Nicolas Caritat, marquis de Condorcet
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Nicolas Caritat, marquis de Condorcet
Je suis choqué !
Nous n'avions pas ici de sujet biographique dédié au marquis de Condorcet, mon chouchou des "Lumières" ?!
Marquis de Condorcet
D'après Jean-Antoine Houdon
Plâtre moulage, XIXe siècle
Image : RMN-Grand Palais (Château de Versailles)
Tant pis, passons, j'ouvre ce sujet avec une annonce de vente aux enchères.
Il s'agit d'un document et des lettres, qui seront présentés à la vente des collections Aristophil, organisée par la maison Aguttes, le 4 avril 2019, à Drouot Paris.
Je cite (extraits) :
CONDORCET Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de (1741-1794)
Manuscrit autographe, [Aux étrangers sur la Révolution françoise, 1791]
7 pages et demie in-4 d'une petite écriture, avec de nombreuses ratures, corrections et additions..
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
Important et long texte sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Brouillon de premier jet, abondamment raturé et corrigé, d'un texte publié sous la signature «La Vérité» à deux reprises dans des journaux auxquels Condorcet collaborait, en juillet 1791 dans Le Républicain (n° 1, p. 12-16) puis en mai 1792 dans La Chronique du mois (p. 36-40). Hélène Delsaux, dans son Condorcet journaliste (Champion, 1931, p. 54, 92) avait supposé que ce texte était de Condorcet, ce que prouve notre manuscrit.
En tête, une note au crayon de Condorcet précise: «Ce n'est pas une suite mais un morceau qu'il faut copier à part».
Nous ne pouvons ici que résumer les grandes lignes de ce long texte.
«Les hommes ne se sont réunis en société, que pour s'assurer la jouissance entière et paisible des droits qui resultent de leur nature. L'égalité est un de ces droits, et seule elle suffit pour garantir la conservation de tous les autres, puisque personne ne peut être tenté d'introduire une oppression dont le poids retomberait sur lui-même».
Tout peuple est maître de conserver ou recouvrer ses droits... «Si donc un peuple a recouvré ses droits, s'il a pu remonter jusqu'à l'égalité naturelle, les chefs des autres nations qui s'uniraient pour lui ravir sa liberté, pour le forcer à rétablir l'inégalité ou à conserver les formes corruptrices de la monarchie seraient non les ennemis de ce peuple seul mais ceux de toute la grande famille humaine»... etc.
L'Allemagne n'a donc pas le droit d'exiger que les Alsaciens «restent sous le joug de la féodalité»...
Les peuples ont également le droit de «changer la constitution sous laquelle ils vivent [...] Les habitants de la Germanie ont donc le droit de détruire aujourd'hui la féodalité, de se réunir dans une grande république»... etc.
Condorcet rappelle aux «descendans d'Arminius et de Vetikond, compatriotes de Kepler et de Leibnitz» leur «antique amour de la liberté [...] L'Europe vous doit l'imprimerie ce boulevard éternel des Droits de l'espèce humaine»...
Condorcet rappelle aussi l'exemple de LUTHER qui a combattu «la tyrannie par la raison et la superstition par le ridicule»...
Condorcet laisse aux Germains la sagesse de fixer l'époque de la reconquête de leur liberté, mais les conjure de ne pas combattre la République : «Laissez du moins vos princes, vos maîtres, vos prêtres et vos nobles nous faire seuls une guerre qui ne peut être utile qu'à eux seuls; ne nous forcez pas à répandre le sang des hommes, quand nous voudrions ne combattre que leurs ennemis».
- CONDORCET Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de (1741-1794)
Lettre autographe, [10 mars 1792], à Jacques-Pierre BRISSOT, député à l'Assemblée nationale
1 page in-8, adresse.
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
Lettre politique faisant allusion à la démission des ministres de la Marine et de la Justice, Bertrand de Moleville et Duport-Dutertre (10 mars 1792), et au décret d'accusation de l'Assemblée contre le ministre des Affaires étrangères, Valdec de Lessart.
