Cherbourg au fil des siècles ...
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: Nos conseils et découvertes :: Promenades et visites guidées (hors lieux du XVIIIe siècle)
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Cherbourg au fil des siècles ...
Mercredi dernier, escapade dans le Cotentin !
Ô miracle, même si les cieux menaçaient, les parapluies ont pu rester dans la voiture .
Ville d’origine romaine, Cherbourg est fortifiée dès le Xème siècle pour soutenir les nombreux sièges qui ont opposé la France et l’Angleterre à la fin du Moyen Age. La ville est définitivement rattachée à la France en 1450. Le château et les remparts médiévaux sont alors restaurés. En 1639, le commissaire général de la marine de Louis XIII, Louis Le Roux d’Infréville, remet un rapport au roi défendant l’importance stratégique du site, qui n’est cependant pas suivi d’effets. Pourtant, au cours des XVIIème et XVIIIème, le port de Cherbourg devient la plus grande rade artificielle d'Europe, réalisation architecturale de 1 500 hectares !
Vauban à Cherbourg
Vauban se rend sur place en 1686 et constate le mauvais état des fortifications de Cherbourg. Il propose un premier projet utilisant l’eau pour la défense de la place ; les fossés sont alors recreusés. Les ouvrages existants sont réutilisés ; à ceux-ci s’ajoutent cinq nouveaux bastions et un ouvrage à corne pour protéger la ville et l’étendre à l’ouest et au sud. Les travaux débutent en 1687 .
Louvois ordonne le démantèlement de la place avec le château médiéval à la fin 1688 afin d’éviter qu’elle ne serve de base à l’ennemi.
Vauban perfectionne la protection du site en 1694 et 1699.
Rapport de Vauban sur Cherbourg
ouest-france.fr
L’évolution des fortifications de Cherbourg au XVIIIème siècle.
Sous la Régence et sous le règne effectif de Louis XV, d’autres projets vont être élaborés mais seulement un seul est réalisé : la construction du premier fort de Querquinville en 1756. Mais, deux ans plus tard, celui-ci ne suffit pas à protéger Cherbourg d’une attaque anglaise. Ce n’est qu’en 1774, à la veille de l’engagement français dans la guerre d’Indépendance américaine que Louis XVI consent à reconsidérer Cherbourg comme place stratégique pour y établir un port militaire. En 1779, l’ingénieur de Caux reprend les projets de Vauban et fortifie l’Île Pelée et le rocher de Homet en construisant le fort Royal (1782-1785) sur la première île, et le fort casematé d’Artois sur la seconde.
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Jean Baptiste Charles Marie de Beauvais,
né le 10 décembre 1731 à Cherbourg et mort le 4 avril 1790, est un prédicateur français, évêque de Senez et député des États généraux de 1789.
Fraîchement évêque, il interpella Louis XV lors du sermon de la Cène, le Jeudi saint de 1774, en lui adressant ces mots :
« Sire, mon devoir d'un ministre d'un Dieu de vérité m'ordonne de vous dire que vos peuples sont malheureux, que vous en êtes la cause, et qu'on vous le laisse ignorer. »
On lui prête d'avoir prononcé ce jour-là dans ce sermon les paroles de Jonas :
« Dans quarante jours Ninive sera détruite ». Or Louis XV mourut quarante jours plus tard.
Pourtant, cette prédiction du décès royal est démentie par M. de Sambucy dans La Vie de M. de Beauvais.
Malgré cette apostrophe qui avait ému vivement le Roi, Louis XVI lui demanda de prononcer l'oraison funèbre du monarque défunt en la basilique de Saint-Denis, le 27 juillet 1774.
Son discours, jugé irrespectueux,le contraignit à se retirer à Senez. Il fut cependant désigné en 1775 pour siéger à l’assemblée générale du clergé à Paris comme représentant de la province d'Embrun, et prononça le discours d'ouverture.
