Ysabeau, la belle Indienne, et le comte d'Artois

Mais qui donc était l'aussi belle et envoûtante que mystérieuse Ysabeau l’Indienne ?
A-t-elle seulement existé ?  

Paul Henry de Kock (Paris, 1819-Limeil, 1892)
est un auteur dramatique, romancier et chansonnier français, célèbre pour ses romans grivois.
Il identifie Ysabeau  ( ou Isabeau ) dans son « Histoire des courtisanes célèbres » comme une « mulâtresse de Bourbon » .



Henry de Kock fait parler Ysabeau.   La jeune femme raconte son histoire à la comtesse du Barry qu’elle va visiter à Louveciennes.
Dans le récit d’Ysabeau, la plupart des personnages ont des noms d’emprunt sauf le chevalier Saint-Georges qu’elle prétend avoir croisé chez la comtesse et avec lequel le courant n’est pas passé puisqu’il y aura un duel à la clef entre Saint-Georges et un soupirant d’Ysabeau. Par contre, de nombreux indices relient l’histoire d’Ysabeau à l’océan Indien, notamment certains noms de lieux peu connus comme par exemple le « ruisseau des Noirs, situé au milieu de la ville »...

Au contraire,  dans   les Mémoires secrets et inédits de Madame la Comtesse Du Barry
le baron Etienne-Léon Lamothe-Langon campe Ysabeau en Africaine, esclave à Saint-Domingue.
Isabeau (et non Ysabeau) serait originaire de la Caraïbe :
« Une célébrité étrangère nous arriva des colonies américaines », affirme Jeanne à propos d’Isabeau dans : « Mémoires de Mme Du Barri sur la ville, la cour et les salons de Paris sous Louis XV ».

Pour ma part, c'est sous la plume du vicomte de Reiset  
que je rencontre Ysabeau, bien-sûr dans le volume consacré à Louise de Polastron.

 Quelques mois à peine après son mariage, son ardeur pour le plaisir avait entraîné le comte d'Artois dans de nouvelles aventures, et confiant dans la souriante indulgence avec laquelle ses pires fredaines avaient été accueillies dans le public, il avait affiché sans scrupules, comme par le passé, ses liaisons et ses fantaisies passagères. Essayer de les dénombrer eût été impossible, car elles étaient aussi nombreuses que fréquentes, et c'était dans tous les mondes que s'exerçaient ses caprices.
Après la blonde Flore, l'actrice Lange, lady Barrymore et la fameuse Isabeau, une mulâtresse dont la plastique était célèbre, il avait eu M"" Contât, qui lui avait donné une fille. La liste serait trop longue s'il fallait nommer toutes celles qu'il avait honorées de ses faveurs. La Duthé était devenue un instant maîtresse en titre et il n'était pas de folies qu'on ne l'ait vu commettre pour lui plaire.

" Une célébrité étrangère nous arriva des colonies . C'était une Vénus ...  "



Un soir, en 1781, un carrosse s’arrête devant le petit château de Bagatelle et dépose une femme soigneusement voilée.   C'est Ysabeau dans un costume qui sublime son « étrange beauté ».

L’aventure entre Ysabeau et le comte d’Artois met le tout-Paris en émoi.
Nous le croyons bien volontiers !  
 Grands seigneurs et financiers briguent à l’envi les faveurs de l’Indienne dont elle n'est pas avare, cela se trouve bien.
On prétend, à Paris, pour expliquer « la finesse et la régularité de ses traits », qu’elle a pour mère madame de Clugny — femme de l’ancien intendant de l’île Bourbon — qui aurait eu un « caprice pour un jeune nègre » et qu’elle serait le « fruit de ces amours illicites ».



Isabeau rend visite à Mme du Barry ...
Marie-Jeanne, cette description des atours de la belle Isabeau est pour toi !  




