François-Henri de Virieu (1754-1793)
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François-Henri de Virieu (1754-1793)
François-Henri, marquis de Virieu, né le 13 août 1754 à Grenoble et mort le 9 octobre 1793 à Lyon, est un militaire et homme politique français. D'abord favorable aux idées de la Révolution française, il la combattit par la suite.
Charles-Albert Costa de Beauregard,
Le Roman d'un royaliste sous la Révolution. Souvenirs du Comte de Virieu (1892)
dont je vous fais ci-dessous un petit condensé .
Fils du comte Louis-François-René de Virieu, colonel des grenadiers de France, et petit-fils de Louis II du Bouchet de Sourches, François-Henri passa son enfance au château de Pupetières, à Virieu, en Isère.
Quand la comtesse de Virieu mourut à Paris, son amie la duchesse de Rohan-Chabot promit qu'elle servirait de mère à Henry. Il écrira vingt ans plus tard :
« Au milieu de mon étourdissement à l'annonce de mon départ pour Paris, où une inconnue m'attendait, il me sembla que quelque chose se rompait et que j'abordais une destinée tout autre que celle pour laquelle j'avais été créé... »
Le jeune-homme fit ses études au collège d'Harcourt, entra dans les mousquetaires gris le 21 décembre 1768, devint lieutenant d'infanterie en 1770, capitaine en 1772, grâce à la toute-puissante protection de Madame Victoire, ne tarda pas à être nommé mestre de camp au régiment de Monsieur, à peine avait-il vingt-cinq ans. Puis colonel en second du régiment de Monsieur en 1780, et colonel en premier du régiment de Limousin le 12 mars 1786.
Le 21 janvier 1781, le contrat de mariage ( d'amour ) du comte de Virieu et de Mlle Elisabeth de Digeon de Monteton est signé par le roi ...
... et le 24 juillet 1785, naissait chez la duchesse de Rohan, qui avait voulu garder près d'elle ses enfants adoptifs, Marie-Stéphanie de Virieu dont les Souvenirs sont l'une des sources de Charles-Albert Costa de Beauregard pour tracer cette biographie.
« Tous, nous sommes nés chez le duc de Rohan, écrit-elle. Paul-Emile, mon frère aîné, dont Mme de Rohan voulut être la marraine, vint au monde le premier en 1782. Et ce fut une joie que partagèrent la duchesse avec une expansion qui ne lui était pas ordinaire et le duc avec toute la tendresse qu'il avait pour ma mère. »
L'année même de sa naissance, le petit Paul-Emile tombait malade et mourait.
L'hôtel de Rohan, qui allait abriter les premiers jours heureux de Henry et de sa femme, se trouvait dans le haut de la rue de Varenne, à droite de l'hôtel de Biron et presque en face de l'hôtel de Castries, dont le pillage fameux marquera les débuts de la Révolution.
D'une grande vivacité d'esprit et d'une instruction peu commune, Virieu s'associa sans réserve au mouvement de réforme dont le Dauphiné fut le théâtre. Après les troubles du 10 mai 1788, il fut envoyé à Versailles pour y exposer les faits. Il obtint la convocation de l'assemblée provinciale, mais ne put assister ni à la réunion de Vizille, ni à celle de Romans.
Il eut cette phrase singulièrement audacieuse :
« Le Roi n'a pas le droit de se refuser à recevoir les représentants de ses sujets. La justice non moins que l'obéissance sont les termes d'un contrat réciproque qui unit ceux-ci à leur souverain... »
Versailles n'avait jamais entendu un pareil langage ! Toute la Révolution allait découler de cette théorie à laquelle le Dauphiné applaudissait frénétiquement.
Virieu est élu, le 4 janvier 1789, député de la noblesse du Dauphiné aux États généraux.
