Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
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Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
La princesse Eugènie Adélaïde Louise d’Orléans, dite Madame Adélaïde, d’abord titrée Mademoiselle de Chartres à sa naissance le 23 août 1777 à Paris est morte le 31 décembre 1847 à Paris.
Elle est la fille du duc Louis-Philippe II d’Orléans, et de son épouse Marie-Adélaïde de Bourbon Penthièvre. Membre de la maison capétienne d’Orléans, la princesse est la sœur cadette du roi des Français Louis-Philippe Ier, ce qui fait d’elle un personnage-clé de la Restauration et de la monarchie de Juillet.
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Eugène Adélaïde Louise d'Orléans est née au Palais-Royal à Paris le 23 août 1777 . Elle est ondoyée le même jour, en même temps que sa sœur jumelle Mademoiselle d'Orléans (morte en 1782), puis baptisée, le 19 avril 1789, dans la chapelle royale du château de Versailles . Son parrain est Louis XVI , sa marraine, Marie-Antoinette.
Quoi ?! née et ondoyée en 1777, elle est baptisée en 1789 ?!!
Adélaïde d’Orléans est d'abord élevée dans le pavillon du couvent Panthémont de la rue de Bellechasse à Paris . Puis leur éducation à son frère, le futur Louis-Philippe, et elle, est confiée à Mme de Genlis, nommée par le duc d'Orléans gouverneur de ses enfants, au grand dam de la Cour. Mme de Genlis instille à ses élèves les idées philosophiques bases de la Révolution. En même temps, maîtresse du père, elle manigance de son mieux pour éloigner et couper les enfants de leur mère, Marie-Adélaïde de Bourbon Penthièvre. Adélaïde apprend également à jouer de la harpe. Elle a pour compagne de jeux la mystérieuse Paméla...
notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t4553-mademoiselle-pamela-epouse-lord-fitzgerald-fille-adulterine-de-mme-de-genlis-et-du-duc-d-orleans?highlight=pam%C3%A9la
Adélaïde n'a que douze ans quand sa destinée bascule, bouleversée par la Révolution. Son père ayant été guillotiné, sa mère et ses frères sont eux-mêmes incarcérés. Louis-Philippe, qui combat dans les armées de la République, parvient à lui faire quitter Paris avec sa gouvernante, en 1793, et les fait toutes deux passer à l’étranger, avant de passer lui-même la frontière, en avril 1793 . Adélaïde se réfugie en Suisse auprès de sa grand-tante, la princesse de Conti mais ces survivants de la famille royale doivent bientôt fuir devant les troupes françaises et se réfugier à Landshut en Bavière puis à Presbourg dans les États de l'empereur.
En 1801, Adélaïde rejoint sa mère à Barcelone.Jetée sur les routes de l'exil pendant un quart de siècle, elle doit affronter l'opprobre des émigrés, qui ne lui pardonnent pas d'être la fille du régicide. En effet, je me rappelle ( en Espagne, dans la société de la comtesse de Montijo ) les réticences à son égard de Mme de Laage de Volude, simplement parce qu'elle est la fille de son exécrable père ... Or donc, voilà Adélaïde qui fuit constamment, de couvent en couvent, devant l'avancée des armées françaises. Confrontée à une mère "éternelle pleureuse", qui voulait régenter sa vie, elle arrive à s'en dégager et trouver l'âme soeur en son frère Louis-Philippe.
Euh ... oui et non . En fait, l' "éternelle pleureuse", dans un salutaire sursaut de ras-le-bol, envoie bouler ( si j'ose dire ) la terre entière et ses enfants ingrats avec . Elle trouve consolation dans les bras de Jacques-Marie Rouzet, un simple gendarme !
notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3424-le-mariage-secret-de-marie-adelaide-d-orleans-et-jacques-marie-rouzet?highlight=ad%C3%A9la%C3%AFde
Adélaïde ne retrouve son frère qu’en 1809, à l’occasion du mariage de celui-ci avec Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, à Palerme. Désormais, le frère et la sœur ne se quittent plus, et Adélaïde se consacre à la cause de son frère, devenant pour sa belle-sœur une présence continuelle et non négociable… Il forment un trio inséparable. Le rôle de la princesse dans l'acceptation du trône en 1830 par Louis-Philippe sera primordial. Son journal intime et son étroite correspondance avec son frère révèlent une tête politique et une conseillère privilégiée, mais aussi une femme que sa piété et sa force de caractère ont aidée à dominer sa grande sensibilité..
Femme de tête, elle exerce un grand ascendant sur l'esprit de Louis-Philippe : on la surnomme son « égérie ».
