Bonnie Prince Charlie
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La nuit, la neige
Gouverneur Morris
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Re: Bonnie Prince Charlie
Gouverneur Morris a écrit:Le montant de cette pension est effectivement ahurissant.
Le plus amusant, c'est que son frère le cardinal, finit également sa vie pensionné... par le gouvernement anglais, moyennant une renonciation formelle à ses droits.
Eh oui, car ce frère ( il était cardinal d'York ) reprendra à son compte toutes les prétentions de Bonnie Prince Charlie sanctifiées par le Pape, s'il vous plaît ! Charles-Edouard s'intitulait ni plus ni moins " roi d’Angleterre, de France et d’Irlande" comme nous venons de le voir, gravé sur sa médaille de mariage !!!
Mais nous n'en sommes pas encore là ...
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Bonnie Prince Charlie
Oui, à la mort du cardinal, les prétentions jacobites revinrent à Charles-Emmanuel IV de Savoie, ex-roi de Sardaigne. Ce dernier s'etait retiré de toute vie publique, en ayant renoncé à son trône chancelant en 1802, pour se retirer dans un monastère. Je n'ai pas connaissance d'un engagement actif de ce prince qui abhorrait les complexités de la politique internationale.
Dominique Poulin- Messages : 7013
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Re: Bonnie Prince Charlie
Dominique Poulin a écrit:Oui, à la mort du cardinal, les prétentions jacobites revinrent à Charles-Emmanuel IV de Savoie, ex-roi de Sardaigne.
Je tombe de la lune, Domi, il y a donc encore un prétendant !!! ... après deux siècles ! J'en suis presque toute chose, tellement cette saga jacobite a su me toucher, m'émouvoir lors de mes voyages en Ecosse et visite du château de Hollyrood. C'est pourquoi je garde si fort Bonnie Prince Charlie dans un petit coin de mon coeur malgré ( ou à cause de ) la ruine de tous ses rêves, sa chute, sa déchéance .
Vous m'ouvrez une nouvelle perspective que je ne soupçonnais pas .
Dans la foulée, je cherchouille et je trouve ceci :
Les rois Jacobites et leurs héritiers.
En 1688, le roi Jacques II d’Angleterre et d’Irlande et VII d’Écosse (1633-1701) fut détrôné par un coup d’État, appelé par les historiens Glorieuse Révolution, mené par une armée hollandaise de 25 000 hommes, dont plus de 7 000 huguenots français. Le roi est chassé et une bonne partie de ses pouvoirs transmis au parlement, où les lois seront élaborées par le parti whig.
Les royalistes britanniques qui lui étaient restés fidèles, de même qu’à ses successeurs, sont connus sous le nom de jacobites car le prénom du roi, en latin, est « Jacobus »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacobitisme
Les biographies présentées ici
http://www.microsofttranslator.com/bv.aspx?from=en&to=fr&a=http%3A%2F%2Fwww.jacobite.ca%2Fkings%2Findex.htm%23numbers
expliquent comment la succession pour le trône d’Angleterre, Écosse, France et Irlande est passé de la maison Stuart à travers les maisons de Savoie et les Habsbourg à la maison de Wittelsbach, où il reste jusqu’à ce jour.
Armoiries_du_royaume_de_Bavière_(1835).svg
Max-Emmanuel von Wittelsbach, héritier jacobite
https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2016/02/05/les-rois-jacobites-et-leurs-heritiers/
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Bonnie Prince Charlie
T'emballe pas comme ça, Alberta, il est pas encore mort Charles-Edouard. Nous en sommes à Louise de Stolberg que lui fourgue d'Aiguillon. Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ... Non, je parie que non . J'le sens pas du tout ce mariage .
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: Bonnie Prince Charlie
Comtesse Diane a écrit: Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ... Non, je parie que non . J'le sens pas du tout ce mariage .
Vous avez raison, hélas ! Comtesse : ils se marièrent, vécurent malheureux et n'eurent jamais d'enfants .
