Le comte Alexandre de Tilly
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Le comte Alexandre de Tilly
Né au Mans en 1764, le Comte Alexandre de Tilly fait parti d'une des plus anciennes familles de Normandie.Orphelin de mère, il a treize, et termine ses études lorsque son oncle lui obtient une place de page chez la Reine (1777).
Il nous dit que "Marie-Antoinette (...) traitait avec une bonté particulière tout ce qui Lui était attaché ; elle était adorée de son service intérieur : c'était même là qu'étaient les puissances qui la gouvernaient , sans projet et sans plan, car elle ne s'en était fait aucun , que de s'affranchir des coutumes et de la gêne de son rang dont elle avait toute la dignité et tout le maintien quand elle le voulait ; mais elle voulait plus souvent ne pas l'avoir.(...) Mais elle avait ce qui vaut mieux sur le trône que la beauté parfaite, la figure d'une Reine de France, même dans les instants où elle cherchait le plus à ne paraître qu'une jolie femme" ajoute ce grand connaisseur du beau sexe. Il Lui prête un regard où se peignent "plus singulièrement qu'ailleurs la bonté ou l'aversion", une bouche dédaigneuse, mais une peau, un cou et des épaules "admirables"."Je n'ai plus revu d'aussi beaux bras ,ni d'aussi belles mains, poursuit-il. Elle avait deux espèces de démarches, l'une ferme et un peu pressée et toujours noble, l'autre plus molle, plus balancée, je dirais presque caressante, mais n'inspirant pas l'oubli du respect. On n'a jamais fait la révérence avec tant de grâce, saluant dix personnes en se ployant une seule fois et donnant, de la tête et du regard, à chacun ce qui lui revenait."
Avouons que le petit page n'est pas insensible aux charmes de sa souveraine , " en un mot, si je ne me trompe ,comme on offre une chaise aux autres femmes, on aurait presque toujours voulu lui approcher son trône."
Quel beau portrait Alexandre de Tilly nous offre là ! Et pourtant , André Castelot nous spécifie qu'il ne L'aimait pas... Shocked Aurait-il suivi la voie de Lauzun en enfreignant les règles de son rang?
Peut-être...
Mais ,je pense plutôt qu'il devait La porter en son coeur , plus comme un courtisan que comme un page et qu'un jour qu'il était trop luxueusement vêtu, Marie-Antoinette, lui fit la remarque qu'il devait dépasser les moyens de sa fortune , car Elle le voyait , pour la seconde fois de la semaine avec un habit brodé..."la simplicité ne fait pas qu'on vous remarque, lui avise-t-Elle, mais elle fait qu'on vous estime."
C'est peut-être d'être ainsi pris pour un enfant à qui l'on explique les règles de la vie de Cour qui explique le revers d'estime envers la Reine...
Il semble resté attaché à la Reine jusque la chute de la Monarchie puisqu'on le voit fuir, déguisé en cocher, à Boulogne,le 25 août 1792,De là , il gagne Douvres, en Angleterre.
J'ignore encore la suite de son histoire mais voici le lien des Mémoires du Comte que j'ai consultés :
http://books.google.fr/books?id=bb4NAAAAIAAJ&pg=PA225&dq=Alexandre+de+Tilly#PPA438,M1
Bien à vous.
Il nous dit que "Marie-Antoinette (...) traitait avec une bonté particulière tout ce qui Lui était attaché ; elle était adorée de son service intérieur : c'était même là qu'étaient les puissances qui la gouvernaient , sans projet et sans plan, car elle ne s'en était fait aucun , que de s'affranchir des coutumes et de la gêne de son rang dont elle avait toute la dignité et tout le maintien quand elle le voulait ; mais elle voulait plus souvent ne pas l'avoir.(...) Mais elle avait ce qui vaut mieux sur le trône que la beauté parfaite, la figure d'une Reine de France, même dans les instants où elle cherchait le plus à ne paraître qu'une jolie femme" ajoute ce grand connaisseur du beau sexe. Il Lui prête un regard où se peignent "plus singulièrement qu'ailleurs la bonté ou l'aversion", une bouche dédaigneuse, mais une peau, un cou et des épaules "admirables"."Je n'ai plus revu d'aussi beaux bras ,ni d'aussi belles mains, poursuit-il. Elle avait deux espèces de démarches, l'une ferme et un peu pressée et toujours noble, l'autre plus molle, plus balancée, je dirais presque caressante, mais n'inspirant pas l'oubli du respect. On n'a jamais fait la révérence avec tant de grâce, saluant dix personnes en se ployant une seule fois et donnant, de la tête et du regard, à chacun ce qui lui revenait."
Avouons que le petit page n'est pas insensible aux charmes de sa souveraine , " en un mot, si je ne me trompe ,comme on offre une chaise aux autres femmes, on aurait presque toujours voulu lui approcher son trône."
Quel beau portrait Alexandre de Tilly nous offre là ! Et pourtant , André Castelot nous spécifie qu'il ne L'aimait pas... Shocked Aurait-il suivi la voie de Lauzun en enfreignant les règles de son rang?
Peut-être...
Mais ,je pense plutôt qu'il devait La porter en son coeur , plus comme un courtisan que comme un page et qu'un jour qu'il était trop luxueusement vêtu, Marie-Antoinette, lui fit la remarque qu'il devait dépasser les moyens de sa fortune , car Elle le voyait , pour la seconde fois de la semaine avec un habit brodé..."la simplicité ne fait pas qu'on vous remarque, lui avise-t-Elle, mais elle fait qu'on vous estime."
C'est peut-être d'être ainsi pris pour un enfant à qui l'on explique les règles de la vie de Cour qui explique le revers d'estime envers la Reine...
Il semble resté attaché à la Reine jusque la chute de la Monarchie puisqu'on le voit fuir, déguisé en cocher, à Boulogne,le 25 août 1792,De là , il gagne Douvres, en Angleterre.
J'ignore encore la suite de son histoire mais voici le lien des Mémoires du Comte que j'ai consultés :
http://books.google.fr/books?id=bb4NAAAAIAAJ&pg=PA225&dq=Alexandre+de+Tilly#PPA438,M1
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Le comte Alexandre de Tilly
Madame de Tilly a écrit
Mer 28 Mai 2008 - 8:37, à la Conciergerie
Alexandre de Tilly reste à Londres jusqu'en 1797. Il passe un an à Hamburg (1797-1798) où il rencontre le pauvre Rivarol (son ami avec Chamfort) puis s'embarque pour l'Amérique (97-99) où a lieu la fameuse escroquerie au mariage. Il rentre alors en Europe, fait une escale en Saxe (99-01), s'installe à la cour de Potsdam (mais oui !) où il réside de 1801 à 1807. Il y fréquente les salons, notamment celui de Mme de Krüdener et de Rahel Levin qui recevaient tous les auteurs allemands du Romantisme berlinois (n'oublions pas que Tilly était un fin lettré). Il reçoit enfin la permission de Napoléon de rentrer en france s'il le désire. De 1808 à 1816, il fait des allers et retours entre Paris et Bruxelles. A Bruxelles, il semble qu'il vive avec sa soeur (fruit du remariage de son père). Et il se suicide donc à Bruxelles le 23 décembre 1816.
Bien cordialement à vous - Mme de Tilly
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Alexandre de Tilly
Majesté lui répond :
Merci Madame de Tilly!