Victor Hugo rapporte :
« Presque tous les matins, le roi avait une longue causerie, la plupart du temps politique, avec Mme Adélaïde. Il la consultait sur tout et ne faisait rien de très grave contre son avis. »
« Se doutait-il de ce qui allait lui manquer quand, au début de la funeste année 1848, il accompagnait le corps d'Adélaïde, la plus sûre conseillère, l'amie la plus écoutée ? »
Adélaïde d'Orléans meurt au palais des Tuileries à Paris le 31 décembre 1847. Elle laisse une grande fortune, dont le domaine auvergnat de Randan (8 000 hectares), qu'elle lègue à son neveu Antoine, duc de Montpensier , article de notre amie Plume d'Histoire :
http://plume-dhistoire.fr/domaine-royal-de-randan-le-paradis-dadelaide-dorleans/
....et le château d'Arc-en-Barrois qu'elle lègue à son neveu et filleul François, prince de Joinville.
Eugénie-Adélaïde-Louise d'Orléans, Mademoiselle de Chartres dite Madame Adélaïde
Winterhalter, Franz-Xaver
1842
Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Au moment de la Restauration des Bourbons, en 1814, Adélaïde est appelée « Mademoiselle », puis en 1819 « Mademoiselle d’Orléans », pour la distinguer de la nouvelle « Mademoiselle », fille aînée du duc de Berry. Après l’accession de son frère au trône en 1830, elle devient « Madame Adélaïde ». Et de 1830 à son dernier souffle, en 1847, elle est la conseillère officieuse de son frère, passionnée de politique qu’elle était. Tous les soirs, ils se retrouvent pour de longues heures de discussions, d’échanges sur les affaires de l’État ou d’ordre privé.
La monarchie de Juillet ne survit à sa mort, le 31 décembre 1847, que quelques semaines, renversée par une nouvelle révolution le 24 février 1848.
http://www.chateauversailles.fr/decouvrir/histoire/grands-personnages/louise-adelaide-orleans#madame-adelaide
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ad%C3%A9la%C3%AFde_d%27Orl%C3%A9ans_(1777-1847)
http://www.chire.fr/A-200899-madame-adelaide-soeur-et-egerie-de-louis-philippe.aspx
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55275
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
Merci chère amie pour ce beau tableau de ce personnage si sensible... Comme quoi, ce règne, trop souvent décrié a aussi son charme...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
On avait un temps songé à la marier au prince de Galles, le futur George IV. Quelle reine elle eût été !!!
Gouverneur Morris- Messages : 11686
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
Souvenez-vous, elle fut fiancée au duc d'Angoulême en février 1789.
Avec le recul, au fond, en ayant préalablement étudié la question, je ne comprends rien à cette officialisation à un moment si crucial ou le duc d'Orléans était déja perdu auprès de la famille royale et de la Cour.
Mais alors, si le comte d'Artois a donné son contentement du moins formel - le roi et la reine ont bien été consultés sur cette question, que diable, bon sang... ! - il faut croire que tout n'était pas aussi perdu pour le futur Philippe Égalité
Vous connaissez la suite : les fiançailles furent rompues dès le printemps 1789, c'était presque prévisible.
Mais tout de même, il subsiste de grande zones d'ombre autour de cette affaire.
Avec le recul, au fond, en ayant préalablement étudié la question, je ne comprends rien à cette officialisation à un moment si crucial ou le duc d'Orléans était déja perdu auprès de la famille royale et de la Cour.
Mais alors, si le comte d'Artois a donné son contentement du moins formel - le roi et la reine ont bien été consultés sur cette question, que diable, bon sang... ! - il faut croire que tout n'était pas aussi perdu pour le futur Philippe Égalité
Vous connaissez la suite : les fiançailles furent rompues dès le printemps 1789, c'était presque prévisible.
Mais tout de même, il subsiste de grande zones d'ombre autour de cette affaire.
Dominique Poulin- Messages : 6932
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
Voici donc une petite bouture, Domi !
Dominique Poulin a écrit:
Voilà le sujet et la réponse que vous attendez au point de vous mettre sur les charbons ardents.
D'emblée, je vous confie que n'ai pas eu le temps de préparer un papier d'avance et que je me lance de suite pour tenir ma promesse, mais il faudra patienter pour les détails pour que je mette le nez dans mes dossiers et que je prenne des notes qui compléteront notre dossier.
Contrairement à ce que presque tous croient, y compris pas mal d'historiens, le duc d'Angoulême n'était pas promis en 1789 à Madame Royale mais à la princesse Adélaïde d'Orléans, fille du duc Philippe Égalité !!! Et c'est vrai de vrai ! Les fiançailles furent officialisées à Versailles au début de l'année et le mariage devait se faire le jour de la Saint-Louis en août. Évidemment avec les bouleversements révolutionnaires et le départ du comte d'Artois et de ses fils en juillet, le projet tomba dans les oubliettes !
De plus, même sans le départ du comte d'Artois, il n'est pas sûr que le mariage se serait fait, car le duc d'Orléans, père de la fiancée, avait fait pas mal de vagues comme nous le savons... Mais sur le fond, cette alliance de la famille d'Artois avec les Orléans, à la veille de la Révolution m'a toujours semblé très surprenant, à l'exception qu'Artois et Orléans ex-Chartres avaient été des compagnons de plaisir pendant leur jeunesse.