Pourtant ce pourrait être un nouveau départ, une renaissance pour Charlie :
Deux jours après le mariage, le soir de Pâques, les nouveaux époux quittèrent le château de Macerata et se dirigèrent à petites journées vers Rome, où ils firent leur entrée le 22 avril.
Ce fut presque une entrée royale. Charles-Edouard, depuis six ans, était en instance auprès de la cour de Rome pour obtenir la reconnaissance de son titre de roi, comme son père l’avait obtenue naguère du pape Clément XI. Espérant toujours que le souverain pontife finirait par lui accorder cette faveur, dont Jacques III avait joui pendant quarante-huit ans, il n’avait rien négligé pour maintenir son rang dans une occasion aussi solennelle.
Quatre courriers galopaient devant les équipages ; puis venaient cinq voitures attelées de six chevaux, la première, où se trouvaient le prince et la princesse, les deux suivantes, réservées à la maison de Charles III, les deux dernières au cardinal d’York ( que Momo vient d'évoquer juste en amont ) et à ses gens. Une foule immense se pressait sur leur passage ; les étrangers, les Anglais surtout, si nombreux à Rome, se mêlaient avidement à une population toujours curieuse de ces spectacles, et l’on peut dire que l’entrée de Charles III avec sa jeune femme dans la capitale du monde catholique fut un des événemens de l’année 1772, événement d’un jour, et bien vite oublié.
Ce bruit, cet éclat, ce concours du peuple, tout cela ne valait point pour Charles-Edouard un simple mot tombé de la bouche du pape. Vainement fit-il notifier au cardinal secrétaire d’état l’arrivée du roi et de la reine d’Angleterre ; on n’était plus au temps de Clément XI, et le sage Clément XIV, assis alors sur le siège de saint Pierre, ne voulait pas exposer le gouvernement romain à des difficultés graves pour l’inutile et dangereux plaisir de protester contre les arrêts de l’histoire.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Bonnie Prince Charlie
Lorsque le président de Brosses, en 1739, visitait la ville de Rome, il pouvait dire à propos du fils de Jacques II, père de Charles-Edouard : « On le traite ici avec toute la considération due à une majesté reconnue pour telle. Il habite place des Saints-Apôtres, dans un vaste logement. Les troupes du pape y montent la garde comme à Monte-Cavallo, et l’accompagnent lorsqu’il sort… Il ne manque pas de dignité dans ses manières. Je n’ai vu aucun prince tenir un grand cercle avec autant de grâce et de noblesse . »
En 1772, il n’y avait plus à Rome de roi d’Angleterre reconnu par le saint-siège, il n’y avait plus de garde papale à la porte de son hôtel, plus de cortège militaire pour l’escorter par la ville ; le prétendu Charles III était simplement Charles Stuart, ou bien encore le comte d’Albany, comme il se nommait lui-même dans ses voyages.
Quant à la reine Louise, le peuple romain, pour ne pas lui enlever tout à fait sa royauté, l’appelait la « reine des apôtres, » du nom de la place où était situé le palais Muti, occupé depuis un demi-siècle par les descendants de Charles Ier.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: Bonnie Prince Charlie
Merci, ma chère Diane, pour cet aperçu !
La Courr que tenait Louise dans ce beau palais Muti était bien tristounette ... Louise aurait pu être la reine des salons de Rome, s’il y avait eu à Rome des salons où le roi et la reine d’Angleterre eussent pu maintenir leur rang. Ce qui causait surtout son ennui, c’était la vie de Rome telle que la lui imposait sa situation de reine non reconnue.
De 1772 à 1774, ce fut une pauvre Cour que la Cour du palazzo Muti.
