L'Ermitage de Mme de Pompadour, puis de Mesdames, à Versailles.
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L'Ermitage de Mme de Pompadour, puis de Mesdames, à Versailles.
La Maison de l’Ermitage d'un étage, située au cœur de la ville de Versailles, a été construite en 1746. Le roi Louis XV demanda à détacher six hectares du parc du château de Versailles pour y faire construire un pavillon de chasse qu’il offrit à Madame de Pompadour.
Ravie de s'écarter un peu du tumulte de la Cour, tout en se s'éloignant pas du théâtre de la politique, la marquise surnomma les lieux « son petit bijou » ou encore son « Ermitage ».
Il ne comprenait que cinq pièces, trois côté cour et deux côté jardin; ses rideaux étaient en coton et les meubles en bois peint: "Je passe la moitié de ma vie dans mon Hermitage", écrivait-elle à son amie Madame de Lutzelbourg.
Le roi venait lui rendre visite là, après la chasse ; il admirait les lilas, les lauriers-roses, les myrtes et les roses qui étaient parfaitement à l'unisson avec le caractère bucolique de l'endroit.
A partir de 1781, Mesdames tantes obtiennent de Louis XVI la jouissance de l'ancien Ermitage de Mme de Pompadour à Versailles. Elles y entreprennent beaucoup de travaux, dans les jardins surtout.
Sous la monarchie de Juillet, le séjour de Paris n'avait plus d'attraits pour un légitimiste de la trempe du comte de Sémalé. Le 6 juin 1835, il acheta aux agents de la liste civile, l'Ermitage de Mesdames, avec la pensée de l'offrir à un couvent, dans le cas où la propriété déplairait à sa femme; il en avait parlé à l'évêque de Versailles. Monseigneur écrivit à Mme de Semallé qu'il attendait sa réponse. Elle se rendit à Versailles, visita l'Ermitage, revint enchantée et déclara vouloir vivre en ces lieux. Mesdames Tantes avaient eu à coeur de transformer les jardins à la française de Mme de Pompadour en parc à l'anglaise. Le résultat était charmant !
Depuis Mme de Pompadour, le comte de Maurepas, Mesdames de France, la Révolution destructive, il restait encore du vaste domaine, un beau parc ombragé, le petit pavillon brique et pierre composé d'un rez-de-chaussée, d'un premier comprenant cinq fenêtres de façade, surmonté d'un fronton sculpté, placé près de la grille royale: jadis unique entrée, elle faisait communiquer la propriété avec la plaine de Trianon.
Non loin du pavillon, une belle Orangerie et derrière celle-ci, les dépendances réservées aux subalternes; en face de l'orangerie, assez loin dissimulé dans la verdure, le temple de Delphes.
Les travaux entrepris furent considérables et terminés seulement en 1836, année de la mort de Charles X. Néanmoins vers 1838, M. de Semallé, très scrupuleux, offrit l'Ermitage au domaine royal afin de le réunir à celui de la couronne. La proposition fut refusée, M. et Mme de Semallé désormais attachés à leur demeure y vécurent pendant plus de trente ans, jusqu'à leur mort.
Par respect, le petit pavillon de Mesdames tantes du roi demeura inoccupé et resta seulement un souvenir du passé. L'on prétendait que l'ancien pavillon était détruit, mais la petite-fille de M. de Semallé affirme le contraire, par tradition de famille.
Le logis réservé jadis au personnel devint, étant agrandi, une agréable maison abritée par l'orangerie; celle-ci fut convertie en pièces de réception, moyennant une allonge de chaque côté, construction longue et basse à laquelle on accède par plusieurs marches aboutissant à un vestibule vitré et dallé. L'ameublement comprenait de beaux meuble anciens mélangés à d'autres modernes.
Des vases en fonte garnis de fleurs furent disposés le long de l'ex-orangerie, avant les parterres à la française restés en place depuis leur création.
Une nouvelle grille d'entrée s'élevait rue de la Porcherie Saint-Antoine. A côté, le logement du portier contigu aux communs comprenant les écuries et remises; à leur suite, plus loin une porte d'entrée s'ouvrant rue de Maurepas, placée près du petit temple de Delphes, converti en chapelle, une cloche dissimulée évoquait le souvenir de l'Ermite, ancêtre lointain du domaine.
Le parc contenait encore une belle vasque de marbre rosé devenue bassin; jadis elle servait de cuve à l'appartement des bains au palais de Versailles, jusqu'au moment où la marquise de Montespan supprima les bains, pour en faire un salon ; plus tard, Mme de Pompadour reçut de Louis XV cette vasque et l'envoya à l'Ermitage.
En 1900 le comte Robert de Montesquieu l'acquit et en orna sa propriété du Vésinet .