Se jugeant trop faible pour son ministère, il se démit de son siège d'évêque en 1783, et revint auprès de l'archevêque de Paris, Juigné. Lors des États généraux de 1789, il fut élu député du clergé par le bailliage extra-muros de Paris, mandat qu'il accepta, après hésitations. Opposé à l'esprit des Lumières, même s'il souhaitait une réforme du régime, il rejeta le climat de l'assemblée et ses aspirations d'audace et d'anarchie. Aussi, malade, s'effaça-t-il rapidement des débats sans y jouer aucun rôle. Son état se dégrada alors rapidement, et mourut en avril 1790
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Louis XVI entame à partir du 20 juin 1786 un voyage à Cherbourg pour voir l'avancement des travaux de fortification de la rade portuaire. Hormis le sacre de Reims et la fuite à Varennes, il s'agit du seul déplacement provincial du souverain pendant son règne. Accompagné de Castries et de Ségur, il est accueilli partout chaleureusement par la foule et distribue au peuple des pensions et exonérations fiscales. La visite du chantier commence dès l'arrivée du roi le 23 juin .
Le voyage d'inspection du roi à Cherbourg prit des airs de marche triomphale. A trois ans de la Révolution, il manifesta la popularité inouïe dont jouissait Louis XVI.
( Jean-Christian Petitfils )
Notre beau sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2246-le-voyage-de-louis-xvi-en-normandie?highlight=normandie
Bien sûr, j'ai fait mon petit pèlerinage jusqu'à la rue Louis XVI.
https://marie-antoinette.forumactif.org/t4089-la-seule-rue-louis-xvi-en-france-est-a-cherbourg#151734
J'espérais admirer le théâtre tout proche, mais il disparaît en ce moment sous les échafaudages ... zut alors !
... au lieu de :
Revenons à nos montons !
En 1787, le fort de Querquinville est reconstruit en fort casematé et doté d’un ouvrage à corne et de fossés inondés. La construction du port arsenal débute en 1788, sur ordre du duc Harcourt, gouverneur de la Normandie qui a convaincu Louis XVI de la nécessité de créer une grande digue pour protéger le mouillage.
La Révolution interrompt les travaux en 1792. Ils seront repris par Napoléon .
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Louis XVI n'était pas la première tête couronnée qui honorait la bonne ville de Cherbourg de sa présence, et ne fut certes pas la dernière !
Ce fut un véritable défilé, jusqu'à nos jours !!!
Déjà le 28 avril 1532,
Cherbourg reçoit en grande pompe la visite de François Ier et du dauphin. À cette époque, Cherbourg nous est décrite par Gilles de Gouberville comme une ville fortifiée de 4 000 habitants, protégée par des ponts-levis aux trois portes principales, gardées en permanence et fermées du coucher du soleil jusqu’à l’aube.
https://www.wikimanche.fr/Fran%C3%A7ois_Ier_%C3%A0_Cherbourg_(1532)
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Puis ce fut le misérable Jacques II, le dernier des Stuarts,
grand-père de Bonnie Prince Charlie, qui y débarqua en 1688, et y revint quatre ans plus tard pour voir Tourville se faire battre par la flotte anglaise .
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Puis Napoléon manifeste un intérêt tout particulier pour Cherbourg.
Il a en tête de développer le port de Cherbourg. La pointe du Cotentin se doit d'être protégée : la présence britannique dans les eaux de la Manche est une menace constante. Cherbourg est donc considéré à juste titre comme une ville et un port stratégique.
Il le dit dans le Mémorial de Sainte-Hélène :
Ma défensive pourvue, je n'avais plus à m'occuper que de l'offensive, qui consistait à pouvoir réunir à Cherbourg la masse de nos flottes. Or, la rade ne pouvait contenir que quinze vaisseaux. Pour en accroître le nombre, je fis creuser un port nouveau ; jamais les Romains n'entreprirent rien de plus fort, de plus difficile, qui dût durer davantage! Il fut fouillé dans le granit à 50 pieds de profondeur; j'en fis solenniser l'ouverture par la présence de Marie-Louise, lorsque j'étais moi-même sur les champs de bataille de la Saxe.