Ceci dit, cela remet en cause la légende de la bénédiction du couple royal pour le mariage de Madame Royale avec Angoulême juste avant la Révolution, même si à mon avis cette idée avait germé dans la tête de Louis XVI et de Marie-Antoinette, mais sans trancher la question. Toutefois, de fait, ils avaient a priori abandonné le projet, face à l'alliance Angoulême-Orléans.
Ces détails se fondent sur les biographies de Louis-Philippe Ier, frère d'Adélaïde d'Orléans, notamment celles de Guy Antonetti et celle de Madame Castillon du Perron et celle de Philippe-Égalité par Mme Lever. De plus, j'ai retrouvé des détails inédits dans la Correspondance publiée de l'Ambassadeur de Parme à Versailles qui dans ses dépêches diplomatiques donne des renseignements très informés sur ce projet de mariage.
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Mme de Sabran- Messages : 55275
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
Voici le passage où Mme de Méré relate ce projet de mariage qui tourna court :
Madame de Lamballe , effrayée plus que jamais des dangers que courait la famille royale, si elle avait à compter au rang de ses ennemis un homme aussi puissant que son beau-frère, crut qu'elle devait tout employer pour le réconcilier avec la Reine, qu'elle savait qu'il haïssait bien plus que le Roi ; et malgré son éloignement pour tout ce qui tenait aux intrigues politiques, son attachement l'emporta sur son goût; et ayant consulté M. le duc de Penthièvre et Mme la duchesse d'Orléans, il fut convenu que les deux princesses négocieraient un accommodement; que Mme de Lamballe parlerait à la Reine, et que Mme d'Orléans rendrait à son époux les propositions qui seraient faites . ( ..... )
Mme de Lamballe se rend à Versailles et sollicite un entretien avec Marie-Antoinette . Elle lui expose que le duc est entouré d'hommes bien dangereux qui pensent, qui écrivent pour lui, qui agiront pour lui si nécessaire . Ces hommes, assure t-elle, et parmi eux surtout Mirabeau, ont la plupart du génie, de l'éloquence, de l'audace, et il n'est pas douteux qu'ils le mèneront plus loin qu'il ne veut aller .
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Mme de Sabran- Messages : 55275
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
Suite :
- Quels moyens employer ? demande Marie-Antoinette.
- Flatter l'ambition du duc; chercher dans son coeur le sentiment le plus puissant qui y règne, son amour pour ses enfants . Je n'ignore pas que le projet du Roi a toujours été de marier Madame à M. le duc d'Angoulême, et d'unir ainsi deux enfants qui lui sont chers ( ... ) Il serait nécessaire de renoncer à un projet formé dans des temps plus heureux, et de faire pressentir au duc qu'il serait possible, s'il renonçait à ses projets ( de subversion politique ) de marier M. le duc d'Angoulême avec sa fille.
- Le Roi n'y consentira jamais , il se fait un si grand plaisir d'unir Madame à son neveu.
- Vous lui ferez vouloir, Madame, en lui peignant les maux que le mariage que je propose éloignera de la France, en lui peignant les horreurs d'une guerre civile qui est certaine si M. le duc sépare entièrement ses intérêts de ceux de la Cour ( ..... ) Quant à M. le comte d'Artois, il vous est sincèrement dévoué; ainsi il vous sera facile de le faire entrer dans vos vues; mais ce n'est pas assez d'avoir la fille du duc pour otage de sa réunion à la famille royale, il faut l'enchaîner encore par une alliance brillante avec une tête couronnée ( ..... )
- Et quelle serait cette alliance ?
- Une que votre Majesté pourrait bien aussi lui ménager, puisque c'est une de ses nièces dont il s'agit, l'infante de Naples pour son fils ...
- Vous pensez bien, poursuit la princesse de Lamballe, que si on réussissait à faire ces deux mariages, comme je n'en doute pas, quand même il voudrait rester l'âme du parti, ils auraient une telle méfiance de lui, qu'il ne pourrait plus avoir la moindre influence; et les désagréments qu'il éprouverait, le rejetteraient bientôt dans le nôtre . D'ailleurs, je le répète, il chérit ses enfants; et la reconnaissance qu'il vous aurait, Madame, de ces brillantes alliances, effacerait dans son esprit les sujets de haine que son exil et surtout la perte de ses espérances pour la charge de grand amiral, lui ont donné, en voyant cette charge que le Roi destine à M. le duc d'Angoulême, occupée par l'époux de sa fille , il se consolerait de n'en avoir pas été revêtu .
Marie-Antoinette convient de la justesse du raisonnement de Mme de Lamballe . Mais pour ne pas compromettre la Reine, il fut convenu que la duchesse d'Orléans en parlerait d'abord à son mmari comme d'une idée qu'elle avait eue pour opérer une réunion qu'elle désirait si vivement qu'elle tâcherait d'y faire consentir la Reine, s'il l'agréait, et s'il était décidé, en cas qu'on l'acceptât, de renoncer à ses projets .
