Isabelle de Bourbon-Parme, princesse de Parme

Tiens ? N'avions-nous pas un sujet consacré à Isabelle de Bourbon-Parme ?

Tant pis, je l'ouvre avec un portrait présenté prochainement en vente aux enchères...

Portrait de la princesse Isabelle de Parme
Attribué à Giuseppe Baldrighi (Stradella 1722- Parme 1803)
Dans un cadre en bois sculpté
Huile sur toile - 60,5 x 50,5 cm ; 23 3/4 by 19 7/8 in.

Photo : Sotheby's

Note au catalogue :

Isabelle-Marie-Louise-Antoinette de Bourbon-Parme (1741-1763), Princesse de Parme, et Petite-Fille du roi Louis XV, grandit d’abord à la cour de Madrid. Elle est ensuite élevée entre le duché de son père à Parme, où Giuseppe Baldrighi - peintre à qui notre portrait a été attribué - réalise un portrait de famille en 1755 (1), et Versailles où Jean-Marc Nattier réalise un portrait d’elle et sa mère en 1750 (2).

En 1760, juste après la mort de sa mère, Isabelle de Bourbon-Parme épouse Joseph de Habsbourg-Lorraine, qui deviendra l’empereur Joseph II d’Autriche en 1764.
A Vienne, renommée pour sa beauté et son intelligence, elle écrit quelques ouvrages mais meurt très tôt, à 22 ans seulement, en donnant naissance à sa deuxième fille.

(1). Giuseppe Baldrighi, La Famille de Philippe, Duc de Parme (conservée à la Galleria Nazionale à Parme, inv. GN 1149).


Family of Don Philip of Bourbon
Felipe of Parma and his wife Louise Élisabeth of France with their younger children Ferdinand, the later Ferdinand I of Parma and Maria Luisa, (later Queen of Spain)
By Giuseppe Baldrighi, c.1755
Parma, Galleria Nazionale
The girl is keeping her brother's miniature sword away from him.
Portrayed in profile on the right, the childrens' gouvernante, Marie Catherine de Bassecourt, Marchioness of Borghetto.
Source :Wikipedia


(2). Jean-Marc Nattier, Portrait de la Duchesse de Parme et de sa fille Isabelle (conservée au Hillwood Museum à Washington, inv. 51.4)

Portrait of the Duchess of Parma and her Daughter Isabelle
By Jean-Marc Nattier
Oil on canvas, signature Nattier Pinxit 1750, lower right
Image : Hillwood Museum

Source et infos complémentaires : Sotheby's Paris - Vente du 16 avril 2019

Elle fût sans doute le grand amour de Joseph II qui la surnommait "Tya-Tya". Il ne se remettra jamais vraiment de sa mort.
Princesse mélancolique, sinon dépressive, voire même morbide… Elle se prît d'une affection passionnée, anormale, pour sa belle-soeur Marie-Christine, surnommée "Mimi", cinquième enfant de l'impératrice Marie-Thérèse et très proche de cette dernière, peut-être sa fille préférée. Equilibrée, intelligente et posée, Marie-Christine tenta de raisonner Isabelle, en vain. Elle finît par s'arranger pour ne plus la côtoyer, en-dehors des obligations familiales et cérémonies officielles, avant de s'établir à Prague. Isabelle lui écrivît alors des lettres désespérées, n'hésitant pas à employer le chantage au suicide.

Simone Bertière rapporte qu'après la mort d'Isabelle, Marie-Christine aurait fait lire ses lettres à Joseph II pour le détacher du souvenir obsédant de la défunte mais que le doute persiste toujours sur cet acte.

Décidément l'Histoire dépasse toujours la fiction !

Oui, et aussi dans le tragique : une passion amoureuse entre deux belles- sœurs. L’interdit qui vient se mettre en travers. La dépression qui s’en suit, puis la mort...
On ne pourra plus dire que le 18ème siècle était un siècle affranchi... En tout cas pas pour les princes ...

Calonne a écrit: Isabelle lui écrivît alors des lettres désespérées, n'hésitant pas à employer le chantage au suicide.