«M. TALLEIRAND viendra demain dejeuner avec nous [...] Voila le Bertrand parti. Concedez-vous d'après cela l'insolence purement gratuite de la lettre d'hier. Il faut tacher cette semaine de se debarasser de Duport afin de delamethiser tout à fait le pouvoir exécutif. C'est le comité de législation que cela regarde. D'ailleurs tant qu'ils auront le ministre de la Justice, ils conserveront l'esperance se faire rendre Lessart par quelque ruse de procureur. Vous avez commencé votre feuillet par une ligne qui vaut mieux que bien des discours. Je voudrais qu'on l'envoiât à tous les directoires, et même aux municipalités.»
- CONDORCET Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de (1741-1794)
Lettre signée «de Condorcet» et lettre autographe, sur les travaux de membres de la Société des Amis des Noirs.
[Paris] 1789, à Jacques-Pierre BRISSOT DE WARVILLE
1 page et quart et 1 page in-8, adresses.
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
Hôtel des Monnaies 7 novembre 1789.
«M. le comte de MIRABEAU a proposé de lire a quelques amis des noirs non membres de l'assemblée nationale sa motion sur la traite. Je crois que M. de Claviere M. de Bourge vous et moi devant y être il peut n'etre pas nécessaire dy en ajouter plus d'un ou deux autres. Voyez ceux que vous croyez plus convenable d'y appeler. Comme c'est une conferance particuliere nous sommes les maîtres du choix»...
Dimanche [8 novembre 1789].
«Le jeudi ne peut convenir a M. le Duc de La Rochefoucauld, il m'a chargé, Monsieur de vous proposer mardi, samedi, ou dimanche. [...]
Je vous prie d'avertir aussi M. de Bourges, je me chargerai de M. l'abbé Seyes et de M. Petion de Villeneuve. L'assemblée a fait hier un decret [interdisant aux membres de l'Assemblée de passer au ministère, pendant la session actuelle] qui pour l'honneur de ses lumieres a sans doute des motifs particuliers. J'en suis moins faché pour la chose même que pour l'esprit qu'il annonce»...
* Source et infos complémentaires : Aguttes - Vente Aristophil, grandes figures historiques, écrits et correspondances
Concernant son influence et son engagement pour les causes de la Société des Amis des Noirs, voir nos sujets :
Déclaration du roi pour la Police des noirs
Outre-mer, les îles à sucre, l'esclavage...
Nous parlons aussi de Condorcet dans les sujets qui concernent...sa femme !
A qui l'on attribue parfois ce portrait au pastel de son époux...
Marie-Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de Condorcet
Anonyme, France, fin du XVIIIe siècle, parfois attribué à Condorcet (de), Sophie-Marie-Louise de Grouchy
Pastel sur parchemin tendu sur papier
Photo : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
Voir nos sujets :
Sophie de Grouchy, marquise de Condorcet
Le château de Villette, chez Sophie de Grouchy, marquise de Condorcet
Et encore notamment dans ce sujet :
L'éducation nationale à l'aune de la Révolution...Le Pelletier de Sant-Fargeau, Condorcet
Nous n'avions pas ici de sujet biographique dédié au marquis de Condorcet, mon chouchou des "Lumières" ?!
Marquis de Condorcet
D'après Jean-Antoine Houdon
Plâtre moulage, XIXe siècle
Image : RMN-Grand Palais (Château de Versailles)
Tant pis, passons, j'ouvre ce sujet avec une annonce de vente aux enchères.
Il s'agit d'un document et des lettres, qui seront présentés à la vente des collections Aristophil, organisée par la maison Aguttes, le 4 avril 2019, à Drouot Paris.
Je cite (extraits) :
CONDORCET Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de (1741-1794)
Manuscrit autographe, [Aux étrangers sur la Révolution françoise, 1791]
7 pages et demie in-4 d'une petite écriture, avec de nombreuses ratures, corrections et additions..
