Jean-Frédéric Oberlin (1740 - 1826)
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Jean-Frédéric Oberlin (1740 - 1826)
Jean-Frédéric Oberlin (1740 - 1826)
« J. F. Oberlin, pasteur à Waldersbach »,
dessin de Mme Morin, lithographie par Godefroy Engelmann, 1820. BnF.
Image WIKI
Je lui trouve, sous cet angle, un petit air de Jean-Louis Barrault.
La nuit, la neige a écrit:Un personnage intéressant ! Vous retrouverez sa biographie ici : Jean-Frédéric Oberlin (Wikipedia)
Oui, n'est-ce pas ! J'avais justement l'intention de toucher un mot de ce pasteur parce que, avec Sara Banzet, il a été à l'origine de la création de l'école maternelle.
En effet, dès la fin du XVIIIe siècle, certains se soucient de fournir un encadrement aux tout petits dont les mères travaillent en atelier ou à l’usine. Jean-Frédéric Oberlin soutient l'initiative de Sara Banzet ( 1745 - 1774 ) et fonde en 1769, dans les Vosges, des écoles pour surveiller et éveiller les tout petits, écoles qu’il nomme « poêles à tricoter ».
Sara Banzet n'était que la servante dans la maison du pasteur Jean-Georges Stuber (1722-1797), son prédécesseur dans la cure de Waldersbach . Elle fit du chemin !
Strasbourgeois d’origine, Jean-Georges Stuber a appris le français à Montbéliard, où son père l’avait envoyé dans cet objectif. Il s’installe dans le misérable presbytère de Waldersbach le15 juin 1750. Il entreprend aussitôt une réforme complète de l’enseignement, qui le conduira à être l’auteur de l’une des toutes premières méthodes pour apprendre à lire au plus grand nombre et l’initiateur d’une bibliothèque de prêt, peut-être la première au monde. A ces deux conséquentes contributions, s’ajoutent la construction de maisons d’école et des cours du soir pour adultes.
Sara Banzet a la grande chance de pouvoir bénéficier de son enseignement. Elle rédigera, en 1767, un journal dans un français parfait, avec un style que bien des écrivains pourraient lui envier. Elle réfléchit au rôle que pourraient jouer les femmes dans l'enseignement aux tout petits. Au printemps 1767, elle réunit autour d’elle à Belmont de très jeunes enfants afin de leur donner un enseignement adapté à leur âge : chansons, mots nouveaux, observation des plantes, histoires tirées de la Bible.
On apprend en tricotant dans la seule salle chauffée de sa maison, appelée le « poêle » en langage local. Ceux des enfants qui le peuvent apportent une bûche.
Le « poêle à tricoter » de la jeune femme est bel et bien la toute première école maternelle ! Sara Banzet en est la véritable inventrice, même si son initiative est ensuite approuvée et soutenue, tant par le pasteur Stuber que par le pasteur Jean-Frédéric Oberlin, qui lui succède en cette même année 1767.
Apprenant que Sara Banzet enseigne le tricot aux enfants de son village, dès 1769, le pasteur Oberlin loue des locaux pour accueillir tout ce petit monde et engage deux nouvelles « conductrices de la tendre jeunesse » ( quel joli titre ! ), Louise Scheppler et Anne-Catherine Gagnière. Sara Banzet qui les encadre officie bénévolement au début, puis, pour amadouer son père qui se plaint qu'elle perd son temps, Jean-Frédéric Oberlin l'engage officiellement avec une petite rémunération.
Il profite largement de l’appui financier et des judicieux conseils de son prédécesseur, Stuber, . La construction d’une école et le développement de la bibliothèque de prêt représentent à cet égard deux aspects significatifs de la collaboration qui s’instaure entre les deux hommes.
C’est ainsi que naît le concept d’une maison-école, c’est-à-dire un lieu de vie doté d’une salle spécialisée pour rassembler les enfants, le Poêle d’Ecole, ainsi que des chambres pour les pensionnaires venus de la ville pour suivre une formation auprès d’Oberlin » .
Au Ban-de-la-Roche, le « poêle », c’est la salle commune, endroit privilégié pour se retrouver autour de la chaleur bienfaisante du foyer. A l’origine, le « poêle à tricoter » ne représente pas une construction originale, mais la salle commune d’une maison d’habitation, louée occasionnellement pour accueillir les jeunes élèves des « conductrices ».
Les « poêles à tricoter », qui apportent un enseignement précoce aux enfants tout en permettant à leurs mères de gagner leur vie, deviennent un élément fondamental de l’œuvre pédagogique, sociale et humaine du pasteur Oberlin.