« J'obtenais de la sorte de la place pour 25 vaisseaux de plus. Ce n'était point assez encore, aussi comptais-je m'étendre bien autrement. J'étais résolu de renouveler à Cherbourg les merveilles de l'Egypte : J'avais élevé déjà dans la mer ma pyramide ; j'aurais eu aussi mon lac Mœris. Mon grand objet était de pouvoir concentrer à Cherbourg toutes nos forces maritimes, et avec le temps elles eussent été immenses au besoin, afin de pouvoir porter le grand coup à l'ennemi. J'établissais mon terrain de manière à ce que les deux nations tout entières eussent pu, pour ainsi dire, se prendre corps à corps ; et l'issue n'en devait pas être douteuse, car nous aurions été plus de 40 millions de Français contre 15 millions d'Anglais ; j'eusse terminé par une bataille d'Actium ; et puis que voulais-je de l'Angleterre ? Sa destruction ? Non sans doute ; je ne lui demandais que le terme d'une usurpation intolérable, la jouissance de droits imprescriptibles et sacrés, l'affranchissement, la liberté des mers, l'indépendance, l'honneur des pavillons ; je parlais au nom de tous et pour tous, et je l'eusse obtenu de gré ou de force : j'avais pour moi la puissance, le bon droit, le vœu des nations, etc. etc. ».
Une statue équestre de Napoléon est érigée sur la place éponyme de Cherbourg .
C'est une œuvre d'Armand Le Véel, inaugurée en 1858.
Pour la petite histoire, ce cheval de Napo s'appelait Marengo !
et sur le socle sa fameuse déclaration :
Au musée Thomas Henry, est conservé le moulage en plâtre qui a servi à la réalisation de la tête de l'empereur.
Napoléon nomme Joseph Cachin en 1803 pour mener la réalisation de la rade, du nouvel arsenal et de l'avant-port militaire. Du 26 au 30 mai 1811, il rend une visite officielle à Cherbourg. Il fait de la ville un chef-lieu d’arrondissement en 1811, et, par extension, une sous-préfecture et un tribunal de première instance, puis la dote d'un tribunal des douanes puis en fait une préfecture maritime le 28 décembre 1812, à la place du Havre. Il décide également la construction d’un nouvel hôpital sur le terrain des Mielles pris sur le territoire de Tourlaville.
Il envoie l'impératrice Marie-Louise inaugurer l'avant-port le 25 août 1813.
Retour de Napoléon à Cherbourg, en 1840 ...
Les cendres de Napoléon sont rapatriées de Saint-Hélène en 1840 par La Belle Poule. La goélette entre en rade de Cherbourg le 30 novembre. Le transbordement du cercueil sur le vapeur Normandie intervient quelques jours plus tard. Le Normandie se charge alors de rejoindre Le Havre avant un acheminement des cendres sur la Seine jusqu'à Paris.
transbordement des cendres de Napoléon Ier de La Belle Poule sur le Normandie en rade de Cherbourg, 8 décembre 1840.
https://www.wikimanche.fr/Fichier:Belle-poule-napoleon-morel-fatio.jpg
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Après Napoléon, le duc de Berry.
Deuxième fils du futur Charles X, né à Versailles le 24 janvier 1778, il fuit la France avec son père après 1789. Après avoir intégré l'armée royaliste de Condé, il émigre en Grande-Bretagne.
Quand en 1814, l'Empire chute et que Louis XVIII monte sur le trône, le duc de Berry quitte Jersey pour la France.
Retour d'exil du duc de Berry à Cherbourg (1814)
De Wikimanche
Débarquement à Cherbourg.
En avril 1814, Charles Ferdinand d'Artois (1778-1820), duc de Berry, prince français, mort à Paris, revient d'exil en débarquant à Cherbourg.
Le retour d'exil
Le 13 avril 1814, Charles Ferdinand d'Artois embarque à Jersey à destination de Caen, à bord de la frégate anglaise Eurotas. Prennent place à ses côtés, entre autres le comte de la Ferronaye, son premier gentilhomme de la chambre, le comte de Nantouillet, son premier écuyer et ses gentilshommes d'honneur, les comtes de Mesnardet et de Clermont-Lodeve.
Le même jour, le préfet maritime de Cherbourg, le chevalier de Molini, fait arborer le pavillon blanc dans la rade. Voyant ces drapeaux en passant au large du Cotentin, le prince décide de précipiter son débarquement, et aborde les côtes cherbourgeoises.
