Le chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville
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fleurdelys
Mme de Sabran
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Re: Le chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville
Les propos de Fersen ne semblent pourtant pas lui rappeler une ancienne connaissance...:
"Je trouvai un homme un peu fou, très entiché de lui, donnant une grande importance à ses actes, mais bien pensant et nullement espion"
Bien à vous.
"Je trouvai un homme un peu fou, très entiché de lui, donnant une grande importance à ses actes, mais bien pensant et nullement espion"
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Le chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville
... pas une connaissance amicale, en tous cas .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55279
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville
Michelle Sapori a été interviewée par la Voix du Nord :
Un livre sur l’Arrageois Gonsse de Rougeville, l’aventureux chevalier de Maison-Rouge
Il a certainement croisé Robespierre à Arras, précédé La Fayette auprès de Washington, tenté de libérer Marie-Antoinette… L’historienne Michelle Sapori ressuscite l’aventureux chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville.
Gonsse de Rougeville, c’est l’antithèse de Robespierre avec lequel il a grandi à Arras, avant la Révolution.
C’est un destin exceptionnel, une vie tellement aventureuse qu’on l’aborde en doutant de sa substance, même une historienne. Michelle Sapori est devenue, au fur et à mesure de ses travaux, une spécialiste du luxe sous l’Ancien Régime.
« C’est tellement incroyable ! Je n’y croyais pas en m’attaquant au sujet. Mais au fil des recherches, des archives consultées – au musée de Vincennes notamment, où sont consignées ses activités militaires, ses décorations (croix de Saint-Louis)... Je me suis rendu compte qu’il y avait un grand fond de vérité. » L’historienne a la prétention de rétablir « une sorte d’exactitude » sur ce « roturier » qui grandit à Arras en même temps que Robespierre.
Pourquoi s’intéresser à lui ? L’universitaire est membre de deux sociétés historiques : celle de Villers-Cotterêts (où naquit Alexandre Dumas auteur du Chevalier de Maison-Rouge) et de Soissons où se mariera Rougeville. Cela suscite la curiosité.
On sait que Robespierre, l’avocat des États d’Artois, fut le défenseur du pater familias des Gonsse de Rougeville qui habitait sur la Grand-Place, à l’ancienne maison des poids. Riche homme d’affaires et propriétaire, le père achètera aussi ses lettres de noblesses.
Alexandre, aventurier, s’engage dans une compagnie de gendarmerie à 14 ans, avant de partir aux Amériques, servir auprès de Washington. En 1778, il est son aide de camp. Il revient en France deux ans plus tard, fait son droit à Reims, repart à nouveau. Il aura fait huit ans de guerre dans l’état-major américain.
Tandis que sa famille étend son pouvoir sur Saint-Laurent-Blangy, autour du château d’Immercourt, le chevalier intrigue et se rapproche du pouvoir… Au service de Monsieur le frère du roi, il s’attache au sort de la famille royale en 1789, fréquente les maisons de jeux, Il protège le roi et sauve la reine le 20 juin 1792, aux Tuileries. Royaliste, il l’est par l’estime de soi comme il se considère comme noble : « Je le suis par mes services militaires ! », dira-t-il.
« C’est un solitaire, toujours dans la provocation ! », évoque Michelle Sapori. Autant dire l’antithèse romantique de Robespierre. L’homme tentera ainsi de faire évader Marie-Antoinette (une affaire des œillets rapidement « tranchée »), un complot qui lui collera à la peau sous l’Empire. Il sera fusillé devant le cimetière du Nord, à Paris, pour avoir trahi la patrie, en 1814. Il faut dire qu’en février, il servait d’éclaireur aux cosaques, en Champagne.
Affabulateur? Ben non!
Comme beaucoup de personnages extirpés de l’histoire par des romanciers ou cinéastes, catégorisés pour ses opinions, Gonsse de Rouville, a été traité d’« affabulateur » (Wikipédia sic), de « conspirateur royaliste » (sans doute plus mérité !).
L’historien Lenotre avait émis des doutes sur de nombreux faits, ses décorations, son trop jeune âge pour s’enrôler dans l’armée... S’il ne fut pas alors du bon côté du manche, notre homme aura eu un destin aussi exceptionnel et tragique que son contemporain, l’Incorruptible Robespierre.
