Simon-Nicolas-Henri Linguet

C'est qui ce Linguet ?



Correspondance secrète, 16 janvier 1778.

Reinette a écrit:C'est qui ce Linguet ?

C'est un homme de Lettres, auteur des fameuses Annales dans lesquelles tu es en train de puiser, je pense .

Simon-Nicolas-Henri Linguet





Il est né le 14 juillet 1736 à Reims et guillotiné le 27 juin 1794 à Paris. Il fut un avocat, publiciste, homme de lettres et propriétaire terrien, à la fois opposé aux philosophes, aux jansénistes, et surtout au libéralisme économique mis en place par la Révolution dont il dénonça avec virulence les conséquences pour les classes laborieuses.


Biographie

Issu d’un père d’origine ardennaise, avocat au parlement, greffier-en-chef de l’Élection de Reims, ancien vice-principal du Collège de Navarre, et d’une mère rémoise, descendante de Nicolas Bergier.


Au service des grands sous l'Ancien Régime

Secrétaire du duc de Deux-Ponts, il voyagea en Pologne mais dut rentrer en France pour une accusation de cheval volé. De retour à Paris, il embrassa la carrière des lettres avec le poète Dorât avec qui il se brouilla pour une affaire de 100 ou 200 louis qu'il lui aurait dérobés. Il devint ensuite l'aide de camp du prince de Beauvau, en Espagne. Il y apprit l'espagnol et traduisit Calderón et Lope de Vega. Il rédigea ensuite une Histoire du siècle d'Alexandre publiée à Amsterdam en 1762.
Il ne parvint pas à entrer à l'Académie française et devint, avec Fréron, l'adversaire des philosophes. Il s'installa quelque temps à Abbeville à partir de 1763 où il essaya de renouer avec le parti philosophique et avec la carrière des lettres.

Un avocat controversé

Élève brillant, Linguet fit ses études à Paris. Avant la Révolution, il exerça la profession d'avocat. Il côtoya alors les cercles anti-philosophiques et composa quelques recueils littéraires.

Comme avocat, il défendit des causes fameuses : celles du chevalier de La Barre en 1766, du duc d'Aiguillon en 1770, du marquis de Louis de Gouy d'Arsy en 1771, du comte de Morangiès contre les Verron en 1772, de la comtesse de Béthune en 1774. Cette dernière affaire lui valut d'être rayé du barreau par un arrêt du 11 février 1774.
Après dix ans d'exercice dans le droit, il fut rayé du barreau en raison de son attitude déloyale et de son mépris à l'égard de ses collègues.

« Fougueux, caustique, sarcastique, il se fit partout des ennemis, accusant les uns et les autres à tort et à travers. Il prétendait que le bâtonnier des avocats déclamait contre le droit romain. Ses ennemis lui rendirent la pareille et l'on rapporta à son sujet la spirituelle charade :

Mon premier sert à pendre
Mon second mène à pendre
Mon tout est à pendre ».

Un homme de lettres

Il se reconvertit dans le journalisme et devint le rédacteur de la feuille hebdomadaire de Charles-Joseph Panckoucke, le Journal de politique et de littérature. Ce journal attaquait à peu près tous les milieux. Quelques mois plus tard, Linguet dut quitter son poste, du fait d'attaques trop virulentes envers les membres de l'Académie française et sous la pression ministérielle de Vergennes et de Miromesnil.

Après s'être aliéné le pouvoir et les institutions littéraires, il s'exila volontairement à Londres, d'où il lança, en mars 1777, les Annales civiles, politiques et littéraires. Peu de temps après, il continua son entreprise éditoriale aux Pays-Bas autrichiens. Mais, attiré à Paris en septembre 1780, il fut aussitôt incarcéré. Emprisonné à la Bastille de 1780 à 1782, il regagna l'Angleterre à sa libération. Il y renoua avec les Annales et publia, Mémoire sur la Bastille qui fit sensation.

L'année suivante, il mena campagne pour la réouverture des bouches de l'Escaut. Le gouvernement autrichien, ravi, lui accorda des lettres de noblesses et arrangea son retour en France en 1786. Protégé par Joseph II comme par Louis XVI qui goûtait son style journalistique, il rentra en France, avec l'aura d'un héros populaire.