Tragique destin que celui d'Alexandre... j'en ignorais la fin... Shocked
Je ne me trompais donc pas en espérant en apprendre davantage sur lui avec votre arrivée Wink
Bien à vous.
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Alexandre de Tilly
Invitée a écrit:
Je suis très contente que vous nous ayez rejoints, Madame de Tilly ! En parcourant ce fil, et d'autres consacrés aux mémoires, vous verrez aisément que je n'ai pas beaucoup d'estime pour le portrait que Monsieur de Tilly a laissé de Marie Antoinette.
Madame de Tilly :
Oui, chère invitée, je vous ai lue ici et là et puis-je vous suggérer que vous vous trompez ? Smile Si Tilly ne la trouvait pas spécialement belle, il l'a toujours respectée et défendue, notamment dans sa vertu, bien mise à mal par les ragots des courtisans. Ci-dessous un des nombreux passsages des Mémoires où il parle d'elle et que vous connaissez sans doute :
”J'ai beaucoup entendu parler de la beauté de cette princesse et j'avoue que je n'ai jamais absolument partagé cette opinion ; mais elle avait ce qui vaut mieux sur le trône que la beauté parfaite, la figure d'une Reine de France, même dans les instants où elle cherchait le plus à ne paraître qu'une jolie femme; Elle avait des yeux qui n'étaient pas beaux, mais qui prenaient tous les caractères : la bienveillance ou l'aversion se peignaient dans ce regard plus singulièrement que je ne l'ai rencontré ailleurs : je ne suis pas bien sûr que son nez fût celui de son visage. Sa bouche était décidément désagréable : cette lèvre épaisse, avancée, et quelquefois tombante, a été citée comme donnant à sa physionomie un signe noble et distinctif ; elle n'eût pu servir qu'à feindre la colère et l'indignation, et ce n'est pas là l'expression habituelle de la beauté ; sa peau était admirable, ses épaules et son cou l'étaient aussi ; la poitrine un peu trop pleine, et la taille eût pu être plus élégante ; je n'ai plus revu d'aussi beaux bras et d'aussi belles mains. Elle avait deux espèces de démarche, l'une ferme, un peu pressée, et toujours noble, l'autre plus molle et plus balancée, je dirais presque caressante, mais n'inspirant pourtant pas l'oubli du respect. On n'a jamais fait la révérence avec tant de grâce, saluant dix personnes en se ployant une seule fois, et donnant de la tête et du regard, à chacun ce qui lui revenait […]. En un mot, si je ne me trompe, comme on offre une chaise aux autres femmes, on aurait presque toujours voulu lui approcher son trône.”
La reine le défendit longtemps puis se fâcha tout à fait avec lui - le comportement de Tilly étant fort peu recommandable, nous le savons bien ! -, ce qui le blessa profondément. Elle se montra même fort étonnée de le revoir aux Tuileries la veille du 10 août.
Ainsi donc, chère amie, peut-être saurais-je vous donner une approche plus juste de cet homme fort méconnu... Je vous rappelle la citation de Sainte-Beuve, mise en exergue de l'ouvrage présenté par Melchior-Bonnet (édition 1986 des Mémoires, Mercure de France) : "On a assez le droit d'être sévère pour le comte de Tilly sans qu'il soit besoin d'en venir à ces extrémités de dédain qui passent le justice."
Mme de Tilly
Majesté :
C'est André Castelot qui disait de lui qu'il n'aimait pas Marie-Antoinette et , à l'instar d'invitée, on ne peut, à mon sens, que le croire...
Bien à vous.
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Alexandre de Tilly
Madame de Tilly a écrit :
Bonjour Majesté, bonjour invitée,
Possible, mais non certain. Je pense que Tilly en voulait à la terre entière lorsqu'il écrivit son texte, donc... Par ailleurs, Majesté, peut-être André Castelot n'aimait-il pas Tilly ?
Je pense qu'en matière historique, mieux vaut étudier l'original et se renseigner aux sources de l'époque.
Bien à vous - Madame de Tilly, euh, comtesse
François :
Dans les mémoires de Mr de Tilly, il décrit une anecdote qui est importante puisqu'il justifie son comportement de paon.
La Reine le réprimande car il a une nouvelle fois une tenue neuve. Elle lui en fait la réflexion en lui disant que pour un page ces tenues exorbitantes (Elle parle du prix de l'habit) n'est pas justifié.
Il le prend mal. ce bel oiseau de Cour préférant faire son doux chant aux dames en mal d'affection. je ne suis pas sûr qu'il n'est pas convoité un instant les faveurs de la Reine. Elle le subjuguait, et il lui est facile de la dénigrer plus ou moins doucereusement, puisqu'il n'a pas eu "Les Honneurs de la Cour", si vous voyez ce que je veux dire. Je pense cependant que la Reine, lui faisait ces petites réflexions pour son bien, car je pense qu'Elle avait de l'estime pour lui. Après tout il est là, quand Elle s'aperçoit du désamour des parisiens. "Que leur ai-je donc fait ?"
Madame de Tilly, je vous présente mes hommages, mais il me faudra du temps et beaucoup d'arguments pour que ce triste sire revienne en ma faveur.
Mr de Talaru
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Alexandre de Tilly
Mr de TALARU a écrit:
Invitée, je vois que nous partageons la même animosité vis à vis de Tilly.
Majesté :
J'en raffole pas des masses non plus Wink
Je me demande s'il n'aurait pas eu le syndrome Lauzun d'être amoureux de sa souveraine qui l'aurait gracieusement remis à sa place d'où son aversion au moment de rédiger ses mémoires...Rolling Eyes
Bien à vous.
François :
C'est exactement ce que je pense, Majesté. Et quand je parle de paon pour Tilly, cela vaut le héron pour l'autre.
Mr de Talaru
Nous poursuit-il, ce fichu héron ! : : :
.
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Alexandre de Tilly
Madame de Tilly a écrit :
Bonsoir,
Excusez-moi de répondre à plusieurs messages à la fois.
Lorsque Marie-Antoinette lui fait cette remarque, il vient d'arriver à la cour. Il se comporte comme de nombreux pages de l'époque dont la réputation de légèreté n'est plus à faire. Tout frais émoulu de sa province où sa vie ne fut pas très idyllique (mère morte à sa naissance, élevé par sa grand-mère maternelle jusqu'à l'âge de 9 ans, accueilli fort mal par son père qui dépense la fortune famililale, séjour au Prytanée Militaire de La Flèche durant 3 ans, un an de collège à Caen), on peut supposer qu'il est ébloui (à tort ou à raison) par Versailles.
Je ne conteste pas cela, du tout.
Par contre, il faudra me citer dans ses Mémoires le ou les passages où il sous-entend qu'il éprouve une inclination pour la reine, ou le contraire.
Certes, il n'eut pas les honneurs de la cour à son arrivée car il fallut faire des recherches approfondies pour témoigner de ses quartiers de noblesse, mais cela fut fait, comme il le raconte assez longuement. A cet égard, il rapporte également une conversation qu'il eut avec Marie-Antoinette.
Lorsqu'il arriva à Versailles, la reine était enceinte et il avait 14 ans. Il resta 3 ans à son service. Certes, il nous décrit avec une fatuité certaine mais que je trouve en même temps très drôle (car s'y mêle une bonne dose de naïveté, ce qui n'est pas paradoxal) ses aventures galantes mais de là à le soupçonner d'avoir voulu séduire la reine...