Il est accueilli par le maire Pierre Joseph Delaville, le baron de Molini, commandant maritime, et l'amiral Troude, venus à sa rencontre. Sur les quais de la ville pavoisée de drapeaux blancs, la foule enthousiaste crie sur les quais :
« Vive Louis XVIII ! Vive les Bourbons ! Vive le duc de Berry ! ».
Le soir, après un dîner à l'hôtel de préfecture maritime, il visite la ville illuminée en son honneur et le port débuté par son oncle, en compagnie du préfet maritime, du général de division Lorencez, et du sous-préfet Asselin, à bord d'une calèche découverte roulant au pas.
Il libère 600 conscrits réfractaires et des marins déserteurs détenus dans les forts de la Manche, et fait livrer au capitaine anglais qui l'avait accompagné, les prisonniers anglais de Cherbourg. Il ordonne à Troude de rejoindre l'Angleterre à bord du Polonais, pour se mettre à disposition de Louis XVIII.
Le prince quitte la ville le 15 à midi .
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Le monument à Cherbourg
En mémoire de ce passage, on élève le monument du duc de Berry à Cherbourg, sur la place d'Armes.
Obélisque du duc de Berry
Toile d'Isidore Deroy (fin 19e).
L'obélisque du duc de Berry est un monument de la Manche, situé à Cherbourg-en-Cotentin.
Il se trouve place de la République (place d'Armes au moment de son érection), face à l'hôtel de ville. Il commémore le retour en France du duc de Berry en 1814, après son exil à Jersey.
Le maire de Cherbourg, Nicolas Collart, demande l'autorisation au Roi, le 7 juin 1816, d'élever un monument en l'honneur de son fils, qui doit se marier le 17 . Achevé en 1817, l'obélisque quadrangulaire est exécuté en granit de Diélette par Le Jéal d'après les plans du baron Joseph Cachin . Sur volonté du maire, il repose sur une fontaine de granit gris, au bassin taillé dans un menhir de Carneville, où quatre têtes de lions en bronze crachent l’eau dans un bassin creusé dans le même bloc.
Il mesure 9,95 m de haut et sa largeur à sa base est de 0,64 m et à son sommet de 0,37 m . Le soubassement mesure 1,78 mètre. En mars 1821, le sculpteur parisien Delafontaine pose au tiers de la hauteur du monument, des ornements en bronze avec les armes du duc de Berry d'un côté et la date du 13 avril 1814.
Au début du XXe siècle.
... et aujourd'hui : ( ou plutôt la semaine dernière )
Alors que le duc de Berry a été assassiné à Paris le 13 février précédent, le bassin est scellé le 17 juin 1820 et une boîte en chêne est déposée au sein du monument, comprenant une plaque en cuivre rouge évoquant la décision de la municipalité, des pièces à l'effigie du Roi et une médaille de bronze figurant le prince. L'obélisque lui-même, qui pèse de trente tonnes, transporté par bateau, est scellé à son support le 17 février 1821 .
À la chute de Charles X, les armes du duc sont retirées. Puis, en 1930, une nouvelle inscription donne l'histoire du passage du duc dans la ville .
Nous discernons toujours Napoléon au loin, mais un arbre a été planté à la place du petit kiosque à musique et une autre obélisque érigée ...
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En 1830, le roi de France Charles X (1757-1836), détrôné, fuit la France. Le 16 août, il quitte Cherbourg pour Portsmouth (Angleterre), à bord du paquebot Great Britain, avec toute sa famille.
La route de Cherbourg
Averti de l'intention du roi déchu d'embarquer à Cherbourg, le conseil municipal proclame le 7 août 1830 :
« Habitants de Cherbourg,
Descendu du trône qu'il occupait encore il y a quelques jours, Charles X vient s'embarquer en ce port, pour se rendre avec toute sa famille sur une terre étrangère. Quelles que soient les causes qui ont amené ce mémorable évènement, les habitants de Cherbourg n'oublieront pas que celui qui fut leur Roi va être pour quelques instants leur hôte ; qu'à ce dernier titre seul, il aurait droit à leurs égards, et deviendrait sacré pour eux, lors même que la pitié qui s'attache naturellement à tant de grandeur déchue ne suffirait pas pour inspirer ces sentiments. A la nouvelle qu'elle viendrait s'embarquer à Cherbourg, il n'est aucun citoyen digne de ce nom, qui ne se soit dit qu'insulter à la position de cette famille, lui causer la moindre injure, ne pas même seconder son départ de tous ses moyens, ce serait souiller la grande victoire, si pure de tout excès, que vient de remporter la nation, et dégénérer du caractère généreux qui distingue si éminemment un peuple qui chérit la liberté autant qu'il hait la licence.