Dans cette atmosphère de fermentation, la duchesse de Rohan ne jurait que par Necker. Mais, si elle voulait des réformes, elle les voulait telles qu'elles laissassent chacun à sa place. Ce chapeau à plumes blanches, ce manteau de soie brodée, que portait si galamment la noblesse, marquaient bien, à côté des rabats unis et des manteaux noirs des Messieurs du Tiers, l'infranchissable distance qui devait à jamais classer tout un chacun. La duchesse personnifiait un peu rapidement la Révolution dans son Henry empanaché.
Elle devait vite déchanter.
La monarchie, tant que dura la cérémonie, que l'on pourrait dire funèbre, de la procession des Etats généraux, fit pitié au comte de Virieu. Louis XVI en menait le deuil.
Virieu qui avait, dès le 6 mai, dans une première réunion de la noblesse, nettement déclaré qu'il ne reconnaissait d'autre juge de ses pouvoirs que les trois Ordres réunis, entrait un des premiers au Jeu de paume, pour prêter ce fameux serment.
Il fut aussi l'un des premiers de son ordre à se réunir au Tiers ( dès le 25 juin).
« Mon père, écrit Mlle de Virieu, n'avait jamais été homme de Cour, n'y allant que par nécessité.
Ce ne fut donc pas sans un peu de cette raideur qu'il mettait dans son attitude vis-à-vis du pouvoir, comme dans ses paroles, qu'il aborda le Roi... Quelle ne fut pas sa surprise d'entendre Louis XVI non seulement approuver pleinement sa conduite, mais lui donner l'ordre formel de se réunir au Tiers !...
Cette déclaration est en tous points conforme à ces lettres qu'à la fin de juin 1789 le roi écrivait au cardinal de La Rochefoucauld, président de l'ordre du Clergé, et au duc de Luxembourg, président de l'ordre de la Noblesse, pour leur enjoindre la réunion des trois ordres :
« ... J'engage mon fidèle clergé à se réunir sans délai aux deux ordres, pour hâter l'accomplissement de mes vœux paternels... »
« ... D'après l'acceptation volontaire de ma déclaration du 23 mai, j'engage ma fidèle noblesse à se réunir sans délai aux deux autres ordres... »
Mme de Genlis s'efforçait de réunir à Bellechasse, au profit du duc d'Orléans, les éléments les plus divers. C'est ainsi que Lauzun y coudoyait Barrère, l'évêque d'Autun Barnave, Laclos la comtesse de Gontaut etc... Henry de Virieu s'était d'abord un peu naïvement demandé la raison de l'étrange empressement qu'avait mis Mme de Genlis à l'y attirer.
" ... Sans s'en douter, écrit Mlle de Virieu, mon père se trouvait en pleine conspiration orléaniste, car Bellechasse et ses hôtes en étaient comme le foyer. Or, à mesure que la conviction s'en faisait dans son esprit, la colère montait dans son cœur.
Elle éclata enfin violemment le jour où M. de Genlis crut le moment venu de lever le masque devant lui . »
Le 6 juillet, Virieu se voyait nommé membre de la commission chargée d'élaborer la Constitution. Il acceptait avec enthousiasme, convaincu qu'il allait sauver la monarchie et régénérer la France.
« Réunis par un Roi que nous aimons, pour régénérer le royaume, resserrons les liens qui nous unissent en demeurant irrévocablement fidèles à la résolution du 20 juin, qui nous attache tous à des devoirs communs...
Oui, jurons... jurons, tous les ordres réunis, d'être fidèles à ces arrêtés qui, seuls aujourd'hui, peuvent sauver le royaume... »
Pendant les deux nuits des 13 et 14 juillet 1789, le bruit courut à Versailles que des canons étaient braqués contre l'Assemblée, un membre prétendit même qu'il sentait l'odeur de la poudre, à quoi Virieu répondit que la poudre n'avait d'odeur que lorsqu'elle était brûlée.
Entre la duchesse de Rohan, déconfite par la tournure des événements, et Henry toujours enthousiaste se creusait en un clin d'œil « cette désolante distance qui, à jamais, les faisait étrangers l'un à l'autre ».
Elle se rejetait dans le passé, lui s'élançait vers l'avenir.