Oh oui, on le dit, on le raconte, mais qui le dit et qui le raconte ? Où sont les preuves ? Tilly était profondément détesté par les femmes (normal, il les séduisait puis les abandonnait) et par les hommes (normal, ils le jalousaient).
Que cette détestation continue au XXIe siècle me paraît fort étrange, et donc intéressante Smile . Ne serait-il pas le symbole de tous ces galants hommes qui ont fait la même chose que lui - et Dieu sait si la cour de France en était remplie ! - mais qui n'écrivirent... rien et ne dirent... rien ? ! Ou qui, s'ils écrivirent, traitèrent de sujets bien plus sérieux ?
Bien cordialement - Comtesse de Tilly
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Alexandre de Tilly
Invitée a écrit :
Citation :
Mais la description qu'il fait de la reine est intéressante!
Oui, et elle est à coup sûr pertinente. C'est la manière de le dire, en faisant semblant que ce sont des compliments, que je trouve perfide. Surtout la remarque sur le nez. C'aurait été quoi, "le nez de son visage" ?
Et puis, quand on fait le compte, pas de beaux yeux, pas un beau nez, une vilaine bouche, de gros seins, une taille trop épaisse... il reste pas grand chose de beau, non ?!
Ah, oui, les bras...
Madame de Tilly :
Bonsoir,
En rentrant du bal de l'Opéra, je trouve quelques billets sur ma table à coiffer et j'y réponds avant de me préparer pour la nuit qui sera courte car demain, dès l'aube, je dois me rendre à Versailles.
Nous disposons tous de nombreux portraits de la reine, dans nos ouvrages ou sur le net. Stefan Zweig (un Viennois), dans la première biographie objective sur la reine écrite en 1938, après les nombeux écrits hagiographiques publiés dès la Restauration et au cours du XIXe siècle, écrit :
"Marie-Antoinette n'a pas au fond un visage particulièrement remarquable ou frappant ; son ovale fin et lisse avec de petites irrégularités piquantes, comme la lèvre habsbourgeoise, et un front un peu trop plat, ne séduit ni par une expression spirituelle ni par quelque trait physiognominique personnel [...]. Il n'y a de vraiment beau en elle que ce qui est essentiellement féminin, sa chevelure opulente allant du blond cendré au roux scintillant, la pureté et la blancheur de porecelaine de son teint, la douceur arrondie de ses formes, la ligne parfaite de ses bras d'ivoire, la beauté soignée de ses mains [...] La magie véritable de Marie-Antoinette était - tous les témoins sont unanimes là-dessus - dans la grâce inimitable de ses mouvements."
Je ne trouve pas Zweig plus désobligeant que Tilly. Il semble, comme le remarque ploc, qu'on puisse faire l'unanimité sur le teint, l'allure, les bras et les mains (très importants en cette époque) et la grâce de la démarche. Par ailleurs, un maintien impérieux et... royal.
Bonne soirée, je souffle la bougie -
Comtesse de Tilly
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Alexandre de Tilly
François a écrit :
Pour Son physique, je crois que l'on peut faire confiance à sa portraitiste. Mme Vigée Lebrun La dissèque en artiste, parle de Ses défauts physiques à savoir (de mémoire) son front bombé et sa lèvre un peu lourde, mais elle s'extasie sur son teint à nul autre pareil. Elle (EVL) se pose de véritables questions pour résoudre le problème de rendre la beauté de Sa peau, le nacré et les reflets à peine perceptible de Son visage.
Je fais plus confiance à EVL qu'à Tilly.
Mr de Talaru
Madame de Tilly :
Comme proposé "autour de la tasse de thé", voici deux extraits, le premier court, l'autre plus long
___
Extrait du journal de Madame de Chassillé, juin 1778
"… Le voilà parti. Je l'imagine sur la route de Versailles, accompagné par Monsieur de Venevelle, qui rend visite à son fils, déjà chez les pages. Je l'imagine curieux, convaincu que la France est le plus beau, le plus puissant et le plus florissant empire de l'Europe (1), bien que les routes et les auberges laissent toute fois à désirer sauf à l'approche de Paris, dit-on. J'attends avec impatience son premier billet : sera-t-il frappé de la grandeur des parterres et de la régularité des plantations ? Sera-t-il émerveillé par l'orangerie et les escaliers de marbre ? Timide à l'excès, saura-t-il enfin aller son chemin entre les écueils que d'aucuns sèmeront sous ses pas ? On dit la cour emplie de bateleurs et d'intrigants, soumise à un malheureux tourbillon de plaisirs et de dissipations, et à maintes coteries…"
Notes
(1) Baron de Besenval, cité par J.-C. Petitfils, Louis XVI, Perrin, 2005, p. 117
copyright - detilly
Madame de Tilly :
Extrait d'une lettre de Venevelle, page du roi, à Monsieur de Tilly, père d'Alexandre
"… Le château et ses jardins sont à l'apogée de leur splendeur mais laissent Alexandre relativement indifférent : face à son imagination fertile que vous connaissez sans doute, la réalité ne peut que le décevoir. Les arbres ne portent point de feuilles d'or, les statues ne sont que des pierres et le Grand Canal ressemble à une étendue d'eau morte, soupire-t-il. Il commença par me faire des remarques sur les usages de la cour de France, le comportement des courtisans dont il perçoit l'hypocrisie - je le cite - sous des dehors aimables, le règne de l'ambition, des faveurs et des protections : on sourit à l'un ou à l'autre - à l'un et à l'autre à vrai dire, précise-t-il -, selon un projet qui n'a rien à voir avec les vrais élans du cœur.
Quant au roi, qu'il voit peu, il le juge bon mais faible ; sa physionomie lui semble manquer de grandeur, sa démarche de noblesse, sa tenue de soin et sa chevelure d'ordre. Il est vrai que les goûts simples de Louis XVI, et même sa figure débonnaire, inégale aux rêves de grandeur que nous fîmes au fond de nos châteaux (1), ne peuvent que le décevoir. Au service du roi, je sais qu'il n'est pas stupide ; il passe beaucoup de temps dans sa bibliothèque, travaillant aux affaires de l'Etat en compagnie de ses ouvrages préférés de voyages, d'histoire, de sciences, ses collections de revues anglaises, de gazettes hollandaises, et surtout l' Histoire de l'Angleterre de Monsieur Hume (2), sensible au sort de ce malheureux Charles Ier. Mais il est vrai qu'il aime la simplicité et commanda voilà peu à Monsieur d'Etissac, le grand-maître de sa garde-robe, huit habits de modeste ratine de couleur taupe. Je le vis s'asseoir sur un banc du parc en compagnie de ses belles-sœurs ; il allégea le cérémonial du grand couvert qui n'a lieu désormais que pour les fêtes dans l'antichambre de la reine ; au petit couvert le dimanche, le roi est seul à table mais il préfère les soupers privés dans les cabinets ou la salle à manger aux délicats tons bleus ou encore chez Madame, la comtesse de Provence ; il se couche assez tôt, vers onze heures (3). Tilly me rapporta qu'il arrive bien souvent à la reine d'avancer l'heure à la pendule afin de s'amuser mieux.
