes. Un tel filon doit s’exploiter jusqu’au bout. Ces extrapolations, ces élucubrations même, contribueront à tirer la reine hors de son cadre historique pour en faire un prototype de Lady Di. Même désir d’échapper à une condition pourtant enviable. Le goût semblable d’une apparence de naturel. Une identique folie dépensière. Et pour finir la mort. Brutale. A 36 ans pour Diana, 37 pour Marie-Antoinette. Une fin propice aux mythes (1).
Le peuple peut aujourd'hui voir en elles des rebelles. Il s’agit aussi de tricheuses, voulant tous les privilèges sans supporter aucune contrainte. Cette ambivalence convient aux reines de la mode. Marie-Antoinette en a du reste lancé d’antagonistes. Il y a d’un côté la folie des robes de plus en plus luxueuses et des coiffures haut perchées. De l’autre les simples chemises de percale et les chapeaux de paille. Un contraste qui peut faire rêver les couturiers jusqu’à aujourd’hui, et ce sous toutes les latitudes. «Les défilés accordent ainsi régulièrement une place à une certaine idée de Marie-Antoinette.» D’où la présence de nombreux costumes dans l’exposition, dont une version pas triste de John Galliano pour Dior en 2005.
Boîtes à gâteaux et poupées
Mais la reine, dont l’image a servi dans de nombreuses publicités récentes, aura connu bien d’autres avatars. Madonna, Rihanna, Mylène Farmer s’en seront inspirées pour en faire une reine de la «pop-culture». Au risque de faire tomber ensuite dans le n’importe quoi. La dernière section montre ainsi d’innombrables produits «cheap» se réclamant de l’image royale. Il y a aussi bien là des boîtes de gâteaux que des poupées. Des produits de maquillage comme des jouets. De la vaisselle. Des meubles. Il serait possible de vivre en et par Marie-Antoinette. Une fin terrifiante. Mais une issue logique. On ne récupère que ce qui semble mériter de l’être. Pas de quoi protester! Et de toute manière cette exposition à la fois idolâtre et iconoclaste constitue une vraie réussite.
(1) Une section de l’exposition fétichise aussi la chevelure ou la tête de la reine.
https://www.bilan.ch/opinions/etienne-dumont/la-conciergerie-se-penche-a-paris-sur-les-mille-images-de-marie-antoinette
petite faute de frappe, sans doute !Marie-Antoinette incarnée par Normal Shaerer en 1938.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
« Une fin terrifiante, mais une issue logique »
Tout est dit dans cette phrase...
Cela veut dire que certains ont pu lire cette présentation à la Conciergerie de la façon suivante :
« Voyez combien cette Reine fut légère, dépensière, frivole, grotesque avec ses tenues outrancières, lubrique de surcroît... Voyez ensuite comment tout cela s’est terminé ... »
Madame, Monsieur, vous ne trouvez pas le cachot ? Il est pourtant tout près, après la boutique, au fond de la cour à droite...
« Une fin terrifiante ? Oui, mais logique, ne trouvez-vous pas? et pour tout dire amplement méritée... »
Mais ne sommes nous pas habitués déjà à ce type de réaction ? Rien de bien nouveau dans tout cela...
Tout est dit dans cette phrase...
Cela veut dire que certains ont pu lire cette présentation à la Conciergerie de la façon suivante :
« Voyez combien cette Reine fut légère, dépensière, frivole, grotesque avec ses tenues outrancières, lubrique de surcroît... Voyez ensuite comment tout cela s’est terminé ... »
Madame, Monsieur, vous ne trouvez pas le cachot ? Il est pourtant tout près, après la boutique, au fond de la cour à droite...
« Une fin terrifiante ? Oui, mais logique, ne trouvez-vous pas? et pour tout dire amplement méritée... »
Mais ne sommes nous pas habitués déjà à ce type de réaction ? Rien de bien nouveau dans tout cela...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Et La Reine est vraiment la plus détesteé de l´histoire de France?
