Janvier 1789. Il fait très froid...
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Janvier 1789. Il fait très froid...
Janvier 1789 : il fait froid, très froid sur tout le royaume.
L'observatoire de Paris a transmis à nos journaux et gazettes que le 1er janvier, le soleil s'est levé à 07h52 et couché à 16h08.
Les réverbères à huile (qui ont succédé il y a peu à ceux aux chandelles, les fameuses "lanternes") sont allumés à 17h00 et éteints à 03h00 du matin. La Seine est prise par les glaces depuis plusieurs semaines (elle le sera pendant 56 jours), plus aucune barge, plus aucune embarcation n'y circule, causant de sérieux problèmes de ravitaillement (et tant pis pour ce voyageur moscovite de passage qui, sous les yeux stupéfaits des badauds, casse la glace sous le Pont-Neuf et plonge dans le trou ainsi creusé pour s'y baigner...). Il neige à Paris, sans discontinuer, il neige même dans le Midi. Le thermomètre ne dépasse pas zéro degré en journée, descend à moins 5, moins 10 la nuit, voire moins 17 à Versailles le soir du Réveillon. On atteint moins 20 en Alsace, tous les fleuves sont pris par les glaces, du Rhône à Lyon à la Garonne à Bordeaux en passant par le Rhin. Pareil pour Marseille où le port est gelé. Tout le trafic fluvial est à l'arrêt. Conséquence : le prix du bois s'envole, jusqu'à 15 jours de salaire d'un ouvrier pour une stère de bois.
Toutes les fontaines sont gelées, au grand désespoir des porteurs d'eau qui risquent l'accident en allant casser la glace sur les fleuves et rivières. Dans les maisons, les carafes d'eau et de vin gèlent si elles ne sont pas posées assez près du feu, le vin de messe gèle sur les autels. Dans les jardins, les oiseaux morts, gelés, s'entassent et se comptent par dizaines. On trouve des morts de froid sur toutes les routes, des sentinelles qui se sont endormies à leur poste ne se sont jamais réveillées... Des mères tendent leurs nouveaux-nés aux passants en criant : "Il a été baptisé, maintenant il peut crever de froid ou de faim !"
Dans les cours des hôtels, de grands feux brûlent en permanence, les marchandes de soupe sont prises d'assaut. Les rues sont envahies par la neige, les portefaix ne chôment pas : pour quelques sous, ils prennent une dame ou un passant sur leur dos pour lui faire traverser, ils aident à soulever un chariot qui a versé, à relever un cheval qui est tombé, se prenant les pattes dans les traits. A Paris, le curé de la paroisse Sainte-Marguerite met en place 18 marmites, chacune pouvant faire 125 soupes, renouvelées quatre fois par jour. Il procure ainsi une soupe chaude quotidienne à 8 000 personnes. Des souscriptions, des collectes, sont ouvertes pour recueillir de l'argent et des vêtements, des comités de bienfaisance s'organisent en hâte.
A Versailles, le Grand Canal est entièrement gelé, une couche de givre épaisse couvre les rebords de fenêtres dès l'aube. Dans les couloirs, l'air est glacial, les courtisans souffrent le martyre dans leurs petites pièces mansardées. Pas assez de cheminées, qui du reste tirent affreusement mal. Comble d'infortune : le bois fume mais ne brûle pas. Les tuyaux de la machine de Marly, servant à alimenter les fontaines, ne sont plus remplis que de glace.
A la campagne, seigneurs et curés rivalisent de charité, là-aussi de grands feux brûlent dans les cours des châteaux : entre s'y chauffer qui veut. Gabelous et faux-sauniers s'allient pour aller briser les glaces, chasser, poursuivre les voleurs de farine, les brigands ayant pillé les convois de grains. Le café, le thé, le chocolat, n'arrivent plus, il faut escorter les rares convois qui parviennent à passer. Des ponts ont été emportés, les roues des chariots cassent, les attelages versent... Le sol est gelé sur 50 centimètres de profondeur, les pierres éclatent, les puits gèlent, les cloches des églises se fendent... Dans le Midi, tous les oliviers sont gelés sur place.
