Paul Fleuriot de Langle
4 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
Page 1 sur 1
Paul Fleuriot de Langle
Un mot sur mon ami, Fleuriot de Langle, presque mon alter ego puisque c'est lui que je choisis pour être le second de l'expédition commandée par Louis XVI dont j'ai bien cru ne jamais revenir.
C'est en 1771 que je me lie d'amitié à Saint Domingue avec Paul Fleuriot de Langle, un type formidable. Il naviguait alors sur la célèbre Belle-Poule dont toutes les dames ornèrent leurs chevelures.
Entré dans la marine à 14 ans, il y avait fait sur mer toute la Guerre de Sept ans. Par la suite membre de l'Académie de Marine, il participa à la rédaction du Dictionnaire de marine.
Il avait pris part à la guerre d'indépendance américaine, servi sur Le solitaire commandé par le duc de Chartres, combattu à Ouessant le 27 juillet 1778 sur le Le Saint-Esprit. Le 3 juin 1779, il prit un corsaire de 14 canons, le cutter Actif. Bref partout sur tous les fronts !
Nous avions participé ensemble à la destruction des établissements anglais dans la baie d'Hudson.
Très admiratif de ses compétences, de ses connaissances, notamment en mathématiques et en astronomie, de sa force de caractère, ma décision fut vite arrêtée. Je n'allais pas partir avec le premier venu, mille sabords ! Je commanderai la Boussole et Langle l'Astrolabe. (500t, 114 membres d'équipage).
« En effet, le choix des deux chefs de l'expédition convenait parfaitement au but qu'on se proposait. Si Lapérouse, d'un esprit plus brillant et plus généralisateur que Langle était digne de la direction supérieure de l'entreprise, d'un autre côté ce dernier en était le véritable chef naval, et M. de Lesseps, qui avait été le compagnon des deux amis pendant une partie de cette fatale expédition, ne faisait que confirmer cette opinion, lorsque, présenté à Louis XVI à son retour en France et apprenant de la bouche de ce monarque la mort de de Langle, il lui dit ces paroles qu'il a répétées à l'un des petits-fils de l'infortuné navigateur : Sire, votre expédition est perdue ! »
Sur le chemin du retour, Langle et ses hommes accostèrent sur l'île Maouna pour chercher de l'eau potable qui manquait sur le vaisseau. Sur leurs chaloupes chargées de barriques d'eau, ils attendaient que la marée soit haute pour pouvoir rejoindre le vaisseau quand des indigènes de Tutuila encerclèrent les canots, et se firent de plus en plus belliqueux.
Fleuriot de Langle refusa de leur tirer dessus car, c'était clair, la mission devait rester pacifique sur ordre du roi.
Soudain une pierre l'atteignit à la tête, il tomba à l'eau.
Dès lors, une véritable bataille commença entre l'équipage et ses agresseurs. Onze marins furent tués sur place, vingt furent blessés et Langle achevé à coups de massue par ces sauvages.
Très affecté par cette mort cruelle de mon ami, j'eus dans un premier mouvement de colère la tentation de couler cent pirogues qui contenaient plus de cinq cents personnes avant de quitter cette île maudite, mais Je craignis de me tromper au choix des victimes, le cri de ma conscience leur sauva la vie.
J'ai souvent songé depuis à la similitude de circonstances de la mort de Langle et celle de son modèle, le capitaine Cook.
Elle figurait sur une gravure dans sa cabine devant laquelle je l'avais entendu murmurer: " Voilà qui est bien finir! "
C'est en 1771 que je me lie d'amitié à Saint Domingue avec Paul Fleuriot de Langle, un type formidable. Il naviguait alors sur la célèbre Belle-Poule dont toutes les dames ornèrent leurs chevelures.
Entré dans la marine à 14 ans, il y avait fait sur mer toute la Guerre de Sept ans. Par la suite membre de l'Académie de Marine, il participa à la rédaction du Dictionnaire de marine.
Il avait pris part à la guerre d'indépendance américaine, servi sur Le solitaire commandé par le duc de Chartres, combattu à Ouessant le 27 juillet 1778 sur le Le Saint-Esprit. Le 3 juin 1779, il prit un corsaire de 14 canons, le cutter Actif. Bref partout sur tous les fronts !
Nous avions participé ensemble à la destruction des établissements anglais dans la baie d'Hudson.
Très admiratif de ses compétences, de ses connaissances, notamment en mathématiques et en astronomie, de sa force de caractère, ma décision fut vite arrêtée. Je n'allais pas partir avec le premier venu, mille sabords ! Je commanderai la Boussole et Langle l'Astrolabe. (500t, 114 membres d'équipage).
