La Maréchale de Luxembourg
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La Maréchale de Luxembourg
Mme de Sabran a écrit:
la cour du roi Stanislas où régnait cette séduisante marquise de Boufflers qui, d'après son fils, était aux femmes ce que les séraphins sont aux anges et les cardinaux aux capucins,
.
Cette Mme de Boufflers qui est devenue la Maréchale de Luxembourg (si je ne me trompe pas), et qui dans sa vieillesse aimait réciter ce vers composé sur ses charmes:
Quand Boufflers parut à la Cour
On crut voir la mère d'Amour;
Chacun s'empressait à lui plaire
Et chacun l'avait à son tour.
:;\':;\':;
outremanche- Invité
Re: La Maréchale de Luxembourg
Oui, j'ai le regret de le dire : Belle-Maman avait la cuisse légère ... :
Mme de Sabran- Messages : 55286
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Re: La Maréchale de Luxembourg
evelynfarr a écrit:
Cette Mme de Boufflers qui est devenue la Maréchale de Luxembourg (si je ne me trompe pas)
Mais attendez !!! La mère du chevalier ( donc ma belle-mère ) n'est pas la maréchale de Luxembourg.
Il faut que je cherche où j'ai posté cela !
Mme de Sabran- Messages : 55286
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la Maréchale de Luxembourg
Mme de Sabran a écrit:evelynfarr a écrit:
Cette Mme de Boufflers qui est devenue la Maréchale de Luxembourg (si je ne me trompe pas)
Mais attendez !!! La mère du chevalier ( donc ma belle-mère ) n'est pas la maréchale de Luxembourg.
Il faut que je cherche où j'ai posté cela !
C'est bien probable que je me trompe, Eléonore!! Cette information vient de recherches que j'ai faites en 1993 et je ne me souviens pas où j'ai trouvée cette idée.
Invité- Invité
Re: La Maréchale de Luxembourg
Je vous ai retrouvé la maréchale de Luxembourg sous la plume de la marquise de Créquy .
Ce fut également, si je ne me trompe, à la fin de l'année 1721, que nous fîmes connaissance avec notre jeune et jolie cousine de Villeroy qui sortait du couvent pour épouser le Duc de Boufflers.1 étant devenue veuve, elle épousa le Duc de Luxembourg, et j'aurai toujours mille choses à vous en dire. Ces deux spirituelles personnes étaient mes parentes et mes contemporaines les plus rapprochées de mon âge et les mieux établies sur un même rang ; ainsi nous aurions dû naturellement rester bonnes amies et traverser notre longue vie dans une intimité continuelle ; mais si la Maréchale de Luxembourg a bien fini, la Duchesse de Boufflers avait mal commencé, ce qui fait que je ne l'ai revue familièrement que dans sa vieillesse. La Princesse de Lixin s'était toujours conduite le mieux du monde ; mais la Maréchale de Mirepoix allait souper chez Mme du Barry, d'où vient qu'elle avait abdiqué les amitiés et les principales relations de sa jeunesse. C'était la personne la plus naturellement gracieuse et la plus distinguée, noblement ; mais c'était la femme du monde la mieux calculée pour son profit ou son agrément personnel, où dominait toujours le besoin qu'elle avait d'argent, et de beaucoup d'argent, car elle aurait fait dévorer dix royaumes aux banquiers du Passe-Dix et du Vingt-et-Un. Elle n'avait jamais éprouvé ni pu comprendre d'autre passion que celle du jeu. Si la Maréchale de Mirepoix avait joué moins malheureusement ou plus modérément, on peut être assuré qu'elle se serait maintenue dans la convenance et la dignité les plus parfaites. Mais puisque je vous ai parlé de la Duchesse de Boufflers, autant vaut-il que je vous la fasse connaître étant Duchesse de Luxembourg et dans toute sa gloire ; autant vaut que ce soit aujourd'hui qu'un autre jour ; ainsi je vais anticiper sur mon récit, que nous reprendrons chronologiquement à l'époque de l'ambassade de mon père et de notre voyage en Italie.
