L’affaire Cahouët, une escroquerie qui impliqua, en 1777, Marie-Antoinette.
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L’affaire Cahouët, une escroquerie qui impliqua, en 1777, Marie-Antoinette.
Cette affaire de Cahouet, mineure je crois, n'avait pas encore de sujet spécial dans notre Forum, même si nous l'avions déjà superficiellement évoquée, en comparaison avec l'affaire du Collier, déchaînant l'ire de notre Marie-Antoinette : ( )
Jeanne de Valois Saint Rémy, comtesse de La Motte ou Lamotte
Si je remets aujourd'hui cette gourgandine de Cahouet de Villiers sur le tapis, c'est que Lady Bess nous offre, en exclusivité pour notre Forum , une lettre provenant des archives du comte de Mercy.
Merci, Lady Bess !
Transcription :
... vous dira. D'abord, le sieur de Cahouet a été mis en liberté le surlendemain & de vous à moi, voici de quoi il s'agit : la confiance que la Reine avait accordée à Mme de Villiers lui avait procuré l'avantage d'être chargée de ses commissions & emplettes à Pais; elle a été depuis peu chargée d'un emprunt qui devait être tenu très secret, mais la prudence ayant apparemment manqué à la négociatrice, le nom de la Reine s'est trouvé compromis. Le Roi en a été informé & ne pouvant dans le premier moment distinguer si le mari & la femme ou celle-ci seulement étaient fautifs, Sa Majesté les a fait arrêter ainsi que la femme de chambre & un coffre de papiers.
Vous concevez, Monsieur, que dans une affaire de cette nature ou l'excès de zèle ou bien le désir de réussir auront fait manquer la dame de Villiers, il est de la bonté & de l'équité-même de la Reine de lui faire rendre la liberté, aussi cette princesse n'attend, je crois, pour cela, que le temps qu'il faut pour laisser se dissiper les premiers mouvements du courroux du Roi. C'est le Bailli de Breteuil qui viendra ici ambassadeur de Malte. On raconte beaucoup d'autres nouvelles assez importantes, mais que pour cela-même je ne veux vous dire que si elles ne sont controuvées .
Portrait de Marie-Antoinette (1777),
victime indirecte des intrigues de Victoire Cahouët de Villers
Jean-François Janinet —
Quelques années avant l’affaire du collier, Victoire Cahouët de Villers, intrigante galante et étourdie, s'est servie du nom de Marie-Antoinette pour duper et escroquer des sommes importantes à ceux qui croyaient à son influence. Selon Henriette Campan, Mme Cahouët de Villers voulait se faire passer, aux yeux de ses amis de Paris, comme étant en faveur à la Cour, où ne l'appelait pas sa naissance. Pendant les dernières années de la vie de Louis XV, elle avait déjà trouvé le moyen d'obtenir des sommes élevées en se faisant passer pour être la maîtresse du Roi. Elle venait régulièrement à Versailles et s'y tenait cachée dans une chambre d'hôtel ; faisant croire aux dupes qu'elle était appelée à la Cour pour des motifs secrets. Après la mort de Louis XV, cette femme forma le projet d'arriver jusqu'à la jeune Reine. Elle prit pour amant Gabriel de Saint-Charles, intendant des finances du Roi, dont le privilège était d'avoir accès, le dimanche, à la chambre de Marie-Antoinette. Victoire se vantait d’avoir de fréquentes audiences de la Reine et pour faire croire cela, elle se procura chez son amant des pièces signées par la Reine qu'elle s'appliqua alors à imiter. Ainsi Mme Cahouët de Villers contracta des emprunts au nom de Marie-Antoinette et contrefit son écriture à deux reprises en 1777.
Elle avait imité la signature de la reine une première fois pour se procurer des vêtements chez Rose Bertin, la célèbre modiste. La Reine l'apprend et lui pardonne. Par la suite, Victoire parvint même à se faire écrire par Marie-Antoinette qui, par son intermédiaire, se procurait à Paris des objets de fantaisie. Ainsi, Mme Cahouët de Villers a été chargée de différentes petites affaires et commissions pour la Reine. Sous prétexte de vouloir exécuter plus fidèlement les commissions dont elle était chargée, Victoire montrait ces lettres aux marchands, ainsi, dans beaucoup de maisons, elle se fit passer comme jouissant d'une faveur particulière à la Cour.