Leos
https://www.youtube.com/watch?v=TKxa9WDDJOQ
Leos
https://www.youtube.com/watch?v=TKxa9WDDJOQ
Leos- Messages : 799
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 55
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Je ne sais pas, cher Leos . Il est certain que Catherine de Médicis, par exemple, a très mauvaise presse aussi . Mais beaucoup plus d'eau a coulé sous les ponts depuis . C'est de l'histoire ancienne . Au contraire, Marie-Antoinette déchaîne toujours les passions ( positives ou négatives) . Nous le constatons tous les jours . Il n'y a pas moyen de parler d'elle, sereinement, comme de tout autre sujet historique . Je ne me l'explique pas. Il y a des interdits, des tabous ...
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
J'ai lu et entendu tellement d'inepties sur la « reine de la mode », que ce genre d'appréciation, d'une banalité affligeante, m'est devenu indifférent.
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Leos a écrit:Et La Reine est vraiment la plus détesteé de l´histoire de France?
Il est certain, en tout cas, que Marie-Antoinette et Mazarin sont les deux personnages de l'Histoire de France qui ont fait le plus l'objet de pamphlets haineux.
Le roi restait intouchable et sacré. Il fallait donc des boucs émissaires au peuple.
Mme de Sabran a écrit: Marie-Antoinette déchaîne toujours les passions ( positives ou négatives) . Nous le constatons tous les jours . Il n'y a pas moyen de parler d'elle, sereinement, comme de tout autre sujet historique .
C'est certain. La plupart du temps, les gens sont assez moqueurs au sujet de Marie-Antoinette. Elle passe pour une sombre idiote (ce qu'elle n'était pas, malgré son absence de sens politique).
Mais on tombe aussi encore sur quelques spécimens haineux, comme j'ai pu le découvrir avec stupéfaction le mois dernier, notamment chez certains universitaires d'extrême gauche qui ne supportent pas que la reine ait été dépolitisée par la culture moderne et voient en elle, une "prostituée" assoiffée de sang français qui a bien "mérité" son sort. On est en plein réquisitoire de Fouquier-Tinville.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Comme l'explique si bien Annie Duprat, le travail de l'historien n'est pas de juger l'histoire mais de la comprendre. « Certains universitaires » politisés feraient bien d'en prendre de la graine.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Luxe : Marie-Antoinette, influenceuse avant l'heure
Capital - par Anne Vermès, Yann Harlaut - Publié le 31/12/2019
Egérie de la fin du XVIIIe siècle, l’épouse de Louis XVI fait partie de ces personnalités historiques qui ont permis à Paris de devenir la capitale mondiale du luxe.
Fille de l’empereur François Ier et de Marie-Thérèse d’Autriche, la jeune Marie Antonia Josepha Johanna grandit dans le faste de la cour de Vienne. Elle y apprend la danse, la musique, les arts et un peu de français. En avril 1770, elle quitte son pays pour un voyage sans retour : à 14 ans, elle va épouser le futur roi de France, Louis XVI. Paysans et bourgeois se précipitent sur le passage du cortège pour admirer la beauté de la «dauphine». A son arrivée, Marie-Antoinette découvre Versailles, épicentre du luxe, mais aussi du pouvoir, des jalousies et des intrigues.
Pour s’affirmer et soigner son image de future souveraine, la princesse choisit de régner sur les cœurs. Elle entend donner le ton à la cour : la mode et le bon goût seront ses leviers prioritaires. Comme l’écrit Stefan Zweig dans la biographie qu’il lui a consacrée : «Etre reine pour Marie-Antoinette, c’est […] être la femme la plus admirée.»
