Bonnie Prince Charlie
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Re: Bonnie Prince Charlie
Éclairez moi, Eléonore...
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
Il y avait autour d'Edouard un semblant de Cour ( peut-être plus, à la fin ) . Mais Léopold le traitait par le mépris.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bonnie Prince Charlie
Oui, donc nous nous entendons sur sa petite Cour.
Le Grand-Duc de Toscane devait probablement mépriser sa stature de prétendant à la réputation entachée, d'ou son absence de considération.
Le Grand-Duc de Toscane devait probablement mépriser sa stature de prétendant à la réputation entachée, d'ou son absence de considération.
Dominique Poulin- Messages : 7013
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Re: Bonnie Prince Charlie
Il devait mépriser aussi le pauvre pochard que Charlie était devenu ...
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Bonnie Prince Charlie
Et oui ! Tous ces paramètres sont lourds dans la balance !
Dominique Poulin- Messages : 7013
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Re: Bonnie Prince Charlie
Vous voulez connaître la suite des vicissitudes de Charlie, bande de petits curieux ?!!
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Bonnie Prince Charlie
Oui, certainement ! J'aime beaucoup le style de votre chronique !
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
C'est parce que vous tous l'agrémentez, Domi, par l'intérêt que vous manifestez et la justesse de vos réflexions .
Or donc, pendant qu’Alfieri courait le monde et que Charlie se morfondait en Toscane, la comtesse d’Albany passait l’été et l’automne à Genzano.C’est là qu’elle recevait les lettres brûlantes d'amour de son poète, c’est de là qu’elle envoyait ses consolations à cette âme impétueuse.
Au commencement de l’hiver, elle revint à Rome, ou de graves événemens l’attendaient. Le roi de Suède, Gustave III, visitait alors l’Italie, et bien qu’il voyageât sous le nom du comte de Haga, c’est-à-dire incognito, sans pompe, sans bruit, occupé seulement d’étudier les monumens et les musées, il se mêla cependant, comme tout le monde, des affaires de la comtesse d’Albany.
Il avait eu une entrevue le 1er décembre à Pise avec Charles-Edouard ; il avait reçu ses confidences, et n’avait pu retenir ses larmes en voyant à quelle misérable situation était réduit l’héritier de tant de rois. Après l’avoir décidé à renoncer pour toujours à son rôle de prétendant, il s’était fait un devoir d’assurer le repos de ses derniers jours, il avait écrit à Louis XVI pour le prier d’améliorer la position pécuniaire du malheureux prince, et cette lettre, remise au roi de France par l’ambassadeur suédois, M. le baron de Staël-Holstein, avait déjà obtenu un résultat favorable. Il lui restait encore à régler les rapports de Charles-Edouard avec sa femme, à mettre fin, d’une manière ou d’une autre, à une situation qui était le scandale de l’Italie et de l’Europe.
Or donc, pendant qu’Alfieri courait le monde et que Charlie se morfondait en Toscane, la comtesse d’Albany passait l’été et l’automne à Genzano.C’est là qu’elle recevait les lettres brûlantes d'amour de son poète, c’est de là qu’elle envoyait ses consolations à cette âme impétueuse.
Au commencement de l’hiver, elle revint à Rome, ou de graves événemens l’attendaient. Le roi de Suède, Gustave III, visitait alors l’Italie, et bien qu’il voyageât sous le nom du comte de Haga, c’est-à-dire incognito, sans pompe, sans bruit, occupé seulement d’étudier les monumens et les musées, il se mêla cependant, comme tout le monde, des affaires de la comtesse d’Albany.
Il avait eu une entrevue le 1er décembre à Pise avec Charles-Edouard ; il avait reçu ses confidences, et n’avait pu retenir ses larmes en voyant à quelle misérable situation était réduit l’héritier de tant de rois. Après l’avoir décidé à renoncer pour toujours à son rôle de prétendant, il s’était fait un devoir d’assurer le repos de ses derniers jours, il avait écrit à Louis XVI pour le prier d’améliorer la position pécuniaire du malheureux prince, et cette lettre, remise au roi de France par l’ambassadeur suédois, M. le baron de Staël-Holstein, avait déjà obtenu un résultat favorable. Il lui restait encore à régler les rapports de Charles-Edouard avec sa femme, à mettre fin, d’une manière ou d’une autre, à une situation qui était le scandale de l’Italie et de l’Europe.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Bonnie Prince Charlie
Super-Gustave arrive, et tout est arrangé
Lucius- Messages : 11656
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Age : 33
Re: Bonnie Prince Charlie
Euh ... ça, c'est vite dit . Ce serait trop beau !