---- De cette manière, on sondera ses dispositions, et vous ne paraîtrez, Madame, que vous rendre à ses désirs, lorsqu'il remplira les vôtres .
Tout fut convenu de la sorte .
( baronne Guénard de Méré )
- Quels moyens employer ? demande Marie-Antoinette.
- Flatter l'ambition du duc; chercher dans son coeur le sentiment le plus puissant qui y règne, son amour pour ses enfants . Je n'ignore pas que le projet du Roi a toujours été de marier Madame à M. le duc d'Angoulême, et d'unir ainsi deux enfants qui lui sont chers ( ... ) Il serait nécessaire de renoncer à un projet formé dans des temps plus heureux, et de faire pressentir au duc qu'il serait possible, s'il renonçait à ses projets ( de subversion politique ) de marier M. le duc d'Angoulême avec sa fille.
- Le Roi n'y consentira jamais , il se fait un si grand plaisir d'unir Madame à son neveu.
- Vous lui ferez vouloir, Madame, en lui peignant les maux que le mariage que je propose éloignera de la France, en lui peignant les horreurs d'une guerre civile qui est certaine si M. le duc sépare entièrement ses intérêts de ceux de la Cour ( ..... ) Quant à M. le comte d'Artois, il vous est sincèrement dévoué; ainsi il vous sera facile de le faire entrer dans vos vues; mais ce n'est pas assez d'avoir la fille du duc pour otage de sa réunion à la famille royale, il faut l'enchaîner encore par une alliance brillante avec une tête couronnée ( ..... )
- Et quelle serait cette alliance ?
- Une que votre Majesté pourrait bien aussi lui ménager, puisque c'est une de ses nièces dont il s'agit, l'infante de Naples pour son fils ...
- Vous pensez bien, poursuit la princesse de Lamballe, que si on réussissait à faire ces deux mariages, comme je n'en doute pas, quand même il voudrait rester l'âme du parti, ils auraient une telle méfiance de lui, qu'il ne pourrait plus avoir la moindre influence; et les désagréments qu'il éprouverait, le rejetteraient bientôt dans le nôtre . D'ailleurs, je le répète, il chérit ses enfants; et la reconnaissance qu'il vous aurait, Madame, de ces brillantes alliances, effacerait dans son esprit les sujets de haine que son exil et surtout la perte de ses espérances pour la charge de grand amiral, lui ont donné, en voyant cette charge que le Roi destine à M. le duc d'Angoulême, occupée par l'époux de sa fille , il se consolerait de n'en avoir pas été revêtu .
Marie-Antoinette convient de la justesse du raisonnement de Mme de Lamballe . Mais pour ne pas compromettre la Reine, il fut convenu que la duchesse d'Orléans en parlerait d'abord à son mmari comme d'une idée qu'elle avait eue pour opérer une réunion qu'elle désirait si vivement qu'elle tâcherait d'y faire consentir la Reine, s'il l'agréait, et s'il était décidé, en cas qu'on l'acceptât, de renoncer à ses projets .
---- De cette manière, on sondera ses dispositions, et vous ne paraîtrez, Madame, que vous rendre à ses désirs, lorsqu'il remplira les vôtres .
Tout fut convenu de la sorte .
( baronne Guénard de Méré )
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Mme de Sabran- Messages : 55275
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
Il est bien certain que si ce projet eût réussi, il eût épargné des flots de sang . Madame d'Orléans, qui en désirait l'exécution, ne tarda pas à en faire part à son époux qu'elle trouva disposé à s'y prêter bien plus qu'elle ne l'avait imaginé . Surtout l'alliance avec le Roi de Naples le flattait infiniment ; et, comme au milieu de son prétendu patriotisme, il ne rêvait que couronne pour lui et pour ses enfants, il voyait par un mariage avec la branche de Bourbon régante à Madrid et à Naples la possibilité qu'un jour, un de ces trônes venant à vaquer, les femmes n'étant pas comme en France exclues du droit à la couronne, ses petits-fils régnassent ou en Espagne ou en Italie .
Tel était cet homme qui parlait des grandeurs avec tant de mépris !
La chose qui l'inquiétait le plus ( Orléans ), c'est qu'il redoutait un refus, et qu'on le sût dans le public, disait-il; mais dans le vrai ce qu'il craignait, c'est que ses amis de Passy ne fussent informés qu'il entrait en négociations avec la Cour .
Les conférences nocturnes ( de maçons ) qui s'étaient tenues à Paris furent transférées à Passy . ( chez les Boulainvilliers que Mme de Méré cite ailleurs comme excellents amis du duc ) . Les conseillers au parlement n'y assistaient plus; il fallait des hommes plus propres aux vues désorganisatrices des chefs de la faction ( ... ) Il y avait parmi eux des hommes d'un grand génie . ( Elle cite Mirabeau )
Madame la duchesse le rassura sur ce dernier article , en lui jurant que personne au monde n'en serait instruit, et qu'elle se chargeait seule d'en parler à la Reine . Elle se garda bien de nommer Mme de Lamballe; elle savait qu'ils ne s'aimaient pas, sans en pénétrer la cause .