Jeune, dynamique, spontanée, Marie-Antoinette est éprise de liberté et croque la vie à pleines dents. Comme sa mère, elle veut tout et tout de suite. Mais si les distractions à Versailles sont nombreuses, elles restent soumises à une étiquette rigide. Un passage des Mémoires de Madame Campan dépeint la jeune femme à demi nue, un soir d’hiver, grelottant en attendant sa chemise qui passe de main en main pour respecter le protocole... Scandales et remontrances s'enchaînent, les courtisans adorent détester la princesse.
Quand Louis XV meurt, le 10 mai 1774, Marie-Antoinette devient reine de France, à 18 ans. Au diable les grincheux, place au changement. La souveraine aime le luxe, la panache et la nouveauté. Elle participe à des spectacles parisiens, notamment des bals masqués, fréquente les tribunes du champ de courses des Sablons et, toujours, prend soin de son look, poussant artistes et artisans à innover. Elle sympathise ainsi avec la créatrice Rose Bertin, qui tient boutique à Paris, rue du Faubourg-Saint-Honoré.
Au mépris des convenances qui interdisent aux marchands d’entrer dans l’intimité des souverains, les deux femmes passent des heures à découvrir de nouvelles étoffes, à choisir des couleurs et à inventer des coupes. Par l'entremise de sa «ministre des modes», Marie-Antoinette rencontre Monsieur Léonard, qui élabore les fameux poufs, ces coiffures sur «échafaudage» si hautes (jusqu’à 80 centimètres) qu’il est souvent impossible d’entrer dans un carrosse avec !
L’objectif est clair : veiller à ce que chaque apparition publique de la reine soit un show, toujours plus surprenant. Trois fois par an, la garde-robe royale accueille 36 nouvelles tenues, auxquelles s'ajoutent des robes fonctionnelles pour ses grossesses ou pour la chasse. Les accessoires se multiplient : gants, collerettes, fichus, rubans… Marie-Antoinette donne le tempo des saisons de la haute couture. Fantaisistes, modernes, épurés, à la polonaise, à l’égyptienne, à la capricieuse ou à la laitière, la reine n’hésite pas à dessiner elle-même les vêtements de ses rêves. Le Tout-Paris se passionne pour cette égérie et les dames se ruinent pour suivre son rythme. Ses toilettes et les fêtes coûteuses qu’elle organise profitent au rayonnement de la France, notamment en matière de mode et de commerce du textile.
Une véritable industrie du luxe s’organise autour de la souveraine et de ceux qu’elle soutient : les joailliers Boehmer, Bassenge et Daguerre, le menuisier Georges Jacob, l’ébéniste Jean-Henri Riesener, les peintres Elisabeth Vigée-Lebrun et Hubert Robert, le parfumeur Jean-Louis Fargeon, le fabricant de soieries Jean Charton… Muse pour les arts décoratifs, elle fait réaménager et décorer le Petit Trianon, imprimant au mobilier sa touche personnelle, d’inspiration champêtre et florale. Elle se passionne pour les arts de la table et commande d’éblouissants services en porcelaine de Sèvres. Le style dit «Louis XVI» lui doit beaucoup.
Mais Marie-Antoinette aime également l’isolement et la simplicité. Elle fait remodeler les jardins de son domaine dans le style anglais. Finie la nature emprisonnée de Le Nôtre : la souveraine la préfère vivante. Dans son hameau, elle porte volontiers une robe en bergère faite d’une jupe de coton et d'une chemise de linon blanc, quitte à s'attirer les foudres des soyeux lyonnais, peu satisfaits de voir concurrencer par cette fine toile de lin provenant des Pays-Bas. Reine des tendances elle est, reine des tendances elle reste. A peine meurt-elle sur l’échafaud, en 1793, que des collectionneurs avisés, dont les Anglais William Beckford et William Hamilton, se précipitent pour racheter son mobilier et ses affaires. Et bien des grands noms de la couture, de John Galliano à Maxime Simoëns, revendiquent encore aujourd'hui son héritage.