Un acteur de la Révolution

Après un séjour dans les Pays-Bas révoltés en 1789, il rentra en France. Auteur d'un Mémoire contre le pouvoir arbitraire, Linguet reprit son métier de journaliste pendant la Révolution française. Il rédigea des articles dans ses Annales jusqu'en 1792.

En 1791, il prit la défense de l'assemblée coloniale de Saint-Domingue devant l'Assemblée constituante.

A l'Assemblée législative il porta des accusations contre le ministre Antoine François Bertrand de Molleville.

Membre du Club des Cordeliers, il fut l'adversaire de Barnave et entra en relation avec Camille Desmoulins, Danton et Robespierre.

Au milieu de l'année 1792, devant la tournure que prenait les événements, il abandonna le journalisme et la politique et se retira sur ses terres du château de Marnes-lès-Saint-Cloud (actuellement Marnes-la-Coquette), dont il fut élu maire et mena une existence tournée vers la philanthropie.

Il fut arrêté pendant la Terreur en septembre 1793 sur l'accusation de publication d'articles élogieux dans son journal avant la Révolution afin d'obtenir des gratifications de monarques étrangers. Des lettres trouvées dans l'Armoire de fer datant de 1784 le compromirent bien qu'antérieures à la Révolution. Il fut jugé neuf mois plus tard, condamné et guillotiné le même jour, le 9 messidor an II (27 juin 1794) pour « avoir encensé les despotes de Vienne et de Londres ». Il fut inhumé au cimetière de Picpus.

( Merci WIKI )

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Ce nom me disait vaguement quelque chose ne effet. Je pensais justement à un avocat.

Je suis en fait plongée dans la Correspondance secrète.
Ca détend ! :

Ben oui, les Annales de Linguet !

Mais alors il écrirait comme ça sur lui-même ? :

... pour mieux égarer le lecteur, peut-être ?

Mme de Sabran a écrit:

Plaidoyer et Mémoire pour le comte de Morangiès ... quand on connait le sort qu'a fait l'historiographie moderne au personnage, ça donne envie !

Lucius a écrit:
Plaidoyer et Mémoire pour le comte de Morangiès ... quand on connait le sort qu'a fait l'historiographie moderne au personnage, ça donne envie !

J'ai tiqué aussi !

Ce ne devait pas être un saint, mais de là à penser qu'il fut le responsable de ce qu'on sait, c'est peut-être exagéré. Enfin j'espère...

Nous n'avons pas eu depuis longtemps la visite de notre spécialiste de la question, Angeblack !

S'il s'agit réellement de Linguet lui-même, c'est trop fort ! :
8 septembre 1778 :

On n'est jamais bien aussi servi que par soi-même ! :


La Correspondance secrète, 8 décembre 1778.

Franchement, il abuse ! :

16 janvier 1779 :

Pauvre Louis XVI et pauvre Linguet ! :

L'année suivante, il mena campagne pour la réouverture des bouches de l'Escaut. Le gouvernement autrichien, ravi, lui accorda des lettres de noblesses et arrangea son retour en France en 1786. Protégé par Joseph II comme par Louis XVI qui goûtait son style journalistique, il rentra en France, avec l'aura d'un héros populaire.

En effet ! Ce célèbre avocat et pamphlétaire, après un séjour à la Bastille de 1780 à 1782, avait quitté la France, et lors des débats soulevés par la question de l'Escaut, il avait pris vivement parti pour Joseph II qui l'appela à Vienne.

Le 4 février 1786 le prince de Kaunitz écrivait à l'Empereur :

J'ai vu M. Linguet parce qu'il a demandé à me voir et parce qu'il m'a paru possible qu'il me dirait peut-être quelque chose qui pourrait mériter dêtre rapporté à V. M., mais en même temps dans l'ignorance de ce qu'il pouvait avoir eu l'honneur de lui dire et de ce qu'elle pouvait avoir trouvé bon de lui répondre, j'ai jugé convenable de ne pas lui fournir par mes propos l'occasion de me parler, ni de ses vues, ni des intentions quelconques et c'est aussi ce qui est arrivé. J'ai cru devoir en informer V. M. parce que rien est souvent beaucoup et au demeurant cet homme m'a paru un de ces gens de lettres qu'à bon compte il vaut mieux avoir pour amis que pour ennemis, quant à présent ainsi que vis-à-vis de la postérité.

