Révolution française, l'abbé Lefèbvre
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Révolution française, l'abbé Lefèbvre
Pierre-Louis Lefebvre-Laroche ou Pierre Louis Lefebvre de La Roche, dit l’abbé Lefebvre, est un ecclésiastique et homme politique français, député au Corps législatif de 1799 à 1803, et brièvement son Président en décembre 1801.
Pierre Louis Lefebvre, Sieur De la Roche
Du pays de Caux à la prise de la bastille
Par Généacaux dans Citoyen
Pierre Louis Lefebvre nait le 5 novembre 1725 à Cany, petit bourg non loin de Dieppe.
Il est le dernier fils d'une famille de cinq enfants composé de deux filles aînées et trois garçons. Son père Pierre, Ecuyer, Sieur de la Roche est le premier capitaine de Monsieur de Janville concernant la protection des côtes du Pays de Caux.
Concernant les premières décennies de sa vie, aucun témoignage ne surgit du passé. Il aura certainement droit à l'éducation d'un petit noble de campagne. A cette époque, les conditions de vie n'étaient pas les mêmes pour tout le monde. Un écart gigantesque séparait la façon de vivre des classes supérieures, l'aristocratie et la grande bourgeoisie, vivant dans les villes, qui représentaient moins de 3% de la population, de la masse populaire : le petit peuple urbain des domestiques ou artisans et le monde paysan qui représentait à lui seul plus de 80% de la population. Les élites nobles et bourgeoises ainsi que l'Eglise possédaient la terre que travaillait une paysannerie largement illettrée et misérable.
Pierre Louis devient bénédictin et prêtre. Au cours de sa vie, il sera aussi poète, traducteur, éditeur, auteur de nombreux livres dont un remarquable ouvrage sur les confréries du Pays de Caux.
De janvier 1755 jusqu'à novembre 1756, Pierre Louis, âgé de 30 ans, est prêtre vicaire à Bretteville du Grand Caux.
En 1757, il est nommé prêtre curé de Mesmoulins, petit village de 60 habitants, à moins de deux lieux de Bretteville du Grand Caux.
Pierre Louis restera dans ce lieu jusqu'à la fin de l'année 1774. L'église Saint Pierre de ce lieu, où il officia pendant 17 ans, fermée depuis la Révolution, sera détruite en 1828.
En début d'année 1775, Pierre Louis est nommé prêtre à Grémonville. Il signe son premier acte le 18 janvier pour le baptême de Pierre François Varin. Il est présent dans ce village jusqu'au 6 juillet 1789. On ne trouve plus de signature de lui jusqu'en décembre 1789, date à laquelle il revient pour signer le registre en fin d'année.
Avant la révolution, à une date non déterminée, il devient abbé de la chapelle Sainte Marie l'Egyptienne située rue de la Jussienne, à Paris.
Une semaine seulement sépare son départ du Pays de Caux et son arrivée dans la capitale.
Pierre Louis se distingue lors des journées du 13 et 14 juillet 1789 où il prend part aux événements de la prise de la bastille. Il se fit remarquer par son zèle pour la cause de la liberté. Le peuple ayant découvert, au port Saint Nicolas, un bateau chargé de cinq mille livres de poudre, cette poudre, portée en triomphe à l'Hôtel de Ville, y est déposée dans une salle basse, et confiée à la surveillance de l'abbé Lefebvre, qui est chargé d'en faire la distribution. Celui-ci se trouve alors à l'Hôtel de Ville en tant qu'électeur du clergé, avec l'assemblée des électeurs de Paris réunie par Bailly.
« Cette dangereuse commission, lit-on dans le Moniteur, mit plusieurs fois ce brave et respectable abbé à deux doigts de sa perte. Le jour même on tira un coup de fusil sur les tonneaux dont il était gardien, et un coup de pistolet sur sa propre personne. Pendant la nuit, la porte de la salle qui lui servait de magasin fut brisée sous ses yeux à coups de hache qui faisaient feu sur les clous dont elle était garnie. Enfin, un homme ivre entra peu de temps après dans ce magasin ou plutôt cette mine, située sous la salle des électeurs toujours remplie de citoyens, y entra, la pipe à la bouche, et continua de fumer sur les barils ouverts, malgré les plus instantes représentations ; heureusement l'abbé s'avisa de lui acheter sa pipe allumée, et la lança dans la cour. »
Le comité permanent de la milice parisienne déclare qu'il « applaudit aux vertus peu communes de M. l'abbé Lefebvre ». D'autre part, il proclame, quelques jours après, que « les sollicitudes de M. l'abbé Lefebvre ne se sont point bornées à la garde des poudres ; que sa charité l'a porté, dans la journée du mardi, jusqu'à faire distribuer, de ses deniers, du pain et du vin aux hommes affamés qui viennent assiéger son magasin ».