Qui est Ysabeau ?!     ...   mais kiki  
Mme du Barry  la prie de lui raconter sa vie, ce qu'elle fait bien volontiers,  et voici :



« Le chevalier Desroches ne m’avait ménagé ni les présents ni l’argent tant que j’avais été sa maîtresse. J’avais dans ma bourse de quoi vivre dans l'aisance pendant six mois ». Elle s’installe à Saint-Denis où elle loue une assez jolie habitation. L’or afflue bientôt dans ses coffres car elle est belle et « chacun s’empresse de venir à elle ».

François-Julien du Dresnay, dit le « chevalier des Roches », né le 28 janvier 1719 et mort le 12 août 1786 à Kerlaudy, est un officier de marine et administrateur colonial français du XVIIIème siècle. L'île Desroches a été nommée en son honneur.
Nommé gouverneur lieutenant-général et commandant pour le roi des Isles de France et de Bourbon en 1768, il séjourne sur l'Isle de France jusqu'en 1772. De retour en France, il est promu au rang chef d'escadre des armées navales en 1776. Il épouse, en 1780, Marie Émilie de Caumont Gauville, veuve de M. de Cadush. Il meurt, sans enfants, à Kerlaudy le 12 août 1786.

Au bout de deux ans, alors que la belle Ysabeau « achève de ruiner son sixième créole »   , un des premiers négociants de l’île de France, M. Laclaverie, vient à Bourbon faire sa connaissance. Il se présente avec comme cadeau une parure en émeraudes et rubis installée dans un coffret en nacre de perles. « Comme j’étendais la main pour saisir le bijou, je tressaillis, raconte Ysabeau. L’esclave en grande livrée tenant l’écrin était Platon que, depuis trente mois bientôt, j’avais si complètement oublié. J’acceptai le cadeau mais exigeai le « porteur » avec, contre 2.000 livres ! »

Platon tombe aux pieds d’Ysabeau. « Il était plus beau que jamais », se souvient-elle, un brin nostalgique   ... Bon gré, mal gré, il se soumet aux exigences de la situation, remplissant dans la maison, la charge d’intendant. La nuit seulement, selon certain signal convenu, il lui est permis de rejoindre Ysabeau. Tout va bien près d’une année... jusqu’à l’arrivée à Bourbon du comte Albert Wallentius, riche Suédois, jeune, beau, blond.

« J’eus l’occasion de le rencontrer au boulevard Doret, le bois de Boulogne de Saint-Denis », confie Ysabeau... Albert Wallentius devient son amant mais, deux mois plus tard, il est assassiné par Platon qui promet le même sort à Ysabeau :



C'est alors qu'Ysabeau avait quitté l’île Bourbon à bord d’un bâtiment prêt à faire voile pour Marseille. En France, elle avait batifolé à Bagatelle, s’était éprise du comte Henri de Cruzay, avait croisé le Chevalier de Saint-Georges, etc.
Mais il lui faut retourner à Bourbon pour mettre de l’ordre dans ses affaires.      Henri de Cruzay, très amoureux,  l’accompagne. Il entend veiller sur elle et empêcher Platon de la tuer.
Portant sur lui en permanence deux révolvers, un jour, il abat Platon qui rode dans le jardin.

Ysabeau se précipite sur le corps de Platon : « Ah ! Mon amour, ma vie, mon âme, tu n’es plus ! Il t’a tué le lâche ! »...
Henri de Cruzay abasourdi repart pour la France, la queue entre les jambes... tandis qu’Ysabeau pleure son amour perdu...



Elle meurt en 1792,  assassinée par ses propres esclaves en révolte.




https://books.google.fr/books?id=fOxTAAAAYAAJ&pg=PA145&lpg=PA145&dq=m%C3%A9moires+de+la+comtesse+du+barry+ysabeau&source=bl&ots=K40CmOyo3-&sig=ACfU3U31WGjr9qJ7T2DfJdt7C6Tp8z2rCA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiStb3H0vTnAhWDzIUKHRuEA6IQ6AEwBnoECAoQAQ#v=onepage&q=m%C3%A9moires%20de%20la%20comtesse%20du%20barry%20ysabeau&f=false
http://7lameslamer.net/ysabeau-l-indienne-courtisee-a-1689.html