Bientôt Linguet sut se concilier la faveur de l'Empereur et du Chancelier, comme l'indiquent ces deux lettres du prince de Kaunitz au  comte Louis-Charles-Marie Barbiano di Belgiojoso (1728-1801) ,  un diplomate du duché de Milan (Saint-Empire), au service de la Maison d'Autriche.

Vienne, 15 mas 1786.

S. M. pour donner à M. Linguet une marque de sa royale satisfaction de l'attachement et du zèle qu'il a montrés encore pour ses intérêts pendant les dernières querelles que nous avons eues avec la République de Hollande, vient de lui accorder gratuitement des lettres de naturalité et de noblesse pour les Pays-Bas, au moyen de quoi il y aura un domicile avoué, ainsi qu'il a désiré depuis longtemps, et pour le mettre à l'abri des tracasseries de la magistrature en France, qui l'empêcheraient pour le moins d'y aller pour arranger ses affaires. Votre Excellence voudra bien se concerter avec M. le comte de Mercy sur les démarches à faire à ce sujet vis-à-vis de M. le comte de Vergennes.

( Mazette !     Joseph n'était pas un ingrat . )

Après que, du su de ce ministre,  Linguet a défendu avec autant de force que de chaleur notre cause vis-à-vis de la Hollande, on ne saurait raisonnablement trouver mauvais en France qu'on lui ait accordé chez nous un domicile avoué et honorable et d'ailleurs, ainsi que V. Exe. l'a également observé dans une de ses lettres , le ministère de Versailles doit être bien aise que Linguet se fixe plutôt à Bruxelles qu'à Londres, où il ne peut être surveillé en aucune manière.

Mais, comme à présent nous devenons en quelque façon responsables de sa conduite, il faut sans doute prendre des mesures pour qu'il ne retombe plus dans ses anciens écarts et je m'en rapporte là-dessus à ce que V. Exe. jugera le plus convenable.


Et puis,  de Vienne le 29 mars 1786 :

Étant à présent sur son départ, M. de Linguet m'a prié de faire passer à M. l'ambassadeur [comte de Mercy] la lettre ci-jointe, par laquelle il lui remet une requête à présenter au Roi, si M. le comte de Mercy le juge à propos. Il y demande également que les tribunaux reçoivent l'ordre de lui rendre justice et pour l'information particulière de M. l'Ambassadeur il lui communique la requête au Roi imprimée que V. Exe. lui a conseillé de supprimer et dont en effet il ne doit plus être question de faire quelque usage. Je prie V. Exe. de vouloir bien envoyer par le premier courrier mensuel ou par quelque autre occasion la lettre de Linguet à M. le comte de Mercy et de lui faire part des observations dont vous pourriez la trouver susceptible. Du reste M. de Linguet avait demandé un privilège pour pouvoir seul réimprimer et distribuer toutes les feuilles ou ouvrages périodiques étrangers, mais comme pour soutenir un pareil privilège, il aurait fallu faire des iogadations  odieuses pour s'assurer que des particuliers ne fassent venir directement ces feuilles sous leurs adresses, cette demande lui a été refusée, mais s'il proposait quelque autre établissement  sans privilège et d'espèce à ne pouvoir nous attirer de l'embarras, je suis persuadé qu'alors V. E.  voudra bien le protéger dans ses vues à cet égard .  

On peut dire que l'Autriche se met en quatre en faveur de Linguet .
Cependant, Joseph a quelques scrupules vis à vis de nous ...


Joseph II à Mercy,  de Vienne, le 1er avril 1786 :

Le sieur Linguet a été quelque temps ici et je vous avoue que, quoiqu'il m'ait fort sollicité, je n'ai pu me résoudre à le prendre immédiatement à mon service, et cela en considération pour la cour de France ou pour mieux dire par ménagement pour M. de Vergennes. Mais je ne serais pas moins charmé si vous pouviez lui faire rendre justice vis-à-vis de ses créanciers.
Adieu, mon cher Comte; c'est toujours avec plaisir que je vous assure de l'estime et de l'amitié avec lesquelles je suis . . .

