Mémoires de Rose Bertin sur Marie-Antoinette

PARUTION LE 19 MARS 2014 chez PAYOT/RIVAGE en livre de poche -  LES MEMOIRES DE ROSE BERTIN pour la somme modique de moins de 10 euros pour un texte très rare.

il faut indiquer que lesdits mémoires sont apocryphes et que le neveu de Melle BERTIN lors de la sortie de l'ouvrage au début du XIX° siècle avait fait un procès gagné par la destruction de l'édition.
Par miracle quelques exemplaires ont été sauvés du pilon et c'est comme cela que nous avons la chance de pouvoir les lire !!!!!!
Je possède une édition d'époque et le texte est intéressant et amusant ; j'en conseille l'achat par curiosité.....

Amicalement
MARIE ANTOINETTE 

Merci, chère MARIE ANTOINETTE !
Je ne vais pas manquer l'achat de ce livre qui m'intéresse logiquement et m'amuse déjà à vous lire !  :n,,;::::!!!: 

Bien à vous.

Je viens de terminer la lecture de cet ouvrage.

Dans son introduction, Giuseppe Scaraffia nous prévient d'emblée que l'authenticité de ces mémoires est rien moins que douteuse.

L'hypothèse a néanmoins été émise que Rose Bertin se serait directement confiée à l'auteur : "Quant à l'authenticité des 'Mémoires de Mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette, avec des notes et des éclaircissements', on peut affirmer avec certitude que la couturière ne les avait pas composés elle-même. Au contraire, soucieuse de ne pas s'attirer les foudres des Jacobins, elle avait détruit à contrecoeur une grande partie des documents qui attestaient ses rapports avec la reine. L'auteur, ou du moins la personne qui remit le manuscrit au libraire-éditeur, se nommait Jacques Peuchet (1758-1830), un polygraphe, journaliste, encyclopédiste, archiviste, expert en économie et en statistique. (...) Les mémoires de la couturière de Marie-Antoinette, parus en 1824, furent désavoués par la famille de Rose Bertin en raison des attaques qu'ils comportaient contre certains membres de la famille royale ; ils furent par la suite mis sous séquestre (Journal de la Librairie, 19 janvier 1825). Même les éditeurs du texte, les frères Bossange, en vinrent à le renier, peut-être par crainte des poursuites auxquels ils s'exposaient. Selon Maurice Tourneux, auteur de Marie-Antoinette devant l'Histoire (1895), la vérité restait difficile à établir. Selon une hypothèse d'Alfred Fierro (Bibliographie critique des mémoires sur la Révolution écrits ou traduits en français, Paris, 1988), il est possible que Rose Bertin se soit directement confiée à Peuchet. Selon la Biographie universelle ancienne et moderne: histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes (1843), les mémoires avaient été presque entièrement tirés des 'Conversations Recueillies à Londres pour servir à l'Histoire d'une grande Reine' (1807). Ces 'Conversations', que Peuchet pensait avoir été écrites par un membre de la Convention, étaient en réalité de la main de Mme Elisabeth Guénard, veuve du baron Brossin de Méré (1751-1829)..."

Ces mémoires tournent beaucoup autour de l'affaire du collier. C'est assez alambiqué, mais pour résumer :

1/ L'auteur prétend que Louis XVI aurait, à deux reprises, proposé ce collier à Marie-Antoinette : à la naissance de Madame Royale, puis à celle du premier Dauphin; la reine aurait toujours refusé, et aurait même grondé le roi la seconde fois.

2/ L'ambassadeur du Portugal, M. de Souza, aurait affirmé à Mlle Bertin qu'il avait acheté le collier pour la reine du Portugal ; Mlle Bertin en aurait ensuite informé la reine, laquelle aurait ensuite reçu Bohmer pour lui en parler; Bohmer restant incrédule, la reine en aurait ensuite parlé à M. de Souza.