Il y a eu dans Paris pendant le même temps et durant long-temps trois vieilles personnes qui jouissaient à peu près de la même apparence de considération, mais dont l'existence sociale et la consistance étaient pourtant bien différentes en réalité. La première était la Maréchale de Luxembourg, dont il est impossible de se figurer quel était le bon goût, le bon esprit, le grand air et la parfait amabilité. Elle était devenue dévote un peu tard, et et peut-être parce que rien ne sied aussi bien que la dévotion à une femme qui approche de la soixantaine ; mais ensuite elle était restée dévote de très-bonne foi, sans aucune espèce d'exigence ni d'affectation, ni de pédanterie. La Maréchale avait sûrement plusieurs imperfections, mais la seule chose qui parût à reprendre à reprendre dans ses habitudes sociales, était une préoccupation si continuelle et si démesurée de la grandeur, et tranchons le mot, de la prétendue supériorité de la maison de Montmorency, qu'elle en aurait paru ridicule, si elle avait eu moins de finesse dans le tact et moins d'habileté dans la manoeuvre.
En attendant qu'on eût fait justice de cette vanité sans consistance, M. de Voltaire et toute la séquelle philosophique avaient pris les prétentions de la Maréchale au sérieux : car j'ai remarqué que c'est à dater de la Maréchale et de ses prétentions que la renommée des Montmorency a pris dans l'opinion du vulgaire une importance exagérée, contre qui la haute noblesse a toujours eu soin de protester, et c'est Mme de Coislin qu'il faut entendre là-dessus !2 Il est certain que les Mailly, les La Tour-d'Auvergne, les Clermont-Tonnerre et les Rohan surtout, valent MM. de Montmorency, pour le moins ! Il est vrai que Mathieu de Montmorency avait épousé la veuve de Louis-Le-Gros, mais il est assez connu que c'est parce qu'il était beau garçon, qu'il était jeune, et que la reine était une vieille folle. Enfin leur titre de Premier-Baron-Chrétien est une qualification qu'ils ont fabriquée, car le titre originel et véritable est celui de « premier de la vicomté, prévôté et chrétienté de Paris ; » ce qui veut dire premier feudataire de l'évêché de Paris, tout simplement. La Maréchale avait si bien épousé la famille de son second mari, qu'elle ne pouvait supporter aucune autre prétention nobiliaire que celle de ses Montmorency qui l'absorbaient, et c'est au point que son propre frère, lui parlant un jour de la perte de son fils unique, après qui sa famille allait s'éteindre, et sa duché-pairie s'en aller à vau-l'eau ; et pendant qu'il en gémissait auprès d'elle, en lui disant avec amertume : — Il n'y aura plus de Villeroy : — Eh bien, Monsieur, lui répondit la Maréchale, on fera comme il y a trois cents ans, on s'en passera.
Sa maison, ses ameublements, sa table et ses nombreuses livrées, ses équipages et surtout sa chapelle et sa salle du dais, enfin toute chose de chez elle était d'une magnificence admirable. Elle avait pour son usage personnel un nécessaire de table en or massif, et la collection de ses tabatières était la plus splendide et la plus curieuse chose du monde. Au milieu de toutes ces dorures et de ces grands portraits de connétables, avec tous ces lions de Luxembourg et ces alérions de Montmorency, on était d'abord un peu surpris en apercevant une petite bonne femme en robe de taffetas brun, avec le bonnet et les manchettes de gaze unie à un grand ourlet, sans bijoux et sans aucune espèce d'étalage ou de fanfreluches. Mais en approchant, c'était une physionomie si animée, et si bien tempérée pourtant, un visage si noble et si régulier encore, une attitude modeste, mais presque royale on pourrait dire, avec un propos si spirituellement varié, si naturellement poli, si digne et si fin tout à la fois, qu'on l'écoutait et la regardait continuellement avec un plaisir inexprimable.
