Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
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Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
A propos de Marie-Thérèse de Savoie, Léonard rapporte cette description qu'en fait Charles d'Artois, son futur époux :
"Ma petite soeur, dit le Prince , en lutinant avec quelque excès d'aisance Mme la Dauphine, n'allez pas vous placer trop haut si vous voulez apercevoir ma femme ...Quatre pieds six pouces, pas une ligne de plus , une Altesse en miniature...
-D'Artois * , taisez-vous, interrompit Marie-Antoinette...Vous parlez trop légèrement de ma future belle-soeur ; on la dit fort jolie et si l'on doit s'en rapporter à son portrait..."
*Ce doit être Léonard qui se trompe dans sa citation car si l'on dit M.d'Artois, lorsqu'on ne cite que son nom, on n'y ajoute pas la particule...
"Marie-Thérèse de Savoie arriva , en effet, le 16 novembre (1773),à Versailles, où des fêtes charmantes accueillir Son Altesse Royale ; ce qui parut la toucher infiniment moins que les perfections aimables du Prince son époux, qui commençant sa dix-septième année, était déjà l'un des plus beaux hommes de la Cour. La jeune Princesse était, comme l'avait dit spirituellement M. le Comte d'Artois, une beauté en miniature : petits traits, petite taille, petit pied ; petit esprit , ajoutaient quelques-uns de ces observateurs qui prétendent juger les gens au premier abord.Mais cette partie du jugement manquait d'exactitude : la Princesse , timide, décente dans ses manières, étrangère aux habitudes d'une Cour beaucoup plus expansive que celle de Turin, éprouvait l'embarras d'une situation toute nouvelle, au milieu d'une société qui ne l'était pas moins pour elle.
Du reste, Son Altesse Royale avait de l'instruction, des talents agréables; et , un peu plus jeune que son mari, elle apportait néanmoins, dans leur ménage plus de sagesse et de maturité que lui."
Ce portrait est plus aimable que celui que le coiffeur avait accordée à la sœur de cette Princesse...
Bien à vous.
Dernière édition par Majesté le Sam 3 Juin - 15:56, édité 1 fois
Invité- Invité
Portraits de la comtesse d'Artois
Par Joseph Boze, un des trois portraits peints par le peintre :
La comtesse d'Artois et ses enfants par Charles Leclercq
Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois, Louis-Antoine d'Artois, duc d'Angoulême, Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, Sophie d'Artois.
Par Charles Le Clercq
Huile sur toile, vers 1780-82
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
La comtesse d'Artois et ses enfants par Charles Leclercq
Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois, Louis-Antoine d'Artois, duc d'Angoulême, Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, Sophie d'Artois.
Par Charles Le Clercq
Huile sur toile, vers 1780-82
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Invité- Invité
Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Majesté a écrit:*Ce doit être Léonard qui se trompe dans sa citation car si l'on dit M.d'Artois, lorsqu'on ne cite que son nom, on n'y ajoute pas la particule... Wink
Certes, mais dans le cas d'un nom de terre commençant par une voyelle, on rajoute un d' à l'oral, ainsi dit on d'Orléans, d'Harcourt, d'Estrées ... même si on ne l'écrit pas, puisque c'est une facilité de la liaison. Il rapporte un supposé dialogue, avec les habitudes orales qui s'en suivent.
Lucius- Messages : 11656
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Age : 32
Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Majesté a écrit:
A propos de Marie-Thérèse de Savoie, Léonard rapporte cette description qu'en fait Charles d'Artois, son futur époux :
"Ma petite soeur, dit le Prince , en lutinant avec quelque excès d'aisance Mme la Dauphine, n'allez pas vous placer trop haut si vous voulez apercevoir ma femme ...Quatre pieds six pouces, pas une ligne de plus , une Altesse en miniature...
-D'Artois * , taisez-vous, interrompit Marie-Antoinette...Vous parlez trop légèrement de ma future belle-soeur ; on la dit fort jolie et si l'on doit s'en rapporter à son portrait..."
*Ce doit être Léonard qui se trompe dans sa citation car si l'on dit M.d'Artois, lorsqu'on ne cite que son nom, on n'y ajoute pas la particule...
"Marie-Thérèse de Savoie arriva , en effet, le 16 novembre (1773),à Versailles, où des fêtes charmantes accueillir Son Altesse Royale ; ce qui parut la toucher infiniment moins que les perfections aimables du Prince son époux, qui commençant sa dix-septième année, était déjà l'un des plus beaux hommes de la Cour. La jeune Princesse était, comme l'avait dit spirituellement M. le Comte d'Artois, une beauté en miniature : petits traits, petite taille, petit pied ; petit esprit , ajoutaient quelques-uns de ces observateurs qui prétendent juger les gens au premier abord.Mais cette partie du jugement manquait d'exactitude : la Princesse , timide, décente dans ses manières, étrangère aux habitudes d'une Cour beaucoup plus expansive que celle de Turin, éprouvait l'embarras d'une situation toute nouvelle, au milieu d'une société qui ne l'était pas moins pour elle.
Du reste, Son Altesse Royale avait de l'instruction, des talents agréables; et , un peu plus jeune que son mari, elle apportait néanmoins, dans leur ménage plus de sagesse et de maturité que lui."
Ce portrait est plus aimable que celui que le coiffeur avait accordée à la soeur de cette Princesse...
Bien à vous.
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Mme de Sabran- Messages : 55279
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Majesté a écrit:Rien ne vous empêche de nous la transmettre ici aussi, puisque là-bas vous ne bénéficiez plus de la possibilité de signer votre étude...Dominique Poulin a écrit:Je présente également mon étude intitulée La Comtesse d'Artois, l'innocente victime d'une calomnie ? diffusée sur Le Boudoir de Marie-Antoinette en 2012.
Votre travail est passionnant. Ce sera un plaisir de le redécouvrir !
Bien à vous.
Qu'à cela ne tienne, les amis !!! C'est parti, mon kiki !!!
Le Comte et la Comtesse d’Artois : Le vice contre la Vertu
Marie Thérèse de Savoie (1756-1805) – Comtesse d’Artois : Une Princesse qui sort enfin de l’oubli .
"Les comtesses de Provence et d’Artois étaient toutes deux princesses de Savoie, filles de Victor-Amédée III, roi de Sardaigne. Contrairement à leur prestigieuse et illustre belle sœur Marie-Antoinette, les princesses de Savoie n’étaient point jolies, grave défaut dans une cour et un royaume où l’esprit va de pair avec le physique.
Dauphine, Marie Antoinette tentera de maintenir l’unité de la famille de France en faisant 1000 bontés pour ses belles sœurs. L’alliance autrichienne exigeait ce sacrifice de la part de Marie-Antoinette.
Reine, Marie-Antoinette change de cap et règle ses comptes : concernant Mesdames Tantes, filles de Louis XV, vieilles filles frustrées et fielleuses, manipulatrices et mesquines, qui surnommaient avant l’heure Marie-Antoinette d’autrichienne (elles étaient hostiles au mariage et donc à l’alliance autrichienne voulu par Louis XV), la reine les relègue dans une semi-retraite entre Bellevue et Versailles. Concernant ses belles sœurs, elle décide de les traiter avec hauteur. La comtesse de Provence lui paraît fourbe et sournoise à l’image de son mari le pédant et hypocrite comte de Provence. Le seul bon mot qu’elle fit durant toute sa vie fut de répondre à la reine qui lui demandait de se joindre à sa troupe théâtrale de seigneurs et qu’elle-même reine ne jugeait pas cela indigne, « Si je ne suis pas reine, je suis du bois dont on les fait ». Elle avait dit-on la poitrine velue, de gros sourcils et était de petite taille, enrobée et n’avait que très peu de grâce et de distinction. La comtesse d’Artois n’était ni belle ni laide. Elle-même était jalouse de n’être pas « Madame », c’est à dire l’épouse du comte de Provence, de ne pas surpasser en beauté et en grâce Marie-Antoinette, et exhibait un peu trop sa fierté d’avoir donné des héritiers potentiels à la couronne de France. Marie Antoinette lui en gardera toujours une certaine rancune mais se félicitera de son « mutisme » et de son « absence » à la Cour.
Ces deux princesses offensées et dans l’ombre de la reine vont se mettre à divulguer en les déformants tous les détails de la vie privée de la reine. « Ce que l’une avançait, une autre princesse le confirmait. Une troisième rendait les anecdotes incontestables ».
Les différents peintres qui vont les représenter toutes deux vont à chaque fois tenter tant bien que mal de sublimer leurs modèles. Elles se doivent de paraître comme des princesses modèles et vertueuses. Les peintres insisteront tout le temps sur le précieux et la beauté de leurs toilettes, comme le faisaient quasiment tous les graveurs chargés de représenter les belles-sœurs du roi Louis XVI.
A la cour de Turin, ces 2 princesses se détestaient, mais la cour de France et Marie-Antoinette vont les faire se rapprocher. Moins brillante que son aînée la Comtesse de Provence, la Comtesse d’Artois ne manque toutefois pas de charme comme je vais tenter de vous l’expliquer"
La triste enfance d’une Princesse de Savoie
"Marie-Thérèse de Savoie naît le 31 janvier 1756. Dans les années 1750, la dynastie des Savoie a alors à sa tête le roi Charles-Emmanuel III qui règne depuis 1730. Son fils aîné Victor-Amédée est l'héritier du trône avec le titre de prince de Piémont. Il est marié avec une infante d'Espagne. Ce sont les parents de Marie-Thérèse. Ce couple très uni n'aura pas moins de douze enfants dont notre princesse.
Sur l'enfance de Marie-Thérèse, on ne sait pratiquement rien. Cette princesse voit le jour dans l'une des cours les plus fermées d'Europe. L'étiquette et les exercices de piété suppléent au naturel. Les enfants royaux sont abandonnés aux mains des gouvernantes. A l'évidence, on ne s'amuse guère... Si l'on copie les manières françaises, on n'a pas une once d'esprit français. Tout est codifié, réglé, minuté à l'extrême. Si l'on a beaucoup d'enfants, on ne les caresse pas beaucoup pour autant. On peut imaginer le résultat d'une telle éducation vouée uniquement au devoir et à l'obéissance : les petits princes ne s'épanouissent pas et ressemblent à de petites figures de cire.
Marie-Thérèse conservera des séquelles de cette éducation et sera toute sa vie une jeune fille comprimée, timide. Quant à parler de son aspect physique, les commentaires iront bon train lors de son arrivée en France. Dans son portrait officiel que la Cour de Turin envoya à Versailles on remarqua que la promise révélait des traits plus harmonieux que ceux de sa sœur, Marie Joséphine de Savoie, Comtesse de Provence. Mais certains pronostics pessimistes furent confirmés à l’arrivée de la princesse, une jeune fille brune, de petite taille, le visage étroit et un nez trop long. C’est ce que notait à ce propos Mercy « le visage maigre, le nez fort allongé et désagréablement terminé, les yeux mal tournés, la bouche grande, ce qui fait en tout une physionomie irrégulière et des plus communes ». L’ambassadeur zélé de l’impérieuse Impératrice d’Autriche oubliait les beaux yeux noirs et malgré sa petite taille une excellent proportion de la nouvelle Comtesse d’Artois.
Ses parents estiment sans doute que ce sont des atouts suffisants pour lui faire un mariage avantageux. En bons termes avec Louis XV, fort du premier mariage savoyard, une union est rapidement décidée avec le dernier des petits-fils du roi de France, le comte d’Artois. La jeune princesse va donc entrer dans la plus prestigieuse famille royale d'Europe, mais aussi dans un pays et dans une cour ou elle ignore tout des moeurs et des lois. Elle est investit d’une lourde mission… assurer la pérennité de la dynastie des Bourbons, le mariage de sa sœur et de sa belle sœur se révélant stérile. "
Un mariage fastueux pour le plus mal assorti des couples
"En ce 16 novembre 1773, Louis XV marie donc son troisième petit-fils. Charles Philippe, comte d'Artois, va convoler avec la princesse Marie Thérèse de Savoie. Aussi joli coeur et avide des plaisirs de la Cour et de la ville que son épouse est timide et effacée, le futur Charles X montre sa déconvenue avant même la fin des noces.
Contrairement à d'autres mariages princiers, celui du comte d'Artois n'a pas été négocié longtemps à l'avance. Le jeune Charles Philippe, âgé de seize ans, a tout d'abord été promis à Louise Adélaïde, la charmante fille du prince de Condé. Mais ce dernier a mécontenté Louis XV en se mêlant d'un problème opposant des magistrats et le roi. Bien qu'il ait fait amende honorable, le souverain a décidé de trouver un autre parti au cadet de ses petits-fils. Lequel en est fort marri. Mais les désirs du roi sont des ordres. Comme son frère Provence avec Marie Joséphine, le comte d'Artois convolera avec une princesse de la puissante Maison de Savoie, Marie Thérèse."
