Mademoiselle Rosalie Levasseur
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
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Mademoiselle Rosalie Levasseur
Rosalie Levasseur nous intéresse à plusieurs titres. D'une part, bien sûr, elle est l'une des cantatrices les plus célèbres de la période qui nous occupe tant, mais aussi parce que ... elle est la moitié de pomme du comte de Mercy-Argenteau !
Mercy amoureux ! Qui l'eût cru ? Eh bien si . Le raide et refroidissant Mercy avait un coeur capable de s'émouvoir et fondre devant le charme féminin. Et justement, il se trouve que la dame en avait à revendre.
Rosalie Levasseur est née à Valenciennes le 8 octobre 1749, de parents d'humble condition, hors mariage. Ils ne reconnurent cette enfant naturelle que douze ans plus tard. Le père, Jean-Baptiste Levasseur, un moment chantre à Valenciennes, a donné une éducation musicale rudimentaire à sa fille.
Les débuts de Rosalie Levasseur à l'Opéra de Paris sont modestes : elle y entre en 1766 et jusqu'en 1776 y tient des petits rôles (comme celui de l'Amour dans la version française de Orfée et Eurydice de Gluck, en 1774) ou des remplacements.
Dès 1768, elle suscite des critiques favorables, malgré son petit " filet de voix " , elle " joue infiniment mieux " que l'artiste qu'elle remplace.
C'est le succès. Elle se produit devant le roi du Danemark.
Le 9 juillet 1770, Rosalie ( elle a vingt-et-un ans ) paraît dans le rôle de Zélis de Hilas et Zélis, s’attirant ce commentaire de Bachaumont :
« Formée et stylée par le chevalier Gluck lui-même, elle est tout de suite montée à un degré de perfection dont on ne l’aurait pas cru susceptible. C’est aujourd’hui la meilleure actrice de la scène ; on regrette seulement que sa figure peu théâtrale ne réponde à la majesté de ses rôles »
(L'Espion anglais, dans Campardon, p. 130).
Protégée par le comte de Mercy-Argenteau, Rosalie ravit le rôle-titre dans l'Alceste de Gluck à Sophie Arnould, pourtant elle-même protégée par le duc de Lauraguais, son amant et le père de ses trois enfants .
Formée par Gluck ( excusez du peu ... ) , Rosalie crée ensuite Armide (1777) et Iphigénie en Tauride (1779).
Elle triomphe encore dans le rôle-titre d'Électre de Le Moine (1782) mais doit arrêter les représentations de Renaud de Sacchini, supplantée par la Saint-Huberty.
En 1773, elle est nommée musicienne de la Chambre du roi. Vedette exigeante voire capricieuse, défendant sa fortune, elle quitte l'opéra en 1785 non sans demander une pension de retraite supérieure à celle qu'elle aurait dû toucher.
Restif ( pas du tout à la séduction de la belle ) de la Bretonne écrit sur Rosalie :
Elle devient la maîtresse de Mercy-Argenteau probablement dès 1772. Féru d'opéra comme Kaunitz, sur le conseil duquel il a fait venir Gluck Paris, Mercy paye un abonnement annuel à l'Académie royale de musique qu'il fréquente régulièrement. Il aide Rosalie à prendre à bail une maison proche du Palais Royal où se tenait alors l'Académie royale de musique.
Mercy réside au Petit Luxembourg (un hôtel particulier contigu au palais du Luxembourg et aujourd'hui résidence du président du Sénat).
En 1776, il s'installe dans une maison dont le mur de la cour, si l'on en croit le comte Pimodan, joignait les communs du Petit Luxembourg, reliés à la partie principale du Palais par un tunnel.
Lorsqu'il emménage en 1778 dans son hôtel sur l'un des nouveaux boulevards de Paris, il prend des dispositions pour que Rosalie occupe une maison adjacente. Un escalier dérobé de son hôtel permet un accès aisé au boulevard : il peut aller et venir en toute discrétion.
Les feuilles satiriques se moquent ouvertement du comte de Mercy tant il déborde d'amour , et les Mémoires secrets se demandent comment un ministre de cette importance peut ainsi se laisser mener à la baguette .
Mercy est de plus en plus attaché à Rosalie. Forte de son appui, elle arrache des avantages salariaux que l'on ne manquera pas de lui reprocher quand, en 1785, elle quittera définitivement la scène. Elle obtient une pension de 2000 livres à partir de 1787, aux dépens du trésor royal.
En 1783, elle suspend ses prestations pendant six longs mois . Malade, Rosalie ? Que non point : elle accouche secrètement d'un petit Mercy. Enfant naturel comme sa mère, et comme elle l'avait été avant lui, Alexandre-Henri-Joseph n'est pas reconnu par ses parents ... Il sera connu plus tard sous le nom de chevalier de Noville et adopté par sa mère en 1810.
Dans une maison sise sur les terres que Mercy a achetées à Conflans-Sainte-Honorine Chennevières en 1772, ils vivent plus intimement. Rosalie est indiscutablement la châtelaine de Chennevières. Elle dispose d'une domesticité importante, carrosse, équipage ... Elle distribue des aumônes, rend visite aux malades. Théoriquement, Mercy vivait à Neuville, mais en réalité il passe le plus de temps possible à Chennevières auprès de Roaslie. Leur liaison est de plus en plus connue, si bien qu'on a dit qu'ils se seraient mariés en secret (aucun document ne le confirme : voir Pimodan, p. 218).
Pour fuir la tourmente révolutionnaire, Mercy-Argenteau demande à être nommé à l'étranger : l'empereur l'envoie en 1790 d'abord à La Haye puis à Bruxelles. Rosalie le rejoint deux ans plus tard. Mercy meurt en 1794.
Revenue d'émigration, la chanteuse se marie au Pecq en 1806 avec un ancien militaire de 74 ans, M. de Fouchier (elle-même a maintenant 57 ans). Veuve, elle retourne vivre à Neuwied, qu'elle avait connu lors de l'émigration.
Elle s'y éteint le 6 mai 1826.
( Wiki, Hasquin et Pimodan )
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Mademoiselle Rosalie Levasseur
Merci (y!) pour toutes ces précisions, le personnage est fort intéressant, et les détails apportés donnent un intéressant éclairage sur les mœurs de l’époque. On redécouvre aussi Mercy sous un autre angle...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Mademoiselle Rosalie Levasseur
Nous avions évoqué Mlle Levasseur dans le sujet dédié au comte de Mercy Argenteau, mais trop brièvement.
Merci pour l'ouverture de ce sujet biographique.
Merci pour l'ouverture de ce sujet biographique.
Nous présentons cet hôtel particulier ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1286-lhotel-de-mercy-argenteau-a-paris?highlight=MercyMme de Sabran a écrit:
Lorsqu'il emménage en 1778 dans son hôtel sur l'un des nouveaux boulevards de Paris, il prend des dispositions pour que Rosalie occupe une maison adjacente. Un escalier dérobé de son hôtel permet un accès aisé au boulevard : il peut aller et venir en toute discrétion.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
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