Le costume des vieilles femmes de ce temps-là avait un grand avantage pour elles, et c'était de ne ressembler en aucune manière à celui de jeunes femmes de leur temps, avec lesquelles on ne se trouvait jamais à lieu d'établir une comparaison, toujours si défavorable aux douairières ! Les vieilles femmes étaient alors des espèces de figures à part, on les jugeait sans penser à leur sexe qui n'existait plus pour les idées de galanterie, non plus que pour la toilette. Les pauvres vieilles femmes de mon temps me font grand'pitié quand je les vois avec des bonnets fleuris, des fichus menteurs et tout leur attirail juvénile, qui fait qu'on les compare involontairement avec leurs petites-filles, et qu'on les trouve horribles, en toute justice ! Je ne doute pas que le manque de respect, ou pour mieux dire, l'impertinence des jeunes gens d'aujourd'hui pour les vieilles femmes, ne provienne, en grande partie, de leur sot accoutrement ; car enfin l'on ne saurait exiger ni s'attendre à ce que des étourneaux puissent distinguer la différence qui se trouve entre la docilité pour l'usage et la prétention ridicule. Une vieille femme est habillée comme une jeune personne ; cette vieille femme est ridicule à cause du parallèle ; elle est ridicule et c'est tout au moins, car la plus légère apparence de prétention doit la faire paraître odieuse, abominable, et je n'ai jamais pu m'expliquer autrement la réprobation universelle et le décri général où sont tombées les pauvres vieilles femmes. J'en connais qui n'osent pas s'habiller raisonnablement de peur que les enfans ne leur jettent des pierres quand elles descendent de voiture à la porte des églises, ce qui serait encore pire que de les coudoyer et de leur marcher sur les pieds dans les salons. Tant il y a qu'on est bien malheureuse d'être une vieille femme par le temps qui court, et que je ne m'en consolerai jamais !
On ne saurait avoir mieux dépeint la Maréchale de Luxembourg que ne l'a fait Mme de Flahant dans un de ses jolis romans, et son mérite est, suivant moi, d'autant plus grand, qu'elle n'avait jamais été de la société de la Maréchale, à beaucoup près. Ce n'est pas chez son père, M. Filleul, ni chez son beau-père Labillarderie, qu'elle aura pu trouver le type du meilleur goût dans le plus grand monde, qu'elle a deviné sans l'avoir connu, et l'on a beau me répéter que c'est une femme d'esprit, la chose ne m'en paraît pas moins inexplicable.
On disait jadis que les hommes de très-bonne compagnie perdaient quelquefois la finesse de leur tact et le ton de la cour, quand ils avaient des habitudes prolongées avec des femmes d'un ordre inférieur, et l''on disait que ces mêmes femmes acquéraient souvent l'usage du grand monde avec les bonnes manières et le bon goût qu'on avait laissé tomber dans leur société, ce qui faisait, du moins, que le bon goût perdu ne l'était pas pour tout le monde ; mais on disait aussi que tout cela n'était qu'un vernis pour la décoration, qu'en y regardant de proche ou long-temps, on voyait pointer sous les repeintes les couleurs de l'ancien tableau, et qu'à la moindre contradiction, par exemple, il arrivait des explosions de paroles vulgaires avec un déluge de faits et gestes, et quelquefois des emportemens vindicatifs qui paraissaient d'une trivialité surprenante !.... C'est une sorte d'observations que je n'ai pas été à lieu de vérifier ; mais quant à cette perfection dans les manières, qui se trouvait quelquefois partagée entre les plus grandes dames et quelques femmes de la condition la plus inférieure, il me semble que c'est une transition toute naturelle pour arriver de la Maréchale-Duchesse de Montmorency-Luxembourg à Mme Quinault, chez qui ma grand'mère, qui n'était pas moins grande dame que Mme de Luxembourg, ne manqua pas de me mener faire une visite, avec un ton d'égards et de solennité polie qui coulait de source et qu'on aurait bien de la peine à simuler aujourd'hui. Voilà, vous en conviendrez, une fameuse période. J'ai cru n'en pas finir, et ma plume en est hors d'haleine.