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
Important et long texte sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Brouillon de premier jet, abondamment raturé et corrigé, d'un texte publié sous la signature «La Vérité» à deux reprises dans des journaux auxquels Condorcet collaborait, en juillet 1791 dans Le Républicain (n° 1, p. 12-16) puis en mai 1792 dans La Chronique du mois (p. 36-40). Hélène Delsaux, dans son Condorcet journaliste (Champion, 1931, p. 54, 92) avait supposé que ce texte était de Condorcet, ce que prouve notre manuscrit.
En tête, une note au crayon de Condorcet précise: «Ce n'est pas une suite mais un morceau qu'il faut copier à part».
Nous ne pouvons ici que résumer les grandes lignes de ce long texte.
«Les hommes ne se sont réunis en société, que pour s'assurer la jouissance entière et paisible des droits qui resultent de leur nature. L'égalité est un de ces droits, et seule elle suffit pour garantir la conservation de tous les autres, puisque personne ne peut être tenté d'introduire une oppression dont le poids retomberait sur lui-même».
Tout peuple est maître de conserver ou recouvrer ses droits... «Si donc un peuple a recouvré ses droits, s'il a pu remonter jusqu'à l'égalité naturelle, les chefs des autres nations qui s'uniraient pour lui ravir sa liberté, pour le forcer à rétablir l'inégalité ou à conserver les formes corruptrices de la monarchie seraient non les ennemis de ce peuple seul mais ceux de toute la grande famille humaine»... etc.
L'Allemagne n'a donc pas le droit d'exiger que les Alsaciens «restent sous le joug de la féodalité»...
Les peuples ont également le droit de «changer la constitution sous laquelle ils vivent [...] Les habitants de la Germanie ont donc le droit de détruire aujourd'hui la féodalité, de se réunir dans une grande république»... etc.
Condorcet rappelle aux «descendans d'Arminius et de Vetikond, compatriotes de Kepler et de Leibnitz» leur «antique amour de la liberté [...] L'Europe vous doit l'imprimerie ce boulevard éternel des Droits de l'espèce humaine»...
Condorcet rappelle aussi l'exemple de LUTHER qui a combattu «la tyrannie par la raison et la superstition par le ridicule»...
Condorcet laisse aux Germains la sagesse de fixer l'époque de la reconquête de leur liberté, mais les conjure de ne pas combattre la République : «Laissez du moins vos princes, vos maîtres, vos prêtres et vos nobles nous faire seuls une guerre qui ne peut être utile qu'à eux seuls; ne nous forcez pas à répandre le sang des hommes, quand nous voudrions ne combattre que leurs ennemis».
- CONDORCET Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de (1741-1794)
Lettre autographe, [10 mars 1792], à Jacques-Pierre BRISSOT, député à l'Assemblée nationale
1 page in-8, adresse.
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
Lettre politique faisant allusion à la démission des ministres de la Marine et de la Justice, Bertrand de Moleville et Duport-Dutertre (10 mars 1792), et au décret d'accusation de l'Assemblée contre le ministre des Affaires étrangères, Valdec de Lessart.
«M. TALLEIRAND viendra demain dejeuner avec nous [...] Voila le Bertrand parti. Concedez-vous d'après cela l'insolence purement gratuite de la lettre d'hier. Il faut tacher cette semaine de se debarasser de Duport afin de delamethiser tout à fait le pouvoir exécutif. C'est le comité de législation que cela regarde. D'ailleurs tant qu'ils auront le ministre de la Justice, ils conserveront l'esperance se faire rendre Lessart par quelque ruse de procureur. Vous avez commencé votre feuillet par une ligne qui vaut mieux que bien des discours. Je voudrais qu'on l'envoiât à tous les directoires, et même aux municipalités.»
- CONDORCET Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de (1741-1794)
Lettre signée «de Condorcet» et lettre autographe, sur les travaux de membres de la Société des Amis des Noirs.
[Paris] 1789, à Jacques-Pierre BRISSOT DE WARVILLE
1 page et quart et 1 page in-8, adresses.
Photo : Aguttes
Note au catalogue :
Hôtel des Monnaies 7 novembre 1789.