Les surveillantes font jouer les plus petits et enseignent aux grands la couture et le tricot, de même que des notions de géographie, de botanique ou d’histoire naturelle.
Hélas ... Sara Banzet, dont il n'existe aucune représentation, meurt à l'âge de 28 ans en 1774.
Johann Friedrich Oberlin, Jean-Frédéric Oberlin en français, pasteur protestant alsacien, piétiste et apôtre du progrès social était né le 31 août 1740 à Strasbourg.
Une plaque commémorative sur sa maison natale perpétue son souvenir :
Il mourut le 1er juin 1826 (à 85 ans) à Waldersbach ...
... où, en 1767, il s'était vu offrir la place peu recherchée de pasteur.
Waldersbach, village pauvre de la haute vallée de la Bruche, situé dans le comté du Ban de la Roche, sur le versant ouest du Champ du Feu.
Dès le XVIIème siècle, quelques pasteurs, pénétrés de l’importance de leur mission, comme Jean Nicolas Marmet, Jean Georges Pelletier, de Montbéliard, et surtout son prédécesseur, Jean Georges Stuber, avaient contribué à améliorer le bien-être de la population déshéritée de cette région. Nous avons vu comme Stuber avait réussi à y établir une école convenable, et grâce à ses soins, grâce aussi à son Alphabet méthodique pour faciliter l’art d’épeler et de lire en français, la plupart de ses paroissiens lisaient à peu près couramment.
Oberlin exerça son ministère pastoral durant près de 60 ans à Waldersbach, où un musée interactif, le Musée Jean-Frédéric-Oberlin, est consacré à son œuvre.
Jeunesse et études
Fils de Jean-Georges Oberlin (1701–1770), professeur au gymnase protestant de Strasbourg, et Marie-Madeleine, née Feltz (1718–1787), Oberlin reçut son éducation à l'université de Strasbourg. Porté par ses goûts et par une grande piété vers la carrière ecclésiastique, il y étudia la théologie et se fit remarquer parmi ses condisciples non seulement par son intelligence et son application, mais aussi par un enthousiasme religieux qui se rencontre rarement chez un jeune homme de son âge. Ayant obtenu, en 1763, le grade de maître ès arts, il entra, en qualité de précepteur, dans la maison du chirurgien Ziegenhagen, où il passa trois années et joignit, à ses connaissances d'agriculture acquises durant sa jeunesse, des notions de médecine et de botanique.
Le 6 juillet 1768, il se maria avec la fille d’un professeur à l’université de Strasbourg, Madeleine-Salomé Witter, chez qui il trouva une compagne fidèle et une aide précieuse pour les réformes qu’il projetait. Elle lui donna neuf enfants en quatorze ans d'une union sans nuages.
Travaux d’aménagement routier
Beaucoup restait à faire pour développer la contrée, mais Oberlin ne recula pas devant la tâche. Il fit sentir à ses paroissiens la nécessité de rendre praticables les chemins détestables qui reliaient entre eux les cinq villages de la paroisse, et d’ouvrir une communication régulière jusqu’à la grande route pour mettre le comté en rapport avec Strasbourg. Il vainquit la résistance qu’il rencontra en prenant lui-même la pioche et en se mettant le premier à l’ouvrage. Il leur fit ensuite construire un pont, soutenir par des murailles les terrains près de s’écrouler, bâtir des maisons solides et commodes.
Agriculture et mise en valeur des terrains
L’agriculture pouvant être améliorée, Oberlin fit divers essais de culture, puis il acheta un grand nombre d’instruments aratoires, qu’il vendit au prix coûtant ou même au-dessous de ce prix aux cultivateurs qu’il pourvut de semences appropriées à la nature du sol. Il renouvela les plants de pomme de terre, créa des engrais et des prairies artificielles, planta des vergers et des pépinières dans des terrains auparavant stériles, et introduisit le lin, le trèfle et diverses espèces d’arbres fruitiers, d’herbages productifs, de légumes et de céréales, auparavant entièrement inconnus dans le pays. Avec le temps, et sous sa judicieuse direction, le cours des ruisseaux fut fixé, les marais asséchés et ce sol aride, fertilisé par ses soins, prit un aspect plus riant. La culture de la pomme de terre et celle du lin firent, en même temps, de tels progrès, que les cultivateurs trouvèrent bientôt dans l’exportation d’une partie des produits de leurs champs des ressources considérables qui servirent à des améliorations nouvelles.