Je dois dire que l'histoire, telle que présentée, n'est pas très cohérente. L'auteur se sert ouvertement des mémoires publiés par les différents protagonistes de l'affaire du collier pour les critiquer. Elle parle même souvent d'événements auxquels elle n'a pas personnellement assisté : par exemple, l'entrevue de Rohan avec le roi et la reine avant son arrestation etc... En résumé, c'est très pipeau. Le style de l'auteur est d'ailleurs très surfait et emphatique ... il y manque les accents de sincérité que l'on peut retrouver dans d'autres mémoires de contemporains.

Dans ces mémoires attribués à Mlle Bertin, il y a beaucoup de "bla-bla" sur les malheurs (à venir) de la famille royale mais pas beaucoup de faits précis.

Pour le reste, voici les quelques autres passages que j'ai notés :

- concernant les relations de Marie-Antoinette avec Mme de Mackau : Marie-Antoinette ne l'aimait pas, paraît-il, alors que Madame Royale l'adorait; l'auteur relate la réaction de Mme Royale, lorsque Mme de Mackau manque de se tuer en tombant dans les escaliers; ce passage fait étrangement écho à celui de la chute à cheval de Marie-Antoinette, relaté par Bombelles;   

- concernant les relations de Marie-Antoinette avec Mme Elisabeth : l'auteur y relate un incident entre les deux femmes, au sujet de l'octroi d'une faveur à une relation de Mme de Mackau.

Selon l'auteur, le duc de Chartres (futur Philippe Egalité) poursuivait Mlle Bertin de ses assiduités, du temps où elle travaillait pour la duchesse de Chartres. Mlle Bertin résistant à ses avances, le duc aurait formé le projet de la faire enlever. Prévenue de ce projet par l'un des valets du duc de Chartres, Mlle Bertin aurait alors humilié le duc devant tout le monde, chez la comtesse d'Usson. La comtesse, suivant l'étiquette, s'était levée lorsque le duc était entré dans son salon. Mlle Bertin resta, quant à elle, assise, provoquant un véritable scandale. Après une conversation qu'il serait trop long de relater ici, Mlle Bertin finit par clouer le bec de la comtesse et du duc de la manière suivante : "... que monseigneur n'oublie pas son rang, et je me souviendrai de l'extrême distance qui existe de lui à moi." A quoi le duc de Chartres aurait répondu : "Vous êtes un véritable serpent".

Voilà, that's all folks.   

.. Ah si, j'oubliais : il y a quelque chose que j'ai trouvé amusant, au sujet d'une entrevue de la reine avec Bohmer : "Lorsque la reine voulait recevoir froidement quelqu'un, elle prenait un livre et continuait à lire quelques lignes avant de parler." C'est peut-être vrai, c'est peut-être faux, mais en tout cas, c'est rigolo.  

Cosmo a écrit:Ces mémoires tournent beaucoup autour de l'affaire du collier. C'est assez alambiqué, mais pour résumer :

1/ L'auteur prétend que Louis XVI aurait, à deux reprises, proposé ce collier à Marie-Antoinette : à la naissance de Madame Royale, puis à celle du premier Dauphin; la reine aurait toujours refusé, et aurait même grondé le roi la seconde fois.

Merci, mon cher Cosmo, pour ce résumé.  :  :  Il me semble à mon avis que quelqu'un qui connaissait Rose Bertin en émigration et qui avait parlé avec elle aurait écrit ces 'mémoires' pour son propre profit, ayant tiré d'autres informations des mémoires publiées.

Je note le point numéro 1, car je suis bien sûre que j'ai lu ce fait ailleurs – Bombelles en parle dans son journal, si je ne me trompe pas (il note une rencontre avec Boehmer à Versailles en 1783 ou 1784, quand Boehmer lui montra le collier qu'il venait d'offrir à Louis XVI pour la reine).

