Les regarnis et l'entretien des jardins royaux au XVIIIe siècle
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Les regarnis et l'entretien des jardins royaux au XVIIIe siècle
Les régarnis de Versailles et de Trianon à travers 20 commandes aux pépinières du roi (1753-1772)
Extrait du texte de Felice Olivesi du crcv :
L'ensemble de documents concervés aux archives nationales, dans les papiers des bâtiments du roi, concerne les replantations d'entretien des jardins de Versailles et de Trianon, appelées "régarnis". Il s'agit de vingt commandes de plantes adressées aux pépinières du roi entre 1753 et 1772. L'étude de cette série permet de dégager des liens entre les espèces végètales et leur rôle paysager,ainsi qu'une hiérarchie parmi les plantes. Les documents choisis permettent d'apporter des éléments nouveaux pour l'entretien des jardins royaux dans le troisième quart du XVIIIème siècle, sous le règne de Louis XV.
Les commandes permettent de remplacer des sujets manquants ou défectueux dans les plantations de Versailles et de Trianon.
En effet, chaque année, ces régarnis ont pour rôle de maintenir intact le tracé des jardins : ils doivent créer l'illusion de la durabilité en dissimulant la nature morte des plantes.
Chaque année, les commandes sont rédigées sur le même modèle. Les lieux de destination des plantes apparaissent toujours dans le même ordre : d'abord les jardins de Versailles, ensuite Trianon le grand, puis enfin Trianon le petit.
Charles Lécuyer, contrôleur du château de Versailles, signe la liste et le Marquis de Marigny, directeur général des bâtiments du roi donne l'ordre de délivrance des plantes.
La façon la plus radicale de maintenir le dessin original est de remplacer l'intégralité des végétaux : alors on replante à neuf ! Même si quelques individus sont encore compatibles avec le rôle paysager, le terrain est alors débarrassé puis replanté. (comme un remaniement ministériel végétal noublions pas que le parc est la représentation du pouvoir, il se doit d'être dans "l'absolu" perfection.
Il peut parfois être cependant moins radical (par l'ébourgeonnage : supression des bourgeons mal placés)
L'effet visuel prime sur tout le reste, et les fantaisies de la nature n'ont pas de place !
En vingt ans, sont plantés environ 85 000 arbres et arbustes représentant plus ou moins 150 espèces et variétés :
Plus de 5000 bottes de buis ont été commandées
L'épine, 50 000 sujets commandés pour les deux jardins
37 000 plants de charmille
28 000 environ pour l'ormille
11 000 marronniers
10600 environ pour l'érable.
Les espèces végétales étaient indispensables à l'identité formelle des jardins. Dans un jardin, toutes les plantes n'ont pas le même statut : certaines ont un rôle purement décoratif, tandis que d'autres ont pour fonction de donner corps aux traits dessinés par le créateur du jardin (comme dans une hiérarchie de cour boudoi32 ) Ces dernières doivent cadrer une vue, équilibrer des proportions, rythmer la promenade, elles font partie d'un cadre fixe. Elles sont nécessaires pour maintenir le dessin du jardin, car il faut maintenir le dessin du jardin à l'identique !
Mais au fil du temps les jardins voulus par Louis XIV font grise mine et ne sont plus que l'ombre d'eux mêmes censés représenter le pouvoir inébranlable d'une monarchie faite pour durer.
Pour autant doit-on considérer que Louis XV quitte la partie et se désintéresse du végétal ?
Eh bien pas du tout, le pouvoir du règne du bien-aimé, s'établira à Trianon, là où il se sent le mieux. Trianon se verra doté d'une attention particulière du monarque (Développement de la botanique).
Richement fleuri et ornementé, Trianon est alors sous son règne le nouveau jardin du pouvoir, au détriment du grand parc.
