Portraits de la princesse de Lamballe par et d'après Angelica Kauffmann

Sera prochainement présenté en vente aux enchères...

Portrait de la princesse de Lamballe avec des roses dans les cheveux
Ecole française du XIXe siècle, d'après Louis-Edouard Rioult (1790 - 1855)
Toile ovale - 31 x 25 cm




* Source et infos complémentaires : Millon MDV - Vente du 16 décembre 2019


Evidemment, la présentation au catalogue mentionne l'incontournable portrait de la princesse, assise sur un fauteuil, par Louis-Edouard Rioult.
Mais je rappelle que ce portrait date, lui aussi, du (milieu) XIXe siècle !

Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe
Edouard-Louis Rioult
Huile sur toile, 1843
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot

Or, selon Olivier Blanc, dans son livre Portraits de femmes : ce serait vers 1774, que le célèbre Drouais aurait réalisé un portrait en pied de la princesse de Lamballe, avec un grand habit. Ce portrait, s'il existe encore, n'est malheureusement pas localisé à ce jour.  

Toujours selon le même, quelques gravures (d'après ce tableau donc), permettraient de l'imaginer :





Si l'attribution est correcte, Angelica Kauffmann(1741-1807), née près de 50 ans avant Rioult, serait peut-être la première à l'avoir décliné en buste.
La photo date du début du siècle dernier, et le tableau semblait être alors en bien mauvais état.
Aujourd'hui ce portrait n'est plus localisé, lui non plus.



Nous retrouvons donc déjà toutes les caractéristiques du "portrait Lamballe", décliné tant de fois, et sur tous les supports possibles et imaginables...



Voir d'autres illustrations, ici : Portraits de la princesse de Lamballe par et d'après Drouais ?


Nous avions également présenté cet autre portrait à l'occasion d'une vente aux enchères passée.
Etonnamment, les experts de la maison de vente l'attribuaient alors ce tableau au " cercle " d'une artiste active avant la date à laquelle Rioult réalise le portrait bien de la princesse   :


Photo : Christie's

Circle of Marie-Geneviève Bouliard (Paris 1763-1825 Saône-et-Loire)
Portrait of a young woman, presumed to be the Princesse de Lamballe, bust-length
Oil on canvas, oval
25 5/8 x 21 3/8 in. (65.1 x 54.3 cm)


Photo : Christie's


Photo : Christie's

* Source : A Love Affair with France : The Collection of Elizabeth Stafford (Christie's N.Y)

Si en 1774 Drouais a peint la princesse de Lamballe en grand habit, la représentation était probablement encore très conventionnelle.Bien peu de fantaisie était alors permise pour cette tenue de cour extrêmement codifiée par l'étiquette. Cette gravure composite, mêlant types de vêtements et périodes, ne peut se rapprocher du tableau disparu.  

Pauvre princesse de Lamballe, sa physionomie reste finalement insaisissable.

Marie-Jeanne a écrit:Si en 1774 Drouais a peint la princesse de Lamballe en grand habit, la représentation était probablement encore très conventionnelle. Bien peu de fantaisie était alors permise pour cette tenue de cour extrêmement codifiée par l'étiquette.
Cette gravure composite, mêlant types de vêtements et périodes, ne peut se rapprocher du tableau disparu.

J'ouvre un sujet dédié, car cette information me " travaille " aussi, à dire vrai.

La nuit, la neige a écrit:
Or, selon Olivier Blanc, dans son livre Portraits de femmes : ce serait vers 1774, que le célèbre Drouais aurait réalisé un portrait en pied de la princesse de Lamballe, avec un grand habit. Ce portrait, s'il existe encore, n'est malheureusement pas localisé à ce jour.  

Toujours selon le même, quelques gravures (d'après ce tableau donc), permettraient de l'imaginer :

Afin d'être plus précis, je cite un extrait de ce livre où il est fait mention d'un portrait de la princesse par Drouais :

" A l'avènement de Louis XVI, en 1774, (...)
De cette époque date son portrait en pied par Drouais, vêtue d'une robe à panier et coiffée d'un chapeau de paille couronnée de rose, avec bracelets de perles aux poignets et la main retenant un éventail fermé * ".

* Et en note, je cite :

" On en a une idée grâce à la gravure publiée dans une édition de L'Histoire de la Révolution, éditions du Progrès (1867), par Louis Blanc, l.p23.
Une version en buste de ce tableau fut donnée par la princesse à la marquise de Las Casas, et appartenait encore à la famille à sa famille au XIXe siècle. Une copie ancienne au pastel (collection d'Orléans) a inspiré une version très infidèle par Rioult (Versailles) ".


