Le baron Dominique-Jean Larrey

A mon tour donc de présenter une énigme. Quittons un moment le 18è siècle pour nous rendre au 19è, plus précisément à la bataille de Waterloo. Lors de celle-ci, le général Arthur Wellesley, duc de Wellington, a voulu épargner la vie d'un Français, en ordonnant de ne pas tirer de son côté. Quel était le nom de ce Français et quelle était sa fonction ?

Peut-être un médecin connu ou un chirurgien.... un journaliste connu....un déserteur.... un objecteur de conscience ?!

Il était baron d'Empire me semble t-il... Le Créateur va nous confirmer cela.

Eddy m'a simplement confirmé qu'il s'agissait d'un médecin/chirurgien, donc d'un homme véritable et non d'un assassin confirmé, catégorie dans laquelle on retrouve pêle-mêle maréchaux d'empire, caporaux d'empire etc etc, ce qui change tout à propos du personnage recherché, à propos duquel je n'ai rien appris de nouveau. C'est l'occasion ou jamais de rappeler la phrase du roi Louis XV, le soir de Fontenoy, à son fils, le dauphin Louis-Ferdinand, tandis qu'ils arpentaient le champ de bataille, cette bataille ayant été le baptême du feu du dauphin, lequel se réjouissait de la "victoire": « Voyez ce qu'il en coûte à un bon cœur de remporter des victoires. Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes. La vraie gloire est de l'épargner. » Je ne suis pas du tout romancier/historien, mais il y aurait gros à parier que ledit dauphin prit soin, plus tard, de rapporter cette parole royale à son propre fils, le futur Louis XVI.

Le baron Dominique-Jean Larrey ?

Dominique Poulin a écrit:Le baron Dominique-Jean Larrey ?

Oui, bravo Dominique. Il s'agit bien du baron Dominique-Jean Larrey.

Resituons l'anecdote, si vous le permettez. Lors de la bataille de Waterloo, Wellington surveillait le champ de bataille à l'aide de sa longue-vue quand son regard se fixa sur un homme qui venait sans cesse au secours des blessés, faisant fi des balles et du danger. Wellington demanda à son aide de camp le nom de cet homme audacieux qui lui répondit qu'il s'agissait de Larrey, le chirurgien de Napoléon. A ces mots, Wellington ordonna de ne pas tirer du côté de Larrey. Puis Wellington souleva son chapeau et envoya un salut au chirurgien. Le voyant faire, son aide de camp lui demanda qui il saluait. Wellington lui répondit : "Je salue l'honneur et la loyauté qui passent".

L'histoire de Dominique-Jean Larrey à Waterloo ne s'arrête pas là. Il fut finalement blessé par les Prussiens et fait prisonnier par eux. Alors qu'il allait être fusillé, l'un des officiers eut un doute quant à son identité et le conduisit à Blücher. Là, Larrey fut reconnu comme le médecin qui avait soigné le fils de Blücher (Larrey soignait tous les blessés, sans distinction de camp) et fut remis en liberté par ce dernier.

Dominique-Jean Larrey, chirurgien en chef de la Grande Armée depuis 1812 (entre autres titres ; baron d'Empire en 1809, en 1804, Larrey avait reçu une des premières croix d'officier de la Légion d'honneur de la main du premier consul, qui lui avait dit : "C'est une récompense bien méritée."), est considéré comme le père de la médecine d'urgence, le premier à constituer des ambulances chirurgicales mobiles pour intervenir plus rapidement auprès des blessés sur le champ de bataille. Même après le règne de Napoléon, son impressionnante carrière ne prend pas fin. Il fait partie de la première promotion des membres de l'Académie royale de médecine, par ordonnance de Louis XVIII en 1820. Sa statue en marbre blanc, majestueuse et monumentale, sculptée par Pierre-Alfred Robinet, siège toujours dans le hall d'entrée de l'Académie de médecine à Paris, rue Bonaparte. En 1829, il est élu membre de l'Institut, à l'Académie des sciences. Sa postérité est grande : le Val-de-Grâce a fait élever à Larrey une statue dont l'inauguration a eu lieu en août 1850 et le nom de Larrey est inscrit sur la 30e colonne du pilier sud de l'arc de triomphe de l'Étoile à Paris.

Si vous désirez lire plus d'anecdotes méconnues sur Napoléon et les hommes et femmes qui l'entouraient, je vous recommande la lecture du livre de Daniel Appriou, "Napoléon Bonaparte - Anecdotes impériales", Editions Sutton, coll. Evocations, 1 janvier 2015, 160 p.