Jusqu'à la fin janvier 2020, la Conciergerie de Paris, où la reine fut emprisonnée, lui consacre une exposition, intitulée Marie-Antoinette, métamorphoses d’une image. paris-conciergerie.fr
Source : https://www.capital.fr/entreprises-marches/luxe-marie-antoinette-influenceuse-avant-lheure-1358696
Capital - par Anne Vermès, Yann Harlaut - Publié le 31/12/2019
Egérie de la fin du XVIIIe siècle, l’épouse de Louis XVI fait partie de ces personnalités historiques qui ont permis à Paris de devenir la capitale mondiale du luxe.
Fille de l’empereur François Ier et de Marie-Thérèse d’Autriche, la jeune Marie Antonia Josepha Johanna grandit dans le faste de la cour de Vienne. Elle y apprend la danse, la musique, les arts et un peu de français. En avril 1770, elle quitte son pays pour un voyage sans retour : à 14 ans, elle va épouser le futur roi de France, Louis XVI. Paysans et bourgeois se précipitent sur le passage du cortège pour admirer la beauté de la «dauphine». A son arrivée, Marie-Antoinette découvre Versailles, épicentre du luxe, mais aussi du pouvoir, des jalousies et des intrigues.
Pour s’affirmer et soigner son image de future souveraine, la princesse choisit de régner sur les cœurs. Elle entend donner le ton à la cour : la mode et le bon goût seront ses leviers prioritaires. Comme l’écrit Stefan Zweig dans la biographie qu’il lui a consacrée : «Etre reine pour Marie-Antoinette, c’est […] être la femme la plus admirée.»
Jeune, dynamique, spontanée, Marie-Antoinette est éprise de liberté et croque la vie à pleines dents. Comme sa mère, elle veut tout et tout de suite. Mais si les distractions à Versailles sont nombreuses, elles restent soumises à une étiquette rigide. Un passage des Mémoires de Madame Campan dépeint la jeune femme à demi nue, un soir d’hiver, grelottant en attendant sa chemise qui passe de main en main pour respecter le protocole... Scandales et remontrances s'enchaînent, les courtisans adorent détester la princesse.
Quand Louis XV meurt, le 10 mai 1774, Marie-Antoinette devient reine de France, à 18 ans. Au diable les grincheux, place au changement. La souveraine aime le luxe, la panache et la nouveauté. Elle participe à des spectacles parisiens, notamment des bals masqués, fréquente les tribunes du champ de courses des Sablons et, toujours, prend soin de son look, poussant artistes et artisans à innover. Elle sympathise ainsi avec la créatrice Rose Bertin, qui tient boutique à Paris, rue du Faubourg-Saint-Honoré.
Au mépris des convenances qui interdisent aux marchands d’entrer dans l’intimité des souverains, les deux femmes passent des heures à découvrir de nouvelles étoffes, à choisir des couleurs et à inventer des coupes. Par l'entremise de sa «ministre des modes», Marie-Antoinette rencontre Monsieur Léonard, qui élabore les fameux poufs, ces coiffures sur «échafaudage» si hautes (jusqu’à 80 centimètres) qu’il est souvent impossible d’entrer dans un carrosse avec !
L’objectif est clair : veiller à ce que chaque apparition publique de la reine soit un show, toujours plus surprenant. Trois fois par an, la garde-robe royale accueille 36 nouvelles tenues, auxquelles s'ajoutent des robes fonctionnelles pour ses grossesses ou pour la chasse. Les accessoires se multiplient : gants, collerettes, fichus, rubans… Marie-Antoinette donne le tempo des saisons de la haute couture. Fantaisistes, modernes, épurés, à la polonaise, à l’égyptienne, à la capricieuse ou à la laitière, la reine n’hésite pas à dessiner elle-même les vêtements de ses rêves. Le Tout-Paris se passionne pour cette égérie et les dames se ruinent pour suivre son rythme. Ses toilettes et les fêtes coûteuses qu’elle organise profitent au rayonnement de la France, notamment en matière de mode et de commerce du textile.