Toute l'Europe est à la même enseigne. Au Nord, c'est le supplice : à Londres, on compte 65 centimètres de neige, on traverse la Tamise à pied. Les anglais tentent de voir le bon côté des choses et installent des boutiques et stands à même le fleuve, créant ainsi un véritable marché sur glace. Les astronomes de Greenwich parlent d'un hiver encore plus terrible que celui de 1740, de sinistre mémoire. L'Irlande est sous la neige. En Belgique, en Hollande, la mer est prise par les glaces jusqu'à quatre lieux du rivage, du jamais vu. Un vent glacial venu de l'est ne fait qu'empirer les choses. A Copenhague, huit vaisseaux russes en escale se sont retrouvés bloqués par les glaces et ont dû être secourus.
Cet hiver terrible (et d'autant plus inattendu que l'automne 1788 avait été d'une très grande douceur) a débuté le mardi 25 novembre 1788 et s'est terminé officiellement le samedi 17 janvier 1789. A partir de cette date, les températures remontent, la glace fond. Ce qui entraîne d'autres catastrophes : sur certains fleuves, la glace craque, cède, libérant des flots impétueux qui emportent tout sur leur passage, des ponts, des maisons, des moulins, sont balayés. A Tours, on retrouve des blocs de glace projetés jusqu'à 40 mètres... Le 25 janvier, un pont est emporté au moment où passe la voiture des messageries, les deux chevaux de tête se retrouvent dans le vide, suspendus par les rênes, menaçant d'entraîner tout l'attelage. Faisant preuve de sang-froid, le cocher parvient à couper les rênes, sacrifiant les deux pauvres quadrupèdes pour sauver les deux autres et la caisse où les passagers en sont quittes pour la peur.
Des gelées tardives seront encore présentes jusqu'en avril...
(Sources : Arthur Conte, "Le 1er janvier 1789", infoclimat.fr, histoire-en-questions.fr)
L'observatoire de Paris a transmis à nos journaux et gazettes que le 1er janvier, le soleil s'est levé à 07h52 et couché à 16h08.
Les réverbères à huile (qui ont succédé il y a peu à ceux aux chandelles, les fameuses "lanternes") sont allumés à 17h00 et éteints à 03h00 du matin. La Seine est prise par les glaces depuis plusieurs semaines (elle le sera pendant 56 jours), plus aucune barge, plus aucune embarcation n'y circule, causant de sérieux problèmes de ravitaillement (et tant pis pour ce voyageur moscovite de passage qui, sous les yeux stupéfaits des badauds, casse la glace sous le Pont-Neuf et plonge dans le trou ainsi creusé pour s'y baigner...). Il neige à Paris, sans discontinuer, il neige même dans le Midi. Le thermomètre ne dépasse pas zéro degré en journée, descend à moins 5, moins 10 la nuit, voire moins 17 à Versailles le soir du Réveillon. On atteint moins 20 en Alsace, tous les fleuves sont pris par les glaces, du Rhône à Lyon à la Garonne à Bordeaux en passant par le Rhin. Pareil pour Marseille où le port est gelé. Tout le trafic fluvial est à l'arrêt. Conséquence : le prix du bois s'envole, jusqu'à 15 jours de salaire d'un ouvrier pour une stère de bois.
Toutes les fontaines sont gelées, au grand désespoir des porteurs d'eau qui risquent l'accident en allant casser la glace sur les fleuves et rivières. Dans les maisons, les carafes d'eau et de vin gèlent si elles ne sont pas posées assez près du feu, le vin de messe gèle sur les autels. Dans les jardins, les oiseaux morts, gelés, s'entassent et se comptent par dizaines. On trouve des morts de froid sur toutes les routes, des sentinelles qui se sont endormies à leur poste ne se sont jamais réveillées... Des mères tendent leurs nouveaux-nés aux passants en criant : "Il a été baptisé, maintenant il peut crever de froid ou de faim !"
Dans les cours des hôtels, de grands feux brûlent en permanence, les marchandes de soupe sont prises d'assaut. Les rues sont envahies par la neige, les portefaix ne chôment pas : pour quelques sous, ils prennent une dame ou un passant sur leur dos pour lui faire traverser, ils aident à soulever un chariot qui a versé, à relever un cheval qui est tombé, se prenant les pattes dans les traits. A Paris, le curé de la paroisse Sainte-Marguerite met en place 18 marmites, chacune pouvant faire 125 soupes, renouvelées quatre fois par jour. Il procure ainsi une soupe chaude quotidienne à 8 000 personnes. Des souscriptions, des collectes, sont ouvertes pour recueillir de l'argent et des vêtements, des comités de bienfaisance s'organisent en hâte.