Le roi reste pour nous tous et pour Alexandre en particulier le représentant intouchable de Dieu sur terre, fidèle en cela à votre tradition familiale. Si faiblesse il y a, les Bourbons n'en restent pas moins notre symbole tutélaire, le fondement même de notre monde et la justification de notre propre légitimité. Vos aïeux, Monsieur, ont combattu, votre famille a puissamment contribué à mettre la Normandie sous la puissance de ses rois (4) et Alexandre saura verser l'impôt du sang.
En tant que page de la Maison de la reine qui en compte douze, Alexandre va côtoyer notre souveraine qui deviendra mère à la fin de l'année. Le service ne sera donc pas pénible pour commencer car la reine passe beaucoup de temps chez elle, loin de ses entours habituels : le comte d'Artois, le duc de Coigny, le baron de Besenval, Monsieur de Vaudreuil, Madame de Lamballe ou Madame de Polignac, c'est selon. Naguère, elle appréciait particulièrement Artois pour sa bonne humeur et ne dédaignait pas de partir chasser le daim au bois de Boulogne en "diable", une calèche à deux roues (5). Je ne peux que louer Sa Majesté pour avoir mis bon ordre à quelques folies de jeunesse. Il faut ajouter à la compagnie qu'Alexandre fréquentera le coiffeur Léonard Antié, créateur de poufs, et la couturière Rose Bertin qui tient boutique rue Saint-Honoré à l'enseigne du "Grand Mogol". Comment sais-je tout cela ? me demande Alexandre. Eh bien ! On murmure beaucoup à Versailles.
Nous sûmes ainsi que le 30 mars de cette année, la reine applaudit à l'arrivée de Voltaire à Paris alors qu'il y vint sans l'autorisation du roi ; elle ne se rendit pas elle-même à la comédie mais envoya vingt jeunes femmes de la cour les plus élégantes, placées pour être vis-à-vis de Voltaire, qui arriva dans la loge des gentilshommes de la chambre (6). Ce fut une marée de lauriers, de couronnes et de guirlandes.
Autrefois, la reine était toujours suivie de sa dame d'honneur, Madame de Noailles, ou de sa dame d'atours, et de quatre des douze dames du palais qui servent par quartiers, une semaine sur trois ; dans le parc, un chevalier d'honneur et le premier écuyer l'accompagnaient. Le temps passant, incapable de supporter tant d'importunités, elle allégea les contraintes du service, choquant les vieilles courtisanes en les appelant des "siècles", modifiant les petites et les grandes entrées du lever, se rendant à la salle à manger suivie d'un seul garde au lieu de l'ancienne haie d'honneur, accélérant le service lors du souper au grand couvert car manger en public et en musique lui coupe l'appétit, qu'elle a du reste fort léger, se délectant de viande blanche bouillie et d'eau de Ville d'Avray.
Alexandre me dit avoir d'abord été ébloui par la souveraine, non par sa beauté, qu'il juge médiocre, mais par sa grâce et sa noblesse. Voilà une reine selon son cœur, que l'on peut admirer, et à laquelle il rendra avec bonheur les menus devoirs de sa charge, j'en suis certain, d'autant qu'elle est adorée de son service intérieur auquel elle témoigne une grande bonté. Elle s'est fait pour projet de s'affranchir des coutumes et de la gêne de son rang, dont elle a, je vous l'affirme, toute la dignité et le maintien. Je tiens cela de Monsieur Campan, l'époux de la première femme de chambre (7), qui la trouve bonne et patiente jusqu'à l'excès dans les détails de son service ; elle apprécie avec indulgence toutes les personnes qui lui sont attachées, s'occupe de leur sort et même de leurs plaisirs. Elle a parmi ses femmes des jeunes filles sorties de la maison de Saint-Cyr, et toutes fort bien nées ; la reine leur interdit le spectacle lorsque les pièces ne lui paraissent pas d'une moralité convenable ( 8 )Alexandre est encore un enfant, notre reine le conseillera, tentera de lui éviter les écueils inhérents à la jeunesse et lui pardonnera quelques incartades, du moins jusqu'à un certain point, car c'est une personne vertueuse et morale.
Alexandre loue sans cesse son teint, son cou et ses épaules, ses bras et ses mains, sa démarche, ses révérences et son maintien. Mais il juge sa gorge trop forte et sa taille point assez mince. Je lui dis qu'il ne pouvait en être autrement vu les circonstances mais il me rétorqua fort sérieusement qu'elle ne retrouverait jamais sa taille de jeune fille. D'où tient-il ses prédictions ? Le visage lui semble manquer d'harmonie : un nez trop fort, une bouche lippue et des yeux à fleur de peau, quoique d'un joli bleu pervenche. Madame Vigée-Lebrun se plaignait récemment de ne pouvoir reproduire sur la toile l'éclat de son teint, la transparence de cette peau nacrée délicatement rosée qui "ne prenait point d'ombre." (9)
Quelques mots encore sur les débuts d'Alexandre auxquels j'assistai. La présentation d'un nouveau page de la Maison de la Reine se déroule très formellement ; le roi d'abord - ce fut un dimanche pour Alexandre -, puis la famille royale, enfin les princes., le tout dans la même semaine, une longue corvée, se plaignait-il, d'autant qu'il juge ses révérences encore gauches et timides. Il est vrai que cette semaine de présentation est embarrassante et fatigante, d'autant qu'un nouveau venu attire les regards de toute la cour, et passe en quelque sorte un examen de malveillance, ricane Alexandre. Il compare l'étiquette à un catéchisme. Je l'encouragerai, lui opposant que la présentation s'avérait pire pour les femmes (10), avec le grand corps, la perruque, le blanc et le rouge, les lourds bijoux qui sont horriblement gênants pour qui n'en a pas habitude, et bien entendu la longue traîne dans laquelle il ne faut pas trébucher en faisant les trois révérences à reculons !
Alexandre me conta par le menu son premier service, vêtu de sa livrée, un habit rouge galonné d'or, un billet à la main, devant la porte des petits appartements. Il ne tremblait pas mais il avait conscience du caractère exceptionnel de l'instant. On le fit entrer. Notre reine brodait paisiblement près de sa dame de compagnie - Alexandre ne sut me la nommer -.dans son petit cabinet blanc et or, tout près de la haute croisée, la pièce donnant sur une cour intérieure étant fort sombre et il était déjà cinq heures de relevée. D'un coup d'œil, Alexandre saisit les roses fraîchement coupées - je lui appris que les erres de Trianon produisent des roses de Bulgarie toute l'année -, la harpe, le pupitre à musique qui débordait de partitions et les miniatures accrochées aux murs. Il fit sa révérence et attendit. Marie-Antoinette leva la tête. Elle était en petits paniers, ave une perruque basse et Alexandre remarqua que la soie bleue de sa robe s'assortissait à merveille à la couleur des yeux. Notre reine affectionne le bleu qui la met si bien en valeur. Elle lui sourit. Voici à peu près la teneur de leur conversation :
- "- Ah ! Monsieur, vous êtes donc mon nouveau page !"
- Alexandre nota un léger accent étranger.
- "- Eh bien ! Approchez Monsieur et donnez donc ce billet."
- Alexandre obtempéra en s'inclinant. Une odeur de bouquet émanait des cheveux de la reine qui l'observait et semblait satisfaite.
- "- Votre nom, Monsieur ?