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Mme de Sabran- Messages : 55286
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Re: La Maréchale de Luxembourg
Le fin mot de l'histoire, chère Evelyn :
Belle-Maman était la soeur de la Maréchale !!! :n,,;::::!!!:
Marie Françoise Catherine de Beauvau-Craon, marquise de Boufflers (1711-1787) est la fille de Marc de Beauvau-Craon (1679-1754), 1er prince de Beauvau, et d'Anne-Marguerite de Ligniville (1686-1772), comtesse du Saint-Empire, dame d'honneur de la duchesse de Lorraine, et maitresse du duc Léopold Ier. Elle épouse Louis François de Boufflers (1714-1752), marquis d’Amestranges, et fut la mère du poète Stanislas de Boufflers.
Biographie
Belle, spirituelle, la marquise de Boufflers avait été parfaitement éduquée. Elle savait tourner des vers légers et dessinait admirablement au pastel. Elle est devenue membre de l'Académie de Stanislas1. À la cour de Lunéville, elle devint en 1745, à trente-quatre ans, la maîtresse en titre du roi de Pologne Stanislas, qui en avait trente de plus qu’elle.
Ceci ne l’empêchait pas de collectionner les amants. Surnommée la « Dame de Volupté », elle fut ainsi la maîtresse du poète Jean-François de Saint-Lambert, puis de M. d’Adhémar, de l’intendant de Lorraine Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, de l’avocat et poète François-Antoine Devaux, de l’abbé Porquet…
C’est pour tenter de la rendre jalouse et retrouver son affection que Saint-Lambert entreprit de séduire la marquise du Châtelet lorsque celle-ci arriva à Lunéville en 1748. La marquise conçut pour le poète une passion qui devait lui être fatale ce qui ruina complètement les plans du père Menou, confesseur de Stanislas, qui voulait la pousser dans les bras du roi pour en déloger Madame de Boufflers. Au lieu de quoi la marquise du Châtelet et la marquise de Boufflers devinrent les meilleures amies du monde.
Elle est la sœur de la célèbre maréchale de Levis-Mirepoix qui fut l'amie de Louis XV et la conseillère de ses favorites : mesdames de Pompadour et du Barry .
Merci WIKI !!!
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55286
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Re: La Maréchale de Luxembourg
Du reste, dans le ci-devant Boudoir, Majesté m'avait-il fait un scoop : c'est chez la Maréchale de Luxembourg que s'est produite ma rencontre avec le chevalier de Boufflers, son neveu .
Ce que ne dit pas Jeanine Delpech, c'est que c'est le prince de Ligne qui nous a présentés !
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Majesté a écrit:
Lun 22 Avr 2013 - 17:29Mme de Sabran a écrit:.Majesté a écrit:
Je n'avais lu qu'un livre sur ce couple, chez Perrin...il paraît que c'est un plagiat plein d'erreurs...Notamment à propos de Delphine de Custine que tous les auteurs se plaisent à dépeindre comme une libertine dévergondée...à cause des nombreux bien aimés de ses lettres alors qu'elle n'avait que des amis auxquels elle adressaient de l'affection très XVIIIème et quelques amants, certes...( Cosmo )!
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Quel est ce livre ? .
Il ne peut s'agir que de celui de Delpech Jeanine :
L'Amour le plus tendre , A la cour de Marie-Antoinette, le chevalier de Boufflers et madame de Sabran.
Perrin 1964, in 12 cartonné toilé rouge sous jaquette illustrée, cahier photos, 317 pages. Très bon état.