Louise Adélaïde de Bourbon Condé – dite Mademoiselle de Condé
"Le 16 octobre 1773, à Turin, la demande officielle en mariage est promptement faite et aussi promptement acceptée. Huit jours plus tard, le mariage par procuration est célébré. Le 4 novembre, la nouvelle comtesse d'Artois, âgée de dix sept ans, arrive en France. De village pavoisé en cité en liesse, Marie Thérèse de Savoie entame le périple rituel qui lui permet de découvrir son nouveau pays. Le 14 novembre, conformément au cérémonial nuptial de la Cour de Versailles, le carrosse de la princesse fait étape en forêt de Fontainebleau, dans la clairière où il est d'usage que les jeunes mariés de la famille royale se rencontrent pour la première fois. En présence du roi, du dauphin Louis et de Marie Antoinette, du comte et de la comtesse de Provence, Marie Thérèse fait solennellement sa révérence. Sans faux pas, Louis XV la relève et l'embrasse affectueusement, avant de la confier à Charles Philippe, désormais son époux.
Le 16 novembre, l'union de Charles Philippe d'Artois et de Marie Thérèse de Savoie est célébrée avec faste au château de Versailles. Le banquet de noces se déroule dans le nouvel Opéra, inauguré trois ans plus tôt, à l'occasion du mariage du dauphin Louis et de Marie Antoinette. C'est la favorite de Louis XV, la comtesse du Barry, qui s'est occupée de former la Maison du jeune couple, de pourvoir la corbeille de noces, de veiller à l'organisation et au bon déroulement des festivités. Pendant le repas, le protocole, qui ne prévoit de sièges que pour les membres de la famille royale, lui impose de se tenir debout. Dans sa spectaculaire robe de satin blanc aux reflets argentés, fièrement campée en face du roi, affrontant avec hauteur les regards de l'assemblée, elle parvient cependant à éclipser toutes les dames présentes. Et ce n'est certes pas Marie Thérèse (elle fait montre d'emblée d'un effacement total aggravé d'un mutisme obstiné) qui pourrait rivaliser avec sa beauté et sa gaieté.
Le mémorialiste Louis de Bachaumont n'est guère sensible à ces joutes féminines. Il est davantage frappé par le mécanisme admirable du surtout de table, oeuvre du machiniste Arnault. "Le milieu était une rivière qui a coulé pendant tout le repas avec une abondance intarissable; son cours était orné de petits bateaux et autres décorations des mouvements d'une rivière, et les bords représentaient tout ce qui peut les rendre agréables"."
Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Th%C3%A9r%C3%A8se_de_Sardaigne_%281756-1805%29
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Monsieur de Castelnau a écrit:
Extraits de biographies
"Après le festin, les invités assistent à la représentation d'Ermelinde et au défilé de quatre cents grenadiers à cheval sur la scène de l'Opéra. Puis, les mariés ouvrent le bal traditionnel. Chacun ne peut alors que constater une triste évidence. La comtesse d'Artois danse sans plaisir et sans aucune grâce. Charles Philippe, beau garçon et grand amateur de jolies femmes ne peut s'empêcher de montrer quelque impatience devant cette épouse qui se meut sans aucune élégance, n'a aucun talent pour la conversation et ne peut même pas faire office de bel ornement. Lui qui était si enthousiaste à la perspective de convoler avec la pétillante princesse de Condé remâche son désappointement.
De son côté, Marie Antoinette a beau faire de son mieux pour tenter d'égayer sa nouvelle belle-soeur, elle se heurte à la plus entière réserve. Après les festivités, le futur Charles X quitte Versailles pour aller se consoler à Paris auprès de sa maîtresse, la blonde Rosalie Duthé. Les courtisans, incorrigibles mauvaises langues, en font aussitôt un bon mot : "Le prince ayant eu une indigestion de gâteau de Savoie vient prendre Duthé à Paris"."
Rosalie Duthé
"En effet, la très grande timidité et réserve de la Comtesse d’Artois sera la cause d’un certain désamour et d’un certain oubli de cette Princesse. La cour lui trouva aussitôt l’air revêche et renfrogné. Peu liante elle recherchait la compagnie de sa sœur derrière laquelle on la distinguait a peine. Elle restera dominée par cette sœur au fort caractère que pourtant elle déteste mais qui est la seule qui lui porte attention."
Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Th%C3%A9r%C3%A8se_de_Sardaigne_%281756-1805%29
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Monsieur de Castelnau a écrit:
Extraits de biographies
La vie d’oisiveté mais pas sans ennuis de la Comtesse d’Artois
"L’accession au trône de Louis XVI et de Marie Antoinette ne change en rien sa situation. Elle assiste aux fastes du couronnement et semble partager avec joie et délice la vie calme et « familiale » pour ne pas dire vertueuse de la famille royale. Elle trouve surtout charme et volupté dans ses douillets appartements de Versailles avec ses dames, à l’abri des cabales de la Cour et des rumeurs de la ville. Elle y mène une existence de recluse. Seul son brillant époux lui sert de fierté pour le moment. Oubliée et dédaignée de tous, il ne lui faut qu’une toute petite occasion pour sortir de cet oubli, celle de donner le jour à des enfants, la Reine et la Comtesse de Provence affichant encore une stérilité de leur mariage."
Pliant de la Chambre de la Comtesse d’Artois à Versailles
"Ce qui devait advenir advint, et cela à la grande tristesse de Marie Antoinette. L’étalon de la maison de Bourbon qu’était le Comte d’Artois allait enfin inscrire sa femme dans la légende… pour un temps c’est à dire 1778, année où Marie Antoinette donnera le jour à son premier enfant prouvant à la Cour et aux yeux du peuple qu’elle aussi peut être mère et donner un héritier à la Couronne… héritier qui verra le jour en 1781. Il fallut donc pour la Comtesse d’Artois attendre sa première grossesse pour s’épanouir et prendre de l’assurance. En 1775, à la naissance de son fils, son premier enfant, titré Duc d’Angoulême, elle devient le centre de la Cour et reçoit les honneurs du peuple. Les naissances de ses enfants furent les principaux évènements de l’existence et la fierté de cette mère attentive et aimante. Elle continua cependant à vivre à l’ombre de son époux, de sa sœur et surtout de Marie Antoinette. Son triomphe fut de courte durée et elle retourna dans l’oubli d’une Cour qui s’était fait un art de l’esprit et des beaux arts. Jamais la Comtesse d’Artois n’arrivera à profiter de ses grossesses et à se hisser haut."
Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Th%C3%A9r%C3%A8se_de_Sardaigne_%281756-1805%29
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Une épouse trompée qui prend sa revanche et crée un scandale sans précédentMonsieur de Castelnau a écrit:
Extraits de biographies
"Malgré le rythme soutenue des naissances successives, de celle du Duc d’Angoulême, puis de Sophie (Mademoiselle d’Artois), celle de Charles Ferdinand Duc de Berry, et enfin de la Princesse Marie Thérèse, la Comtesse d’Artois sait très bien que son couple n’incarne en rien les vertus familiales. Le comte d’Artois continue d’honorer sa femme mais aussi les nombreuses autres. Lorsque la Comtesse d’Artois est enceinte et en pleine maternité, il est libre de faire ce que bon lui semble. L’Etiquette interdisant tout rapport dès le 6ème mois et jusqu’au 6ème mois après accouchement, il en profite allégrement pour courir les ballets, les fêtes, les demoiselles de l’Opéra, les actrices et les grandes dames de la bourgeoisie et de la Cour.
Souffrant de cette situation et de cet abandon, elle entretient dès 1780 une liaison avec un homme attaché a son service… un garde chasse. Le mari volage mais offensé prit des sanctions si disproportionné pour châtier l’imprudent qu’elles choquèrent l’opinion. Pourtant il était dans son bon droit à cette époque. Si les princes pouvaient entretenir de multiples relations, les princesses, elles, ne devaient en aucune façon s’oublier et oublier leur rang et ce qu’elles représentaient. Le scandale de sa sœur s’affichant avec une maîtresse, s’il portait atteinte à la morale de l’époque ne portait aucunement atteinte au principe de légitimité. La Comtesse d’Artois avait pris le risque de donner naissance à un potentiel bâtard et cela ne se pouvait. Recluse qu’elle était, elle était désormais finie à la Cour de France, sous étroite surveillance, cantonnée à son rôle de mère et d’épouse."
"Moins entreprenante, conventionnelle, pas audacieuse, la comtesse d’Artois continua de mener une vie d’oisiveté, tant est si bien que Joseph II, le frère de Marie Antoinette, envisite à Versailles la jugea « imbécile ».
Elle n’était nullement dans son époque et se désintéressait de tout. Délaissée par son époux et par la Cour elle n’apparaissait que pour les grandes occasions et les fêtes et cérémonies d’Etiquette. Cette attitude de réserve ne la protégea nullement de la calomnie qui en s’abattant sur la Reine et sa sœur, trouvait un ricochet pourtant absurde sur cette pauvre Comtesse d’Artois."
La Comtesse d’Artois: une mère comblée mais malheureuse.
"En 1783, le peintre Charles Leclercq (1753-1821) réalise un admirable tableau de la famille du comte d’Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X. Cette représentation met en avant les sentiments familiaux entre la comtesse d’Artois et ses enfants. Marie-Thérèse de Savoie est ainsi peinte au centre du tableau en mère douce et aimante. Sur ses genoux aurait dû figurer sa deuxième fille, Mademoiselle d’Angoulême née en janvier de cette année mais décédée au mois de juin. Dans ses bras, Marie-Thérèse soulève son second fils le petit Charles-Ferdinand duc de Berry né en 1778. C’est à cette époque un enfant joyeux et plein de vie. Accoudé au sofa, le premier-né du couple d’Artois : Louis-Antoine duc d’Angoulême. Né en 1775, sa naissance fut très acclamée. En effet il était le premier enfant royal de sa génération. Cela ravit surtout son père le comte d’Artois, fier d’avoir eu un héritier avant son frère Louis XVI qui était pourtant marié depuis cinq ans alors que lui n’avait épousé Marie-Thérèse de Savoie qu’en novembre 1773. La comtesse tient la main de sa fille aînée et depuis peu unique, Sophie dite « Mademoiselle ». Celle-ci est née en 1776, 364 jours après Louis-Antoine, signe évident de la grande capacité de Marie-Thérèse à avoir des enfants.
La famille du futur Charles X apparaît ici dans un cadre bourgeois et chaleureux : celui de la famille soudée. Pourtant la réalité est toute autre. Marie-Thérèse de Savoie est avant tout fière de sa progéniture, mais fidèle à son enfance et à son éducation elle n’a jamais vraiment eu d’affection pour ses enfants, dans le sens où on l’entend aujourd’hui. Lors du décès de la petite Marie-Thérèse-Louise-Sophie à l’âge de six mois en 1783, la comtesse ne versa pas une larme alors que la reine Marie-Antoinette fut fort attristée de la perte de sa fille Sophie-Béatrice morte dans les premiers mois.
Assez étrangement, tous les personnages présents sur ce tableau auront un bien triste destin. La première victime fut la jeune Mademoiselle qui trépassa le 5 décembre 1783 juste après l’achèvement du tableau. Si son père Charles d’Artois montra un profond chagrin face à la disparition de sa fille, la comtesse ne parue pas affligée de cette perte. Voit-on vraiment là la mère aimante représentée par Leclercq ? Cet exemple illustre bien le peu de considération qu’avait Marie-Thérèse pour ses enfants. Avec la Révolution Française, la famille du comte d’Artois due s’exiler. Ne s’entendant pas avec son époux, Marie-Thérèse se sépara de lui et mourut oubliée de tous à l'âge de 49 ans en 1805. En 1820, Charles-Ferdinand était assassiné laissant une épouse enceinte de deux mois. Enfin le duc d’Angoulême devenu dauphin de France en 1824 lorsque son père devint roi et due en 1830 renoncer à ses droits au trône de France après l’abdication de Charles X. Entre l’abdication de son père et sa renonciation, Louis-Antoine fut l’éphémère Louis XIX, roi de quelques heures. Son union malheureuse avec sa cousine Madame Royale fille du roi guillotiné resta stérile. Il s’éteignit dans l’ombre en 1844."
Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Th%C3%A9r%C3%A8se_de_Sardaigne_%281756-1805%29
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Dominique Poulin a écrit:
Extraits de biographies
L’exil et la mort de la plus effacée des Princesse
"Le 14 juillet 1789 sonne le glas pour la famille Royale. Ce n’est pas tant la prise de la Bastille qui effraie, c’est avant tout la fureur du peuple qui dans son insurrection à publié la fameuse liste noir, la liste où sont inscrits toutes les personnes qu’il faut abattre. La Reine est un tête de la liste suivie de son beau frère Artois. Lorsque Versailles reçoit la liste, c’est le sauve qui peut général. Louis XVI ordonne à son frère, cible de premier ordre de la contestation de se retirer hors du territoire avec sa famille, tandis que Marie Antoinette prie la Duchesse de Polignac de faire de même. Le 17 juillet 1789, dans le noir, à la sauvette, le Palais de Versailles se vide de ses serviteurs et courtisans. La reine prendra note de cette désertion lorsqu’ elle constatera que des cadenas sont apposés aux portes et que règne un silence de mort dans le Palais. En 3 jours Versailles et la Cour de France ne sont plus qu’un souvenir. La Comtesse d’Artois quitte la France dans ce premier fourgon d’émigrés, emportant le nécessaire, pensant surtout revenir. Pour preuve, elle avait commandé un service de porcelaine à Sèvres, identique à celui Riche en Or et en Couleur de Marie Antoinette qui venait à peine de lui être livré et qu’elle laissa en France pensant le retrouver assez vite. Elle se réfugie à Turin, au sein de sa famille, où elle loge un temps avec son époux.