Chers amis,

J'ai trouvé une référence intéressante à M.de Linguet et à la Reine dans un journal de 1791:.Correspondances litteraire secrete.  
Mais je ne la comprends pas du tout..
Je pensais que M. de Linguet était un partisan de la monarchie..
Je ne comprends plus du tout, l'affaire de la balade à cheval de la reine.. pourquoi changerait-elle de chevaux pendant celle-ci ?
Pourquoi devraient-ils empiéter sur la propriété de quelqu'un et causer des dommages ?
Leos








Source: book google:  Correspondances litteraire secrete.  1791

C'est très étrange, en effet !    Comment est-ce qu'un quidam, Lindet en l'occurrence, pourrait avoir la présomption d'attaquer la reine ? Et, si c'était le cas, comment, à l'Assemblée générale, cette nouvelle divulguée par l'abbé Raynal pourrait-elle affliger les patriotes et réjouir les aristocrates ?  Ce devrait être le contraire ...

Par ailleurs, les gens de la reine semblent s'amuser à saccager le jardin jusqu'à ce que, Marie-Antoinette apprenant qu'ils sont chez Lindet, donna des ordres d'en sortir, comme si le feu y avoit été .     ...    ce qui laisse entendre que la reine laisse ordinairement ses gens mal se comporter mais que,  cette fois-ci,  craignant Lindet, elle s'alarme et met fin tout de suite à l'incident.

Comme toi, mon cher Leos, je comprends mal .
Je crois que Raynal raconte des salades pour flétrir l'image de Marie-Antoinette .
Pourquoi ?   Qui est-il au juste, cet abbé ?  

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume-Thomas_Raynal

Wiki nous présente l'abbé comme un partisan des idées nouvelles et, de fait,  ce qui nous ramène à l'affaire Linguet,   dans ses écrits, Raynal se fait ardent défenseur du droit de propriété, « droit sacré et imprescriptible », face à ceux qui entendent le réguler. « Il faut qu’un particulier puisse laisser sa terre en friche, si cela lui convient, sans que l’administration s’en mêle. » Sans doute, il existe des hommes « qui, possesseurs d’une abondance qui suffirait à deux ou trois mille familles, ne sont occupés que d’en accroître la misère. Je n’en bénirai pas moins la force publique qui garantit le plus ordinairement ma personne et mes propriétés ».

Il y a aussi la perspective du profit ! 1500 à tout le moins, peut-être 3000 abonnés de plus pour le journal de Linguet.

un beau site bien riche à fouiller
https://gazetier-universel.gazettes18e.fr/periodique/correspondance-litteraire-secrete-1775-1793

Mon chere Eli,
Merci pour vos contributions à ce sujet.

Je ne comprends toujours pas pourquoi c'est écrit. Mes connaissances sont vraiment limitées là-dessus.
Si l'histoire telle qu'elle est racontée s'est réellement produite ou s'agit-il simplement d'une calomnié.

Nous en avons déduit .. que la reine montait à cheval .. même si on dirait plus qu'elle est allée faire une promenade en voiture?

Je ne sais pas ce que ça veut dire.... usage de faire mettre ses relais dans une maison..?

L'omission d'un changement de propriétaire pourrait indiquer qu'il n'est pas sorti si souvent.. ou du moins dans cette direction..

Mais son ancien aumônier Fontange est certainement un partisan de la reine.

Leos

Leos a écrit:
Mais son ancien aumônier Fontange est certainement un partisan de la reine.