S'il n'y avait les admirables lettres échangées par Mme de Sabran et le Chevalier de Boufflers, on n'oserait croire à un sentiment d'une telle qualité en un siècle où le libertinage des Lauzun, des Vaudreuil, d'Aimée de Coigny dans le sillage de Philippe d'Orléans conduisait à des aventures sans lendemain où le corps avait plus de place que l'esprit. A dix-neuf ans, Eléonore de Jean épouse un aimable héros alors presque sexagénaire: le comte de Sabran. Présentée à la cour, elle s'y montre si timide qu'on la surnomme Fleur des champs. Quatre ans plus tard, restée veuve avec un fils et une fille elle fait, chez la Maréchale de Luxembourg, la rencontre du Chevalier de Boufflers. Hussard, chevalier de Malte, il écrit des vers fort lestes, voyage, charme Voltaire à Ferney, fait tout ensemble quelques campagnes, beaucoup de dettes et des conquêtes encore plus nombreuses. Entre ces deux êtres si différents va naître l'amour Je plus tendre. Sous l'agréable prétexte de nous conter ces amours, d'abord contrariées, puis entachées de séparation et de divergence d'opinions, Jeanine Delpech nous restitue le cadre et les événements qui ont précédé la Révolution et les grands déchirements qu'elle a provoqués. Ainsi, des flambeaux des bals à l'ombre de l'échafaud, nous entraîne-t-elle à sa suite sur le chemin parcouru par deux amants incomparables.
(je ne l'ai pas : on me l'avait prêté ...)
Bien à vous.
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Ce que ne dit pas Jeanine Delpech, c'est que c'est le prince de Ligne qui nous a présentés !
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Mme de Sabran- Messages : 55286
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Re: La Maréchale de Luxembourg
Le maréchal et la maréchale tentèrent obstinément des travaux d'approche de Jean-Jacques .
- Mars 1758 : Voyage de Pâques
Les Luxembourg envoient « un valet de chambre lui faire compliment à Rousseau et l’invite à souper chez eux toutes les fois que cela lui ferait plaisir ". Rousseau repousse leur offre :
« Je répondis honnêtement et respectueusement aux politesses de M. et Mme de Luxembourg ; mais je n'acceptais point leurs offres, et tant mes incommodités que mon humeur timide et mon embarras à parler me faisait frémir à la seule idée de me présenter dans une assemblée de gens de la cour, je n'allai même pas au château faire une visite de remerciement [...]. »
- Eté 1758
Nouvelles tentatives de contact : « A chaque fois (que les Luxembourg) revinrent ils ne manquèrent point de réitérer le même compliment et la même invitation. »
Au cours de ce voyage, « les avances continuèrent et allèrent même en augmentant. »
Rousseau achève la rédaction de la Nouvelle Héloïse.
- Septembre 1758
Publication de la Lettre à d’Alembert sur les spectacles.
- Fin 1758 : début de la rédaction d’Emile.
1759
- 15 avril1759
Le maréchal de Luxembourg se rend à Mont Louis « suivi de cinq ou six personnes » et renouvelle son invitation que Rousseau finit par accepter :
« Pour lors, il n'y eut plus moyen de m'en dédire et je ne pus éviter, sous peine d'être un arrogant et un malappris de lui rendre sa visite et d'aller faire ma cour à Mme la Maréchale de la part de laquelle il m'avait comblé des choses les plus obligeantes »
Le plancher du premier étage de Mont Louis étant « pourri », Rousseau conduit le maréchal de Luxembourg et sa suite au Donjon et lui en explique la raison.
- 6 mai 1759
Pendant les travaux du Mont-Louis, Rousseau et Thérèse s’installent au petit château du maréchal de Luxembourg :
« Cet édifice et le terrain qui l’entoure appartenaient jadis au célèbre Le Brun, qui se plut à le bâtir et à la décorer avec ce goût exquis d’ornements et d’architecture dont ce grand peintre s’était nourri. »
Rousseau eut de Thérèse trois enfants de 1746 à 1750 : il en eut deux autres entre 1750 et 1755. Il les mit tous les cinq aux Enfants-Trouvés.
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Mme de Sabran- Messages : 55286
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Maréchale de Luxembourg
Merci pour toutes ces informations, chère Eléonore. Chaque jour vous m'apprenez quelquechose!
Invité- Invité
Re: La Maréchale de Luxembourg
Madame de Luxembourg et les enfants de Rousseau .
En 1761, voici notre maréchale obnubilée par une idée fixe: retrouver les enfants de Rousseau !!!