Autres métiers
Comme presque aucun métier, même les plus utiles, n’était exercé dans la paroisse, il en résultait des privations nombreuses ou un surcroît de dépense. Oberlin choisit donc parmi les jeunes garçons ceux dont il devinait l’habileté, les habilla et plaça en apprentissage à Strasbourg un certain nombre de jeunes gens, pour leur faire apprendre les métiers de maçon, charpentier, forgeron, menuisier, vitrier, maréchal-ferrant et charron. Enfin il fit former un maître d’école pour lui faire acquérir des notions de médecine et encourager la formation de sages-femmes, vulgarisa la connaissance et l’emploi des plantes médicinales, et ouvrit une pharmacie. Peu à peu, cette aisance accrut considérablement la population qui, ne se composant que de quatre-vingt à cent familles dans les commencements, en comptait cinq à six cents, quarante ans plus tard.
Afin de fournir du travail à tous les bras, le travail des champs ne suffisant pas à soutenir la majorité des habitants, l’infatigable pasteur chercha dans l’industrie de nouveaux moyens d’existence : il encouragea la filature de coton, et donna des prix aux meilleures fileuses. En 1814, sa réputation attira au Ban de la Roche un ancien directeur de la République helvétique, Jean-Luc Legrand, qui forma une fabrique de passementerie en rubans de soie.
Amour de l'humanité
L’influence bienfaisante d’Oberlin se manifesta encore par de nombreux actes. Voyant, un jour de 1779, les paysans accabler d’injures un colporteur juif, il leur reprocha de se montrer eux-mêmes indignes du nom de chrétiens, chargea sur ses épaules le ballot de marchandises de l’étranger, le prit par la main et le conduisit jusqu’à sa demeure. Le dimanche suivant, il prononça en chaire un sermon intitulé « Dieu a-t-il rejeté son peuple ? », où il affirmait « je suis aussi Israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. »
Cet homme poussa son anti-esclavagisme jusqu'à renoncer à la consommation du sucre et à celle du café .
Emu de compassion par le sort des esclaves noirs, Jean-Frédérique Oberlin renonça à l’usage du sucre et du café, qui lui semblaient arrosés de leur sang.
On loue encore son désintéressement, sa tolérance, sa philanthropie qui embrassait tout le genre humain : il vendit son argenterie pour contribuer à l’œuvre des missions ; ému de compassion par le sort des esclaves noirs, il renonça à l’usage du sucre et du café, qui lui semblaient arrosés de leur sang.
Oberlin a donné « Charité » comme deuxième prénom à ses filles Henriette et Louise.
Oberlin et la Révolution française
Oberlin accueillit favorablement la Révolution française, participant à l’organisation des fêtes civiques données au Ban de La Roche qu’il préside et organisant des collectes de vêtements pour les conscrits. Lors de la suppression de son traitement par les autorités du département, il prit, pour pouvoir survivre et continuer son œuvre pastorale, une patente professionnelle et devient « artisan en tricotage ». Ce patriote sincère et partisan du gouvernement républicain ne craignit pas de braver les révolutionnaires en sauvant le plus de proscrits qu’il put, sans distinction d’opinions ou de culte.
Admirateur enthousiaste de Lavater et de Franz Joseph Gall, Oberlin, pour exercer son talent comme physionomiste, rassembla un grand nombre de silhouettes, en bas desquelles il écrivait quelquefois son jugement.
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3340p50-l-art-du-portrait-en-silhouette-ou-a-la-silhouette#177197
À la suite de l’œuvre de piété et des efforts du ministre de l’Évangile, pas une commune en France ne put rivaliser avec le Ban de la Roche ni en moralité ni en instruction. Les succès rencontrés par Oberlin au Ban de la Roche répandirent son nom en France et à l’étranger. Plusieurs sociétés philanthropiques l’admirent dans leur sein ; la Société biblique de Londres le choisit pour son principal correspondant. Le 16 fructidor an II, il reçut pour son prédécesseur Stuber et lui-même de la Convention une mention honorable pour sa contribution à « l’universalisation de la langue française ». En 1818, la Société centrale d’agriculture lui décerna une médaille d’or. Le 1er septembre 1819, Louis XVIII le nomma chevalier de la Légion d'honneur. Cependant sa meilleure récompense était l’amour de ses paroissiens.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Oberlin
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55412
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Jean-Frédéric Oberlin (1740 - 1826)
Une belle histoire que je connaissais pas merci
Mr ventier- Messages : 1128
Date d'inscription : 18/11/2020
Age : 58
Localisation : Rouen normandie
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