- Alexandre de Tilly. Je suis originaire du Maine.
- Et que fait-on dans le Maine ?
- Des bougies, Votre Majesté. Les poulardes sont également réputées.
- J'aime la volaille bouillie, savez-vous ? Quant à vos bougies, elles sont de bonne qualité. Nous allons bien nous entendre."
Alexandre s'inclina.
- "Mon service n'est guère contraignant ; en mon état, j'ai interrompu toute espèce de course en voiture et me borne à de petites promenades à pied (11). Vous êtes ici pour parfaire votre éducation ; vos journées seront bien remplies sous le gouvernement de Monsieur de Perdreauville. Connaissez-vous un peu l'allemand ?
- Non, Majesté.
- Eh bien, vous l'apprendrez ave Monsieur de Palmfeld, venu spécialement de Vienne dans mes bagages. Aimez-vous la musique ?
- Je lui préfère la poésie et le théâtre.
- Connaissez-vous les petites pièces de vers de notre fabuliste Florian ?
- Majesté, j'ai lu La Fontaine.
- Saine lecture assurément ! Mais Florian, c'est comme manger de la soupe au lait (12). Veillez donc à choisir de bons ouvrages. Il se débite en France des livres emplis d'agréments et d'érudition, un voile respectable qui cache des effets pernicieux à l'égard de la religion et des mœurs(13). Ecrivez-vous ?
- J'ai commis quelques vers.
- Vous nous ferez donc une pièce et nous la jouerons en note théâtre.
- Majesté…
- Ne rougissez pas ainsi, Monsieur de Tilly. Apprenez que dans le monde, vous devez contenir vos émotions. Il est vrai que votre peau est si fine, une peau de lys et de roses, celle d'une jeune fille. Vous serez beau, Monsieur et il me plaît d'être entouré de jeunes et belles figures. Mais sachez utiliser votre apparence pour le meilleur, car la beauté est un don de Dieu. Voilà un point très essentiel (14)."
La reine se détourna, Alexandre recula en faisant ses trois révérences sans se tromper et, le cœur battant, essaya de mettre de l'ordre dans ses idées en longeant la Grande Galerie qui commençait à se remplir…"
Notes
(1)François-Félix d'Hézecques, cité par Mona Ozouf, Varennes, Gallimard, 2005, p. 49.
(2) Ibid., p. 253
(3)Petitfils, op. cit., pp. 255-256
(4) Le Maine fut en effet réuni à la Couronne en 1481.
(5) Petitfils, op. cit., p. 272
(6) Souvenirs du marquis de Valfons, Mercure de France, 2003, p. 309
(7) Jeanne-Louise-Henriette Genest, épouse Campan (1752-1822), lectrice des filles de Louis XV à quinze ans, puis première femme de chambre de Marie-Antoinette. Ses Mémoires sont souvent partiaux mais ne sont pas à rejeter totalement.
(8 ) Cité par les Goncourt, La Femme au XVIIIe siècle, Flammarion, 1982, p. 323
(9) Petitfils, op. cit., p. 298
(10) Comme en témoignent Mme de la Tour du Pin et Mme de Genlis dans leurs Mémoires.
(11) Marie-Antoinette, Correspondance 1770-1793, établie et présentée par Evelyne Lever, Tallandier, 2005, p. 318
(12) Cité par Michel de Decker, La Duchesse d'Orléans, Pygmalion, 2001, p. 126
(13) Dans une lettre de Marie-Thérèse à sa fille, cité par Bertière, Les Reines de France, t. 4, p. 68
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Re: Le comte Alexandre de Tilly
J'ai écrit :
Alexandre de Tilly ou la mort du Lys, un bien joli titre, très poétique.
Merci pour ces extraits !
Si je ne me trompe, c'est bien lui qui révèle la petite supercherie de l'horloge avancée pour que Louis XVI aille se coucher plus vite.
Madame de Tilly :
Madame de Sabran, merci. Mais de grâce... mon écritoire est surchargé, mes doigts tachés d'encre et je dois retailler ma plume. La suite demain, si vous le permettez.
___
Et j'attends les remarques d'invitée .
Bonne soirée à tous sous les ombrages de Versailles -
Marie-Mélanie de Tilly (si, si, Marie-Mélanie fut vraiment l'épouse de Tilly)
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Re: Le comte Alexandre de Tilly
La nuit, la neige a écrit :
Je suis désolé detilly, vous l'aviez peut-être déjà précisé quelque part, mais votre livre s'articule autour de lettres, c'est ça ? Embarassed
C'est sympa.
detilly a écrit:
Nous sûmes ainsi que le 30 mars de cette année, la reine applaudit à l'arrivée de Voltaire à Paris alors qu'il y vint sans l'autorisation du roi ; elle ne se rendit pas elle-même à la comédie mais envoya vingt jeunes femmes de la cour les plus élégantes, placées pour être vis-à-vis de Voltaire, qui arriva dans la loge des gentilshommes de la chambre (6). Ce fut une marée de lauriers, de couronnes et de guirlandes.
Au Théâtre Français, après la représentation d'Irène.
Par Moreau le jeune.
A noter que Voltaire arrive à Paris le 10 février .
Madame de Tilly :
exact => la première partie de mon ouvrage est une série de lettres "imaginaires" (ce que nous savons de Tilly). La deuxième partie (à partir de 1792) utilise au contraire le "je". Je m'explique de ce choix dans l'introduction.
Bien cordialement -
Marie-Mélanie de Tilly
Le baron de Batz :
Intéressant cetté référence à l'Histoire de l'Angleterre de Hume, que le Roi lira à la Tour plus tard! Bizarre cette obsession morbide avec Charles I, si tôt, des années avant la Révolution, comme s'il présageait sa propre fin!
Et cette référence à l'apprentissage de l'Allemand, comme ce ceci fut nécessaire pour évoluer dans l'entourage de la Reine? Cet extrait est-il imaginaire ou véridique?
Madame de Tilly :
Baron,
Référence tout à fait véridique .
Le baron de Batz :
Intéressant....la Reine maintenait-elle un petit contact linguistique avec sa Patrie?
Madame de Tilly :
Oui, baron de Batz, du moins dans sa correspondance avec sa mère qui tente de lui parler en allemand "pour qu'elle n'oublie pas tout à fait". Voir Correspondance (cf. Evelyne Lever)
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Re: Le comte Alexandre de Tilly
Tilly était un grand amoureux devant l'Eternel ! :
J'adore la manière dont il raconte avoir marché dans les plates-bandes de M. de Polastron, le propre frère (enfin demi-frère) de notre duchesse de Polignac.
Ils se rencontrent chez la dame objet de leur flamme; Polastron faisait antichambre son violon sous le bras ... Je vois ça d'ici, Polastron les pieds en dedans, les yeux par terre ...
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Re: Le comte Alexandre de Tilly
Madame de Tilly a écrit :
Voici la suite de la Lettre de Venevelle, page du roi, à Monsieur de Tilly, père d'Alexandre. Je vous rappelle qu'Alexandre vient de quitter la reine et se trouve dans la Grande Galerie. Comme l'a fait remarquer lanuitlaneige, la première partie de cet ouvrage est une suite de lettres.