Une véritable industrie du luxe s’organise autour de la souveraine et de ceux qu’elle soutient : les joailliers Boehmer, Bassenge et Daguerre, le menuisier Georges Jacob, l’ébéniste Jean-Henri Riesener, les peintres Elisabeth Vigée-Lebrun et Hubert Robert, le parfumeur Jean-Louis Fargeon, le fabricant de soieries Jean Charton… Muse pour les arts décoratifs, elle fait réaménager et décorer le Petit Trianon, imprimant au mobilier sa touche personnelle, d’inspiration champêtre et florale. Elle se passionne pour les arts de la table et commande d’éblouissants services en porcelaine de Sèvres. Le style dit «Louis XVI» lui doit beaucoup.
Mais Marie-Antoinette aime également l’isolement et la simplicité. Elle fait remodeler les jardins de son domaine dans le style anglais. Finie la nature emprisonnée de Le Nôtre : la souveraine la préfère vivante. Dans son hameau, elle porte volontiers une robe en bergère faite d’une jupe de coton et d'une chemise de linon blanc, quitte à s'attirer les foudres des soyeux lyonnais, peu satisfaits de voir concurrencer par cette fine toile de lin provenant des Pays-Bas. Reine des tendances elle est, reine des tendances elle reste. A peine meurt-elle sur l’échafaud, en 1793, que des collectionneurs avisés, dont les Anglais William Beckford et William Hamilton, se précipitent pour racheter son mobilier et ses affaires. Et bien des grands noms de la couture, de John Galliano à Maxime Simoëns, revendiquent encore aujourd'hui son héritage.
Jusqu'à la fin janvier 2020, la Conciergerie de Paris, où la reine fut emprisonnée, lui consacre une exposition, intitulée Marie-Antoinette, métamorphoses d’une image. paris-conciergerie.fr
Source : https://www.capital.fr/entreprises-marches/luxe-marie-antoinette-influenceuse-avant-lheure-1358696
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Gouverneur Morris a écrit:
Egérie de la fin du XVIIIe siècle, l’épouse de Louis XVI fait partie de ces personnalités historiques qui ont permis à Paris de devenir la capitale mondiale du luxe.
Enfin un média qui reconnaît l'apport fondamental de Marie-Antoinette à la culture et à l'économie françaises. L'industrie du luxe lui doit en effet énormément.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Exposition à la Conciergerie : Marie-Antoinette, métamorphoses d'une image
Dans le cadre de l'exposition de la Conciergerie, LECTURE DE LETTRES DE MARIE-ANTOINETTE PAR NICOLE GARCIA
23 JANVIER 2020
LECTURE
ATTENTION EN RAISON D'UN IMPRÉVU, LA LECTURE EST REPORTÉE À UNE DATE ULTÉRIEURE
PLUS D'INFORMATIONS PROCHAINEMENT, nous informent les organisateurs de cette lecture .
Dès son arrivée en France, la jeune Marie-Antoinette écrit des lettres par dizaines. Longtemps, elle en échange avec sa mère l'impératrice-reine, qu'elle craint autant qu'elle admire. Dès l'Affaire du collier (1785-1786), ses lettres sont avant tout politiques. Au fil de sa correspondance, on découvre tour à tour une Marie-Antoinette insouciante, frivole, orgueilleuse, profonde, lucide et volontariste.
Nicole Garcia est comédienne.
Elle lira des lettres de Marie-Antoinette, réunies par l'historienne Cécile Berly.
http://www.paris-conciergerie.fr/Actualites/Lecture-de-lettres-de-Marie-Antoinette-par-Nicole-Garcia
L'exposition de la Conciergerie suscite toujours de nouveaux articles.
OUEST FRANCE
Pourquoi Marie-Antoinette fascine-t-elle tant deux siècles après sa mort ?