Nous avions présenté le livre qui présente cette correspondance, publié d'après l'édition établie par Elisabeth Badinter.



Mais précisions que les réponses de Marie-Christine sont à ce jour inconnues.

Voir notre sujet ici : L'archiduchesse Marie-Christine, duchesse de Saxe Teschen

Je meurs d'amour pour toi.
Voilà bien des mots que l'on n'écrit pas tous les jours...


Prinzessin Isabella von Bourbon-Parma (1741-1763), spätere Gemahlin von Joseph II
Jean Marc Nattier d.J.
Leinwand, 1758
Sig. rechts: Nattier. pi. 1758
82 × 64,3 cm
Image : Kunsthistorisches Museum Wien, Gemäldegalerie

Quelqu'un l'a-t-il lu, pour nous donner ses impressions ?

Que veux-tu savoir exactement ? Je ne sais pas trop quoi en dire.  

Il s'agit donc de lettres intimes, amoureuses, certains mots sont même parfois assez crus.
Ce n'est pas non plus d'un très grand intérêt ; enfin disons que ce n'est pas le mien.
Il s'agit d'un témoignage, si l'on veut, d'un amour homosexuel au XVIIIe siècle ; mais aussi et surtout celui d'une princesse assez lucide et désabusée sur sa condition d'être née femme et coincée dans une prison dorée, qui lui pèse, c'est indéniable.
Aujourd'hui nous dirions qu'elle frôle le burn-out...

Bon, je retiens : pas grand intérêt .
Ce sentiment était-il partagé ?

Je partage globalement cet avis mais j'ai néanmoins apprécié la lecture de ses billets en effet un peu étranges qui révèlent une personnalité intelligente, brillante même, mais quelque peu paumée, difficile à saisir, et parfois à la limite de l'hystérie.

Je ne pense pas que ce sentiment était partagé.
Marie-Christine était une femme visiblement intelligente, équilibrée et posée et elle semble avoir tenté de raisonner ou "calmer" sa belle-soeur. Très vite, elle s'éloigne, s'arrange pour ne plus la rencontrer ou la croiser, ce qu'Isabelle lui reproche d'ailleurs.

Après, le terme "homosexuelle" me semble ici exagéré. Je ne pense pas qu'Isabelle désirait Marie-Christine. Elle était prisonnière de sa condition (même dorée) et en souffrait, elle a reporté son mal de vivre sur Marie-Christine, d'une façon "romantique" (au sens premier de ce terme), ce sentiment devenant au fil du temps une obsession, une exaltation morbide.

C'est d'autant plus tragique que Joseph était sincèrement et profondément amoureux d'elle, sans se douter sans doute de cet état d'esprit particulier. Simone Bertière a ces mots terribles : "se douta-t-il qu'il tenait entre ses bras une étrangère ?"

Mme de Sabran a écrit:Bon, je retiens  :   pas grand intérêt .

Oui et non, tout dépend !
Personnellement, je préfère l'Histoire dans l'histoire (sinon, je m'ennuie), ou bien alors faut-il que cela soit très, très, bien écrit et que je prenne du plaisir à lire un style que j'admire.
Ce n'est ni l'un, ni l'autre.

Mme de Sabran a écrit:Ce sentiment était-il partagé ?

Pffff...que dire ? Nous n'avons pas les réponses de Marie-Christine, donc bon...
Mais, enfin, ce n'est pas possible de lire une correspondance (et non pas deux ou trois mots), et de ce genre (c'est plus qu'allusif !!) sans être "complice".
J'insiste sur les guillemets.
Ou bien alors l'une et l'autre (dans un autre genre) étaient complètement folles !!    

Calonne a écrit:Après, le terme "homosexuelle" me semble ici exagéré. Je ne pense pas qu'Isabelle désirait Marie-Christine. Elle était prisonnière de sa condition (même dorée) et en souffrait, elle a reporté son mal de vivre sur Marie-Christine, d'une façon "romantique" (au sens premier de ce terme), ce sentiment devenant au fil du temps une obsession, une exaltation morbide.  