"… Je crois pouvoir affirmer qu'en une semaine, Alexandre a presque saisi l'air de la cour et des entours de la reine : tant de femmes, ave des je ne sais quoi qui enlèvent, dit-il. En ce pays-ci, la beauté est d'importance ; j'ouïs dire au prince de Ligne, lorsqu'il était encore à Versailles, qu'une femme laide est un être qui n'a point de rang dans la nature, ni de place dans le monde (1). Il parla même de deux cent mille "laiderons" qui s'enfermèrent au couvent. Je crois ce propos excessif.
Alexandre rêva sur le vocabulaire que nous entendons ici : tout est étonnant, miraculeux ou divin. Les grâces sont sans nombre, les perfections sans fin. On est anéanti, désespéré, obsédé, prodigieusement suffoqué. On est folle à perdre le boire et le manger pour un homme qu'on désire mais il est à jeter par les fenêtres s'il déplaît. On est d'une sottise rebutante. Au théâtre, on applaudit à tout rompre, on loue à outrance, on aime à miracle (2). Une femme parfaitement usagée (3) ne peut parler sans zézayer : on ne mange pas de pigeons ni de choux à la crème mais des pizons et des soux.
Le soir, Alexandre griffonne toutes ces nouveautés dans une espèce de carnet qu'il intitule fièrement "Mon Journal à la Cour". Il tente, le plus vite possible, de "s'enversailler". Il note les couleurs à la mode, pour les hommes le violet tendre, le satin argenté, le gris de lin et la soie gorge-de-pigeon, pour les femmes le bleu de ciel, le rose fleur de pêcher, le blanc rayé de rouge cerise, le coquelicot et le soufre ; les couleurs "cuisse de nymphe émue", "ventre de biche", "veuve réjouie", "trépassée revenue" et "baise moi ma mignonne" le laissent pantois.
Il capta des conversations, des noms, des anecdotes et me fit mille questions. Qui était donc cette duchesse de Valentinois qui vient de paraître à la promenade de Longchamp dans un carrosse de porcelaine ? Qui sont-elles, ces belles, ces jolies, ces passables, ces laides, ces affreuses, ces infâmes et ces abominables ? (4) Que sont donc ces choses de la dernière indécence ou de l'autre monde ? Qu'est-ce donc qui est inouï ? Et qui sont ces gens déshonorés à qui il deviendra impossible de faire la révérence ? Il a besoin de conseils en ce pays inconnu ; je l'entretiendrai donc de nos usages et de nos caquetages.
Il s'essaya au pas glissé, puisqu'il est interdit de courir. Il examina les détails du mobilier à n'en plus finir, les marbres, les jaspes, les agates, les porcelaines enrichies, les laques, les rideaux de damas de soie bleue marqués en broderie d'or au chiffre du roi, compta les miroirs de la Grande Galerie, tenta d'estimer le nombre de bougies (5) et s'orienta sans trop de peine à travers les salons dédiés à Vénus, à Diane et à l'Abondance, les salons d'Hercule, de la Chapelle et de Mars, de la Guerre et de la paix, enfin le célèbre Œil-de-Bœuf empli de monde le matin, avant l'heure du Lever du roi ; je lui rappelai que l'on banquetait à l'Abondance et que l'on dansait chez Apollon. L'autre soir, lors du bal, il vit des contredanses et des allemandes émoustillantes : les bras s'enlacent, les mains se marient, les regards se cherchent. Une femme peut y laisser facilement sa vertu.
Des bouts de conversation l'étonnèrent :
"- Avez-vous lu Les Deux Eloges ?
- Ah ! Mon Dieu ! Le petit Cossé est mort, c'est une désolation !
- Monsieur de Clermont qui vient de perdre sa femme !
- Hé bien ! Madame ! Et Monsieur Chambonneau qui doit reprendre la sienne ; mais c'est affreux !
- A propos, on dit qu'on vient de nommer deux dames à Madame Elisabeth.
- Si je le sais !
- Bon ! Ne voilà-t-il pas que je viens de me faire écrire chez Madame de Boucherolles !
- Soupez-vous par hasard chez Monsieur de la Reynière ? (6)
- Hélas ! Je me rends aujourd'hui même pour un bref séjour en mes terres ; vous n'êtes pas sans savoir que c'est le temps des fermages et je dois en outre négocier quelques coupes afin de payer mes dettes de jeu.
- Pauvre ! Pourquoi ne pas prendre des intérêts chez les commerçants de Paris ou les négociants de Bordeaux ? J'ai une affaire de garance en Languedoc qui…
- Savez-vous que je brûle pour cent livres de bougies dans les mois ?
- Oh ! le joli page rouge et or ! Il est de chez la reine.
- Joli, Madame ? Vous voulez dire à mourir !"
Alexandre pressa le pas en rougissant, maudissant cette manie : "Ceci ne me passera donc jamais !" maugrée-t-il souvent. (7)
On l'attendait aux Ecuries où Monsieur de Perdreauville allait exiger un rapport circonstancié sur cette première entrevue. Alexandre réfléchissait à ce qu'il devait dire et surtout taire. Mais le soir, dans la chambrée, il se montra plus disert car nous avons un vocabulaire cru et sommes à l'affût de la moindre rumeur. Quoi qu'il en ait, Alexandre joua le jeu. Il garda ses confidences pour moi. Nous nous rendîmes ensemble au Grand Commun : il était l'heure d'un chocolat onctueux relevé d'une pointe de muscade. Nous les pages, et Alexandre le sait déjà, jouissons en ce pays-ci de toutes les faveurs : ne sommes-nous pas les seuls êtres jeunes de cette cour où l'on ne voit jamais d'enfants, y apportant notre gaieté, et nos rires, notre plaisante insolence et nos gentilles frasques ?
Votre progéniture se porte fort bien, vous en conviendrez. Je ne souhaite qu'une chose afin que votre bonheur soit parfait : qu'elle trouve le temps de vous écrire…"
Notes :
(1) Cité par les Goncourt, op. cit. p. 55
(2) Petitfils, op.cit, p. 71
(3) C'est à dire "au fait des usages"
(4) André Castelot, Philippe Egalité le Régicide, p. 111. Artois et Chartres s'étaient amusés à classer les femmes de la cour en sept catégories.
(5) Petitfils, op. cit. pp. 40-41. Il y a trois cents miroirs et deux mille bougies
(6) Horace Walpole, cité par les Goncourt, op. cit. p. 110
(7) Jamais…
___
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Re: Le comte Alexandre de Tilly
La nuit, la neige a écrit :
Très sympathique. Very Happy
Dans ses Mémoires, je me souviens que madame de Genlis détaille à l'envi tous ces usages de la cour et de la vie en société avant la révolution.
Je suppose que vous le savez.
Aussi, vous êtes vous plongée dans la lecture des lettres de madame du Deffand ?
Ses tournures de phrases et expressions sont parfaites pour qui voudrait s'inspirer de cet esprit d'éciture XVIIIème.
Je la lis parfois au hasard, comme ça, juste pour le plaisir.
Madame de Tilly :
Bonsoir la nuit la neige,
Oui bien sûr, j'adore du Deffand. Je pense que vous avez lu sa biographie, d'Inès Murat ? [Perrin, 2003]. Et les lettres de Julie, donc !