Les autorités et les citoyens qui, dans ces dernières circonstances, ont de concert uni leurs efforts pour maintenir la tranquillité de cette cité, sont pleinement convaincus que tels sont les sentiments qui animent la population tout entière, et ils se bornent à lui annoncer que Charles X et les membres de sa famille arriveront incessamment, accompagnés des commissaires chargés par le gouvernement de protéger leur départ.
Cherbourg, le 7 août 1830. »
Embarquement de Charles X et de sa famille à Cherbourg pour l'exil en 1830
Bien-sûr les caricaturistes ne l'épargnent pas !
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En 1831, c'est Dom Pedro
c'est à dire Pierre Ier du Brésil, 1798-1834, empereur du Brésil, qui, détrôné, débarque à Cherbourg le 10 juin 1831 pour chercher asile .
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Le 1er septembre 1833, Cherbourg attend le roi Louis-Philippe.
Le lendemain de son arrivée, le roi se leva à trois heures du matin. Accompagné du maire, des échevins, des officiers de l’amirauté et du clergé avec l’étole et l’encensoir, il s’embarqua dans le port et vint déjeuner en rade sur la plate-forme d’un des cônes déjà immergés, qu’on avait planchetée et sur laquelle on avait dressé une tente. Ce cône, le seul dont il soit resté quelques vestiges, élève encore au-dessus des eaux sa pointe chargée de rocailles et de varrecks glissans. Quand vous rasez la surface de cette grande rade, on vous montre cette petite roche isolée où le roi tint son grand couvert, entouré de ses officiers, de sa cour et de son clergé. Le magnifique canot doré qui l’amena en ce lieu, existe encore. Napoléon, Marie-Louise, le duc d’Angoulême, se sont placés dans ce canot, toujours prêt, toujours frais et doré qui promène les princes heureux aux cris de la multitude, toujours joyeuse de les voir et empressée de les saluer. Quand vous irez à Cherbourg, vous pourrez contempler cette embarcation somptueuse, toute d’or et de velours, ornée de gracieuses figures allégoriques et de riches sculptures ; mais n’oubliez pas de vous faire montrer une modeste barque grise qui a transporté Charles X à bord d’un vaisseau américain, et qui a reçu don Pedro à la descente d’une frégate anglaise. Celle-là, il sera bon de la conserver non moins soigneusement ; elle pourra encore servir plus d’une fois tout aussi bien que l’autre.
https://fr.wikisource.org/wiki/Souvenirs_de_la_Normandie/01
Le roi Louis-Philippe sur la rade de Cherbourg.
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Louis-Napoléon Bonaparte, à son tour, vient en visite officielle à Cherbourg du 5 au 9 septembre 1850 pour visiter le port militaire et constater l'avancement des travaux.
Musée Thomas Henry , Cherbourg
Alexis de Tocqueville fait cette déclaration :
« Vous avez sous les yeux, Monsieur le Président, dans le port de Cherbourg, le plus audacieux et le plus merveilleux ouvrage qui soit jamais sorti de la main des hommes. Ces lieux doivent vous plaire car vous y trouverez les traces de l'Empereur, de ce génie unique et inimitable, qui a remué le monde et qui, en tant de lieux, a vaincu la nature aussi bien que les hommes.
« Vous vous affligerez sans doute, avec nous,en voyant que son entreprise reste encore imparfaite, et vous jugerez, comme nous, qu'il y aurait tout à la fois de la honte et du péril à ne point terminer sur-le-champ une œuvre si grande et toujours exposée tant qu'elle n'est pas achevée.
