Le château de Saint-Cloud

Très bons points de comparaison !
Qui montre que ça pourrait être à peu près n'importe quel marbre de n'importe quelle couleur !

hardouin a écrit:Pour les modèles des tissus du salon de Vénus, il s'agit du modèle "aux papillons" datant de l'époque de Louis Philppe et intégralement conservé au mobilier national.

Oui, c'est ce qui a attiré mon regard sur votre première photo. J'ai beaucoup aimé...
Qui était l'ébéniste ? Ont-ils conservé ce tissu original ?

Cher Dominique,

/Je regrette que le séjour des souverains Français fut si court entre 1786 et 1789. /

J'ai retrouvé dans le journal d e Louis XVI quelques remarques sur les visites à Saint- Cloud.
Par exemple avant le sejour de la  cour assez long  du 14 mai au 15 juin 1788
Le Roi a noté :
21 avril 1788  Visite à Meudon à 2 h.et à Saint Cloud, ch du chevreuil à Fausse Repose.
Puis  à  3 mai 1788 Visite Meudon , dej à Saint Cloud, Revue de gardes Francais et Suisse a Midi  
Sans aucun doute avec la Reine ../ Peut être de superviser les règlements de construction .. C´est mon avis/
Mais pas pour  une grande fête fut donnée à Saint-Cloud en 1788 en l'honneur des ambassadeurs de Mysore

La promenade de la Reine avait lieu  souvent  dans un parc de Saint-Cloud, sans oublier de mentionner les journaux du temps. /  Aussi en septembre 1786 elle y passait l'apres midi.
Pendant la révolution. De 1790-1792, le roi écrit souvent dans son journal SAINT CLOUD .. comme lieu de ses promenades à cheval.
Même la reine y est allée , Même au printemps de 1792.

Une petite perle enfin:
Pendant le séjour de la cour en 1790, le roi a noté le jour du 21 septembre 1790 Dej. à Felicité avec mes tantes.
/Felicite.. C'est le petit pavillon de la reine dans les bosquets qui porte le même nom.../

Leos

Cher Leos,

Une grande fête -une des toutes dernières, peut-être l'ultime fête des fêtes de l'histoire de la monarchie d'Ancien Régime- eut bien lieu au château de Saint-Cloud le 8 août 1788 en l'honneur des ambassadeurs de Tippoo-Sahib, roi de Mysore.

Source : "Saint-Cloud, une vie de château" de Florence Austin Montenay/ Éditions Vogele/ 2005. Page 120.

Vous notez un séjour de la Cour du 14 mai au 15 juin 1788. Ce séjour n'est pas indiqué dans le livre pré cité, mais il me semble bien avoir lu cela dans un autre document que je ne retrouve pas.
Ce séjour à Saint-Cloud de la famille royale me fait plaisir dans la mesure où il s'inscrit dans un climat très troublé avec la fronde des parlements, le désordre qui s'installe un peu partout en France et la maladie du dauphin. Puisse ce séjour avoir donné quelques forces aux souverains dans ce contexte d'épreuves !
Je serai curieux de savoir comment Louis XVI et Marie-Antoinette ont vécu ce séjour, qu'elles ont été les activités de la Cour. Louis XVI aimait beaucoup apparemment chasser à Saint-Cloud.

Cher Dominique,

8.8 1788 il note dine au hameau, soupe a Trianon

Vouz pouvez lire ce journal on -line:  


Leos

Cher Leos, vous nous produisez toujours des documents inédits et de premier choix !
Merci !!!

Il est vrai qu'on oublie trop souvent de se référer au journal de Louis XVI qui note le moindre de ses déplacements. Grand Merci Leos !

D'autres obligations s'imposant, j'ai un peu ralenti le rythme.
La chapelle étant très simple dans son décor et sa structure, j'ai voulu voir ce que pouvait donner la vue de la galerie depuis la chapelle, puisqu'on se souvient, que comme aux Tuileries avec Fontaine, la galerie sert de tribune de la chapelle pour la cour.