Elle lui demande quelles sont les dates et les marques de reconnaissance. Il lui écrit à ce sujet :
Ces cinq enfants ont été mis aux Enfants-Trouvés avec si peu de précautions pour les reconnaître un jour, que je n'ai pas même gardé la date de leur naissance.
Cela est-il bien possible ? et Thérèse aussi l'a-t-elle oubliée ?—Il se souvient pourtant que le premier enfant est né «dans l'hiver de 1746 à 1747, ou à peu près». Celui-là avait une marque dans ses langes. (Il dit dans les Confessions que «cette marque était un chiffre qu'il avait fait en double, sur deux cartes, dont une fut mise dans les langes de l'enfant».) Les autres enfants n'avaient aucune marque.
Laroche, homme de confiance de la maréchale, fait donc des démarches pour retrouver l'aîné, celui qui avait une marque, et qui en 1761 devait, s'il vivait encore, avoir quatorze ans. Les recherches sont infructueuses.
Rousseau écrit alors à la maréchale : «Le succès même de vos recherches ne pouvait plus me donner une satisfaction pure et sans inquiétude.» (Et cela est vrai : où, dans quel état allait-il retrouver, s'il le retrouvait, ce garçon de quatorze ans ? et comment aurait-il été absolument sûr que c'était bien lui ? etc...)—«Il est trop tard, ajoute-t-il, il est trop tard. Ne vous opposez point à l'effet de vos premiers soins ; mais je vous supplie de ne pas y en donner davantage.»
Rousseau, dans la partie de ses Confessions écrite en 1769, nomme la sage-femme Gouin.
L'a-t-il indiquée en 1761 à madame de Luxembourg ? Ou cette sage-femme était-elle morte ? En tout cas Rousseau savait bien qu'elle serait morte quand les Confessions seraient rendues publiques.
Oh ! tout cela ne prouve pas que les cinq enfants soient une invention de Rousseau. Mais il semble qu'il ait tenu avec madame de Luxembourg la même conduite que si ç'avait été une invention.
Et là-dessus on pourrait essayer une hypothèse :
—Affligé des infirmités que vous savez, à cause de cela timide avec les femmes, les adorant toutes et ne concluant jamais ; sans autre liaison que celle de Thérèse ; abstinent dans un monde aux mœurs extrêmement relâchées ; devinant ce que sa conduite et le siège même de son infirmité pouvait suggérer à la malignité des gens, le lisant peut-être dans les yeux de ses amis, et surtout de ses amies,—ne se pourrait-il pas qu'une de ses pires terreurs, et la plus obsédante, ait été de passer pour impuissant ?—De là, cette réplique qu'on peut appeler triomphante : la fable des cinq enfants, et, parce qu'il n'aurait pas pu les montrer et que, d'autre part, l'horreur d'un tel aveu en impliquait la véracité, l'histoire du quintuple recours aux Enfants-Trouvés. Peut-être Rousseau, imaginatif et «simulateur» comme il était, a-t-il mieux aimé paraître abominable que d'être soupçonné d'une des disgrâces les plus mortifiantes pour l'orgueil masculin.
L'hypothèse est fragile, je le reconnais. Il y en a une autre. D'après madame Macdonald, Thérèse, cinq fois de suite, aurait fait croire à Rousseau qu'elle était enceinte, qu'elle était accouchée chez une sage-femme et qu'elle avait fait porter l'enfant aux Enfants-Trouvés.
Le principal argument de madame Macdonald, c'est que Rousseau avoue qu'il n'a vu aucun de ses cinq enfants.—Cette machination se serait faite d'accord avec Grimm et la mère Levasseur. Dans quel dessein ? Pour empêcher Jean-Jacques de quitter Thérèse.
Une telle hypothèse souffre d'étranges difficultés, et matérielles et morales. Au reste, si elle supprime le fait de la naissance et de l'abandon des enfants, elle ne supprime pas le consentement de Rousseau à l'abandon de ces enfants qu'il croyait avoir. Donc, elle ne l'absout pas.