Orléans promit . Tout semblait aller comme sur des roulettes . Le Roi n'était pas encore parfaitement décidé, mais le comte d'Artois consentait .
Le Roi voulait avoir la certitude que son cousin se séparerait du Tiers Etat . On dressa donc les articles dont le premier fut que le prince donnerait à sa fille, qui n'avait que douze ans, quatre cent mille livres de rente en la mariant, dont elle jouirait tant qu'elle resterait à Belle-Chasse où elle devait demeurer jusqu'à ce qu'elle eût atteint sa quinzième année ; et lorsqu'elle serait réunie à son mari, M. d'Orléans devrait ajouter aux revenus de Mme la duchesse d'Angoulême six cent mille livres .
Qui n'aurait pas cru en voyant M. le duc d'Orléans stipuler la dot et prendre de tels engagements qu'il ne changerait rien à un traité qui aurait dû le mettre au comble de ses voeux ?
Cependant il n'y eut aucune suite, soit que le Roi ne vît qu'avec peine une union qui le forçait à renoncer au mariage qu'il projetait depuis la naissance de sa fille, soit, comme le pense un auteur qui paraît assez instruit, que le duc d'Orléans changeât d'avis, soit enfin que les meneurs eussent eût quelques soupçons d'un arrangement qui leur enlevait ce prince dont la fortune leur était si nécessaire .
Cette négociation fut abandonnée, et le prince, loin d'être touché des marques de bonté qu'il avait reçues, n'en parut que plus acharné dans ses projets de vengeance .
Tel était cet homme qui parlait des grandeurs avec tant de mépris !
La chose qui l'inquiétait le plus ( Orléans ), c'est qu'il redoutait un refus, et qu'on le sût dans le public, disait-il; mais dans le vrai ce qu'il craignait, c'est que ses amis de Passy ne fussent informés qu'il entrait en négociations avec la Cour .
Les conférences nocturnes ( de maçons ) qui s'étaient tenues à Paris furent transférées à Passy . ( chez les Boulainvilliers que Mme de Méré cite ailleurs comme excellents amis du duc ) . Les conseillers au parlement n'y assistaient plus; il fallait des hommes plus propres aux vues désorganisatrices des chefs de la faction ( ... ) Il y avait parmi eux des hommes d'un grand génie . ( Elle cite Mirabeau )
Madame la duchesse le rassura sur ce dernier article , en lui jurant que personne au monde n'en serait instruit, et qu'elle se chargeait seule d'en parler à la Reine . Elle se garda bien de nommer Mme de Lamballe; elle savait qu'ils ne s'aimaient pas, sans en pénétrer la cause .
Orléans promit . Tout semblait aller comme sur des roulettes . Le Roi n'était pas encore parfaitement décidé, mais le comte d'Artois consentait .
Le Roi voulait avoir la certitude que son cousin se séparerait du Tiers Etat . On dressa donc les articles dont le premier fut que le prince donnerait à sa fille, qui n'avait que douze ans, quatre cent mille livres de rente en la mariant, dont elle jouirait tant qu'elle resterait à Belle-Chasse où elle devait demeurer jusqu'à ce qu'elle eût atteint sa quinzième année ; et lorsqu'elle serait réunie à son mari, M. d'Orléans devrait ajouter aux revenus de Mme la duchesse d'Angoulême six cent mille livres .
Qui n'aurait pas cru en voyant M. le duc d'Orléans stipuler la dot et prendre de tels engagements qu'il ne changerait rien à un traité qui aurait dû le mettre au comble de ses voeux ?
Cependant il n'y eut aucune suite, soit que le Roi ne vît qu'avec peine une union qui le forçait à renoncer au mariage qu'il projetait depuis la naissance de sa fille, soit, comme le pense un auteur qui paraît assez instruit, que le duc d'Orléans changeât d'avis, soit enfin que les meneurs eussent eût quelques soupçons d'un arrangement qui leur enlevait ce prince dont la fortune leur était si nécessaire .
Cette négociation fut abandonnée, et le prince, loin d'être touché des marques de bonté qu'il avait reçues, n'en parut que plus acharné dans ses projets de vengeance .
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Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
Dominique Poulin a écrit:
Ouh là là ! Vous me donnez des sueurs froides... J'avais bien raison, le débat fait rage. Les détails provenant de Mme de Méré sont très intrigants, je ne les connaissais pas. Et pour le coup, j'ai imprimé toutes les sources pour les lire à tête reposée... Mais au juste, c'est qui cette Mme de Méré ? je connaissais une parente de la marquise de Maintenon sous ce nom, mais pas celle-là... C'est qui ?
A tous, je réunis toutes mes sources ce week-end et je vous présente mon rapport détaillé lundi avec les extraits de correspondance du bailli de Virieu, ambassadeur de Parme en France en 1789 qui nous révèle des informations bien intéressantes à ce sujet, mais je pense aussi qu'il ne confie que ce qu'il c'est et sans extrapoler davantage...
