Marc-Antoine Thierry, baron de Ville d’Avray (Premier valet de chambre du Roi, Intendant du Garde-Meuble de la Couronne, premier maire de Versailles)

Ah, les malheureux !

Merci pour ce reportage illustré.

Pourquoi ce château (flambant neuf, semble-t-il) est-il aujourd'hui vide ?

Pas tout à fait : il est ouvert aux activités culturelles et officielles, expositions, réunions du conseil municipal, concerts, classes de musique, etc
Tiens ! WIKI me chuchote qu'il a appartenu à Paul Cocteau, le grand-père de Jean .

Intéressant documentaire, que je vous recommande si le sujet vous intéresse.  

Les Thierry, un couple pour servir la Couronne
Ecrit et réalisé par : Gatien Wierez
Intervenants : Agnès Walch, Mathieu da Vinha, Chantal Sanier, Jacqueline Queneau, Pierre-François Forissier, Dominique Claudius-Petit, Gatien Wierez
Durée : 58 mn



Synopsis

La famille Thierry est au service de la monarchie française depuis plusieurs générations. Les résidences royales et la vie de cour n’ont plus de secrets pour eux. Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray et son épouse Cécile Marguerite ont tous deux servi Louis XVI et Marie-Antoinette. Grâce à leur intimité avec le couple royal, ils ont poursuivi une ascension sociale commencée par leurs familles respectives. Leur nom de famille est Thierry, Ville d’Avray arrive tardivement dans l’histoire du couple, quand ils achètent la seigneurie de Ville d’Avray.

À travers ce film documentaire, c’est toute la vie du couple Ville d’Avray qui est explorée avec l’intervention de spécialistes, qu’ils soient historiens ou historiens de l’art. De sa jeunesse comme mousquetaire, au monde des domestiques, véritable héritage familial, les premières années de sa vie seront rappelées. C’est une lente ascension sociale qui mène Marc-Antoine au service de Louis XVI comme Premier Valet de chambre. Ce dernier lui donnera toute sa confiance.
Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray est également un homme de Cour. Que ce soit comme surintendant des Petits Cabinets du Roi, dans son quotidien, il est amené à côtoyer la famille royale et les plus hauts personnages de la Cour pour organiser au mieux la vie du roi.

En 1784, Marc-Antoine devient commissaire général du Garde-Meuble de la Couronne. Cette charge témoigne de la confiance de Louis XVI envers son fidèle serviteur. Pendant les années où il gère cette administration, le commissaire général s’efforce de faire faire à l’institution des économies mêlant à la fois soucis de réorganisation, besoin de réaliser des économies, mais aussi choix de nouveaux fournisseurs et artisans.

Cette promotion professionnelle s’était assortie d’une ascension sociale. Pour vivre noblement, il lui fallait acquérir une terre : Ville-d’Avray. Havre de paix ? Refuge loin des vicissitudes de la Cour ? Sa baronnie fut en tout cas le lieu où il a pu donner libre cours à ses envies architecturales, bâtissant son propre château, son propre territoire, symbole ultime de sa réussite.

La Révolution vient sonner la fin de ce parcours exemplaire. Fidèle jusqu’à son dernier souffle au roi et à la famille royale, il a payé le prix de son soutien en étant assassiné, accusé d’être trop proche du roi.

Source texte : Hello Asso

Intrigué par ces deux portraits (sans référence) qui illustrent des passages de ce documentaire, je suis parti à leur recherche...


Le portrait de femme a été présenté en vente aux enchères en 2013 (Abbaye aux Dames, région de Royan) comme, je cite :


Ecole française (première moitié du XVIIIe siècle)
Portrait de dame de qualité représentée en buste et vêtue d'une robe rouge
Huile sur toile, non signée (rentoilage)
Dimensions 65 cm x 54 cm
Provenance : Collection Ville d'Avray.
Il s'agirait de Cécile Lemoyne de Boullongne (1734-1813), épouse de Marc-Antoine de Ville d'Avray
Image : SVV JR Geoffroy & Y. Bequet

Cécile-Marguerite Lemoine de Boullogne, épouse Thierry, est née en 1734 ! Pourquoi serait-elle habillée et coiffée comme à la mode de la fin du 17e siècle ??