«M. le comte de MIRABEAU a proposé de lire a quelques amis des noirs non membres de l'assemblée nationale sa motion sur la traite. Je crois que M. de Claviere M. de Bourge vous et moi devant y être il peut n'etre pas nécessaire dy en ajouter plus d'un ou deux autres. Voyez ceux que vous croyez plus convenable d'y appeler. Comme c'est une conferance particuliere nous sommes les maîtres du choix»...
Dimanche [8 novembre 1789].
«Le jeudi ne peut convenir a M. le Duc de La Rochefoucauld, il m'a chargé, Monsieur de vous proposer mardi, samedi, ou dimanche. [...]
Je vous prie d'avertir aussi M. de Bourges, je me chargerai de M. l'abbé Seyes et de M. Petion de Villeneuve. L'assemblée a fait hier un decret [interdisant aux membres de l'Assemblée de passer au ministère, pendant la session actuelle] qui pour l'honneur de ses lumieres a sans doute des motifs particuliers. J'en suis moins faché pour la chose même que pour l'esprit qu'il annonce»...
* Source et infos complémentaires : Aguttes - Vente Aristophil, grandes figures historiques, écrits et correspondances
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Concernant son influence et son engagement pour les causes de la Société des Amis des Noirs, voir nos sujets :
Déclaration du roi pour la Police des noirs
Outre-mer, les îles à sucre, l'esclavage...
Nous parlons aussi de Condorcet dans les sujets qui concernent...sa femme !
A qui l'on attribue parfois ce portrait au pastel de son époux...
Marie-Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de Condorcet
Anonyme, France, fin du XVIIIe siècle, parfois attribué à Condorcet (de), Sophie-Marie-Louise de Grouchy
Pastel sur parchemin tendu sur papier
Photo : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot
Voir nos sujets :
Sophie de Grouchy, marquise de Condorcet
Le château de Villette, chez Sophie de Grouchy, marquise de Condorcet
Et encore notamment dans ce sujet :
L'éducation nationale à l'aune de la Révolution...Le Pelletier de Sant-Fargeau, Condorcet
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Nicolas Caritat, marquis de Condorcet
Et un homme si droit, si probe, fait une si triste fin ...La nuit, la neige a écrit: marquis de Condorcet, mon chouchou des "Lumières" ?!
Condorcet retrouvé mort dans sa prison, (musée de la Révolution française à Vizille).
... qui a très douloureusement frappé son ami le docteur Pinel . Je le disais ailleurs, peut-être dans notre sujet sur la médecine ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Nicolas Caritat, marquis de Condorcet
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Portrait en buste de Marie-Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de Condorcet
Présenté prochainement en vente aux enchères....
Portrait en buste de Marie Jean Antoine Nicolas Caritat, marquis de Condorcet
Jean Antoine HOUDON (1741 - 1828) et atelier
Plâtre, signé et daté ' houdon. f. 1787 ' sous le bras droit
Hauteur : 73 cm (28,74 in.) (Restaurations et petits manques)
Bibliographie : en rapport : 'Jean Antoine Houdon. La sculpture sensible', cat. exp. Montpellier, Musée Fabre, 2010, p. 158-161, n° 23 (un exemplaire en terre cuite)
Commentaires :
Mathématicien, homme politique et philosophe, Marie Jean Antoine Nicolas Caritat, marquis de Condorcet est Académicien à vingt-six ans. Proche de d'Alembert, il fait partie de l'aile libérale des Encyclopédistes.
Condamné à mort sous la Terreur, il parvient à prendre la fuite et vit dans la clandestinité pendant huit mois ; il rédige alors son célèbre testament politique, 'Esquisses d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain' avant d'être repris et de s'empoisonner dans sa cellule.
La version en marbre du buste du marquis a sans doute été commandée à Houdon vers 1785 par Nicole de La Rochefoucauld. Ce marbre est aujourd'hui conservé à l'American Philosophical Society Museum de Philadelphie (Inv.58.S.2).
Le Louvre possède une belle épreuve en terre cuite (Inv. RF1090) et un autre exemplaire faisait partie de la collection Courty dispersée le 9 décembre 2002 à Paris par Maître Choppin de Janvry (n°61).