Extrait du texte de Felice Olivesi du crcv :
L'ensemble de documents concervés aux archives nationales, dans les papiers des bâtiments du roi, concerne les replantations d'entretien des jardins de Versailles et de Trianon, appelées "régarnis". Il s'agit de vingt commandes de plantes adressées aux pépinières du roi entre 1753 et 1772. L'étude de cette série permet de dégager des liens entre les espèces végètales et leur rôle paysager,ainsi qu'une hiérarchie parmi les plantes. Les documents choisis permettent d'apporter des éléments nouveaux pour l'entretien des jardins royaux dans le troisième quart du XVIIIème siècle, sous le règne de Louis XV.
Les commandes permettent de remplacer des sujets manquants ou défectueux dans les plantations de Versailles et de Trianon.
En effet, chaque année, ces régarnis ont pour rôle de maintenir intact le tracé des jardins : ils doivent créer l'illusion de la durabilité en dissimulant la nature morte des plantes.
Chaque année, les commandes sont rédigées sur le même modèle. Les lieux de destination des plantes apparaissent toujours dans le même ordre : d'abord les jardins de Versailles, ensuite Trianon le grand, puis enfin Trianon le petit.
Charles Lécuyer, contrôleur du château de Versailles, signe la liste et le Marquis de Marigny, directeur général des bâtiments du roi donne l'ordre de délivrance des plantes.
La façon la plus radicale de maintenir le dessin original est de remplacer l'intégralité des végétaux : alors on replante à neuf ! Même si quelques individus sont encore compatibles avec le rôle paysager, le terrain est alors débarrassé puis replanté. (comme un remaniement ministériel végétal noublions pas que le parc est la représentation du pouvoir, il se doit d'être dans "l'absolu" perfection.
Il peut parfois être cependant moins radical (par l'ébourgeonnage : supression des bourgeons mal placés)
L'effet visuel prime sur tout le reste, et les fantaisies de la nature n'ont pas de place !
En vingt ans, sont plantés environ 85 000 arbres et arbustes représentant plus ou moins 150 espèces et variétés :
Plus de 5000 bottes de buis ont été commandées
L'épine, 50 000 sujets commandés pour les deux jardins
37 000 plants de charmille
28 000 environ pour l'ormille
11 000 marronniers
10600 environ pour l'érable.
Les espèces végétales étaient indispensables à l'identité formelle des jardins. Dans un jardin, toutes les plantes n'ont pas le même statut : certaines ont un rôle purement décoratif, tandis que d'autres ont pour fonction de donner corps aux traits dessinés par le créateur du jardin (comme dans une hiérarchie de cour boudoi32 ) Ces dernières doivent cadrer une vue, équilibrer des proportions, rythmer la promenade, elles font partie d'un cadre fixe. Elles sont nécessaires pour maintenir le dessin du jardin, car il faut maintenir le dessin du jardin à l'identique !
Mais au fil du temps les jardins voulus par Louis XIV font grise mine et ne sont plus que l'ombre d'eux mêmes censés représenter le pouvoir inébranlable d'une monarchie faite pour durer.
Pour autant doit-on considérer que Louis XV quitte la partie et se désintéresse du végétal ?
Eh bien pas du tout, le pouvoir du règne du bien-aimé, s'établira à Trianon, là où il se sent le mieux. Trianon se verra doté d'une attention particulière du monarque (Développement de la botanique).
Richement fleuri et ornementé, Trianon est alors sous son règne le nouveau jardin du pouvoir, au détriment du grand parc.
Invité- Invité
Re: Les regarnis et l'entretien des jardins royaux au XVIIIe siècle
Quel message intéressant ! :\\\\\\\\: Merci, l'amour menaçant !
En somme les jardins ont eux aussi vocation à jouer un rôle politique . Ce qui m'avait frappée, entendu dans une émission à la télé sur les jardins de Versailles, c'est la commande du roi, chaque jour, de l'harmonie des couleurs des massifs pour le lendemain !
C'est comme dans un rêve, ou le claquement de doigts de Mary Poppins ...
.