Lecréateur a écrit:Eddy m'a simplement confirmé qu'il s'agissait d'un médecin/chirurgien, donc d'un homme véritable et non d'un assassin confirmé, catégorie dans laquelle on retrouve pêle-mêle maréchaux d'empire, caporaux d'empire etc etc, ce qui change tout à propos du personnage recherché, à propos duquel je n'ai rien appris de nouveau. C'est l'occasion ou jamais de rappeler la phrase du roi Louis XV, le soir de Fontenoy, à son fils, le dauphin Louis-Ferdinand,  tandis qu'ils arpentaient le champ de bataille,  cette bataille ayant été le baptême du feu du dauphin, lequel se réjouissait de la "victoire":  « Voyez ce qu'il en coûte à un bon cœur de remporter des victoires. Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes. La vraie gloire est de l'épargner. » Je ne suis pas du tout romancier/historien, mais il y aurait gros à parier que ledit dauphin prit soin, plus tard, de rapporter cette parole royale à son propre fils, le futur Louis XVI.

Il est à noter que Wellington était assez proche de la perception de la guerre de Louis XV. En effet dans une lettre écrite après la bataille de Waterloo, Wellington avait écrit : "My heart is broken by the terrible loss I have sustained in my old friends and companions and my poor soldiers. Believe me, nothing except a battle lost can be half so melancholy as a battle won." que l'on peut traduire par : "Mon cœur est brisé par la perte terrible de mes vieux amis et compagnons et de mes pauvres soldats. Croyez-moi, rien d'autre qu'une bataille perdue ne peut être aussi mélancolique qu'une bataille gagnée."

Eddy2000 a écrit:
après la bataille de Waterloo, Wellington avait écrit :
"My heart is broken by the terrible loss I have sustained in my old friends and companions and my poor soldiers. Believe me, nothing except a battle lost can be half so melancholy as a battle won."
que l'on peut traduire par :
"Mon cœur est brisé par la perte terrible de mes vieux amis et compagnons et de mes pauvres soldats. Croyez-moi, rien d'autre qu'une bataille perdue ne peut être aussi mélancolique qu'une bataille gagnée."

On ne peut pas plaire à tout le monde :

Si je juge les actions de Wellington d’après les dépêches, et surtout d’après sa conduite envers Ney, son procès et son exécution, je dois dire que c’est un homme de peu d’esprit, sans générosité ni grandeur d’âme. Wellington est un homme ordinaire. Il a été prudent et heureux, mais ce n’est pas un grand génie.

(Napoléon Bonaparte )

J'ai recommandé à de nombreuses occasions ici cette excellente biographie. Très bien écrite, et la vie de cet homme est si exceptionnelle...


Place à Monsieur Larrey
Chirurgien de la garde impériale
De Jean Marchioni
Éditions Babel (Mars 06)
700 pages



Présentation :

Bonaparte s'attacha Dominique Larrey (1766-1 842), praticien d'exception, dès la campagne d'Egypte.
Après le sacre, Larrey est nommé chirurgien en chef de la garde impériale ; commence alors pour cet homme au destin de légende une fantastique chevauchée, du moulin d'Austerlitz à la grange d'Eylau, de Madrid aux ponts du Danube, de l'incendie de Moscou aux passerelles de la Bérézina. Familier de la paille des bivouacs comme des ors des palais, ce commensal de l'Empereur fut aussi l'un des rares à lui tenir tête lorsque le bien des hommes l'exigeait.

Il créa une œuvre médicale immense dont les dogmes chirurgicaux sont toujours d'actualité. Il fut l'inventeur du bouche-à-bouche, des ambulances volantes et des soins immédiats aux blessés, et le précurseur de la médecine humanitaire.
Homme intègre et attachant, soldat de toutes les campagnes, savant visionnaire : tels sont les aspects développés par le présent ouvrage qui s'appuie sur des faits inédits suscitant de nouvelles hypothèses.

La nuit, la neige a écrit:
et la vie de cet homme est si exceptionnelle...
.

C'est tout à fait l'avis de WIKI, qui en donne des détails stupéfiants !

Chirurgien de première classe, en 1792, dans l'armée du maréchal Luckner, il crée des ambulances volantes à Mayence, à la tête desquelles il court enlever les blessés sous le feu des batteries ennemies.
Larrey serait à l'origine de la mise en place au sein des armées françaises du système des « ambulances volantes » dans lesquelles il embarquait indifféremment amis et ennemis, afin de les soigner sans faire de distinction ni de nationalité, ni de grade, ce qui lui valut l'estime des officiers et généraux des armées ennemies.