___
Pour ce qui est de Mme de Genlis, voilà encore un personnage énigmatique, admiré par certains, vilipendé par d'autres. Nous n'en finirions jamais si vous voulions cerner la vérité de chaque être. Trop de choses contradictoires ont été écrites. Au bout du compte, je suppose que nous avons notre opinion sur chacun, forgée par nos lectures et surtout notre propre sensibilité ou vision du monde. L'histoire (la petite) est donc parfaitement subjective.
___
Bien à vous tous & toutes -
Marie-Mélanie de Tilly
La nuit, la neige :
Inès Murat ? Eh bien non ! Et il me semble que l'on m'avait déconseillé ce livre.
Je ne sais plus.
En fait, des années auparavant, j'ai travaillé à la fac autour du thème des Salons littéraires du XVIIIème.
J'en ai donc avalé des bouquins !!
Aussi, j'avoue aujourd'hui continuer un jeûne salutaire pour ma santé mentale.
Mais les lettres, ça va, je les digère.
Un jour peut-être...
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Re: Le comte Alexandre de Tilly
J'ai écrit :
Le page de la gravure est un peu roudoudou, mais imaginez cet habit sur une taille bien prise !
Majesté :
C'est bien ce que j'en pensais aussi...j'ai failli l'affiner...mais par souci d'authenticité...
Disons que c'est un habit surgalonné ! Il faut bien un quinzaine de mètre de galon pour garnir cet habit !
Bien à vous.
Invitée :
Toutes ces espèces de petits carrés, ce sont des galons, Majesté ? C'est sûr que ça fait effet matelassé, alors !
Ploc a écrit :
Cet homme a une tête marrante
D'où as-tu tiré cette image Majesté?
Majesté a écrit :
Du premier des deux tomes des Mémoires du Comte de Tilly que je viens d'acquérir Wink
Bien à vous.
François a écrit :
Quel étrange habit. Je suppose qu'il était rouge galonné d'argent ? C'est la première fois que je vois ce vêtement. je comprend mieux pourquoi Tilly se ruinait en habit , ce que lui reprochait la Reine.
Des carreaux, nous voilà revenus dans les années 80. Very Happy
Mr de Talaru
Mme de Sabran- Messages : 55510
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Re: Le comte Alexandre de Tilly
Reinette a écrit :
Je lis en ce moment ses mémoires et j'avoue que si j'avais quelques réticences, je me prends à avoir de l'attachement pour cet homme. Very Happy
C'est objectivement un sous-Ligne : il l'admet lui-même et dédie même au prince ses mémoires. Il lui demande aussi de le corriger. A quoi le prince répondit qu'il n'en était nul besoin.
Alexandre de Tilly me fait penser à un super Valmont. Il passe son temps à décrire ses bonnes fortunes. Il ne fait que ça.
Dès qu'une dame a la réputation d'une vertu irréprochable, il s'y jette ! Et connaît peu de cruelles.
Pour Marie-Antoinette, je trouve qu'il l'a décrit assez bien. Il n'est pas si sévère que je le croyais. Il lui vouait une grande admiration : "aucune femme ne sut mieux remplir le rôle d'une reine."
Il a été son page. Il semble que Marie-Antoinette, bien qu'à peine plus âgée au début de son règne, agissait maternellement auprès de ces jeunes garçons attachés à sa personne. Après son service, elle continuera à le protéger. Malgré les rumeurs, les histoires de moeurs douteuses...
Hélas, Tilly étant le pire des libertins, après avoir fermer les yeux pour ses nombreuses incartades, Marie-Antoinette cessa brusquement sa protection Et le déclara officiellement.
Tilly s'en trouva désespéré.
Mme de Sabran- Messages : 55510
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Re: Le comte Alexandre de Tilly
Reinette poursuit :
Tilly nouait une liaison scandaleuse avec Mlle Adeline, une comédienne-courtisane trop célèbre. Cette jolie fille avait un financier véreux comme protecteur : Veimeranges, accusé de malversations qui aggraveront semble-t-il la crise de l'Etat.
Quelqu'un en saurait-il plus sur ce personnage ? Very Happy
Tilly fut alors accusé de profiter financièrement de la situation. Connu comme étant un véritable panier percé, on racontait que sa maîtresse lui versait l'argent volé aux finances publiques par son amant officiel.
Sa réputation en prit un sérieux coup mais lui gardait la tête haute, jurant n'avoir jamais rien touché.
Mais...
"La reine, dans ces entrefaites (car il faut encore parler d'elle dans cette aventure, où son nom n'eût jamais dû se trouver), avait l'injuste inconséquence de vouloir déshonorer un jeune homme par un de ces mots qui, tombés du trône, tuaient sur la place ceux qui étaient atteints de leur poids :
"Je ne mêle plus de M. de Tilly qui vit publiquement avec une actrice, aux dépens de M; de Veimeranges, qui dit-on, vole l'Etat.""
Si ces paroles semblent avoir laissé de marbre Veimeranges, pourtant hautement accusé, Tilly se sentit le plus malheureux des hommes.
Il court à Versailles, demande deux audiences, jusque-là toujours accordées, mais cette fois-ci, il reçoit une fin de non recevoir. Sad
Acculé, il écrit une lettre à Marie-Antoinette. Une lettre qui aurait pu l'envoyer à la Bastille d'après ses amis. Mais il n'en eut jamais l'inquiétude.
Mme de Sabran- Messages : 55510
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Re: Le comte Alexandre de Tilly
Diphildor a écrit :Reinette a écrit:
Tilly nouait une liaison scandaleuse avec Mlle Adeline, une comédienne-courtisane trop célèbre. Cette jolie fille avait un financier véreux comme protecteur : Veimeranges, accusé de malversations qui aggraveront semble-t-il la crise de l'Etat.
Quelqu'un en saurait-il plus sur ce personnage ? Very Happy
Quelques informations dans :
Mémoires secrets pour servir a l'histoire de la république des lettres ...Par Louis Petit de Bachaumont... page 68.
Le sieur de Veimerange, qui figure depuis quelque temps dans les pamphlets contre M. de Calonne, comme un de ceux qui participent le plus à la confiance & aux opérations secrètes du contrôle-génétal , vient d' obtenir la récompense , par la place d'intendant des Postes aux chevaux , relais & messageries de franco , créée pour travailler fous le duc de Tilignac.
Ce Veimerange étoit un commissaire des guerres, gros joueur & si gros qu'on en porta des plaintes au duc de Choiseul, encore ministre de la guerre. M. de Choiseul lui ôta son département; depuis il s'étoit raccroché , car il avoit été nommé en 1779 intendant de l'armée qui devoit passer en Angleterre.
...
"Madame,
C'est avec une surprise égalée par mon désespoir que j'ai appris les réflexions que Votre Majesté a énoncées sur mon compte ; comme le respect n'exclut ni la vérité, ni le soin de la conservation de l'honneur, plus précieux que la vie, je prendrai la liberté de dire à la reine, dussé-je en être perdu, qu'à son insu, sans doute, elle a commis envers moi la plus sanglante comme la plus irrémédiable injustice.
Vous avez daigné, Madame, apprendre de moi, et de plusieurs personnes qui ont l'honneur d'approcher Votre Majesté, que j'étais né avec de la fortune ; je suis né avec plus d'horreur encore pour tout ce qui est dégradant et ignoble. La prodigalité qui dissipe m'a caractérisé peut-être, mais jamais la bassesse qui reçoit. Je trouve ces réflexions magnifiques.