 Au sujet d'un " chapeau de paille " (en effet étonnant avec une robe de ce genre), je ne suis pas sûr : voir les portraits que je présente (oublions les gravures).
Eventuellement sur celui attribué à A. Kauffmann ? Mais du moins n'est-elle pas représentée en " grand habit ".

 Cette robe fait évidement penser à celle portée par Marie-Antoinette sur le bien connu portrait peint par Mme Lebrun (et ses variantes et copies) :




Voir nos sujets :

Premier officiel de Marie-Antoinette par Mme Vigée Le Brun

Marie-Antoinette par Vigée Le Brun (1783), d'après le portrait de 1778


J'imagine mal Elisabeth Vigée Le Brun pomper à ce point une robe peinte par Drouais quelques années plus tôt...

Alors :

- Si portrait en pied peint par Drouais (j'aimerais bien connaître la source, autre que ces gravures ?), à quoi ressemblait-il ?

- Les inombrables portraits en buste, avec cette coiffe, sont-ils inspirés d'un Drouais, d'un ou d'une autre peintre (exemple les deux autres attributions que je cite), ou de Rioult...mais qui est si tardif !
Si le portrait de Rioult n'est pas le " portrait référence " tant de fois décliné, lui même s'est-il inspiré de quel(s) portrait(s) pour composer le sien ?

Cherchons...

" A l'avènement de Louis XVI, en 1774, (...)
De cette époque date son portrait en pied par Drouais, vêtue d'une robe à panier et coiffée d'un chapeau de paille couronnée de rose, avec bracelets de perles aux poignets et la main retenant un éventail fermé * ".

Si on s'en tient à cette description on se rapproche des répliques en buste car le terme « robe à panier » ne signifie pas grand habit. Dans cette période, l'immense majorité des robes étaient portées sur un panier plus ou moins vaste selon la circonstance.
Si on prend en compte le chapeau garni de fleurs et le haut de la robe de la princesse sur les tableaux en buste, nous sommes en présence d'une robe informelle probablement portée sur un petit panier alors dit « de considération ». La coiffure est beaucoup plus tardive (vers 1780).
Quoi qu'il en soit, s'ils sont bien inspirés par le tableau disparu de Drouais, ces portraits en reprennent peut être seulement l'attitude et  les traits du visage.

Une photo en meilleure qualité de ce portrait.

Grand merci, Mme de Lamballe !
Seigneur, ce portrait était dans un sale état au moment où cette photo fut prise !  

Avez-vous des informations le concernant ?
Je disais qu'il était attribué à Angelica Kauffman, mais sans me rappeler qu'elle était la source.  

Or il est question de savoir, si ce " portrait en buste et coiffe avec des fleurs " fut décliné avant le Rioult, par qui le fut-il ?

J'ai déjà retrouvé une estampe qui le supposerait, mais bon, seuls les graveurs sont mentionnés...


Portrait of Marie Thérèse Louise de Savoie Carignan, Princess of Lamballe
Bust-length, head slightly to left, wearing a hat with brim edged with roses, and a gown with a thin shawl
Printed by: Delpech
Printed by: Pierre Louis Grevedon (Henri Grevedon)
Lettered with title, and production detail: "I. lith. de Delpech".
Signed and dated on stone: "henry grevedon 1823".
Image : Trustees of the British Museum

Quand à cette autre, conservée à Versailles, elle est décrite comme :

Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe (identification d'après les albums Louis-Philippe)

Princesse de Lamballe
Weber (graveur)
Gavard, Charles (éditeur)
Diagraphe, pantographe, 1837-1848
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / EPV

Note historique :
Cette estampe fait partie de la série de grands albums reliés contenant des portraits gravés et provenant du cabinet de gravures constitué par Louis-Philippe, duc d'Orléans puis roi des Français. La constitution des albums s'est étendue pendant plus de vingt-cinq ans et était conservée au Palais-Royal. Sur les 114 volumes dont on garde la trace, 75 sont aujourd'hui conservés à Versailles dont 65 seulement contiennent des gravures - près de 16 500.
Les albums furent ensuite conservés au manoir d'Anjou, près de Bruxelles, dans la collection d'Henri d'Orléans comte de Paris, puis, lorsqu'en 1948 le prince et sa famille quittèrent la Belgique pour se fixer au Portugal, les volumes furent mis en vente publique à Bruxelles. A la demande de Charles Mauricheau-Beaupré, le comte de Paris accepta de retirer les volumes et les vendit au château de Versailles pour 1 200 000 Francs.
Cf. Delalex Hélène, " La collection de portraits gravés de Louis-Philippe au château de Versailles ", Revue des Musées de France - Revue du Louvre, 2009.