Oui, c'est probable.  
Elu député aux États généraux pour le clergé de la sénéchaussée de Toulouse, François de Fontange quitte Toulouse pour Versailles, où siègent les États généraux réunis par Louis XVI. Peu favorable aux réformes de la Révolution, il siège à la droite de l'assemblée constituante. Il émigre ensuite en Suisse, au Piémont, en Italie, puis en Grande-Bretagne. C'est au cours de cet exil à Londres (1792-1796) qu'il rédige pour le marquis de Bombelles le récit le plus proche des événements de la fuite de Varennes, relatée d'après les confidences de la reine.  
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5199-l-eveque-francois-de-fontanges-aumonier-de-marie-antoinette-et-la-fuite-a-varennes
Et que vient faire Pierre-Victor Malouet dans tout ça ?  
Pourquoi aurait-il été l'instigateur de l'écriture de la fameuse lettre flétrissant Marie-Antoinette ?
Une monarchie constitutionnelle du genre anglais lui semblait l'aboutissement rationnel et souhaitable de la Révolution. Ecouté d'abord avec attention et respect, sa modération et son désir de concilier les partis l'avaient bientôt rendu suspect à tous. C'est un rôle ingrat que de prêcher l'union et la raison dans des temps de fanatisme et Malouët l'avait vite compris.
Taine lui rendra justice quand il écrira : « Quatre observateurs ont, dès le début, compris le caractère de la Révolution française : Rivarol, Malouët, gouverneur Morris et Mallet du Pan. »
Après la Constituante, il avait été l'un des conseillers intimes de Louis XV I qui l'estimait, mais, qui, toujours hésitant, avait mal suivi ses sages avis. L'influence de Marie-Antoinette sur le Roi l'avait d'abord desservi. Sa fidélité dans le malheur avait peu à peu détruit les préventions de la Reine, mais Marie-Antoinette comprit trop
tard son dévouement et la noblesse de son caractère. Peu de jours après l'affaire de Varennes, comme il arrivait aux Tuileries, elle le désigna au petit dauphin et lui dit :
— Mon fils, connaissez-vous monsieur ?
— Non, ma mère.
— C'est M . Malouët, n'oubliez jamais son nom.

Pour sauver le Roi, dont il prévoyait le sort tragique, il avait tenté avec Mme de Staël, peu avant le 10 août, de le faire évader des Tuileries. Mais Marie-Antoinette, n'ayant aucune confiance en Mme de Staël, avait fait échouer la tentative.
https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/8650bba3cb11b196471ae83270cb85ea.pdf
La Revue des Deux Mondes

Chers amis,
J'ai découvert une explication de cet événement dans  Journal général de 1791

information intéressante pour moi
Si la reine montait à cheval pendant la révolution, l'une des destinations était le château de la Marne près de Saint Cloud. Qui appartenait en réalité à l'archevêque de Toulouse avant d'être racheté par Linguet.

Tous les Journaux démagogues ont retenti d'une prétendue irruption faite dans une maifon de campagne de M. Linguet, par la Reine & fa fuite. Tous ont dit que pour s'épargner un petit trajet de chemin, cette Princeffe avoit fait enfoncer, en l'abfence du propriétaire, la porte de fon jardin, & tous n'ont pas manqué de jetter fur l'augufte mère du Dauphin de France, la défaveur, le ridicule dont leurs infenfés Rédacteurs font pleins eux-mêmes. Voici là caufe de tout ce bruit, de tout ce vacarme. Lorsque la Reine montoit à cheval, on mettoit fes relais dans une maifon qu'occupoit M. de Fontanges, ci-devant Archevêque de Touloufe; M. Linguet vient d'acquérir cette maifon : les Gens de ecurie de la Reine ignorant gu sa bien n partenoit plus au même maître, s'y préfentèrent il y a trois femaines, pour y changer de chevaux comme à l'ordinaire. La porte étoit fermée; deux cious dévisés l'ouvrirent: quand on fut inftruit qu'on étoit chez M. Linguet, on en fortit auffi-tôt, & le dommage fut réparé. M. Linguet a faifi cette occafion pour fe plaindre que fon territoire avoit été violé. Dans une Lettre qu'il a écrite à la Reine, il lui reproche les perfécutions de Jofeph II, auxquelles il n'a ceffé d'être en bute; il parle, très-poétiquement de fes jardins dévaftés, de fes avenues détruites, de ses volieres effarouchees, et menace de Souveraine d'un procès qui étonnera toute l'Europe.
On dit que la Reine lui a fait écrire en fon nom une lettre très honnête, dans laquelle elle prouve qu'elle ignoroit la violation dont il fe plaint; enforte que, felon toute apparence ce procès étonnant en restera là.

Leos