« En effet, le choix des deux chefs de l'expédition convenait parfaitement au but qu'on se proposait. Si Lapérouse, d'un esprit plus brillant et plus généralisateur que Langle était digne de la direction supérieure de l'entreprise, d'un autre côté ce dernier en était le véritable chef naval, et M. de Lesseps, qui avait été le compagnon des deux amis pendant une partie de cette fatale expédition, ne faisait que confirmer cette opinion, lorsque, présenté à Louis XVI à son retour en France et apprenant de la bouche de ce monarque la mort de de Langle, il lui dit ces paroles qu'il a répétées à l'un des petits-fils de l'infortuné navigateur : Sire, votre expédition est perdue ! »
Sur le chemin du retour, Langle et ses hommes accostèrent sur l'île Maouna pour chercher de l'eau potable qui manquait sur le vaisseau. Sur leurs chaloupes chargées de barriques d'eau, ils attendaient que la marée soit haute pour pouvoir rejoindre le vaisseau quand des indigènes de Tutuila encerclèrent les canots, et se firent de plus en plus belliqueux.
Fleuriot de Langle refusa de leur tirer dessus car, c'était clair, la mission devait rester pacifique sur ordre du roi.
Soudain une pierre l'atteignit à la tête, il tomba à l'eau.
Dès lors, une véritable bataille commença entre l'équipage et ses agresseurs. Onze marins furent tués sur place, vingt furent blessés et Langle achevé à coups de massue par ces sauvages.
Très affecté par cette mort cruelle de mon ami, j'eus dans un premier mouvement de colère la tentation de couler cent pirogues qui contenaient plus de cinq cents personnes avant de quitter cette île maudite, mais Je craignis de me tromper au choix des victimes, le cri de ma conscience leur sauva la vie.
J'ai souvent songé depuis à la similitude de circonstances de la mort de Langle et celle de son modèle, le capitaine Cook.
Elle figurait sur une gravure dans sa cabine devant laquelle je l'avais entendu murmurer: " Voilà qui est bien finir! "
Monsieur de la Pérouse- Messages : 506
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Paul Fleuriot de Langle
Merci pour le portrait de cet officier d'exception...
Tragique épisode, le second après celui de Port-des-Français, et qui achève de miner le moral de Lapérouse et celui de l'ensemble de l'équipage.
Image : Wikipedia
Plan de l'anse du Massacre
Plan de la prétendue "Île de Maouna", en fait Tutuila.
Dans "Voyage de La Pérouse autour du monde", publié conformément au décret du 22 avril 1791, et rédigé par L.A. Milet-Mureau.
Ils n'étaient pas tous marins. Parmi les victimes nous retrouvons aussi Robert de Lamanon, botaniste et physicien.
Il avait écrit à Castries, depuis l'escale de Macao :
Ce qui distinguera toujours ce voyage, ce qui fera la gloire de la nation française aux yeux des philosophes, de nos contemporains et de la postérité, ce sera d'avoir fréquenté des peuples réputés barbares sans avoir versé une goutte de sang.
La campagne, à la vérité, n'est pas finie, mais les sentiments de notre chef nous sont connus, et je vois comme il est secondé.
Au mérite d'habile navigateur, de guerrier et de bon écrivain, M. de La Pérouse en joint un autre bien cher à son coeur, celui d'être aux extrémités du monde le digne représentant de son prince et des vertus de la nation.
Notre voyage prouvera à l'univers que le Français est bon et que l'homme naturel n'est pas méchant.
Mais après l'épisode de Manoua, Lapérouse, écrira pourtant :
Je suis mille fois plus en colère contre les philosophes qui exaltent tous les sauvages que contre les sauvages eux-mêmes.
Le malheureux Lamanon qu'ils ont massacré me disait, la veille de sa mort, que ces hommes valaient mieux que nous.
Les victimes furent enterrés sur place ; et les cendres de Fleuriot de Langle, conservées dans un coffre, furent finalement ramenées en France...un siècle plus tard, en 1889.
La plaque commémorative sur l'île de Tutuila :
Photo : Frank Coffee, Forty Years On the Pacific, 1920 / Wikipedia
Monsieur de la Pérouse a écrit:
Fleuriot de Langle refusa de leur tirer dessus car, c'était clair, la mission devait rester pacifique sur ordre du roi.
Soudain une pierre l'atteignit à la tête, il tomba à l'eau.
Tragique épisode, le second après celui de Port-des-Français, et qui achève de miner le moral de Lapérouse et celui de l'ensemble de l'équipage.
Image : Wikipedia
Plan de l'anse du Massacre
Plan de la prétendue "Île de Maouna", en fait Tutuila.
Dans "Voyage de La Pérouse autour du monde", publié conformément au décret du 22 avril 1791, et rédigé par L.A. Milet-Mureau.
Monsieur de la Pérouse a écrit:Dès lors, une véritable bataille commença entre l'équipage et ses agresseurs.
Onze marins furent tués sur place, vingt furent blessés et Langle achevé à coups de massue par ces sauvages.
Ils n'étaient pas tous marins. Parmi les victimes nous retrouvons aussi Robert de Lamanon, botaniste et physicien.
Il avait écrit à Castries, depuis l'escale de Macao :
Ce qui distinguera toujours ce voyage, ce qui fera la gloire de la nation française aux yeux des philosophes, de nos contemporains et de la postérité, ce sera d'avoir fréquenté des peuples réputés barbares sans avoir versé une goutte de sang.
