Maurice Beniowski, "roi de Madagascar"

Je préfère croire Rufin ! Il faut bien rêver ...

Le roi Zibeline sera le sujet de l'émission de Franck Ferrand aujourd'hui à 14 heures sur Europe 1


Bien à vous.

A l'instar de Marco-Polo, le roi Zibeline aurait beaucoup enjolivé le récit de ses voyages et de ses aventures, voire à en inventer certains. Difficile de se faire une idée précise sur l'authenticité de ses exploits. Il n'en reste pas moins que le livre de Jean-François Rufin se lit avec la même passion que le livre des merveilles de Marco Polo même si aux dires de certains ce dernier ne serait jamais allé en Chine.

De quoi, de quoi ?!!! Le Livre des Merveilles de Marco Polo serait encore du Cousin de Courchamps ?!!!

Majesté a écrit:Le roi Zibeline sera le sujet de l'émission de Franck Ferrand aujourd'hui à 14 heures sur Europe 1

Merci.

Si quelques-uns d'entre-nous souhaitent réécouter l'émission, c'est ici : http://www.europe1.fr/emissions/au-coeur-de-l-histoire/acdh-lintegrale-le-destin-hors-du-commun-dun-explorateur-des-lumieres-beniowski-06052017-3352862

Je suis comme toi LNLN Ruffin est dans mes bagages pour cet été

Deux enseignants ont retrouvé les vestiges de la « cité idéale » à Madagascar

Il leur a fallu cinq ans de ­recherches pour remonter la piste du bâtisseur de cette cité, le comte polono-hongrois Maurice Auguste Beniowski, au XVIIIe siècle.



Valambahoaka, un village ­ordinaire, au nord-est de ­Madagascar. Situé au bord d’un puissant fleuve, l’Antanambalana, il est entouré par une plaine rizicole peuplée de ­zébus. De l’autre côté de la rive s’élève une ­colline verdoyante.

Ah ah ! les amis, vous brûlez d'en savoir plus ...


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/03/22/royal-periple-a-madagascar_5274589_3212.html#yBJcI8LykKbLFIbD.99

Personnage étonnant que ce Beniowski et dont la vie ressemble à un grand feuilleton romanesque…

Issu de la noblesse hongroise, notre homme naît le 20 septembre 1746 dans l'actuelle Slovaquie. Comte hongrois, aventurier, voyageur, explorateur, colonisateur, écrivain… Un de ces seigneurs cosmopolites et aventuriers dont le XVIIIème siècle fût prodigue, audacieux, curieux de tout. Il fut également un colonel français, un dirigeant militaire polonais et un soldat autrichien mais il est principalement connu pour son expédition et tentative de colonisation de l'île de Madagascar dont il aurait été proclamé roi par des chefs de tribus locales. Il fut aussi le premier Européen à naviguer dans le Nord-Pacifique, avant James Cook et Jean-François de La Pérouse, après s'être évadé d'un bagne russe au Kamtchatka.

Petit retour en arrière…

Issu d'une famille de la noblesse hongroise, il est le fils d'un colonel de hussards et d'une comtesse. Il participe à la Guerre de Sept Ans dans l'armée autrichienne où il combat avec bravoure. En 1764, il passe en Pologne après l'élection de Stanislas August Poniatowski et devient un des chefs de la "Confédération de Bar", groupe formé en 1768 pour résister aux ambitions impérialistes de la Russie. Décoré du ruban de l'ordre de l'Aigle blanc, il accède au grade de colonel mais est fait prisonnier par les Russes. Enfermé dans une forteresse perdue du Kamtchatka, dans l'Extrême-Orient russe, il réussit à s'évader dans des conditions rocambolesques que Casanova n'aurait pas reniées.
En effet, notre homme fuit avec pas moins de 85 personnes (!), parmi lesquelles des femmes, prisonniers et bagnards. Le petit groupe s'empare d'un navire léger et vogue la galère ! S'improvisant capitaine, notre aventurier contourne le Kamtchatka, navigue jusqu'aux côtes de l'Alaska, puis descend jusqu'au Japon, à Formose et débarque enfin au port de Canton. Au passage, il réussit à s'introduire auprès des seigneurs japonais et les met sérieusement en garde contre les ambitions russes en Mer du Japon. Ce qui explique que quelques années plus tard, le marchand russe Pavel Lebedev-Lastoschkin, envoyé pour commercer avec l'archipel, se fera poliment mais fermement envoyer sur les roses. La vengeance est un plat qui se mange froid.

Arrivé à Macao en 1771, Beniowski, fatigué, eût soudain une grande nostalgie de l'Europe et fît ses valises pour la France. Il était décidé à avertir Versailles des plans secrets des Russes et de leurs visées impérialistes en Europe. Notre homme débarque donc à Versailles où il impressionne. A tel point que le ministre de la Marine choisit de l'envoyer fonder un établissement de traite à Madagascar… L'intention de Versailles est d'installer une tête de pont afin de ravitailler et approvisionner l'Ile de France.

Notre hongrois débarque dans "la Grande Ile", à la tête d'un corps expéditionnaire conséquent. En quelques mois à peine, il s'allie à certains chefs locaux, assèche des marais sur lesquels une ville est fondée (Louisbourg), construit un fort à l'intérieur des terres (le fort de Boyne), bâtit des hôpitaux, lève des troupes d'indigènes qui reconnaissent le roi de France pour leur souverain. En peu de temps l'île est conquise. Mais ses demandes, toujours plus élevées, en hommes, matériel, argent, paraissent injustifiées et sont finalement refusées. Furieux, Beniowski se plaint en haut lieu mais les ministres se renvoient la balle et laissent pourrir la situation.
Et puis, le vent tourne… Une commission d'enquête, à laquelle participe un certain La Pérouse, est montée afin de mettre le nez dans les comptes de l'aventurier. Et là, stupeur ! Les constructions relatées dans les lettres n'ont jamais existé, les forts se résument à quelques cabanes entourées d'une palissade pourrie, le corps expéditionnaire a été décimé par les maladies, l'intérieur de l'île n'a jamais été vraiment exploré, les indigènes ont déserté le littoral et ne veulent plus voir d'étrangers, même en peinture. Même le choix de l'implantation de Louisbourg, les pieds dans l'eau, n'aurait pas pu être plus mauvais. Finalement, trois cents hommes sont morts et deux millions de livres ont été gaspillés…

Chose incroyable, Beniowski n'est pas inquiété. Il fait même ses bagages pour l'Angleterre puis l'Amérique et Saint-Domingue (l'actuelle Haïti) pour y lever des fonds afin de poursuivre son "grand œuvre" à Madagascar. Emporté par la mégalomanie, il rédige à cette époque des "Mémoires" qui partent dans le délire et l'exagération, faisant de lui un véritable roi souverain, un aventurier aux exploits incroyables. Infatigable, il monte une nouvelle expédition, aborde sur la côte occidentale de Madagascar, où il est reçu à coups de lances et de pierres par les indigènes tandis que la plupart de ses compagnons sont massacrés. On le tient pour mort, mais non ! Il réapparaît à l'est de l'île, ayant réussi à faire le tour de cette dernière en pirogue (!) et c'est là qu'il s'en prend à un établissement français. Un régiment est envoyé de l'Ile de France à sa poursuite et il est finalement abattu au cours d'une brève échauffourée.

Merci Calonne...

Nous avions évoqué le destin romanesque de cet aventurier dans notre sujet consacré au best seller :

Le tour du monde du roi Zibeline. De Jean-Christophe Ruffin

Je fusionnerai nos conversations ici.

Ce destin est délirant, à peine croyable !! Cet homme n'avait pas froid aux yeux, quelle tempe ! Merci pour cette belle information !

Désolé de n'avoir pas vu le sujet qui lui était déjà consacré (j'ai qu'à être là plus souvent aussi…). Mais du coup, ça m'a donné l'occasion de découvrir ce bouquin et d'avoir un autre son de cloche sur cet homme.

J'avoue rester circonspect. Mythomane, mégalomane ? Véritable aventurier ou rêveur chimérique ? Il est hors de question de nier sa bravoure, son intrépidité ou son charisme mais on a du mal à démêler le vrai du faux chez lui. Après tout, ça fait partie de sa légende…

Un petit mot sur Pavel Lebedev-Lastotchkine que nous avons aperçu plus haut…
Il s'agit d'un négociant russe qui fût envoyé par son gouvernement pour ouvrir le Japon au commerce avec l'empire des Tzars.
A sa première tentative, son navire coule dans la mer d'Okhotsk. Mais il lui est accordé, à lui ainsi qu'à un autre marchand, Grigori Chelikhov, le monopole du commerce sur les îles Kouriles (un chapelet d'îles s'étendant au nord du Japon jusqu'en Sibérie). Le plan consiste à faire voile jusqu'à Ouroup, l'une des îles, avec un équipage et environ 40 colons. Ils établiront une petite colonie près d'Ouroup et essayeront de persuader certains locaux de les guider vers le Japon. Cette deuxième expédition échoue également lorsque, après avoir atteint Ouroup à l'été 1775, le navire coule à nouveau dans une tempête.

Persévérant, notre négociant revient à la charge en 1778 et atteint les côtes cette fois. Malheureusement, les seigneurs japonais, prévenus par Beniowski et méfiants, lui retournent ses présents et le prient de revenir plus tard…
Un an après, notre homme revient et c'est alors que se produit un terrible séisme. S'ensuit un tsunami qui projette littéralement le navire de Lastotchkine dans l'intérieur des terres. Notre négociant s'en sort vivant (et avec la plus belle peur de sa vie sans doute) et, écoeuré, jette définitivement l'éponge et rentre chez lui.

Si on résume :
- Premier essai, son navire coule.
- Deuxième essai, il atteint les îles Kouriles mais son navire coule à nouveau.
- Troisième essai, on lui dit de repasser plus tard.
- Quatrième essai, un tsunami balance son vaisseau cul par-dessus tête.
Quand ça veut pas...

Calonne a écrit:Désolé de n'avoir pas vu le sujet qui lui était déjà consacré (j'ai qu'à être là plus souvent aussi…). Mais du coup, ça m'a donné l'occasion de découvrir ce bouquin et d'avoir un autre son de cloche sur cet homme.

...et à nous d'étoffer ce sujet.

Messages fusionnés ici.

J'ai trempé dans je ne sais pas quoi au juste avec Bienovski. C'est loin.