Ici, se place naturellement une autre explication,—qui était celle de Victor Cherbuliez :—Oui, Thérèse eut cinq enfants et qui furent tous mis aux Enfants-Trouvés. Mais de ces enfants Rousseau n'était pas et ne pouvait sans doute pas être le père. Et, dans ces conditions, la conduite de Rousseau est assurément moins abominable.
Je ne repousse pas absolument cette hypothèse ; mais elle soulève encore bien des objections.—D'après Tronchin, Rousseau n'était pas impropre à avoir des enfants ; il y fallait seulement certaines conditions, qu'il trouvait auprès de Thérèse. Il ne pouvait donc avoir, au plus, que des doutes sur sa paternité.—Et, d'autre part, s'il avait su ou cru Thérèse infidèle, nous aurait-il parlé de sa «fidélité sans tache» ?—A moins de supposer encore une fois qu'il aimait mieux paraître criminel que de passer pour impuissant ou que d'être ridicule...
Tout bien examiné, mon hypothèse (qui d'ailleurs n'est pas à moi tout seul) me plairait mieux.—Mais j'ai été aux Enfants-Trouvés. Dans le dossier de l'année 1746, j'ai trouvé un papier [Cette découverts est due à madame Macdonald.
J'ignore ce qu'elle en a conclu.] portant cette mention :
«2795. Marie-Françoise Rousaux» (ce dernier mot rayé et surchargé du mot «Rousseau» correctement écrit). «Un garçon le 19 novembre 1746.» Puis, d'une autre écriture et d'une autre encre : «Joseph Cathne a été baptisé ce 20 novembre 1746. Daguerre, prêtre.»—Ce papier est épinglé à un bulletin de dépôt imprimé. Et, dans le registre où sont inscrits les dépôts de l'année 1746, j'ai lu ceci : «Joseph Catherine Rousseau, donné à Anne Chevalier, femme André Petitpas, à Guitry (Andelys), 1er mois, 6 francs, payés 22 décembre 46 ; 21 janvier 1747, 5 f. 2e (mois) jusqu'au 14 janvier 1747, jour du décès, 1 mois 23 jours.»
Cela est impressionnant. La marque de reconnaissance a disparu. Mais la date concorde avec l'indication de Rousseau. «Marie-Françoise». prénoms de la déposante, sont aussi ceux de la mère Levasseur.—D'autre part, pourquoi ce nom de «Joseph», et surtout pourquoi ce prénom féminin de Catherine donné à un garçon ? Je n'en sais rien. Et l'on doit remarquer aussi que le nom de Rousseau est et était fort commun.—C'est égal : la date, le nom de famille, les prénoms de la déposante, cela fait trois, concordances singulières.
Mais alors, si l'homme de confiance de madame de Luxembourg a vu ce papier et ce registre, comment a-t-il déclaré n'avoir rien trouvé du tout ?... Faut-il voir là un mensonge charitable de madame de Luxembourg qui n'a pas voulu dire à Rousseau que l'enfant était mort ?
Quant aux autres enfants, s'il n'y en a nulle trace dans les registres, c'est peut-être que la déposante ou l'administration leur avait donné, comme cela se faisait, un faux nom de famille.
—Je ne sais rien, vous ne savez rien, nous ne savons rien.
Source :
Conférences littéraires
de Jacqueline Baldran
Rousseau ou l'impossible justification
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Maréchale de Luxembourg
Merci, Eléonore, d'avoir ouvert ce fil.
Le portrait que Besenval dresse de la maréchale dans ses mémoires est également des plus piquants ! :
Avant de devenir une dévote (sur le tard), elle courait le guilledou... aimant le vin, la "table l'échauffait" et alors... elle se lâchait ! Besenval raconte comment il s'enfilait des verres avec elle et le duc d'Orléans jusqu'à 6h du mat'.. Un vrai cowboy la maréchale !