Pour faire suite à ce qui été dit, l'intercession de Mme de Lamballe est possible, après tout. En tant que belle-soeur d'Orléans, elle servait sans doute de tampon entre son beau-frère et Marie-Antoinette... Mais je doute fortement que la reine fut favorable à ce mariage. Pour ce qui est du comte d'Artois, il a vraisemblablement donné son accord, puisque les fiançailles furent déclarées publiques au printemps. Mais je trouve qu'à cette époque, juste à la veille de la Révolution et alors que tant d'antagonismes personnels et politiques fermentaient à la Cour et à Paris, la marge de manœuvre était étroite entre la famille royale et les Orléans. Mais ces fiançailles ont bien eu lieu.
Adélaïde d'Orléans ne s'est jamais mariée. Son frère a tenté quelques projets pour elle pendant l'exil, mais Adélaïde ne représentait pas un très bon parti. En 1815, elle était mûre et n'était plus mariable.
Voila, à lundi, et cette fois, promis, juré, craché, je vous présente mon papier.
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Re: Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
Fleurdelys a écrit:
En tout cas c`était l`aveu de Provence d`unir sa nièce à son neveu Angoulême voici une lettre écrite par Louis XVIII à propos de ce projet de mariage.
Le mariage d`Angoulême, mon neveu, avec Marie Thérèse, ma nièce, a toujours été l`objet de mes plus chers désirs; mais, jusqu'à présent, je n`ai pu accomplir cette union, non, que la cour de Vienne s`y soit formellement opposée, mais une demeure établie. l`empereur Paul a levé cette obstacle par asile qui ma donné à Mittau. Cependant, son appui son encore bien nécessaire, car quoique, je vienne de dire à la cour de Vienne ne s`est pas opposée formellement au mariage, je n`ai pas la certitude qu`elle remette ma nièce entre mes mains à ma seule réquisition.Je charge donc M. de St-Priest d`émouvoir l`âme sensible de Sa majesté Impériale en faveur d`une union aussi touchante, et de l`engager à en faire sa propre affaire. Alors je n`aurai plus d `inquiétude du coté de Vienne et je saurai certain que l`Empereur François n`opposera plus de difficulté.
Source La jeunesse de la Duchesse d`Angoulême d`Imbert de St Armand p: 209/210
Fleurdelys
Je tombe sur l'information sous la plume de Castelot qui nous la fait très courte :
Philippe vient de recevoir un nouveau camouflet de la Reine . A l'instigation de la princesse de Lamballe, un projet de mariage entre le petit duc d'Angoulême, fils aîné du comte d'Artois, âgé alors de douze ans, et Mlle d'Orléans qui venait de dépasser sa dixième année, avait été agité. Marie-Antoinette, mise au courant, avait levé les bras au ciel et son dédain, on s'en doute, avait touché profondément l'orgueil du duc d'Orléans .
Gouverneur Morris a écrit:
Effectivement, nous avions déjà discuté de ces surprenantes fiançailles, dont la redécouverte s'était déjà heurtée à l'incrédulité générale.
Quels qu'aient été les vœux du couple royal avant 1789 pour leur fille, il semble qu'aucun engagement d'ordre juridique ou religieux n'ait jamais été pris.
La nécessité de neutraliser Orléans avant les États-Généraux me paraît une raison suffisante pour justifier de telles compromissions. Sans compter le riche établissement que cela procurait à Angoulême.
Par ailleurs, la Reine pouvait toujours espérer garder sa fille auprès d'elle en lui réservant Berry.
Enfin, je rappelle l'extrême difficulté avec laquelle Louis XVIII fit revenir auprès de lui l'Ange de la Miséricorde. Faire monter la sauce autour du vœu pieu qu'auraient formulés le Roi et la Reine quant à l'union Royale-Angoulême lui permettait de mieux s'opposer aux projets de l'Empereur d'établir celle-ci avec l'archiduc Karl-Ludwig, en attribuant un motif honorable au double refus de l'oncle et de la nièce.
Rappelons que Louis XVIII fit délibérément capoter cette alliance si désirée par l'Empereur François II afin d'éviter d'éventuelles revendications ultérieures de l'Autriche sur la Lorraine, voire l'éventuelle émergence d'un projet de restauration Mme Royale/Karl-Ludwig sur le trône de France.
Ah oui, quant à la pauvre Adélaïde, elle resta effectivement vieille fille malgré les rêves de mariages anglais de son père (notamment avec le Prince de Galles).
Nouvelle Madame Adélaïde, richissime héritière de la fortune retrouvée des Penthièvre et des Orléans en 1815, elle passe pour avoir été l'éminence grise de son frère sous la Monarchie de Juillet (ce serait d'ailleurs elle qui l'aurait convaincu d'accepter la couronne).