Dans la même vente, nous retrouvons d'autres portraits, provenance " Collection Ville d'Avray ", dont ceux du fils et du petit-fils du couple :


Biscuite attribué à Sèvres (fin XVIIIe siècle)
Jeune garçon représenté en buste (Armand Thierry de Ville d'Avray)
Inscription sur une ancienne étiquette sous le piédouche : Armand Thierry de Mauregard, vicomte de Ville d'Avray (1773-1844). Son buste donné à son père pendant une visite à la manufacture.
H 34,5 cm
Provenance : Collection Ville d'Avray
Image : SVV JR Geoffroy & Y. Bequet



Portrait de Victor-Armand Thierry de Ville d'Avray, en uniforme de sous-lieutenant des gardes du corps du roi
Huile sur toile, non signée
73 x 59,5 cm
Au dos étiquette : Armand-Victor Thierry de Ville d'Avray (1796 - 1872)
Provenance : Collection Ville d'Avray
Image : SVV JR Geoffroy & Y. Bequet

Si vous êtes perdu, voir ici :  L'arbre généalogique des descendants de Marc-Antoine Thierry de Ville d'Avray  

Toujours dans la même vente aux enchères, était présenté le portrait bien connu de notre Intendant du Garde-Meuble :

Marc-Antoine Thierry de Ville d'Avray
Alexandre Roslin
Huile sur toile, 1790
H. 73 ; L. 59,6 cm
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

Provenance : Collection famille de Marc-Antoine Thierry de Ville d'Avray, par descendance ; achat en vente publique SVV Geoffroy Bequet, Saintes, n°72, 9 nov. 2013.

Commentaire du château de Versailles (extrait) :

Ce portrait fut peut-être présenté au Salon de 1791 par Roslin, le modèle arborant le ruban rouge de l’ordre de Saint-Louis, conformément à la description du livret (no 297 : « Portrait d’un chevalier de S. Louis »).




Enfin, le portrait de l'homme assis à son bureau est, encore à ce jour, identifié par le musée qui le conserve comme étant celui de : Marc-Antoine-René de Voyer de Paulmy d´Argenson (1722-1787), marquis de Paulmy puis d'Argenson (Wikipedia)    



Marc Antoine René de Voyer de Paulmy d´Argenson
Alexander Roslin, non signé
Huile sur toile, circa 1780
Image : Länsmuseet Gävleborg / Digital museum

Alors ? Paulmy d'Argenson ou Ville d'Avray ??

J'imagine que l'auteur du documentaire n'a pas inséré ce portrait par hasard !

L'homme en pied du portrait ressemble fort à celui du portrait en buste. Il ressemble aussi au marquis de Paulmy. Mais ce dernier, à la prestigieuse carrière, n'aurait-il pas préféré un portrait où il porte (aussi / surtout) la croix de l'Ordre du Saint-Esprit ?
Comme c'est le cas sur cet autre portrait :

Antoine-René de Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson
Anonyme
Huile sur toile, 18e siècle
Image : RMN-GP (musée du Louvre) / image RMN-GP

Merci LNLN , comme d'habitude, tu as brillamment lâché tes chiens sur le sujet !!!!     

Sur le portrait de Roslin, on notera que le modèle utilise un bain de pied en tôle peinte à l’imitation de le faïence comme corbeille à papier :



Le modèle est connu, car devinez qui en possédait un similaire ???

Tada !!!:

Tous les chemins (de ce forum) y mènent !!!

Momo Oeil-de-lynx ...

Bravo Gouv...

Je reviens sur le portrait en pied, présumé être celui du marquis de Paulmy-Argenson, et ajoute le commentaire du musée qui le conserve :


Langue originale (en suédois) :

Spoiler:

- Google traduction :

Portrait peinture sur toile du Comte Marc Antoine René d'Argenson par Alexander Roslin. Daté d'environ 1780.
d'Argenson fut pendant une courte période le ministre français de la guerre, mais est représenté ici dans son rôle de célèbre collectionneur de livres. Sa bibliothèque fait aujourd'hui partie de la Bibliothèque de l'Arsenal à Paris.

Portrait en pied. Le ministre est représenté assis à un bureau avec sa main droite posée sur le bureau et sa gauche contre le support de la chaise rococo. Perruque blanche. Costume en velours vert-bleu profond avec dentelle blanche au col et autour des poignets. Marque de commande avec ruban rouge (plus tard peint là-bas). Gilet en soie blanche avec broderie à motif floral. Chaussettes blanches et chaussures noires à boucles dorées. Sur le bureau se trouvent des livres et des articles de papeterie en argent. Sous le bureau poubelle blanche à décor floral peint.  Arrière-plan : rideau violet cadeau avec mèches dorées et pompon doré, pilastres ioniques gris et partie de porte.