« On y voit, dit M. de Bonstetten, trois ou quatre gentilshommes avec leurs femmes, amis fidèles à qui le prétendant raconte pour la centième fois ses aventures de la campagne d’Ecosse. La reine, de moyenne taille, est blonde, avec des yeux d’un bleu foncé ; elle a le nez légèrement retroussé et un teint d’une blancheur éclatante, comme celui d’une Anglaise. Sa physionomie, aimable et vive, a quelque chose d’espiègle et de provoquant. »
Se figure-t-on bien cette jeune femme espiègle dans cette cour de vieux jacobites ? Elle riait de son rire le plus franc, dit encore M. de Bonstetten, lorsque Charles-Edouard racontait qu’il avait été obligé de se déguiser en femme pour échapper aux espions du duc de Cumberland.
Je veux bien que l’histoire fût plaisante ; à la longue cependant, l’intérêt devait s’affaiblir. Tandis que ces éternelles narrations occupaient la Cour solitaire du palais Muti, la société romaine par contraste offrait un spectacle plein de vie et de mouvement. C’était l’époque ou se préparait la suppression des Jésuites. Jamais la diplomatie n’avait été plus active, plus brillante, jamais elle n’avait joué à Rome un rôle si curieux et si considérable.
À sa tête marchaient les deux ambassadeurs d’Espagne et de France, don Joseph Moñino, le futur comte de Florida-Blanca, et ce sémillant cardinal de Bernis ( Ah ! mais c'est une ancienne connaissance à nous ! ), qui, dans ses fêtes magnifiques, enseignait si spirituellement à l’aristocratie romaine les élégances de Paris et de Versailles.
La Courr que tenait Louise dans ce beau palais Muti était bien tristounette ... Louise aurait pu être la reine des salons de Rome, s’il y avait eu à Rome des salons où le roi et la reine d’Angleterre eussent pu maintenir leur rang. Ce qui causait surtout son ennui, c’était la vie de Rome telle que la lui imposait sa situation de reine non reconnue.
De 1772 à 1774, ce fut une pauvre Cour que la Cour du palazzo Muti.
« On y voit, dit M. de Bonstetten, trois ou quatre gentilshommes avec leurs femmes, amis fidèles à qui le prétendant raconte pour la centième fois ses aventures de la campagne d’Ecosse. La reine, de moyenne taille, est blonde, avec des yeux d’un bleu foncé ; elle a le nez légèrement retroussé et un teint d’une blancheur éclatante, comme celui d’une Anglaise. Sa physionomie, aimable et vive, a quelque chose d’espiègle et de provoquant. »
Se figure-t-on bien cette jeune femme espiègle dans cette cour de vieux jacobites ? Elle riait de son rire le plus franc, dit encore M. de Bonstetten, lorsque Charles-Edouard racontait qu’il avait été obligé de se déguiser en femme pour échapper aux espions du duc de Cumberland.
Je veux bien que l’histoire fût plaisante ; à la longue cependant, l’intérêt devait s’affaiblir. Tandis que ces éternelles narrations occupaient la Cour solitaire du palais Muti, la société romaine par contraste offrait un spectacle plein de vie et de mouvement. C’était l’époque ou se préparait la suppression des Jésuites. Jamais la diplomatie n’avait été plus active, plus brillante, jamais elle n’avait joué à Rome un rôle si curieux et si considérable.
À sa tête marchaient les deux ambassadeurs d’Espagne et de France, don Joseph Moñino, le futur comte de Florida-Blanca, et ce sémillant cardinal de Bernis ( Ah ! mais c'est une ancienne connaissance à nous ! ), qui, dans ses fêtes magnifiques, enseignait si spirituellement à l’aristocratie romaine les élégances de Paris et de Versailles.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Bonnie Prince Charlie
Pauvre Louise ! Réduite a faire elle même le ménage du palais Muti du fait de l’impécuniosité de son royal époux...