Nous la connaissons tous dans le langage courant. C'est en effet elle la fameuse tante chez laquelle le duc d'Orléans (héritier de Louis-Philippe Ier) prétendit avoir oublié la riche montre offerte par sa mère, et que cette dernière s'étonnait de ne pas lui voir porter. Elle était alors en gage au Mont-De-Piété angoulême - Un mariage manqué du duc d'Angoulême -
En effet, Louis-Philippe et Eugène-Adélaïde avaient toujours été très proches, mais ils le sont plus encore après les disparitions successives de Montpensier et Beaujolais leurs cadets . Enfin, ils sont véritablement soudés contre le tandem Marie-Adélaïde / Rouzet de Folmon .
A la lecture de la biographie d'Egalité par A. Castelot, je suis confortée dans mon idée que c'est une suite de vexations cuisantes qui précipitent Orléans dans la sédition . Du reste le dit-il lui-même positivement à Brissot :
Ne croyez pas que si j'ai fait cette levée de boucliers contre le Roi, ce fut pour servir un peuple que je méprise et un corps ( le Parlement ) dont je ne fais aucun cas, mais j'étais indigné qu'un homme me traitât avec cette insolence .
Louis XVI venait une fois de plus de l'exiler à Villers-Cotterets après la fameuse séance du lit de justice.
Dominique Poulin a écrit:
Le mariage en exil de Madame Royale avec son cousin germain le duc d'Angoulême en 1799 représentait l'aboutissement d'un ancien projet caressé une décennie plus tôt par Louis XVI et Marie-Antoinette. Et pourtant ! les jeux n'étaient pas aussi faits à la veille de la Révolution !
Certes, il ne fait pas de doute que les souverains envisageaient favorablement l'union de leur fille Marie-Thérèse avec le fils aîné du comte d'Artois mais dans un tel cas de figure la diplomatie française pouvait y perdre beaucoup, les princesses royales de la branche aînée convolant de préférence avec des princes étrangers. Il semble que le roi et la reine aient songé pour leur fille aux princes héritiers de Naples et de Suède, mais aucune disposition sérieuse ne fut prise en ce sens, peut-être en raison des événement pré-révolutionnaires et de la maladie du dauphin qui focalisaient toute leur attention.
On en était là, lorsqu'au début de 1789 la Cour bruissa de rumeurs annonçant le mariage du duc d'Angoulême avec la princesse Adélaïde d'Orléans. Le bailli de Virieu, ambassadeur de Parme en France confiait dans sa dépêche diplomatique du 22 février que "le bruit public est que le duc d'Angoulême épouse la fille du duc d'Orléans, que le duc de Chartres est fiancé à une princesse de Naples, et que Madame, fille du roi, est promise au prince royal de Naples, mais cette dernière nouvelle mérite confirmation."
Le 2 mars, Virieu paraît plus explicite :
"Le mariage du duc d'Angoulême est assuré par tout le monde, les deux autres sont incertains. Le départ de la duchesse d'Orléans pour Amboise aurait été amené par ce mariage. Le comte d'Artois, ou plutôt le roi, assure un million par an aux nouveaux époux. Le duc d'Orléans assigne en dot à la nouvelle mariée 500 000 livres de revenus et lui remettra un million comptant le jour des noces.
M. le duc d'Angoulême est dans une très belle position, il a la chance de régner un jour ; on ne croit pas se tromper en annonçant que cette probabilité qui a déterminé le duc d'Orléans à faire ce mariage. Le dauphin ne peut absolument pas vivre à moins d'un miracle. Reste le seul duc de Normandie, dans qui plusieurs personnes trouvent des changements. Le roi et la reine, quoique jeunes, selon l'opinion de bien des gens ne sont plus propres à avoir des enfants. Monsieur n'en a pas, tout cela rend le lot du duc d'Angoulême fort beau.
La cérémonie se célébrera; à ce qu'on assure, dans le mois de septembre, mais il n'y aura de consommation que quand les époux auront acquis l'âge de puberté. Ce mariage étant absolument certain, comme tout le monde le dit, nous sommes portés à croire que celui du duc de Chartres avec une fille du roi de Naples est un bruit vague et qu'il n'aura pas lieu."
Le 8 mars, le diplomate révèle des informations encore plus étonnantes :
"Il n'y a plus de doute sur le mariage du duc d'Angoulême avec la fille du duc d'Orléans. Le comte d'Artois est venu à Paris en faire la demande formelle au père et tous les princes et princesses du sang se sont rendus à Versailles pour complimenter la famille royale sur ce mariage, mais les deux autres sont toujours des bruits vagues et il parait qu'on en parle moins qu'avant la conclusion de celui du fils aîné du comte d'Artois."
A tout le moins, Virieu parait bien informé, mais peut-être donne-t-il trop de crédit aux renseignements qui lui parviennent. Ainsi, alors que l'État a fait banqueroute et que les dépenses de la Cour continuent d'être stipendiées dans l'opinion publique, comment Louis XVI pourrait-il assurer "un million par an aux nouveaux époux" sans s'attirer un flot de critiques à la veille de la réunion des États généraux ?