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bonnie Prince Charlie
Scandale de l'Italie et de l'Europe ? Oui, bon, pour la haute société bien entendu. Mais, enfin, entre nous, si la comtesse d'Albany était battue, violentée, humiliée par son décadent de mari, pourquoi ne pas prendre la poudre d'escampette et vivre des jours meilleurs hors de la tyrannie de son époux ? Elle était mariée certes, et comme nous le savons, la liberté des femmes était fort étriquée, sinon, quasi nulle... Alors fuir le toit conjugal, à la barbe de Charles-Edouard, le scandale était bien pire ! Et roucouler de contentement, dans les bras d'Alfieri, quoique discrètement, le comble était parvenu à son summum.
Oui, oui, mais tout de même, tout de même, la princesse de Stolberg, était fort intelligente. Elle s'est enfuie, et c'est tant mieux, et dans son infortune, loin de sombrer dans une détresse qui aurait pû écourter ses jours, elle a plaidé sa cause auprès des puissants de la terre. Le grand-duc et la grande-duchesse de Toscane l'ont protégé, la reine de France la soutient matériellement, et même le cardinal d'York, en mauvais termes avec Charles-Edouard, a une compassion réelle pour sa belle-soeur, et l'a probablement aidé dans ses démarches.
Le roi de Suède, se pose en médiateur de la crise du couple des Stuarts, certes, mais dans cette affaire, il sait que la partie est serrée, et que les avancées dans cette négociation, ne pourront se borner qu'aux apparences et aux ajustements financiers d'un couple princier composé entre un prétendant à la dérive et qui prend l'eau de toute part et une princesse, malheureuse, mais lucide, énergique, et qui puise dans toutes les ressources de son intelligence pour redresser sa situation.
Oui, oui, mais tout de même, tout de même, la princesse de Stolberg, était fort intelligente. Elle s'est enfuie, et c'est tant mieux, et dans son infortune, loin de sombrer dans une détresse qui aurait pû écourter ses jours, elle a plaidé sa cause auprès des puissants de la terre. Le grand-duc et la grande-duchesse de Toscane l'ont protégé, la reine de France la soutient matériellement, et même le cardinal d'York, en mauvais termes avec Charles-Edouard, a une compassion réelle pour sa belle-soeur, et l'a probablement aidé dans ses démarches.
Le roi de Suède, se pose en médiateur de la crise du couple des Stuarts, certes, mais dans cette affaire, il sait que la partie est serrée, et que les avancées dans cette négociation, ne pourront se borner qu'aux apparences et aux ajustements financiers d'un couple princier composé entre un prétendant à la dérive et qui prend l'eau de toute part et une princesse, malheureuse, mais lucide, énergique, et qui puise dans toutes les ressources de son intelligence pour redresser sa situation.
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
Vous brossez-là un tableau assez juste de la situation, Domi . La comtesse ne veut rien entendre . Gustave, comme conseiller conjugal improvisé se casse les dents sur sa résistance .
Gustave III, dès son arrivée à Rome, au commencement de l’année 1784, eut des conférences à ce sujet avec la comtesse d’Albany et le cardinal d’York. Que se passa-t-il dans ces conférences ? Quel fut le rôle du cardinal, quelle l’attitude de la comtesse ? On ne sait, mais il est clair que ni l’un ni l’autre ne pouvait entretenir le roi de Suède dans les illusions qu’il s’était faites. Gustave apprit là bien des choses dont il ne se doutait point, et, voyant qu’il fallait renoncer à l’espoir de ramener la comtesse, il conçut aussitôt le projet de faire prononcer la séparation légale des deux époux.
Le 24 mars 1784, il annonçait à Charles-Edouard le résultat de ses démarches ; on devine aisément, d’après la réponse du prince, les révélations et les conseils que renfermait cette lettre. Voici ce que l’héritier des Stuarts s’empressait d’écrire, trois jours après, à son ami le roi de Suède, ou plutôt le comte de Haga. De tels documents veulent être cités avec une fidélité scrupuleuse ; ce ne sont pas des modèles de style ou de correction qu’on y cherche.