L'épouse Cahouët va récidiver en fabriquant une nouvelle lettre signée Marie-Antoinette au moyen de laquelle elle put emprunter 200 000 livres au fermier général Loiseau de Béranger. Ce dernier exprima le désir de recevoir un mot de la Reine pour être certain que la somme demandée lui était bien destinée. Mme Cahouët de Villers lui objecta que tel n'était pas l'usage et qu'il devrait se contenter d'un signe de tête que lui ferait Marie-Antoinette en guise de confirmation. Victoire raconta à la Reine que, le dimanche suivant, deux dames de la Cour devaient assister à la messe au château, coiffées d’une manière extravagante ; elle serait heureuse de connaître, par tel mouvement de tête, l’impression produite sur Sa Majesté. En même temps, ces deux personnes furent informées du désir de la Reine de pouvoir juger de l‘effet produit sur elles par certaine coiffure nouvelle dont le dessin leur était remis. Au jour dit, Mme Cahouët de Villers se rend à la chapelle, où elle se place à côté de Loiseau de Bérenger. Quand la Reine arrive, elle cherche du regard les deux dames qui lui ont été désignées puis les ayant vues, elle porte les yeux vers Mme Cahouët de Villers, lui sourit et fait de la tête un signe d‘approbation que Loiseau de Bérenger prend pour lui. Ce dernier, désormais convaincu remet la somme demandée le jour même à Mme Cahouët de Villers qui garda le tout pour elle. Mais l’escroquerie parvint aux oreilles des Ministres.
La reine étant mêlée à l’affaire, les ministres du roi, en particulier le comte de Maurepas qui craint que son neveu d'Aiguillon soit impliqué dans la machination, rejettent l'éventualité d'un procès. Il est alors décidé d'enfermer sans jugement les époux Cahouët à la Bastille, ne pouvant distinguer alors si le mari et la femme ou celle-ci seulement étaient coupables.
( Ah ! que n'en ont-ils pas agi aussi prudemment avec l'affaire du Collier ... )
Louis XVI signa une lettre de cachet contresigné par le secrétaire d’État Amelot. Le 13 mars 1777, Madame Cahouët de Villers fut enfermée dans la tour du Comté, et son époux dans la tour du Trésor. Ce dernier fut libéré le 24 mars 1777, sur les preuves qu'il n'avait en aucune façon pris part aux menées de sa femme. Après sa libération, il fut chargé de rembourser discrètement les dettes de son épouse, ce qui le mit dans une situation financière difficile.
Victoire, même en prison, continua ses manigances. Le banquier de la Fosse, à qui elle devait près de 120 000 livres, se présenta pour voir sa débitrice qui se prétendit malade et incapable de le recevoir. Le banquier fut autorisé à revenir la visiter cinq jours plus tard mais il n'a pu obtenir le règlement de sa dette. Son mari qui , à Versailles (il résidait rue de l'Orangerie), jouissait d‘un poste honnête & lucratif, refusa de venir à son secours. Il ne voulut plus entendre parler d‘une femme qui l‘avait compromis et exposé au danger de perdre sa place.
Le 20 juillet 1778, le Roi ordonna la mise en liberté de la détenue, ce qui signifiait qu'elle devait être conduite au couvent des Filles de la Croix pour y rester jusqu’à nouvel avis. Cette ordre s'explique par la dégradation progressive de la santé de Victoire à la Bastille.
Elle en sortit le 21 août seulement après 1 an, 5 mois et 8 jours d'incarcération4. Elle fut remise à la supérieure de la communauté sous le nom de Mme de Noyans. De là, elle passa dans le couvent des Filles de Saint-Thomas mais cette nouvelle existence ne convenait pas à son humeur enjouée. Elle se mit à dépérir et ne tarda pas à mourir, répétant sans cesse « Cette Bastille m'a tuée ».
MARIE ANTOINETTE a écrit:
Un point JEANNE femme LA MOTTE, n'était pas comtesse car son mari le gendarme s'était approprié ce titre et il faut aussi vérifier l'histoire du "DE" !!!!!
Ce n'est qu'un escroc en jupons qui a profité d'un imbécile amoureux et cherchant à retrouver sa position vis à vis de la Reine pour réaliser une belle escroquerie
profitant de deux imbéciles heureux de se défaire de ce monstrueux collier !!!!!!!!qu'ils avaient proposé à toutes les cours européennes et je crois même me souvenir qu'il souhaitait le présenter dans les état orientaux !!!!!!!
La Reine à cette époque était maman de deux enfants... elle avait changé de vie et je ne vois pas pourquoi elle se serait entremise avec une "dame" qui n'avait point ses entrées au château et encore moins dans ces intérieurs pour jouer une "farce" au cardinal !!!!!!! C'est la raison pour laquelle elle a été si en colère le jour de la découverte de l'affaire dans l'appartement du ROI !!!!
Elle avait été victime d'une dame de qualité plusieurs années auparavant qui avait écrit des fausses lettres signées du nom la Reine pour obtenir de l'argent !!!!! cette femme était dans l'intérieur large de la reine par la fonction de son époux, et avait fini dans un couvent !!!!!!
Les lettres de l'affaire du collier sont signées "MARIE ANTOINETTE DE FRANCE" ce qui prouve que les escrocs ne connaissaient pas la signature de la Reine tant pour ses lettres officielles que pour ses lettres privées !!!!!!
Mes doigts fument de colère sur le clavier et font des fautes de frappe de rage !!!!
Relisez les fausses mémoires de MME de la motte de m.........et aussi les historiens qui ont travaillé sur le sujet et vous verrez que la Reine ÉTAIT TOTALEMENT INNOCENTE !!!!!
je reçois chaque matin, sur le pré, tout adversaire sur le sujet !!!!!!!et je suis très méchante !!!!!!!
Amicalement MARIE ANTOINETTE
Mme de Sabran a écrit:
J'ai retrouvé l'autre intrigante Cahuet ou Cahouet de Villiers ou de Villers, peu importe .... on ne va pas chipoter .
Cette femme imita écriture et signature de Marie-Antoinette, deux fois, pour se faire livrer d'importantes fournitures par Mlle Bertin ! Elle se fit juste vaguement vilipender pour tout châtiment . L'affaire ne fit ni chaud ni froid à Marie-Antoinette . Forte de son impunité, la mère Cahuet réitéra avec un nouveau faux en écriture prétendu de la main de la Reine et soutira 200 000 livres au fermier général Béranger . Dingue non ?
Cette fois, d'abord embastillée, elle est transférée ensuite au couvent de la Croix .
CLIOXVIII a écrit:
Michelle Sapori parle de cette Cahouet de Villers dans son nouvel ouvrage.
Je ne vois pas la reine avec le même regard que beaucoup d'entre vous mais elle me semble une totale victime dans cette affaire du collier.
Jeanne de Valois Saint Rémy, comtesse de La Motte ou Lamotte
Si je remets aujourd'hui cette gourgandine de Cahouet de Villiers sur le tapis, c'est que Lady Bess nous offre, en exclusivité pour notre Forum , une lettre provenant des archives du comte de Mercy.
Merci, Lady Bess !
Lady Bess a écrit:C'est une page d'une lettre plus longue qui date de janvier ou février 1777. Je crois que c'est l'espion de Mercy, M. de Barré ( un secrétaire à l'ambassade d'Autriche qui avait ses entrées partout à Versailles ) qui l'a écrite. Nous y voyons que Marie-Antoinette emploie sa femme de chambre pour négocier un emprunt à Paris. Et Louis XVI a découvert la négociation ... " un emprunt qui devait être tenu très secret "
Transcription :
... vous dira. D'abord, le sieur de Cahouet a été mis en liberté le surlendemain & de vous à moi, voici de quoi il s'agit : la confiance que la Reine avait accordée à Mme de Villiers lui avait procuré l'avantage d'être chargée de ses commissions & emplettes à Pais; elle a été depuis peu chargée d'un emprunt qui devait être tenu très secret, mais la prudence ayant apparemment manqué à la négociatrice, le nom de la Reine s'est trouvé compromis. Le Roi en a été informé & ne pouvant dans le premier moment distinguer si le mari & la femme ou celle-ci seulement étaient fautifs, Sa Majesté les a fait arrêter ainsi que la femme de chambre & un coffre de papiers.
Vous concevez, Monsieur, que dans une affaire de cette nature ou l'excès de zèle ou bien le désir de réussir auront fait manquer la dame de Villiers, il est de la bonté & de l'équité-même de la Reine de lui faire rendre la liberté, aussi cette princesse n'attend, je crois, pour cela, que le temps qu'il faut pour laisser se dissiper les premiers mouvements du courroux du Roi. C'est le Bailli de Breteuil qui viendra ici ambassadeur de Malte. On raconte beaucoup d'autres nouvelles assez importantes, mais que pour cela-même je ne veux vous dire que si elles ne sont controuvées .
Lady Bess a écrit:
La lettre se trouve aux archives de Frankreich Varia .
L’instigatrice de cette affaire est Victoire Wallard, épouse de Pierre Louis René Cahouët de Villers, premier commis des bureaux de la guerre, issu d'une famille de la haute-bourgeoisie de Saumur. Victoire gagna l'amitié de l'Abbé Terray, qui fit nommer son mari trésorier-général de la maison du Roi. Les époux Cahouët menaient grand train et Victoire ne reculait devant aucun moyen pour se procurer de l’argent. Cette dernière est l'auteur de plusieurs escroqueries et manigances qui vont être à l'origine d'un scandale auquel le nom de la reine Marie-Antoinette va être mêlé.Duc d'Ostrogothie a écrit:
Il y a un article très détaillé sur Wikipedia qui explique toute l'affaire . Elle a fini au couvent après un petit séjour à la bastille. C'est une affaire trouble car Marie-Antoinette l'avait plus ou moins pardonnée.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Cahou%C3%ABt
Portrait de Marie-Antoinette (1777),
victime indirecte des intrigues de Victoire Cahouët de Villers
Jean-François Janinet —
Quelques années avant l’affaire du collier, Victoire Cahouët de Villers, intrigante galante et étourdie, s'est servie du nom de Marie-Antoinette pour duper et escroquer des sommes importantes à ceux qui croyaient à son influence. Selon Henriette Campan, Mme Cahouët de Villers voulait se faire passer, aux yeux de ses amis de Paris, comme étant en faveur à la Cour, où ne l'appelait pas sa naissance. Pendant les dernières années de la vie de Louis XV, elle avait déjà trouvé le moyen d'obtenir des sommes élevées en se faisant passer pour être la maîtresse du Roi. Elle venait régulièrement à Versailles et s'y tenait cachée dans une chambre d'hôtel ; faisant croire aux dupes qu'elle était appelée à la Cour pour des motifs secrets. Après la mort de Louis XV, cette femme forma le projet d'arriver jusqu'à la jeune Reine. Elle prit pour amant Gabriel de Saint-Charles, intendant des finances du Roi, dont le privilège était d'avoir accès, le dimanche, à la chambre de Marie-Antoinette. Victoire se vantait d’avoir de fréquentes audiences de la Reine et pour faire croire cela, elle se procura chez son amant des pièces signées par la Reine qu'elle s'appliqua alors à imiter. Ainsi Mme Cahouët de Villers contracta des emprunts au nom de Marie-Antoinette et contrefit son écriture à deux reprises en 1777.
Elle avait imité la signature de la reine une première fois pour se procurer des vêtements chez Rose Bertin, la célèbre modiste. La Reine l'apprend et lui pardonne. Par la suite, Victoire parvint même à se faire écrire par Marie-Antoinette qui, par son intermédiaire, se procurait à Paris des objets de fantaisie. Ainsi, Mme Cahouët de Villers a été chargée de différentes petites affaires et commissions pour la Reine. Sous prétexte de vouloir exécuter plus fidèlement les commissions dont elle était chargée, Victoire montrait ces lettres aux marchands, ainsi, dans beaucoup de maisons, elle se fit passer comme jouissant d'une faveur particulière à la Cour.
L'épouse Cahouët va récidiver en fabriquant une nouvelle lettre signée Marie-Antoinette au moyen de laquelle elle put emprunter 200 000 livres au fermier général Loiseau de Béranger. Ce dernier exprima le désir de recevoir un mot de la Reine pour être certain que la somme demandée lui était bien destinée. Mme Cahouët de Villers lui objecta que tel n'était pas l'usage et qu'il devrait se contenter d'un signe de tête que lui ferait Marie-Antoinette en guise de confirmation. Victoire raconta à la Reine que, le dimanche suivant, deux dames de la Cour devaient assister à la messe au château, coiffées d’une manière extravagante ; elle serait heureuse de connaître, par tel mouvement de tête, l’impression produite sur Sa Majesté. En même temps, ces deux personnes furent informées du désir de la Reine de pouvoir juger de l‘effet produit sur elles par certaine coiffure nouvelle dont le dessin leur était remis. Au jour dit, Mme Cahouët de Villers se rend à la chapelle, où elle se place à côté de Loiseau de Bérenger. Quand la Reine arrive, elle cherche du regard les deux dames qui lui ont été désignées puis les ayant vues, elle porte les yeux vers Mme Cahouët de Villers, lui sourit et fait de la tête un signe d‘approbation que Loiseau de Bérenger prend pour lui. Ce dernier, désormais convaincu remet la somme demandée le jour même à Mme Cahouët de Villers qui garda le tout pour elle. Mais l’escroquerie parvint aux oreilles des Ministres.
La reine étant mêlée à l’affaire, les ministres du roi, en particulier le comte de Maurepas qui craint que son neveu d'Aiguillon soit impliqué dans la machination, rejettent l'éventualité d'un procès. Il est alors décidé d'enfermer sans jugement les époux Cahouët à la Bastille, ne pouvant distinguer alors si le mari et la femme ou celle-ci seulement étaient coupables.
( Ah ! que n'en ont-ils pas agi aussi prudemment avec l'affaire du Collier ... )
Louis XVI signa une lettre de cachet contresigné par le secrétaire d’État Amelot. Le 13 mars 1777, Madame Cahouët de Villers fut enfermée dans la tour du Comté, et son époux dans la tour du Trésor. Ce dernier fut libéré le 24 mars 1777, sur les preuves qu'il n'avait en aucune façon pris part aux menées de sa femme. Après sa libération, il fut chargé de rembourser discrètement les dettes de son épouse, ce qui le mit dans une situation financière difficile.
Victoire, même en prison, continua ses manigances. Le banquier de la Fosse, à qui elle devait près de 120 000 livres, se présenta pour voir sa débitrice qui se prétendit malade et incapable de le recevoir. Le banquier fut autorisé à revenir la visiter cinq jours plus tard mais il n'a pu obtenir le règlement de sa dette. Son mari qui , à Versailles (il résidait rue de l'Orangerie), jouissait d‘un poste honnête & lucratif, refusa de venir à son secours. Il ne voulut plus entendre parler d‘une femme qui l‘avait compromis et exposé au danger de perdre sa place.
Le 20 juillet 1778, le Roi ordonna la mise en liberté de la détenue, ce qui signifiait qu'elle devait être conduite au couvent des Filles de la Croix pour y rester jusqu’à nouvel avis. Cette ordre s'explique par la dégradation progressive de la santé de Victoire à la Bastille.
Elle en sortit le 21 août seulement après 1 an, 5 mois et 8 jours d'incarcération4. Elle fut remise à la supérieure de la communauté sous le nom de Mme de Noyans. De là, elle passa dans le couvent des Filles de Saint-Thomas mais cette nouvelle existence ne convenait pas à son humeur enjouée. Elle se mit à dépérir et ne tarda pas à mourir, répétant sans cesse « Cette Bastille m'a tuée ».
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’affaire Cahouët, une escroquerie qui impliqua, en 1777, Marie-Antoinette.
Merci, ma chère Eléonore. Cette lettre prouve, en effet, qu'il ne faut pas apprendre l'histoire par Wikipedia, ni par les mémoires de Mme Campan.
Cette lettre date exactement de l'époque des faits. On lit clairement que Mme de Villers a été chargée par la reine de négocier un emprunt qui devait être tenu très secret.
Ce n'est donc pas une escroquerie. La réaction de Louis XVI s'explique peut être par la froideur et même l'humeur qui subsistait entre lui et la reine. Cette correspondance en fait mention plusieurs fois. Ils ne se parlaient pas.
Et alors... Marie-Antoinette se trouve dans une position difficile. Elle est endettée, soit par ses pertes au jeu, soit par l'achat de bijoux ou des créations de Rose Bertin. Elle n'ose pas demander de l'argent à son mari, qui lui en veut en ce moment.
Voici une dame utile qui s'offre pour la négociation (et qui sans doute en aurait tiré un profit). Mais elle est découverte et elle seule est punie (notons, sans un procès qui aurait révélé les faits, tout à fait le contraire de l'affaire du collier), bien que la reine voulait solliciter sa liberté.
Tout cela me dit que c'est bien Marie-Antoinette qui a cherché à emprunter de l'argent à l'insu de Louis XVI.
Et si la reine avait employé une telle personne pour ses affaires pécuniaires en 1777, c'est peut-être la raison pour laquelle l'affaire du collier a été conçue et explique comment le cardinal de Rohan croyait qu'il s'agissait vraiment d'une commission de Marie-Antoinette...
La reine gardait toujours ses affaires financières secrètes autant que possible. L'action de Louis XVI contre Mme de Villers était plutôt pour punir sa femme et la tenir dans une dépendance qu'elle détestait.
Si Mme de Villers avait vraiment commis une escroquerie avec des fausses signatures de la reine, c'est sûr qu'elle aurait subi le même sort que Jeanne de La Motte, et son mari n'aurait pas gardé sa place à la Cour. La pauvre. Tuée par la Bastille.
Cette lettre date exactement de l'époque des faits. On lit clairement que Mme de Villers a été chargée par la reine de négocier un emprunt qui devait être tenu très secret.
Ce n'est donc pas une escroquerie. La réaction de Louis XVI s'explique peut être par la froideur et même l'humeur qui subsistait entre lui et la reine. Cette correspondance en fait mention plusieurs fois. Ils ne se parlaient pas.
Et alors... Marie-Antoinette se trouve dans une position difficile. Elle est endettée, soit par ses pertes au jeu, soit par l'achat de bijoux ou des créations de Rose Bertin. Elle n'ose pas demander de l'argent à son mari, qui lui en veut en ce moment.
Voici une dame utile qui s'offre pour la négociation (et qui sans doute en aurait tiré un profit). Mais elle est découverte et elle seule est punie (notons, sans un procès qui aurait révélé les faits, tout à fait le contraire de l'affaire du collier), bien que la reine voulait solliciter sa liberté.
Tout cela me dit que c'est bien Marie-Antoinette qui a cherché à emprunter de l'argent à l'insu de Louis XVI.
Et si la reine avait employé une telle personne pour ses affaires pécuniaires en 1777, c'est peut-être la raison pour laquelle l'affaire du collier a été conçue et explique comment le cardinal de Rohan croyait qu'il s'agissait vraiment d'une commission de Marie-Antoinette...
La reine gardait toujours ses affaires financières secrètes autant que possible. L'action de Louis XVI contre Mme de Villers était plutôt pour punir sa femme et la tenir dans une dépendance qu'elle détestait.
Si Mme de Villers avait vraiment commis une escroquerie avec des fausses signatures de la reine, c'est sûr qu'elle aurait subi le même sort que Jeanne de La Motte, et son mari n'aurait pas gardé sa place à la Cour. La pauvre. Tuée par la Bastille.
Lady Bess- Messages : 101
Date d'inscription : 14/01/2018
Re: L’affaire Cahouët, une escroquerie qui impliqua, en 1777, Marie-Antoinette.
Lady Bess a écrit:
Cette lettre date exactement de l'époque des faits. On lit clairement que Mme de Villers a été chargée par la reine de négocier un emprunt qui devait être tenu très secret.
Mais, ma chère Bess, qui nous dit que cette lettre dit la vérité ?
Dès lors qu'il y a imitation d'écriture et de signature, à mon avis ça sent le roussi ... en effet, cette affaire préfigure étrangement celle du Collier.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L’affaire Cahouët, une escroquerie qui impliqua, en 1777, Marie-Antoinette.
Il faut connaître l'archive qui contient cette lettre. Ce sont des lettres, bulletins, rapports gardés par l'ambassade de l'Autriche, où se trouvent une correspondance volumineuse et des bulletins sur tout ce qui passait à Versailles dans la Maison de la Reine et entre la reine et Louis XVI (toujours au sujet de la non consommation du mariage et de leurs fréquents différends).
Or, ce serait plus essentiel, pour préserver le "crédit" (si choyé par Mercy et les Autrichiens) de la reine auprès de son époux imprévisible de blâmer une escroquerie plutôt que de dire que c'est Marie-Antoinette elle même qui a cherché un emprunt secret.
Mais on lit tout court que la dame Villers a été chargée de négocier un emprunt pour Marie-Antoinette, qui, elle, ne le nie pas. Pourquoi en informer Mercy, qui est accoutumé à dissimuler ou cacher le pire sur la vie intérieure de la reine et l'épouvantable état de son mariage dans presque tous ses dépêches, car sa correspondance privée nous montre un tableau bien plus troublant.
Donc je suppose que la vérité a été supprimée pour protéger la reine, le mariage et l'alliance si chère à l'impératrice Marie-Thérèse. Mais le comte de Mercy savait toujours la vérité. Il a gardé bien des secrets pour Marie-Antoinette.
Or, ce serait plus essentiel, pour préserver le "crédit" (si choyé par Mercy et les Autrichiens) de la reine auprès de son époux imprévisible de blâmer une escroquerie plutôt que de dire que c'est Marie-Antoinette elle même qui a cherché un emprunt secret.
Mais on lit tout court que la dame Villers a été chargée de négocier un emprunt pour Marie-Antoinette, qui, elle, ne le nie pas. Pourquoi en informer Mercy, qui est accoutumé à dissimuler ou cacher le pire sur la vie intérieure de la reine et l'épouvantable état de son mariage dans presque tous ses dépêches, car sa correspondance privée nous montre un tableau bien plus troublant.
Donc je suppose que la vérité a été supprimée pour protéger la reine, le mariage et l'alliance si chère à l'impératrice Marie-Thérèse. Mais le comte de Mercy savait toujours la vérité. Il a gardé bien des secrets pour Marie-Antoinette.
Lady Bess- Messages : 101
Date d'inscription : 14/01/2018
Re: L’affaire Cahouët, une escroquerie qui impliqua, en 1777, Marie-Antoinette.
Merci beaucoup pour la reproduction de cette archive inédite !
Mais que faisait donc la Surintendante de la Maison de la reine, payée une fortune à ne rien faire ?
Les deux versions sont contradictoires, et j'avoue que j'ai du mal à concevoir que Marie-Antoinette...
1)...ait " pardonné " à une femme, sortie de nulle part, qui pourtant magouille en son nom.
2)...de surcroît, décide d'en faire sa complice, pour obtenir, en douce, un crédit d'un montant considérable (voir le "budget de fonctionnement" de la maison de la reine sur une année).
3)...oublie en prison sa "chargée de mission".
C'est faire preuve, au mieux, d'une grande désinvolture !
Enfin,
S'il est avéré que Pierre-Louis-René Cahouët rembourse les dettes de sa femme, où est passé le pognon dans toute cette histoire ?
Mais que faisait donc la Surintendante de la Maison de la reine, payée une fortune à ne rien faire ?
Les deux versions sont contradictoires, et j'avoue que j'ai du mal à concevoir que Marie-Antoinette...
1)...ait " pardonné " à une femme, sortie de nulle part, qui pourtant magouille en son nom.
2)...de surcroît, décide d'en faire sa complice, pour obtenir, en douce, un crédit d'un montant considérable (voir le "budget de fonctionnement" de la maison de la reine sur une année).
3)...oublie en prison sa "chargée de mission".
C'est faire preuve, au mieux, d'une grande désinvolture !
Enfin,
S'il est avéré que Pierre-Louis-René Cahouët rembourse les dettes de sa femme, où est passé le pognon dans toute cette histoire ?
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L’affaire Cahouët, une escroquerie qui impliqua, en 1777, Marie-Antoinette.
Cette lettre est troublante car à l'en croire, Marie-Antoinette aurait vraiment chargé cette dame de contracter un emprunt pour elle. Il faudrait connaître l'ensemble des pièces du dossier pour se forger une opinion. Difficile de juger sur la base d'une seule lettre.
Pour ma part, je n'exclus pas que Marie-Antoinette ait pu faire des choses dans le dos de Louis XVI, telles que contracter un emprunt secret... le comte d'Artois a fait bien pire qu'elle.
Pour ma part, je n'exclus pas que Marie-Antoinette ait pu faire des choses dans le dos de Louis XVI, telles que contracter un emprunt secret... le comte d'Artois a fait bien pire qu'elle.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
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