L'hôtel de Rohan ne revit plus dès lors Virieu que de loin en loin, et comme à la dérobée. Celui qui avait été le fils de la maison ne s'y introduisait plus que furtivement pour embrasser sa femme et ses enfants...
Le 8 août, Virieu appuya la Déclaration des droits de l'homme. Il avait demandé, la nuit du 4, la suppression des droits de colombier. Il parla contre le renvoi des ministres, combattit les tribunaux extraordinaires, soutint le pouvoir et les prérogatives royales, et demanda le veto. Ce fut un grand tumulte dans l'Assemblée.
Il proposa ensuite de fixer à trois ans la durée de la législature, et prononça peu après un discours sur l'impôt des privilégiés. Élu trésorier de la contribution patriotique et membre du comité des monnaies, il vota l'adoption du plan de Necker, proposa de faire de la propriété la base des élections, de réduire à sept le nombre des administrateurs de district, et, à propos de l'éligibilité des non-catholiques, demanda le rappel à l'ordre de Robespierre.
Il réclama la mention, au procès-verbal, des pétitions contre la suppression des ordres religieux, s'opposa aux travaux du comité de recherches, fut l'un des fondateurs du club des Impartiaux, proposa de décréter la religion catholique religion nationale.
Ce qu'il faut « au grand pacte que va faire la nation, c'est l'estampille de Dieu ».
Et Virieu adjure, interpelle, objurgue si bien, qu'il impose cette sorte d'acte de foi à l'Assemblée constituante.
Il est élu président de l'Assemblée constituante le 27 avril 1790. Mais son discours, dans lequel il interprétait à sa manière le nouveau serment des députés, ayant soulevé des protestations, il quitte la présidence.
Il demande pour le roi le droit de paix et de guerre, réclame contre une dénonciation de la municipalité de Poitiers contre le club des Impartiaux, s'exprime contre la Constitution civile du clergé et l'abolition de la noblesse, demande des poursuites contre les députés impliqués dans l'affaire du 6 octobre, combat la substitution du pavillon tricolore au drapeau blanc, fait un discours en faveur des émigrés . Lui reste à Paris.
« ... quand je considère la situation de cette infortunée famille royale, toujours sous le couteau, je n'ose m'éloigner. Malgré le décret qui a aboli les titres de noblesse, je me sens encore trop gentilhomme pour abandonner le Roi. »
Henry se retrouvait monarchiste d'autant plus ardent, qu'il se sentait démocrate plus dégoûté.
Mme de Virieu et les enfants avaient regagné Pupetières moins dévasté qu'on ne s'y fût attendu après son sac en règle par des excités qui avaient brûlé toutes les archives. A l'intérieur, les fauteuils boitaient, de longues bandes de toile pendaient des tableaux crevés, les carreaux manquaient aux fenêtres, mais il y avait là un toit sous lequel la femme de Henry et ses enfants pouvaient s'abriter.
Les circonstances, toujours plus graves, retenaient Henry à Paris :
"... J'étais à bout de moyens, à bout de moyens de faire le bien et d'éviter le mal, quand j'ai retrouvé Gilliers que la fédération avait ramené, il y a quelques mois, à Paris. Tout de suite, nous nous sommes rendu, l'un à l'autre, un peu de courage. Son activité, sa pureté, son esprit, vous sont connus... " écrit-il à Mounier.
Gilliers associait bientôt Henry à l'action du Salon français qui comptait M. de Jarjayes, le chevalier de Pommelles, le marquis de Chaponay, parmi ses membres les plus militants. Comme Virieu et Gilliers, ces messieurs appartenaient aux provinces du Midi.
Nul plus que Madame Elisabeth ne partageait le désir qu'éprouvait le groupe dont Gilliers et Virieu étaient l'âme, de voir le roi renoncer enfin à cette fausse conciliation avec la Constitution qui lui devait être si fatale.