« Larrey avait laissé dans mon esprit l'idée d'un véritable homme de bien ; à la science il joignait au dernier degré toute la vertu d'une philanthropie effective. Tous les blessés étaient de sa famille ; il n'était plus pour lui aucune considération dès qu'il s'agissait. de ses hôpitaux. C'est en grande partie à Larrey que l'humanité doit l'heureuse révolution qu'a éprouvée la chirurgie. Larrey a toute mon estime et toute ma reconnaissance. »
(Las Cases.)

Au siège d'Alexandrie (1801), Larrey trouva le moyen de faire de la chair de cheval une nourriture saine pour les blessés, et fit tuer pour cet usage ses propres chevaux.    Il embaume Kléber, assassiné au Caire le 14 juin 1800.
À la bataille de la Moskova, il ampute en une journée pas moins de 200 blessés. Il était d'ailleurs considéré comme un bon chirurgien, à une époque où l'anesthésie n'existait pas, car il était capable d'amputer un membre en moins d'une minute.  En travaillant sur les plaies ouvertes de bataille, Larrey a également découvert qu'une plaie cicatriserait mieux, avec moins de risques d'infection, si elle était nettoyée et laissée ouverte pendant plusieurs jours avant d'être suturée.


https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique-Jean_Larrey

Diffusé aujourd'hui sur France Inter, émission Autant en emporte l'Histoire

1812. Dominique Larrey, un médecin dans la Campagne de Russie
Présentation : Stéphanie Duncan
Invité : Thierry Lentz Directeur de la Fondation Napoléon à Paris
Durée : 51 mn

Le baron Jean-Dominique Larrey (1766-1842), chirurgien en chef de l'armée d'Egypte, puis de la garde impériale, inspecteur général du service de santé
Anne-Louis Girodet
Huile sur toile, 1804
Salon de 1804
Image : GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Thierry Le Mage

Présentation :

Le 26 novembre 1812, la Grande Armée de Napoléon, qui a dû battre en retraite après la prise de Moscou, doit maintenant franchir la Bérézina…


Le passage de la Bérézina le 28 novembre 1812
François-Louis Fournier-Sarlovèze (témoin oculaire)
Aquarelle et gouache
Image : Musée de l'Armée, Paris

La Bérézina, aujourd’hui, mot synonyme de désastre, est alors un fleuve en crue, charriant d’énormes blocs de glace. L’armée impériale, talonnée de près par celle du Tsar, réussira finalement à passer. Mais quelle débâcle ! De la Grande Armée, forte de près de 500 000 hommes qui, six mois plus tôt, avait fièrement entamé sa marche sur Moscou, il ne reste que 40 000 soldats et civils, blessés, malades, gelés et affamés, abandonnés à eux-mêmes. Abandonnés… sauf d’un homme, Dominique Larrey, chirurgien-chef de la Grande Armée, qui dit " Ma place est avec les blessés."

The Grande Armée Crossing the Berezina
January Suchodolski  (1797–1875)
Oil on canvas, c. 1859
Image : National Museum in Poznań, PD-Art

Surnommé « la Providence du Soldat », ce brillant chirurgien, qui a accompagné Bonaparte dans toutes ses campagnes, va d’une certaine manière inventer la médecine d’urgence. Au milieu de combats d’une violence inouïe, il comprend qu’il faut soigner les blessés au plus tôt sur le champ de bataille. Même les blessés ennemis.
Mais Dominique Larrey, fils de cordonnier devenu baron, incarne aussi toutes les contradictions de l’Empire : fidèle à l’empereur et à la Révolution française, le chirurgien ne peut que déplorer la sauvagerie de la guerre à outrance.

L'invité : Thierry Lentz, historien et directeur de la fondation Napoléon et auteur d'un imposant Napoléon. Dictionnaire historique chez Perrin
La fiction : "1812. Dominique Larrey, un médecin dans la campagne de Russie" de Christine Spianti.

Larrey opérant sur le champ de bataille
Charles Louis Müller
Paris, Académie nationale de Médecine
Image : RMN-Grand Palais / Agence Bulloz

Émission à écouter, ici : Autant en emporte l'Histoire (France Inter)Dominique Larrey, un médecin dans la Campagne de Russie