Notre buste, épreuve contemporaine des deux versions précitées, est issue d'un moule à pièces dont on devine par endroit les coutures. Il présente une empreinte d'une belle nervosité au-delà de quelques usures en surface. On y retrouve la belle impression de réserve et de dignité, le regard franc et profond et le sourire calme et entendu de l'Académicien.
Comme à son habitude Houdon est d'une grande élégance dans la simplicité et l'efficacité du traitement de l'habit à la française et du discret jabot porté par le marquis. La perruque est décrite avec le souci de dégager le grand front du philosophe. Le buste s'inscrit bien dans la lignée des portraits des décennies 70 et 80 et on y retrouve la même vitalité intériorisée et le même dépouillement que dans les célèbres bustes de Voltaire et de Washington.
* Source et infos complémentaires : Artcurial - Vente Terres cuites et autres sculptures (10 juin 2021)
Nous avions présenté au début de ce sujet le moulage en plâtre du XIXe conservé par le château de Versailles, mais voici la version en terre cuite des collections du Louvre :
Condorcet (Marie-Jean-Antoine-Nicolas Caritat marquis de) (1743-1794), philosophe, mathématicien et homme politique
Jean-Antoine Houdon, atelier du sculpteur
France, 1785
Terre cuite, marbre blanc
Au revers, cachet en cire rouge : "ACADEM / ROYALE / DE PEINTURE / ET SCULPT / HOUDON SC"
Hauteur : 0,595 m ; Largeur : 0,49 m ; Profondeur : 0,31 m ; Hauteur avec accessoire : 0,715 m
Image : 2006 Musée du Louvre
Images : 2006 Musée du Louvre
Et voici la version en marbre, actuellement conservée à American Philosophical Society de Philadelphie.
Bust of Marquis de Condorcet
Jean-Antoine Houdon
Life-sized marble portrait, 1785
Incised on proper right shoulder, "Houdon Fecit 1785."
H-30.5 W-20 inches / Without base: 25 x 20
Image : American Philosophical Society
Note :
During the 1780s, French mathematician and social reformer Nicholas de Condorcet was one of "les Américains," a group of progressive aristocrats who supported the American Revolution and believed the United States could be a model for France. They often gathered at the homes of the La Rochefoucauld family, who commissioned this bust in 1785.
Houdon's portrait idealizes Condorcet, eliminating the pockmarks on his face and his hunched posture. Instead, he appears sensitive and thoughtful, seeming to look into the future.
Image : American Philosophical Society
During the French Revolution, Condorcet and the La Rochefoucaulds bitterly parted ways. The family, who accused Condorcet of doing nothing to help when the Duc de la Rochefoucauld and his son Charles were brutally slaughtered in 1792, hid the bust of their former friend in a storage room.
Twenty years later, William Short, a longtime lover of La Rochefoucauld's widow Rosalie, asked her to give him the sculpture. Short, an APS member and protégé of Thomas Jefferson, donated the bust to the APS in 1830.
Portrait en buste de Marie Jean Antoine Nicolas Caritat, marquis de Condorcet
Jean Antoine HOUDON (1741 - 1828) et atelier
Plâtre, signé et daté ' houdon. f. 1787 ' sous le bras droit
Hauteur : 73 cm (28,74 in.) (Restaurations et petits manques)
Bibliographie : en rapport : 'Jean Antoine Houdon. La sculpture sensible', cat. exp. Montpellier, Musée Fabre, 2010, p. 158-161, n° 23 (un exemplaire en terre cuite)
Commentaires :
Mathématicien, homme politique et philosophe, Marie Jean Antoine Nicolas Caritat, marquis de Condorcet est Académicien à vingt-six ans. Proche de d'Alembert, il fait partie de l'aile libérale des Encyclopédistes.
Condamné à mort sous la Terreur, il parvient à prendre la fuite et vit dans la clandestinité pendant huit mois ; il rédige alors son célèbre testament politique, 'Esquisses d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain' avant d'être repris et de s'empoisonner dans sa cellule.
La version en marbre du buste du marquis a sans doute été commandée à Houdon vers 1785 par Nicole de La Rochefoucauld. Ce marbre est aujourd'hui conservé à l'American Philosophical Society Museum de Philadelphie (Inv.58.S.2).
Le Louvre possède une belle épreuve en terre cuite (Inv. RF1090) et un autre exemplaire faisait partie de la collection Courty dispersée le 9 décembre 2002 à Paris par Maître Choppin de Janvry (n°61).
Notre buste, épreuve contemporaine des deux versions précitées, est issue d'un moule à pièces dont on devine par endroit les coutures. Il présente une empreinte d'une belle nervosité au-delà de quelques usures en surface. On y retrouve la belle impression de réserve et de dignité, le regard franc et profond et le sourire calme et entendu de l'Académicien.
Comme à son habitude Houdon est d'une grande élégance dans la simplicité et l'efficacité du traitement de l'habit à la française et du discret jabot porté par le marquis. La perruque est décrite avec le souci de dégager le grand front du philosophe. Le buste s'inscrit bien dans la lignée des portraits des décennies 70 et 80 et on y retrouve la même vitalité intériorisée et le même dépouillement que dans les célèbres bustes de Voltaire et de Washington.
* Source et infos complémentaires : Artcurial - Vente Terres cuites et autres sculptures (10 juin 2021)
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Nous avions présenté au début de ce sujet le moulage en plâtre du XIXe conservé par le château de Versailles, mais voici la version en terre cuite des collections du Louvre :
Condorcet (Marie-Jean-Antoine-Nicolas Caritat marquis de) (1743-1794), philosophe, mathématicien et homme politique
Jean-Antoine Houdon, atelier du sculpteur
France, 1785
Terre cuite, marbre blanc
Au revers, cachet en cire rouge : "ACADEM / ROYALE / DE PEINTURE / ET SCULPT / HOUDON SC"
Hauteur : 0,595 m ; Largeur : 0,49 m ; Profondeur : 0,31 m ; Hauteur avec accessoire : 0,715 m
Image : 2006 Musée du Louvre
Images : 2006 Musée du Louvre
Et voici la version en marbre, actuellement conservée à American Philosophical Society de Philadelphie.
Bust of Marquis de Condorcet
Jean-Antoine Houdon
Life-sized marble portrait, 1785
Incised on proper right shoulder, "Houdon Fecit 1785."
H-30.5 W-20 inches / Without base: 25 x 20
Image : American Philosophical Society
Note :
During the 1780s, French mathematician and social reformer Nicholas de Condorcet was one of "les Américains," a group of progressive aristocrats who supported the American Revolution and believed the United States could be a model for France. They often gathered at the homes of the La Rochefoucauld family, who commissioned this bust in 1785.
Houdon's portrait idealizes Condorcet, eliminating the pockmarks on his face and his hunched posture. Instead, he appears sensitive and thoughtful, seeming to look into the future.
Image : American Philosophical Society
During the French Revolution, Condorcet and the La Rochefoucaulds bitterly parted ways. The family, who accused Condorcet of doing nothing to help when the Duc de la Rochefoucauld and his son Charles were brutally slaughtered in 1792, hid the bust of their former friend in a storage room.
Twenty years later, William Short, a longtime lover of La Rochefoucauld's widow Rosalie, asked her to give him the sculpture. Short, an APS member and protégé of Thomas Jefferson, donated the bust to the APS in 1830.
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Nicolas Caritat, marquis de Condorcet
La nuit, la neige a écrit:Rappelons l'excellente biographie du marquis de Condorcet co-écrite avec son épouse, et que nous évoquions notamment ICI.
Quel couple !!