" ... Je regarde la guerre civile comme nécessaire, écrivait-elle à Mme de Bombelles. L'anarchie ne pourra jamais finir sans cela. Plus on retardera, plus il y aura de sang répandu. Voilà mon principe. Si j'étais Roi, il serait mon guide ... »
Lors du licenciement de sa maison, la princesse avait attaché Gilliers à sa personne.
C'est donc en quelque sorte comme ambassadeur accrédité du Salon français que Gilliers, peu de temps après la Fédération de 1790, avait eu à discuter avec Madame Elisabeth le plan d'évasion suivant :
Sous prétexte de chasser à Fontainebleau, le roi, une fois à cheval, devait pousser jusqu'à Avallon ; d'Avallon on gagnerait Autun, où la reine pourrait rejoindre son mari et se diriger avec lui et sa sœur vers le Lyonnais. Le chevalier de Pommelles, qui avait combiné ce plan, se croyait sûr des deux villes qui étaient à traverser, ainsi que de la fidélité des régiments qui y tenaient garnison. Il pensait que sous leur escorte il serait facile de gagner Lyon. Là, on parviendrait sans peine à organiser une résistance.
Virieu garantissait le concours de ses amis du Dauphiné, auxquels devaient se joindre bon nombre de gentilshommes des provinces limitrophes.
M. de La Queille et M. de Sabran, évêque de Laon, s'étaient chargés de remettre le projet à Madame Elisabeth, qui l'avait approuvé. Le roi lui-même, tout d'abord, sembla s'y rallier; si bien que sa sœur écrivait en code à Mme de Raigecourt :
« ... que la santé du malade s'améliorait... Ses jambes, disait-elle, reprennent de la vigueur... dans peu, il pourra peut-être marcher ... »
A ce plan d'évasion, d'abord accepté, Louis XVI renonçait inexplicablement tout à coup. Il semblait pourtant présenter de grandes chances de réussite :
Vingt mille paysans réunis autour de Jallez étaient prêts à marcher au cri de : « Vive le Roi ! »... Le prince de Condé et le comte d'Artois devaient arriver à Lyon pour prendre le commandement de l'insurrection organisée par les affidés du Salon français. Les rapports envoyés à Virieu par Imbert Colomès, ancien échevin de la Ville et royaliste avéré, la disaient prête à éclater.
Imaginez donc que l'on était allé jusqu'à régler les détails de la réception des princes et à rédiger les formules administratives d'un nouveau gouvernement.
On a prétendu que les représentations du roi de Sardaigne et surtout celles de l'empereur d'Autriche avaient fait avorter le projet. La mauvaise volonté dont Léopold devait donner tant de preuves à l'égard de la famille royale ne saurait être contestée. Cependant, les indécisions qui, chez le roi, résultaient des divisions dans son intérieur entre Elisabeth et Marie-Antoinette semblent avoir été la véritable cause de ce nouvel échec infligé aux espérances des royalistes.
Le 19 février, les mégères d'octobre débordaient sur la route de Sèvres. Cette fois, il s'agissait d'empêcher Mesdames, tantes du roi, de fuir à l'étranger. Les princesses, aussitôt l'acceptation donnée par le roi à la Constitution civile du clergé, « s'étaient déclarées incapables de séjourner un jour de plus dans un pays schismatique ».
Il faut agir et fissa !
Il est cinq heures. Henry, prévenu par Dupuis, a pu quitter l'Assemblée. Bientôt il rejoint la horde, qu'il contrepasse au galop de son cheval. Mais les femmes l'ont reconnu. Elles devinent où il va et lui infligent une grêle de pierres . Les mégères cherchent à saisir la bride du cheval, Henry se dégage, arrive au château et hors d'haleine pénètre dans la salle à manger de Bellevue, où Mesdames vont se mettre à table pour souper. C'est avec stupeur, cependant, que chacun accueille les nouvelles...
