Mode, frivolités et Sourcils de hanneton ...

Au XVIIIe siècle, toutes les femmes de la haute société adorent faire des nœuds, c’est à dire entrelacer des fils de couleur avec une grande dextérité pour obtenir des “frivolités”, des " sourcils de hannetons " à l'aide de navettes

Certaines possèdent des navettes de toute beauté, en or et parfois même incrustées de diamants, il faut dire que cette occupation se partage entre amies dans les salons, et la navette sert alors (aussi) à représenter le statut social.



Ces petits outils ont inspiré, en pâtisserie, de délicieux biscuits méridionaux comme les navettes de Marseille !  



Le sourcil de hanneton (1752)


"On appelle Sourcils de hanneton dans le négoce des Maîtres frangiers, une sorte de petite frange à houppettes, qui imite ces deux espèces de cornes houppées que porte l’insecte, en forme de grosse mouche, qu’on nomme un Hanneton."

Dictionnaire universel françois et latin, contenant la signification et la définition tant des mots de l'une et de l'autre langue... que des termes propres de chaque état et de chaque profession ; la description de toutes les choses naturelles et artificielles...(1752)




https://www.facebook.com/357810751312904/posts/1059474084479897/

Ces franges à petites houppes rappelant les antennes du hanneton sont utilisées également en passementerie.
Ainsi le roi Stanislas de Pologne décide-t-il de faire appel aux frères Guillot à Nancy pour un cadeau spécial pour son petit-fils, le petit dauphin, fils du roi Louis XV.
La sculpture de cire représente un enfant Jésus de crèche vêtu d’une robe réalisée dans une dentelle flamande aux fuseaux de la fin du XVIIème siècle sur laquelle sont cousus des éléments de passementerie en « sourcils de hanneton » de couleur verte, les manches se terminent par des rangs de perles de verre.
http://www.noblesseetroyautes.com/vente-dun-present-du-roi-stanislas/

Une de ces somptueuses robes (...), toute passementée de cannetille, et de ce qu'on appelait alors des sourcils de hannetons
(E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 2, 1881, p. 177).




http://www.histoiresgalantes.fr/blog/2016/11/20/les-frivolites-ancetres-des-bracelets-bresiliens/

CLIOXVIII a écrit:
Lors de l'animation de Médavy, une des dames expliquait la fabrication des fameux sourcils ; quelle minutie ! et besoin de beaucoup de temps ....Mais résultat superbe ! Désolée, pas de photo ....

Ces sourcils de hannetons ont eu une grande vogue au XIXème siècle, spécialement sur les robes de bal des élégantes, pour finalement tomber en désuétude au XXème.   Ils semblent susciter aujourd'hui un regain d'intérêt pour quelques rares personnes férues d'ouvrages de dames anciens, comme ton amie, ma chère Clio.  

Incroyable : tant la finesse de ces ouvrages , que le nom qui leur était donné sans oublier le luxe des navettes. Génial

Je ne suis pas certaine que ces dames avait un tel savoir-faire à la navette. Voyez ce qu'en écrit la comtesse de Genlis    

« Navettes - Jadis les femmes, pour avoir une contenance dans leurs visites et dans un cercle, tiraient de leur sac à ouvrage une jolie navette d’or, d’écaille ou d’ivoire, et faisaient des nœuds. Cet ouvrage en général ne servait à rien ; mais il était une espèce d’emblème qui exprimait l’aversion que toute femme doit avoir pour une totale oisiveté : c’était l’enseigne du travail des doigts. Ce maintien avait de la grâce, il caractérisait particulièrement une femme.»

Mémoires inédits de la comtesse de Genlis, tome dixième, 1825.

Toujours aussi aimable et gracieuse, Félicité !

Super intéressant, merci Marie-Jeanne.

Mme de Sabran a écrit:
Toujours aussi aimable et gracieuse, Félicité !  

Mme de Genlis a écrit:  
« Navettes - Jadis les femmes, pour avoir une contenance dans leurs visites et dans un cercle, tiraient de leur sac à ouvrage une jolie navette d’or, d’écaille ou d’ivoire, et faisaient des nœuds ( ... )  »

Allez ! reconnaissons que Necker disait exactement la même chose de la broderie .  

Mme de Sabran a écrit:Toutes les dames ne sont pas passionnées de broderie         , mais voilà une occupation indispensable qui les sauve, en société,  du souci de se donner une contenance, et même leur permet de couper dignement à de pesantes mondanités de convenance...   quitte à ce que la dame fasse semblant de broder,  pourvu qu'elle ait un air très absorbé par son ouvrage.

Nous pouvons le croire, c'est Jacques Necker qui le dit :

Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3213p75-la-broderie-au-xviiie-siecle?highlight=BRODERIE

Un autre regard sur cette occupation féminine :

« Ne vaudroit-il pas mieux, par exemple, pour la société & leur propre intérêt, qu'on leur enseignât à toutes un art utile, plutôt qu'à faire des nœuds & mille autres sortes de Colifichets, qui ne servent qu'à leur faire employer le temps inutilement, ou à les parer d'une façon tout-à-fait ridicule & affectée.»

L'Ami de ceux qui n'en ont point..., Joseph Méry de La Canorgue, 1767.

Marie-Jeanne a écrit:Un autre regard sur cette occupation féminine :

« Ne vaudroit-il pas mieux, par exemple, pour la société & leur propre intérêt, qu'on leur enseignât à toutes un art utile, plutôt qu'à faire des nœuds & mille autres sortes de Colifichets, qui ne servent qu'à leur faire employer le temps inutilement, ou à les parer d'une façon tout-à-fait ridicule & affectée.»

L'Ami de ceux qui n'en ont point..., Joseph Méry de La Canorgue, 1767.

Aujourd'hui c'est Instagram, c'est pire en termes d'occupation inutile ... et en plus ça concerne tant les femmes que les hommes