« Votre sollicitude pour tout ce qui peut contribuer à la grandeur et à la sécurité de la France vous fera juger ainsi que le complément indispensable de ce vaste instrument de guerre est un chemin de fer entre Cherbourg et Paris. »
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Ce fut encore une belle fête pour Cherbourg quand revint Napoléon ( III cette fois ), en tant qu'empereur, et donc dans un tout autre contexte qu’en août 1858. Napoléon III et l’Impératrice Eugénie entreprennent un voyage officiel en Normandie et en Bretagne.
Il s’agit de saluer la réussite d’une politique de grands travaux parmi lesquels la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg ( la tienne, mon cher François ) est la plus spectaculaire. Initiée depuis 1842, arrivée à Caen en 1856, elle est exploitée jusqu’à Cherbourg à partir du 17 juillet 1858.
Voyez plutôt l'arrivée triomphale de Napoléon III à Cherbourg, par la ligne de chemin de fer !
Le 4 août 1858, après s’être arrêté à Évreux, Lisieux, Caen et Bayeux, le train impérial entre dans la Manche en gare de Carentan où il est reçu par le préfet de la Manche, Roland Paulze d’Ivoy et les représentants officiels des communes de la Manche. À Valognes, le train ralentit, mais ne s’arrête pas.
Il parvient à Cherbourg à 17 h.
L'empereur est accueilli par le maire de Cherbourg, Joseph Ludé, qui lui remet les clés de la ville .
« Sire, dit le maire, daignez recevoir les clés de la ville, présentées pour la première fois à l'immortel fondateur de votre dynastie. Elles appartiennent à plus d'un titre au digne héritier de la couronne, au glorieux continuateur de son œuvre, au souverain à qui la France doit le rétablissement de l'ordre et de la prospérité au dedans, de sa dignité et de son influence au dehors. Votre Majesté comprend qu'en reliant Cherbourg à Paris, vous voulez à la fois donner un nouvel essor au commerce, vivifier nos contrées fertiles, un moment déshéritées, et rendre à jamais inexpugnable l'un des plus merveilleux remparts du territoire de l'Empire. » .
Devant une foule immense, l’évêque de Coutances bénit la nouvelle voie ferrée et deux locomotives récemment mises en service .
Napoléon III et l'impératrice Eugénie gagnent l'appartement qui leur a été préparé à la préfecture maritime .
Dans le même temps, la reine Victoria d'Angleterre ( Vicky ? ... non ?!! si si ... ) arrive en rade de Cherbourg sur son yacht Victoria and Albert, escortée d'une importante escadre . Après avoir dîné, Napoléon III et sa femme rendent une visite de courtoisie à la reine d'Angleterre et l'invitent à participer aux cérémonies du lendemain. ( On s'y croirait ! )
5 août 1858 Napoléon III accueille la Reine Victoria dans le port militaire de Cherbourg.
Gravure : Godefroy Durand
Le soir, un banquet est servi à bord du vaisseau-amiral La Bretagne].
Napoléon III y déclare :
« Je bois à la santé de S.M. la reine de Grande-Bretagne, à celle du Prince qui partage son trône et à la famille royale. Je suis heureux de montrer les sentiments qui nous animent envers eux. J'ai le ferme espoir que, si l'on voulait réveiller les rancunes et les passions d'une autre époque, elles viendraient échouer devant le bon sens public, comme les vagues se brisent devant la digue qui protège en ce moment contre les violences de la mer les escadres des deux empires. »
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Toujours au musée Thomas Henry
Les trois présidents sont :
Jules Grévy, président de la République française, vient en visite officielle à Cherbourg du 8 au 11 août 1880.
Il est accompagné de Léon Say, président du Sénat, Léon Gambetta, président de la Chambre des députés
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Et là, je vous le donne en mille, qui arrive à Cherbourg ?!!
C'est Nicolas II , tsar de toutes les Russies !
Musée Thomas Henry , Cherbourg
tableau de Gustave Ravanne
Entrée de l'escadre russe dans le port de Cherbourg, le 5 octobre 1896
L'empereur Nicolas II de Russie (1868-1918) séjourne également à Cherbourg du 31 juillet 1909 au 2 août.
II entreprend en 1909 une grande croisière diplomatique.