« Bien sûr Rougeville m’amuse, mais j’ai pris du recul. Tout ce que j’ai écrit a été vérifié dans les archives ! », précise Michelle Sapori, une historienne qui a fait du luxe sous l’Ancien Régime une de ses spécialités.
Après un livre consacrée à la couturière de Marie-Antoinette, Rose Bertin, elle prépare un livre, pour le château de Versailles et son éditeur, sur les frères Léonard, les coiffeurs de Marie-Antoinette. Pour elle, « Dumas ne s’était pas trompé! Rougeville, c’est un personnage qui aura une belle vie ».
Bien à vous
Un livre sur l’Arrageois Gonsse de Rougeville, l’aventureux chevalier de Maison-Rouge
Publié le 31/05/2016
PAR NICOLAS ANDRÉ
PAR NICOLAS ANDRÉ
Il a certainement croisé Robespierre à Arras, précédé La Fayette auprès de Washington, tenté de libérer Marie-Antoinette… L’historienne Michelle Sapori ressuscite l’aventureux chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville.
Gonsse de Rougeville, c’est l’antithèse de Robespierre avec lequel il a grandi à Arras, avant la Révolution.
C’est un destin exceptionnel, une vie tellement aventureuse qu’on l’aborde en doutant de sa substance, même une historienne. Michelle Sapori est devenue, au fur et à mesure de ses travaux, une spécialiste du luxe sous l’Ancien Régime.
« C’est tellement incroyable ! Je n’y croyais pas en m’attaquant au sujet. Mais au fil des recherches, des archives consultées – au musée de Vincennes notamment, où sont consignées ses activités militaires, ses décorations (croix de Saint-Louis)... Je me suis rendu compte qu’il y avait un grand fond de vérité. » L’historienne a la prétention de rétablir « une sorte d’exactitude » sur ce « roturier » qui grandit à Arras en même temps que Robespierre.
Pourquoi s’intéresser à lui ? L’universitaire est membre de deux sociétés historiques : celle de Villers-Cotterêts (où naquit Alexandre Dumas auteur du Chevalier de Maison-Rouge) et de Soissons où se mariera Rougeville. Cela suscite la curiosité.
On sait que Robespierre, l’avocat des États d’Artois, fut le défenseur du pater familias des Gonsse de Rougeville qui habitait sur la Grand-Place, à l’ancienne maison des poids. Riche homme d’affaires et propriétaire, le père achètera aussi ses lettres de noblesses.
Alexandre, aventurier, s’engage dans une compagnie de gendarmerie à 14 ans, avant de partir aux Amériques, servir auprès de Washington. En 1778, il est son aide de camp. Il revient en France deux ans plus tard, fait son droit à Reims, repart à nouveau. Il aura fait huit ans de guerre dans l’état-major américain.
Tandis que sa famille étend son pouvoir sur Saint-Laurent-Blangy, autour du château d’Immercourt, le chevalier intrigue et se rapproche du pouvoir… Au service de Monsieur le frère du roi, il s’attache au sort de la famille royale en 1789, fréquente les maisons de jeux, Il protège le roi et sauve la reine le 20 juin 1792, aux Tuileries. Royaliste, il l’est par l’estime de soi comme il se considère comme noble : « Je le suis par mes services militaires ! », dira-t-il.
« C’est un solitaire, toujours dans la provocation ! », évoque Michelle Sapori. Autant dire l’antithèse romantique de Robespierre. L’homme tentera ainsi de faire évader Marie-Antoinette (une affaire des œillets rapidement « tranchée »), un complot qui lui collera à la peau sous l’Empire. Il sera fusillé devant le cimetière du Nord, à Paris, pour avoir trahi la patrie, en 1814. Il faut dire qu’en février, il servait d’éclaireur aux cosaques, en Champagne.
Rougeville, de Michelle Sapori, édition de la Bisquine, 360 pages, 20 €.
Affabulateur? Ben non!
Comme beaucoup de personnages extirpés de l’histoire par des romanciers ou cinéastes, catégorisés pour ses opinions, Gonsse de Rouville, a été traité d’« affabulateur » (Wikipédia sic), de « conspirateur royaliste » (sans doute plus mérité !).
L’historien Lenotre avait émis des doutes sur de nombreux faits, ses décorations, son trop jeune âge pour s’enrôler dans l’armée... S’il ne fut pas alors du bon côté du manche, notre homme aura eu un destin aussi exceptionnel et tragique que son contemporain, l’Incorruptible Robespierre.
« Bien sûr Rougeville m’amuse, mais j’ai pris du recul. Tout ce que j’ai écrit a été vérifié dans les archives ! », précise Michelle Sapori, une historienne qui a fait du luxe sous l’Ancien Régime une de ses spécialités.
Après un livre consacrée à la couturière de Marie-Antoinette, Rose Bertin, elle prépare un livre, pour le château de Versailles et son éditeur, sur les frères Léonard, les coiffeurs de Marie-Antoinette. Pour elle, « Dumas ne s’était pas trompé! Rougeville, c’est un personnage qui aura une belle vie ».
Bien à vous
Invité- Invité
Re: Le chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville
Rappelons que nous évoquons le livre de notre amie dans ce sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1854-le-chevalier-de-maison-rouge-par-michelle-sapori?highlight=sapori
La nuit, la neige- Messages : 18054
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville
Rrrroh tu as raison
Je reposte l'article dans le bon sujet
Merci à toi :n,,;::::!!!:
Je reposte l'article dans le bon sujet
Merci à toi :n,,;::::!!!:
Invité- Invité
AUX ARMES CITOYENS !
[url=https://servimg.com/view/15107221/3961][/u
Voici la plaque découverte installée à ARRAS devant la Maisons natale de ROUGEVILLE avec des appréciations mensongères et attaquant outre la mémoire, mais l'honneur de Monsieur DE ROUGEVILLE.
ARRAS est une ville deux cents ans après est toujours d'esprit Robespiériste et MICHELE SAPORI et moi-même lançons des démarches auprès du MAIRE et de l'OFFICE DE TOURISME concepteurs de cette plaque pour qu'elle soit retirée rapidement .....
La plaque de ROBESPIERRE est toute modeste de quelques lignes et n'indique pas les qualités de l'homme ni ses crimes et ses erreurs !!!!!!! idem pour FOUQUIER !!!!!!!
la suite prochainement, mais nous serions ravies d'avoir votre avis sur cette infamie !!!!
MARIE ANTOINETTE
Voici la plaque découverte installée à ARRAS devant la Maisons natale de ROUGEVILLE avec des appréciations mensongères et attaquant outre la mémoire, mais l'honneur de Monsieur DE ROUGEVILLE.
ARRAS est une ville deux cents ans après est toujours d'esprit Robespiériste et MICHELE SAPORI et moi-même lançons des démarches auprès du MAIRE et de l'OFFICE DE TOURISME concepteurs de cette plaque pour qu'elle soit retirée rapidement .....
La plaque de ROBESPIERRE est toute modeste de quelques lignes et n'indique pas les qualités de l'homme ni ses crimes et ses erreurs !!!!!!! idem pour FOUQUIER !!!!!!!
la suite prochainement, mais nous serions ravies d'avoir votre avis sur cette infamie !!!!
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3718
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Le chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville
... descendu en flammes, ce brave Rougeville !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55279
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville
Elle est ridicule et corrobore un esprit totalement partisan et je dirais anti-historique cette plaque !! C'est du grand guignolesque ! Vraiment nullissime de première grandeur !
Dominique Poulin- Messages : 6932
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Le chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville
Je poste ici un document historique intéressant, ainsi que le texte qui l'accompagne, publiés sur le site internet des Archives du Pas-de-Calais.
Je cite (extraits) :
LA ROCAMBOLESQUE FUITE D'UN AGENT ROYALISTE
Procès-verbal d'arrestation, de perquisition et de confiscation contre Alexandre Gonsse de Rougeville
Les 5 autres pages sont consultables, ici : Archives du Pas-de-Calais : document original
Conspiration royaliste et arrestation ratée
Ce document, daté du 24 ventôse an XII (15 mars 1804), est un constat d’arrestation, de perquisition et de confiscation rédigé par le capitaine André Linas contre Gons de Rougeville, prévenu d’être d’intelligence avec les conspirateurs qui ont voulu attenter au jour du 1er consul et au renversement du gouvernement.
Dans une première partie, le capitaine Linas relate la fuite théâtrale de Rougeville, puis établit la liste des pièces à conviction qui attestent son soutien au parti royaliste.
Cette conspiration a en réalité été fomentée par Georges Cadoudal, Jean-Charles Pichegru et Jean-Victor Moreau, soutenus par le gouvernement britannique. Rougeville n’y était aucunement lié, mais ses opinions royalistes ouvertement assumées et son talent à cultiver les inimitiés étaient les causes de ces injustes accusations.
Il est en effet dénoncé au ministre de la Justice par le maire de Saint-Laurent, Casimir Verdevoy, qui a juré sa perte.
Le 24 ventôse, le capitaine Linas, chargé de cette arrestation, prend contact avec Verdevoy pour en régler les détails. Les deux hommes décident d’agir à la nuit tombée, afin de garantir l’effet de surprise. Vers dix heures du soir, Linas installe un dispositif de sécurité autour du domaine d’Immercourt, propriété de Rougeville à Saint-Laurent.
Le château avant sa destruction au début du XXe siècle
Image : Archives du Pas-de-Calais
Image : http://lapremiereguerremondiale.eklablog.com/saint-laurent-blangy-gallery34400
Le château après sa reconstruction :
Mais ce dernier parvient à s’échapper. Il écrit alors au ministre de la Justice pour expliquer son geste, tout en clamant son innocence et en demandant grâce.
Rattrapé par sa réputation et ses antécédents, il est finalement envoyé en exil à Reims le 17 messidor an XII. Il faut dire qu’Alexandre Gonsse est un personnage digne d’un roman de cape et d’épée.
Portrait du chevalier de Rougeville
Image : Aminoapps
L’engagement contre-révolutionnaire
Il est né le 17 septembre 1761 à la paroisse Sainte-Croix d’Arras.
Son père, François-Joseph Gonsse, a fait fortune dans l’adjudication des fermes des États d’Artois et possède de nombreuses propriétés terriennes, une baronnie et deux seigneuries (il acquiert celle de Rougeville, près de Marles, en 1775).
Rêvant de noblesse, il élève ses dix enfants dans un esprit aristocratique et c’est lui le premier qui s’affuble de titres honorifiques que ses enfants reprendront après lui.
En 1791, Rougeville monte un dossier composé de faux états de services et de documents falsifiés (il produit notamment un acte de baptême qui le vieillit de dix ans), en vue d’obtenir la croix de Saint-Louis, gratification qu’il reçoit le 6 octobre 1791.
À compter de cette date, il se présente sous le titre de chevalier.
Image : Archives du Palais-de-Calais
Fervent royaliste, le jeune Alexandre est atterré par les sombres journées révolutionnaires. Son engagement contre-révolutionnaire se serait concrétisé le 28 février 1791, lors de la tentative d’enlèvement de Louis XVI et de sa famille aux Tuileries.
En effet, Rougeville avance qu’il faisait partie des "chevaliers du poignard", ces partisans ralliés à la cause royale. Mais sa fâcheuse tendance à mentir et à exagérer pousse à considérer avec prudence toute affirmation de sa part.
Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il était présent aux côtés de la famille royale le 20 juin 1792, lors de l’invasion du palais des Tuileries par le peuple. Plusieurs témoignages rapportent en effet qu’il s’est interposé pour protéger la reine et ses enfants.
Le Peuple entrant au chateau des Tuileries, le 20 Juin 1792
Gravure, d'après Jean-Louis Prieur
Image : Bibliothèque Nationale de France
Après la publication, sous son vrai nom – acte courageux en ces temps troublés – de Réflexions morales et politiques sur le procès de Louis XVI, il est arrêté une première fois le 2 juin 1793, mais réussit à se faire libérer rapidement.
Horrifié par l’exécution de Louis XVI, il se résout à tout mettre en œuvre pour sauver Marie-Antoinette.
L’affaire de l’œillet
(...)
Voir notre sujet dédié : Marie-Antoinette et l'affaire de l'oeillet
Fin tragique d’un héros romanesque
De retour en France après d’autres aventures, Rougeville semble s’être assagi, en apparence du moins. En exil à Reims, il vend le château et le domaine d’Immercourt à Saint-Laurent et se résout à s’établir en Champagne.
Le 23 octobre 1806, il épouse Caroline-Angélique Boquet de Liancourt, fille d’un juge au tribunal de Soissons, et petite-fille du peintre Louis-René Boquet.