Par ailleurs, les considérations dynastiques de l'ambassadeur paraissent aléatoires lorsqu'il dit que le duc d'Angoulême est promis à "régner un jour" alors que nul ne pouvait objectivement le savoir à long terme. En revanche, la maison de Bourbon-Artois était appelée dans quelques décennies à faire figure de branche cadette dans le cas ou le duc d'Angoulême ferait souche d'un fils. En théorie, c'était ce fils éventuel, troisième mâle de la maison de Bourbon-Artois, qui devait porter dorénavant le titre de Premier Prince du Sang dont se prévalait toujours le duc d'Orléans en 1789.
Le futur Philippe-Égalité, malgré sa réputation tronquée de prince patriote, était parfaitement au courant de toutes ces conditions dynastiques. Quatre ans plus tôt, il avait été mortifié par les objections du roi lui contestant le rang de Premier Prince du sang porté dans sa famille depuis 1723. Finalement, Louis XVI avait consenti à ne pas lui retirer officiellement ce titre, mais il paraissait clair qu'il devait revenir un jour dans la descendance du duc d'Angoulême. C'est pourquoi, je pense que la maison d'Orléans redoutait à plus ou moins longue échéance d'être rétrogradée au rang de simples princes du sang comme les princes des maisons de Condé ou de Conti. Face à cette probabilité, le mariage d'Adélaïde d'Orléans avec le duc d'Angoulême permettait d'une part un rapprochement avec la famille royale directe, mais aussi le rappel de la prééminence du sang des Orléans qui maintiendraient ainsi le rang de Premier Prince du Sang dans leur descendance. D'autre part, les clivages politiques du frère du roi et de son cousin à une époque aussi exacerbée que la veille de la Révolution n'expliquent pas ce choix matrimonial.
Mme Castillon du Perron et Mr Antonetti, auteurs de biographies de Louis-Philippe Ier et Mme Lever pour celle concernant Philippe-Égalité, affirment que les fiançailles furent déclarées officiellement à Versailles le 19 avril 1789, jour du baptême solennel d'Adélaïde et que "la date du mariage fut fixée à la Saint Louis, le 25 août, surlendemain de l'anniversaire de la princesse, qui a douze ans, serait juridiquement nubile."
Pour ma part, je m'interroge sur le fait de savoir au cas ou ce mariage fut véritablement annoncé, s'il existe aux Archives Nationales ou ailleurs, des documents irréfutables qui prouveraient au moins son projet d'existence. Auquel cas, il appartiendrait de démontrer pourquoi le comte d'Artois et le duc d'Orléans se sont entendus pour unir leurs enfants. L'hypothèse de la position future des maisons d'Artois et d'Orléans autour de la question du titre de Premier Prince du sang pourrait expliquer partiellement ce projet de mariage, mais il n'en révèle que des indices d'appréciation. Notre enquête sera longue...
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Re: Fille de Philippe Egalité et soeur de Louis-Philippe, Adélaïde d'Orléans
Gouverneur Morris a écrit:
Sait-on si l'apanage d'Orléans avait été confirmé en 1785, à la mort du père de Philippe-Egalité ? Ou bien Louis XVI n'avait-il juste confirmé comme le souligne Dominique Poulin que le titre de Premier Prince du Sang ?
Il me semble en effet que Louis XVI destinait l'apanage aux Bourbons-Artois qui, Petit-Fils de France, n'avaient pas encore d'intérêt protocolaire à réclamer le titre de Premier Prince du Sang. Le million était alors "tout trouvé" (sur le papier bien sûr).
Par contre, je ne suis pas très surpris des spéculations macabres relatives à la succession de Louis XVI. Avec seulement un fils de 4 ans vaillant et compte-tenu de la mortalité infantile de l'époque, le calcul était loin d'être absurde pour les Orléans.
Vous croyez que l'apanage avait besoin d'être confirmé à la mort de chaque duc d'Orléans ?
Il a dû l'être, en tout cas, puisque Mme Lever écrit que Ducrest ( frère de Mme de Genlis, et qu'elle a fait nommer comme chambellan du duc) place aux postes clefs de l'apanage tous ses amis, dont le fameux Brissot .
Si ces fiançailles ont été poussées aussi loin , et que, en somme, Orléans comme Artois y trouvaient leur compte, il n'y avait que la volonté du Roi pour les briser . Alors là nul doute que la vexation du duc ait été paroxystique !
Louis XV entretenait de très bonnes relation avec le gros duc d'Orléans ( père d'Égalité ) qui était bonhomme et ne faisait pas de vagues . C'est son fils qu'une mouche a piqué .
Quant au grand-père, le Génovéfain, c'était un drôle de corps ! un mystique taraudé de lubies, comme celle par exemple que le futur Égalité était le fils du facteur : il n'a jamais voulu poser les yeux sur cet enfant ! D'ailleurs, Égalité ira jusqu'à mettre en avant cette douteuse filiation à son procès me semble-t-il, afin de se désolidariser totalement de la famille Royale.
.......................................... FIN DE CE BOUTURAGE !
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