« Monsieur le comte, j’ai été on ne peut pas plus sensible à la vôtre obligeante de Rome, du 24 mars, je me mets entièrement dans les bras d’un si digne ami que vous êtes, monsieur, car je ne connais personne à qui je puisse confier mieux et mon honneur et mes intérêts. Tâchez de terminer cette affaire le plus tôt possible. Je consens pleinement à une séparation totale avec ma femme, et qu’elle ne porte plus mon nom. En vous renouvelant les plus sincères sentimens de reconnaissance et d’amitié, je suis votre bon ami,
« C. D’ALBANIE . »
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bonnie Prince Charlie
Gustave III a dû en apprendre des vertes et des pas mûres lors de ces conférences entre la comtesse d'Albany et le cardinal d'York ! Des informations, que bien évidemment, Charles-Edouard, dans sa fierté d'amour propre, il ne pouvait dévoiler ; l'odieux traitement qu'il avait réservé à sa femme ! Comment dans ses conditions, faire revenir le princesse de Stolberg, sous le toit conjugal ?
Comme il était de coutume, à défaut de divorce, autant s'orienter vers une séparation légale qui avait de plus en plus cours en cette fin du XVIIIe siècle. Les exemples sont assez nombreux, comme ceux du duc et de la duchesse de Bourbon, ou du vicomte et de la vicomtesse de Beauharnais.
Ce ne fut pas le cas, pour des exemples plus anciens qui révèlent des situations terribles. J'ai en tête, sous Louis XIV, une princesse de Condé, Anne de Bavière, épouse de Henri-Jules de Bourbon Condé. Cette pauvre femme était maltraitée par son mari et son existence était un enfer. Cette dernière avait bon goût ; elle a commandé des travaux et des décors au Petit Luxembourg, actuellement résidence du Président du Sénat.
Voila pour cette petite diversion.
Comme il était de coutume, à défaut de divorce, autant s'orienter vers une séparation légale qui avait de plus en plus cours en cette fin du XVIIIe siècle. Les exemples sont assez nombreux, comme ceux du duc et de la duchesse de Bourbon, ou du vicomte et de la vicomtesse de Beauharnais.
Ce ne fut pas le cas, pour des exemples plus anciens qui révèlent des situations terribles. J'ai en tête, sous Louis XIV, une princesse de Condé, Anne de Bavière, épouse de Henri-Jules de Bourbon Condé. Cette pauvre femme était maltraitée par son mari et son existence était un enfer. Cette dernière avait bon goût ; elle a commandé des travaux et des décors au Petit Luxembourg, actuellement résidence du Président du Sénat.
Voila pour cette petite diversion.
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
Les conditions de la séparation furent réglées par le roi de Suède et le cardinal d’York.
La comtesse abandonna la plus grande partie de son douaire, et la cour de France, pour faciliter cet arrangement, lui assura une rente annuelle de 60,000 livres. Ces conventions une fois arrêtées, et le pape ayant autorisé la séparation a mensa et thoro, Charles-Édouard signa la déclaration que voici :
« Nous, Charles, roi légitime de la Grande-Bretagne, sur les représentations qui nous ont été faites par Louise-Caroline-Maximilienne-Emmanuel, princesse de Stolberg, que pour bien des raisons elle souhaitait demeurer dans un éloignement et séparation de notre personne, que les circonstances et nos malheurs communs rendaient nécessaires et utiles pour nous deux, et considérant toutes les raisons qu’elle nous a exposées, nous déclarons par la présente que nous donnons notre consentement libre et volontaire à cette séparation, et que nous lui permettons d'ores en avant de vivre à Rome, ou en telle autre ville qu’elle jugera le plus convenable, tel étant notre bon plaisir.
« Fait et scellé du sceau de nos armes en notre palais à Florence, le 3 avril 1784.
« Approuvons l’écriture et le contenu ci-dessus.
« CHARLES R. »
La comtesse abandonna la plus grande partie de son douaire, et la cour de France, pour faciliter cet arrangement, lui assura une rente annuelle de 60,000 livres. Ces conventions une fois arrêtées, et le pape ayant autorisé la séparation a mensa et thoro, Charles-Édouard signa la déclaration que voici :
« Nous, Charles, roi légitime de la Grande-Bretagne, sur les représentations qui nous ont été faites par Louise-Caroline-Maximilienne-Emmanuel, princesse de Stolberg, que pour bien des raisons elle souhaitait demeurer dans un éloignement et séparation de notre personne, que les circonstances et nos malheurs communs rendaient nécessaires et utiles pour nous deux, et considérant toutes les raisons qu’elle nous a exposées, nous déclarons par la présente que nous donnons notre consentement libre et volontaire à cette séparation, et que nous lui permettons d'ores en avant de vivre à Rome, ou en telle autre ville qu’elle jugera le plus convenable, tel étant notre bon plaisir.
« Fait et scellé du sceau de nos armes en notre palais à Florence, le 3 avril 1784.
« Approuvons l’écriture et le contenu ci-dessus.
« CHARLES R. »
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bonnie Prince Charlie
C'est fou comme la France était prête à payer, payer, payer ... car enfin, elle n'espérait plus aucun moyen d'utiliser Charles Start .
Peut-être était-ce une manière de se racheter une bonne conscience ? Qu'en pensez-vous ?
Car enfin, nous étions grandement responsables du fiasco de sa vie après tout !
Peut-être était-ce une manière de se racheter une bonne conscience ? Qu'en pensez-vous ?
Car enfin, nous étions grandement responsables du fiasco de sa vie après tout !
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bonnie Prince Charlie
Oui, quoique je connais mal le fond politique de cette affaire sous Louis XV, lorsque Charles-Edouard est arrêté comme un malfrat de basse espèce.
Et quelques décennies plus tard, la France avait encore des projets dans ses cartons vers 1770. J'avoue qu'à cette date, malgré les arguments qui ont été déclinés plus haut et qui sont justes, la conjecture d'une invasion française en Angleterre, me paraît extrêment risquée, dangereuse, voire mortelle.
Oui, sans aucun doute, le prétendant a été approché à maintes reprises par la France, mais au bout du compte, il a été abusé, leurré. La France caressait une restauration des Stuarts, mais j'ai le sentiment qu'elle tatonnait le terrain plus qu'autre chose, les risques d'une déflagration européenne, entraînant la frilosité de la Cour de France.
Et quelques décennies plus tard, la France avait encore des projets dans ses cartons vers 1770. J'avoue qu'à cette date, malgré les arguments qui ont été déclinés plus haut et qui sont justes, la conjecture d'une invasion française en Angleterre, me paraît extrêment risquée, dangereuse, voire mortelle.
Oui, sans aucun doute, le prétendant a été approché à maintes reprises par la France, mais au bout du compte, il a été abusé, leurré. La France caressait une restauration des Stuarts, mais j'ai le sentiment qu'elle tatonnait le terrain plus qu'autre chose, les risques d'une déflagration européenne, entraînant la frilosité de la Cour de France.
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
La comtesse d’Albany (car elle continua de porter ce nom) profita bientôt de sa liberté pour quitter Rome ; mais, n’osant pas encore braver l’opinion publique au point de se retrouver avec Alfîeri dans quelque ville d’Italie, elle lui donna rendez-vous en Alsace ; Elle était allée passer la chaude saison au pied des Vosges ; ce fut là, dans une jolie maison de campagne non loin de Colmar, que les deux amants se retrouvèrent.
Le poète y demeure deux mois, et aussitôt voilà les tragédies qui reprennent l’avantage sur les coursiers aux fières encolures. L’inspiration et même, pour parler plus simplement ( ) , le désir de se mettre à l’œuvre, le désir de prendre la plume et de tenter quelque chose, étaient intimement attachés pour Alfieri à la présence de la comtesse.
Il redevient poète tout à coup dans la villa de Colmar. C’est là qu’il compose Agis, Sophonisbe, Myrrha, c’est là qu’il écrira ses deux Brutus et la première de ses Satires. L’année suivante en effet, aux premiers beaux jours de l’été, le poète et son amie, volontairement séparés pendant l’hiver, accourront de nouveau l’un vers l’autre au fond de cette complaisante Alsace qui les cache si bien à tous les yeux.
On sait avec quelle ivresse Alfieri parle de cette période dans l’histoire de sa vie ; on se rappelle sa douleur quand la comtesse, encore soigneuse de sa renommée , revient passer l’hiver dans les états du pape, s’établit à Bologne, et oblige son compagnon à choisir une autre résidence ; on se rappelle aussi ses transports au moment où le mois d’août, trois ans de suite, le ramène à Colmar ; on se rappelle ces explosions d’enthousiasme, ce réveil d’activité poétique, cette soif de gloire qui le tourmente, sa joie de faire imprimer ses œuvres à Kehl dans « l’admirable imprimerie de Beaumarchais, » puis ses deux voyages à Paris, son installation avec la comtesse dans une maison solitaire, tout près de la campagne, à l’extrémité de la rue du Montparnasse, et tous les soucis que lui donne la publication de ses œuvres complètes chez Didot l’aîné, « artiste passionné pour son art. »
Tous ces détails sont racontés dans l’autobiographie du poète, nous n’avons pas à y revenir ici ; mais ce qu’Alfieri ne pouvait pas dire, et ce qui est pourtant un épisode essentiel de cette histoire, ce sont les dernières années de Charles-Édouard, ces années d’abandon et de malheur pendant lesquelles le triste vieillard, si longtemps dégradé, se relève enfin, et retrouve à sa dernière heure une certaine dignité vraiment noble et touchante.
Vous le sentez, Domi, notre Charlie va entrevoir enfin une lumière au fond du tunnel ...
J'en suis heureuse .
Le poète y demeure deux mois, et aussitôt voilà les tragédies qui reprennent l’avantage sur les coursiers aux fières encolures. L’inspiration et même, pour parler plus simplement ( ) , le désir de se mettre à l’œuvre, le désir de prendre la plume et de tenter quelque chose, étaient intimement attachés pour Alfieri à la présence de la comtesse.
Il redevient poète tout à coup dans la villa de Colmar. C’est là qu’il compose Agis, Sophonisbe, Myrrha, c’est là qu’il écrira ses deux Brutus et la première de ses Satires. L’année suivante en effet, aux premiers beaux jours de l’été, le poète et son amie, volontairement séparés pendant l’hiver, accourront de nouveau l’un vers l’autre au fond de cette complaisante Alsace qui les cache si bien à tous les yeux.
On sait avec quelle ivresse Alfieri parle de cette période dans l’histoire de sa vie ; on se rappelle sa douleur quand la comtesse, encore soigneuse de sa renommée , revient passer l’hiver dans les états du pape, s’établit à Bologne, et oblige son compagnon à choisir une autre résidence ; on se rappelle aussi ses transports au moment où le mois d’août, trois ans de suite, le ramène à Colmar ; on se rappelle ces explosions d’enthousiasme, ce réveil d’activité poétique, cette soif de gloire qui le tourmente, sa joie de faire imprimer ses œuvres à Kehl dans « l’admirable imprimerie de Beaumarchais, » puis ses deux voyages à Paris, son installation avec la comtesse dans une maison solitaire, tout près de la campagne, à l’extrémité de la rue du Montparnasse, et tous les soucis que lui donne la publication de ses œuvres complètes chez Didot l’aîné, « artiste passionné pour son art. »
Tous ces détails sont racontés dans l’autobiographie du poète, nous n’avons pas à y revenir ici ; mais ce qu’Alfieri ne pouvait pas dire, et ce qui est pourtant un épisode essentiel de cette histoire, ce sont les dernières années de Charles-Édouard, ces années d’abandon et de malheur pendant lesquelles le triste vieillard, si longtemps dégradé, se relève enfin, et retrouve à sa dernière heure une certaine dignité vraiment noble et touchante.
Vous le sentez, Domi, notre Charlie va entrevoir enfin une lumière au fond du tunnel ...
J'en suis heureuse .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Bonnie Prince Charlie
Charlie, du fond de son désarroi, eut soudain une inspiration !
Lorsqu'il eut signé la déclaration qui le séparait de sa femme, se sentant plus isolé que jamais, il eut la pensée de faire venir auprès de lui sa fille naturelle, l’enfant qu’il avait eue de miss Walkinshaw, et qui, âgée alors de trente et un ans, vivait avec sa mère dans l’abbaye de Notre-Dame de Meaux.
Il y avait vingt-quatre ans qu’il était éloigné d’elle. Soit indifférence, soit ressentiment contre miss Walkinshaw, soit peut-être respect des convenances vis-à-vis de sa femme légitime, il ne paraît pas qu’il ait gardé pendant ce long espace de temps des sentiments bien paternels pour l’enfant qu’on lui avait arraché. Enfin, abandonné de tous, car il s’était brouillé avec le cardinal pour de misérables questions d’argent, livré pendant ses maladies à des soins mercenaires, seul dans le monde et voyant approcher l’heure suprême, il songea tout à coup à cette enfant, devenue sans doute une gracieuse femme, et qui pouvait rendre un peu de joie à son foyer désert.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bonnie Prince Charlie
La rente annuelle accordée à la comtesse d'Albany, dans la procédure de sa séparation est plus importante encore que ce qui a été cité en amont, et de 10 000 livres supplémentaires, pour atteindre 60 000 livres, ce qui reste énorme !
Et en 1784, alors que la France est en pleine crise de déficit, malgré la politique audacieuse de Calonne !
Cela me fait songer, que de l'argent, inmanquablement, le trésor devait bien trouver des fonds à coup de millions, et par quels moyens ?
L'emprunt ! Je m'avance peut-être de beaucoup, à travers les méandres du financement des pensions, mais la publication du Livre Rouge ne pouvait que susciter la plus vive réaction dans l'opinion. Je n'ignore pas que ce système avait cours depuis fort longtemps sous la monarchie française, pour se scleroser ; accorder telle ou telle pension pour des personnes désignées sur des critères discutables, parce qu'une telle devait soutenir son rang à la Cour, parce qu'une telle encore éprouvait des difficultés diverses et variées, mais à la longue, c'est une partie non négligeable du trésor qui s'engloutissait dans des faveurs et des prébendes discutables dans l'opinion.
Une autre remarque.
La comtesse d'Albany a probablement cessé de percevoir cette pension avec la Révolution Française . A partir de 1790, un arrêt brutal des versements de pensions à un grand nombre de bénéficiaires est entériné par l'Assemblée, qui juge ces rentes injustifiées, par suite de l'abolition des privilèges et au nom du principe d'égalité.
Et en 1784, alors que la France est en pleine crise de déficit, malgré la politique audacieuse de Calonne !
Cela me fait songer, que de l'argent, inmanquablement, le trésor devait bien trouver des fonds à coup de millions, et par quels moyens ?
L'emprunt ! Je m'avance peut-être de beaucoup, à travers les méandres du financement des pensions, mais la publication du Livre Rouge ne pouvait que susciter la plus vive réaction dans l'opinion. Je n'ignore pas que ce système avait cours depuis fort longtemps sous la monarchie française, pour se scleroser ; accorder telle ou telle pension pour des personnes désignées sur des critères discutables, parce qu'une telle devait soutenir son rang à la Cour, parce qu'une telle encore éprouvait des difficultés diverses et variées, mais à la longue, c'est une partie non négligeable du trésor qui s'engloutissait dans des faveurs et des prébendes discutables dans l'opinion.
Une autre remarque.
La comtesse d'Albany a probablement cessé de percevoir cette pension avec la Révolution Française . A partir de 1790, un arrêt brutal des versements de pensions à un grand nombre de bénéficiaires est entériné par l'Assemblée, qui juge ces rentes injustifiées, par suite de l'abolition des privilèges et au nom du principe d'égalité.
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
Cher Dominique, j’ai évoqué plus haut la suppression de toutes les pensions - sauf deux- par la Constituante.
Concernant les 60 000 livres versées à la Comtesse d’Albany, ne faut-il pas les considérer comme prélevés sur les 120 000 promis par le gouvernement français, et non en sus ?
Concernant les 60 000 livres versées à la Comtesse d’Albany, ne faut-il pas les considérer comme prélevés sur les 120 000 promis par le gouvernement français, et non en sus ?
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Bonnie Prince Charlie
Si j'ai bien compris Gouv, ces 60 000 livres accordées à la comtesse d'Albany, constituent la moitié de la dite pension de 120 000 livres que touchait le prince Charles-Edouard Stuart ? Est-ce bien cela ?
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
Quoique je lis en amont dans le récit de Taillandier, que le gouvernement français, en 1771, promet au prétendant, une pension de 240 000 livres, à la condition qu'il épouse la princesse de Stolberg. Ha ces histoires de gros sous !
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
Dominique Poulin a écrit: Ha ces histoires de gros sous !
Oui ! je vous les laisse ...
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
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