Rien n'est prévu. Pas de chevaux. Pas de voitures. Les équipages sont à Meudon. Personne pour donner des ordres. Entre temps, la nuit est venue. De la terrasse on voit approcher une forêt de torches. Mesdames Adélaïde et Victoire s'embrassent comme si elles allaient mourir. Henry cependant avise une voiture attelée dans une cour écartée. Il y pousse les princesses et donne l'ordre au cocher de partir au galop par la grille de Meudon. Mais la grille est fermée, la clef introuvable. Harlebick, le suisse, a disparu. La serrure tient bon. Mesdames perdent la tête, crient, veulent descendre. Henry force la portière. La serrure saute... Il n'est que temps, car la populace s'engouffre dans la cour par la grille de Sèvres...
En sauvant Mesdames, Virieu acquittait une dette de reconnaissance vis-à-vis de celles qui, avec la duchesse de Rohan, avaient protégé son enfance.
Virieu entretenait constamment des relations suivies avec les Tuileries, et, sur l'ordre de Madame Elisabeth, il fit un voyage à Coblentz pour éclairer les émigrés et les princes sur le véritable état de la France.
Il est aux Tuileries le 10 août et échappe miraculeusement au massacre.
Il prend une part active à la journée du 29 mai 1793, qui substitua à Lyon une municipalité royaliste à la municipalité républicaine.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lyon_sous_la_R%C3%A9volution#:~:text=1683%20lyonnais%20sont%20tu%C3%A9s%2C%20victimes,et%2088%20000%20en%201800.
Il cherche à lier l'insurrection lyonnaise aux mouvements fédéralistes du Midi, refuse de Précy un commandement supérieur, et se contenta de remplacer, après sa mort, M. de Chenelette à la Croix-Rousse.
« Il y avait,- la nuit où le feu prit à l'arsenal, une telle quantité de maisons qui brûlaient à la fois sur le quai de la Saône, que nous ne pouvions les compter. On aurait dit un volcan qui vomissait des flammes que le vent chassait, tantôt à droite, tantôt à gauche , avec une fumée aveuglante. Les cris, dans cet enfer, se mêlaient aux détonations les plus épouvantables...
Comme les batteries ennemies tiraient sans discontinuer sur les parties de la ville qui brûlaient, on ne pouvait ni approcher ni porter secours... »
Le 17 septembre, la ville était entièrement bloquée. Il n'y avait plus, dès lors, d'illusions à se faire.
Les troupes républicaines arrivaient plus nombreuses sous les murs de Lyon. Leur chiffre bientôt atteignait celui de 80,000 hommes. L'issue fatale était non seulement certaine, mais prochaine. Virieu voyait l'ennemi déborder toutes les positions de la défense. La banlieue tout entière était en son pouvoir.
Dans cette nuit du 8 au 9 octobre 1793, la trahison et la famine ayant rendu la lutte impossible, Virieu voulut sortir de Lyon ; mais sa troupe assaillie par des forces supérieures à l'embranchement du chemin de Saint-Cyr et de celui de Collonges, à l'endroit où fut élevée depuis une croix de mission. Et quel ordre peut-il encore donner? La fatalité est plus grande que sa volonté, que son courage. Debout sur ses étriers, Henry d'un geste montre les Sans-Culottes, puis il se penche, éperonne son cheval, et, emporté par l'élan d'une charge folle, il disparaît dans les rangs de l'ennemi.
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« Javogues, commissaire de la Convention, à Robespierre.
« Du quartier général de Lyon, le 10 octobre 1793.
a Citoyen Collègue,
« Du quartier général de Lyon, le 10 octobre 1793.
a Citoyen Collègue,
« Le siège de Lyon est enfin terminé... Les rebelles se sentant pressés d'un côté par les armées de la République, et de l'autre par un peuple immense réduit à manger de l'avoine depuis dix-huit jours... se sont décidés à faire une trouée...
« Ils allèrent tourner le Mont- Dore par Saint-Cyr et gagner les montagnes, en passant par le ci-devant Beaujolais...
« A peine sortaient-ils du faubourg (de Vaise) qu'ils furent poursuivis. Le combat s'engagea.
« Il fut très vif. Nous perdîmes beaucoup de monde, et l'ennemi en laissa trois cents sur le carreau.
« Le reste se jeta dans les vignes, dans les gorges et sur la montagne.
« Les uns traversent la Saône, soit à cheval, soit à la nage, pour échapper à la mort. Les autres fuient jusqu'à Trévoux. Là, tout est tué ou dispersé...
« Parmi les nombreux prisonniers qui sont en notre pouvoir, il se trouve plusieurs officiers de marque, entre autres le ci-devant marquis de Virieu, ex-constituant ... »
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Malgré les recherches éperdues qu'elle entreprit avec l'aide d'un monsieur Rubichon, Mme de Virieu ne revit jamais son époux. Peut-être avait-il péri dans les sinistres fusillades de Lyon orchestrées par Fouché ? On était en novembre, Fouché et Collot-d'Herbois arrivaient à Lyon pour gourmander le modérantisme de Couthon. Fusillade et guillotine paraissaient désormais trop lentes à ces égorgeurs, qui voulaient se faire une litière de cadavres. Ils imaginaient de suppléer à la guillotine par la mitraille. La mitraille devait distribuer les membres des victimes ( ), parmi les spectateurs convoqués aux Brotteaux. Passons les détails épouvantables ...
Un paquet arriva un jour à Lausanne portant l'adresse de la comtesse de Virieu. Elle l'ouvrit et vit se dérouler une pièce de cette lugubre étoffe noire que l'on appelle « drap de veuve ». En même temps s'en échappait un billet avec ces seuls mots :
« De la part de M. Rubichon... »
« Ma mère, écrit Mlle de Virieu, tomba à genoux, et inonda l'étoffe de ses larmes... Elle comprit qu'elle n'avait plus d'espérance... »
____________________
Le journaliste bien connu, François-Henri de Virieu ( 1931 - 1997 )
, était le descendant direct de cette famille .
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Henri_de_Virieu_(1754-1793)
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: François-Henri de Virieu (1754-1793)
Merci pour ce passionnant article Eléo !!!
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: François-Henri de Virieu (1754-1793)
Merci, mon cher Momo.
Versailles, le 27 juin 1789.Mme de Sabran a écrit: ... à la fin de juin 1789 le roi écrivait au cardinal de La Rochefoucauld, président de l'ordre du Clergé, et au duc de Luxembourg, président de l'ordre de la Noblesse, pour leur enjoindre la réunion des trois ordres :
« ... J'engage mon fidèle clergé à se réunir sans délai aux deux ordres, pour hâter l'accomplissement de mes vœux paternels... »
« ... D'après l'acceptation volontaire de ma déclaration du 23 mai, j'engage ma fidèle noblesse à se réunir sans délai aux deux autres ordres... »
C'est visiblement la mort dans l'âme que le roi vient d'inviter " son fidèle clergé et sa fidèle noblesse " à se réunir au Tiers. Ainsi l'Assemblée nationale a gagné. Mais Louis XVI s'est-il résolu à cette extrémité parce que "ses jours étaient en danger " comme l'affirme le comte d'Artois au duc de Luxembourg, ou parce qu'il n'avait plus le choix ? Dès le 24, en effet, la majorité du clergé est venue siéger avec le Tiers et par la voix de l'archevêque de Vienne, Lefranc de Pompignan, a déclaré qu'elle admettait le vote par tête. Le lendemain, 47 nobles, dont le duc d'Orléans, Clermont-Tonnerre et Adrien Duport, en ont fait autant. Hier, les deux premiers ordres ont continué d'enregistrer des défections et les députés qui persistaient à siéger dans des salles séparées se faisaient huer par la foule. Dès lors, il fallait soit que le roi mette à exécution les menaces formulées lors de la séance du 23, et pour cela il aurait dû faire charger la troupe, soit qu'il cède à la volonté du Tiers, devenue volonté nationale .
Le souhait accompli :
" V'la comme j'avions toujours désiré que ce fut ! "
( Chronique de la Révolution, Larousse )
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