Je demande pardon à la reine de descendre dans des détails si peu digne d'elle, mais mon honneur mortellement blessé m'y force,... mon honneur que je respecte encore plus, s'il est possible, que je ne respecte Votre Majesté.( )
J'avouerai, Madame, qu'une liaison que vous avez daigné blâmer était vraisemblablement digne de blâme, mais je ne croirai jamais qu'elle méritât une censure si publique et qui tombât de si haut que de la bouche de Votre Majesté : elle ne méritait pas surtout les accusations calomnieuses dont je ne puis me consoler d'être la victime.
La calomnie en France n'épargne personne, Madame : elle a tout frappé, jusqu'au trône. Votre Majesté le sait ; je l'ai vue dans mon enfance s'en affliger ; et elle y croit aujourd'hui si légèrement quand c'est moi qui en suis l'objet ; la reine y croit comme si, élevé par elle, j'avais mérité sa haine après les bontés dont elle m'honora... La reine y croit comme si elle ne connaissait pas le monde, dans le haut rang où la Providence l'a placée.
Je m'abstiendrai désormais, Madame, de paraître devant Votre Majesté, comme je le fais déjà depuis longtemps, quoiqu'elle ait eu la bonté de me faire transmettre que son mécontentement n'allait pas jusque-là, et qu'elle m'avait simplement refusé une audience, parce qu'elle n'avait rien à me dire. Le ciel, Madame, m'eût tout accordé si Votre Majesté eût pensé toujours que je n'étais digne que de son silence ; ma vie ne serait pas empoisonnée, et ma réputation ne serait pas flétrie.
Si cette lettre, faible expression d'une douleur inconsolable, devait me susciter une persécution, j'ai l'honneur de protester à la reine, qu'après ce qui est arrivé, tout me trouverait insensible ; la reine m'a tout ôté, même la puissance de reconquérir ses bontés qui ne me dédommageraient pas de son estime.
Je désire ardemment, Madame, que quelque peine profonde ne vienne pas affliger le coeur de Votre Majesté. Le plus haut rang a ses chagrins. Je fais des voeux pour la félicité de la vie de la reine, qui a si barbarement déshonnoré ma jeunesse, et je me prosterne aux pieds de son trône pour les détails dans lesquels j'ai été obligé de la faire descendre.
Je suis, etc."
Je trouve cette lettre très touchante, d'où mon envie de vous la faire partager.
Mme de Sabran- Messages : 55510
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Alexandre de Tilly
Madame de Tilly :
Mar 6 Aoû 2013 - 7:00
Bonjour à tous,
Nous avons ferraillé il y a quelques mois (années, devrais-je dire...) à propos du comte Alexandre de Tilly.
J'ai publié une biographie titrée Une vie de Tilly ou la mort du lys chez Edilivre.
On le trouve à la FNAC et autres sites de vente en ligne.
http://www.edilivre.com/une-vie-de-tilly-ou-la-mort-du-lys-1e583952b5.html
Lire un extrait :
http://www.edilivre.com/frontwidget/preview/viewer/id/505166/
Cordialement.
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte Alexandre de Tilly
Majesté a écrit :
Oh! Merci ma chère de Tilly et félicitations à vous !
Bien à vous.
Reinette :
J'ai découvert Tilly il y a deux ans et il est vrai que je m'y suis attachée malgré de sérieux défauts. Donc merci à vous de nous le faire découvrir un peu plus.
Moi :
C'est un plaisir que votre retour parmi nous, chère Detilly. :n,,;::::!!!: Cela faisait un bail !
Bravo, bravo, pour la publication de votre travail !!! Félicitations !!!
Je viens d'en lire l'extrait que vous proposez et qui me donne faim de découvrir le reste de votre ouvrage .
L'expression Tilly espadonnait me plaît bien ! C'est très imagé en même temps que drôle . :àç_èè--è:
Youhou, Cosmo ! une de plus à mettre à notre répertoire !!!
Cosmo :
Zut, je n'arrive pas à lire l'extrait. Pensez-vous que les mémoires de Tilly soient vraiment de lui ou qu'il soient apocryphes? Ils sonnent authentiques je trouve en tout cas !
Madame de Tilly :
Bonjour à tous, et merci !
Dans l'intro (titrée "Prologue"), j'évoque ce problème. On a soupçonné Tilly de ne pas en être l'auteur. Sainte-Beuve dira en substance plus tard qu'on a déjà dit assez de mal de Tilly pour, en plus, l'accuser de ne pas être l'auteur de l'ouvrage. Cette espèce de méfiance générale envers Tilly m'a toujours questionnée, raison pour laquelle je me suis penchée sur lui, au propre et au figuré Very Happy.
Tilly a d'abord paru en Allemagne puisqu'il a laissé tous ses "papiers" à Berlin (voir l'intro des Mémoires par Melchior-Bonnet) et son éditeur précise qu'il s'est contenté de "mettre de l'ordre" et d'ajouter quelques transitions.
Bon, finalement, vous avez pu lire l'extrait, j'en suis heureuse.
Reinette :
J'ai adoré découvrir dans ses mémoires à quel point Marie-Antoinette se préoccupait de ses pages. Elle avait une véritable attitude maternelle à leur égard.
Malheureusement Tilly était une mauvaise herbe et s'est fait réprimandé plus d'une fois par la reine.
J'ai beaucoup ri mais aussi compris la colère de Marie-Antoinette quand celui-ci entraîne presque de force en cachette un de ses compagnons dans un bordel. Le pauvre, ce sera ce dernier qui attrapera une "galanterie" alors que Tilly continuera à se porter comme un charme. La reine sera furieuse d'une telle escapade et de ses conséquences. Il y a de quoi !Shocked
Mais elle lui pardonnera encore et encore. Jusqu'à un moment où elle ne pourra plus rien faire pour lui. Et il en sera très malheureux...
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Le comte Alexandre de Tilly
Selon A. Fierro ("Mémoires de la Révolution"), les mémoires du comte de Tilly "ont été en partie rédigés par Alphonse de Beauchamp et terminés par H.H. Cavé. Leur principal intérêt est la description de la vie à la Cour et de l'agitation révolutionnaire à Paris."
Invité- Invité
Re: Le comte Alexandre de Tilly
Il y a plus de mémoires apocryphes que de mémoires authentiques, j'en ai peur ! :
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Le comte Alexandre de Tilly
... ça n'est pas impossible oui. Pour compliquer les choses, certains mémoires sont mi-authentiques, mi-apocryphes. Je pense notamment aux mémoires de Weber, écrits par Lally-Tollendal. Dans la préface de la seconde édition, parue en 1822, l'éditeur avait expliqué que ces mémoires n'étaient pas entièrement de la main de Weber. Colère de Weber, qui fit un procès à l'éditeur pour faire reconnaître le caractère authentique desdits mémoires... et le perdit !
Invité- Invité
Re: Le comte Alexandre de Tilly
Cosmo a écrit:. Je pense notamment aux mémoires de Weber, écrits par Lally-Tollendal. Dans la préface de la seconde édition, parue en 1822, l'éditeur avait expliqué que ces mémoires n'étaient pas entièrement de la main de Weber. Colère de Weber, qui fit un procès à l'éditeur pour faire reconnaître le caractère authentique desdits mémoires... et le perdit !
Ah bien, ça c'est la meilleure !!!
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
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