Les apanages du comte de Provence et du comte d'Artois

Je profite de la réunion de la Provence et de l'Artois dans une seule rubrique pour demander si quelqu'un ici aurait des lumières sur les raisons pour lesquelles Louis xv a attribué l'Aquitaine, la Provence et l'Artois à trois de ses petits-fils. Certes les apanages de ses cinq petits-fils n'avaient plus du tout l"importance qu'ils auraient pu avoir aux siècles passés. Le Berry faisait partie de la réserve standard des apanages à attribuer, tout comme l'Anjou, bien blottis à l"abri au coeur du Royaume ! Tout récemment un livre m'a incidemment éclairé à propos du premier Bourgogne (le petit-fils de Louis xiv). L'auteur tenait que par cette cette attribution d'apanage la France voulait signifier à l'Espagne, et sans mot dire, qu'il n'était pas question de revenir sur l"héritage bourguignon ! C"était donc comme un barrage symbolique assorti d'un coup de semonce tout aussi symbolique, le tout contre l'Espagne ! Je n'ai malheureusement pas noté le nom de cet auteur (Entre nous : tout cela au moment où à Versailles on commençait à lorgner sérieusement vers l'héritage espagnol lui-même !) Soit... mais alors, les trois autres apanages ?! Décidément excentriques, même collés aux frontières, et cela vers trois lointains totalement différents ! Il y a là comme une grosse roche sur l'anguille ! L'Artois... visait-on l'Angleterre...éternellement fourbe... voir Calais !  L'Aquitaine... craignait-on un retour de flamme du côté espagnol avec un rusé coquin du genre d'Alberoni ?! La Provence ? Ah, oui... ces troubles Savoies; même troublissimes Savoies....toujours les mêmes....  et dans les "bureaux" des Affaires Etrangères à Versailles, entrevoyait-on déjà, de loin,de très loin, les terroristes garibaldingues ?! 

Comme vous l'avez dit, cher Créateur, les apanages des princes n'avaient plus du tout l'importance territoriale et politique qu'ils représentaient à la fin du Moyen Âge ; la centralisation de la monarchie française avait réduit à peau de chagrin les principautés des grands féodaux, et les cinq petits fils de Louis XV ne portaient des titres qu'à usage symbolique. Cette symbolique était toutefois essentielle au XVIIIe siècle dans une monarchie qui se déclarait, d'une part, de droit divin, et d'autre part ces titres rappelaient les grandes provinces françaises, fruit de l'unification du royaume.
Pour essayer d'être plus précis, il est traditionnellement dit que le titre de comte d'Artois fut choisi par Louis XV, dans un geste d'apaisement envers les Artésiens, dont François Damiens tirait ses origines. Le comte d'Artois était également comte de Ponthieu.

Il existe des ouvrages concernant les apanages du comte d'Artois et du duc d'Orléans sous Louis XVI.
Il n'y a pas d'ouvrage sur l'apanage du comte de Provence.

Merci, cher Dominique, pour ces précisions, mais même dans les ouvrages souvent savants consacrés aux apanages de tel ou tel prince, il est question de beaucoup de choses mais pas de ceci: pourquoi soudain tel titre, sorti du fouillis des archives, et pas tel autre ?! Quant au geste d'apaisement attribué à Louis xv, est-ce attesté par des historiens sérieux ?

Lecréateur a écrit:
pourquoi soudain tel titre, sorti du fouillis des archives, et pas tel autre ?!

N'en va-t-il pas de même de tous ces titres de courtoisie parfaitement artificiels qui fleurissent à la Cour ?
Quel est l'avis de notre petit Lulu là-dessus ?

Pour répondre à votre question le Créateur, je pense qu'il n'y a pas de grand biographe concernant Charles X, à l'échelle d'un Jean-Christian Petifils par exemple.
Il me semble avoir lu le renseignement que je vous donne dans les biographies de Charles X écrites par Éric Le Nabour et de Jean Lucas-Dubreton.

Selon moi ce n'était pas artificiel : pour le premier duc de Bourgogne c'était explicitement une mesure politique dirigée contre l'Espagne. Quant aux trois nouveaux venus sur la scène (Provence, Aquitaine, Artois), comment croire que c'est par l'effet du pur hasard que sont sortis les noms de ces trois provinces totalement en dehors du coup pendant des siècles ?! Des guerres se pressentaient, des bouleversements territoriaux s'envisageaient et même se préparaient, nul doute que  dans les chancelleries de l'époque on a dû étudier tout cela de près. Le principe de raison ("rien n'est sans raison") n'y était pas négligé, bien au contraire !