« Le président de la République recevra le souverain allié et lui donnera de grandes fêtes », dit-on longtemps à l'avance . La rencontre est destinée à renforcer l'alliance franco-russe officialisée en août 1897 à Cronstadt.
L'événement a un grand retentissement et fait l'objet de nombreux articles de presse .
Voici le tsar Nicolas II et la tsarine suivant la revue navale :
... la tsarine au bras du président Fallières :
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Le 10 avril 1912, 18h35.
Après avoir franchi la passe de l’ouest, Le Titanic s’immobilise à côté du fort central de Cherbourg... première escale sur son voyage. Il stationne là pendant une heure et demie et embarque 281 passagers au total : 151 passagers en 1re classe ; 28 passagers en 2e classe et 102 passagers en 3e classe.
Cinq jours plus tard, les flots engloutiront ce géant magnifique ...
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Le 30 juillet 1933, le président de la République Albert Lebrun est à Cherbourg pour l'inauguration de la gare maritime transatlantique. Elle constitue le plus grand monument français d'Art déco. Elle a été construite par René Levavasseur à partir de 1928, en collaboration avec les ingénieurs Chalos et Fleury, en béton armé, briques claires et pierres de béton imitant le granit.
L'ensemble était composé du hall des trains de 240 m, surmonté d'un campanile de 70 m, et du hall des transatlantiques (avec salle des pas perdus, bureaux des compagnies, boutiques, etc.) et de la galerie couverte d'embarquement.
Deux trains et deux paquebots pouvaient être accueillis simultanément.
Elle est dynamitée par les Allemands dans la nuit du 23 juin 1944, avant d'être partiellement reconstruite à partir de 1948 et réinaugurée en 1952 en présence d'Antoine Pinay. Abandonnée dans les années 1970, la gare maritime transatlantique est partiellement démolie, avant d'être inscrite aux monuments historiques en 1989 et 2000. Quelle histoire !
Aujourd'hui Cité de la Mer, dans un véritable palais du jeu et de la science, les pôles Sous-marin et Océan plongent les aventuriers dans les profondeurs de la mer. La découverte du plus grand sous-marin visitable au monde, le bien nommé Redoutable, est littéralement passionnante. Il ne faut pas manquer l'attraction « On a marché sous la mer » et 100 ans après l'escale mythique du Titanic à Cherbourg, le parcours permanent dédié au paquebot et à l'émigration, la vie à bord, le naufrage ... Il paraît qu'il faudrait passer la journée entière dans la Cité de la mer .
Quelques photos en vrac dans son hall impressionnant, démesuré :
Ce canon a fait la Guerre de Sécession !!!
Le combat naval à Cherbourg, connu aux États-Unis sous le nom de Battle of Cherbourg, quelquefois Battle off Cherbourg ou Sinking of CSS Alabama est un combat naval qui opposa, le 19 juin 1864, lors de la guerre de Sécession américaine, un navire de la marine confédérée, le CSS Alabama à un navire de la marine de l'Union, l'USS Kearsarge au large du port français de Cherbourg dans la Manche et se conclut par le naufrage du navire sudiste.
Edouard Manet a peint cette bataille :
Le Combat du Kearsarge et de l'Alabama, Édouard Manet, 1865.
Photo WIKI
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Cherbourg, ce sont aussi les parapluies ...
dont on peut visiter la célèbre Manufacture :
... parapluies immortalisés au cinéma par Jacques Demy .
( film un peu trop cucul-la-praline à mon goût :karl
pourtant Dieu sait que j'ai la fibre romantique ! )
http://remparts-de-normandie.eklablog.com/les-remparts-de-cherbourg-manche-a126301500
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Baptiste_de_Beauvais
Jean-Jacques Boucher, Charles Ferdinand d'Artois, duc de Berry, 1778-1820, Fernand Lanore, 2000
« Relation du voyage de Son Altesse Royale Mgr. le Duc de Berry depuis son Débarquement à Cherbourg, jusqu'à son Entrée à Paris », Jean-Gabriel Peltier, L'Ambigu ou Variétés littéraires, et politiques, Impr. de Vogel et Schulze., 1814
https://www.wikimanche.fr/Ob%C3%A9lisque_du_duc_de_Berry
https://www.wikimanche.fr/Napol%C3%A9on_III_%C3%A0_Cherbourg_(1858)
https://www.wikimanche.fr/Louis-Napol%C3%A9on_Bonaparte_%C3%A0_Cherbourg_(1850)
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Cherbourg et le départ en exil du roi Charles X
Merci pour cette présentation historique de Cherbourg...