En somme les jardins ont eux aussi vocation à jouer un rôle politique . Ce qui m'avait frappée, entendu dans une émission à la télé sur les jardins de Versailles, c'est la commande du roi, chaque jour, de l'harmonie des couleurs des massifs pour le lendemain !
C'est comme dans un rêve, ou le claquement de doigts de Mary Poppins ...
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les regarnis et l'entretien des jardins royaux au XVIIIe siècle
Très intéressant ! Merci.
Invité- Invité
Re: Les regarnis et l'entretien des jardins royaux au XVIIIe siècle
Effectivement, tout comme le château, les jardins sont un instrument de pouvoir. Il n'y a pas de barrière entre les deux.
Le parc se regarde comme une succession d'appartements "en plein air" avec des salles de bals, de conseils, d'intimité....
C'était un privilège d'accompagner le roi dans ses jardins.
Versailles sans ses jardins c'est un peu comme le sel sans poivre!!!!!! boudoi26
Le parc se regarde comme une succession d'appartements "en plein air" avec des salles de bals, de conseils, d'intimité....
C'était un privilège d'accompagner le roi dans ses jardins.
Versailles sans ses jardins c'est un peu comme le sel sans poivre!!!!!! boudoi26
_________________
"Le 7 de septembre, le roi a été heureusement purgé d'humeurs fort âcres, et de beaucoup d'excréments fermentés, en dix selles."
Journal de santé de Louis XIV
Re: Les regarnis et l'entretien des jardins royaux au XVIIIe siècle
"On ne commande les arbustes à fleur que pour Trianon où se trouvent différents chévrefeuilles, des lilas de Perse, des buissons ardents, des Athéas (Hibiscus).
Cette combinaison d'espèces dans les parterres donnait une brillante palette de couleurs dominée par les roses et les jaunes, soutenus par des violets et des blancs et les bordures vert sombre des buis encadraient le tout"
La riche palette de couleurs multicolore va sans rappeler la débauche de couleurs des tenues de Louis XV.
On peut donc faire un lien entre le décor du parc de Trianon et la représentation colorée et végétale par les broderies des habits habillés du monarque :
guirlande de feuillages, broderies de fraisiers dans dans des tonalités rouge cerise sur une commande de veste par exemple. On y retrouve clairement ici un effet de miroir : dans la couleur des parterres et des tenues, mais aussi au sein même des guirlandes de fleurs scultées dans la pierre du pavillon français. tout fait donc écho, dans un jeu de théatralisation de la nature.
Les sujets du roi sont certe les courtisans mais on nomme également les plantes : "les sujets végétaux, l'être végétal" tous contribuent à la reconnaissance du pouvoir du roi, dans l'humain, le végétal, voir même le minéral, dans un duel permanent entre nature et culture.
Cette combinaison d'espèces dans les parterres donnait une brillante palette de couleurs dominée par les roses et les jaunes, soutenus par des violets et des blancs et les bordures vert sombre des buis encadraient le tout"
La riche palette de couleurs multicolore va sans rappeler la débauche de couleurs des tenues de Louis XV.
On peut donc faire un lien entre le décor du parc de Trianon et la représentation colorée et végétale par les broderies des habits habillés du monarque :
guirlande de feuillages, broderies de fraisiers dans dans des tonalités rouge cerise sur une commande de veste par exemple. On y retrouve clairement ici un effet de miroir : dans la couleur des parterres et des tenues, mais aussi au sein même des guirlandes de fleurs scultées dans la pierre du pavillon français. tout fait donc écho, dans un jeu de théatralisation de la nature.
Les sujets du roi sont certe les courtisans mais on nomme également les plantes : "les sujets végétaux, l'être végétal" tous contribuent à la reconnaissance du pouvoir du roi, dans l'humain, le végétal, voir même le minéral, dans un duel permanent entre nature et culture.
Invité- Invité
Re: Les regarnis et l'entretien des jardins royaux au XVIIIe siècle
Quelle osmose ! C'est presque orgasmique ........
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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