Par Delphine MINCHELLA, enseignante-chercheuse en Management stratégique – Laboratoire Métis EM Normandie, École de Management de Normandie – UGEI
En ce moment se tient à la Conciergerie, à Paris, l’exposition Marie-Antoinette, métamorphoses d’une image, plus de deux siècles après son exécution. Comment expliquer la persistance de cette fascination, qui traverse les siècles sans s’émousser, et qui s’étend bien au-delà de nos frontières nationales ?
De son vivant, Marie-Antoinette était la cible favorite de la colère populaire, la source de tous les maux. Les nombreux pamphlets qui se distribuaient alors sous le manteau lui prêtaient l’âme la plus noire, et la volonté farouche d’affamer le peuple pour laisser son pays d’origine, l’Autriche, conquérir plus aisément la France. La calomnie n’avait pas de limite : pendant son procès, on alla jusqu’à l’accuser d’avoir eu des relations incestueuses avec son petit garçon.
Une reine exécrée
Il fallait qu’elle souffre : alors que son époux, Louis XVI, fut conduit à l’échafaud dans un carrosse sobre aux volets baissés, Marie-Antoinette, elle, n’eut droit qu’à une charrette crasseuse et découverte, assise dos au cheval, livrée ainsi sans restriction aux innombrables grimaces méprisantes, insultes et crachats.
Exécution de Marie-Antoinette, place de la Révolution, le 16 octobre 1793.
Peinture anonyme, musée Carnavalet. (Illustration : Wikimédia)
En ce 16 octobre 1793, il aurait été bien difficile de trouver quelque citoyen pour la défendre, et plus encore, il aurait été fou d’imaginer que 226 ans après, elle continue d’exister dans la mémoire collective, non plus comme quelqu’un d’exécrable, mais comme une icône aux multiples facettes.
Les faits sont là et ils sont tenaces : aujourd’hui, Marie-Antoinette fait vendre, dans tous les secteurs culturels : superproductions cinématographiques, livres, expositions, pièces de théâtre, BD, ouvrages pour enfants… jusqu’aux jeux vidéo, et ce, à l’échelle mondiale. Pas de fêtes de fin d’année sans que plusieurs nouveaux ouvrages lui soient consacrés.
L'affiche de l'exposition consacrée à Marie-Antoinette, à la Conciergerie, à Paris.
À voir encore jusqu'au dimanche 26 janvier 2020. (Illustration : Centre des monuments nationaux)
Lavée de tout reproche
Dès le début du XIXe siècle, avec la Restauration des Bourbons sur le trône de France, les publications dédiées à Marie-Antoinette se multiplient. Pour les premières, il s’agit principalement d’ouvrages écrits par d’anciens proches, exilés à temps pour sauver leur tête. Pour eux, il était question de rétablir la vérité sur celle qu’ils avaient côtoyée au quotidien.
À travers leurs nombreux récits, se dessine alors une femme, non pas exempte de défauts, mais tellement humaine : qui fuit l’étiquette contraignante de la cour et le difficile exercice du pouvoir, qui tente de multiplier les moments plaisants et légers (escapades au Petit Trianon en comité réduit) puis, plus tard, qui se consacre pleinement au bien-être de ses enfants. Nous entrons ainsi dans l’intimité de Marie-Antoinette.
La deuxième grande vague de publications a pour principale source la correspondance de Marie-Antoinette, et par chance celle-ci est particulièrement riche. Dès son arrivée en France, alors âgée de 14 ans, Marie-Antoinette entreprend une relation épistolaire très régulière avec sa mère, l’Impératrice Marie-Thérèse d’Autriche. Cette dernière, espérant conseiller sa fille pour le mieux, lui demande de lui livrer force détails sur son quotidien.