Depuis 1843, l'accès à la chapelle basse se fait depuis un vestibule situé sous le salon de Diane. Ce vestibule, aménagé sous Louis Philippe, est connu dans le détail par un feuillet aux archives du domaine du Saint Cloud qui présente tous les éléments de plan et d'élévation, et par le registre 37DD3 qui en donne une vue d'ensemble.
Relativement étroit (il fait environ 8m x 6), il est entièrement en pierre. Son sol est dallé de marbre noir et blanc, comme l'indique le mémoire du marbrier. Les murs sont rythmés par des pilastres toscans de 3,32 m de haut, posés sur des dés de 78 cm de haut, auxquels répondent au centre de la pièce quatre colonnes de même. La pièce est ceinturée par un entablement à denticules, qui relient également les colonnes aux murs. Le décor est très sobre : une photographie après l'incendie montre des murs nus, animés par quatre petites portes situées sur les murs latéraux. Le centre de ces deniers est occupé par deux statues sur un socle en partie en pierre (partie basse, de 70 cm de haut) et en partie en marbre (partie haute, de 61 cm de haut). Ces deux statues représentent Saint Philippe (à gauche de l'entrée) et Saint Louis à droite. On a donc... Louis-Philippe dans le vestibule!



Le vestibule s'ouvre par trois arcades sur la chapelle.
En tant que chapelle palatine elle est à deux niveaux. C'est la principale adjonction de Mique dans cette partie du palais. Il a fait creuser le sol derrière le pavillon du salon de Diane, le long de la galerie, pour établir la chapelle basse. Les arcades aveugles à gauche sont donc un mur de soutènement du sol de l'allée de la Carrière. La chapelle haute est éclairée par des fenêtres rectangulaires inscrites dans des arcades qui ouvrent sur cette allée et elles sont séparées par des pilastres ioniques et surmontées de trophées que je n'ai pas encore réalisés. La tribune royale est soutenue par les deux colonnes toscanes, qui ont servi de modèle pour celles du vestibule. La porte au premier ouvre sur le salon de Diane, qui date de Monsieur, et que Mique a transformé en salon de la chapelle.



En face, les deux fenêtres à gauche éclairent un escalier qui permet de d'accéder à la galerie d'Apollon et la troisième, à droite, une pièce qui donne sur le palier de l'escalier. Cet escalier débouche dans la chapelle par la porte à droite de l'autel.


Le maître autel est en marbre, et il est visible sur une photo avant l'incendie. Le retable en pierre est dû à Deschamps, l'auteur des bas reliefs de l'escalier. Il représente la Vierge, l'enfant Jésus, saint Siméon et Sainte Anne, et il a été photographié en gros plan après l'incendie ce qui a permis de le "replacer".

Merci.

N'y avait-il pas de balustrade ? ou au moins un léger emarchement pour séparer l'espace de l'autel de la nef ?
Si ce sont les sièges des célébrants que vous avez placés à gauche de l'autel, ils n'ont pas besoin de prie-dieu.

Le bas-relief rend assez bien, même si on peine à discerner le sujet de si loin. L'auriez vous en plus gros plan ?

Merci!
Il y avait effectivement une marche, en tout cas une marche est figurée sur la vue en coupe postée plus haut. Je pensais l'avoir faite mais comme je navigue entre plusieurs fichiers, elle a "disparu". Je vais donc la rétablir dans une prochaine version. Si on se base sur ce dessin, elle se trouvait à hauteur de la deuxième arcade en partant du "choeur" et donc le choeur avait deux travées de large.
Pour le mobilier, comme je manque de temps, j'ai simplement fait un copié collé de sièges de la chapelle des Tuileries, pour donner l'échelle. Comme je dispose de l'inventaire de 1855, je pourrai replacer le mobilier qui se composait de :
-pour la chapelle basse : 10 banquettes en noyer recouvertes de velours cramoisi de 3.50 m de long ; 4 banquettes semblables mais de 2.36m ; pour ces banquettes des genouillères idem avec pour chacune des "boites en noyer pour poser les livres" ; 10 tabourets de siège idem ; une table en noyer ;
-pour la tribune (impériale donc) : deux fauteuils en bois doré et velours cramoisi  pour les souverains ; six chaises prie-dieu idem ; 9  chaises idem ; 4 pliants à pieds en  X ; deux tabourets de pied ; deux banquettes en bois doré  ; un appui de tribune en trois parties de 8.65 m de long (ce qui nous donne la largeur de la chapelle) ; une genouillère de 8.5 m de long, et... plus surprenant... un "thermomètre à alcool en bois naturel".

De même il me faudra ajouter les "appuis sur châssis en hêtre, recouverts en velours d'Utrecht cramoisi uni" qui se trouvaient sur toutes les balustrades et que l'on voit sur la seule photo que je connaisse de la chapelle avant l'incendie :



De même on trouvait entre le vestibule et la chapelle des portes vitrées pour lesquelles figurent des "rideaux de porte en calicot blanc".

Voici la photographie que j'ai utilisée pour le bas relief de Deschamps. J'ai un peu retravaillé l'image pour supprimer les branches en bas et la partie sombre en haut

Puisque j'y étais, j'ai fait les modifications

Voici donc la marche rétablie et j'ai installé les appuis sur les balustres, les banquettes des deux modèles dans la nef et les rideaux de vitrage aux fenêtres. La garniture d'autel est un peu plus proche de la photo qu'auparavant.





L'allée centrale est très étroite, bien que j'aie collé les banquettes contre le mur



Que peut être l'objet que l'on voit à gauche de la photo de la chapelle postée plus haut? Il a une forme circulaire, semble en bois doré et reposer sur un socle en marbre blanc...

hardouin a écrit:


Que peut être l'objet que l'on voit à gauche de la photo de la chapelle postée plus haut? Il a une forme circulaire, semble en bois doré et reposer sur un socle en marbre blanc...

Est-ce que cela ne pourrait pas être un présentoir, un reliquaire peut-être ?

J'y verrai bien un médaillon commémoratif, sorte de monument funéraire.

Un reliquaire n'aurait pas sa place là, mais on peut être surpris.

Cette installation de banquette est proche de celle que nous connaissons aujourd'hui à Fontainebleau.

On voit aussi sur la photo à droite une lampe.

Connaissez vous l'ameublement de l'une ou l'autre chapelle royale à la veille de la révolution ?

Chers Amis,
J'admire la visualisation du château .. maintenant aussi la chapelle royale.
Je n'envoie qu'une petite note,
tellement agréable .. je dois le partager avec vous
concerne la sejour de la cour en 1785
et on parle de escalier et ça veut dire dans le château ne ce pas ?
..

Merci pour la suggestion d'un reliquaire, c'est ce que je pensais... J'espère en trouver une mention dans les archives.

Pour l'ameublement d'une chapelle royale, il existe l'étude approfondie de la chapelle royale de Versailles. De ce que j'en sais, il n'y avait pas de banquettes dans la nef. La tribune royale comprenait le fauteuil du roi et son prie-dieu, les carreaux (coussins) et les  pliants de la famille royale. Sur les tribunes latérales, on trouvait des banquettes avec prie dieu pour la Cour.

J'avais réalisé une maquette de la chapelle de Versailles dans les premiers temps où je pratiquais Sketchup, en voici deux vues :
-les banquettes et genouillères de la Cour, réalisées d'après une vue en coupe parue dans l'ouvrage sur la chapelle


-la tribune royale avec le prie-dieu et les pliants


Pour l'escalier, il n'est pas évident de déterminer s'il s'agit de l'escalier intérieur ou d'un escalier extérieur. En tous cas, s'il s'agit de l'escalier intérieur, ce n'est pas celui qui a été reconstitué plus haut, mais l'escalier d'Hardouin Mansart qui se trouvait dans l'aile gauche du château détruit en 1787-1788. On le voit sur ce plan isntallé sur le site du château à Saint Cloud.

J'ignorais l'existence de ces bancs dans la galerie. C'est très intéressant.
Je doute beaucoup de la présence d'un reliquaire de cette forme et surtout à cet emplacement. Ils sont généralement liés à un autel. Ou alors un grand tableau à reliques ....

Une information complémentaire :  comme je l'ai indiqué, le vestibule était orné de deux statues. Le registre 37DD3 indique qu'elles sont en plâtre et l'inventaire de 1857 qu'elles sont de Nanteuil. Or il existe à l'église de la Madeleine deux statues de Saint Louis et de Saint Philippe réalisées par ce sculpteur, datées de 1837-1843, placées dans des niches des deux portiques latéraux.
Se pourrait-il que les plâtres de Saint Cloud soient les modèles préparatoires de statues en pierre exposées à la Madeleine, et qu'ainsi on ait les deux modèles des statues du vestibule? Un élément déterminant pourrait être leurs dimensions, indiquées sur le registre et l'inventaire : 1.95 sur 88 cm pour le Saint Louis, 1.86m sur 88 cm pour le Saint Philippe.


Source : Wikiphidias

Possible. Il faudrait en connaître plus sur l'histoire de ces deux statues.

Le Saint-Philippe de la chapelle de Dreux est représenté sous les traits du Roi.

J'ai sollicité la paroisse de la Madeleine, et j'ai eu déjà quelques informations : les statues du portique sont beaucoup plus grandes que celles du vestibule (un peu plus de 3m) mais des plâtres du portique de la Madeleine ont été déposés dans l'église de ... Ville d'Avray, commune voisine de Saint Cloud, et les photos de l'intérieur montrent des statues qui correspondraient davantage aux proportions de celles du vestibule. Donc il reste du domaine du possible que les statues de la Madeleine aient été réalisées d'après le modèle de celles du vestibule de Saint Cloud.

une simulation du vestibule avec la statue de Saint Philippe de la Madeleine aux bonnes dimensions:

Très bel effet, en tous cas !

Voici une première vue de la partie Est de la Galerie achevée.




Les deux fenêtres cintrées sont fermées par des persiennes, ce qui est souvent montré sur les photos.
Les deux arcades sont surmontées deux tableaux qui ont semble-t-il disparu dans l'incendie. On voit celui de droite sur la photo postée plus haut. D'après le registre 37DD3, le tableau de droite représente "une ruche avec comme devise, Le roi n'a pas d'aiguillon". D'après la photo, cette ruche est sur un panneau de paysage entouré d'un cadre octogonal, la devise en dessous sur une phylactère, et entouré d'une nature morte de fleurs à la manière de Monnoyer. Le tableau de gauche devait être identique, on y voit "la lune avec dans le fond le soleil à moitié caché dans l'eau avec la devise "uno sole minor".
Entre les deux fenêtres, un miroir rectangulaire surmonté d'un portrait d'Anne d'Autriche.
Devant ce miroir, une statue de Joséphine. Cette statue avait été amenée du château d'Arenenberg, ancienne résidence de la reine Hortense, vidé par Napoléon III et dont une partie du contenu avait été installé à Saint Cloud. Elle avait été réalisée par Vital Gabriel Dubray, et c'était une copie en plâtre qui figurait à Saint Cloud. Cette statue a été détruite dans l'incendie mais un exemplaire existe dans le parc de Bois Préau à la Malmaison, que j'ai utilisée comme équivalence.



Elle remplaçait des vases de Sèvres qui se sont succédés depuis Louis XVI dans cette partie de la galerie.
La statue était encadrée de deux petits bustes d'hommes romains (30 cm de haut sur 16 cm de large) sur deux petites colonnes toscanes. Dans les angles on trouvait aussi sur deux socles, une reproduction en marbre de la colonne trajane avec une petite statue en bronze, de 1.88 m de haut à droite, et à gauche une miniature de l'obélique de l'hippodrome, sans doute celui d'Istanbul.

J'en ai profité pour achever les différents cabinets mis en place en fonction des données des photos.

hardouin a écrit:Cette statue a été détruite dans l'incendie mais un exemplaire existe dans le parc de Bois Préau à la Malmaison, que j'ai utilisée comme équivalence.

Oui, je la reconnais .
Notre amie Nikko m'y a emmenée .

Cette grande galerie de Saint-Cloud me paraît d'une longueur !

Je suis "baba" devant tant de splendeur reconstituée et de l'immense travail d'Hardoin, fruit de tant de recherches pour atteindre l'exactitude de ce château sublime si regretté.
Nous savons bien que Louis XIV avait éprouvé un pincement de jalousie pour le palais de son frère Philippe d'Orleans. En détruisant ce bijou, la IIIe République, a effacé l'oeuvre de Monsieur, qui écarté de la politique, a néanmoins laissé son nom en tant que mécène des arts et collectionneur hors pair à l'image de sa grand-mère paternelle Marie de Médicis qui avait la passion des bâtiments, des pierres précieuses, des bijoux et de tous les arts, tout comme Philippe.