Devant cette épouse effacée et morose, Charles préfère la compagnie distrayante de madame de Polastron et quitte sa femme pour ne plus la revoir qu’en de rares occasions. Prétextant son devoir de rejoindre l’armée des Princes, il fausse compagnie à sa femme et à ses fils. Loin de son époux, c’est la Comtesse d’Artois qui va prendre en charge, aidée de sa famille, l’éducation de ses fils. Plus souvent à cheval qu’a l’étude, ces derniers vont se former aux armes et à l’exercice dans l’espoir de rejoindre la vie trépidante de leur père, de l’armée et de quitter la sinistre ambiance de la Cour de Turin. D’ailleurs leur Grand père maternel, Victor Amédée III, Roi de Sardaigne, est las des émigrés français. Leur insolence les rend insupportables, et surtout leur manque de moyen les rend indésirables. Il pousse donc ses petits fils a voler de leurs propres ailes et les envoie à Coblence rejoindre leur père.
Plus objectivement, à la cour de Turin les mœurs étaient rigides et simples. Le Comte d'Artois, habitué au laisser-aller de la Cour de Versailles, s'accommoda difficilement d'une existence sévère et monotone. D'autre part le Roi, son beau-père, par crainte des complications diplomatiques, était loin de le seconder dans ses entreprises contre la France Révolutionnaire. Le Comte partit de Turin pour Coblence et au mois de juillet 1792 il rappela vers lui ses fils, sans égard aux larmes de la Comtesse qui resta seule à Turin.
Marie-Thérèse séparée également de sa Dame d'Honneur, a entretenu avec la Duchesse de Lorge, exilée de son côté, une correspondance d’une extrême richesse éclairant d’un jour nouveau la Comtesse d’Artois. Ces lettres de la Comtesse d'Artois débordent de sentimentalité et éclairent cette princesse qui n'était guère sortie de l'ombre jusqu'ici.
Les lettres de Marie-Thérèse fourmillent de fautes d'orthographe et d'incorrection de style. Il ne faut pas oublier que la Comtesse était italienne, n'écrit pas dans sa langue maternelle. Elle ne signe pas : les temps sont troubles et elle ne veut pas livrer son nom au hasard des courriers. Elle n'ose même pas nommer son médecin Crémone qu'elle désigne par la lettre C.
Ces lettres offrent l'intérêt de peindre l'état d'esprit d'une princesse alliée des Bourbons au lendemain des tragiques événements de 1793 (exécutions de Louis XVI et de Marie Antoinette). Marie-Thérèse voit dans ces horreurs des signes avant coureurs de la fin des temps.
La Comtesse de Lorgne raconte que Louis XVI fut bon d'envoyer servir aux colonies un garde du corps coupable présumé d'un état suspect de sa belle-sœur. Sur quoi, Madame Adélaïde colportant l'aventure de Madame d'Osmond, s'écrie : "Mais, ma chérie, il faudrait y envoyer toutes les compagnies !" Quel quand était le passé de Marie-Thérèse, sa vie d'exilée à Turin ne peut prêter à aucun commentaire fâcheux. Le milieu où elle se trouvait offrait un contraste complet avec la cour de Versailles. Auprès de son père, elle subissait l'influence des habitudes honnêtes et pieuses dans lesquelles s'étaient écoulées ses années d'enfance et de jeunesse. Les fêtes du palais se bornaient à des réceptions officielles, ou à des réunions familiales. Les cérémonies religieuses tenaient à la cour une large place. Les fils des VICTOR AMEDEE III, avaient été élevés dans des principes rigides. L'un d'eux le Prince de PIEMONT, était l'époux de Clotilde, sœur de Louis XVI, Princesse que l'église a proclamée vénérable. Tout concourait donc à porter la Comtesse d'Artois au recueillement, au bout de la retraite et du silence.
La Comtesse d'Artois considère avec effroi la paix de la France républicaine avec l'Espagne. Elle recevait comme Mesdames Adélaïde et Victoire une pension du roi de ce pays, Charles IV. En 1795 c'est l'année où le Général Moncey enlève Fontarabie et Saint Sébastien, prend Bilbao, mais le siège devant Pampelune. Les Français s'avancent sur l'Ebre. Le roi Charles IV, à l'instigation de son ministre, l'intrigant Godoy, négocie avec la république le traité qui fut signé à Bâle le 22 juillet 1795 et par laquelle la France, en échange de l'Ile de Saint-Domingue, rendait à l'Espagne toutes les conquêtes faites sur son territoire. L'accord de l'Espagne avec le France n'allait-il pas entraîner la suspension des subsides accordées aux Bourbons exilés ? On conçoit à ce sujet les appréhensions de Marie-Thérèse. D'autres soucis plus graves lui étaient réservés.
En 1796 la campagne du Piémont aboutit à la défaite de Mondovi. Victoir-Amédée, la suite de l’armistice de CHERASCO, conclut avec BONAPATRE le traité du 15 Mai 1796 par laquelle il cède la plus belle moitié de son royaume. Dans le trouble de la défaite , la Comtesse d’Artois avait dû quitter Turin pour se réfugier à Novare avec sa sœur, la Comtesse de Provence . Elle semble avoir eu encore à souffrir des exigences de sont père qui, toujours ombrageux, le chagrin, l’obligea à renvoyer son chevalier d’Honneur, le Comte de Vintimille .
A la mort de son père le Roi de Sardaigne, le frère de la Comtesse d’Artois, Charles-Emmanuel, qui s’était vu dépossédé de tout son royaume à l’exception de la Sardaigne estima qu’il était de sa dignité de ne pas rester à Turin. Il se retira en Sardaigne avec sa famille le 2 novembre 1798. La comtesse d’Artois n’avait pas voulu suivre son frère mais, devant l’invasion des troupes Français , elle dut s’éloigner aussi.
Elle se retira an Carinthie dans la ville de Klagenfurt accompagné de sa dame d’Honneur. Malgré l’estime en laquelle elle tenait la Duchesse de Lorge, sa dame d’Honneur , Marie-Thérèse pensa sans doute que, par ces temps troubles, dans l’isolement où elle se retrouvait loin de son marie et de son fils, l’administration de sa Maison réclamait la présence et l’autorité d’un homme ; c’est alors qu’elle fit appel au concours de l’ancien secrétaire de ses tantes, Madame Adélaïde et Victoire.
Les recettes de Madame se composaient principalement des allocations de cour d’Espagne. Pour le recouvrement de ces somme, assez laborieux en raison des circonstances et qui subissait de long retards, on eut recours à des banquiers, la Maison ANGE GUESCO ET Cie de Gênes recevait les fonds et le banquier Laurent GASPARI de Trieste fut chargé le 22 novembre 1800 de faire parvenir les mensualités à la Comtesse D’Artois.
Le II oct. 1804 la Comtesse quitte Klagenfurt ; elle va s’installer dans la ville de Gratz (Styrie)(Autriche) où elle arrive le 14 oct. Le séjour à Gratz permit à la Comtesse de correspondre plus rapidement avec Mittau où résidait son fils, le duc d’Angoulême, et le prétendant au trône de France, le Comte de Provence.
La malade n’était pas seulement atteinte physiquement. Le moral devait être gravement affecté et c’est le point qui semble préoccuper surtout la famille royal, à en juger par les étranges recommandations de Mgr de la FARE dans sa lettre du 20 Avril 1805 (22). Mr Croiset craint que l’évêque n’ait trop alarmé les princes en annonçant à Mittau la maladie de madame. Il reproche à Mr de la Far son excès de zèle. Mgr lui répond qu’il devait dégager sa responsabilité et celle de Mr Croiset. Une légère amélioration s’est en effet présentée dans l’état de la Comtesse, mais elle ne se maintient pas .
Malgré cet état se faiblesse . on projette pour Madame un changement de résidence. Peut être le Duc d’Angoulême a t il demandé à Mgr de faire venir sa mère près de lui à Mittau. Il est difficile de déduire une précision des lettres volontairement énigmatique du très prudent évêque. Il s’agit de prendre résidence au couvent de P… mais pour cette nouvelle résidence, il faut, dit Mgr de nouveau recourir au ministère et avoir l’agrément de l’Empereur.
Elle mourut discretement, a l’image de sa vie en 1805 à Klagenfurt en carinthie province d’Autriche. Mr Croiset écrit aussitôt au Duc d’Angoulême pour lui annoncer la fatale nouvelle .
C’est Mgr de la Fare qui transmet la fatal nouvelle avec les précautions convenable.
Il se charge lui même d’informer le Roy et Monsieur de tout ce qui est parvenu à sa connaissance sur le coup fatale dont le ciel a voulu les frapper.
Il leur rend compte des soins apportés par Mr Croiset qui a pris ‘’ toutes les mesures de dignité, de convenance et de sûreté ‘’ que comportait l’événement.
‘’ je suis empressé, écrit il à Mr Croiset de transmettre au Roy l’article de votre lettre relatif au dépôt provisoire du corps de Madame dans le mausolée des empereurs.’’"
Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Th%C3%A9r%C3%A8se_de_Sardaigne_%281756-1805%29
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Monsieur de Castelnau a écrit:
Extraits de biographies
"Le 23septembre 1805, alors qu’elle était encore en pleine possessions de ses faculté, la Comtesse d’Artois avait rédigé son testament.
Marie-Thérèse l’écrivit entièrement de sa main.
Premier testament de Madame
« Mon testament fait et écrit de ma propre main à Klagenfurt en Carinthie, le 23 du mois de septembre de l’an de grâce 1803.
Au nom du père, du fils, du saint esprit. Ainsi soit-il .
Le triste état de ma santé qui dépérit tous les jours me menace d’une fin prochaine .
Il est de mon devoir de m’occuper sans délais de tout ce qui peut contribuer à la réparation de mes fautes , à la tranquillité de ma conscience, à la paix de ma famille et de ma Maison et au salut de mon âme.
C’est en même temps une douce consolation pour moi d’exprimer à tous mes parents et à toutes personne avec qui j’ai vécu les juste sentiments d’estime, de reconnaissance et d’attachement qui m’animent à leur égard .
Je veux vivre et mourir dans le sein et communion de la sainte Catholique Apostolique et Romaine , église à laquelle j’ai toujours été fermement attachée d’esprit et de cœur, la seule véritable Eglise de Jésus-Christ, Hors de laquelle il n’y a point de salut.
Je recommande mon âme à DIEU, mon créateur et rédempteur et le supplie humblement de ne pas me juger selon la sévérité de sa justice, ni selon le nombre et l’énormité de mes péchés, mais selon son infinie miséricorde et les mérites de Sainte Marie et passion.
Je me sommets à sa Sainte volonté pour tout ce qu’il voudra ordonner de moi pendant le reste de ma vie et pour le temps et lieu de mon trépas et le genre de mort qu’il lui plaira de me décerner.
Je remercie, Monsieur, cher époux, le Roy, la Reine de France ma sœur, le Rois et la Reine de Sardaigne, mes autres frères et sœur, tous les princes et autre personnes avec qui je vivais jusqu’à mon dernier décès, de toutes leurs bonté pour moi, de tous les services qu’ils m’ont rendus et surtout de m’avoir supportée malgré mes imperfections et mes défauts .
Je leur demande pardon à tous des scandales, injustices et autres torts dont je me serais rendue coupable envers eux, les priant de tout oublier comme si quelqu’un avait jamais eu quelque tort envers moi, je les assure que depuis longtemps j’ai tout oublié et je me souviens que de leurs bons procédés envers moi.
Je les supplie tous de m’accorder les suffrages de leurs prières et autres bonnes œuvres pour ma rédemption de mon âme. Je fais la même demande …. à toutes les personnes qui ont composé ma Maison et à celles qui la composent encore et à celles qui la composeront du temps de mon décès, à celles qui ont été à mon service et à celles qui y sont encore ou y seront tant que je vivrai, à toutes celles enfin avec qui j’aurai eu quelque rapport pendant tout ma vie.
Je leur fais de mon côté et de tous mon cœur les mêmes assurances d’oubli et de pardon de ce qu’ils pourraient avoir à ce reprocher envers moi.