Au Vésinet la vasque fut placée sous une sorte de temple dans le jardin du Palais rose. Elle resta dans cet état jusqu'à la mort du poète.
Palais rose – résidence actuelle de M. le Comte de Montesquieu [sic]
La Vasque
Carte postale (collection particulière)
Après la mort de M. le comte de Montesquiou des négociations furent si habilement conduites par M. Brière conservateur du Château, que la vasque put rentrer dans le domaine de Versailles.
La grille Royale fermée pour toujours, des arbres poussaient derrière elle, le petit pavillon rosé de Mesdames demeurait clos, dépouillé par la Révolution de ses meubles, boiseries, cheminées, balcons, ornements, il conservait seulement ses quatre murs.
Le parc sous Louis XVI avait été privé de ses statues mythologiques. Elles plaisaient à la favorite, mais Mmes Adélaïde, Victoire et Sophie alors vieilles et laides les jugèrent peu décentes. Une chaste Diane trouva grâce : seule sur son piédestal, elle demeura et assista à tous les bouleversements sociaux .
https://www.ermitage-fondacio.fr/documents/deSemalleaVersailles-MarquiseDeGourmont.pdf
https://www.ermitage-fondacio.fr/documents/L'Ermitage%20de%20Mme%20de%20Pompadour-Rose-Marie%20Langlois%201947.pdf
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Ermitage de Mme de Pompadour, puis de Mesdames, à Versailles.
Merci pour cette visite ! Ainsi donc, à croire ce qu'écrit le duc de Luynes, ce "petit" pavillon fut construit en deux mois seulement. Eh bien, c'était rapide à l'époque !
Voici le plan des jardins du temps de la marquise, peu avant que Mesdames ne transforment le tout à la mode anglaise.
Plan de l'Ermitage et des jardins de Madame de Pompadour à Versailles
Anonyme
France XVIIIe siècle
Plume et aquarelle sur papier
Image : RMN-GP (Château de Versailles)
Voici le plan des jardins du temps de la marquise, peu avant que Mesdames ne transforment le tout à la mode anglaise.
Plan de l'Ermitage et des jardins de Madame de Pompadour à Versailles
Anonyme
France XVIIIe siècle
Plume et aquarelle sur papier
Image : RMN-GP (Château de Versailles)
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'Ermitage de Mme de Pompadour, puis de Mesdames, à Versailles.
Mme de Sabran a écrit: Le parc contenait encore une belle vasque de marbre rosé devenue bassin; jadis elle servait de cuve à l'appartement des bains au palais de Versailles, jusqu'au moment où la marquise de Montespan supprima les bains, pour en faire un salon ; plus tard, Mme de Pompadour reçut de Louis XV cette vasque et l'envoya à l'Ermitage.
(...)
Après la mort de M. le comte de Montesquiou des négociations furent si habilement conduites par M. Brière conservateur du Château, que la vasque put rentrer dans le domaine de Versailles.
Vous retrouverez la longue histoire de cette baignoire en lisant, ici :
L'odysée d'une vasque royale (Histoire du Vésinet)
Baignoire en marbre de Rance
Jérôme Derbais, Jean Le Grue, Hubert Misson (sculpteurs)
1672
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Vestibule d'entrée ou salon du roi de l'Orangerie du château de Versailles
Vasque provenant de l'appartement des Bains de Louis XIV
Image : château de Versailles
Il y est d'ailleurs question de notre Ermitage, je cite cet extrait :
Nous avons vu comment la vasque, qui se trouvait dans l'appartement des bains au rez-de-chaussée du château, avait quitté le palais en janvier 1750 pour s'acheminer, poussée par de nombreux ouvriers vers l'actuelle rue de l'Ermitage que l'on dénommait alors chemin de Versailles à Marly. Ce n'est, en effet, qu'en 1845 qu'elle prit ce nom de rue de l'Ermitage, après s'être appelée rue de la Porcherie et encore rue aux Boeufs et elle doit sa dernière appellation à la propriété dite l'Ermitage que Mme de Pompadour y avait fait construire peu d'année avant le déplacement de la vasque.
On était en 1746 quand le roi Louis XV, répondant à un désir de sa favorite, fit don à Mme de Pompadour de six hectares de terres et bois détachés du parc de Versailles. Aussitôt mise en possession, la maîtresse du lieu y fit contraire une maison modeste mais coûteuse, puisque l'addition s'en élève à 283.000 livres: ce qui, pour l'époque, était une dépense considérable. Ce furent dans les jardins qui entourèrent cette villa que l'on déposa la vasque pour en faire un bassin.