Le Moniteur ajoute : « MM. les députés de l'Assemblée nationale ont été émus de tant de preuves d'un si grand zèle : ils ont chargé le comité permanent d'en témoigner leur satisfaction à M. l'abbé Lefebvre, et de conserver à la commune, par tous les procédés chers au patriotisme, les services inappréciables d'un si vertueux citoyen. »
Le Moniteur ajoute : « MM. les députés de l'assemblée nationale ont été émus de tant de preuves d'un si grand zèle : ils ont chargé le comité permanent d'en témoigner leur satisfaction à M. l'abbé Lefebvre, et de conserver à la commune, par tous les procédés chers au patriotisme, les services inappréciables d'un si vertueux citoyen. »
Le 5 octobre 1789, sur une estampe dessinée par Jean François Janinet (1752/1814), on voit Pierre Louis aux prises de femmes voulant le pendre et des hommes voulant incendier des papiers. Lors de la première phase de cette journée, qui voit l'envahissement de l'Hôtel de Ville par les émeutiers, une corde lui est passée autour du coup. Cet événement se passe dans la cour de l'hôtel de ville. (source Gallica).
Dès son arrivé à Paris, Pierre Louis s'était lié avec des philosophes. Il avait été l'ami d'Helvétius et fut légataire de ses papiers. Par la suite, il continua d'être de la société de Mme Helvétius , qui ne l'oublia pas dans son testament.
Il écrit différents ouvrages dont « la Confrérie ou Société de Notre Dame auxiliatrice, érigée en pays de Caux », en 1779 ; « essai de traduction de quelques odes et de l'art poétique d'Horace », en 1788, tiré à cinquante exemplaires.
Entre 1790 et 1795, Pierre Louis devient curé constitutionnel du district de Franciade, ancienne division administrative française du département de Paris.
Il a assuré la publication des œuvres complètes d'Helvétius . Il est appelé, le 4 nivôse an VIII (25 décembre 1799), par le Sénat conservateur, à faire partie, comme député de la Seine, du nouveau Corps législatif. Il y siège jusqu'en 1803, et en assume la présidence du 22 décembre 1801 au 6 janvier 1802.
On retrouve Pierre Louis député au corps législatif de l'assemblée nationale du 25 décembre 1799 au 1 juillet 1803 et président, pendant une courte période, en décembre 1801. On le dit né et décédé à une date inconnue (document assemblée nationale) ou bien mort à Auteuil, en 1806, à l'âge de 81 ans.
https://seine-maritime.info/2021/03/07/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Louis_Lefebvre-Laroche
Pierre Louis Lefebvre, Sieur De la Roche
Du pays de Caux à la prise de la bastille
Par Généacaux dans Citoyen
Pierre Louis Lefebvre nait le 5 novembre 1725 à Cany, petit bourg non loin de Dieppe.
Il est le dernier fils d'une famille de cinq enfants composé de deux filles aînées et trois garçons. Son père Pierre, Ecuyer, Sieur de la Roche est le premier capitaine de Monsieur de Janville concernant la protection des côtes du Pays de Caux.
Concernant les premières décennies de sa vie, aucun témoignage ne surgit du passé. Il aura certainement droit à l'éducation d'un petit noble de campagne. A cette époque, les conditions de vie n'étaient pas les mêmes pour tout le monde. Un écart gigantesque séparait la façon de vivre des classes supérieures, l'aristocratie et la grande bourgeoisie, vivant dans les villes, qui représentaient moins de 3% de la population, de la masse populaire : le petit peuple urbain des domestiques ou artisans et le monde paysan qui représentait à lui seul plus de 80% de la population. Les élites nobles et bourgeoises ainsi que l'Eglise possédaient la terre que travaillait une paysannerie largement illettrée et misérable.
Pierre Louis devient bénédictin et prêtre. Au cours de sa vie, il sera aussi poète, traducteur, éditeur, auteur de nombreux livres dont un remarquable ouvrage sur les confréries du Pays de Caux.
De janvier 1755 jusqu'à novembre 1756, Pierre Louis, âgé de 30 ans, est prêtre vicaire à Bretteville du Grand Caux.
En 1757, il est nommé prêtre curé de Mesmoulins, petit village de 60 habitants, à moins de deux lieux de Bretteville du Grand Caux.
Pierre Louis restera dans ce lieu jusqu'à la fin de l'année 1774. L'église Saint Pierre de ce lieu, où il officia pendant 17 ans, fermée depuis la Révolution, sera détruite en 1828.
En début d'année 1775, Pierre Louis est nommé prêtre à Grémonville. Il signe son premier acte le 18 janvier pour le baptême de Pierre François Varin. Il est présent dans ce village jusqu'au 6 juillet 1789. On ne trouve plus de signature de lui jusqu'en décembre 1789, date à laquelle il revient pour signer le registre en fin d'année.
Avant la révolution, à une date non déterminée, il devient abbé de la chapelle Sainte Marie l'Egyptienne située rue de la Jussienne, à Paris.