De cette union naissent deux garçons, Louis-Alexandre le 3 septembre 1807, et Charles-François le 21 janvier 1809.
Toujours fidèle à la couronne de France, Rougeville ne peut s’empêcher de comploter à nouveau.
Alors que les armées napoléoniennes sont aux prises avec une coalition d’Europe centrale, il se rapproche du prince Serge Volkonski, chef de l’état-major des armées russes, espérant que la chute de Napoléon entraînera un rétablissement de la monarchie.
Démasqué, il est arrêté le 9 mars 1814 et traduit devant un tribunal militaire le lendemain. Sans surprise, il est condamné à mort et fusillé le 11 mars 1814.
Mystère emporté dans la tombe
Aventurier fantasque et audacieux, Rougeville emporte avec lui bien des secrets que nous ne découvrirons jamais.
Le dernier de cette longue liste est le lieu de sa sépulture. Aucune tombe au cimetière de Reims n’a été découverte à son nom, ce qui entretient tous les fantasmes sur l’endroit où repose sa dépouille.
Trois hypothèses existent.
La première serait qu’il ait été inhumé dans la fosse commune du cimetière, la deuxième qu’on l’ait enterré dans une tombe offerte par une âme charitable. Enfin, la troisième hypothèse avance que sa sœur Françoise-Joseph-Adélaïde aurait fait transférer son corps dans la sacristie de l’église paroissiale de Marles, où elle avait fait construire un caveau funéraire pour les membres de sa famille.
Hélas, rien ne permet d’avancer avec certitude l’une ou l’autre de ces suppositions. Ce qui ne déplairait pas à ce mystificateur de talent.
* Source texte, images, et infos complémentaires : Les archives du Pas-de-Calais
Je cite (extraits) :
LA ROCAMBOLESQUE FUITE D'UN AGENT ROYALISTE
Procès-verbal d'arrestation, de perquisition et de confiscation contre Alexandre Gonsse de Rougeville
Les 5 autres pages sont consultables, ici : Archives du Pas-de-Calais : document original
Conspiration royaliste et arrestation ratée
Ce document, daté du 24 ventôse an XII (15 mars 1804), est un constat d’arrestation, de perquisition et de confiscation rédigé par le capitaine André Linas contre Gons de Rougeville, prévenu d’être d’intelligence avec les conspirateurs qui ont voulu attenter au jour du 1er consul et au renversement du gouvernement.
Dans une première partie, le capitaine Linas relate la fuite théâtrale de Rougeville, puis établit la liste des pièces à conviction qui attestent son soutien au parti royaliste.
Cette conspiration a en réalité été fomentée par Georges Cadoudal, Jean-Charles Pichegru et Jean-Victor Moreau, soutenus par le gouvernement britannique. Rougeville n’y était aucunement lié, mais ses opinions royalistes ouvertement assumées et son talent à cultiver les inimitiés étaient les causes de ces injustes accusations.
Il est en effet dénoncé au ministre de la Justice par le maire de Saint-Laurent, Casimir Verdevoy, qui a juré sa perte.
Le 24 ventôse, le capitaine Linas, chargé de cette arrestation, prend contact avec Verdevoy pour en régler les détails. Les deux hommes décident d’agir à la nuit tombée, afin de garantir l’effet de surprise. Vers dix heures du soir, Linas installe un dispositif de sécurité autour du domaine d’Immercourt, propriété de Rougeville à Saint-Laurent.
Le château avant sa destruction au début du XXe siècle
Image : Archives du Pas-de-Calais
Image : http://lapremiereguerremondiale.eklablog.com/saint-laurent-blangy-gallery34400
Le château après sa reconstruction :
Mais ce dernier parvient à s’échapper. Il écrit alors au ministre de la Justice pour expliquer son geste, tout en clamant son innocence et en demandant grâce.
Rattrapé par sa réputation et ses antécédents, il est finalement envoyé en exil à Reims le 17 messidor an XII. Il faut dire qu’Alexandre Gonsse est un personnage digne d’un roman de cape et d’épée.
Portrait du chevalier de Rougeville
Image : Aminoapps
L’engagement contre-révolutionnaire
Il est né le 17 septembre 1761 à la paroisse Sainte-Croix d’Arras.
Son père, François-Joseph Gonsse, a fait fortune dans l’adjudication des fermes des États d’Artois et possède de nombreuses propriétés terriennes, une baronnie et deux seigneuries (il acquiert celle de Rougeville, près de Marles, en 1775).
Rêvant de noblesse, il élève ses dix enfants dans un esprit aristocratique et c’est lui le premier qui s’affuble de titres honorifiques que ses enfants reprendront après lui.
En 1791, Rougeville monte un dossier composé de faux états de services et de documents falsifiés (il produit notamment un acte de baptême qui le vieillit de dix ans), en vue d’obtenir la croix de Saint-Louis, gratification qu’il reçoit le 6 octobre 1791.
À compter de cette date, il se présente sous le titre de chevalier.
Image : Archives du Palais-de-Calais
Fervent royaliste, le jeune Alexandre est atterré par les sombres journées révolutionnaires. Son engagement contre-révolutionnaire se serait concrétisé le 28 février 1791, lors de la tentative d’enlèvement de Louis XVI et de sa famille aux Tuileries.
En effet, Rougeville avance qu’il faisait partie des "chevaliers du poignard", ces partisans ralliés à la cause royale. Mais sa fâcheuse tendance à mentir et à exagérer pousse à considérer avec prudence toute affirmation de sa part.
Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il était présent aux côtés de la famille royale le 20 juin 1792, lors de l’invasion du palais des Tuileries par le peuple. Plusieurs témoignages rapportent en effet qu’il s’est interposé pour protéger la reine et ses enfants.
Le Peuple entrant au chateau des Tuileries, le 20 Juin 1792
Gravure, d'après Jean-Louis Prieur
Image : Bibliothèque Nationale de France
Après la publication, sous son vrai nom – acte courageux en ces temps troublés – de Réflexions morales et politiques sur le procès de Louis XVI, il est arrêté une première fois le 2 juin 1793, mais réussit à se faire libérer rapidement.
Horrifié par l’exécution de Louis XVI, il se résout à tout mettre en œuvre pour sauver Marie-Antoinette.
L’affaire de l’œillet
(...)
Voir notre sujet dédié : Marie-Antoinette et l'affaire de l'oeillet
Fin tragique d’un héros romanesque
De retour en France après d’autres aventures, Rougeville semble s’être assagi, en apparence du moins. En exil à Reims, il vend le château et le domaine d’Immercourt à Saint-Laurent et se résout à s’établir en Champagne.
Le 23 octobre 1806, il épouse Caroline-Angélique Boquet de Liancourt, fille d’un juge au tribunal de Soissons, et petite-fille du peintre Louis-René Boquet.
De cette union naissent deux garçons, Louis-Alexandre le 3 septembre 1807, et Charles-François le 21 janvier 1809.
Toujours fidèle à la couronne de France, Rougeville ne peut s’empêcher de comploter à nouveau.
Alors que les armées napoléoniennes sont aux prises avec une coalition d’Europe centrale, il se rapproche du prince Serge Volkonski, chef de l’état-major des armées russes, espérant que la chute de Napoléon entraînera un rétablissement de la monarchie.
Démasqué, il est arrêté le 9 mars 1814 et traduit devant un tribunal militaire le lendemain. Sans surprise, il est condamné à mort et fusillé le 11 mars 1814.
Mystère emporté dans la tombe
Aventurier fantasque et audacieux, Rougeville emporte avec lui bien des secrets que nous ne découvrirons jamais.
Le dernier de cette longue liste est le lieu de sa sépulture. Aucune tombe au cimetière de Reims n’a été découverte à son nom, ce qui entretient tous les fantasmes sur l’endroit où repose sa dépouille.
Trois hypothèses existent.
La première serait qu’il ait été inhumé dans la fosse commune du cimetière, la deuxième qu’on l’ait enterré dans une tombe offerte par une âme charitable. Enfin, la troisième hypothèse avance que sa sœur Françoise-Joseph-Adélaïde aurait fait transférer son corps dans la sacristie de l’église paroissiale de Marles, où elle avait fait construire un caveau funéraire pour les membres de sa famille.
Hélas, rien ne permet d’avancer avec certitude l’une ou l’autre de ces suppositions. Ce qui ne déplairait pas à ce mystificateur de talent.
* Source texte, images, et infos complémentaires : Les archives du Pas-de-Calais
La nuit, la neige- Messages : 18054
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