A un souper, elle s'entiche d'un jeune comédien et le poursuit jusque dans la rue en hurlant "je le veux, je le veux"! : : :
Elle va jusqu'à faire "les caresses les plus expressives" à un jeune page, devant son propre mari, qui se lève et la met en garde, car "tous les yeux sont tournés sur vous". : : :
Je posterai cet extrait des mémoires de Besenval sur la maréchale, qui vaut son pesant d'or.
Le portrait que Besenval dresse de la maréchale dans ses mémoires est également des plus piquants ! :
Avant de devenir une dévote (sur le tard), elle courait le guilledou... aimant le vin, la "table l'échauffait" et alors... elle se lâchait ! Besenval raconte comment il s'enfilait des verres avec elle et le duc d'Orléans jusqu'à 6h du mat'.. Un vrai cowboy la maréchale !
A un souper, elle s'entiche d'un jeune comédien et le poursuit jusque dans la rue en hurlant "je le veux, je le veux"! : : :
Elle va jusqu'à faire "les caresses les plus expressives" à un jeune page, devant son propre mari, qui se lève et la met en garde, car "tous les yeux sont tournés sur vous". : : :
Je posterai cet extrait des mémoires de Besenval sur la maréchale, qui vaut son pesant d'or.
Invité- Invité
Re: La Maréchale de Luxembourg
J'ai hâte de lire cela Cosmo ! J'ai hâte ! J'adore les personnages singuliers !
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Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: La Maréchale de Luxembourg
Cette anecdote ferait une scène savoureuse pour un film :
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La Maréchale de Luxembourg
Comtesse Diane a écrit:J'ai hâte de lire cela Cosmo ! J'ai hâte ! J'adore les personnages singuliers !
Je vous posterai ça tout à l'heure, ma comtesse préférée.. je ne suis pas chez moi là je profite du soleil !
Invité- Invité
Re: La Maréchale de Luxembourg
Cosmo a écrit:
A un souper, elle s'entiche d'un jeune comédien et le poursuit jusque dans la rue en hurlant "je le veux, je le veux"! : : :
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Oui, je me souviens de ce détail hilarant !!!
Cela me fait penser à la mère du Doge de Venise planquée dans l'alcôve du prince de Ligne pour lui sauter dessus dès que possible . Même chose : l'objet convoité a pris ses jambes à son cou !
Ces dames du monde étaient de sacrées luronnes !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Maréchale de Luxembourg
Fichtre, quelle bonne-femme !!! àè-è\': àè-è\': àè-è\':
Voilà une lecture de longue haleine, mais Besenval écrit si remarquablement qu'on en redemande !
Tiens, j'y ai à nouveau croisé le chanteur Larrivée ( il a son sujet, lui aussi ! )
Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Maréchale de Luxembourg
Mme de Sabran a écrit:
Fichtre, quelle bonne-femme !!!
Oui. boudoi32
Alcoolique, lubrique et d'une méchanceté rare ! Elle avait tout pour plaire. :
Mme de Sabran a écrit:
Besenval écrit si remarquablement qu'on en redemande !
La langue est sublime.
Mme de Sabran a écrit:
Tiens, j'y ai à nouveau croisé le chanteur Larrivée ( il a son sujet, lui aussi ! )
Ah bon? c'est qui çuilà? :
Invité- Invité
Re: La Maréchale de Luxembourg
Cosmo a écrit:Mme de Sabran a écrit:
Tiens, j'y ai à nouveau croisé le chanteur Larrivée ( il a son sujet, lui aussi ! )
Ah bon? c'est qui çuilà? :
Reprenez-donc tout depuis Ledépart :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t428-larrivee-manquee?highlight=larriv%C3%A9%C3%A9
Gouverneur Morris- Messages : 11688
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Maréchale de Luxembourg
Gouverneur Morris a écrit:
Reprenez-donc tout depuis Ledépart :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t428-larrivee-manquee?highlight=larriv%C3%A9%C3%A9
Oui, je l'avoue, j'aime bien m'intéresser aux gens plus obscurs ( et sans grade : ), comme ce petit Larrivée .
Après tout, il n'y avait pas que des ducs et des marquis, en France, fin XVIIIème !
.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55286
Date d'inscription : 21/12/2013
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