La reine Marie-Antoinette visite le domaine du Moulin Joly à Colombes en 1774

Ches amis,
Savez vous que dans le grand escalier de la mairie de Colombes (Hauts-de-Seine) se trouve fresque de 1932 par Loÿs Prat  La reine Marie-Antoinette visite le domaine du Moulin Joly à Colombes en 1774. ?
Leos
sources:: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:La_reine_Marie-Antoinette_visite_le_domaine_du_Moulin_Joly_à_Colombes_en_1774.jpg

Quelle découverte !!!  
Quelle trouvaille vous nous faites-là, mon cher Leos !!!  
Grand merci .
Peur-être y a-t-il là une piste à suivre pour trouver des détails sur cette promenade de Marie-Antoinette ?

J'adore ce tableau, très suave, une image de bonheur encore ...

Je trouve dans Mémoires de la Socit́é historique et archéologique de l'arrondissement de Pontoise et du Vexin, Volumes, 17–19, Société historique et archéologique de l'arrondissement de Pontoise et du Vexin ce extrait..

Voici deux cartes trouvées sur DELCAMPE montrant les lieux certainement en début de siècle.




Si on regarde la carte le bras de seine a été comblé et l'ile fait partie maintenant des berges, il semblerait qu'il y ait une patinoire !!!!

MARIE ANTOINETTE

Quelques brefs détails sur Moulin Joly :

Vers 1754, Claude Henri Watelet, conseiller du roi et receveur général des finances, conçut un parc à fabriques sur une ile de la Seine aujourd'hui disparue, située sur l’actuelle commune de  Colombes. Elle tirait son nom d’un moulin à eau déjà attesté au XVIe siècle. Grand amateur d'arts, et lui même peintre et graveur, Watelet comptait pour amis François Boucher, Fragonnard, d'Alembert et bien d'autres.


Le moulin, dessin de H.Watelet

Le lieu appartenait à Jacques Lecomte, procureur au Châtelet, et à son épouse Marguerite, pour lesquels furent érigés de vastes et confortables logements.


Maquette, ville de Colombes

En 1774, Watelet publia son Essai sur les jardins dans lequel il décrit Moulin Joly sans le nommer.
Cette année là Madame du Deffand écrivit : « ce jardin a été à la mode tout l’été. Le roi a prit la peine de le voir dans le plus grand détail. La reine s’y est promenée plusieurs fois, et l’exemple a été bientôt suivi de la ville et de la cour ».
En 1777, Joseph II visita les lieux à son tour.

Dans ses souvenirs, Madame Vigée Le Brun évoque longuement ce lieu enchanteur.

     « Ah! Que j'aurais aimé, chère amie, me promener avec vous dans les bois de Moulin-Joli! Voilà un de ces lieux qu'on n'oublie pas : si beau ! si varié ! pittoresque, élysien, sauvage, ravissant enfin. Représentez-vous une grande île, couverte de bois, de jardins, de vergers, que la Seine coupait par le milieu. On passait d'un bord à l'autre sur un pont de bateaux, garni des deux côtés par des caisses remplies de fleurs, que l'on renouvelait a chaque saison, et des bancs, placés de distance en distance, vous permettaient de jouir longtemps d'un air parfumé, et de points de vues admirables; de loin, ce pont qui se répétait dans l'eau produisait un effet. Des arbres de haute futaie, d'un ton très vigoureux, bordaient la rivière à droite; à gauche, la rive était couverte d'énormes peupliers et de grands saules pleureurs, dont les branches à douce verdure tombaient en berceau; un de ces saules entre autres, formait une énorme voûte, sous laquelle on se reposait, on rêvait avec délices. Je ne puis vous dire combien je me sentais heureuse dans ce beau lieu, auquel à mon gré, je n'ai rien vu de comparable.»

Après la mort de Watelet survenue au Louvre en 1786, elle se souvient aussi y avoir peint son beau portrait d' Hubert Robert.

« Plus tard, en 1788, Moulin-joli fut acheté par un nommé M. Gaudran, riche commerçant, qui m'invita avec ma famille à venir y passer un mois. Ce nouveau propriétaire n'entendait rien au pittoresque; je vis avec peine qu'il avait déjà gâté quelques parties de cet Élysée; heureusement les plus grandes beautés étaient restées intactes. Robert, le peintre de paysage, et moi, nous retrouvâmes tout l'enchantement que ce lieu nous avait déjà fait éprouver. C'est pendant ce voyage que je fis un de mes meilleurs portraits, celui de Robert, la palette à la main.»