Je leur recommande à tous de vivre en bon Chrétien, de prier pour moi et se souvenir que nous sommes sur la terre que pour mourir.
Je recommande à mes chers enfants de rester inviolablement attachés à la religion Catholique et d’en pratiquer fidèlement les devoirs ; elle seule peut les soutenir dans les peines de cette vie et faire leur véritable honneur.
Je regrette de ne leur avoir pas donné dans leur jeunesse tous les bon exemples et tous les soins que je leur devais. La bonne opinion que j’ai d’eux me fait espérer qu’ils continueront de vivre parfaitement soumis à leur père, intimement unis entre eux et qu’il se rendront dignes des bontés du Roy, de la Reine de France, du Rois et la Reine de Sardaigne et de tous les Princes et Princesses de nos deux familles royales où ils trouveront les exemples de toutes les vertus qu’ils ont à cultiver et toute la protection qui leur deviendra nécessaire dans l’infortune où ils se trouvent réduits.
Je veux qu’après mon trépas on me laisse au moins 24 heures dans mon lit en mon état naturel, qu’ensuite l’on m’ouvre pour plusieurs raison :
Pour voir le genre de maladie dont je serai morte, qu’on m’embaume en commençant l’ouverture par la plante des pieds, qu’on sépare mon cœur de mon corps, que pendant l’intervalle de mon décès et de ma sépulture il y ait toujours dans ma chambre quelque pieux ecclésiastique ou religieux occupé à prier pour le repos de mon âme……Quant au lieu de ma sépulture, je veux que le cadavre de mon corps, sans le cœur , soit enseveli dans le pays où je serai décédée et je désire très vivement et veux absolument que mon cœur en soit séparé et envoyé à Caserte pour être enterré dans la même église que le corps de Marie Adélaïde Clotilde Navière de France, Reine de Sardaigne, ma belle-sœur. Quant au reste de ce qui regarde la sépulture de mon corps et choix de l’église du lieu où je mourrai, on le fixera ou on jugera à propos, eu égard de l’endroit où je décéderai et aux autres circonstances qui pourront survenir, mais je recommande la simplicité et la modestie dans les obsèques et veux qu’on préfère aux dépense d’un appareil extérieur celles qui me procureront aussitôt après ma mort un plus grand nombre de messes et apporteront un plus grand soulagement aux pauvres du lieu où je décèderai.
Je confie l’exécution de mon testament et de cet article spécialement à Mr l’abbé de Paris et Mr Croiset qui prendront l’avis du Père Charles Paul ancien supérieur des Chartreux, mon confesseur, que je charge de veiller à ce que mes intentions soient remplies…
Je lègue ma bibliothèque à mon fils, le Duc d’Angoulême.
Je laisse à mon fils, le Duc d’Angoulême, en sa qualité de mon fils aîné un capital du rapport de 20.000Fr par an à prélever sur mon héritage…
Je laisse à mes deux enfants… tout ce que je possède …. Tout à tous les deux en conservant la prérogative du droit d’aînesse de mon fils, le Duc d’Angoulême.
Dans le cas que les arrérages qui sont dus des bien appartenant à la famille royale de France soient rendu en compensés, j’entends que l’on paye les arrérages dus aux personnes qui me sont attachées dans la même proportion qu’on les aurait rendus à moi même ou bien qu’on les rendrait à la réclamation de mes enfants après ma mort.
Bon regret est de ne pas avoir de quoi laisser à chacun ce que mon affection m’inspirerait de leur donner et qui pourrait leur devenir d’un grand secours dans les tristes conjonctures où je les laisse.
Je prie mon mari, mes enfants, le Roy et la Reine de France, le Rois et la Reine de Sardaigne de leur accorder à tous bien vaillance et protection, regardant comme fait à moi même tout le bien qu’ils daigneront leur faire.
Je charge mes enfants d’adresser aussitôt après ma mort en mon nom et aux leurs des remerciement à leurs Majestés le Roy et la Reine d’Espagne de leurs bontés pour moi depuis ma sortie de France jusqu’à mon décès.
Je charge Mr l’abbé de Paris et Mr Croiset d’envoyer aussitôt après mon décès copie du présent testament à mon époux, à mes enfants, au Roy et à la Reine de France, aux Rois et la Reine de Sardaigne .
Apres avoir écrit le présent testament de ma main, l’avoir lu attentivement et relu, je déclare persister dans son contenu.
Daigne le Dieu de bonté me recevoir dans sont paradis et ma faire la grâce de m’y voir réunie à mes ancêtres, à mes enfants, à toute ma famille et Maison.
Signé : Marie-Thérèse Comtesse d’Artois
Le nouveau testament qui est le bon, a été lu deux jours avant la mort de Madame, déjà trop faible pour signer, en sa présence, à in des docteur de Sartorius, médecin en chef de l’Hôpital de Gratz et Bernard de Fabry, conseiller et médecin du corps de S.M Impériale et Royale. Dans ce second document Mr Croiset n’est plus mentionné, les personne attachées à la personne de Madame n’ont plus le droit qu’à la « générosité et la justice des héritiers. » Il est permis de supposer que l’intervention de Mr Berger ne fut pas étrangère à cette modification . Mr Croiset, en raison de la confiance que lui témoignait la Comtesse d’Artois, était en but à la jalousie de Mr Berger qui intrigua. Un fait plus important ressort de la comparaison des deux testament . Dans le premier le Duc d’Angoulême était avantagé, Madame voulait lui conserver les ‘’ prérogatives du droit d’aînesse.’’ Dans le second les deux frères sont traités pour le partage sur un pied d’égalité, il est vraisemblable que ce changement est pour effet des recommandations faites au nom de la famille royale par l’évêque de Nancy.
Voici les parties essentielles du second testament :
Testament du 1ére Juin 1805
1- 1- « Je nomme et institue par la présent testament pour mes héritiers universels de tout ce que je pourrai avoir en ma possession et généralement de tout ce qui pourrait m’appartenir au moment de mon décès, Louis Antoine Duc d’Angoulême et Charles Ferdinand duc de Berry, mes deux fils, pour tout, attendu la modicité, être partagé entre eux par égale portions, aux restrictions ci-après exprimées ; dans le cas où l’un de mes héritiers ci-dessus institués viendrait à me précéder, je lui substitut mes enfants en légitime mariage pour la part et portion seulement qui aurait dû appartenir au prémourant et à défaut d’enfant le survivant des deux pour le tous et si j’avais le malheur de survivre à mes deux enfants morts sans postérité (ce que Dieu ne plaise) je leur substitue ma très chère et bien-aimée belle-fille, Madame Duchesse d’Angoulême que je nome et qu j’institue au dit cas pour mon héritière universelle et , à son défaut, sa Majesté le Roy de Sardaigne, Victoire Emmanuel, aux conditions ci-après exprimées :
2- 2- J’autorise mon cher fils louis Antoine, Duc d’Angoulême, à prendre avant partage, la bibliothèque de France, s’il peut la revoir, et à condition d’en brûler les mauvais livre.
3- 3- Je charge mes héritiers universels ci-devant institués d’assigner dans une église à leur choix un fond suffisant dont le produit annuel puisse équivalez à la rétribution de cinquante messes basses que je désire être annuellement et à perpétuité célébrées pour le repos de mon âme. Je les charge aussi de se conformer au contenu de la lettre qui sera jointe au présent pour n’être ouverte et lue que par eux.
4- 4- Je prie toutes les personne qui ont ci-devant composé ma Maison de recevoir les expressions de ma reconnaissance pour l’attachement qu’elles m’ont toujours témoigné et à l’égard de celles que leur dévouement a déterminé à me suivre et qui se trouvèrent avec moi le jour de mon décès. Je m’en rapporte à la générosité et à la justice de mes héritiers pour les récompenser chacune à raison de son rang, de ses services et de son ancienneté et, attendu le malheur des temps, je les recommande en outre aux bontés de Monsieur.
5- 5- Je prie également Mr le Comte de Welsberg de recevoir tous mes remerciement pour le zèle , qu’il voudra bien m’en donner encore une dernière après ma mort en s’employant pour faire exécuter ponctuellement le présent testament, exécution que je confie aux soins de la personne qui sera désignée par les Princes, mes fils….
Madame a déclaré ne pouvoir signer, attendu sa grande faiblesse
Daté du Samedi 1ére Juin 1805 »
Suivant le désir qu ‘avait exprimé la Comtesse, son corps fut ouvert. Le fait est prouvé par cette lettre de Mgr de la Fare 4.8.1805(27).
« J’ai été chargé, écrit-il à Mr Croiset, par les derniers ordres que j’ai reçu du Rois, de vous demander le procès verbal de l’ouverture du corps de Madame. Envoyez-le moi le plus promptement possible afin que je puisse le réexpédier aussitôt à Mittau. Ce n’est point entre les main de Mgr le Duc d’Angoulême pour qui ces tristes détails seraient trop déchirants, mais entre celles du Roi que cet acte doit être remis . »
le 15 Août 1805 (28), Mgr de la Fare écrivait à Mr Croiset :
« J’ai à vous communiquer les dernière intention du Roi relativement à la sépulture de Madame S.M. qui conserve toujours l’espérance de réunir un jour ses cendre à celle des Rois ses aïeux veut aussi pouvoir faire déposer dans le tombeau de sa Maison la dépouille mortelle de Madame.
Pour cela, le Roi désir qu’il en soit usé pour Madame Adélaïde et Victoire, et que le cercueil demeure comme en dépôt dans l’honorable lieu où il a été mis. Personne ne peut mieux que vous , Monsieur, qui avez été témoin et agent de tout ce qui a été fait relativement à Mesdames, traiter cet objet avec le Comte de Welsberg et de le fair conclure au gré de S.M. et de la famille Royale.
Je me repose donc sur vous de ce soin, vous priant de m’instruire de tous ce que vous avez pu faire et terminer à cette égard. »"
Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Th%C3%A9r%C3%A8se_de_Sardaigne_%281756-1805%29
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Majesté a écrit:
Madame la Comtesse d'Artois , selon Lafont d'Aussonne, était petite, mignonne , et ne manquait ni d'amabilité, ni d'agréments. La douce ingénuosité formait la base de son caractère. La Reine l'aimait beaucoup ( ) ; et elle en était si tendrement aimée , que l'infortune et la catastrophe de Marie-Antoinette causèrent le dépérissement et la mort de la Comtesse d'Artois.
Enfin, elle mettra quand même douze à mourir...tout est donc bien relatif... boudoi29
Bien à vous.
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Un écart de la comtesse d'Artois ? ... Fi donc ! Qui le croirait ?
Et pourtant, voilà ce que rapporte la comtesse de Boigne :
"Mme la comtesse d'Artois était encore beaucoup plus laide ( que sa sœur ) et parfaitement sotte, maussade et disgracieuse . C'est auprès des gardes du corps qu'elle allait chercher des consolations des légèretés de son mari . Une grossesse qui parut un peu suspecte, et dont le résultat fut une fille qui mourut en bas âge, décida M. le comte d'Artois à ne plus donner prétexte à l'augmentation de sa famille déjà composée de deux princes .
Malgré cette précaution, une nouvelle grossesse de Mme la comtesse d'Artois la força de faire sa confidence à la Reine , pour qu'elle sollicitât l'indulgence du Roi et du prince .
La Reine, fort agitée de cette commission, fit venir le comte d'Artois, s'enferma avec lui et commença une longue circonlocution avant d'arriver au fait . Son beau-frère était debout devant elle, son chapeau à la main . Quand il sut ce dont il s'agissait, il le jeta par terre, mit ses deux poings sur ses hanches pour rire plus à son aise, en s'écriant :
" ---- Ah ! le pauvre homme que je le plains, il est assez puni .
---- Ma foi, reprit la Reine, puisque vous le prenez comme cela, je regrette bien les battements de cœur avec lesquels je vous attendais; venez trouver le Roi et lui dire que vous pardonnez à la comtesse d'Artois .
---- Ah, pour cela de grand cœur ! Ah ! le pauvre homme, le pauvre homme ! "
Le Roi fut plus sévère, et le coupable présumé fut envoyé aux colonies . Mais, comme le disait Mme Adélaïde à ma mère, en lui racontant cette histoire le lendemain :
" --- Mais , ma chère, il faudrait y envoyer toutes les compagnies ! " : : :
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Dominique Poulin a écrit:
Je prépare un papier rien que pour vous sur l'honneur supposé perdu de la comtesse d'Artois, mais moi je pense le contraire...
Il y avait des risques de grossesse... Oh là là !
Qu'importe un risque de grossesse que le mari est là pour endosser ?
Dominique Poulin a écrit:
Je sais pas pourquoi mais j'imagine mal la comtesse d'Artois jeter le mouchoir pour ses beaux gardes du corps ! pas méchante pour un sou c'est vrai, mais très coincée tout de même... ! A moins que les apparences soient trompeuses... Je prépare le papier que j'ai promis pour début février.