Cadre doré, largeur 15 cm. La peinture est doublée. Aucune signature au dos de la toile d'origine. Non signé sur le devant.



A mon avis, ni le décor ni les " accessoires " ne donnent l'impression d'être en compagnie d'un " célèbre collectionneur de livres ".    J'ai plutôt l'impression de voir un homme de dossiers, un homme au travail.


Le ruban rouge de  L'Ordre de Saint-Louis fut donc ajouté après coup. Cela se voit, en effet.

Or d'Argenson est grand-croix de l'ordre de Saint-Louis (en 1748, sur démission de son oncle le comte d'Argenson).
Source, ici : Château de Versailles - Notice biographique

L'article Ordre royal et militaire de Saint-Louis (Wikipedia), nous renseigne sur le :

Port des différents grades de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis :
1) chevalier  ; 2) commandeur  ; 3) grand-croix



La décoration ajoutée à l'homme du portrait est donc celle d'un chevalier de l'Ordre de Saint-Louis !
Que le peintre ait oublié de dessiner la croix de l'Ordre du Saint-Esprit à d'Argenson est une chose, mais qu'il en fasse un chevalier de Saint-Louis alors qu'il était grand-croix dépasse la mesure...
Nous le voyons bien ici, sur cet autre portrait, portant fièrement ses deux décorations et dans un décor qui ressemble, pour le coup, à une bibliothèque.

Spoiler:

En revanche, devinez qui était chevalier de l'Ordre de Saint-Louis depuis 1770 ? Marc-Antoine Thierry de Ville d'Avray, bien sûr !
Ce que nous voyons sur son portrait en buste par Roslin, où il porte l'insigne à un ruban rouge sur sa poitrine gauche.

Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin

C’est de son épouse que L’Hotel de la Marine se decide de nous parler aujourd’hui :

je dirais même plus :





En ce qui concerne l’éventail offert par la reine qui est évoqué, serait-ce celui que l’on distingue sur la table de nuit ?





Clichés personnels

Cette brave dame ne mériterait elle pas son sujet d’ailleurs ?

Si fait ! Il faudra y songer ...

Ce portrait de Madame Thierry me paraît bien décalé par rapport à son âge

La dauphine connaissant des déboires vestimentaires dus à la gestion déficiente de sa dame d'atours, à défaut de pouvoir en changer, Madame Thierry entra au service de Marie-Antoinette avec le soutien de Mme Adélaïde afin d'améliorer la situation. (source : Marie-Antoinette l'affranchie, Sylvie Le Bras-Chauvot )

Marie-Jeanne a écrit:Ce portrait de Madame Thierry me paraît bien décalé par rapport à son âge .

En effet. C'est ce que je disais quelques messages en amont. A mon avis, ce portrait ne correspond pas à celui de l'épouse de l'Intendant.

La nuit, la neige a écrit:
Cécile-Marguerite Lemoine de Boullogne, épouse Thierry, est née en 1734 ! Pourquoi serait-elle habillée et coiffée comme à la mode de la fin du 17e siècle ??

Posté sur FB aujourd’hui :

Une torche enflammée dans la bouche... dis-donc !

Oui c'est chaud, hein...

Nous avions présenté récemment la Correspondance et mémoires de l'abbé de Salamon, l'informateur secret du pape sous la Révolution qui, lui, échappera aux massacres de la prison de l'Abbaye dans laquelle il est également enfermé.

Massacres commis à la prison de l'Abbaye du 2 au 7 septembre 1792
Jules-Adolphe Chauvet  (1828–1898)
Aquarelle, 19e siècle
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

Témoin de plusieurs mises à mort, mais pas de celles de Montmorin ou de Ville d'Avray, il achève son récit macabre par ces mots :

A maints égards, la Révolution fut une abjection. Comment s'étonner qu'un grand nombre d'enthousiastes de la première heure l'aient ensuite reniée et combattue ?

l'abbé de Salamon a écrit:
...  les massacres qui durèrent jusqu'au vendredi .  Le mercredi matin avant de sortir, j'aperçus par la fenêtre du violon, un membre de la commune ceint de son écharpe tricolore. Il avait près de lui un grand nombre de sacs d'argent, avec lequel il payait les assassins.

Chateaubriand se souvient, d'outre-tombe :


...  riante Révolution française ...

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