La campagne, à la vérité, n'est pas finie, mais les sentiments de notre chef nous sont connus, et je vois comme il est secondé.
Au mérite d'habile navigateur, de guerrier et de bon écrivain, M. de La Pérouse en joint un autre bien cher à son coeur, celui d'être aux extrémités du monde le digne représentant de son prince et des vertus de la nation.
Notre voyage prouvera à l'univers que le Français est bon et que l'homme naturel n'est pas méchant.
Mais après l'épisode de Manoua, Lapérouse, écrira pourtant :
Je suis mille fois plus en colère contre les philosophes qui exaltent tous les sauvages que contre les sauvages eux-mêmes.
Le malheureux Lamanon qu'ils ont massacré me disait, la veille de sa mort, que ces hommes valaient mieux que nous.
Les victimes furent enterrés sur place ; et les cendres de Fleuriot de Langle, conservées dans un coffre, furent finalement ramenées en France...un siècle plus tard, en 1889.
La plaque commémorative sur l'île de Tutuila :
Photo : Frank Coffee, Forty Years On the Pacific, 1920 / Wikipedia
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Paul Fleuriot de Langle
La nuit, la neige a écrit:
Ils n'étaient pas tous marins. Parmi les victimes nous retrouvons aussi Robert de Lamanon, botaniste et physicien.
S'il faut en croire WIKI, l'ambiance n'était pas toujours au beau fixe et en janvier 1787, un certain nombre de passagers, menés par Robert de Lamanon, entrèrent en conflit avec La Pérouse au sujet des honneurs ( ) que l’explorateur recevait et refusait de rendre à ses collègues, au cours des escales, à Macao notamment. Allons bon !
La susceptibilité scientifique de certains était froissée. La Pérouse n’étant pas homme à accepter la révolte, les insurgés furent mis aux arrêts pendant une journée entière.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_de_Lamanon
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Paul Fleuriot de Langle
La promiscuité et la crainte (justifiée !) de ne jamais revenir de ce type de voyage devaient exacerber les tensions et susceptibilités.
J'ai une admiration sans borne pour ces explorateurs-aventuriers : il en fallait du courage pour participer à une telle aventure.
J'ai une admiration sans borne pour ces explorateurs-aventuriers : il en fallait du courage pour participer à une telle aventure.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Paul Fleuriot de Langle
Ah, tais-toi ! ... moi, tu ne me fais même pas monter sur un pédalo .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Paul Fleuriot de Langle
Il y eut bien quelques frictions diplomatiques entre les passagers et moi. Il faut de la poigne, croyez-moi, pour commander une expédition maritime et faire fi des susceptibilités des uns et des autres. Le décès de Lamanon me touche beaucoup même si je n'avais pas avec lui les mêmes relations d'amitié qu'avec Langle. J'eus à déplorer également les disparitions des deux frères Laborde dans la catastrophe de Port-des-Français àLituya Bay, en Alaska le 13 juillet 1786.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 506
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Paul Fleuriot de Langle
C’est de manière amusante un moyen de transport terrestre aux armes de la famille qui passe bientôt en vente :
https://drouot.com/l/17493233--chaise-a-porteurs-en-bois-mou?fbclid=IwAR2dGmW5mP9Kaq-CCKxzIPomZxFdzYzlC7DOvFQiigs8ES337gTJbDwWtaM
https://drouot.com/l/17493233--chaise-a-porteurs-en-bois-mou?fbclid=IwAR2dGmW5mP9Kaq-CCKxzIPomZxFdzYzlC7DOvFQiigs8ES337gTJbDwWtaM
Gouverneur Morris- Messages : 11798
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Paul Fleuriot de Langle
Ah, merci ! Je poste ici les images car le lien sera probablement inactif dès après la vente...
Chaise à porteurs en bois mouluré, sculpté et doré et cuir.
Les panneaux à décor peint de réserves fleuries et monogramme sous couronne et arme d'alliances (armoirie des Fleuriot de Langle).
Époque Louis XV (vernis chanci par endroits).
On y joint une estrade en chêne mouluré.
H : 169 - L : 93 - P : 73 cm
* Source et infos complémentaires : Thierry de Maigret, Paris - Vente du 25 mars 2022
Chaise à porteurs en bois mouluré, sculpté et doré et cuir.
Les panneaux à décor peint de réserves fleuries et monogramme sous couronne et arme d'alliances (armoirie des Fleuriot de Langle).
Époque Louis XV (vernis chanci par endroits).
On y joint une estrade en chêne mouluré.
H : 169 - L : 93 - P : 73 cm
* Source et infos complémentaires : Thierry de Maigret, Paris - Vente du 25 mars 2022
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Sujets similaires
» Jean Baptiste Fleuriot Lescot
» Paul Barras
» Felicite Perpetue Catherine Paul de Lamanon d'Albe
» L'empereur Paul 1er de Russie
» L'épitaphe de Paul Claudel
» Paul Barras
» Felicite Perpetue Catherine Paul de Lamanon d'Albe
» L'empereur Paul 1er de Russie
» L'épitaphe de Paul Claudel
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum