Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
4 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
Page 1 sur 1
Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Mary Robinson ( 1758 - 1800 )
Mary Robinson portrait par Gainsborough
Image WIKI
Mary Darby alias «Perdita» (1758-1800), actrice et poétesse anglaise, est née à Bristol le 27 novembre 1758. Son père était capitaine d'un baleinier .
Ses Mémoires commencent par l'histoire de sa naissance, par une nuit orageuse dans un sombre manoir de Bristol, nettement inspirée de la naissance de la Perdita de Shakespeare.
A près de onze ans, Mary termine ses études à Oxford-House, Marylebone. Elle prend plaisir à écrire déjà des vers, voudrait composer une tragédie. Elle envisage pour la première fois la possibilité d'une carrière dramatique quand elle est découverte par David Garrick, l'une des figures les plus importantes du théâtre britannique du XVIII siècle. Elle a quatorze ans. Garrick est l'auteur d'une quarantaine de pièces de théâtre. En 1769, il organise le Shakespeare Jubilee à l'occasion du 205e anniversaire de la naissance de Shakespeare.
Il entretient une correspondance régulière, basée sur une réflexion sur son métier, avec des auteurs et acteurs du théâtre français comme Diderot ou Madame Riccoboni.Garric
par Thomas Gainsborough
image WIKI
En 1774, Thomas Robinson, avocat à Londres, commence à courtiser Mary. Sur les instances de ses parents, Marie, qui est à ce moment-là malade de la variole, accepte et les bans sont publiés alors qu'elle est clouée au lit. Elle va avoir seize ans.
Mary, obligée de renoncer à ses aspirations théâtrales professionnelles, se résigne à un autre genre de spectacle: «J'ai maintenant fait mes débuts, quoique à peine sortis des frontières de L'enfance, dans le vaste hémisphère de la folie à la mode ». Elle décrit sa première sortie publique en tant qu'épouse aux jardins Ranelagh à Chelsea:«Mon habit était si singulièrement simple, et semblable à un quaker que tous les yeux étaient fixés sur moi. - ... Mes cheveux étaient sans poudre, et ma tête était ornée d'un bonnet rond uni, avec un chapeau de puce blanche, sans aucun ornement. quoi que ce soit ". Mary met l'accent sur la simplicité de son costume, mais elle jouit de se sentir attirante.
Cependant, lorsque Thomas est arrêté deux ans plus tard et incarcéré pour dettes, Mary déclare qu'elle ne se séparera pas de lui, en tant que sa fidèle épouse et mère de son enfant. Les voici tous trois incarcérés à la prison de King's Bench.
Les neuf mois pendant lesquels elle et sa petite fille sont confinées entre ces tristes murailles, Marie assume le rôle d'épouse souffrante mais fidèle:
Mary avait été une enfant précoce et encouragée à écrire des vers, eh bien ! pendant son séjour à la prison de King's Bench, elle termine un recueil qui sera publié en deux volumes en 1775.
À sa libération, grâce à Carrick, elle a obtenu un engagement à Drury Lane, faisant une première apparition réussie.
Mary incarne Perdita dans l'adaptation de Garrick de The Winter's Tale de Shakespeare.
Le Conte d'hiver est habituellement classé dans les « romances tardives » de Shakespeare qui nous y conte les amours contrariées du prince Florizel et la bergère Perdita. Mary Robinson
par Claudia Martinez
Lorsque Mary approche du point de ses Mémoires où elle jouera Perdita et entrera dans sa tristement célèbre histoire d'amour avec le prince de Galles, son ton change. A ce stade du récit l'histoire de Perdita se mêle étrangement à celle de Mary.
Le prince de Galles, cette année 1780
par Richard Cosway
Image WIKI
La beauté de Mary captiva totalement George, prince de Galles ( le futur George IV.), alors dans sa dix-huitième année.
La soirée d'ouverture arrive, et pendant son appel au rideau, «mes yeux rencontrèrent ceux du prince de Galles; et, d'un regard que je n'oublierai jamais, il inclina doucement la tête, une seconde fois; je sentis le compliment et rougis de gratitude " .
Dans une lettre qu'il écrit à un ami, le prince décrit comment Mary "a été attaquée pour m'avoir adressé tous les discours tendres qu'elle aurait dû adresser au prince Florizel ... » .
L'illusion continue dans les Mémoires quand Mary décrit une lettre qu'elle reçoit quelques jours plus tard du Prince de Galles «adressée " à Perdita " ... Elle ne contenait que quelques mots, mais ceux qui étaient plus expressifs que la courtoisie commune; ils étaient signés 'Florizel'» .
De nombreuses autres lettres du prince suivent sa déclaration initiale, mais Marie refuse de le rencontrer. Bien qu'elle l'ait trouvé "le plus aimable des hommes" et qu'il lui ait donné "une assurance d'affection inviolable" tous les jours, elle écrit qu'elle conseille au prince de ne pas déclarer publiquement son amour par crainte d'encourir le mécontentement de «la famille de Son Altesse Royale». Elle l'exhorte également à se souvenir que :
Dans l'une des dernières anecdotes Mary décrit comment le prince propose qu'elle vienne à son appartement «sous un déguisement masculin. J'avais l'habitude de jouer dans ce costume, mais je me suis résolument opposée à ce plan. L'indélicatesse d'une telle démarche, ainsi que le danger d'être découverte, m'ont fait reculer devant la proposition " .
C'est une anecdote poignante qui rappelle que le théâtre avait été pour elle une scène à part, un espace de fictive liberté où elle pourrait jouer plusieurs rôles et avoir une certaine autonomie féminine en dehors des rôles culturels restrictifs d'épouse et de maîtresse, car Mary soutient ardemment les idées nouvelles et défend les droits de la femme. Maintenant, avec le recul, elle se rend compte que l'issue de sa liaison avec le prince ne pouvait être exactement que ce qu'elle craignait. Il la rejettera comme un objet de scandale et cela sonnera la fin de sa carrière théâtrale.
« Perdita »était essentiellement un euphémisme pour« putain » ... Mary ne s'est jamais désignée elle-même par ce nom». En même temps, «la figure de Perdita fait partie intégrante de la célébrité de Mary Robinson», car c'est sa liaison avec le prince qui l'a lancée sur la plus grande scène publique au-delà de Drury Lane . Malgré ses associations sordides, "Perdita" n'a donc pas toujours été une épithète négative pour Mary. Lisa M. Wilson cite même la popularité de la "Perdita Chemise", par exemple, comme preuve du pouvoir marketing de l'actrice (et de son surnom)
La perte de sa fille nouveau-née Sophia et les infidélités financières et conjugales persistantes qu'elle endurait ajoutent à ce sentiment d'angoisse croissant .
Mary fut pendant environ deux ans la maîtresse du prince de Galles, puis il la quitta ne lui laissant aucune rente régulière. Elle se mit à souffrir de rhumatisme articulaire aigu et d'une infection subséquente qui la laissa partiellement paralysée. Depuis le début de leur liaison, Robinson n'était plus connue et chansonnée que sous le nom de «Perdita», un nom qui la fustigeait dans les caricatures satiriques, les poèmes, les faux mémoires et les lettres jusqu'à sa mort à l'âge de quarante-deux ans. Comme le montre clairement cette fusion peu flatteuse de Mary Robinson et du Prince, la brève union a fait de «Perdita» une prostituée. En raison de l'hostilité de l'opinion publique, elle craignit de revenir sur scène, mais elle publia encore quelques volumes de ses écrits, poèmes, pièces de théâtre, romans, essais ...
____________________
Il existe de nombreux portraits charmants de «Perdita»; deux de la Wallace Collection, de Reynolds et de Gainsborough, révèlent «sa beauté grave et raffinée». Hoppner, Cosway et Romney l'ont également peinte.
Mary Robinson as Perdita
by Hoppner
__________________
Lauzun, nous nous en souvenons, était très épris de la marquise de Coigny avec qui il partagea une idylle platonique .
Ce qui ne l’empêcha pas de rendre des soins à Mme Robinson, célèbre par ses amours avec le prince de Galles, sous le nom de Perdita, et de l’avoir.
Et il ne le cache nullement à la marquise. « Qu’importent mes actions, se dit-il sans cesse, si elle peut lire dans mon cœur ? » Perdita partant pour Londres, il l’accompagne jusqu’à Calais, et il a l’air de lui sacrifier la marquise avec qui il devait dîner chez Mme de Gontaut. Cependant il lui écrit et saisit cette occasion bizarre de l’assurer qu’il l’adorera toute sa vie. « Il n’y avait pas d’autre femme qui put m’entendre. Mme de Coigny me comprit parfaitement, me crut et m’écrivit, sans répondre à ma déclaration…
https://fr.wikisource.org/wiki/Un_Amour_platonique_au_XVIIIe_si%C3%A8cle_-_Madame_de_Coigny_et_Lauzun
https://openjournals.libs.uga.edu/borrowers/article/view/2289/2258
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mary_Robinson_(po%C3%A8te)
https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Garrick
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Amanda Foreman n'est pas tendre pour Perdita, pour autant que je me souvienne .
Je tâcherai de retrouver l'extrait .
Il faut d'abord que je remette la main sur mon livre !
Ah, j'oubliais :
Mary eut, plus tard, une liaison intime avec Fox qui l'exploita également sans vergogne. ( WIKI )
Je tâcherai de retrouver l'extrait .
Il faut d'abord que je remette la main sur mon livre !
Ah, j'oubliais :
Mary eut, plus tard, une liaison intime avec Fox qui l'exploita également sans vergogne. ( WIKI )
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Ah ! voici :
Lors de sa première sortie à Drury Lane en 1779, le prince assiste à une représentation du Conte d'Hiver et tombe aussitôt amoureux de Mary Robinson, jeune actrice de vingt et un an et protégée de Georgiana. Mary, ravie d'étaler leur liaison au grand jour, va jusqu'à faire peindre une imitation des armoiries de son amant sur son carrosse. Le prince, naïf, lui écrit des lettres très explicites dans lesquelles il l'appelle " Perdita " , le rôle qu'elle joue dans la pièce, et qu'il signe " Florizel ". Comme toute femme cupide et rusée, elle conserve précieusement ces déclarations d'adolescent, dans lesquelles il lui promet une fortune dès qu'il aura atteint sa majorité.
Plus tard, lorsqu'il se sera lassé d'elle, elle s'en servira pour le faire chanter . ( ... )
Le prince avait participé avec Fox, lord Chomondeley et lord George Cavendish à un tournoi pour les faveurs des trois plus célèbres courtisanes de l'époque : Perdita, Grace Dalrymple et Mrs Armistead .
( Amanda Foreman,Georgiana, Duchesse de Devonshire )
J'ai posté hier dans le sujet de nos " portraits au manchon " cette Perdita du peintre Georges Romney :
Lors de sa première sortie à Drury Lane en 1779, le prince assiste à une représentation du Conte d'Hiver et tombe aussitôt amoureux de Mary Robinson, jeune actrice de vingt et un an et protégée de Georgiana. Mary, ravie d'étaler leur liaison au grand jour, va jusqu'à faire peindre une imitation des armoiries de son amant sur son carrosse. Le prince, naïf, lui écrit des lettres très explicites dans lesquelles il l'appelle " Perdita " , le rôle qu'elle joue dans la pièce, et qu'il signe " Florizel ". Comme toute femme cupide et rusée, elle conserve précieusement ces déclarations d'adolescent, dans lesquelles il lui promet une fortune dès qu'il aura atteint sa majorité.
Plus tard, lorsqu'il se sera lassé d'elle, elle s'en servira pour le faire chanter . ( ... )
Le prince avait participé avec Fox, lord Chomondeley et lord George Cavendish à un tournoi pour les faveurs des trois plus célèbres courtisanes de l'époque : Perdita, Grace Dalrymple et Mrs Armistead .
( Amanda Foreman,Georgiana, Duchesse de Devonshire )
J'ai posté hier dans le sujet de nos " portraits au manchon " cette Perdita du peintre Georges Romney :
Dernière édition par Mme de Sabran le Mar 23 Mar 2021, 17:13, édité 1 fois
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Amanda Foreman a écrit:Le prince avait participé avec Fox, lord Chomondeley et lord George Cavendish à un tournoi pour les faveurs des trois plus célèbres courtisanes de l'époque : Perdita, Grace Dalrymple et Mrs Armistead .
C'est si vrai que c'est Grace Dalrymple qui supplanta Perdita dans le coeur du prince de Galles.
J'ajoute que Miss Dalrymple n'est autre que la Grace Elliott du duc d'Orléans ( dont les Mémoires ont inspiré le film L'Anglaise et le Duc d'Eric Rohmer ).
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t407-l-anglaise-et-le-duc-d-eric-rohmer#6240
Dernière édition par Mme de Sabran le Mar 23 Mar 2021, 17:12, édité 2 fois
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Mme de Sabran a écrit:
J'ajoute que Miss Dalrymple n'est autre que la Grace Elliott du duc d'Orléans ( dont les Mémoires ont inspiré le film L'Anglaise et le Duc d'Eric Rohmer ).
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t407-l-anglaise-et-le-duc-d-eric-rohmer#6240
Très beau film sur l'époque révolutionnaire
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Petite précision, car j'ai un membre du clan parmi mes clients et que, comme tout un chacun ici, j'ai estropié son nom pendant des lustres tant cette consonance écossaise parait curieuse à l'oreille française :
c'est Dalrymple et non Darlymple
c'est Dalrymple et non Darlymple
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Bah oui c'est Dalrymple. Pour mon oreille batave ça résonne parfaitement normal
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Merci, mon cher Momo, pour ce petit rectificatif salutaire .Gouverneur Morris a écrit:Petite précision, car j'ai un membre du clan parmi mes clients et que, comme tout un chacun ici, j'ai estropié son nom pendant des lustres tant cette consonance écossaise parait curieuse à l'oreille française :
c'est Dalrymple et non Darlymple
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Mary Robinson a été la première britannique à porter la chemise à la reine, rapportée de France après un passage chez Melle Bertin.
_________________
« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Mais oui, tout à fait !Marie-Jeanne a écrit:Mary Robinson a été la première britannique à porter la chemise à la reine, rapportée de France après un passage chez Melle Bertin.
En France, elle fit même beaucoup beaucoup mieux que de rendre visite à Mlle Bertin ... Je vais vous raconter cela mais, d'abord, juste pour le plaisir, je vais rassembler et vous citer quelques descriptifs de ses différentes toilettes bien consignés dans ses mémoires. Car Mary était une grande coquette. Elle jouissait de ses succès et s'énorgueillissait d'être véritablement la figure de proue de la mode en Angleterre .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Non seulement Mary introduit en Angleterre la " chemise à la reine " mais elle en ravit même la notoriété à Marie-Antoinette puisqu'outre-Manche ce vêtement est appelé the “Perdita chemise”, a simple white shift popularized by Marie-Antoinette ...
Mary donne force détails sur ses toilettes au fil de ses souvenirs :
Le théâtre était bondé de spectateurs à la mode; la salle verte et l'orchestre (où M. Garrick était assis pendant la nuit) étaient remplis de critiques. Ma robe était d'un satin rose pâle, garni de crêpe, richement étoilé d'argent; ma tête était ornée de plumes blanches, et mon costume monumental, pour la dernière scène, était en satin blanc et complètement uni, sauf que je portais un voile de la gaze la plus transparente, qui tombait tout à fait à mes pieds de l'arrière de ma tête, et une chaîne de perles autour de ma taille, à laquelle était suspendue une croix convenablement façonnée.
Le troisième personnage que j'ai joué était Statira, dans Alexandre le Grand. Ma robe était blanche et bleue, faite d'après le costume persan; et quoiqu'il fût alors singulier sur scène, je ne portais ni cerceau ni poudre; mes pieds étaient liés par des sandales richement ornées, et toute la robe était pittoresque et caractéristique.
J'ai été consultée comme l'oracle même des modes; J'ai été regardée et examinée avec la curiosité la plus insistante. Mme Robinson, la jeune actrice prometteuse, était un personnage très différent de Mme Robinson, accablée de chagrins ...
A mesure que le jeu obtenait son influence sur l'esprit de mon mari, sa petite part de considération restante pour moi se dégradait visiblement. Nous avions maintenant des chevaux, un phaéton et des poneys; et mes modes vestimentaires étaient suivies avec une avidité flatteuse. Ma maison était bondée de visiteurs et mes levées matinales étaient bondées de sorte que je pouvais à peine trouver une heure tranquille pour étudier.
Une journée à Greenwich:
C'était alors la mode de porter des soies. Je me souviens que je portais une chemise de nuit lustrée bleu pâle, avec un chapeau à frites garni de rubans de la même couleur. Jamais je ne m'étais habillé aussi parfaitement à ma propre satisfaction; J'anticipais une journée d'admiration. Le ciel peut témoigner que pour moi ce fut un jour de victoire fatale !
Maintenant son propre maître, le prince de Galles devient un citadin. Il assiste à des jeux, des mascarades, des courses de chevaux, s'acoquine avec des politiciens détestés par le roi, affiche Mme Robinson. Il joue, boit et dépense en une seule année dix mille livres en vêtements. Il apparait maintenant en public en compagnie de Perdita, elle, magnifiquement vêtue, conduisant un splendide équipage qui lui a coûté neuf cents guinées, et entourée de ses amis.
« Aujourd'hui, elle était une paysanne avec son chapeau de paille noué à l'arrière de la tête. Hier, elle avait peut-être été la belle habillée de Hyde Park, parée, poudrée, rapiécée, peinte à l'extrême puissance de rouge et de plomb blanc; demain elle serait l'Amazone convoitée du manège; mais quoi qu'elle fût, les chapeaux des promeneurs à la mode balayaient le sol en passant. "
La robe en chemise ressemblait à un sous-vêtement, car il s'agissait d'une robe blanche à taille haute, en mousseline et en cambric. Par conséquent, selon Laver: À la fin du XVIIIème siècle, vers la période: 1780, une robe légère et non structurée ne diffère pas du sous-vêtement; toujours faite de mousseline fine, de batiste ou de soie colorée avec la ligne de taille à la mode de l'époque. Le haut était dessiné autour d'un col bas et toujours porté avec une ceinture; il avait des manches longues, bouffantes en forme de melon et resserrées. La robe chemise anglaise, connue sous le nom de Perdita Chemise, était fermée sur le devant de la poitrine à l'ourlet avec des boutons ou une série de nœuds en ruban; une ceinture était essentielle. Le décolleté pouvait être dessiné en haut avec un volant retombant ou coupé bas. Les boutons sur le devant étaient habituels et un petit train ( ? ) était facultatif.
Cambric, ou batiste, l'un des tissus les plus fins et les plus denses, est un tissu léger en tissu simple, originaire de la commune française de Cambrai, tissé en gris, puis blanchi, teint à la pièce et souvent glacé ou calandré. Initialement, au XIXème siècle, il était en lin, puis en coton. Cambric est utilisé pour les draps, les shirtings, les mouchoirs et comme tissu pour la dentelle et l'aiguille.Mary donne force détails sur ses toilettes au fil de ses souvenirs :
Le théâtre était bondé de spectateurs à la mode; la salle verte et l'orchestre (où M. Garrick était assis pendant la nuit) étaient remplis de critiques. Ma robe était d'un satin rose pâle, garni de crêpe, richement étoilé d'argent; ma tête était ornée de plumes blanches, et mon costume monumental, pour la dernière scène, était en satin blanc et complètement uni, sauf que je portais un voile de la gaze la plus transparente, qui tombait tout à fait à mes pieds de l'arrière de ma tête, et une chaîne de perles autour de ma taille, à laquelle était suspendue une croix convenablement façonnée.
Le troisième personnage que j'ai joué était Statira, dans Alexandre le Grand. Ma robe était blanche et bleue, faite d'après le costume persan; et quoiqu'il fût alors singulier sur scène, je ne portais ni cerceau ni poudre; mes pieds étaient liés par des sandales richement ornées, et toute la robe était pittoresque et caractéristique.
J'ai été consultée comme l'oracle même des modes; J'ai été regardée et examinée avec la curiosité la plus insistante. Mme Robinson, la jeune actrice prometteuse, était un personnage très différent de Mme Robinson, accablée de chagrins ...
A mesure que le jeu obtenait son influence sur l'esprit de mon mari, sa petite part de considération restante pour moi se dégradait visiblement. Nous avions maintenant des chevaux, un phaéton et des poneys; et mes modes vestimentaires étaient suivies avec une avidité flatteuse. Ma maison était bondée de visiteurs et mes levées matinales étaient bondées de sorte que je pouvais à peine trouver une heure tranquille pour étudier.
Une journée à Greenwich:
C'était alors la mode de porter des soies. Je me souviens que je portais une chemise de nuit lustrée bleu pâle, avec un chapeau à frites garni de rubans de la même couleur. Jamais je ne m'étais habillé aussi parfaitement à ma propre satisfaction; J'anticipais une journée d'admiration. Le ciel peut témoigner que pour moi ce fut un jour de victoire fatale !
Dès que le jour de mon mariage fut fixé, il fut jugé nécessaire qu'une révolution totale se produise dans mon apparence extérieure. J'avais, jusqu'à cette époque, porté l'habit d'un enfant, et la robe d'une femme si soudainement assumée reposait assez maladroitement sur moi. Pourtant, mon apparence était si juvénile que même deux ans après mon union avec M. Robinson, j'étais toujours accostée avec l'appellation de Miss chaque fois que j'entrais dans un magasin ou que j'étais en compagnie d'étrangers. Mes manières n'étaient pas moins enfantines que mon apparence; trois mois seulement avant de devenir épouse, j'avais habillé une poupée, et telle était mon aversion pour l'idée d'une alliance matrimoniale que la seule circonstance qui m'avait incité à me marier était celle d'être encore autorisée à résider avec ma mère et à vivre. séparé, au moins pour un certain temps, de mon mari.
De l'église, nous nous sommes dirigés vers la maison d'une amie, où un splendide petit déjeuner nous attendait; J'ai changé ma robe en une robe de mousseline blanche, un bonnet à franges orné de rubans blancs, un manteau-foulard en sarsnet blanc et des pantoufles de satin blanc brodées d'argent. Je mentionne ces circonstances insignifiantes parce qu'elles en mènent à d'autres de plus grande importance.
M. Harris est venu m'accueillir. Je portais une tenue d'équitation de couleur bordeaux foncé, avec un chapeau de castor blanc et des plumes. Il m'embrassa avec une cordialité excessive, tandis que Mlle Robinson, la sœur de mon mari, me conduisit avec une formalité froide dans la maison. Je n'oublierai jamais son apparence ni ses manières. Miss Robinson, bien que âgée de vingt ans au plus, était gothique dans son apparence et raide dans sa conduite; elle était de petite taille et maladroite, avec un visage spécialement formé pour l'expression de la vulgarité sarcastique - un nez court retroussé, retroussé à la pointe, une tête rejetée en arrière avec un air de hauteur ; une robe de chintz aux couleurs criardes, un bonnet à trois bords, une profusion de rubans et une physionomie un peu plus vermeil que ce qui était conforme à la santé même pure, présentaient le personnage que je devais connaître comme ma future compagne et parente!
M. Harris ressemblait à une vénérable aubépine; un manteau fustian brun, un gilet écarlate bordé d'or étroit, une paire de pointes de laine et un chapeau à lacets d'or formaient l'habit qu'il portait généralement.
J'ai perçu leurs regards latéraux quand j'ai été complimentée par les voisins en visite sur ma beauté ou mon goût dans le choix de mes robes. Mlle Robinson montait à cheval dans une sauvegarde de camelot, avec un haut bonnet couronné; Je portais une habit à la mode et ressemblais à quelque chose d'humain. ( ) L'envie prit enfin la forme de l'insolence, et je me moquais perpétuellement de la folie de paraître comme une femme de fortune; que la femme d'un avocat n'avait pas le droit de s'habiller comme une duchesse; cela seul appartenait à des femmes qui avaient un rang à soutenir. Tel était le langage des natures vulgaires et coincées! Pourtant, pendant trois semaines, je l'ai supporté patiemment.
En plus de notre établissement domestique, M. Robinson acheta un beau phaéton, avec des chevaux de selle pour son propre usage; et je faisais maintenant mes débuts, quoique à peine sortis des frontières de l'enfance, dans le large hémisphère de la folie à la mode.
Un nouveau visage, une jeunesse habillée avec une élégance singulière mais simple, ne manquait pas d'attirer l'attention dans les lieux de divertissement public. La première fois que je suis allée à Ranelagh, mon habit était si singulièrement simple et semblable à un Quaker que tous les yeux étaient fixés sur moi. Je portais une robe de couleur marron clair lustrée avec des poignets ronds serrés (c'était alors la mode de porter de longs volants); mes cheveux étaient sans poudre, et ma tête ornée d'un bonnet rond uni et d'un chapeau à puce blanche, sans aucun ornement.
Le deuxième lieu de divertissement poli auquel M. Robinson m'accompagna fut le concert du Panthéon, alors le rassemblement le plus en vogue des gays et des distingués. A cet endroit, il était d'usage de paraître bien habillé; de grands cerceaux et de hautes plumes étaient universellement portés. Mon habit était composé de satin rose pâle, garni de sable large; ma chère mère me présenta un costume de dentelle de points riche et précieuse, qu'elle avait reçu de mon père comme cadeau d'anniversaire, et j'étais au moins quelques heures employée à décorer ma personne pour cette nouvelle sphère de fascination: je dis quelques heures, parce que ma forme à cette époque nécessitait un arrangement, en raison de l'augmentation visible de mes sollicitations domestiques. ( Mary est enceinte )
Elle se souvient du séjour en prison qu'elle a absolument voulu partager avec son mari poursuivi par ses créanciers :
Pendant mon isolement du monde, j'avais adapté ma robe à ma situation. La propreté a toujours été ma fierté; mais maintenant la simplicité était la conformité à la nécessité. Les habillements simples conviennent à l'adversité; et la robe de satin brun uni, que je portais lors de ma première visite chez la duchesse de Devonshire, me parut aussi étrange qu'un procès d'anniversaire à la fille d'un citoyen nouvellement marié. ( )
Retour dans le monde :
Le bourdonnement de la salle, le murmure incessant d'admiration, accompagnaient la marquise Townshend. Je me suis assise sur un canapé presque en face de celui sur lequel elle était assise, et j'ai observé deux personnes, manifestement des hommes à la mode qui lui parlaient, jusqu'à ce que l'un d'eux, regardant vers moi, d'une voix audible interrogeait l'autre, " Qui est-elle?"
Leur regard fixe me déconcerta; Je me levai et, m'appuyant sur le bras de mon mari, me mêlai de nouveau au cercle brillant. Les enquêtes nous ont suivis; arrêtant plusieurs amis, alors que nous tournions autour du cercle: "Qui est cette jeune femme à la robe rose bordée de zibeline?" Mes manières et ma confusion montraient clairement que je n'étais pas habituée au regard de la haute race impertinente.
M. Harris ressemblait à une vénérable aubépine; un manteau fustian brun, un gilet écarlate bordé d'or étroit, une paire de pointes de laine et un chapeau à lacets d'or formaient l'habit qu'il portait généralement.
J'ai perçu leurs regards latéraux quand j'ai été complimentée par les voisins en visite sur ma beauté ou mon goût dans le choix de mes robes. Mlle Robinson montait à cheval dans une sauvegarde de camelot, avec un haut bonnet couronné; Je portais une habit à la mode et ressemblais à quelque chose d'humain. ( ) L'envie prit enfin la forme de l'insolence, et je me moquais perpétuellement de la folie de paraître comme une femme de fortune; que la femme d'un avocat n'avait pas le droit de s'habiller comme une duchesse; cela seul appartenait à des femmes qui avaient un rang à soutenir. Tel était le langage des natures vulgaires et coincées! Pourtant, pendant trois semaines, je l'ai supporté patiemment.
En plus de notre établissement domestique, M. Robinson acheta un beau phaéton, avec des chevaux de selle pour son propre usage; et je faisais maintenant mes débuts, quoique à peine sortis des frontières de l'enfance, dans le large hémisphère de la folie à la mode.
Un nouveau visage, une jeunesse habillée avec une élégance singulière mais simple, ne manquait pas d'attirer l'attention dans les lieux de divertissement public. La première fois que je suis allée à Ranelagh, mon habit était si singulièrement simple et semblable à un Quaker que tous les yeux étaient fixés sur moi. Je portais une robe de couleur marron clair lustrée avec des poignets ronds serrés (c'était alors la mode de porter de longs volants); mes cheveux étaient sans poudre, et ma tête ornée d'un bonnet rond uni et d'un chapeau à puce blanche, sans aucun ornement.
Mme Robinson
à partir d'une gravure de Dickinson après Reynolds
à partir d'une gravure de Dickinson après Reynolds
Le deuxième lieu de divertissement poli auquel M. Robinson m'accompagna fut le concert du Panthéon, alors le rassemblement le plus en vogue des gays et des distingués. A cet endroit, il était d'usage de paraître bien habillé; de grands cerceaux et de hautes plumes étaient universellement portés. Mon habit était composé de satin rose pâle, garni de sable large; ma chère mère me présenta un costume de dentelle de points riche et précieuse, qu'elle avait reçu de mon père comme cadeau d'anniversaire, et j'étais au moins quelques heures employée à décorer ma personne pour cette nouvelle sphère de fascination: je dis quelques heures, parce que ma forme à cette époque nécessitait un arrangement, en raison de l'augmentation visible de mes sollicitations domestiques. ( Mary est enceinte )
Elle se souvient du séjour en prison qu'elle a absolument voulu partager avec son mari poursuivi par ses créanciers :
Pendant mon isolement du monde, j'avais adapté ma robe à ma situation. La propreté a toujours été ma fierté; mais maintenant la simplicité était la conformité à la nécessité. Les habillements simples conviennent à l'adversité; et la robe de satin brun uni, que je portais lors de ma première visite chez la duchesse de Devonshire, me parut aussi étrange qu'un procès d'anniversaire à la fille d'un citoyen nouvellement marié. ( )
Retour dans le monde :
Le bourdonnement de la salle, le murmure incessant d'admiration, accompagnaient la marquise Townshend. Je me suis assise sur un canapé presque en face de celui sur lequel elle était assise, et j'ai observé deux personnes, manifestement des hommes à la mode qui lui parlaient, jusqu'à ce que l'un d'eux, regardant vers moi, d'une voix audible interrogeait l'autre, " Qui est-elle?"
Leur regard fixe me déconcerta; Je me levai et, m'appuyant sur le bras de mon mari, me mêlai de nouveau au cercle brillant. Les enquêtes nous ont suivis; arrêtant plusieurs amis, alors que nous tournions autour du cercle: "Qui est cette jeune femme à la robe rose bordée de zibeline?" Mes manières et ma confusion montraient clairement que je n'étais pas habituée au regard de la haute race impertinente.
Mary est de nouveau au centre de l'attention. Elle note à quel point ses tenues les plus simples suscitent l'admiration de tout le monde.
La robe que je portais était claire et simple avec des reflets lilas pâle, sur ma tête une tresse de fleurs blanches . Je fus complimentée par toute l'assistance.
Maintenant son propre maître, le prince de Galles devient un citadin. Il assiste à des jeux, des mascarades, des courses de chevaux, s'acoquine avec des politiciens détestés par le roi, affiche Mme Robinson. Il joue, boit et dépense en une seule année dix mille livres en vêtements. Il apparait maintenant en public en compagnie de Perdita, elle, magnifiquement vêtue, conduisant un splendide équipage qui lui a coûté neuf cents guinées, et entourée de ses amis.
« Aujourd'hui, elle était une paysanne avec son chapeau de paille noué à l'arrière de la tête. Hier, elle avait peut-être été la belle habillée de Hyde Park, parée, poudrée, rapiécée, peinte à l'extrême puissance de rouge et de plomb blanc; demain elle serait l'Amazone convoitée du manège; mais quoi qu'elle fût, les chapeaux des promeneurs à la mode balayaient le sol en passant. "
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Si je comprends bien le texte un peu bizarre du début, la « Perdita chemise » était une déclinaison tardive de la chemise à la reine. Il en exista une multitude d'autres qui se succédèrent pendant des années dans toutes sortes de matières et de coloris.
_________________
« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Comment Georgiana prit Mary Robinson sous sa protection.
A cette époque, on m'informa que la duchesse de Devonshire était admiratrice et la patronne de la littérature. Avec un mélange de timidité et d'espoir, je lui envoyai " Grace ", un volume de mes poèmes, accompagné d'une courte lettre pour m'excuser de leurs défauts, plaidant mon âge pour expliquer leur faiblesse.
Mon frère, qui était jeune et charmant, était le porteur de ma première offrande littéraire au sanctuaire de la noblesse. La duchesse l'admit; et avec la sensibilité la plus généreuse et la plus aimable demanda quelques détails sur ma situation. Elle proposait que, le lendemain, je lui fît une visite.
Je ne savais pas quoi faire. Sa générosité me le commandait, pourtant, comme je n'avais jamais quitté pendant une demi-heure mon mari durant sa captivité, j'éprouvais une sorte de réticence qui heurtait la fermeté romantique de mon caractère, tandis que je réfléchissais sur ce que je considérais comme une faille de mon attachement conjugal. Cependant, sur la demande particulière et sincère de M. Robinson, j'ai consenti, j'ai accepté l'invitation de la duchesse.
Pendant mon isolement du monde, j'avais adapté ma robe à ma situation. La propreté a toujours été ma fierté; mais maintenant la simplicité était la conformité à la nécessité. Les habillements simples conviennent à l'adversité; et la robe de satin brun uni, que je portais lors de ma première visite chez la duchesse de Devonshire, me parut aussi étrange qu'un procès d'anniversaire à la fille d'un citoyen nouvellement marié.
Décrire le regard et les manières de la duchesse quand elle entra dans le petit salon de Devonshire House serait irréalisable; la douceur et la sensibilité rayonnaient dans ses yeux et irradiaient son visage. Elle exprima sa surprise de voir une personne si jeune, qui avait déjà connu tant de péripéties de fortune; elle déplorait que ma destinée fût si peu proportionnée à ce qu'elle se plaisait à appeler mon "désert", et avec une larme de douce sympathie, elle demanda que j'accepte une preuve de ses vœux de succès. Je n'avais pas de mots pour exprimer ma reconnaissance et je partais, quand la duchesse me demanda encore de lui rendre visite très souvent et d'amener ma petite fille avec moi.
Je fis donc de fréquentes visites à l'aimable duchesse, et j'y fus toujours reçue avec les plus chaleureuses démonstrations d'amitié. Ma petite fille, que je soignais encore, m'accompagnait généralement, et éprouvait toujours les plus douces caresses de ma patronne admirée, mon amie libérale et affectueuse. Souvent, la duchesse s'enquérait minutieusement du récit de mes peines et versait des larmes de la sympathie la plus spontanée.
A cette époque, on m'informa que la duchesse de Devonshire était admiratrice et la patronne de la littérature. Avec un mélange de timidité et d'espoir, je lui envoyai " Grace ", un volume de mes poèmes, accompagné d'une courte lettre pour m'excuser de leurs défauts, plaidant mon âge pour expliquer leur faiblesse.
Mon frère, qui était jeune et charmant, était le porteur de ma première offrande littéraire au sanctuaire de la noblesse. La duchesse l'admit; et avec la sensibilité la plus généreuse et la plus aimable demanda quelques détails sur ma situation. Elle proposait que, le lendemain, je lui fît une visite.
Je ne savais pas quoi faire. Sa générosité me le commandait, pourtant, comme je n'avais jamais quitté pendant une demi-heure mon mari durant sa captivité, j'éprouvais une sorte de réticence qui heurtait la fermeté romantique de mon caractère, tandis que je réfléchissais sur ce que je considérais comme une faille de mon attachement conjugal. Cependant, sur la demande particulière et sincère de M. Robinson, j'ai consenti, j'ai accepté l'invitation de la duchesse.
Pendant mon isolement du monde, j'avais adapté ma robe à ma situation. La propreté a toujours été ma fierté; mais maintenant la simplicité était la conformité à la nécessité. Les habillements simples conviennent à l'adversité; et la robe de satin brun uni, que je portais lors de ma première visite chez la duchesse de Devonshire, me parut aussi étrange qu'un procès d'anniversaire à la fille d'un citoyen nouvellement marié.
Duchesse de Devonshire
d'après une gravure de Bartolozzi , d'après Nixon
Décrire le regard et les manières de la duchesse quand elle entra dans le petit salon de Devonshire House serait irréalisable; la douceur et la sensibilité rayonnaient dans ses yeux et irradiaient son visage. Elle exprima sa surprise de voir une personne si jeune, qui avait déjà connu tant de péripéties de fortune; elle déplorait que ma destinée fût si peu proportionnée à ce qu'elle se plaisait à appeler mon "désert", et avec une larme de douce sympathie, elle demanda que j'accepte une preuve de ses vœux de succès. Je n'avais pas de mots pour exprimer ma reconnaissance et je partais, quand la duchesse me demanda encore de lui rendre visite très souvent et d'amener ma petite fille avec moi.
Je fis donc de fréquentes visites à l'aimable duchesse, et j'y fus toujours reçue avec les plus chaleureuses démonstrations d'amitié. Ma petite fille, que je soignais encore, m'accompagnait généralement, et éprouvait toujours les plus douces caresses de ma patronne admirée, mon amie libérale et affectueuse. Souvent, la duchesse s'enquérait minutieusement du récit de mes peines et versait des larmes de la sympathie la plus spontanée.
Mais tel était mon destin que, si je cultivais l'estime de la meilleure des femmes par une conduite au-dessus de tout reproche, mon mari de son côté, même si je partageais sa captivité, esclave consacré à ses nécessités, mon mari donc se livrait aux intrigues les plus basses et les plus
dégradantes; fréquemment, pendant mes courtes absences chez la duchesse - car je n'ai jamais quitté la prison que pour me rendre à ses invitations - mon mari était connu pour admettre auprès de lui des femmes dont la basse vie licencieuse les rendait la honte et les parias de la société. Ces réunions infâmes furent même organisées parfois alors que j'étais dans mon propre appartement, dans une pièce voisine, avec la complicité d'un Italien qui était également prisonnier. J'en ai été informée et j'ai interrogé M. Robinson. Il a nié l'accusation; mais profitant d'une occasion qui s'offrait j'ai dû admettre que les infidélités de mon mari étaient à la fois fréquentes et honteuses.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
_________________
« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Merci, chère Marie-Jeanne, pour ce bien joli portrait .
En a-t-elle un air évanescent et désabusé, cette dame !
Bizarre, vous avez dit bizarre ...
Dans le Philippe Egalité de Mme Lever, page 209, je trouve le nom de Grace orthographié
comme ceci :
- Grace Darlrymple Elliott
et comme cela :
- Elliott, Grace Darlymple page 561
Il y en a pour tous les goûts, mais moi je me fie à mon ami Momo !
En a-t-elle un air évanescent et désabusé, cette dame !
Bizarre, vous avez dit bizarre ...
Dans le Philippe Egalité de Mme Lever, page 209, je trouve le nom de Grace orthographié
comme ceci :
- Grace Darlrymple Elliott
et comme cela :
- Elliott, Grace Darlymple page 561
Il y en a pour tous les goûts, mais moi je me fie à mon ami Momo !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
C'est dommage qu'il n'existe pas davantage de portraits de la Robinson vêtue dans ses habits élégants ...
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Voulez-vous savoir, les amis, comment le duc d'Orléans se fit éconduire par Perdita ?
Voici !
Mme Robinson résolut de visiter Paris, de s'amuser oublier les drames qu'elle venait de traverser et sa rupture brutale avec le prince de Galles.
S'étant procuré des lettres d'introduction auprès de quelques familles françaises agréables, ainsi qu'auprès de sir John Lambert, banquier anglais résidant à Paris, elle quitta Londres, dans l'intention de passer deux mois ou plus dans la joyeuse et brillante capitale de la France.
Sir John Lambert, informé de son arrivée, s'efforça de lui procurer un appartement spacieux, une remise, une loge à l'opéra, ainsi que toutes les relations à la mode dont un voyageur anglais inexpérimenté peut être aussitôt pourvu.
Ce vénérable chevalier unit à la cordialité du caractère anglais toute la bienfaisance d'un Français - il ne se consacre plus qu'à distraire son hôte célèbre et qui lui est venue chaudement recommandée. Les fêtes succèdent aux divertissements, spectacles, opéras . Mary suscite la curiosité, elle est recherchée, entourée par d'illustres admirateurs.
Peu de temps après l'arrivée de Mme Robinson à Paris, le duc d'Orléans et son ami le duc de Lauzun (plus tard duc de Biron) lui furent présentés par sir John Lambert. Ce malheureux prince, avec toute la volatilité du caractère national, déshonorait la nature humaine par ses vices, tandis que l'élégance de ses manières en faisait un modèle pour ses contemporains.
Le duc se déclara aussitôt dévoué à la belle étrangère. Ses manières libertines, la présomption avec laquelle il clamait sa détermination à triompher du cœur de Mme Robinson, prévenaient Mary contre ses manoeuvres, et non seulement il ne parvenait pas à l'éblouir par sa magnificence, mais en plus il la dégoûtait par son arrogance.
Les fêtes les plus charmantes eurent lieu à Monceau, une " folie " appartenant au duc d'Orléans près de Paris, où Mme Robinson refusait obstinément de se présenter. De brillantes courses de chevaux à l'anglaise furent organisées dans la plaine des Sablons, pour captiver l'attention de l'inflexible Anglaise. En vain. Elle faisait toujours la sourde oreille aux avances d'Orléans.
Le jour de l'anniversaire de Perdita, le duc opiniâtre fit un nouvel effort pour venir à bout de son aversion, l'éblouir, obtenir son estime et plus si affinités . Une fête champêtre fut ordonnée dans les jardins de Monceau, et " ce beau Pandémonium d'une splendide débauche " fut décoré avec un luxe sans bornes au prix exorbitant.
Or donc, le soir, au milieu d'une incroyable illumination, chaque arbre arborait les initiales de la belle Anglaise, composées de lampes colorées, entrelacées de couronnes de fleurs artificielles. Nous nous en doutons, la plus élémentaire politesse obligeait Mme Robinson à honorer de sa présence une fête donnée en son honneur. La fine mouche prit cependant la précaution de se faire accompagner par une Allemande, comme elle alors résidente à Paris, tandis que le dévoué chevalier Lambert assistait ces dames comme chaperon. ( ) Orléans était gros jean comme devant !
J'ajoute que ce joli parc Monceau fut le théâtre de l'une des sorties communes de notre Forum !
Voici !
Mme Robinson résolut de visiter Paris, de s'amuser oublier les drames qu'elle venait de traverser et sa rupture brutale avec le prince de Galles.
S'étant procuré des lettres d'introduction auprès de quelques familles françaises agréables, ainsi qu'auprès de sir John Lambert, banquier anglais résidant à Paris, elle quitta Londres, dans l'intention de passer deux mois ou plus dans la joyeuse et brillante capitale de la France.
Sir John Lambert, informé de son arrivée, s'efforça de lui procurer un appartement spacieux, une remise, une loge à l'opéra, ainsi que toutes les relations à la mode dont un voyageur anglais inexpérimenté peut être aussitôt pourvu.
Ce vénérable chevalier unit à la cordialité du caractère anglais toute la bienfaisance d'un Français - il ne se consacre plus qu'à distraire son hôte célèbre et qui lui est venue chaudement recommandée. Les fêtes succèdent aux divertissements, spectacles, opéras . Mary suscite la curiosité, elle est recherchée, entourée par d'illustres admirateurs.
Peu de temps après l'arrivée de Mme Robinson à Paris, le duc d'Orléans et son ami le duc de Lauzun (plus tard duc de Biron) lui furent présentés par sir John Lambert. Ce malheureux prince, avec toute la volatilité du caractère national, déshonorait la nature humaine par ses vices, tandis que l'élégance de ses manières en faisait un modèle pour ses contemporains.
Le duc se déclara aussitôt dévoué à la belle étrangère. Ses manières libertines, la présomption avec laquelle il clamait sa détermination à triompher du cœur de Mme Robinson, prévenaient Mary contre ses manoeuvres, et non seulement il ne parvenait pas à l'éblouir par sa magnificence, mais en plus il la dégoûtait par son arrogance.
Mme Robinson
à partir d'une gravure de Daniell
Les fêtes les plus charmantes eurent lieu à Monceau, une " folie " appartenant au duc d'Orléans près de Paris, où Mme Robinson refusait obstinément de se présenter. De brillantes courses de chevaux à l'anglaise furent organisées dans la plaine des Sablons, pour captiver l'attention de l'inflexible Anglaise. En vain. Elle faisait toujours la sourde oreille aux avances d'Orléans.
Le jour de l'anniversaire de Perdita, le duc opiniâtre fit un nouvel effort pour venir à bout de son aversion, l'éblouir, obtenir son estime et plus si affinités . Une fête champêtre fut ordonnée dans les jardins de Monceau, et " ce beau Pandémonium d'une splendide débauche " fut décoré avec un luxe sans bornes au prix exorbitant.
Notre sujet :
Or donc, le soir, au milieu d'une incroyable illumination, chaque arbre arborait les initiales de la belle Anglaise, composées de lampes colorées, entrelacées de couronnes de fleurs artificielles. Nous nous en doutons, la plus élémentaire politesse obligeait Mme Robinson à honorer de sa présence une fête donnée en son honneur. La fine mouche prit cependant la précaution de se faire accompagner par une Allemande, comme elle alors résidente à Paris, tandis que le dévoué chevalier Lambert assistait ces dames comme chaperon. ( ) Orléans était gros jean comme devant !
J'ajoute que ce joli parc Monceau fut le théâtre de l'une des sorties communes de notre Forum !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Premier amour du futur George IV, Mary Robinson alias Perdita
Marie-Antoinette invite Perdita à paraître à Versailles .
Quelques jours après la célébration de cette fête, la reine de France signifiait son intention de dîner en public, pour la première fois après son accouchement du duc de Normandie, puis Dauphin. Le duc transmit à Mme Robinson un message de la reine, exprimant le souhait de voir la belle Anglaise apparaître au grand couvert. Mme Robinson, tout aussi désireuse de voir la charmante Marie-Antoinette, fut trop heureuse de profiter de l'invitation et commença aussitôt à se préparer pour une aussi importante occasion .
Les ornements les plus raffinés de mademoiselle Bertin, la modiste régnante, furent achetés pour orner une toilette qui, déjà riche de beauté exotique, n'avait pas grand besoin d'être embellie. Une traîne et un corps lustrés vert pâle, avec un jupon tiffany ( ? ) festonné de grappes du lilas le plus délicat, furent choisis par Mme Robinson pour cette occasion, tandis qu'un panache de plumes blanches ornait sa tête; le rose naturel de ses joues, éclatantes de santé et de jeunesse, était rehaussé, conformément à la mode de la Cour de France, du rouge le plus profond .
A l'arrivée de la belle étrangère, le duc d'Orléans quitta le roi qu'il attendait alors, pour procurer à Perdita une place où la reine pourrait observer ses charmes car sa renommée avait éveillé la curiosité.
Le grand couvert, dont le roi s'acquitta avec plus d'empressement que de grâce, offrait une magnifique démonstration de luxe épicurien. La reine ne mangea rien. Le mince cordon cramoisi, qui dessinait une ligne de séparation entre les royaux convives et les plébéiens qui les regardaient, n'était qu'à quelques mètres de la table. Un petit espace séparait la reine de Mme Robinson très flattée de l'observation constante de Marie-Antoinette et de ses éloges murmurés très fort . La reine parut examiner, avec une attention particulière, une miniature du prince de Galles que Mme Robinson portait sur sa poitrine. Elle demanda au duc d'Orléans que cette miniature lui fût prêtée le jour suivant. Percevant le regard admiratif de Mme Robinson sur ses bras blancs et polis, alors qu'elle tirait sur ses gants, la reine les découvrit de nouveau et se pencha quelques instants sur sa main.
Mme Robinson, peu de temps après ces événements, quitta Paris et retourna dans son pays natal.
Quelques jours après la célébration de cette fête, la reine de France signifiait son intention de dîner en public, pour la première fois après son accouchement du duc de Normandie, puis Dauphin. Le duc transmit à Mme Robinson un message de la reine, exprimant le souhait de voir la belle Anglaise apparaître au grand couvert. Mme Robinson, tout aussi désireuse de voir la charmante Marie-Antoinette, fut trop heureuse de profiter de l'invitation et commença aussitôt à se préparer pour une aussi importante occasion .
Les ornements les plus raffinés de mademoiselle Bertin, la modiste régnante, furent achetés pour orner une toilette qui, déjà riche de beauté exotique, n'avait pas grand besoin d'être embellie. Une traîne et un corps lustrés vert pâle, avec un jupon tiffany ( ? ) festonné de grappes du lilas le plus délicat, furent choisis par Mme Robinson pour cette occasion, tandis qu'un panache de plumes blanches ornait sa tête; le rose naturel de ses joues, éclatantes de santé et de jeunesse, était rehaussé, conformément à la mode de la Cour de France, du rouge le plus profond .
A l'arrivée de la belle étrangère, le duc d'Orléans quitta le roi qu'il attendait alors, pour procurer à Perdita une place où la reine pourrait observer ses charmes car sa renommée avait éveillé la curiosité.
Le grand couvert, dont le roi s'acquitta avec plus d'empressement que de grâce, offrait une magnifique démonstration de luxe épicurien. La reine ne mangea rien. Le mince cordon cramoisi, qui dessinait une ligne de séparation entre les royaux convives et les plébéiens qui les regardaient, n'était qu'à quelques mètres de la table. Un petit espace séparait la reine de Mme Robinson très flattée de l'observation constante de Marie-Antoinette et de ses éloges murmurés très fort . La reine parut examiner, avec une attention particulière, une miniature du prince de Galles que Mme Robinson portait sur sa poitrine. Elle demanda au duc d'Orléans que cette miniature lui fût prêtée le jour suivant. Percevant le regard admiratif de Mme Robinson sur ses bras blancs et polis, alors qu'elle tirait sur ses gants, la reine les découvrit de nouveau et se pencha quelques instants sur sa main.
Mme Robinson, peu de temps après ces événements, quitta Paris et retourna dans son pays natal.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Sujets similaires
» Marc-Antoine Thierry, baron de Ville d’Avray (Premier valet de chambre du Roi, Intendant du Garde-Meuble de la Couronne, premier maire de Versailles)
» Joseph Bologne de Saint-George, dit le chevalier de Saint-George
» Lady Mary Wortley Montagu
» Et Mary Shelley rêva Frankenstein...
» Alexander Selkirk ou " La vie et les étranges aventures de Robinson Crusoé "
» Joseph Bologne de Saint-George, dit le chevalier de Saint-George
» Lady Mary Wortley Montagu
» Et Mary Shelley rêva Frankenstein...
» Alexander Selkirk ou " La vie et les étranges aventures de Robinson Crusoé "
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum