Le château de Saint-Cloud

Les vues de l'escalier rendent très bien.
Je suis très surpris de vois des colonnes sans piedestaux dans le vestibule. Peut-être à cause de la hauteur sous plafond qui semble basse ?

hardouin a écrit: Ces poëles supoortaient des statues, un Gladiateur mourant d'après l'antique,

Voici le Gladiateur mourant de Pierre Julien ( 1779) (musée du Louvre) :

Mais est-ce que la chaleur des poêles n'abimait pas les statues ???!!

Il 'n y a pas de raison, il faudrait que la température soit très importante. Les fumées sont plus problématiques.

De plus, les poeles sont recouverts d'une plaque de marbre qui doit garantir une température acceptable pour la statue.
Un usage qui perdure à Compiègne avec ce poêle du grand vestibule d'honneur :


Merci pour l'illustration, cher duc, c'est bien cette statue, qui se trouvait à gauche en entrant dans le vestibule. Celle à droite, l'innocence, est de Guillois.

Pour les colonnes, c'est sans doute la faible hauteur du vestibule et sa grande largeur qui a conduit à choisir des colonnes sans socle, sinon elles auraient paru ridiculement petites. Cet état est attesté par plusieurs photographies parues dans l'ouvrage de référence de Florence Austin Montenay.

J'ai cherché à donner un peu plus de "vie" à ces premières pièces du palais en réalisation une visite "animée", que voici :
https://youtu.be/GsAFndH8Wjs

Je suis un peu déçu de la qualité de l'image en plein écran, bien meilleur sur mon PC... Il va falloir que j'étudie les réglages de téléchargement!
La première partie de l'accompagnement musical est constitué par le générique de "Palais Royal", émission présentée par Léon Zitrone au début des années 1990. Si l'un de nos membres reconnaissait cette musique...

C'est déjà un très bel aperçu !

Sera présenté, à l'occasion d'une vente aux enchères organisée le 19 mars 2018, à Drouot Paris, par l'étude Kohn :

EXCEPTIONNEL MOBILIER DE SALON PROVENANT DES CHÂTEAUX DE SAINT-CLOUD ET DE FONTAINEBLEAU
Comprenant un canapé, deux bergères et six fauteuils
Paris, vers 1785
Bois peint
Porte les numéros d’inventaire des Châteaux de Saint-Cloud et de Fontainebleau
Canapé : H. 99 cm, L. 195 cm, P. 73 cm
Bergères: H. 98 cm, L. 66 cm, P. 50 cm
Fauteuils : H. 95 cm, L. 62 cm, P. 53 cm








Note de la maison de vente :

Cet important ensemble de salon en bois mouluré sculpté et rechampi crème comprend un grand canapé, deux bergères et six fauteuils. Structure et sculpture sont de pure obédience néoclassique.
Les dossiers « à la reine » présentent une moulure à frises de grecques. Les accotoirs s’embrèvent haut dans le dossier, accueillent un manchon et se terminent en volute feuillagée.
Ils reposent sur un support en balustre feuillagée porté par une butée cannelée et un dé de raccordement à rosace. On retrouve le même motif de frises de grecques sur la ceinture.
Les pieds fuselés et cannelés s’ornent en leur sommet d’acanthes.
Ils portent des numéros d’inventaire des Châteaux de Saint Cloud et de Fontainebleau.



Une paire de fauteuils en cabriolet provenant du Salon des Jeux de Louis XVI au Château de Saint-Cloud et datée de 1787 est passée sur le marché de l’art en 1979. Portant l’estampille de Georges Jacob, cette paire montre de nombreuses similitudes avec notre modèle.



Une autre paire de fauteuils de même provenance présente une structure et une ornementation identique à la nôtre au niveau du dossier et des accotoirs.



Le Château de Saint-Cloud fut construit par Jules Hardouin-Mansart à la fin du XVIIe siècle pour Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV. Marie-Antoinette acheta le château en 1785.
Des travaux de réaménagement furent entrepris sous la direction de l’architecte Mique. Puis eut lieu une campagne de remeublement.
Les plus grands ébénistes et menuisiers en sièges intervinrent, Boulard, Sené ou Jacob. Ce dernier livra notamment soixante-deux sièges pour le Salon des Jeux, pièce axiale du château.

* Source et infos complémentaires : https://www.kohn.paris

Superbe. Le support en balustre cannelé surmonté d'une volute feuillagée est effectivement caractéristique de Jacob.

Magnifique travail de sculpture et beaucoup d'élégance.. Jacob quoi!
Il est curieux que la pièce pour laquelle cet ensemble n'ait pas été identifiée avec ce numéro... les inventaires sont si faciles d'accès aux Archives Nationales!

J'ai commencé la réalisation de la galerie d'Apollon, aménagée pour Monsieur, frère de Louis XIV, et transformée par Mique en galerie de la chapelle : à son extrémité on trouvait en effet le salon de Diane qui servait de salon de la chapelle, et la galerie servait de tribune pour la cour, la chapelle ayant été construite le long de la galerie.

Elle servait depuis Napoléon 1er de galerie de tableaux, dont la liste et l'emplacement sont très précisément connus pour l'époque de Louis Philippe et encore valables pour l'époque de Napoléon III.
Sur cette vue, on regarde vers l'escalier, la grande porte ouvrant sur le salon de Mars, et la chapelle est sur la droite, dans les travées les plus proches de nous. Les fenêtres à gauche ouvrent sur la cour d'honneur, dont les façades seront bien entendu installées dans la version définitive de la galerie. Les meubles Boulle évoquent l'ensemble des meubles présents qui seront aussi réalisés, puisqu'ils ont tous été retirés et sont conservés pour l'essentiel au Louvre et à Versailles.





Il reste bien évidemment pas mal de choses à faire, tant du point de vue du décor (notamment la voûte, les dessus des arcades et les tableaux pas tous posés) et du mobilier (des chaises "Louis XV", des cabinets, les 6 lustres).

Merci, merci, cher Hardouin !    ...   et bravo !

Nous vous suivons toujours pas à pas !!!  

Impressionnant, je ne l'imaginais pas si longue.

Pour se rendre compte de sa longueur (47 m de long sur 7,15 de large), on peut indiquer que dans l'aile symétrique, de l'autre côté de la cour, on trouve sur le même espace : le vestibule, le cabinet du conseil, le cabinet de travail, la chambre, le cabinet de toilette de l'empereur et la chambre de l'impératrice!

Je prépare la réalisation des cabinets de la galerie. J'ai pu repérer l'emplacement des différents cabinets présents sur la base Atlas ou sur celle du ministère de la culture, soit l'essentiel des cabinets qui sont au Louvre ou à Versailles.




Il me manque celui du bout à droite, les photographies sont trop floues pour l'identifier. L'inventaire de 1855 le décrit ainsi "deux petites armoires, socle et montant en bois d'ébène, panneaux en laque de Chine, le tout encadré de bronzes ciselés et dorés, dessus en marbre fin, hauteur 1,15m sur 78 cm". Une idée?

Il faut ajouter à cet ensemble deux cabinets en laque qui encadrent l'entrée côté salon de Mars, également au Louvre :

Deux vues de la galerie avec une grande partie des cabinets réalisés et des tableaux originaux posés du côté du salon de Mars :




Une vue de détail sur le mobilier :


Deux cabinets "aux saisons" maintenant à Versailles. J'ai pu replacer les cabinets à leur bonne place grâce à une photo en haute résolution montrant nettement les côtés des cabinets. Les pliants sont placés devant les fenêtres.
J'ai également réalisé les chaises en bois noirci façon laque de Chine et garniture de damas cramoisi qui encadraient chaque cabinet, et les lustres en m'appuyant sur les photos et sur un modèle identique conservé dans la salle des Maréchaux de l'école militaire à Paris.
J'en ai profité pour installer la maquette extérieure de la cour d'honneur pour donner le panorama depuis les fenêtres

hardouin a écrit:
J'en ai profité pour installer la maquette extérieure de la cour d'honneur pour donner le panorama depuis les fenêtres

Et ça, c'est un coup de génie ! Nous nous y croyons vraiment .
J'aime bien les cravates rouges des lustres.

Impressionnant.

Une fois encore : quel travail, bravo !

Quel travail d'orfèvre vous nous faites profiter cher Hardoin ! Absolument superbe ! Quelle splendeur que Saint-Cloud !

Je regrette que le séjour des souverains Français fut si court entre 1786 et 1789.

Une grande fête fut donnée à Saint-Cloud en 1788 en l'honneur des ambassadeurs de Mysore. A cette occasion, Louis XVI et Marie-Antoinette sejournerent-ils quelques jours à Saint-Cloud ou s'en retournèrent-ils à Saint-Cloud une fois la fête terminée ?

Les livres sur ce château ne mentionnent pas trace de séjour en 1788. Il faudra attendre 1790.

Saint-Cloud me rappelle surtout ce départ manqué de la famille royale pour aller faire ses Pâques ...

Oui, en 1791. Impossible de franchir les grilles des Tuileries. De toute façon, c'était impossible techniquement je pense sans employer la force, et même en faisant forcer le barrage, il fallait traverser Paris ! Non, ce n'était pas possible, le mal n'en aurait été que plus dramatique encore...
C'est cette ultime humiliation qui enleva les derniers scrupules du roi d'une évasion déjà largement entamée par la reine.

Merci, cela engage à poursuivre!

Petite question à Lucius, qui n'est obligé de répondre ;-) et à tous ceux qui ont de bons yeux! J'ai eu communication de photographies qui permettent de voir nettement les décors de faux marbre des murs.... si vous aviez une idée de ce que cela peut être, au vu des veines du marbre.. Merci!
Salon de Mercure :


Salon de Vénus

Je crois me souvenir avoir vu des portes peintes en faux marbres de différentes couleurs, mais bien incapable de me souvenir où. Peut-être dans les salles du Louvre où est présentée la collection Thiers.

A vue de nez, avec toute l'incertitude possible face à des photos en noir et blanc, je dirais, sur le mur soit de la brèche d'Alpe (du Thoronet) soit de la brèche violette (genre Médicis par exemple).
Pour le bas-lambris, il ce doit être un marbre rouge ou vert, je n'imagine pas du noir en bas lambris complet. Mais s'il y a plusieurs essences mélangées, on est pas sorti de l'auberge.
Je vois mal quel rouge français pourrait avoir d'aussi gros nodule et des grandes ondes. Par contre ça pourrait correspondre à un faux vert-antique. Ce qui ne serait pas incohérent avec le beige de la brèche au dessus. Mais s'il s'agit d'un marbre italien, voire méditéranéen, je suis incompétent.

Je dirais qu'avec de la brèche d'Alep, le vert-antique irait mieux, et le marbre rouge correspondrait mieux à une brèche violette. Néanmoins il me semble que c'est un peut clair pour le l'Alep, toutefois, le peintre a pu avoir consigne de donner quelque chose de léger.

N'y a-t-il aucune, aquarelle, aucun inventaire ou guide qui puisse nous indiquer ne serait-ce qu'une couleur ?

Oui, c'est bien difficile d'apprécier des couleurs avec le noir et blanc.
Les tissus des fauteuils sont-ils connus ?
Car selon la façon dont la lumière éclaire ces lambris, l'on remarque que les tons sont bien plus clairs (alors que celui des chaises ne change guère) ; personnellement, j'écarterais le noir ou un vert très foncé en tous les cas.

Oui, oui, tout à fait d'accord !

Merci cher Lucius, ce n'est pas un exercice évident! Il faudra faire un essai pour voir ce que pourrait donner l'alliance de ces couleurs de marbre.
Personnellement je n'ai rien lu concernant la description détaillée des décors. Les livres du XIXe se bornent à l'énumération des oeuvres d'art (tableaux ou objets remarquables), et aux faits historiques qui se sont déroulés à Saint Cloud. Les ouvrages du XXe que je consulte (Clouzot et l'ouvrage de Mme Austin Montenay principalement) passent très vite sur le décor (avec parfois des erreurs, comme le décor de boiserie de ces salons qui sont datés du XVII e par Clouzot alors qu'ils datent de 1838)) et se concentrent sur le mobilier.
Les informations les plus précises et exactes sont celles apportées par les mémoires de travaux, mais j'habite (très) loin de Paris et je ne peux me rendre que très épisodiquement aux archives nationales pour consulter ces documents, qui sont limités à 10 par jour...La dernière fois que j'y suis allé, un seul carton comportait des mémoires détaillés... Il faudrait pouvoir dépouiller les documents relatifs aux travaux de Saint Cloud à partir de 1838 et sous le Second Empire, qui ne sont pas si nombreux que cela (une vingtaine de cotes à tout casser, qui plus est inventoriées) pour y trouver l'information... Je ne pourrai personnellement y retourner que fin avril!

Pour ce qui est de la moulure, on peut remarquer pointée par la belle flèche jaune de la nuit, la neige, que le décor de marbre s'interrompt  sur ladite moulure. Au vu de leur caractère brillant je pense que les moulures sont dorées.
150 ans après sa disparition, le château n'a pas livré tous ses secrets

Pour les modèles des tissus du salon de Vénus, il s'agit du modèle "aux papillons" datant de l'époque de Louis Philppe et intégralement conservé au mobilier national. Il semble qu'une partie des sièges de ce salon soit maintenant à l'Elysée, pour partie dans le bureau du président (les fauteuils) et pour partie dans le salon du conseil des ministres (les chaises).

Les salles Empire de l'aile du midi à Versailles peuvent peut être aider sur les choix de faux marbre courant dans les années 1830
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On a aussi la salle du Congrès qui donne un bel exemple de polychromie en faux marbre  des années 1870 (elle date de 1875)