Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Le tour du monde du roi Zibeline, de Jean-Christophe Rufin
Voici très probablement l'un des romans que j'emporterai pour le lire cet été, pendant mes vacances !
Faut-il encore présenter Jean-Christophe Rufin ?
Médecin, écrivain, historien, académicien, diplomate, ancien président d'Action contre la faim, prix Goncourt du premier roman pour L'abyssin, prix Goncourt pour son célèbre Rouge Brésil (deux très beaux romans).
Notamment ! :
Vient de paraître :
Le tour du monde du roi Zibeline
De Jean-Christophe Rufin
Editions Gallimard (Avril 17)
Quatrième de couverture :
«– Mes amis, s'écria Benjamin Franklin, permettez-moi de dire que, pour le moment, votre affaire est strictement incompréhensible.
– Nous ne demandons qu'à vous l'expliquer, dit Auguste. Et d'ailleurs nous avons traversé l'Atlantique pour cela.
– Eh bien, allez-y.
– C'est que c'est une longue histoire.
– Une très longue histoire, renchérit Aphanasie, sa jeune épouse que Franklin ne quittait plus des yeux.
– Elle traverse de nombreux pays, elle met en scène des drames et des passions violentes, elle se déroule chez des peuples lointains dont les cultures et les langues sont différentes de tout ce que l 'on connaît en Europe...
– Qu'à cela ne tienne! Au contraire, vous mettez mon intérêt à son comble.»
Comment un jeune noble né en Europe centrale, contemporain de Voltaire et de Casanova, va se retrouver en Sibérie puis en Chine, pour devenir finalement roi de Madagascar...
Sous la plume de Jean-Christophe Rufin, cette histoire authentique prend l'ampleur et le charme d'un conte oriental, comme le XVIIIe siècle les aimait tant.
Faut-il encore présenter Jean-Christophe Rufin ?
Médecin, écrivain, historien, académicien, diplomate, ancien président d'Action contre la faim, prix Goncourt du premier roman pour L'abyssin, prix Goncourt pour son célèbre Rouge Brésil (deux très beaux romans).
Notamment ! :
Vient de paraître :
Le tour du monde du roi Zibeline
De Jean-Christophe Rufin
Editions Gallimard (Avril 17)
Quatrième de couverture :
«– Mes amis, s'écria Benjamin Franklin, permettez-moi de dire que, pour le moment, votre affaire est strictement incompréhensible.
– Nous ne demandons qu'à vous l'expliquer, dit Auguste. Et d'ailleurs nous avons traversé l'Atlantique pour cela.
– Eh bien, allez-y.
– C'est que c'est une longue histoire.
– Une très longue histoire, renchérit Aphanasie, sa jeune épouse que Franklin ne quittait plus des yeux.
– Elle traverse de nombreux pays, elle met en scène des drames et des passions violentes, elle se déroule chez des peuples lointains dont les cultures et les langues sont différentes de tout ce que l 'on connaît en Europe...
– Qu'à cela ne tienne! Au contraire, vous mettez mon intérêt à son comble.»
Comment un jeune noble né en Europe centrale, contemporain de Voltaire et de Casanova, va se retrouver en Sibérie puis en Chine, pour devenir finalement roi de Madagascar...
Sous la plume de Jean-Christophe Rufin, cette histoire authentique prend l'ampleur et le charme d'un conte oriental, comme le XVIIIe siècle les aimait tant.
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
La nuit, la neige a écrit: le charme d'un conte oriental, comme le XVIIIe siècle les aimait tant.
... et nous aussi !
Merci .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
Jean Christophe Rufin était, jeudi dernier, l'invité du chouchou de la comtesse D, dans l'émission La grande librairie.
Si vous souhaitez l'écouter présenter cette histoire en effet ô combien romanesque :
Ou encore, la lecture de cet entretien publié sur le site des éditions Gallimard :
Le tour du monde du roi Zibeline de Jean-Christophe Rufin.
« – Mais, pardon pour ma curiosité, en temps ordinaire et quand vous n’êtes pas en visite chez moi à Philadelphie, où vivez-vous ? Dans le Pacifique ?
– Non, à Madagascar.
– Tiens donc !
– Et que faites-vous à Madagascar ? Je suppose que vous y tenez un emploi.
Auguste réfléchit un instant puis dit sobrement :
– Je suis roi. »
Qui était cet étonnant « roi Zibeline » ?
Auguste Benjowski, noble hongrois du XVIIIe siècle, fut à la fois aventurier, explorateur et effectivement roi de Madagascar. Il a laissé des mémoires où il détaille ses faits et gestes, mais sans livrer ce qu’il a pu ressentir ou penser. Cependant, on devine une pensée philosophique derrière ses choix.
Sa décision de se battre pour l’indépendance de la Pologne, alors le pays le plus libre et le plus démocratique d’Europe de l’Est, est un sérieux indice. Plus que l’homme d’action, c’est l’homme de culture, sensible aux idées des Lumières, que j’ai choisi de mettre en avant.
Il semble avoir vécu entre deux époques de l’exploration du monde…
Exactement. Lors de son premier séjour en France, on se presse pour l’entendre raconter ses aventures.
Quand il revient, il n’intéresse plus grand monde : en quelques années, on est passé de la découverte du monde selon Bougainville à l’esprit de conquête et de commerce de La Pérouse. La curiosité a fait place à la guerre économique, et Benjowski va en être la première victime.
Il se voit pourtant confier une mission à Madagascar…
Pour s’évader de Sibérie, il s’était emparé d’un trois-mâts avec lequel il avait d’abord navigué dans les eaux du détroit de Behring avant de mettre cap au sud vers le Japon et Formose.
Comme personne avant lui n’était monté aussi au nord, ses observations intéressent beaucoup de monde, en particulier les Anglais, qui rêvent d’emprunter les mythiques passages du Nord-Est et du Nord-Ouest afin de conquérir la côte ouest de l’Amérique après la perte de leurs colonies de l’Est. L’un des compagnons d’évasion de Benjowski, Stepanov, semble leur avoir vendu de telles informations.
De son côté, Benjowski a révélé aux Français quelques secrets sur cette région mal connue en échange du financement d’une mission. Il espérait Formose, ce sera Madagascar, où les autorités espèrent que ce personnage encombrant connaîtra rapidement une fin tragique…
On retrouve alors tout le paradoxe du personnage : arrivé en conquérant, il s’empresse de prendre la tête des indigènes pour se retourner contre les Français, devenant sans le savoir le premier combattant de la lutte anti-coloniale.
Grâce à son action, l’île restera indépendante jusqu’à la conquête française de la fin du xixe siècle. Ce rôle d’avant-garde lui vaut d’être toujours fêté et honoré là-bas.
Ce roman d’aventures est aussi un roman un peu crépusculaire…
C’est en effet la fin du monde : Louis XVI succède à Louis XV, la Révolution s’annonce. Homme des Lumières, Benjowski pressent ces bouleversements, mais il ne pourra y prendre part : né trop tôt, sa vie se situe, malheureusement pour lui, du côté du monde qui s’écroule.
Le roman se place sous le double signe du conte philosophique et des Mille et Une Nuits…
J’ai effectivement fait le choix de transformer cette réalité historique documentée en conte philosophique.
Dans le titre lui-même, il y a une distance un peu ironique à la Zadig. Comme le couple formé par Auguste Benjowski et son épouse Aphanasie raconte leurs aventures par épisodes au vieux Benjamin Franklin, cela donne un côté Shéhérazade, Mille et Une Nuits.
Avec cette alternance de voix différentes, le XVIIIe siècle est présent non seulement par le contenu, mais aussi par la forme.
* Source : Entretien réalisé avec Jean-Christophe Rufin à l’occasion de la parution du Tour du monde du roi Zibeline.
http://www.gallimard.fr/Media/Gallimard/Entretien-ecrit/Entretien-Jean-Christophe-Rufin.-Le-tour-du-monde-du-roi-Zibeline/(source)/287384
Si vous souhaitez l'écouter présenter cette histoire en effet ô combien romanesque :
Ou encore, la lecture de cet entretien publié sur le site des éditions Gallimard :
Le tour du monde du roi Zibeline de Jean-Christophe Rufin.
« – Mais, pardon pour ma curiosité, en temps ordinaire et quand vous n’êtes pas en visite chez moi à Philadelphie, où vivez-vous ? Dans le Pacifique ?
– Non, à Madagascar.
– Tiens donc !
– Et que faites-vous à Madagascar ? Je suppose que vous y tenez un emploi.
Auguste réfléchit un instant puis dit sobrement :
– Je suis roi. »
Qui était cet étonnant « roi Zibeline » ?
Auguste Benjowski, noble hongrois du XVIIIe siècle, fut à la fois aventurier, explorateur et effectivement roi de Madagascar. Il a laissé des mémoires où il détaille ses faits et gestes, mais sans livrer ce qu’il a pu ressentir ou penser. Cependant, on devine une pensée philosophique derrière ses choix.
Sa décision de se battre pour l’indépendance de la Pologne, alors le pays le plus libre et le plus démocratique d’Europe de l’Est, est un sérieux indice. Plus que l’homme d’action, c’est l’homme de culture, sensible aux idées des Lumières, que j’ai choisi de mettre en avant.
Il semble avoir vécu entre deux époques de l’exploration du monde…
Exactement. Lors de son premier séjour en France, on se presse pour l’entendre raconter ses aventures.
Quand il revient, il n’intéresse plus grand monde : en quelques années, on est passé de la découverte du monde selon Bougainville à l’esprit de conquête et de commerce de La Pérouse. La curiosité a fait place à la guerre économique, et Benjowski va en être la première victime.
Il se voit pourtant confier une mission à Madagascar…
Pour s’évader de Sibérie, il s’était emparé d’un trois-mâts avec lequel il avait d’abord navigué dans les eaux du détroit de Behring avant de mettre cap au sud vers le Japon et Formose.
Comme personne avant lui n’était monté aussi au nord, ses observations intéressent beaucoup de monde, en particulier les Anglais, qui rêvent d’emprunter les mythiques passages du Nord-Est et du Nord-Ouest afin de conquérir la côte ouest de l’Amérique après la perte de leurs colonies de l’Est. L’un des compagnons d’évasion de Benjowski, Stepanov, semble leur avoir vendu de telles informations.
De son côté, Benjowski a révélé aux Français quelques secrets sur cette région mal connue en échange du financement d’une mission. Il espérait Formose, ce sera Madagascar, où les autorités espèrent que ce personnage encombrant connaîtra rapidement une fin tragique…
On retrouve alors tout le paradoxe du personnage : arrivé en conquérant, il s’empresse de prendre la tête des indigènes pour se retourner contre les Français, devenant sans le savoir le premier combattant de la lutte anti-coloniale.
Grâce à son action, l’île restera indépendante jusqu’à la conquête française de la fin du xixe siècle. Ce rôle d’avant-garde lui vaut d’être toujours fêté et honoré là-bas.
Ce roman d’aventures est aussi un roman un peu crépusculaire…
C’est en effet la fin du monde : Louis XVI succède à Louis XV, la Révolution s’annonce. Homme des Lumières, Benjowski pressent ces bouleversements, mais il ne pourra y prendre part : né trop tôt, sa vie se situe, malheureusement pour lui, du côté du monde qui s’écroule.
Le roman se place sous le double signe du conte philosophique et des Mille et Une Nuits…
J’ai effectivement fait le choix de transformer cette réalité historique documentée en conte philosophique.
Dans le titre lui-même, il y a une distance un peu ironique à la Zadig. Comme le couple formé par Auguste Benjowski et son épouse Aphanasie raconte leurs aventures par épisodes au vieux Benjamin Franklin, cela donne un côté Shéhérazade, Mille et Une Nuits.
Avec cette alternance de voix différentes, le XVIIIe siècle est présent non seulement par le contenu, mais aussi par la forme.
* Source : Entretien réalisé avec Jean-Christophe Rufin à l’occasion de la parution du Tour du monde du roi Zibeline.
http://www.gallimard.fr/Media/Gallimard/Entretien-ecrit/Entretien-Jean-Christophe-Rufin.-Le-tour-du-monde-du-roi-Zibeline/(source)/287384
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
La nuit, la neige a écrit:
– Et que faites-vous à Madagascar ? Je suppose que vous y tenez un emploi.
Auguste réfléchit un instant puis dit sobrement :
– Je suis roi. »[/i]
Superbe ! Quel panache ! :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!:
Roman: «Le tour du monde du roi Zibeline»
de Jean-Christophe Rufin
Par Sarah Tétaud : dimanche 5 mars 2017
Le baron Beniowski n’a vécu à Madagascar que 6 ans, entre 1772 et 1776, puis de 1785 à 1786 et, pourtant, il a marqué l’histoire de la Grande Île, - la côte Est plus exactement-, par ses incroyables péripéties et alliances avec les tribus autochtones. Ce Slovaque aux multiples vies, initialement envoyé à Madagascar par le roi de France pour y construire un comptoir, se détourne de sa mission pour servir ses propres intérêts et ceux des Malgaches. De cet homme, Jean-Christophe Rufin a fait un roman, «Le tour du monde du roi Zibeline». Revenu sur les traces de son héros pour s’imprégner des lieux où celui-ci a passé les dernières années de sa vie. A quelques semaines de la parution de son 15ème roman, l’académicien français et lauréat du prix Goncourt est revenu sur les traces de son héros pour s’imprégner des lieux où celui-ci a passé les dernières années de sa vie. Des ambiances, des descriptions de paysages que Jean-Christophe Rufin promet d’ajouter à la deuxième édition de son roman. Comment le « raconteur d’histoires » s’est-il épris de l’atypique aventurier slovaque ?
http://www.rfi.fr/emission/20170305-roman-jean-christophe-rufin-tour-monde-roi-zibeline
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
Je n'avais jamais entendu parler de cet homme, au destin si romanesque.
On comprend pourquoi Jean-Christophe Rufin en fait le personnage principal de son nouveau livre. :\\\\\\\\:
On comprend pourquoi Jean-Christophe Rufin en fait le personnage principal de son nouveau livre. :\\\\\\\\:
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
quel broshing !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
C'est l'exact sentiment que j'ai eu en voyant ce portrait .... les marteaux capillaires semblent avoir été ajoutés à une coiffure moderne...
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
C'est visiblement un faux portrait, assez bien fait il est vrai, sauf la coiffure.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
Il ressemble en effet moins à Laurent Delahousse, là
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
Le portrait a probablement été peint d'après cette gravure, en en modernisant l'allure. Petit jeu amusant.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
La nuit, la neige a écrit:
Voici très probablement l'un des romans que j'emporterai pour le lire cet été, pendant mes vacances !
Je viens de l'acheter ! :n,,;::::!!!:
Bientôt le roi Zibeline n'aura plus de secrets pour moi .
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
Me voici déjà accrochée par les premières pages !
Je ne connais pas encore notre héros, mais je suis ravie de retrouver Benjamin Franklin dont Sophie von La Roche nous parlait il y a deux jours !
Je ne connais pas encore notre héros, mais je suis ravie de retrouver Benjamin Franklin dont Sophie von La Roche nous parlait il y a deux jours !
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
Ah oui ?? Bravo ! :\\\\\\\\:Mme de Sabran a écrit:
Je viens de l'acheter ! :n,,;::::!!!:
Bientôt le roi Zibeline n'aura plus de secrets pour moi .
Pour ma part, je préfère attendre cet été : le roman des vacances !
Tu nous diras ce que tu penses de cette lecture (sans trop dévoiler l'histoire, n'est-ce pas... : ).
Mais il y a peu de chance que tu sois déçue : belle plume, beau sujet.
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
La vidéo que tu postes au-dessus devrait convaincre les indécis .
Benjowski ne cessa jamais d'être diffamé par les mémorialistes français. Très tôt, ils mirent en doute la réalité de son action à Madagascar et lui taillèrent un costume d'aventurier et d'escroc. Les Malgaches, eux, continuent d'honorer sa mémoire . Ils voient en lui l'apôtre de l'unité de leur île, le chantre de son indépendance . Un boulevard de la capitale Antananarivo porte toujours son nom .
Déjà, le 30 MARS 2017 :
Benyowsky trois fois, en attendant Jean-Christophe Rufin
En vente aujourd'hui, trois nouveaux titres de la Bibliothèque malgache, tous liés au personnage dont Jean-Christophe Rufin fait le héros de son nouveau roman, Le tour du monde du roi Zibeline, à paraître la semaine prochaine chez Gallimard.
Jean-Christophe Rufin s’intéressait depuis longtemps au personnage de Maurice Auguste Benyowsky (1746-1786) – quelle que soit l’orthographe utilisée pour son nom de famille. Nous l’avions évoqué ensemble dès 1998. Il aura fallu attendre 2017 pour que cette curiosité devienne un roman : Le tour du monde du roi Zibeline (Gallimard). Dans une postface, il dit de lui qu’il « fut longtemps l’aventurier et voyageur le plus célèbre du XVIIIe siècle. Ses Mémoires, écrits en français, ont rencontré un succès immense. Ils sont aujourd’hui encore publiés et je ne peux qu’en recommander la lecture (Éditions Phébus en français). Cependant, peu à peu, ce personnage tomba dans l’oubli en Europe occidentale, supplanté sans doute par nombre de nouveaux découvreurs et navigateurs. »
Voici, dans un ensemble de trois volumes autour de Benyowsky, la partie de ses Mémoires qui concerne Madagascar, c’est-à-dire les dernières années de sa vie. Cette réédition de la Bibliothèque malgache se complète de deux ouvrages consacrés au même personnage : Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle : Benyowszky, de Prosper Cultru (1906), et Le dernier des flibustiers, de Gabriel de La Landelle (1884). Ils proposent deux interprétations divergentes de la vie de cet aventurier.
Chargé en 1905 du cours d’histoire coloniale à la Sorbonne,
Prosper Cultru (1862-1917) ne prend pas pour argent comptant les Mémoires de Benyowszky (tel est son choix orthographique).
Au contraire. Dans son étude, publiée en 1906, consacrée essentiellement à la période malgache de cette vie aventureuse, il ironise souvent sur les déclarations pompeuses du roi autoproclamé, en même temps qu’il met en évidence les multiples contradictions entre le récit autobiographique et la correspondance. Car l’historien a fouillé les documents originaux, dont certains sont reproduits en appendice de son ouvrage, se basant sur eux pour revisiter de manière (très) critique la trajectoire du personnage. Prosper Cultru fait évidemment abstraction du côté romanesque – qu’il souligne en revanche parfois dans les écrits de Benyowszky lui-même, plus prompt à imaginer ce qu’aurait pu être son établissement à Madagascar qu’à en décrire la réalité.
Gabriel de La Landelle (1812-1886) aimait les belles histoires d’aventuriers.
Et aussi d’aventurières, puisqu’il a écrit Les femmes à bord, entre autres ouvrages consacrés à la mer, principal terrain sur lequel il choisissait ses héros. Dugay-Trouin eut ses faveurs. Il s’intéressait aussi à la colonisation, et consacra un livre à celle du Brésil.
On n’est donc pas surpris qu’il ait rencontré Benyowsky (Béniowski dans sa version), qui avait lui-même rédigé le roman de sa vie sous la forme de Mémoires. Il suffisait d’imaginer quelques anecdotes supplémentaires et de donner un peu plus de chair aux compagnons sur lesquels son héros s’était montré trop discret en s’attribuant seul le mérite de ses supposées réussites en terre malgache.
http://cultmada.blogspot.fr/
Benjowski ne cessa jamais d'être diffamé par les mémorialistes français. Très tôt, ils mirent en doute la réalité de son action à Madagascar et lui taillèrent un costume d'aventurier et d'escroc. Les Malgaches, eux, continuent d'honorer sa mémoire . Ils voient en lui l'apôtre de l'unité de leur île, le chantre de son indépendance . Un boulevard de la capitale Antananarivo porte toujours son nom .
Déjà, le 30 MARS 2017 :
Benyowsky trois fois, en attendant Jean-Christophe Rufin
En vente aujourd'hui, trois nouveaux titres de la Bibliothèque malgache, tous liés au personnage dont Jean-Christophe Rufin fait le héros de son nouveau roman, Le tour du monde du roi Zibeline, à paraître la semaine prochaine chez Gallimard.
Jean-Christophe Rufin s’intéressait depuis longtemps au personnage de Maurice Auguste Benyowsky (1746-1786) – quelle que soit l’orthographe utilisée pour son nom de famille. Nous l’avions évoqué ensemble dès 1998. Il aura fallu attendre 2017 pour que cette curiosité devienne un roman : Le tour du monde du roi Zibeline (Gallimard). Dans une postface, il dit de lui qu’il « fut longtemps l’aventurier et voyageur le plus célèbre du XVIIIe siècle. Ses Mémoires, écrits en français, ont rencontré un succès immense. Ils sont aujourd’hui encore publiés et je ne peux qu’en recommander la lecture (Éditions Phébus en français). Cependant, peu à peu, ce personnage tomba dans l’oubli en Europe occidentale, supplanté sans doute par nombre de nouveaux découvreurs et navigateurs. »
Voici, dans un ensemble de trois volumes autour de Benyowsky, la partie de ses Mémoires qui concerne Madagascar, c’est-à-dire les dernières années de sa vie. Cette réédition de la Bibliothèque malgache se complète de deux ouvrages consacrés au même personnage : Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle : Benyowszky, de Prosper Cultru (1906), et Le dernier des flibustiers, de Gabriel de La Landelle (1884). Ils proposent deux interprétations divergentes de la vie de cet aventurier.
Chargé en 1905 du cours d’histoire coloniale à la Sorbonne,
Prosper Cultru (1862-1917) ne prend pas pour argent comptant les Mémoires de Benyowszky (tel est son choix orthographique).
Au contraire. Dans son étude, publiée en 1906, consacrée essentiellement à la période malgache de cette vie aventureuse, il ironise souvent sur les déclarations pompeuses du roi autoproclamé, en même temps qu’il met en évidence les multiples contradictions entre le récit autobiographique et la correspondance. Car l’historien a fouillé les documents originaux, dont certains sont reproduits en appendice de son ouvrage, se basant sur eux pour revisiter de manière (très) critique la trajectoire du personnage. Prosper Cultru fait évidemment abstraction du côté romanesque – qu’il souligne en revanche parfois dans les écrits de Benyowszky lui-même, plus prompt à imaginer ce qu’aurait pu être son établissement à Madagascar qu’à en décrire la réalité.
Gabriel de La Landelle (1812-1886) aimait les belles histoires d’aventuriers.
Et aussi d’aventurières, puisqu’il a écrit Les femmes à bord, entre autres ouvrages consacrés à la mer, principal terrain sur lequel il choisissait ses héros. Dugay-Trouin eut ses faveurs. Il s’intéressait aussi à la colonisation, et consacra un livre à celle du Brésil.
On n’est donc pas surpris qu’il ait rencontré Benyowsky (Béniowski dans sa version), qui avait lui-même rédigé le roman de sa vie sous la forme de Mémoires. Il suffisait d’imaginer quelques anecdotes supplémentaires et de donner un peu plus de chair aux compagnons sur lesquels son héros s’était montré trop discret en s’attribuant seul le mérite de ses supposées réussites en terre malgache.
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
En France, Zibeline, pour poursuivre son voyage, a affaire au comte de Boynes . Ce ministre de la Marine de Louis XV, nous nous en souvenons, était le seigneur du petit village de notre Marie-Antoinette qui lui avait consacré toute une enquête ( autrefois ) .
Je vais m'empresser de la bouturer .
Je vais m'empresser de la bouturer .
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
Wiki, toujours disert : :n,,;::::!!!:
Parvenu en France, Beniowski impressionne par sa hardiesse. Sa fidélité à la France mérite une récompense et l'on craint qu'il aille livrer à d'autres nations les connaissances que sa longue navigation lui a procurées. Aussi, lorsque Maurice Beniowski propose un plan de conquête de Formose, le comte de Boynes, ministre de la Marine, choisit de l'envoyer fonder un établissement de traite à Madagascar.
Les moyens accordés à Beniowski sont considérables. Tout un corps de troupe - les Volontaires de Beniowski - est levé dans Paris pour accompagner le baron vers Madagascar. Mais il apparaît rapidement que les plans de Beniowski vont au-delà des intentions du ministre qui le charge d’approvisionner et de gouverner l'île de France. Le baron désire en effet établir une véritable colonie à Madagascar.
L'exploration de Madagascar
Parvenu à Madagascar, Beniowski informe par courrier des progrès rapides de sa conquête. En quelques mois, il s'allie à certains chefs locaux, il assèche des marais sur lesquels une ville est fondée (Louisbourg), construit un fort à l'intérieur des terres (le fort de Boynes…), bâti des hôpitaux, lève des troupes d'indigènes qui reconnaissent le roi de France pour leur suzerain. En peu de temps l'île est conquise. Et Beniowski accompagne ses lettres d'une comptabilité détaillée des travaux, ainsi que les plans de chacun des bâtiments construits.
Dans le même temps, il demande des moyens toujours plus élevés à l'île de France en hommes, en vaisseaux, en marchandises, en argent... ce que l'intendant général Maillart refuse en l'absence de justification des dépenses. Beniowski s'indigne auprès du ministre et accuse Maillart de vouloir faire échouer son entreprise et de soutenir des intérêts privés dans le commerce avec Madagascar… Alors que des bœufs par centaines, du riz par milliers de livres, des esclaves, attendent seulement des vaisseaux pour passer à l'île de France, pourquoi le gouverneur préfère-t-il se tourner vers les Indes pour commercer à des conditions bien moins avantageuses?
À Paris, les demandes du baron Beniowski restent lettre morte. Turgot, faisant un bref passage au ministère de la Marine, tente de rappeler à Beniowski les contours de sa mission, mais sa lettre ne lui parviendra jamais. Toutefois, le destin de Beniowski finit par croiser celui de quelques noms illustres. En 1773, alors que Kerguelen mouille dans la baie d'Antongil, il ne trouve pas la moindre provision auprès de l'établissement français. En revanche, Beniowski lui demande son aide pour incendier un village d'indigènes voisins.
Deux années après l'installation de Beniowski à Madagascar, Monsieur de Sartines, le nouveau ministre finit par ordonner une commission d'enquête à laquelle participe La Pérouse. Cette commission met au jour la supercherie : les constructions dessinées par le baron dans ses lettres n'ont jamais existé; les forts se résument à quelques cabanes entourées d'une palissade pourrie, le corps des Volontaires a été décimé par les maladies, l'intérieur de l'île n'a jamais été vraiment exploré, les indigènes ont déserté le littoral et ne veulent plus commercer avec les étrangers. Même le choix de l'implantation de la ville de Louisbourg, les pieds dans l'eau, n'aurait pas pu être plus mauvais. Finalement, trois cents des hommes de Beniowski sont morts et deux millions de livres ont été dépensées.
Il faut se résigner, conclut la commission avec l'intendant Maillart, à considérer la comptabilité de notre établissement à Madagascar comme celle d'un navire perdu corps et biens.
Pourtant, Beniowski n'est pas inquiété dans l'immédiat. Il émigre en Angleterre, puis en Amérique, à Saint-Domingue (Haïti). Partout, il cherche des capitaux pour reprendre son œuvre à Madagascar. C'est à cette période de sa vie qu'il écrit ses mémoires. Ses fables prennent de l'ampleur : de la chasse à l'ours blanc en Sibérie jusqu'à son sacre comme roi de Madagascar, la somme d'exploits quotidiens du baron parvient à impressionner quelques crédules. Il monte une nouvelle expédition, aborde sur la côte occidentale, où il est attaqué par les indigènes. La plupart de ses compagnons sont massacrés. On le tient pour mort, il réapparaît à l'Est de l'île, ayant réussi à faire le tour de l'île en pirogue, et c'est là qu'il s'en prend à un établissement français. Un régiment part de l'île de France à sa poursuite, et il est abattu au cours d'une brève échauffourée.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Beniowski
Parvenu en France, Beniowski impressionne par sa hardiesse. Sa fidélité à la France mérite une récompense et l'on craint qu'il aille livrer à d'autres nations les connaissances que sa longue navigation lui a procurées. Aussi, lorsque Maurice Beniowski propose un plan de conquête de Formose, le comte de Boynes, ministre de la Marine, choisit de l'envoyer fonder un établissement de traite à Madagascar.
Les moyens accordés à Beniowski sont considérables. Tout un corps de troupe - les Volontaires de Beniowski - est levé dans Paris pour accompagner le baron vers Madagascar. Mais il apparaît rapidement que les plans de Beniowski vont au-delà des intentions du ministre qui le charge d’approvisionner et de gouverner l'île de France. Le baron désire en effet établir une véritable colonie à Madagascar.
L'exploration de Madagascar
Parvenu à Madagascar, Beniowski informe par courrier des progrès rapides de sa conquête. En quelques mois, il s'allie à certains chefs locaux, il assèche des marais sur lesquels une ville est fondée (Louisbourg), construit un fort à l'intérieur des terres (le fort de Boynes…), bâti des hôpitaux, lève des troupes d'indigènes qui reconnaissent le roi de France pour leur suzerain. En peu de temps l'île est conquise. Et Beniowski accompagne ses lettres d'une comptabilité détaillée des travaux, ainsi que les plans de chacun des bâtiments construits.
Dans le même temps, il demande des moyens toujours plus élevés à l'île de France en hommes, en vaisseaux, en marchandises, en argent... ce que l'intendant général Maillart refuse en l'absence de justification des dépenses. Beniowski s'indigne auprès du ministre et accuse Maillart de vouloir faire échouer son entreprise et de soutenir des intérêts privés dans le commerce avec Madagascar… Alors que des bœufs par centaines, du riz par milliers de livres, des esclaves, attendent seulement des vaisseaux pour passer à l'île de France, pourquoi le gouverneur préfère-t-il se tourner vers les Indes pour commercer à des conditions bien moins avantageuses?
À Paris, les demandes du baron Beniowski restent lettre morte. Turgot, faisant un bref passage au ministère de la Marine, tente de rappeler à Beniowski les contours de sa mission, mais sa lettre ne lui parviendra jamais. Toutefois, le destin de Beniowski finit par croiser celui de quelques noms illustres. En 1773, alors que Kerguelen mouille dans la baie d'Antongil, il ne trouve pas la moindre provision auprès de l'établissement français. En revanche, Beniowski lui demande son aide pour incendier un village d'indigènes voisins.
Deux années après l'installation de Beniowski à Madagascar, Monsieur de Sartines, le nouveau ministre finit par ordonner une commission d'enquête à laquelle participe La Pérouse. Cette commission met au jour la supercherie : les constructions dessinées par le baron dans ses lettres n'ont jamais existé; les forts se résument à quelques cabanes entourées d'une palissade pourrie, le corps des Volontaires a été décimé par les maladies, l'intérieur de l'île n'a jamais été vraiment exploré, les indigènes ont déserté le littoral et ne veulent plus commercer avec les étrangers. Même le choix de l'implantation de la ville de Louisbourg, les pieds dans l'eau, n'aurait pas pu être plus mauvais. Finalement, trois cents des hommes de Beniowski sont morts et deux millions de livres ont été dépensées.
Il faut se résigner, conclut la commission avec l'intendant Maillart, à considérer la comptabilité de notre établissement à Madagascar comme celle d'un navire perdu corps et biens.
Pourtant, Beniowski n'est pas inquiété dans l'immédiat. Il émigre en Angleterre, puis en Amérique, à Saint-Domingue (Haïti). Partout, il cherche des capitaux pour reprendre son œuvre à Madagascar. C'est à cette période de sa vie qu'il écrit ses mémoires. Ses fables prennent de l'ampleur : de la chasse à l'ours blanc en Sibérie jusqu'à son sacre comme roi de Madagascar, la somme d'exploits quotidiens du baron parvient à impressionner quelques crédules. Il monte une nouvelle expédition, aborde sur la côte occidentale, où il est attaqué par les indigènes. La plupart de ses compagnons sont massacrés. On le tient pour mort, il réapparaît à l'Est de l'île, ayant réussi à faire le tour de l'île en pirogue, et c'est là qu'il s'en prend à un établissement français. Un régiment part de l'île de France à sa poursuite, et il est abattu au cours d'une brève échauffourée.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Beniowski
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
Publiée dans Paris-Match, cette interview de l'auteur, costumé pour une séance photo...
L'entretien est mené par François Lestavel, et voici quelques extraits :
Jean-Christophe Ruffin, chronique du roi de Madagascar
Son nouveau roman raconte la vie extraordinaire de Maurice Auguste Beniowski, explorateur qui fut sacré roi de Madagascar. Des tribulations savoureuses qui ravivent l'esprit des Lumières.
Médecin, diplomate, fondateur d'ONG humanitaires et romancier à succès, Jean-Christophe Rufin a déjà connu mille vies en une. Curieux de tout, le moins académique des académiciens ressuscite aujourd'hui un aventurier du XVIIIe siècle qui lui ressemble, Maurice Auguste Beniowski.
Ce champion de la liberté que la France avait acclamé avant de le dénigrer combattit pour l'indépendance de la Pologne, s'évada de Sibérie, fit le tour du monde et débarqua à Madagascar où il tenta, au péril de sa vie, de faire briller les idéaux des Lumières. Pour mieux nous parler de ce héros flamboyant, Jean-Christophe Rufin n'a pas hésité à descendre de sa montagne savoyarde et à endosser le costume de navigateur au musée de la Marine à Paris. Embarquement immédiat !
Jean-Christophe Rufin dans la peau de son personnage au musée de la Marine.
Photo : Vincent Capman / Paris Match
Paris Match. 'Le tour du monde du roi Zibeline' raconte les aventures incroyables et véridiques du navigateur Maurice Auguste Beniowski. Comment avez-vous rencontré ce personnage méconnu?
Jean-Christophe Rufin. Il a été très connu en France aux XVIIIe et XIXe siècles à cause de ses Mémoires, et puis, à partir de la colonisation, les Français ont voulu l'oublier.
Cet anti-esclavagiste était devenu un personnage encombrant, car on l'avait assassiné.
On l'a diffamé et accablé de tous les vices pour justifier la colonisation et notre conquête sanglante de Madagascar.
J'ai découvert ses 'Mémoires et voyages' il y a vingt ans et je les ai dévorés avec perplexité, parce que c'était un livre très riche, presque trop, 800 pages, une tonne de notes.
Il y avait là quelque chose d'extraordinairement romanesque, mais qui méritait presque mieux.
Du coup, le personnage m'a accompagné pendant tout ce temps et cette année, je ne sais pas pourquoi, j'ai décidé de me jeter sur lui et de lui faire un sort.
N'avez-vous pas un peu tordu l'histoire dans votre livre ? Il n'est pas sûr que votre aventurier ait été si fidèle à Aphanasie, la fille du gouverneur qu'il a enlevée...
C'est vrai, mais je souhaitais qu'il y ait deux personnages de même force. J'ai choisi une femme car je ne voulais pas d'exploits militaires racontés par un guerrier mais un regard féminin en contrepoint. J'ai pourtant été fidèle à l'Histoire avec un grand H: ses voyages, sa déportation en Sibérie, son action à Madagascar, tout cela est conforme...
Jean-Christophe Ruffin devant une maquette de navire au musée de la Marine.
Vincent Capman / Paris Match
Même sa rencontre avec Benjamin Franklin à Philadelphie ?
J'ai opéré un petit glissement, car il a en fait rencontré Benjamin Franklin à Paris. Quand il est allé aux Etats-Unis, c'est à George Washington qu'il a parlé de Madagascar en posant la question centrale de l'avenir de cette révolution américaine: est-ce qu'elle doit rester dans un seul pays ou s'appliquer au monde entier? La même question s'est posée plus tard pour Lénine et Trotski! Les Américains, à leurs débuts, ont eu ce choix. Mais, plutôt que d'apporter la liberté au monde, ils ont préféré au XIXe siècle établir la doctrine impérialiste de Monroe. Alors que le but de Beniowski n'était pas, comme aujourd'hui, d'exporter la démocratie par les armes. Il avait une vision beaucoup plus fraternelle.
(...)
Ce roman emploie une belle langue, presque un 'à la manière de...'.
C'était un plaisir d'adopter le style XVIIIe?
J'ai été élevé par un grand-père qui parlait comme ça. Quand je lui demandais le sens d'un mot, tout de suite il se jetait sur le dictionnaire. Dès que j'ai commencé à écrire, j'ai adopté naturellement un style très classique.
J'ai eu une enfance très en marge et cette langue ne m'est pas étrangère, car j'étais passionné d'histoire et je dévorais les livres sur le XVIIIe.
Dans le fond, c'est très agréable de peindre une époque par son style et par sa langue. C'est ce qui rend son parfum et sa couleur si particuliers.
La suite de l'entretien est à lire ici : http://www.parismatch.com/Culture/Livres/Jean-Christophe-Ruffin-chronique-du-roi-de-Madagascar-1238726
L'entretien est mené par François Lestavel, et voici quelques extraits :
Jean-Christophe Ruffin, chronique du roi de Madagascar
Son nouveau roman raconte la vie extraordinaire de Maurice Auguste Beniowski, explorateur qui fut sacré roi de Madagascar. Des tribulations savoureuses qui ravivent l'esprit des Lumières.
Médecin, diplomate, fondateur d'ONG humanitaires et romancier à succès, Jean-Christophe Rufin a déjà connu mille vies en une. Curieux de tout, le moins académique des académiciens ressuscite aujourd'hui un aventurier du XVIIIe siècle qui lui ressemble, Maurice Auguste Beniowski.
Ce champion de la liberté que la France avait acclamé avant de le dénigrer combattit pour l'indépendance de la Pologne, s'évada de Sibérie, fit le tour du monde et débarqua à Madagascar où il tenta, au péril de sa vie, de faire briller les idéaux des Lumières. Pour mieux nous parler de ce héros flamboyant, Jean-Christophe Rufin n'a pas hésité à descendre de sa montagne savoyarde et à endosser le costume de navigateur au musée de la Marine à Paris. Embarquement immédiat !
Jean-Christophe Rufin dans la peau de son personnage au musée de la Marine.
Photo : Vincent Capman / Paris Match
Paris Match. 'Le tour du monde du roi Zibeline' raconte les aventures incroyables et véridiques du navigateur Maurice Auguste Beniowski. Comment avez-vous rencontré ce personnage méconnu?
Jean-Christophe Rufin. Il a été très connu en France aux XVIIIe et XIXe siècles à cause de ses Mémoires, et puis, à partir de la colonisation, les Français ont voulu l'oublier.
Cet anti-esclavagiste était devenu un personnage encombrant, car on l'avait assassiné.
On l'a diffamé et accablé de tous les vices pour justifier la colonisation et notre conquête sanglante de Madagascar.
J'ai découvert ses 'Mémoires et voyages' il y a vingt ans et je les ai dévorés avec perplexité, parce que c'était un livre très riche, presque trop, 800 pages, une tonne de notes.
Il y avait là quelque chose d'extraordinairement romanesque, mais qui méritait presque mieux.
Du coup, le personnage m'a accompagné pendant tout ce temps et cette année, je ne sais pas pourquoi, j'ai décidé de me jeter sur lui et de lui faire un sort.
N'avez-vous pas un peu tordu l'histoire dans votre livre ? Il n'est pas sûr que votre aventurier ait été si fidèle à Aphanasie, la fille du gouverneur qu'il a enlevée...
C'est vrai, mais je souhaitais qu'il y ait deux personnages de même force. J'ai choisi une femme car je ne voulais pas d'exploits militaires racontés par un guerrier mais un regard féminin en contrepoint. J'ai pourtant été fidèle à l'Histoire avec un grand H: ses voyages, sa déportation en Sibérie, son action à Madagascar, tout cela est conforme...
Jean-Christophe Ruffin devant une maquette de navire au musée de la Marine.
Vincent Capman / Paris Match
Même sa rencontre avec Benjamin Franklin à Philadelphie ?
J'ai opéré un petit glissement, car il a en fait rencontré Benjamin Franklin à Paris. Quand il est allé aux Etats-Unis, c'est à George Washington qu'il a parlé de Madagascar en posant la question centrale de l'avenir de cette révolution américaine: est-ce qu'elle doit rester dans un seul pays ou s'appliquer au monde entier? La même question s'est posée plus tard pour Lénine et Trotski! Les Américains, à leurs débuts, ont eu ce choix. Mais, plutôt que d'apporter la liberté au monde, ils ont préféré au XIXe siècle établir la doctrine impérialiste de Monroe. Alors que le but de Beniowski n'était pas, comme aujourd'hui, d'exporter la démocratie par les armes. Il avait une vision beaucoup plus fraternelle.
(...)
Ce roman emploie une belle langue, presque un 'à la manière de...'.
C'était un plaisir d'adopter le style XVIIIe?
J'ai été élevé par un grand-père qui parlait comme ça. Quand je lui demandais le sens d'un mot, tout de suite il se jetait sur le dictionnaire. Dès que j'ai commencé à écrire, j'ai adopté naturellement un style très classique.
J'ai eu une enfance très en marge et cette langue ne m'est pas étrangère, car j'étais passionné d'histoire et je dévorais les livres sur le XVIIIe.
Dans le fond, c'est très agréable de peindre une époque par son style et par sa langue. C'est ce qui rend son parfum et sa couleur si particuliers.
La suite de l'entretien est à lire ici : http://www.parismatch.com/Culture/Livres/Jean-Christophe-Ruffin-chronique-du-roi-de-Madagascar-1238726
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
La nuit, la neige a écrit:
Ce roman emploie une belle langue, presque un 'à la manière de...'.
C'était un plaisir d'adopter le style XVIIIe?
J'ai été élevé par un grand-père qui parlait comme ça. Quand je lui demandais le sens d'un mot, tout de suite il se jetait sur le dictionnaire. Dès que j'ai commencé à écrire, j'ai adopté naturellement un style très classique.
J'ai eu une enfance très en marge et cette langue ne m'est pas étrangère, car j'étais passionné d'histoire et je dévorais les livres sur le XVIIIe.
Dans le fond, c'est très agréable de peindre une époque par son style et par sa langue. C'est ce qui rend son parfum et sa couleur si particuliers.
Oui, cela se sent . C'est toute la souplesse et l'aisance de la plume de J.C. Ruffin , le bonheur de le lire !
Outre aussi que les sentiments, exaltés à l'outrance, expriment cette générosité doublée d'une certaine candeur qui est la marque de l'auteur, un esprit qui me plait ! ... le souffle épique transporte également et fait voyager le lecteur dans le temps comme autour de la Terre .
J'ai bien pensé, en effet, que le personnage d'Aphanassie empruntait beaucoup à l'imagination, mais quoi ! c'est un roman.
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
Tiens ! ... un petit extrait qui traite du libertinage .
Nous ( Aphanassie et Julie ) prîmes part à quelques soupers où des roués nous firent une cour assidue et pressante. Malgré la liberté des propos et les privautés qu'autorisaient certaines femmes autour de nous, nous parvînmes à conserver notre honneur. Je calquai mon attitude sur celle de Julie et appris comme elle à me tenir avec volupté sur cette crête dangereuse de l'autre côté de laquelle s'ouvre l'abîme de la luxure. Elle tenait à ce que j'explore ces parages dangereux car leur fréquentation lui paraissait nécessaire pour acquérir une aisance tout à fait complète avec les hommes. Si l'on sait conduire sa barque dans ces rapides du désir où l'on doit éviter de chavirer dans le tumulte des sens, garder la tête froide dans les vapeurs de vin et contenir ses faveurs malgré l'indiscrétion des caresses, on ne risque plus rien nulle part.
Ce qu'on apprend à ces jeux peut être en revanche très utile dès lors qu'il s'agit, en toute volonté, d'éveiller les sens de celui qu'on convoite, de le mettre au comble de l'impatience et en définitive de suspendre l'assouvissement de ses désirs à la pleine satisfaction des nôtres ...
: : :
Nous ( Aphanassie et Julie ) prîmes part à quelques soupers où des roués nous firent une cour assidue et pressante. Malgré la liberté des propos et les privautés qu'autorisaient certaines femmes autour de nous, nous parvînmes à conserver notre honneur. Je calquai mon attitude sur celle de Julie et appris comme elle à me tenir avec volupté sur cette crête dangereuse de l'autre côté de laquelle s'ouvre l'abîme de la luxure. Elle tenait à ce que j'explore ces parages dangereux car leur fréquentation lui paraissait nécessaire pour acquérir une aisance tout à fait complète avec les hommes. Si l'on sait conduire sa barque dans ces rapides du désir où l'on doit éviter de chavirer dans le tumulte des sens, garder la tête froide dans les vapeurs de vin et contenir ses faveurs malgré l'indiscrétion des caresses, on ne risque plus rien nulle part.
Ce qu'on apprend à ces jeux peut être en revanche très utile dès lors qu'il s'agit, en toute volonté, d'éveiller les sens de celui qu'on convoite, de le mettre au comble de l'impatience et en définitive de suspendre l'assouvissement de ses désirs à la pleine satisfaction des nôtres ...
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
C'est noté, Eléo, j'en prends de la graine ! :;;::,:!!!ùùù:
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
Je calquai mon attitude sur celle de Julie et appris comme elle à me tenir avec volupté sur cette crête dangereuse de l'autre côté de laquelle s'ouvre l'abîme de la luxure.
C'est ça, Comtesse, prenez-en de la graine ! :n,,;::::!!!:
Pars pour la Crète,
Pars pour la Crète,
Pars pour la Crète,
Pars, pars, pars !!!
Pars pour la Crète,
Pars pour la Crète,
Que rien ne t'arrête ... : : :
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
La nuit, la neige a écrit:
Il a été très connu en France aux XVIIIe et XIXe siècles à cause de ses Mémoires, et puis, à partir de la colonisation, les Français ont voulu l'oublier.
Cet anti-esclavagiste était devenu un personnage encombrant, car on l'avait assassiné.
On l'a diffamé et accablé de tous les vices pour justifier la colonisation et notre conquête sanglante de Madagascar.
Il est certain que l'on continue aujourd'hui à dénigrer Beniowski , si j'en crois la fiche WIKI que j'ai citée en amont . Il faudrait pouvoir faire la part des choses entre la réalité et les personnages d'Auguste et Aphanassie vraiment magnifiés par Ruffin, pour notre plus grand plaisir.
J'aimerais bien lire ses mémoires de la main-même de Beniowski !
Bien sûr, ses aventures et sa mission à Madagascar me rappellent celles de Boufflers au Sénégal, mais je n'ai pas senti dans Le tour du monde du roi Zibeline le parfum très exotique mais empoisonné de désespérance des lettres que le chevalier écrit d'Afrique à Mme de Sabran . ( Oui, je parle de moi à la troisième personne . Je vous fais mon Alain Delon : )
En tous cas, l'un et l'autre ne semblent pas avoir été des esclavagistes zélés.
Le bonhomme Franklin vieillissant, tyrannisé par sa fille et son médecin, est assez fidèle à l'image que l'on peut s'en faire. Il évoque son gros béguin parisien, Mme Helvétius dans sa maison de Passy.
J'étais en terrain de connaissance . https://marie-antoinette.forumactif.org/t3171-anne-catherine-helvetius-nee-de-ligniville?highlight=helv%C3%A9tius
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"
Oui quelle distorsion entre Wiki et Jean-Christophe Rufin !
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Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
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