Au XIXe siècle l’Ile de Moulin Joli et sa voisine l’ile Marante disparurent progressivement. À l’emplacement de cette dernière, s’étend aujourd’hui un vaste espace vert écologique dédié à la promenade, comme un écho lointain du délicieux parc à fabriques du XVIIIe siècle.

Merci, chère Marie-Jeanne .  

Marie-Jeanne a écrit:
Le lieu appartenait à Jacques Lecomte, procureur au Châtelet, et à son épouse Marguerite, pour lesquels furent érigés de vastes et confortables logements.


Maquette, ville de Colombes  

En effet, les Lecomte ne sont pas à l'étroit !  

La demeure comprend au rez-de-chaussée, outre des pièces à vivre (salle à manger, office), des chambres avec cabinets de toilette, et une salle de billard. Et aux premier et second étages, on trouve encore d’autres “appartements de maître avec chambres et cabinets en dépendant” ; tout cet “ensemble [paré de] tous les tableaux, glaces, boiseries, et armoires”. (...) En face, se tient, en fond de cour, “un autre grand bâtiment consistant en une grande cuisine, salle de commun, trois écuries, [et] au-dessus, (...) trois appartements de maître, et chambres des domestiques. (...) Le chemin du moulin [s’ouvre sur] une grille avec porte de fer”. Il mène aussi à “une grande écurie à vaches”, laquelle a fait l’objet de soins particuliers, tout à fait dans la veine “rocaille” et bucolique de l’époque. La bâtisse donne à voir “un vestibule décoré”, [et surtout] “une belle laiterie ornée de marbre blanc !”

Cette période faste dure plus de 30 ans, jusqu’à la mise en vente du domaine en 1786.
Plusieurs propriétaires se succèdent alors. L’abattage d’arbres et le manque d’entretien conduisent à l’ensablement du bras dont le débit d’eau ne suffit plus à faire marcher la roue à aubes. Le 20 juin 1811, le préfet de police ordonne la démolition du moulin menaçant ruine. Les lieux en perdent leur attrait et le domaine ne résiste pas aux multiples crues des décennies suivantes.   Les habitants ont bien élevé par intermittence des protections de terre, mais elles s’avèrent souvent impuissantes. Colombes, érigée en commune depuis 1790, peut espérer une construction d’envergure.
Le projet d’une digue aboutit en 1838.
L’emprise occupe toute la façade fluviale de Colombes, sur 3,7 km de long. Il s’agit d’un ouvrage important. Haute de près de 4 m, la digue présente une base de 14 m et une plateforme de 2 m à sa tête. Mais constituée de terre, cette barrière se fond dans le paysage ; recouverte d’herbes, elle s’assimile à une petite colline. Le célèbre tableau “Les Coquelicots” de Monet, peint probablement aux abords de la digue de Gennevilliers ou de celle de Colombes, en rend bien compte.

https://www.colombes.fr/documents/exemples/au_fil_de_la_seine.pdf

Ce devait être un endroit charmant .
Il me semble distinguer comme une longue passerelle sur pilotis ... non ?
Peut-être Marie-Antoinette l'a-t-elle empruntée !

Je me demande en fait si la Reine visite plusieurs fois Moulin-Joly quand elle commence à vouloir refaire les jardins de Trianon, et si ses visites se situent en amont de celles faites au jardin de M de Caraman ?

Sa première visite remonte à 1774 avec Louis XVI. Selon les témoignages il semble qu'elle s'y soit rendue plusieurs fois. Peut-être y a t-elle entrainé son époux dans l'idée d'obtenir les jardins à l'anglaise de son tout nouveau Trianon.
Si c'est le cas, elle a réussi.

Je regrette cependant les grandes serres de Louis XV, les plus belles de toute l'Europe à ce que l'on disait !

Bon jour, chers amis
La Reine a visité le jardin de M de Caraman le 29 juillet 1774. Selon le dossier concernant la réfection de la route, elle devait arriver au Moulin- Joli même 5 fois, avant le 19 juin 1774, pendant le séjour de la cour à La Muette. Le roi écrivit une note dans son journal du 16 juin": la promenade à cheval vers Moulin Joli / peut-être la reine l'accompagna / /par conséquent, sa seule visite correspondent à la lettre de correction/.
Cependant, la reine est y retournée plusieurs fois, par exemple, la note de Madame du Deffand se rapporte à l'année 1776
Le premier diner pour la famille royale au Trianon a eu lieu 6.6.1774.
Leos

quel beau modèle au musée de Colombes , qui donne une image de plus claire de ce à quoi il ressemblait ..

Oui n'est ce pas. Les maquettes sont toujours plus parlantes à nos yeux d'aujourd'hui.