C'est parce qu'il y a "sexe" dans "homosexuelle" ? Je peux dire amour lesbien si vous voulez.
Mais bon, pour moi, cela voulait dire la même chose. Je ne parlais pas de sexualité. Ce "report" romantique, certes évident, vous avez raison, n'en reste pas moins tourné vers une personne du même sexe qu'elle.
Faisons simple.

Quant à son désir, alors là, je ne sais pas, mais je pense qu'il est clairement exprimé.
Je veux bien entendre le jeu spirituel (un poil malsain, comme vous le soulignez), mais enfin, tout de même, il y a des limites à la psychologie.
"Je te baise ton petit cul" (ou un truc du genre, il faudrait retrouver la phrase), n'est pas tout à fait, ou seulement, l'expression d'un mal-être.

Enfin bon, j'avoue tout à fait manquer de psychologie en cette matière : quand je vois écrit le mot "chat", je lis "chat", et pense "chat".  

Ha, j'étais passé à côté du "Je te baise ton petit cul". Effectivement, là, le romantisme en prend un coup…

La nuit, la neige a écrit: "Je te baise ton petit cul" (ou un truc du genre, il faudrait retrouver la phrase)

Les voici:
« Je baise ton petit cul d’archange »
« Je baise votre adorable cul en me gardant bien de vous offrir le mien qui est un peu foireux ».

Telle est ma précieuse contribution à ce sujet .....

Ces lettres n’étaient sans doute pas faites pour passer à la postérité...
Cela dit, je rejoins LNLN : pas de quoi fouetter ... un chat !

Goguelat a écrit:
Telle est ma précieuse contribution à ce sujet .....

Ô combien précieuse ! Merci beaucoup cher Goguelat...

Ces citations illustrent les quelques mots assez crus que j'évoquais, ainsi que l'étonnante alternance du vouvoiement et tutoiement.

C'est d'un goût !   Merci, cher Goguelat .
J'imaginerais ce genre de déclarations sous la plume de la Gourbillon plutôt que sous celle d'Isabelle de Parme .
Quelle tempête si c'était tombé sous les yeux de Marie-Thérèse !

Vicq d'Azyr a écrit:
Ces lettres n’étaient sans doute pas faites pour passer à la postérité...

...  non plus que pour être remises à Joseph .  

Calonne a écrit:Simone Bertière rapporte qu'après la mort d'Isabelle, Marie-Christine aurait fait lire ses lettres à Joseph II pour le détacher du souvenir obsédant de la défunte mais que le doute persiste toujours sur cet acte.

...  détacher du souvenir obsédant   ou ajouter encore à l'horreur de sa perte ?  C'était pour Joseph la double-peine  ( pour user d'une expression moderne ) .
Pourquoi les conserver, ces lettres ?  
Si Marie-Christine fuyait Isabelle de son mieux, elle aurait dû aussi jeter au feu pareille correspondance  .

Je suis bien d’accord...

La nuit, la neige a écrit: ainsi que l'étonnante alternance du vouvoiement et tutoiement.

E Badinter suppose qu'elles se seraient vouvoyée en "public", dans la vie de cour et certainement tutoyée en privée.
Je me rappelle d'une lettre de Madame Elisabeth à Angélique de Bombelles où elle utilise le tu et le vous parfois dans la même phrase.

Mme de Sabran a écrit: Quelle tempête si c'était tombé sous les yeux de Marie-Thérèse !

Surtout celle là!
« Ne croyez pas, chère sœur, être la seule à recevoir des baisers de l’Impératrice sur la bouche, je puis vous en offrir autant ».

Ce ne serait pas les mêmes ...

Deux nouveaux portraits de la princesse, peints par le talentueux Anton Raphael Mengs :


Isabella Maria Luisa, Prinzessin von Bourbon-Parma, verheiratete Kronprinzessin von Böhmen und Ungarn (1741-1763)
Mengs, Anton Raphael
Öl auf Pappe
46,5 x 33,5 cm
Image : Sempub.ub.uni

Isabella Maria Luisa, Prinzessin von Bourbon-Parma, verheiratete Kronprinzessin von Böhmen und Ungarn (1741-1763)
Mengs, Anton Raphael
Öl auf Leinwand
57 x 47 cm
Image : Sempub.ub.uni