Madame de Pompadour
François Boucher
Huile sur toile, 1759
Image : Wallace Collection
« La maison en elle-même n'avait rien de brillant. Elle était petite et ressemblait en quelque façon à la maison d'un fermier avec une ménagerie derrière. Mais il régnait un goût exquis dans l'intérieur. Tout ce qui devait servir à l'usage ou à l'ornement était propre à enchanter et se distinguait surtout par la noble simplicité qui y brillait. On n'avait épargné aucun embellissement essentiel. Tout y portait l'air de la campagne. Les tableaux,ouvrages des meilleurs maîtres, n'y représentaient que des paysages, des jeux, des divertissements champêtres. Toutes les chambres étaient tapissées en fine perse, ce qui, avec les meubles du même goût, leur donnait un air vif et riant qu'on ne pouvait trop admirer. Les jardins, sans être soumis aux froides règles d'une trop exacte proportion, offraient dans leur variété une régularité insensible. On y voyait un bouquet de roses avec une statue du dieu d'amour au milieu; des berceaux de myrthe et de jasmin y fournissaient une ombre agréable qui invitait à s'y aller reposer; les plates-bandes, quoi qu'elles semblassent y être disposées sans ordre, offraient chacune des fleurs d'une espèce différente; la jonquille, l'oeillet, la violette, la tubéreuse répandaient à un certain éloignement les odeurs particulières qui les font chérir et qui, venant à se mêler ensemble, formaient une atmosphère embaumée dans laquelle l'odorat respirait la vie et le plaisir." (Histoire de Mme la marquise de Pompadour, par Mlle de Fauques, 1759.)
La vasque du château était un des ornernents de ces jardins et s'y trouvait en bonne compagnie. Un plan de la propriété de l'Ermitage, reproduit en 1902, dans le Versailles illustré, nous en montre l'emplacement au milieu du parterre et près d'un bassin rectangulaire qui l'avoisinait. Ce fut dans cet Ermitage que la Pompadour connut, loin de la cour, de ses fastes et des intrigues, bien des jours heureux. Mais tout passe et tout lasse et la Pompadour rendit à Louis XV, avec la meilleure grâce du monde, la propriété qu'elle devait à sa munificence pour permettre au roi d'y abriter d'autres amours.
La propriété demeura dans le domaine royal et ce fut ainsi que Louis XVI la donna à vie au comte de Maurepas. Après la mort de ce dernier survenue le 21 novembre 1781, l'Ermitage fut donné à Mmes Adélaïde et Victoire tantes du roi et c'étaient elles qui l'occupaient quand survint la Révolution. La propriété, mise aux enchères fut adjugée au citoyen Rivet, demeurant à Paris, rue Bourtibourg n°13, moyennant le prix de 262.000 frs. (...)
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'Ermitage de Mme de Pompadour, puis de Mesdames, à Versailles.
Oh merci ! Quand on voit l'ordonnancement léché d'allées, massifs et bosquets, il est difficile de croire que la demeure elle-même fut si modeste que cela !La nuit, la neige a écrit:
Voici le plan des jardins du temps de la marquise, peu avant que Mesdames ne transforment le tout à la mode anglaise.
C'était une vasque voyageuse ! Quelle chance pour nous qu'elle soit revenue sagement se poser dans l'entrée de L'orangerie ! ( J'en parle presque comme d'une soucoupe volante ! Sa forme d'ailleurs se prête bien à la comparaison ... )La nuit, la neige a écrit:
Vous retrouverez la longue histoire de cette baignoire en lisant, ici :
Taratata !La nuit, la neige a écrit: Ce fut dans cet Ermitage que la Pompadour connut, loin de la cour, de ses fastes et des intrigues, bien des jours heureux. Mais tout passe et tout lasse et la Pompadour rendit à Louis XV, avec la meilleure grâce du monde, la propriété qu'elle devait à sa munificence pour permettre au roi d'y abriter d'autres amours.
https://www.ermitage-fondacio.fr/documents/L'Ermitage%20de%20Mme%20de%20Pompadour-Rose-Marie%20Langlois%201947.pdf
Pure calomnie !
La calomnie, Monsieur ? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j’ai vu les plus honnêtes gens prêts d’en être accablés. Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville, en s’y prenant bien : et nous avons ici des gens d’une adresse ! ... D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, on ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ?
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 75
Localisation : 75012 PARIS
Re: L'Ermitage de Mme de Pompadour, puis de Mesdames, à Versailles.
Eh ! Tout le monde aura reconnu Beaumarchais.
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'Ermitage de Mme de Pompadour, puis de Mesdames, à Versailles.
Je découvre l'existence de ce lieu, merci.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: L'Ermitage de Mme de Pompadour, puis de Mesdames, à Versailles.
Oui, moi aussi. Versailles ( le Château ) avait quantité de petits satellites.
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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