Une semaine seulement sépare son départ du Pays de Caux et son arrivée dans la capitale.
Pierre Louis se distingue lors des journées du 13 et 14 juillet 1789 où il prend part aux événements de la prise de la bastille. Il se fit remarquer par son zèle pour la cause de la liberté. Le peuple ayant découvert, au port Saint Nicolas, un bateau chargé de cinq mille livres de poudre, cette poudre, portée en triomphe à l'Hôtel de Ville, y est déposée dans une salle basse, et confiée à la surveillance de l'abbé Lefebvre, qui est chargé d'en faire la distribution. Celui-ci se trouve alors à l'Hôtel de Ville en tant qu'électeur du clergé, avec l'assemblée des électeurs de Paris réunie par Bailly.
« Cette dangereuse commission, lit-on dans le Moniteur, mit plusieurs fois ce brave et respectable abbé à deux doigts de sa perte. Le jour même on tira un coup de fusil sur les tonneaux dont il était gardien, et un coup de pistolet sur sa propre personne. Pendant la nuit, la porte de la salle qui lui servait de magasin fut brisée sous ses yeux à coups de hache qui faisaient feu sur les clous dont elle était garnie. Enfin, un homme ivre entra peu de temps après dans ce magasin ou plutôt cette mine, située sous la salle des électeurs toujours remplie de citoyens, y entra, la pipe à la bouche, et continua de fumer sur les barils ouverts, malgré les plus instantes représentations ; heureusement l'abbé s'avisa de lui acheter sa pipe allumée, et la lança dans la cour. »
Le comité permanent de la milice parisienne déclare qu'il « applaudit aux vertus peu communes de M. l'abbé Lefebvre ». D'autre part, il proclame, quelques jours après, que « les sollicitudes de M. l'abbé Lefebvre ne se sont point bornées à la garde des poudres ; que sa charité l'a porté, dans la journée du mardi, jusqu'à faire distribuer, de ses deniers, du pain et du vin aux hommes affamés qui viennent assiéger son magasin ».
Le Moniteur ajoute : « MM. les députés de l'Assemblée nationale ont été émus de tant de preuves d'un si grand zèle : ils ont chargé le comité permanent d'en témoigner leur satisfaction à M. l'abbé Lefebvre, et de conserver à la commune, par tous les procédés chers au patriotisme, les services inappréciables d'un si vertueux citoyen. »
Le Moniteur ajoute : « MM. les députés de l'assemblée nationale ont été émus de tant de preuves d'un si grand zèle : ils ont chargé le comité permanent d'en témoigner leur satisfaction à M. l'abbé Lefebvre, et de conserver à la commune, par tous les procédés chers au patriotisme, les services inappréciables d'un si vertueux citoyen. »
Le 5 octobre 1789, sur une estampe dessinée par Jean François Janinet (1752/1814), on voit Pierre Louis aux prises de femmes voulant le pendre et des hommes voulant incendier des papiers. Lors de la première phase de cette journée, qui voit l'envahissement de l'Hôtel de Ville par les émeutiers, une corde lui est passée autour du coup. Cet événement se passe dans la cour de l'hôtel de ville. (source Gallica).
Dès son arrivé à Paris, Pierre Louis s'était lié avec des philosophes. Il avait été l'ami d'Helvétius et fut légataire de ses papiers. Par la suite, il continua d'être de la société de Mme Helvétius , qui ne l'oublia pas dans son testament.
Il écrit différents ouvrages dont « la Confrérie ou Société de Notre Dame auxiliatrice, érigée en pays de Caux », en 1779 ; « essai de traduction de quelques odes et de l'art poétique d'Horace », en 1788, tiré à cinquante exemplaires.
Entre 1790 et 1795, Pierre Louis devient curé constitutionnel du district de Franciade, ancienne division administrative française du département de Paris.
Il a assuré la publication des œuvres complètes d'Helvétius . Il est appelé, le 4 nivôse an VIII (25 décembre 1799), par le Sénat conservateur, à faire partie, comme député de la Seine, du nouveau Corps législatif. Il y siège jusqu'en 1803, et en assume la présidence du 22 décembre 1801 au 6 janvier 1802.
On retrouve Pierre Louis député au corps législatif de l'assemblée nationale du 25 décembre 1799 au 1 juillet 1803 et président, pendant une courte période, en décembre 1801. On le dit né et décédé à une date inconnue (document assemblée nationale) ou bien mort à Auteuil, en 1806, à l'âge de 81 ans.
https://seine-maritime.info/2021/03/07/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Louis_Lefebvre-Laroche
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Révolution française, l'abbé Lefèbvre
Bravo chère Eléonore, très intéressante biographie que celle de l'abbé Lefebvre. Merci de nous- de m'avoir fait connaître
ce personnage si important dans des moments si troubles
ce personnage si important dans des moments si troubles
Teresa-Cabarrus- Messages : 364
Date d'inscription : 18/02/2014
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