La Palatine arrière grand-mère de Marie-Antoinette

Je ne résiste pas au plaisir de poster cette lettre hilarante de la Palatine adressée à sa tante Sophie, duchesse de Hanovre.  : 

"De Fontainebleau, le 9 d'octobre 1694,

Vous êtes bien heureuse d'aller chier quand vous voulez ; chiez donc tout votre chien de soûl. Nous n'en sommes pas de même ici, où je suis obligée de garder mon étron pour le soir ; il n'y a point de frottoir aux maisons du côté de la forêt. J'ai le malheur d'en habiter une, et par conséquent le chagrin d'aller chier dehors, ce qui me fâche, parce que j'aime chier à mon aise, et je ne chie pas à mon aise quand mon cul ne porte sur rien. Item, tout le monde nous voit chier ; il y passe des hommes, des femmes, des filles, des garçons, des abbés et des suisses. Vous voyez par là que nul plaisir sans peine, et que, si on ne chiait point, je serais à Fontainebleau comme le poisson dans l'eau.

Il est très chagrinant que mes plaisirs soient traversés par des étrons. Je voudrais que celui qui a le premier inventé de chier ne pût chier, lui et toute sa race, qu'à coups de bâton ! Comment, mordi !, qu'il faille qu'on ne puisse vivre sans chier ? Soyez à table avec la meilleure compagnie du monde ; qu'il vous prenne envie de chier, il faut aller chier. Soyez avec une jolie fille ou femme qui vous plaise ; qu'il vous prenne envie de chier, il faut aller chier ou crever. Ah ! maudit chier ! Je ne sache point de plus vilaine chose que de chier. Voyez passer une jolie personne, bien mignonne, bien propre ; vous vous récriez : Ah ! que cela serait joli si cela ne chiait pas !

Je le pardonne à des crocheteurs, à des soldats aux gardes, à des porteurs de chaise et à des gens de ce calibre-là. Mais les empereurs chient, les impératrices chient, les rois chient, les reines chient, le pape chie, les cardinaux chient, les princes chient, les archevêques et les évêques chient, les généraux d'ordre chient, les curés et les vicaires chient. Avouez donc que le monde est rempli de vilaines gens ! Car enfin, on chie en l'air, on chie sur la terre, on chie dans la mer. Tout l'univers est rempli de chieurs, et les rues de Fontainebleau de merde, principalement de la merde de suisse, car ils font des étrons gros comme vous, Madame.

Si vous croyez baiser une belle petite bouche avec des dents bien blanches, vous baisez un moulin à merde. Tous les mets les plus délicieux, les biscuits, les pâtés, les tourtes, les farcis, les jambons, les perdrix, les faisans, etc., le tout n'est que pour faire de la merde mâchée, etc.."

Une bien belle analyse de la condition humaine !  :\\\\\\\\: 

Oui !!  : : 

Je hurle de rire ! Je vais l'apprendre par coeur ! :\\\\\\\\:  :n,,;::::!!!:

Son franc-parler m'a toujours fait penser à une personne du boudoir, que je connais bien...

Mme de Sabran a écrit:

Génial !  :\\\\\\\\: 

On devrait en faire un nain de jardin pour décorer celui de Monsieur de Coco !!!  : 

Bien à vous.

Je suis surpris que la Palatine n'ait pas songé à se faire installer une chaise percée avec pupitre... Juste pour se réconcilier avec la vie : 

La princesse Palatine fut d'ailleurs une grande épistolière et ses chroniques de la cour du Roi Soleil sont aussi appétissantes que celles de Saint-Simon, voire plus vivantes, puisqu'elle s'épanche à ses amies et sa famille, dont la princesse-électrice Sophie de Hanovre. Dans ses lettres elle n'hésitait pas d'appeler un chat un chat.

Dans une de ses lettres, elle se dépeint ainsi : Il faut que vous ne vous souveniez guère de moi si vous ne me rangez pas au nombre des laides ; je l’ai toujours été et je le suis devenue encore plus des suites de la petite-vérole ; ma taille est monstrueuse de grosseur [...] J’ai la bouche grande, les dents gâtées, et voilà le portrait de mon joli visage.  : 

Même à Versailles, elle continuait à écrire en allemand, et son français était impregné de locutions allemandes, ce qui donne un style savoureux à ses lettres.



Nous connaissons sa haine envers celle qu'elle appelle la vieille ordure (Mme de Maintenon), un dégoût qu'on peut comparer un peu à l'aversion que Mme du Barry inspirait à la dauphine Marie Antoinette, son arrière petite-fille.

Quand Mme de Maintenon meurt à Saint-Cyr en 1719, Elisabeth Charlotte s'exclame : la vieille Maintenon est crevée ! C'eût été un grand bonheur si cela avait pu arriver il y a quelque trente ans.
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Ce visage !  àè-è\':  On croirait un bonhomme coiffé comme une dame ...

Mme de Sabran a écrit:

Ce visage !  àè-è\':  On croirait un bonhomme coiffé comme une dame ...

Un côté Chevalier d'Eon !!!  boudoi26 

Quand son futur époux, Monsieur, affublé de bagues, bracelets et pierreries, la rencontrait pour la première fois en 1671, il ne pouvait dire que ceci : Comment pourrais-je coucher avec elle ?

Mais à cette époque, elle n'était pas laide, juste en peu massive  



Pourtant, elle n'était pas dotée des grâces et charmes nécessaires pour la cour de Versailles, préférant la chasse aux bals.

Jamais union ne fut aussi étrange que celle entre Monsieur, frère du Roi, et la princesse Palatine.

... pourtant, lui efféminé, elle si masculine : ils auraient pu être merveilleusement complémentaires !  : 

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Ne vous dérangez pas, je connais la sortie !   

Eléonore, vous me rappelez Voltaire qui, dans ses courts Mémoires, évoque la favorite ( : ) de Frédéric II, la danseuse Barberini, justifiant sa position par le fait qu'elle avait les cuisses d'un homme : 

La nature fait parfois bien les choses !  : 

Citation exacte (encore plus incisive !   ) : Il en était un peu amoureux, parce qu'elle avait les jambes d'un homme.

Vous m'avez fait peur dans vos derniers échanges. J'en étais restée à la Palatine et quand vous parliez du roi, je pensais bien naturellement à Louis XIV. : 

Oups, pardon !  
Petite erreur d'intitulé : les cannes que j'ai postées ci-dessus sont celles de la comtesse de Provence .   

Qu'on la mène à l'échafaud pour cette odieuse erreur !    

Qui ? ... moi ?!!  àè-è\': 

J'ai peu de choses à ajouter sur cette excellente princesse appelée abusivement à tort la princesse Palatine mais que l'Histoire a décidé de garder sous ce titre.
J'en profite cependant pour signaler le livre de Nicolas Milovanovic aux éditions Perrin, La princesse Palatine protectrice des animaux. La duchesse d'Orléans nourrissait une véritable passion pour les bêtes, particulièrement les chiens qu'elle aimait de tout son grand cœur.
Je cite cette lettre de la princesse de mai 1684 :

"Je suis toute triste aujourd'hui, car un petit chien que j'ai et qui est intelligent comme une personne humaine est à l'agonie. Il veut être toujours auprès de moi et son mal le fait pleurer comme un enfant. Cela me rend terriblement triste, car j'aime de tout cœur la pauvre petite bête qui a dormi depuis quatre ans avec moi, et qui ne m'a jamais quittée."

Excellent livre que je recommande moi aussi, si il est avant tout divertissant, il nous permet d'avoir un regard moins caricatural sur la Palatine. La femme de tête qu'elle était, n'hésitait pas à s'opposer aux théses de Descartes qui prétendait que les animaux n'étaient pas doués d'émotion (théorie animal-machine).
Mais ce livre nous permet aussi à travers de nombreuses anecdotes de considérer autrement certains personnages historiques à travers leur animal de compagnie : Le chien Filou de Louis à qui une fois mort, un courtisan composa un épître, l'aversion de Louis XVI pour les chats (avec une anecdote malgré tout peu fiable) et surtout la symbolique de certains animaux notemment dans la peinture.