Mais une réflexion me vient : si la comtesse d'Artois était enceinte pour la cinquième fois fin 1783 pour accoucher au printemps de 1784, tout Versailles l'aurait su ??? Et à ma connaissance, elle n'a pas fait de petit voyage en province pour cacher sa grossesse...
Bah à mon avis : un cinquième enfant point !
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Leos a écrit:
Chers amis,
Ce portrait de la comtesse d’Artois est assez peu connu. n-est pas?
Je l'ai trouvé sur le site du château de Versailles.
Leos
......
Joseph Boze, meilleur pastelliste que peintre, se fit une spécialité du portrait ovale au pastel. Installé à Versailles en 1785, il reçut la même année d’importantes commandes de portraits pour la famille royale. Marie-Thérèse de Savoie, belle-sœur de Louis XVI, alors âgée de vingt-neuf ans, est peinte dans une tonalité gris bleu qui accentue son air mélancolique. Alors que le traitement des étoffes séduit par son aspect précis et illusionniste, la technique du pastel confère un aspect doux à son visage, pourtant décrit comme ingrat par ses contemporains. La comtesse d’Artois sembla satisfaite de son portrait et en commanda deux copies qu’elle offrit à des dames de son entourage.
Ce portrait est désormais à Versailles la représentation la plus tardive de la comtesse d’Artois mais également la plus fidèle et précise de son visage. Il complète le bel ensemble de pastels par Boze déjà conservés au château de Versailles.
.........
http://www.chateauversailles.fr/resources/200F0FC2-5609-102C-8399-000C2991753C/AEDEE69B-83FD-4116-D8D8-E20544707A3AFile.jpg
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Fleurdelys a écrit :
Je lis Comtesse de Polignac s`agit-elle de Yolande ou c`est Diane ?
Lucius :
Ce doit être Diane car elle était de la Maison de la comtesse d'Artois avant de devenir dame d'honneur de madame Elisabeth quand sa Maison fut créée en 1778.
Il me semble que Yolande n'avait aucun poste à la cour avant d'obtenir celui de gouvernante des Enfants de France en 1782.
.
Dernière édition par Mme de Sabran le Jeu 6 Fév - 9:23, édité 1 fois
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
J'ai une petite anecdote extraite des Mémoires secrets pour servir à l'Histoire de la République des Lettres, de Louis Petit de Bachaumont .
Voici !
2 juin 1785.
Le jour où Madame la duchesse de Lorge donnait à dîner à Madame la comtesse d'Artois, ne sachant comment amuser cette princesse dans la soirée, elle avait imaginé de lui faire voir la maison de Mr. le comte d'Orfay ( Grimod en son nom ) . Ce fils de financier très riche a donné dans les Arts, et en effet possède une des maisons de Paris les plus curieuses à voir pour la richesse, le goût, le luxe, et les singularités qu'elle renferme .
Ayant la faiblesse de rougir de sa naissance qui ne répond pas à ses vues ambitieuses, il a cherché à la couvrir par des alliances de femmes infiniment au-dessus de lui et tenant aux plus grandes maisons .
Mr. le comte d'Orfay, flatté de l'honneur que devait lui faire Madame la comtesse d'Artois, s'était hâté de réunir auprès de lui tous les grands seigneurs dont les deux femmes lui avaient procuré l'alliance . Mais tout cet étalage s'est trouvé inutile : Madame la comtesse d'Artois, qu'on n'avait pas consultée, a préféré d'aller à Bagatelle voir ses enfants qui ne s'y sont pas trouvés, parce que Mr. le comte d'Artois les avaient envoyés chercher pour leur faire rendre les hommages à la Reine, surtout par le duc d'Angoulême, Grand Prieur de France, à qui appartient le Temple, et chez lequel était alors par conséquent Sa Majesté .
Madame la comtesse d'Artois s'est trouvée réduite au spectacle de l'aérostat des sieurs Alban et Vallet, dont on a parlé . Ensuite, elle est revenue à Paris, voir les illuminations et le bouquet du comte d'Aranda .
.
Voici !
2 juin 1785.
Le jour où Madame la duchesse de Lorge donnait à dîner à Madame la comtesse d'Artois, ne sachant comment amuser cette princesse dans la soirée, elle avait imaginé de lui faire voir la maison de Mr. le comte d'Orfay ( Grimod en son nom ) . Ce fils de financier très riche a donné dans les Arts, et en effet possède une des maisons de Paris les plus curieuses à voir pour la richesse, le goût, le luxe, et les singularités qu'elle renferme .
Ayant la faiblesse de rougir de sa naissance qui ne répond pas à ses vues ambitieuses, il a cherché à la couvrir par des alliances de femmes infiniment au-dessus de lui et tenant aux plus grandes maisons .
Mr. le comte d'Orfay, flatté de l'honneur que devait lui faire Madame la comtesse d'Artois, s'était hâté de réunir auprès de lui tous les grands seigneurs dont les deux femmes lui avaient procuré l'alliance . Mais tout cet étalage s'est trouvé inutile : Madame la comtesse d'Artois, qu'on n'avait pas consultée, a préféré d'aller à Bagatelle voir ses enfants qui ne s'y sont pas trouvés, parce que Mr. le comte d'Artois les avaient envoyés chercher pour leur faire rendre les hommages à la Reine, surtout par le duc d'Angoulême, Grand Prieur de France, à qui appartient le Temple, et chez lequel était alors par conséquent Sa Majesté .
Madame la comtesse d'Artois s'est trouvée réduite au spectacle de l'aérostat des sieurs Alban et Vallet, dont on a parlé . Ensuite, elle est revenue à Paris, voir les illuminations et le bouquet du comte d'Aranda .
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Dominique Poulin a écrit:
Je vous présente enfin l'étude que j'avais promise sur l'intrigue qui avait focalisé l'attention sur la comtesse d'Artois en 1783 et 1784, intrigue qui à l'époque avait suscité beaucoup de conversations, de diversions et de rumeurs sans fondement. C'est pourquoi, dans un souçi de vérité, j'ai voulu rétablir la lumière sur une affaire privée qui s'est largement répandue dans le public pour prendre rapidement un parfum d'affaire d'Etat.
L’évanescence du temps qui nous échappe et la complexité de cette affaire qui, à ma connaissance, n'a jamais été sérieusement explorée, explique le retard dans la diffusion de cet article. Que les membres du forum veuillent bien me pardonner ce contre-temps que j'ai exploité au mieux par volonté d'exactitude.
Cependant, je souligne le fait que mon manuscrit a été préalablement expurgé de quelques extraits et détails importants. En effet, après réflexion, j'ai préféré retirer quelques parties du texte original, le Net représentant à raison ou à tort, le vivier d'une exploitation souvent désinvolte. Toutefois, je fais la promesse de publier un jour une partie de mes travaux et de révéler ainsi l'intégralité de l'orientation de mes recherches.
Dominique POULIN.
La Comtesse d'Artois, l'innocente victime d'une calomnie ?
A la fin du XVIIIe siècle, la femme du futur Charles X, troisième dame de la Cour de France, représenta la victime d'une intrigue feutrée ou les fils de la calomnie tentèrent de discréditer son image dans l'opinion publique et son honneur de femme et d'altesse royale.
Marie-Thérèse de Savoie avait épousé le comte d'Artois en 1773 pour remplir le premier de ses devoirs, donner des héritiers à la monarchie française. La comtesse d'Artois donna le jour à deux fils, les ducs d’Angoulême et de Berry, et à deux filles, Mesdemoiselles d'Artois et d’Angoulême, qui moururent la même année en 1783.
De fait, si la comtesse d'Artois avait assuré la relève de la dynastie au début du règne de Louis XVI et de Marie-Antoinette, force est de constater que cette princesse n'a pas suscité l'engouement de ses contemporais ni celui des historiens spécialistes des familles royales !
Pour une grande part, sa nature silencieuse et effacée, son tempérament mélancolique et introverti, et la médiocrité de son intelligence expliquent ce manque d'intérêt dont elle fut toujours l'objet. On lui a même attribué une réputation de laideur qui ne résiste pourtant pas à l'examen de bon nombre de ses portraits, et aux témoignages de Louis XV dans ses lettres à son petit-fils, le duc de Parme, ou à ceux de Madame Campan et de la baronne d'Oberkirch.
La fragilité psychologique et physique de cette princesse de porcelaine devait faire d'elle une cible désignée au sein d'une Cour sans concessions qui n'admettait pas une apparence de la faiblesse trop visible.
Les soupçons du marquis de Bombelles
Délaissée par un mari volage et libertin, avide de plaisirs, la comtesse d'Artois, dans son infortune, s'était enfermée dans une monotonie silencieuse, au point de se faire oublier de la plus grande partie de la Cour de Versailles. Les lettres et les Journaux intimes des contemporains ou les échotiers ne la citent que pour indiquer sa présence aux grands événements de la Cour ou pour souligner la médiocrité de son esprit.
Marie-Antoinette écrivait ainsi à son frère Joseph II, le 20 décembre 1783 : "Pour la comtesse d'Artois, qui ne sent rien, elle n'a pas été plus affligée de la mort de sa fille, que de tout autre chose."
Pourtant, en cette fin d'année 1783, la comtesse d'Artois est dans l'intimité feutrée de la famille royale, l'objet de conversations ou pointent l'inquiétude et un relent d'indignation et d'incrédulité. Une affaire de moeurs venait d'entacher sa réputation alors qu'en cette même année 1783, ses deux filles décédaient, la cadette le 22 juin à 6 mois, et l'aînée le 5 décembre à 7 ans. Or, il apparut que des rumeurs de grossesse partirent de la Cour témoignant que la princesse était enceinte d'un cinquième enfant qui n'était pas de son auguste épux ! Qui l'eut cru, la belle-soeur de Louis XVI et de Marie-Antoinette est devenue le point de mire des siens !
Le marquis de Bombelles, courtisan averti, note tous les faits et gestes de la Maison régnante dans son Journal. Il écrit le 16 novembre 1783 :
"Il y a du trouble dans l'intérieur de la famille royale. Depuis longtemps, on parle beaucoup, quoique fort bas, de la conduite de Mme la comtesse d'Artois. Ces propos furent tenus dès sa dernière grossesse, et M. le comte d'Artois ne s'est pas caché pour dire à ses tantes et à ses frères et soeurs que sa femme l'avait de nouveau tourmenté pour vivre avec elle il y a trois mois et qu'il s'y était à nouveau refusé. Aujourd'hui, il transpire que Mme la comtesse d'Artois est enceinte. Cela peut-être une calomnie s'il est prouvé que son mari n'a pas habité avec elle, ou la chose du monde la plus simple, si M. le comte d'Artois a vu sa femme.
Mais ce qui est positif, c'est que cette princesse, après avoir pleuré, sangloté toute la nuit dernière, a été saignée du bras ce matin et a gardé le lit ; que la reine, peu liée à Monsieur, lui a donné une audience de plus d'une heure et demie après la messe ; que M. le comte d'Artois, étant venu chez la reine, a fait demander avant d'entrer, s'il ne serait pas de trop ; que les deux frères, en sortant de chez la reine, avaient l'air fort occupés et chagrins ; que Madame, soeur de Mme la comtesse d'Artois, a eu souvent les larmes aux yeux dans le courant de la journée ; que la reine a prié Madame Elisabeth de ne pas aller sans elle chez la comtesse d'Artois ; et qu'enfin des avis venus de La Muette portent que la duchesse de Polignac, en recevant une lettre de la reine, a dit dans un premier mouvement : "Voici une lettre qui me cause une peine affreuse."
Le lendemain, Bombelles ajoute : "Mme la comtesse d'Artois s'est levée, mais son état est surement extraordinaire, à en juger par tout ce qui revient et par la manière dont sa famille parait être avec elle."
Pour bien comprendre les enjeux que soulèvent les informations de Bombelles, il est nécessaire de faire un recul en arrière de quelques mois.
Le 6 janvier 1783, la princesse accouche de son quatrième enfant, Mademoiselle d’Angoulême. La petite fille parait très chétive dès sa naissance et succombe au berceau dès le 22 juin. Or, le 23 juin, Bombelles renseigne son Journal en notant ce deuil, mais il ajoute surtout qu'un "sentiment douloureux" étreint la mère, et qu'"on ne conçoit pas ce qu'elle peut regretter en cet enfant... On parlerait pendant huit jours de la touchante douleur d'une femme qui aurait perdu un enfant qui lui serait venu de son amant" !!! En l'occurrence, quelques mois avant le scandale qui éclaboussa Marie-Thérèse de Savoie, des bruits et des doutes couraient déja sur la validité du ménage du couple princier et la fidélité de la comtesse d'Artois.
On en était là, lorsque le 16 et le 17 novembre, le marquis note une suite de détails concomittants concernant la belle-soeur du roi. Le ton sibyllin du narrateur permet également de supposer que la famille royale ne fait pas fête à la comtesse d'Artois, et que la princesse est soumise à une sorte de quarantaine dans ses appartements de Versailles. Ainsi, si effectivement un incident gênant touchant de très près Marie-Thérèse de Savoie s'était produit en novembre-décembre 1783, il est primordial de juxtaposer tous les renseignements disponibles en notre possession afin de démêler le vrai du faux, et vice-verça. L'entreprise est loin d'être aisée, et les informations recueillies , parfois difficilement, ne permettent pas de rétablir toute la vérité sur cette affaire. Toutefois, sur plusieurs points importants, notamment la trame chronologique de la fin de 1783 au printemps de 1784, nous pouvons éclairer plusieurs questions.
A suivre demain ou après-demain.
Mme de Sabran- Messages : 55279
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Dominique Poulin a écrit:
Fortune et infortune de Pierre Desgranges
A travers la comtesse d'Artois, un obscur personnage sortit de l'ombre pour soudain susciter la colère de Louis XVI qui n'admettait pas à ce que l'on attentat à l'honorabilité de la famille royale.
Ce personnage avait pour identité Pierre Desgranges. On le connait également sous d'autres pseudonymes comme Loquet-Desgranges ou encore Des Granges. Né à Barbezieux dans la province d'Angoumois le 5 juin 1754, il obtint l'honneur de conduire l'équipage du comte d'Artois jusqu'au relais de Reignac en juillet 1782. A ce moment, le frère cadet du roi traversait le sud de la France pour assister au siège de Gibraltar. Or, en raison de sa belle prestance et de ses qualités viriles, Desgranges fut remarqué par le prince, ou du moins par son entourage, qui le fit entrer dans sa compagnie de gardes du corps le mois suivant.
Issu d'une famille de maîtres de poste, l'état social de ce jeune angoumoisin correspondait à la fin du XVIIIe siècle à la moyenne bourgeoisie. Il avait probablement reçu une éducation et une instruction lui permettant de se présenter à son avantage dans des milieux au-dessus de sa condition. Pour entrer aux gardes du corps dans la Maison du roi ou dans celle des princes de la famille royale, il fallait etre "haut de cinq pieds quatre pouces au moins, bien fait, bien facé, d'un âge mûr, de famille noble ou du moins hors du commun". Pour cet Angoumoisin de vingt-huit ans, cette faveur correspondait à un sésame inespéré de gratifiantes promesses dans le cénacle de Versailles. De fait, avec le recul du temps, on peut comprendre l'étendue du bouleversement intérieur qui s'opéra dans la tête de ce jeune provincial !
L'année suivante, selon une tradition historique, Pierre Desgranges sauva le comte et la comtesse d'Artois de la mort ou du moins d'un accident très grâve, lorsque les chevaux du carosse princier s'emballèrent subitement, et que de sa seule force qualifiée "d'herculéenne", il parvint à maitriser l'équipage. Le frère du roi le récompensa généreusement en lui obtenant un grade de capitaine de cavalerie au régiment des cuirassiers du roi le 31 mai 1783. Ainsi, de juillet 1782 à l'automne 1783, tout va pour le mieux pour la fortune de Pierre Desgranges. Il assure la sécurité du comte et de la comtesse d'Artois et moins d'un an après sa première faveur, il obtient une substantielle promotion grâce à un courage indéniable lorsque ses maitres encouraient un danger certain.
Hélas ! les mirages annonciateurs d'un brillant avenir s'écroulèrent pour lui le 30 novembre 1783 lorsque Louis XVI en personne délivra une lettre de cachet à son encontre :
"M. le marquis de Launay, Je vous fais cette lettre pour vous dire de recevoir dans mon château de la Bastille le sieur Desgranges et de l'y retenir jusqu'à nouvel ordre de ma part. "
De son coté, le lieutenant de police de Paris, M. Lenoir écrit ce billet le 2 décembre 1783 : "Je vous prie Monsieur de faire veiller nuit et jour M. Desgranges et de placer avec lui l'homme le plus sûr qui puisse répondre de sa personne."
Le témoignage de Madame d'Oberkirch
De quelle faute s'était donc rendu coupable "le sieur Desgranges" pour que ce dernier encore l'hire du roi au point de le faire arréter pour l'incarcérer à la Bastille ?
Deux cent vingt-huit ans après cette mystérieuse affaire, il est délicat de faire le lien entre ce provincial d'origine charentaise et l'évanescente comtesse d'Artois dont il assurait la sécurité. Cependant quelques rares contemporains ont cité sans équivoque le nom de Desgranges dans leurs Mémoires, leurs Journaux intimes ou leurs correspondances. C'est dire, combien un parfum de scandale a dû souffler de bouche en bouche de Versailles à Paris dans les milieux de la Cour et de la haute société Parisienne... Il s'agit principalement des témoignages de la comtesse de Boigne et de la baronne d'Oberckirch. La première était issue d'une famille vivant à la Cour, mais son témoignage est malheureusement largement rétrospectif de cet épisode de la vie de la comtesse d'Artois, et d'autre part Mme de Boigne ne s'appuie que sur des confidences vraisemblablement erronées par la déformation de la rumeur. Plusieurs de ses informations relatives à cette affaire se révèlent effectivement fausses, notamment à propos des conséquences de cet événement dans la vie de Desgranges les années suivantes.
Le second document est celui de la baronne d'Oberkirch. Née dans le sein de la noblesse Alsacienne, elle s'était liée dans sa jeunesse avec la princesse Sophie-Dorothée de Wurtemberg qui épousa en 1776 le tsarévitch Paul de Russie. Or en 1782, l'héritier du trône impérial et son épouse sous les titres de Comte et Comtesse du Nord, entreprirent un grand voyage qui les transporta dans un grand nombre de Cours d'Europe. Versailles les accueillit fastueusement et la baronne ne se fit pas faute de revoir son auguste amie. Notre mémorialiste devait faire trois longs séjours à Versailles et Paris en 1782, 1784 et 1786. Au crépuscule des dernières années de la monarchie française d'Ancien Régime, Mme d'Oberkirch cotoya une foule de personnages influents et célèbres. Femme d'esprit, elle compila un grand nombre d'informations et d'anecdotes. De fait, si son témoignage relatif à l'affaire qui touche Marie-Thérèse de Savoie n'est peut-être pas exempt d'inexactitudes, il parait à tout le moins beaucoup plus solide par rapport à celui décrit par la comtesse de Boigne.
C'est pourquoi, il m'a parut intéressant de reproduire une partie de l'extrait qui concerne directement cette troublante intrigue :
"On parlait beaucoup alors d'un scandale qui venait de se produire à la Cour, et qui prenait alors des proportions fort désagréables. M. le comte d'Artois avait alors un gentilhomme ordinaire, nommé Desgranges ; c'était un homme de peu et fort déplacé chez le frère de Sa Majesté. Il était d'une beauté fabuleuse, beauté qui passait en proverbe et qui servait de point de comparaison. Cette beauté lui avait servi peu-être à lever les obstacles, mais il parvint d'abord, je ne sais comment, malgré sa basse extraction, à entrer dans les gardes d'Artois. Il a de l'esprit, beaucoup d'intrigue, une grande bravoure et l'envie de parvenir à tout prix.
...........Il eut l'infortune de calomnier sa bienfaitrice. Madame la Comtesse d'Artois s'intéressait à lui comme à un homme ayant sauvé la vie à son mari et à ses enfants. Elle le combla de bontés ; pure et vertueuse à l'égal de son auguste famille, elle ne songea point à la calomnie. Mais ce Desgranges, fat de garnison, osa se vanter d'avoir plu à Son Altesse Royale, parla à ses camarades de prétendus rendez-vous donnés, montrer des lettres supposées, et parvint enfin à répandre d'infâmes bruits sur une princesse que son rang et sa conduite devaient placer au-dessus de pareilles atteintes.
M. le Comte d'Artois en fut instruit, il alla trouver le roi. Desgranges fut arrété, interrogé, sommé de produire des preuves de ses calomnies, et finit par se rétracter honteusement, faisant à genoux amende honorable. Madame la comtesse d'Artois eut bien du chagrin de cette aventure et de tout le bruit qui en résulta. Personne, cependant, même les esprits les plus malveillants et les plus mal faits, n'a songé à l'accuser. Elle a été fort applaudie à l'opéra la première fois qu'elle y a paru ensuite. Tout le monde s'est combien cette princesse est attachée à ses devoirs et à son époux. Une fois, au moins, la calomnie qui ménage si peu les princes et les rois n'a pas été écoutée."
Ombres et lumières chez les gardes du corps
Ainsi, si dans un premier temps, Pierre Desgranges avait su profiter habilement mais de façon honnête et à priori à son honneur de la faveur du comte d'Artois, l'épouse du prince aurait elle-même surenchéri en le comblant de "bontés". N'avait-il pas sauvé le couple princier dans un accident de carosse ? Aussi, il faut souligner que les "bontés" de la princesse de Savoie ne sont pas à prendre sous un sens trivial ou péjoratif. Il faut savoir que la société des princes reposait sur leurs Maisons qui regroupaient leur entourage curial et leur domesticité. Toutes ces personnes à des degrés et des niveaux très divers constituaient les services qui régissaient les vies officielles et privées de leurs maîtres. Le service de la garde qui assurait la protection des princes et princesses aux portes de leurs appartements ou dans leurs déplacements en faisait partie.
Toutefois, il ne semble pas que le sieur Desgranges se fut trouvé dans la proximité immédiate de la comtesse d'Artois au château de Versailles car il ne portait pas l'appellation de "garde de la porte" mais bien celle de "garde du corps", relative aux allées et venues de la princesse, à pied, en chaise à porteurs ou en carosse. Il appartenait aux "troupes montées", c'est-à-dire à cheval. D'ailleurs, son grade de capitaine de cavalerie confirmerait cette orientation.
Gilbert Bodinier dans son ouvrage "Les Gardes du Corps de Louis XVI" précise à cet égard : "L'officier de service ne quittait jamais le roi, de son lever à son coucher. La nuit, il couchait dans un logement attenant à la maison du monarque. A six heures du soir, les gardes du corps relevaient les gardes de la porte. Ils accompagnaient la famille royale au cours de ses déplacements. Ce service leur permettait d'approcher le roi, la reine et les menbres de la famille royale, aussi était-il envié et recherché...". Il l'était également, quoique à un niveau moins prestigieux, dans les maisons des frères du roi.
L'affaire "Comtesse d'Artois-Desgranges" fit apparement beaucoup de bruit, du moins à la Cour et à Paris dans les cercles de l'aristocartie et les salons.
Les Mémoires Secrets prirent le relais en écrivant que Desgranges avait été "arrété avec un grand mystère et beaucoup de rigueur" et en ajoutant que "c'est un très beau cavalier qui se vantait d'être entretenu par les femmes, et on veut qu'il ait découvert qu'il avait mérité les bontés d'une grande princesse dont il avait fait le portrait qu'il a prétendu tenir d'une femme de chambre. Tout cela a l'air très romanesque, très calomnieux et très obscur. Il faut attendre d'autres éclaircissements."
Puis très vite, les Mémoires Secrets commentent : "Personne ne doute aujourd'hui que les bruits répandus sur Mme la comtesse d'Artois, avec un éclat scandaleux, ne soient une calomnie, mais provenue sans doute d'une cabale assez puissante pour n'en pas craindre les suites. Quoi qu'il en soit, on assure que le roi et M. le comte d'Artois redoublent d'attentions envers elle depuis ces bruits infâmes."Quant à l'ex-garde du coprs, la Chronique émet plusieurs hypothèses sur le lieu de son incarcération : 'les uns le mettent à la Bastille, les autres à Pierre-Encize, d'autres aux îles Sainte-Marguerite, d'autres au cabanon de Bicêtre...". La forteresse de la Bastille était la bonne.
Néanmoins, si Pierre Desgranges fit "l'actualité" pendant quelques temps, un autre de ses condisciples partagea son sort ! Il s'agissait d'un deuxième garde du corps du comte d'Artois, François de Bordes, chevalier de Sarradas. Une lettre de cachet l'expédia lui aussi à la Bastille le 3 décembre 1783 : "Le sieur chevalier de Sarradas, garde du corps, de M. le Comte d'Artois, conduit à la Bastille par le sieur Saubois, inspecteur de police, le 3 décembre 1783, à deux heures et demie du matin."
Sur ce point, on a invoqué parfois le nom d'un garde du corps nommé Loquet, mais il semblerait vraisemblablement qu'une erreur ait été commise.
Car ce Loquet ne cachait rien moins que Desgranges ! En effet, l'Angoumoisin portait alternativement le nom de Loquet, nom patronymique de l'une des branches de sa famille, et de Desgranges. Par ailleurs, dans certains textes, le nom de Desgranges se lit Des Granges ! Au XVIIIe siècle, l'identité des personnes n'était pas aussi explicite que de nos jours, loin s'en faut, et son cas n'est pas isolé. L'on verra même par la suite que notre personnage se fera appeler Des Barrières...
En l'occurrence donc, il s'agit bien du sieur de Sarradas qui fut associé dans la disgrâce avec Desgranges, le comte d'Artois selon toute apparence ayant voulu épurer sa maison militaire des éléments qui portaient atteinte à son honneur et à celui de son épouse. Cependant, comme pour Desgranges, le motif de l'incarcération de Sarradas est resté secret. Mmes de Boigne et d'Oberkirch et le marquis de Bombelles n'ayant évoqué ni son nom, ni encore moins son existence. Seules les Archives publiques prouvent la prise de corps de Sarradas, attaché comme Desgranges à la sécurité du couple princier Artois, les deux jeunes gens ayant été arrêtés à un jour d'intervalle. Le fait, il est vrai, est étrange et les questions qui s'ensuivent ne manquent pas. Quel était leur niveau de complicité si un lien patent ou fortuit entre eux était établi avec la princesse de Savoie ? Qui était le plus compromis des deux et pour quels motifs directs ? Il est impossible de le dire, les deux hommes ayant été emprisonnés sur lettre de cachet et ces lettres signées du roi demeuraient par définition muettes sur leurs mobiles et cela d'autant plus qu'ils n'appartenaient pas à de grandes familles comme les marquis de Mirabeau et de Sade qui furent incarcérés sur lettre de cachet pour excès de libertinage.
La suite dans quelques instants...
Mme de Sabran- Messages : 55279
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Dominique Poulin a écrit:
Des éléments qui innocentent la comtesse d'Artois
Au centre de la question, à l'instar des deux officiers, et plus particulierement de Desgranges, quelle était la situation de la comtesse d'Artois, l'état de son esprit et de son corps ? Comme nous le savons, cette princesse a toujours vécu dans une discrétion farouche et si quelquefois on a parlé d'elle, ce fut bien contre son gré.
Trois mois après l'incarcération de l'impertinent garde du corps, le marquis de Bombelles note dans son Journal le 15 février 1784 : "Pour Mme la comtesse d'Artois, elle ne parait nulle part, et depuis Fontenaibleau, ne sort que pour aller le dimanche chez le Roi et les autres jours, à la messe ou à la promendade." Faudrait-il en déduire que la belle-soeur du roi avait quelque chose à cacher ? Une grossesse malencontreuse dont Pierre Desgranges aurait été le père biologique et dont quelques contemporains dont Mme de Boigne se sont hâtivement empréssés de faire le lien ? A l'examen des sources dont nous disposons, autant à propos de cette affaire que pour la vie de la comtesse d'Artois, l'existence d'une grossesse "honteuse" puis la naissance d'un enfant adultérin, ne résistent pas à la réalité historique qui à travers cette question se révèle bien plus prosaîque !
Ainsi quand Bombelles dit que la comtesse d'Artois "ne parait nulle part", cela ne signifie pas qu'elle ne sort jamais de son appartement Versaillais, mais qu'elle ne parait plus à cette période aux réceptions, bals et fêtes de la Cour. Le marquis dit bien qu'elle va chez le roi le dimanche, certainement pour y diner ou y souper avec la reine et la famille royale, qu'elle se rend à la chapelle du château pour assister à la messe et que ses promenades se poursuivent à leur rythme ordinaire.
Si certes Marie-Thérèse de Savoie n'a jamais figuré comme un astre à la Cour comme le furent la comtesse Du Barry ou Marie-Antoinette, force est de constater que lors du premier semestre de 1784, elle vivait beaucoup plus retirée qu'auparavant. Il y a à mon avis deux raisons mais aucune qui ne tient lieu à une pseudo-grossesse cachée !
On occulte trop rapidement que quelques mois auparavant la princesse a perdu coup sur coup ses deux filles, d'abord un nourrisson de cinq mois le 22 juin 1783, puis sa fille aînée à l'âge de sept ans le 5 décembre 1783. Par conséquent entre le 5 décembre 1783 et le 15 février 1784, le jour ou Bombelles dit qu'elle "ne parait nulle part", trois mois se sont écoulés, et il ne faut pas chercher plus loin pour dire que la comtesse d'Artois est en plein deuil et que pour cette raison elle ne se montre plus dans le monde officiel. Son existence est désormais privée, elle vit dans "la retraite", comme l'on disait alors en langage de Cour.
De plus, le peu de goût qu'avait Marie-Thérèse de Savoie pour la Cour, en raison de ses insuffisances intellectuelles, qui représentait pour elle un milieu frelaté et perfide, a probablement conditionné cette ligne de conduite. La mort de la petite Mademoiselle en décembre, lui a donné outre le temps nécessaire à l'observation du deuil, en l'occurrence un an pour le décès d'un enfant, une circonstance de plus pour vivre dans la retraite auquelle elle aspirait.
Cette première constatation faite, une deuxième apparait. Une relation proche a t-elle existé entre la princesse de Savoie et l'officier Pierre Desgranges ?
Aucun document étayé ne permet d'avancer une hypothèse tangible sur cette question, et si la princesse esseulée apres les écarts de son mari, a peut-être contemplé d'un oeil concupiscent son garde du corps à 'la beauté fabuleuse" selon Mme d'Oberkirch, nous le le saurons jamais.
D'autre part, j'ai avancé plus haut que Desgranges ne portait pas l'appellation de garde de la porte, mais celle de garde du coprs qui consistait à protéger les personnages illustres dans leurs déplacements, mais pas à demeurer à la porte des appartements royaux et princiers, ou à surveiller les entrées directes et indirectes, en sentinelles. Par ailleurs, sur un plan pratique, il était impossible à un officier d'entrer dans l'appartement dit privé de la princesse, sa place sulbalterne vis-à-vis de la belle-soeur du roi le lui interdisant formellement par l'étiquette. Il ne faisait pas partie à proprement parler de la Maison de la comtesse d'Artois et il relevait au contraire directement de celle du comte. En revanche, les grands officiers de la princesse de Savoie comme le Premier Aumonier, le Chevalier d'Honneur ou le Secrétaire des Commandements avaient eux un accès privilégié auprès de Marie-Thérèse de Savoie. Sur ce point précis, les comtes de Provence et d'Artois, possédaient des Maisons militaires, cependant beaucoup plus réduites par rapport à celle considérable de Louis XVI. Les gardes qui étaient appelés à la protection des princes pouvaient servir alternativement tant à la sécurité de leurs maîtres qu'à celles de leurs épouses. C'est pourquoi Pierre Desgranges est toujours considéré comme "garde du corps du comte d'Artois".
La suite probablement demain ! Cool
Mme de Sabran- Messages : 55279
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Dominique Poulin a écrit:
Une princesse très fragile
Toujours est-il que les remous autour de la comtesse d'Artois rapportés par le marquis de Bombelles les 15 et 16 novembre 1783 projettent un doute sur la question d"un quelconque lien, parce qu'il dit "qu'il transpire que Mme la Comtesse d'Artois est enceinte" en soulignant toutefois qu'il pourrait s'agir d'une calomnie.
Il remarque que la princesse est dolente au point d'avoir été saignée et de garder le lit. L'agitation gagne la famille royale : Marie-Antoinette s'entretient avec les comtes de Provence et d'Artois pendant plus d'une heure, ; la comtesse de Provence, soeur de Marie-Thérèse, pleure ; Madame Elisabeth qui entretient des relations cordiales et affectueuses avec la comtesse d'Artois se voit interdire la porte de l'appartement de la princesse si elle ne se trouve pas chaperonnée par la reine ! Tous ces détails sont intriguants ! De même les très officiels Mémoires Secrets qui ne le sont oas, déclarent que "Le Roi et M. le Comte d'Artois redoublent d'attentions envers elle (la comtesse d'Artois) depuis ces bruits infâmes."
Pour déméler la vérité des informations sans fondement et des on-dits, il suffit de dégager quelques remarques simples à partir de faits irréfutables pour trouver une cohérence historique :
1.
Dans la quinzaine du mois de novembre 1783, le marquis de Bombelles évoque la comtesse d'Artois sur un ton circonspect au sujet de rumeurs de grossesse et de l'agitation de la famille royale à ce sujet.
2.
Le 30 novembre 1783, Louis XVI signe une lettre de cachet à l'encontre de Pierre Desgranges, garde du corps du comte d'Artois.
3.
"Le mardy 2 décembre 1783 à huit heures du soir" Desgranges, escorté de trois inspecteurs de police est incarcéré à la Bastille.
4.
"Le 3 décembre 1783, à huit heures et demie du matin", le chevalier de Sarradas, autre garde du corps du comte d'Artois, est lui aussi incarcéré à la Bastille sur l'injonction d'une lettre de cachet.
5.
Dans leurs Mémoires, Mmes de Boigne et d'Oberkirch citent explicitement Desgranges, qui pour la première aurait eu une relation équivoque avec la comtesse d'Artois, mais pour la deuxième aurait flétri honteusementi l'honneur de la princesse.
De fait, au constat de la documentation consultée et des informations déclinées, aucune preuve ne permet de dire que la comtesse d'Artois était enceinte à la fin de 1783.
Sans malice, naîve, Marie-Thérèse de Savoie connaissait sans doute, mais fort mal, ce "fat de garnison" qui la sauva dans un accident de carosse. Mais la temeirité de Pierre Desgranges le poussa à "se vanter d'avoir plu à Son altesse Royale", il abusa de la faiblesse de la comtesse d'Artois dont il avait perçu les carences psychologiques et intellectuelles et sa promotion de capitaine de cavalerie et de gentilhomme du frère du roi lui enlevèrent toute prudence. Ambitieux, de tempérment entreprenant, ses indiscrétions et ses mensonges provoquèrent sa perte.
Quand le scandale éclata, Marie-Thérèse de Savoie sut qu'un des hommes qui la servait avait répandu des calomnies sur sa personne et dans ce contexte, il est possible que le comte d'Artois ait réalisé tardivement la grande fragilité de son épouse. Car manifestement dénuée d'esprit, elle pouvait susciter malgré elle, des malveillances et des nuisances et porter atteinte à son intégrité de femme et de princesse. L'empereur d'Autriche, Joseph II dira crûment qu'elle était "imbécile".... C'est pour cela qu'en raison de sa vulnérabilité, la famille royale "redouble d'attentions envers elle" losque l'affaire Desgranges fut mise à jour. Désormais, on surveillera avec plus de soin son entourage.
En outre, la comtesse d'Artois, de complexion nerveuse, extrêmement émotive,était naturellement encline à l'humeur noire. Les descriptions péjoratives à son endroit ne manquent pas : revêche, triste, inexpressive, elle était probablement sujette à des maux psychiques qui la contraignaient de vivre isolée.
Lors d'une très grâve maladie en 1781 qui faillit l'emporter, elle perdit toute lucidité en poussant selon Angélique de Mackau, marquise de Bombelles "des hurlements affreux" parce que sa soeur la comtesse de Provence n'était pas auprès d'elle. De même, en exil, à la fin de sa vie, elle manifesta un étrange comportement qui alerta son entourage. La santé morale et nerveuse de la famille royale de Savoie dont elle était issue n'était pas très solide car sa soeur Marie-Joséphine et son frère aîné Charles-Emmanuel, Prince de Piémont, souffraient de symptômes psychiques.
Il demeure également un état de fait qui plaide en l'innocence de la comtesse d'Artois avec Pierre Desgranges. La princesse était extrêmement timide, renfermée sur elle-même. Le terme de sauvagerie n'est pas exagéré dans sa pathologie médicale.
Si certes, au début de son mariage, "elle se cachait comme un sylphe dans ses rideaux quand au moment de se lever, il lui fallait s'habiller devant une nombreuse assistance", l'angoisse de Marie-Thérèse de Savoie n'est pas surprenante, elle qui avait vécue son enfance dans une Cour très rigoriste et guindée. A Turin, on maintenait les petites princesses dans une austérité presque claustrale. Sa soeur la comtesse de Provence et la reine Marie-Antoinette abhorraient également l'étiquette de la Cour de France, mais elles avaient plus de facilités pour cacher leurs sentiments. Il n'en était pas de même pour la comtesse d'Artois qui souffrait peut-être d'un syndrôme phobique car elle vécut toujours très isolée, ou du moins dans la mesure ou cet isolement lui permettait de se limiter aux dames de sa suite qu'elle préférait, aux femmes de chambre qui partageait son intimité et en qui elle avait confiance, ou à ses enfants.
Dans ces circonstances, on voit mal cette jeune femme timorée se laisser séduire par un de ces gardes du coprs ! D'autant plus, qu'elle avait la parole rare et son hyper-timidité et son hyper-émotivité lui barraient toute privauté. Le malhonnête officier Desgarnges se contenta probablement d'exploiter le nom de la trop fragile comtesse d'Artois dans le seul but d'assurer l'ascension de sa fortune. Il le paya de six mois de Bastille.
De fait, les déclarations du Journal de l'Abbé de Véri, le 1er mai 1784 restent fortement sujettes à caution au sujet de "l'enfant adultérin" qu'il invoque et pour toutes les raisons déclinées içi :
"L'enlêvement pendant l'hiver 1783-84 de deux gardes du corps du comte d'Artois, l'un réputé pour des faveurs de la comtesse d'Artois, l'autre être son médiateur, avait fait un éclat. Et la naissance le dimanche des Rameaux (4 avril) d'un enfant adultérin aussitôt disparu, était parvenue à la connaissance du public. La comtesse d'Artois avait fait face à la cabale. Elle aurait dit au Roi, ou à la Reine, ou à la Comtesse de Provence : "J'avais encore la meilleure conduite des trois."
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Re: Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois
Dominique Poulin a écrit:
Sur les traces de Pierre Desgranges dit de Barrières...
L'affaire perdit beaucoup de son acuité dans les cinq années qui précédèrent la Révolution de 1789 ; peu à peu elle se confondit dans les "faits divers" de la Cour dont on avait perdu les fils. Personne, hormis Louis XVI, le comte d'Artois et quelques personnages très influents comme le baron de Breteuil, ministre de la Maison du Roi en 1783-1784, connurent les tenants et les aboutissants qui touchèrent la comtesse d'Artois et Pierre Desgranges.
Toutefois, on sait ce que devint cet officier après son incarcération à la Bastille et le plus surprenant dans le déroulement de cette affaire est de constater que l'ancien garde du corps limita les dommages qui auraient pu entraver sa vie publique.
Desgranges ne resta que quelques mois à la Bastille, son emprisonnement se termina au plus tard au début de l'été 1784 : ce premier constat souligne le fait que si le garde du corps du frère du roi s'était rendu coupable d'une faute qui avait imposé l'injonction d'une lettre de cachet, force est de reconnaitre que son emprisonnement fut court. En théorie, la signature du roi seul permettait la main levée d'une lettre de cachet ; Louis XVI ne fut donc pas excessivement sévère avec celui qui avait terni l'honneur de sa belle-soeur. En outre, les modalités de sa libération furent fort douces. Un élément de plus qui témoigne de la clémence royale. Sa faute n'était donc pas si grâve et les rumeurs de liaison avec la comtesse d'Artois et plus encore "d'un enfant adultérin" selon l'Abbé de Véri, reléveraient en conséquence de bruits sans fondement.
Dans un premier temps, Desgranges, pour prix de sa libération, se fit appeler "de Barrières". On sait, comme l'a vus précedemment que ce dernier s'est fait connaitre sous les noms de "Loquet", "Desgranges", voire avec la particule "Des Granges", ce qui dans ce dernier cas était fréquent dès qu'une famille accédait à une position de petits notables et possédait des biens en terres. De plus, il est important d'inclure que le second garde du corps du comte d'Artois, le chevalier de Sarradas, qui avait été incarcéré à la Bastille presque en même temps que Desgranges, fut libéré dans les mêmes conditions. Sarradas changea de nom pour Marsolas.
Ces changements d'identité au moment de la libération de Desgranges et de Sarradas posent question : certes l'exactitude des registres de l'état-civil que l'on connait auourd'hui n'avait pas les mêmes exigences au XVIIIe siècle, les noms des familles pouvant se modifier avec le temps. Mais la multiplication des patronymes dans notre cas de figure fait émettre un doute sérieux.
Selon notre avis, Desgranges transformé en de Barrière, puis Sarradas en Marsolas, indiquent une substitution d'identité voulue soie par l'autorité royale, soit délibèrement par nos deux protagonistes. Pour le cas précis de Desgranges, son nom était probablement trop connu pour qu'il puisse le conserver. Mme d'Oberkirch cita son nom sans ambiguité dans ses Mémoires, elle ne l'a donc pas oublié, ce qui souligne l'éphémère notorieté de Desgranges !
Entachés dans leurs réputations, mais libres, de Barrières ex-Desgranges et Marsolas ex-Sarradas, ne pouvaient plus servir dans les maisons de la famille royale, ni au regard des autorités administratives, rester en France. On les dépécha loin du continent à Saint-Domingue qui appartenait alors au royaume de France.
Ils débarquèrent probablement à la fin de l'été 1784 ou au début de l'automne. Le baron de Breteuil, ministre de la Maison du roi, géra personnellement ce dossier délicat qui relevait de ses attributions. Il écrivit à Louis XVI pour l'informer des conditions du départ des ex-gardes du corps du comte d'Artois :
"Les sieurs Barrières et Marsolas partiront le 25 de ce mois (juillet 1784) pour Saint-Domingue. Votre Majesté m'a autorisé à leur promettre qu'ils seront pourvus chacun d'un greffe dans la colonie. Je la supplie d'approuver que je fasse connaitre à M. le maréchal de Castries que l'intention de Sa Majesté est que les sieurs Barrières et Marsolas soient nommés aux deux premiers greffes qui vacqueront."
La fonction de greffe ou de greffier était très répandue sous l'Ancien Régime et il en existait de multiples dans des domaines très différents : greffiers des notifications, greffiers des apprentissages, greffiers conservateurs des registres de baptême... Par ailleurs, son aspect lucartif était très important, car le greffe était affecté au prélèvement de droits autant pour celui qui recevait et expédiait les jugements, que pour ceux réservés au roi.
De Barrières et Marsolas se voyaient traités avec clémence, ils bénéficiaient d'un traitement de faveur. Le second se vit attribuer le brevet de greffier de la Sénéchaussée de Cayes en mai 1785, puis Barrières reçut celui de greffier en chef de l'Amirauté du Cap en juin 1785 avec "les honneurs, autorité, prérogatives, exemptions, droits et émoluments...". Ces nominations sont authentiques, les brevets portent la signature de Louis XVI et sont conservés aux Archives Nationales.
Cependant, l'octroi de ces sinécures ne se fit pas sans mal, les bénéfices qu'elles procuraient appelant une foule de candidats empréssés et avides ! Barrières subit la dragée haute de ceux qui ne voulaient pas le voir à cette place. Au Cap, on contesta ses droits, on le soupçonna même de tromper frauduleusement les autorités en place ! L'ex-garde du corps en appela à l'arbitrage du baron de Breteuil qui a Versailles avait préparé les modalités de son départ. Bon gré, mal gré, la médiation du baron de Breteuil enterina la nomination effective du sieur de Barrières au greffe de l'Amirauté du Cap. On constate dans ces péripéties la difficulté manifeste de l'ancien officier à se faire reconnaitre sous son nouveau nom à Saint-Domingue. Sa requête à Versailles insiste sur ce point litigieux qui jette une ombre sur l'affaire qui l'avait précipité à la Bastille en 1783.
L'ex-garde du corps tient des propos troublants :
"Ma position aurait pu me décider de passer sous silence les épithètes aussi fausses qu'indécentes mais comme par les propos qu'on tient içi je ne suis pas le seul compromis. J'ai cru établir aussi ma défense en donnant des preuves non équivoques de la légitimité du nom de de Barrières, ce qui a été prouvé par les lettres que les administrations m'avaient écrites depuis que je suis dans la colonie, par celle de recommandation que vous avez eu la bonté de donner à mon départ de France..."
L’esprit d'entreprise et la volonté de Barrières ne furent pas mis en défaut : aux Antilles, il acheta une plantation qui malheureusement périclita. Endetté, il devra s'en séparer et la Révolution sévissant à Saint-Domingue, on perd sa trace après 1794. Peut-être y est-il mort?
Ainsi, si la carrières de "Barrières" ex-Desgranges aux Antilles tient peu de place dans l'articulation de notre propos, il est primordial de s'interroger sur l'indulgence du traitement dont il bénéficia après sa libération de la Bastille. L'attribution d'un greffe lucratif au Cap à Saint-Domingue (25 000 livres par an), laisse supposer que l'administration royale le ménagea. Le ministre Breteuil ne lui avait-il pas diligenté une lettre de recommandation avant son départ ? Et de même n'avait-il pas appuyé le changement d'identité de Desgranges pour celui de "de Barrières" ? Il est possible que ce nouveau nom relevait d'un domaine de la famille de l'ex-garde du corps. Rappelons-le, la famille Loquet-Desgranges appartennait à la bourgeoisie Angoumoise de Barbezieux ou elle exerçait depuis le début du XVIIIe siècle la charge de maitre de poste. Elle portait des armoiries "d'or à un ours passant de gueules, surmonté d'une étoile de même". Le doute n'est donc pas permis : sa parentèle était donc considérée comme hononrable du fait de sa charge et de l'aisance qui en découlait. De même, la rente foncière était indispensable dans la France d'Ancien Régime pour qui possédait un peu de fortune : elle assurait des revenus et la respectabilité d'une famille. Les Loquet-Desgranges ont très bien pu posséder une terre portant le nom de "Barrières" dont Pierre Desgranges porta le nom à partir de 1784.
Néanmoins, ce nouveau patronyme ne parait pas fortuit. L'officier a voulu délibérement occulter le scandale et la lettre de cachet dont il avait été l'objet suivis de six mois de détention à la Bastille. Il faut reconnaitre également que l'enfermement dans une prison d'Etat ne déshonnorait pas forcément les personnes, car dans beaucoup de cas elles n'étaient nullement considérées comme infâmes dans la société. Le duc de Lauzun au XVIIe siecle, ou Voltaire au siècle suivant qui en firent l'expérience, préservèrent leurs intérêts et leurs vies ne furent pas brisées.
Si l'ex-garde du corps ne sortait pas sali de sa détention sur lettre de cachet, reste tout de même le mobile qui l'y avait conduit : ses imprudences verbales et sa vantardise au sujet de la comtesse d'Artois. Mme d'Oberkirch a parlé "de prétendus rendez-vous donnés", de "lettres supposées", "d'infâmes bruits sur une princesse que le rang et la conduite devaient placer au-dessus de pareilles atteintes". Qu'a-t-il dit et qu'a-t-il fait exactement pour entacher la réputation de la belle-soeur de Louis XVI et de Marie-Antoinette ? II n'a pas été possible de le savoir au travers de cette enquête, mais si probablement il n'y a pas eu une ombre de contact charnel entre Desgranges et la comtesse d'Artois, reste que répandre des calomnies offensantes sur un menbre de la famille royale était dangereux d'autant plus qu'il était le seul prévenu à l'exception d'un autre garde du corps, Sarradas, qui aurait été son médiateur. Qui plus est il n'avait pas de reseau d'influence à la Cour. La comtesse de Marsan pouvait se permettre de se moquer des comtesses de Provence et d'Artois, mais son rang et la puissance de sa famille la protégeaient. Rien de tel pour Desgranges !
Enfin, deux dernières observations méritent d'être soulevées : la première repose sur le fait que Pierre Desgranges, en qualité de garde du corps de la famille royale avait failli au réglement auquel il était assujéti. La membres de la Maison militaire du roi et de ses frères étaient sensés avoir une bonne conduite de moeurs et sans aucun doute étaient-ils tenus à un devoir de réserve à propos des altesses qu'ils protégeaient. En ce qui concerne précisèment les compagnies de gardes du corps, il n'était pas rare qu'un certain nombre fussent renvoyés pour débauches, tapages à l'ordre public, ivrognerie avérée ou encore pour dettes de jeu impayées. Au XVIIIe siècle, d'autres gardes du coprs de princes furent détenus dans des prisons d'Etat sur lettre de cachet.
Il est possible qu'un faisceau de ces éléments exposés présentent une concordance avec l'incarcération de Desgranges, mais si ce dernier avait diffamé l'épouse de son maitre en laissant entendre que la comtesse d'Artois n'était point insensible à son charme, il avait manifestement dépassé la mesure, et le comte d'Artois le limogea tandis qu'une instruction punitive était expédiée à son endroit.
Notre deuxième observation rappelle le courage méritoire de Desgranges qui au cours de sa brève carrière de garde du corps n'en avait pas moins sauvé le comte et la comtesse d'Artois d'un péril mortel :
"Un jour il escortait la voiture de leurs Altesses Royales. Les chevaux s'emportèrent et les menaient tout droit au pont de Sèvres, alors en réparation ; ils les auraient immanquablement jetés à la rivière. Desgranges poussa en avant, au risque de se faire écraser vingt fois, et en détournant de toute sa force qui est herculéenne un des chevaux de devant, il fit dévier l'équipage que l'on parvint à arréter quelques instants après, dans le champ ou il s'était engagé."
Ainsi, si certes le jeune Angoumoisin manquait de circonspection dans ses paroles et son langage, il apparait indéniable qu'il ne manquait pas de bravoure au risque de perdre la vie à son tour. Sa temeirité ne fut sans doute pas oubliée, et selon nous cet acte de courage exemplaire a influé dans les conditions de sa libération et l'obtention d'une sinécure à Saint-Domingue.
Pierre Desgranges devenu Pierre de Barrières avait perdu la protection du comte et de la comtesse d'Artois, mais par égard de son geste valeureux, il expia seulement de six mois de forteresse pour s'établir ensuite à son avantage aux Antilles. Il se retirait de la scène de Versailles avec un blanc-seing.
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