Je ne peux pas trouver les références pour le moment, mais on peut également noter que Rose Bertin était suffisamment dans la confidence de la reine pour avoir été envoyée comme émissaire auprès de Lady Elizabeth Foster lorsque celle-ci fit une visite à Paris en 1791 (journal/lettres de Lady Elizabeth, cité dans ce sujet). Fersen parle également de Rose Bertin dans une lettre à son père pendant la révolution, dans laquelle il lui prie de faire quelque chose pour Mlle Bertin qui se trouvait alors en Suède, parce qu'elle était fort dévouée à la reine à qui elle avait rendu de grands services (une marchande de mode qui jouait un peu le rôle d'agent secret, me semble-t-il, comme Leonard, le coiffeur de Marie-Antoinette qui transmettait ses lettres à Bruxelles), et qu'elle se trouvait dans un état pitoyable en émigration à cause de sa fidélité à son auguste cliente.

evelynfarr a écrit:
Merci, mon cher Cosmo, pour ce résumé.  :  :  Il me semble à mon avis que quelqu'un qui connaissait Rose Bertin en émigration et qui avait parlé avec elle aurait écrit ces 'mémoires' pour son propre profit, ayant tiré d'autres informations des mémoires publiées.
.

C'est fort possible. L'une des hypothèses est que Jacques Peuchet aurait parlé avec Mme Bertin et rédigé ses mémoires sur cette base.
Cela étant, je dois dire que ce livre est assez creux. Il y a beaucoup de blabla sur la vie, la mort, la coiffure  : et très peu de narration de faits précis... ou alors, il s'agit de faits connus. Pas de révélations fracassantes dans ces mémoires, ni de ces petites anecdotes croustillantes, qui permettraient de se faire une idée du quotidien de la reine. Rien à voir avec les mémoires de Mme Campan par exemple. On reste sur sa faim.

Que l'ordure l'ait poursuivi de ses assuiduités est possible ! Ce n'était pas une beauté remarquable cependant. Mais que Rose Bertin fusse invitée dans un salon j'en doute et qu'elle se soit permis une telle outrecuidance là c'est de l'affabulation. Elle ne pouvait pas se permettre de se mettre à mal avec sa clientèle. . Mais c'est tout bonnement un avis personnel. Ceci dit la phrase est jolie.

Cosmo a écrit:
.. Ah si, j'oubliais : il y a quelque chose que j'ai trouvé amusant, au sujet d'une entrevue de la reine avec Bohmer : "Lorsque la reine voulait recevoir froidement quelqu'un, elle prenait un livre et continuait à lire quelques lignes avant de parler." C'est peut-être vrai, c'est peut-être faux, mais en tout cas, c'est rigolo.  

C'est vrai que ce serait marrant !!!  : : : 

Selon A. Fierro ("Mémoires de la Révolution"), "Célèbre couturière de Marie-Antoinette, Mlle Bertin a peut-être livré ses confidences à Peuchet. En tout cas, il est le teinturier : sinon l'auteur de ces mémoires extrêmement suspects ."

[quote="Österreich"]

Cosmo a écrit:
.. Ah si, j'oubliais : il y a quelque chose que j'ai trouvé amusant, au sujet d'une entrevue de la reine avec Bohmer : "Lorsque la reine voulait recevoir froidement quelqu'un, elle prenait un livre et continuait à lire quelques lignes avant de parler." C'est peut-être vrai, c'est peut-être faux, mais en tout cas, c'est rigolo.  

C'est un truc de femme pour ne pas se faire draguer .

... et pour bien montrer à quelqu'un qu'il n'est qu'une cr*tte ! : J'imagine bien Marie-Antoinette faire le coup à Madame du Barry ou au cardinal de Rohan par exemple. : Je doute néanmoins qu'elle leur ait jamais donné audience.

... une cr*tte, n'exagérons rien : un importun tout au plus !

Mme de Sabran a écrit:

Österreich a écrit:

Cosmo a écrit:
.. Ah si, j'oubliais : il y a quelque chose que j'ai trouvé amusant, au sujet d'une entrevue de la reine avec Bohmer : "Lorsque la reine voulait recevoir froidement quelqu'un, elle prenait un livre et continuait à lire quelques lignes avant de parler." C'est peut-être vrai, c'est peut-être faux, mais en tout cas, c'est rigolo.  

C'est un truc de femme pour ne pas se faire draguer .  

Un gros pavé d'Histoire : très efficace ! :

Un mémoire qui commence en se trompant sur le prénom du supposé auteur n'est pas un gage de grande authenticité !!!

Lucius a écrit:Un mémoire qui commence en se trompant sur le prénom du supposé auteur n'est pas un gage de grande authenticité !!!

C'est vrai ! :