Claude Antoine Valdec de Lessart ( 1741 - 1792 )

Fils naturel du baron Antoine de Gascq, premier président du Parlement de Guyenne, Lessart est né au château de Mongenan, délicieuse folie d’époque Louis XV intégralement classée Monument Historique,  à Portets, non loin de Bordeaux.



Lessart est successivement nommé directeur de la compagnie des Indes, maître des requêtes en 1767.  Il est l'un des trois commissaires nommés en octobre 1788 pour discuter et examiner tout ce qui a trait à l'administration des monnaies. Claude Antoine Valdec de Lessart est un des plus proches collaborateurs de Jacques Necker dont la fille, la future Mme de Staël ne lui pardonne pas l'échec de ses pourparlers de mariage avec William Pitt.
 
Ce n'est pas la version de Christopher Herold dans la Revue des deux mondes :

Madame Necker ne manquait pas d'imagination. Elle fut frappée par les faits suivants : Pitt et Necker étaient tous deux des génies ; ils avaient rempli les mêmes fonctions en Angleterre et en France ; ils avaient tous deux démissionné de leurs hautes fonctions et attendaient d'être rappelés à des postes plus importants encore que ceux qu'ils avaient occupés. L a France et l'Angleterre venaient de faire la paix ; quoi de plus indiqué que de sceller leur future alliance par le mariage de l'homme d'Etat le plus en vue d'Angleterre avec la fille du génie tutélaire de la France, déjà célèbre elle-même pour ses dons éclatants ? L'idée d'une alliance dynastique entre ex-ministres des finances était une idée nouvelle.

Mais une fois conçu, le projet semblait virtuellement réglé. Le fils de Lord Chatham et la fille de Necker unis par les liens du mariage évoquaient des images idylliques de paix, de prospérité et d'unité entre les plus puissants rivaux d'Europe. Que Pitt ait pu en juger autrement ne semble pas avoir effleuré l'esprit des Necker; ils avaient prévu que Pitt consentirait et serait flatté.
On peut imaginer la consternation de Madame Necker quand par le refus obstiné de sa propre fille, le projet s'effondra.
Germaine ne voulait pas s'éloigner de son père.

Toujours est-il que, sur ces entrefaites,  Louis XVI fit de Lessart l'un des commissaires chargés de concilier les trois ordres aux États généraux.
Sous la Révolution, Lessart remplace Lambert, le 4 décembre 1790, au Contrôle général des finances, et reçoit également, le 25 janvier 1791, le portefeuille du ministère de l'Intérieur.
Aux Finances, Étienne Clavière  
  ( le fondateur  avec Brissot de la Société des amis des Noirs ) et les Girondins s'en prennent à sa gestion ; à l'Intérieur, Camille Desmoulins, Louis-Marie Stanislas Fréron, Jean-Paul Marat lui reprochent ses sympathies pour le clergé réfractaire. Il démissionne de son poste de contrôleur le 28 mai 1791.

Durant l'affaire de Varennes, Lessart se révèle un exécutant docile des ordres de l'Assemblée Constituante malgré les supplications de Mme de Saint-Brice, proche de Marie-Antoinette et qui occupait les fonctions équivalant à celles de nurse auprès du futur « Louis XVII ».   D'ailleurs, Lessart s'était pris de passion pour Mme Grand ( future épouse de Talleyrand ) qui affichait alors une liaison simultanée avec Whitehill, ancien gouverneur de Madras.

Claude Antoine de Valdec de Lessart se voit ensuite confier l'intérim du ministère de la Marine en septembre 1791 et les Affaires étrangères en octobre 1791.

Impopulaire en raison de son pacifisme, incapable malgré le soutien de François de Pange et André Chénier, d'arrêter la marche à la guerre voulue par Jacques Pierre Brissot, il s'estime trahi par Louis XVI, sensible aux conseils de Dumouriez qui ne fait rien, malgré les pressions exercées par les frères Lameth, pour empêcher sa mise en accusation sous la pression des Girondins, le 10 mars 1792.

Il est transféré à la Haute Cour à Orléans et incarcéré au Couvent des Minimes.

Après la journée du 10 août 1792, le jugement des prisonniers par le Tribunal révolutionnaire de Paris est décidé. Claude Fournier-L'Héritier dit Fournier l'américain chargé de les conduire jusqu'à Paris, laisse massacrer — vraisemblablement sur ordre de Danton — à Versailles 44 des 52 personnes confiées à sa garde, dont Louis Hercule Timoléon de Cossé-Brissac, Claude Antoine de Valdec de Lessart et Charles-Xavier Franqueville d'Abancourt, tous trois représentant de possibles témoins à décharge dans le futur procès de Louis XVI.

Une plaque sur les lieux, le carrefour des Quatre Bornes,  rappelle le massacre des prisonniers ramenés d'Orléans, Valdec de Lessart et quarante-trois autres hommes,
Alors que des comploteurs s'acharnaient à massacrer les "Prisonniers d'Orléans", Hyacinthe Richaud alors maire de Versailles eut le courage de s'interposer entre les victimes et leurs assassins pour tenter d'éviter le pire. Mais il ne put leur venir en aide et s'évanouit dans un bain de sang et d'horreur. Hyacinthe Richaud risqua sa propre vie pour sauver celle des autres. Ce geste de bravoure fut immortalisé par le peintre Jules de Rigo dans une oeuvre qui se trouve actuellement au Musée Lambinet, à Versailles.

Il est désormais avéré, malgré les objets reconnus par son valet François Garodeau en mairie de Versailles, que Valdec de Lessart, très grièvement blessé, n'est pas mort sur place.

Lessart a pu être conduit en Normandie par Delcro, devenu négociant au Havre, chez son ancienne maîtresse, Marie-Louise O'Murphy, la fameuse « Morphise » aimée de Louis XV, qui prit soin de loin de lui .


Lessart succomba à ses blessures quelques mois plus tard.  
Merci WIKI.