Yep ! ... très beau couple, physiquement et moralement. J'ajoute que personne, jamais, n'a aussi bien parlé des époux Condorcet.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Nicolas Caritat, marquis de Condorcet
En 1791, la presse se déchaîne contre les époux Condorcet. Alors que Condorcet a été nommé commissaire à la trésorerie et qu'il a résigné ses fonctions municipales, que Sophie vient de traduire de l'anglais L'appel en faveur de la République de Thomas Paine. Le 14 juillet 1791, le Journal de la Cour et de la Ville publie une caricature de la belle marquise nue, courtisée par le marquis de la Fayette avec une légende qui ne laisse aucun doute de ce que l'on pense d'elle, bien à tort cependant : "respublica" autrement dit "fille publique"... Par ailleurs, Condorcet est très favorable à la guerre qui menace aux frontières et rejoint en ce sens son ami Brissot. Ils rallient ainsi la majorité des Jacobins à leurs idées, ce qui n'est pas du goût de certains de leurs amis.
Condorcet se trouve en butte aux insultes quotidiennes des journaux proches de La Fayette dont il était pourtant l'ami avant la fuite du roi à Varennes, ce qui a fait basculer bien des idées, tout en en réjouissant certains. La raison en est simple, cet homme de science, qui avant la Révolution s'est jeté dans l'action avec sa jeune femme, est devenu un partisan de l'idée républicaine et a même prôné le vote des femmes ! Il est donc mis au ban de la société, ainsi que Sophie.
C'est tout d'abord la vieille duchesse d'Enville, ex muse du mathématicien du temps de son célibat, qu'il rencontrait souvent dans ses salons du château médiéval de la Roche-Guyon, et sur laquelle souffla dès le début du 18e siècle l'esprit des Lumières, qui a fait solennellement enfouir son buste sous un tas de fumier ! c'est dire la haine farouche que le ménage suscite autour de lui, et même Malesherbes qui y va de belles envolées vengeresses en répandant le bruit qu'il tuera le marquis s'il le rencontre sur son chemin...
Le journal Le Républicain dans lequel ils s'acharnent à exprimer leur pensée l'un comme l'autre et avec leur ami anglais Thomas Paine, son fondateur, en écho à la Société Républicaine dont ils rêvent tous encore, leur sert d'exutoire. Il s'agit d'une petite société composée de cinq personnes, dont deux sont présentement membres de la Convention, qui prend le nom de Club Républicain. Cette société est opposée au rétablissement de Louis sur le trône, non point tant à cause de ses méfaits personnels que dans l'idée de renverser la monarchie et d'ériger sur ses ruines le système républicain et une représentation égalitaire..
http://sophiecondorcet.canalblog.com/archives/2006/12/04/3340185.html
Condorcet se trouve en butte aux insultes quotidiennes des journaux proches de La Fayette dont il était pourtant l'ami avant la fuite du roi à Varennes, ce qui a fait basculer bien des idées, tout en en réjouissant certains. La raison en est simple, cet homme de science, qui avant la Révolution s'est jeté dans l'action avec sa jeune femme, est devenu un partisan de l'idée républicaine et a même prôné le vote des femmes ! Il est donc mis au ban de la société, ainsi que Sophie.
C'est tout d'abord la vieille duchesse d'Enville, ex muse du mathématicien du temps de son célibat, qu'il rencontrait souvent dans ses salons du château médiéval de la Roche-Guyon, et sur laquelle souffla dès le début du 18e siècle l'esprit des Lumières, qui a fait solennellement enfouir son buste sous un tas de fumier ! c'est dire la haine farouche que le ménage suscite autour de lui, et même Malesherbes qui y va de belles envolées vengeresses en répandant le bruit qu'il tuera le marquis s'il le rencontre sur son chemin...
Le journal Le Républicain dans lequel ils s'acharnent à exprimer leur pensée l'un comme l'autre et avec leur ami anglais Thomas Paine, son fondateur, en écho à la Société Républicaine dont ils rêvent tous encore, leur sert d'exutoire. Il s'agit d'une petite société composée de cinq personnes, dont deux sont présentement membres de la Convention, qui prend le nom de Club Républicain. Cette société est opposée au rétablissement de Louis sur le trône, non point tant à cause de ses méfaits personnels que dans l'idée de renverser la monarchie et d'ériger sur ses ruines le système républicain et une représentation égalitaire..
http://sophiecondorcet.canalblog.com/archives/2006/12/04/3340185.html
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Date d'inscription : 21/12/2013
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