Le fait qu'il s'agisse d'un pantographe explique qu'il est tourné dans l'autre sens que la gravure du British Museum.
Voir ici : Le diagraphe pantographe Gavard

Mais la mention inscrite " Tableau du temps ", en bas à droite, en lieu et place habituelle du nom du dessinateur ou peintre ne nous avance guère.    

Marie-Jeanne a écrit:
Extrêmement codifié, le grand habit de cour du 18ème siècle était une déclinaison de l'étiquette curiale voulu par Louis XIV et Colbert

Comment expliquer la similarité des deux grands habits de Cour de Marie-Antoinette et Mme de Lamballe que nous voyons sur les tableaux ci-dessus?

Bon...j'ai enfin chopé une gravure avec un Drouais mentionné comme étant le peintre du portrait initial (en buste).
Mais ce n'est pas le bon Drouais !!!    

Ceci dit, si la mention concernant le graveur est la bonne et correctement attribuée...


Marie-Thérèse-Louise de Savoie Carignan
Stipple, ca. 1790 - 1820
Image : The Royal Collection Trust



Pour le peintre nous lisons " Drouais père ".
Il est décédé en 1767. Cela ne collerait pas, même si la princesse est arrivée en France cette année là.

Pour le graveur nous lisons " Bt Roger ".
La Royal Collection Trust annonce Bathélemy Roger (1767 - 1841).
Sur Wiki, Barthélemy Joseph Fulcran Roger, graveur, est né en 1770 , mais bien mort en 1841. Donc avant le portrait commandé à Rioult. C'est ce qui m'importe !

Mme de Lamballe, je compte sur vous pour la source de votre image !

La gravure de la princesse de Lamballe est en toute vraisemblance une interprétation fantaisiste postérieure datant probablement du 19ème siècle.

J'ai trouvé une étude , en anglais, sur les portraits de la princesse :https://www.jstor.org/stable/3046377?seq=1#metadata_info_tab_contents

Il disent que le portrait de la princesse par Angelica Kauffmann  serait conservé au PROVIDENCE, BROWN UNIVERSITY.
Le portrait sans les tâches :


Enfin j'ai trouvé une gravure de la princesse en pied mais elle ne porte pas de robe à panier :


J'essaierai de traduire l'étude pour voir si on y trouve quelque chose.

Mme De Lamballe a écrit:J'ai trouvé une étude , en anglais, sur les portraits de la princesse :https://www.jstor.org/stable/3046377?seq=1#metadata_info_tab_contents

Il disent que le portrait de la princesse par Angelica Kauffmann  serait conservé au PROVIDENCE, BROWN UNIVERSITY.
Le portrait sans les tâches :

Merci beaucoup Mme de Lamballe !!!

C'est parfait ! Cette étude reprend la plupart de nos questions / réponses dans ce sujet...

Et donc, sous éventuelle réserve que ce petit tableau (copie, ou modèle préparatoire) soit bien d'elle, nous pouvons enfin mettre un nom d'artiste sur un portrait, tant de fois copié au XIXe siècle, des dizaines de façons différentes (en pied ou buste), et autant de supports (peintures, miniatures, gravures, sculptures, décor d'objets etc.) : Angelica Kauffmann !

Exit Drouais père, fils ou petit-fils !



Voici l'extrait du document qui nous intéresse plus particulièrement (à partir de la flèche) :







* Source :
Shapley, John. “A Portrait of the Princesse De Lamballe.” The Art Bulletin, vol. 3, no. 2, 1920, pp. 92–97.
JSTOR, www.jstor.org/stable/3046377.

Et bien voilà qui est résolu !
J'ajouterai simplement qu'en terme de silhouette, l'image en couleur Alamy, complète assez bien le buste d'Angelica Koffman.

Ci-dessous, elle porte bien un grand habit d'étiquette que l'on reconnait grâce à ses manches recouvertes de rangs de dentelle appelés « petits bonhommes ». On peut ainsi visualiser la silhouette complète avec son grand panier.  

Merci et bravo, chère Madame de Lamballe !!!