Pour la petite histoire, ce sont deux bateaux battant pavillon américain, le Great Britain et le Charles-Caroll, qui attendent à quai Charles X et sa suite.
L'ex roi ayant clairement fait savoir qu'il ne mettrait pas un pied sur un navire arborant le drapeau tricolore.
Mais ce qu'il ignora, est que ces deux luxueux bateaux avaient été loués pour une somme astronomique à un certain William Patterson, richissime homme d'affaires du Maryland et ex beau-père de...Jérôme Bonaparte !
Il y eut pourtant du chahut à l'entrée de Cherbourg et une fois le cortège arrivé au port, où les ouvriers des arsenaux n'attendaient pas de bonne grâce la famille royale en fuite de bonne grâce. Les troupes chargeaient de protéger Charles X durent intervenir pour forcer le passage et faire taire les insultes.
Mme de Sabran a écrit:
En 1830, le roi de France Charles X (1757-1836), détrôné, fuit la France. Le 16 août, il quitte Cherbourg pour Portsmouth (Angleterre), à bord du paquebot Great Britain, avec toute sa famille.
Pour la petite histoire, ce sont deux bateaux battant pavillon américain, le Great Britain et le Charles-Caroll, qui attendent à quai Charles X et sa suite.
L'ex roi ayant clairement fait savoir qu'il ne mettrait pas un pied sur un navire arborant le drapeau tricolore.
Mais ce qu'il ignora, est que ces deux luxueux bateaux avaient été loués pour une somme astronomique à un certain William Patterson, richissime homme d'affaires du Maryland et ex beau-père de...Jérôme Bonaparte !
Mme de Sabran a écrit:
Averti de l'intention du roi déchu d'embarquer à Cherbourg, le conseil municipal proclame le 7 août 1830 :
« Habitants de Cherbourg,
Descendu du trône qu'il occupait encore il y a quelques jours, Charles X vient s'embarquer en ce port, pour se rendre avec toute sa famille sur une terre étrangère. Quelles que soient les causes qui ont amené ce mémorable évènement, les habitants de Cherbourg n'oublieront pas que celui qui fut leur Roi va être pour quelques instants leur hôte ; qu'à ce dernier titre seul, il aurait droit à leurs égards, et deviendrait sacré pour eux, lors même que la pitié qui s'attache naturellement à tant de grandeur déchue ne suffirait pas pour inspirer ces sentiments. A la nouvelle qu'elle viendrait s'embarquer à Cherbourg, il n'est aucun citoyen digne de ce nom, qui ne se soit dit qu'insulter à la position de cette famille, lui causer la moindre injure, ne pas même seconder son départ de tous ses moyens, ce serait souiller la grande victoire, si pure de tout excès, que vient de remporter la nation, et dégénérer du caractère généreux qui distingue si éminemment un peuple qui chérit la liberté autant qu'il hait la licence.
Les autorités et les citoyens qui, dans ces dernières circonstances, ont de concert uni leurs efforts pour maintenir la tranquillité de cette cité, sont pleinement convaincus que tels sont les sentiments qui animent la population tout entière, et ils se bornent à lui annoncer que Charles X et les membres de sa famille arriveront incessamment, accompagnés des commissaires chargés par le gouvernement de protéger leur départ.
Cherbourg, le 7 août 1830. »
Il y eut pourtant du chahut à l'entrée de Cherbourg et une fois le cortège arrivé au port, où les ouvriers des arsenaux n'attendaient pas de bonne grâce la famille royale en fuite de bonne grâce. Les troupes chargeaient de protéger Charles X durent intervenir pour forcer le passage et faire taire les insultes.
Dernière édition par La nuit, la neige le Lun 3 Fév - 22:47, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18136
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Cherbourg au fil des siècles ...
Merci pour le reportage . J’envisage un déplacement prochainement ...
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
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