À ces échanges s’ajoutent les lettres quasi quotidiennes de Mercy d’Argenteau, diplomate rattaché au service de Marie-Antoinette, qui rapporte fidèlement à l’impératrice tous les faits et gestes de la jeune Dauphine. Toutes ces lettres furent conservées aux archives de Vienne, et c’est grâce à ces précieux documents que nous savons, par exemple, que Marie-Antoinette jeune adolescente était proprement scandalisée par les mœurs dissolues de Louis XV, et qu’au nom de l’honnêteté, elle se refusait à adresser la parole à la maîtresse du roi.
Pastel de Marie-Antoinette réalisé par Joseph Ducreux en 1769 à l’intention du Dauphin afin qu’il puisse faire connaissance de sa future épouse.
(Illustration : Wikimédia)
Beaucoup plus tard seront découvertes des copies de lettres qu’elle écrivit à Fersen, ce qui nous renseigne en particulier sur son ressenti pendant la période révolutionnaire. Enfin, dernière pièce remarquable à citer : les minutes de son interminable procès qui mettent à jour une femme épuisée par les épreuves, mais dont le courage et la dignité forcent le respect.
La voix de la reine
À travers l’ensemble de ces documents, c’est la voix de Marie-Antoinette elle-même que nous entendons. Soudain, ses agissements ne sont plus librement interprétés, mais sont au contraire saisis à la lumière de ses propres réflexions. Rétrospectivement, il est possible de dire qu’elle a commis des erreurs, mais à lire ses raisonnements, nous voyons que son intention première ne fut jamais noire.
Ainsi, c’est de sa bouche que nous apprenons la raison pour laquelle elle refuse de fuir seule quand elle le peut encore : elle veut partager le sort de son mari, si funeste doive-t-il être, et ne conçoit pas un instant de bonheur si elle est loin de ses enfants. Nous voyons ainsi plusieurs personnages se dessiner : une princesse encore enfant, une femme qui entend vivre à sa guise, une mère dévouée, et enfin une martyre de la Terreur.
Les ressorts de la fascination
Toutefois, considérer que toutes les personnes qui s’intéressent à Marie-Antoinette connaissent sa biographie sur le bout des doigts, et que cela explique la fascination qu’elle exerce est certainement une erreur. Sans les mépriser, il est peu probable que Madonna ou Rihanna aient lu ses correspondances avant d’avoir envie de s’habiller « comme Marie-Antoinette ».
Marie-Antoinette vue par Sofia Coppola, avec Kirsten Dunst dans le rôle de l’archiduchesse d’Autriche, dauphine puis reine de France.
(Photo : DR)
En fait, chacun retient ce qu’il veut d’elle : Sofia Coppola se concentre sur son existence à Versailles dans son blockbuster éponyme (2006) ; Robert Hossein, pour sa pièce Je m’appelais Marie-Antoinette (1993), retrace les grands moments de son procès et laisse le public choisir le verdict ; Stefan Zweig, dans sa biographie (1932) s’attarde sur sa psychologie de femme, alors que le jeu vidéo Marie-Antoinette et les disciples de Loki (2012) ne garde d’historique que le contexte.
Il ressort alors que cette fascination vient de l’univers qui s’est cristallisé autour de son nom, l’art de vivre de l’Ancien Régime déclinant : une mode vestimentaire féminine qui commençait à rechercher davantage d’élégance et de féminité, ou encore l’extrême courtoisie qui régnait dans les échanges (du moins, dans la haute aristocratie).
L’époque de Marie-Antoinette est celle des cocons raffinés, de la douceur de vivre, de la recherche de l’intimité, du développement de l’amitié, et d’un retour rousseauiste à la nature. La fin tragique de Marie-Antoinette, sa chute vertigineuse, ont comme placé sous verre toute cette époque, son époque – désormais à jamais révolue.
La version originale de cet article a été publiée dans The Conversation.
https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/77633/reader/reader.html#!preferred/1/package/77633/pub/110051/page/17
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
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