A Versailles, le Grand Canal est entièrement gelé, une couche de givre épaisse couvre les rebords de fenêtres dès l'aube. Dans les couloirs, l'air est glacial, les courtisans souffrent le martyre dans leurs petites pièces mansardées. Pas assez de cheminées, qui du reste tirent affreusement mal. Comble d'infortune : le bois fume mais ne brûle pas. Les tuyaux de la machine de Marly, servant à alimenter les fontaines, ne sont plus remplis que de glace.
A la campagne, seigneurs et curés rivalisent de charité, là-aussi de grands feux brûlent dans les cours des châteaux : entre s'y chauffer qui veut. Gabelous et faux-sauniers s'allient pour aller briser les glaces, chasser, poursuivre les voleurs de farine, les brigands ayant pillé les convois de grains. Le café, le thé, le chocolat, n'arrivent plus, il faut escorter les rares convois qui parviennent à passer. Des ponts ont été emportés, les roues des chariots cassent, les attelages versent... Le sol est gelé sur 50 centimètres de profondeur, les pierres éclatent, les puits gèlent, les cloches des églises se fendent... Dans le Midi, tous les oliviers sont gelés sur place.
Toute l'Europe est à la même enseigne. Au Nord, c'est le supplice : à Londres, on compte 65 centimètres de neige, on traverse la Tamise à pied. Les anglais tentent de voir le bon côté des choses et installent des boutiques et stands à même le fleuve, créant ainsi un véritable marché sur glace. Les astronomes de Greenwich parlent d'un hiver encore plus terrible que celui de 1740, de sinistre mémoire. L'Irlande est sous la neige. En Belgique, en Hollande, la mer est prise par les glaces jusqu'à quatre lieux du rivage, du jamais vu. Un vent glacial venu de l'est ne fait qu'empirer les choses. A Copenhague, huit vaisseaux russes en escale se sont retrouvés bloqués par les glaces et ont dû être secourus.
Cet hiver terrible (et d'autant plus inattendu que l'automne 1788 avait été d'une très grande douceur) a débuté le mardi 25 novembre 1788 et s'est terminé officiellement le samedi 17 janvier 1789. A partir de cette date, les températures remontent, la glace fond. Ce qui entraîne d'autres catastrophes : sur certains fleuves, la glace craque, cède, libérant des flots impétueux qui emportent tout sur leur passage, des ponts, des maisons, des moulins, sont balayés. A Tours, on retrouve des blocs de glace projetés jusqu'à 40 mètres... Le 25 janvier, un pont est emporté au moment où passe la voiture des messageries, les deux chevaux de tête se retrouvent dans le vide, suspendus par les rênes, menaçant d'entraîner tout l'attelage. Faisant preuve de sang-froid, le cocher parvient à couper les rênes, sacrifiant les deux pauvres quadrupèdes pour sauver les deux autres et la caisse où les passagers en sont quittes pour la peur.
Des gelées tardives seront encore présentes jusqu'en avril...
(Sources : Arthur Conte, "Le 1er janvier 1789", infoclimat.fr, histoire-en-questions.fr)
Calonne- Messages : 1098
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Quel cauchemar !!
Nous sommes encore dans ce que les climatologues nomment le " Petit âge glaciaire ", une période de refroidissement climatique ayant touché l'hémisphère nord entre les XIIIe et XIXe siècles.
Nous sommes encore dans ce que les climatologues nomment le " Petit âge glaciaire ", une période de refroidissement climatique ayant touché l'hémisphère nord entre les XIIIe et XIXe siècles.
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Oui, cette terrible année commençait de façon tragique...
Même à Versailles, on se caillait pour parler familièrement. Arthur Conte nous rapporte que "si incroyable que cela paraisse, le château ne possède pas une seule pièce où faire sécher le bois de chauffe. Le bois fume mais ne brûle pas, impossible de trouver une bûche qui ne soit pas humide dans tout le château, des caves au grenier".
Pour les seuls appartements du roi, on commande pour la semaine "123 coudes de bois, 1200 fagots et 2400 boisseaux de charbon (un boisseau = 13 litres), 6 flambeaux de cire blanche, 6 de cire jaune, 200 bougies blanches, 100 petites bougies blanches, 50 bougies jaunes et 100 livres de chandelle..."
Même à Versailles, on se caillait pour parler familièrement. Arthur Conte nous rapporte que "si incroyable que cela paraisse, le château ne possède pas une seule pièce où faire sécher le bois de chauffe. Le bois fume mais ne brûle pas, impossible de trouver une bûche qui ne soit pas humide dans tout le château, des caves au grenier".
Pour les seuls appartements du roi, on commande pour la semaine "123 coudes de bois, 1200 fagots et 2400 boisseaux de charbon (un boisseau = 13 litres), 6 flambeaux de cire blanche, 6 de cire jaune, 200 bougies blanches, 100 petites bougies blanches, 50 bougies jaunes et 100 livres de chandelle..."
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J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1098
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
De grands feux étaient allumés en pleine rue auxquels les miséreux venaient essayer de se réchauffer .
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Dans les cours des hôtels ou des châteaux en province également. Mais le bois coûtait une fortune, les approvisionnements étant bloqués par la neige ou les glaces.
Plus d'eau également, sinon en cassant la glace.
Aux bains du quai d'Orsay, la fontaine de Belle-Chasse, bien abritée, fonctionnait toujours et toute personne pouvait venir s'y approvisionner en eau potable, de 08h00 du matin à 16h00.
Plus d'eau également, sinon en cassant la glace.
Aux bains du quai d'Orsay, la fontaine de Belle-Chasse, bien abritée, fonctionnait toujours et toute personne pouvait venir s'y approvisionner en eau potable, de 08h00 du matin à 16h00.
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Calonne- Messages : 1098
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Merci à tous pour cet intéressant sujet - l'occasion de parcourir cette chronique publiée hier :
On se gèle au pays des Lumières ! Lutter contre le froid au XVIIIᵉ siècle
On se gèle au pays des Lumières ! Lutter contre le froid au XVIIIᵉ siècle
Gouverneur Morris- Messages : 11702
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Comme quoi la météo joue sur la politique, même actuellement....
Mr ventier- Messages : 1126
Date d'inscription : 18/11/2020
Age : 58
Localisation : Rouen normandie
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Tiens ! C'est la première fois que je remarque le jeune garçon qui agite son chapeau à la lucarne de la maison .
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
L'hiver de 1789 achève de développer le principe révolutionnaire qui depuis deux ans fermente dans toutes les têtes, écrit Léonard. " Ajoutez la misère à toute oppression politique et vous aurez bientôt une révolution. Ce qui contribua peut-être beaucoup à faire éclater la nôtre, ce fut le luxe que les grands firent surgir le soir même des calamités qui accablaient le peuple, sous l'influence d'un froid descendu à dix-sept degrés. Tout est sujet de jouissance pour le riche, la Cour de France se changea en Cour du Nord, elle adopta les usages russes et polonais. Des traineaux magnifiques glissèrent dans les rues, nos grands seigneurs, nos dames, enveloppés d'immenses pelisses de velours fourrées et garnies de brandebourgs d'or, semblèrent, en rasant le sol comme des hirondelles, insulter à la presque nudité grelottante du pauvre. Tout valet de bonne maison est devenu Cosaque, Bashir ou Moujik. Ces traineaux aux formes de dragons, de sirènes, d'hippogriffes, le riche harnachement des chevaux qui les traînaient en se jouant, le son argentin des sonnettes dont les attelages étaient couverts, la rapidité de flèche avec laquelle tout cela se passait et se succédait, offrait un tableau aussi animé que pittoresque qui charmait le regard du spectateurs sans inquiétude sur ses besoins, mais qui ajoutait à l'irritation des classes souffrantes . "
La reine a assez de sagesse pour ne point adopter " la folie polonaise " , et le roi lui en sait gré .
La famille royale sort chaque jour visiter les chaumières, " pour y répandre l'or de la bienfaisance ", selon Léonard, les détracteurs de cette illustre famille ne veulent voir dans ces apparitions sous le chaume d'aussi illustres personnages, qu'une envieuse concurrence avec la famille d'Orléans. Dans le même temps il est vrai qu'elle secoure avec une active sollicitude les pauvres de la capitale et Léonard ne prétend pas diminuer le mérite des actions charitables auxquelles la Maison d'Orléans s'abandonne alors, mais, ajoute-t-il, si en jugeant les bonnes actions il est permis de voir une arrière-pensée au-delà des motifs qui les dirigent, " Monsieur le duc d'Orléans pouvait être soupçonné d'obéir à quelque chose de pareil. En effet, ce fut au grand profit de sa renommée que ce prince, naguère exilé à cause de ses vues patriotiques, revenait au milieu des Parisiens pour mettre en action les sentiments populaires qu'il avait précédemment émis en principes. Cette marche de popularité porta ses fruits au printemps de l'année 1789 : les groupes qui, l'année précédente, s'étaient formés dans le jardin du Palais Royal, y reparurent plus compacts et plus animés."
Le Palais Royal est devenu un centre d'opposition hostile.
La reine a assez de sagesse pour ne point adopter " la folie polonaise " , et le roi lui en sait gré .
La famille royale sort chaque jour visiter les chaumières, " pour y répandre l'or de la bienfaisance ", selon Léonard, les détracteurs de cette illustre famille ne veulent voir dans ces apparitions sous le chaume d'aussi illustres personnages, qu'une envieuse concurrence avec la famille d'Orléans. Dans le même temps il est vrai qu'elle secoure avec une active sollicitude les pauvres de la capitale et Léonard ne prétend pas diminuer le mérite des actions charitables auxquelles la Maison d'Orléans s'abandonne alors, mais, ajoute-t-il, si en jugeant les bonnes actions il est permis de voir une arrière-pensée au-delà des motifs qui les dirigent, " Monsieur le duc d'Orléans pouvait être soupçonné d'obéir à quelque chose de pareil. En effet, ce fut au grand profit de sa renommée que ce prince, naguère exilé à cause de ses vues patriotiques, revenait au milieu des Parisiens pour mettre en action les sentiments populaires qu'il avait précédemment émis en principes. Cette marche de popularité porta ses fruits au printemps de l'année 1789 : les groupes qui, l'année précédente, s'étaient formés dans le jardin du Palais Royal, y reparurent plus compacts et plus animés."
Le Palais Royal est devenu un centre d'opposition hostile.
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Gouverneur Morris a écrit:(...) l'occasion de parcourir cette chronique publiée hier :
On se gèle au pays des Lumières ! Lutter contre le froid au XVIIIᵉ siècle
Merci pour le lien.
Article intéressant, notamment au sujet du contraste apparent entre les intérieurs français, peu ou mal chauffés, et les intérieurs russes, surchauffés grâce à leurs fameux poêles, bien plus efficaces que nos cheminées.
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Si la question vous intéresse, je vous conseille l'excellent livre de O. Jandot :
http://www.champ-vallon.com/olivier-jandot-les-delices-du-feu/
Il y présente une passionnante étude de la sensibilité au chaud, mais surtout au froid.
Il y décrit les poêles allemands et leur efficacité. Il propose aussi certaines hypothèse quant au choix inconscient des français de ne pas adopter les poêles, même si ceux-ci se développent modestement à partir du milieu du XVIIIe.
http://www.champ-vallon.com/olivier-jandot-les-delices-du-feu/
Il y présente une passionnante étude de la sensibilité au chaud, mais surtout au froid.
Il y décrit les poêles allemands et leur efficacité. Il propose aussi certaines hypothèse quant au choix inconscient des français de ne pas adopter les poêles, même si ceux-ci se développent modestement à partir du milieu du XVIIIe.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Vers 1780 on trouve des poêles dans Hôtel-Dieu et hôpital de charité, mais certains hygiénistes ne trouvent pas cela sain, car les malades s'y blottissent, promiscuité considérée malsaine.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
C'est dommage. Ils sont tellement magnifiques, ces poêles en céramique ! ( en Russie, avec le samovar qui fume )
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Chez nous il n y a pas des chateaux sans ces poêles en céramique ..
Mais à Versailles au temps de la reine, des poêles d'un certain type ont été installés ... par exemple, les suédois dans le chambre du comte Fersen au haut, ou même dans ses propres petites appartements?
Leos
Mais à Versailles au temps de la reine, des poêles d'un certain type ont été installés ... par exemple, les suédois dans le chambre du comte Fersen au haut, ou même dans ses propres petites appartements?
Leos
Leos- Messages : 793
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 54
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Lucius a écrit:Vers 1780 on trouve des poêles dans Hôtel-Dieu et hôpital de charité, mais certains hygiénistes ne trouvent pas cela sain, car les malades s'y blottissent, promiscuité considérée malsaine.
On en trouve alors surtout un dans les petits appartements de la reine à Versailles, suédois celui-là
Gouverneur Morris- Messages : 11702
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Calonne a écrit:Janvier 1789 : il fait froid, très froid sur tout le royaume.
Au Mans, à cette époque-là :
"Le dégel, après plus de deux mois de froid, a commencé le mardy 13 janvier ; la neige a été sur la terre depuis le 5 décembre 1788. Le froid a été on ne peut pas plus fort et il y a eu une grande misère ; mais les pauvres ont été bien soulagés par le bureau de charité. Malgré cela, les pauvres et les ouvriers pauvres ont été piller et rompre les bois des environs de la Ville, surtout les sapins."
Journal d'un chanoine du Mans (Mr Nepveu de la Manouillère - 1759-1807)
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Mme de Sabran a écrit:La reine a assez de sagesse pour ne point adopter " la folie polonaise " , et le roi lui en sait gré.
Elle s'en était déjà pris plein la figure quand elle avait fait du traîneau certains hivers autrefois... Chat échaudé craint l'eau froide...
Calonne- Messages : 1098
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
La nuit, la neige- Messages : 18057
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
N'oublions pas surtout comment se ramonaient les cheminées.
C'étaient les "petits savoyards" qui s'en chargeaient, une corporation de gamins qui parcouraient les rues. Et de quelle façon...
" Il est bien cruel de voir un pauvre enfant de huit ans, les yeux bandés et la tête couverte d'un sac, monter des genoux et du dos dans une cheminée étroite et haute de cinquante pieds, ne pouvoir respirer qu'au sommet, redescendre comme il est monté, au risque de se rompre le col et, la bouche remplie de suie, étouffant presque, les paupières chargées, vous demander cinq sous pour prix du danger et de ses peines".
C'étaient les "petits savoyards" qui s'en chargeaient, une corporation de gamins qui parcouraient les rues. Et de quelle façon...
" Il est bien cruel de voir un pauvre enfant de huit ans, les yeux bandés et la tête couverte d'un sac, monter des genoux et du dos dans une cheminée étroite et haute de cinquante pieds, ne pouvoir respirer qu'au sommet, redescendre comme il est monté, au risque de se rompre le col et, la bouche remplie de suie, étouffant presque, les paupières chargées, vous demander cinq sous pour prix du danger et de ses peines".
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J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1098
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Pauvres petits Savoyards ... celui-là a pourtant l'air tout réjoui !
Merci, cher la nuit, la neige, pour ce long texte très explicatif de Mercier .
Qu'est-ce donc que la " cheminée à glace transparente, tournée vers la campagne et ne dérobant rien à la vue quand on se chauffe " ?!
Il est bien vrai qu'elles fument toutes, mais c'est si bon une grosse flambée ...
Mercier est visionnaire :
Qu'eût-il dit s'il avait su l'industrialisation des temps futurs, avec son cortège de calamités écologiques dont nous commençons tout juste à payer le prix ?
Merci, cher la nuit, la neige, pour ce long texte très explicatif de Mercier .
Qu'est-ce donc que la " cheminée à glace transparente, tournée vers la campagne et ne dérobant rien à la vue quand on se chauffe " ?!
Il est bien vrai qu'elles fument toutes, mais c'est si bon une grosse flambée ...
Mercier est visionnaire :
Qu'eût-il dit s'il avait su l'industrialisation des temps futurs, avec son cortège de calamités écologiques dont nous commençons tout juste à payer le prix ?
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Merci LNLN, je possède quelques volumes du Tableau de Paris imprimés dans les années 1780, c'est une très fascinante lecture, je ne m'en lasse jamais !
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Mme de Sabran a écrit:Qu'est-ce donc que la " cheminée à glace transparente, tournée vers la campagne et ne dérobant rien à la vue quand on se chauffe " ?!
On avait réussi au XVIIIème siècle à placer des cheminées en-dessous de vitre(s) ou entre deux cloisons, et non plus nécéssairement sur un mur aveugle à cause du conduit. De mémoire, Louis XVI avait une cheminée de ce type dans ses appartements à Saint-Cloud, la vitre donnant sur l'extérieur.
Un exemple plus tardif vu à l'Hôtel de Lassay :
cliché personnel
Vu sur le Net :
Gouverneur Morris- Messages : 11702
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Merci, mon cher Momo, grâce à toi, je comprends tout.
Ta deuxième photo est fascinante !
Ta deuxième photo est fascinante !
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Janvier 1789. Il fait très froid...
Oui, même de nos jours, cela surprend encore
Gouverneur Morris- Messages : 11702
Date d'inscription : 21/12/2013
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