Au point de rentrer dans l’Histoire sous le nom de Bonniche Princess Louise la malheureuse
Au point de rentrer dans l’Histoire sous le nom de Bonniche Princess Louise la malheureuse
Gouverneur Morris- Messages : 11796
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Re: Bonnie Prince Charlie
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Bonnie Prince Charlie
Comment ne pas soupçonner l'impatience et le dépit de Louise ? Enfin, Dieu merci, cette Rome ennuyeuse où il lui est impossible de jouer un rôle, elle va la quitter à la fin de l’année 1774. Un grand jubilé devait être célébré l’année suivante ; Charles-Edouard ne pouvait se résigner à la pensée que, dans une telle occasion, au milieu de ces cérémonies solennelles, il lui faudrait renoncer pour lui et pour sa femme aux honneurs de la souveraineté. Assister au jubilé sous le nom de comte d’Albany, c’eût été constater sa déchéance dans la capitale du catholicisme. Il dit adieu à Rome et alla s’établir à Florence.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: Bonnie Prince Charlie
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: Bonnie Prince Charlie
Re-merci, Comtesse, pour ce dernier coup d'oeil par-dessus son épaule Que de transformations jusqu'à nous ! ... départ pour Florence donc, mais c'est dans ce palais Muti que reviendra mourir Charlie.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Bonnie Prince Charlie
Nous ne verrons pas Charles-Edouard plus heureux à Florence qu'à Rome . Il va pourtant y rester pendant des années mais, ici ou ailleurs, il ne trouvera de consolation nulle part.
Florence ou Rome, c’était même chose pour ce singulier prétendant, qui ne savait plus ni vouloir un trône ni se résigner à l’avoir perdu. Ce qu’il cherchait, en Toscane comme dans les états du saint-siège, c’était un souverain disposé à reconnaître son titre de roi d’Angleterre.
Or le grand-duc de Toscane en 1774 était le second fils de Marie-Thérèse, le frère de l’empereur d’Allemagne Joseph II, celui qui devait lui-même, sous le nom de Léopold II, porter, seize ans plus tard, la couronne impériale. ( Nous voilà à nouveau en terrain de connaissance ! )
C’était un prince philosophe, nourri des idées du XVIIIe siècle, les acceptant toutes, bonnes ou mauvaises, à la fois libéral et despote, avide d’illustrer son nom par des réformes et nivelant des institutions qu’il fallait seulement rectifier, esprit imprudent, impatient, mais généreux, et sous qui la Toscane, éclairée par les disciples de Montesquieu, de Voltaire, de Rousseau, a devancé plusieurs conquêtes de la révolution française. Un adversaire aussi résolu de la société du moyen âge ne pouvait pas éprouver de sympathies pour la cause du petit-fils de Jacques II .
Toutes les tentatives du prétendant sur ce point furent absolument vaines : Pierre-Léopold n’eut pas même de rapports personnels avec Charles-Edouard.
Florence ou Rome, c’était même chose pour ce singulier prétendant, qui ne savait plus ni vouloir un trône ni se résigner à l’avoir perdu. Ce qu’il cherchait, en Toscane comme dans les états du saint-siège, c’était un souverain disposé à reconnaître son titre de roi d’Angleterre.
Or le grand-duc de Toscane en 1774 était le second fils de Marie-Thérèse, le frère de l’empereur d’Allemagne Joseph II, celui qui devait lui-même, sous le nom de Léopold II, porter, seize ans plus tard, la couronne impériale. ( Nous voilà à nouveau en terrain de connaissance ! )
C’était un prince philosophe, nourri des idées du XVIIIe siècle, les acceptant toutes, bonnes ou mauvaises, à la fois libéral et despote, avide d’illustrer son nom par des réformes et nivelant des institutions qu’il fallait seulement rectifier, esprit imprudent, impatient, mais généreux, et sous qui la Toscane, éclairée par les disciples de Montesquieu, de Voltaire, de Rousseau, a devancé plusieurs conquêtes de la révolution française. Un adversaire aussi résolu de la société du moyen âge ne pouvait pas éprouver de sympathies pour la cause du petit-fils de Jacques II .
Toutes les tentatives du prétendant sur ce point furent absolument vaines : Pierre-Léopold n’eut pas même de rapports personnels avec Charles-Edouard.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bonnie Prince Charlie
Tant de vexations sont insupportables à Charles-Edouard qui semblait pourtant avoir repris un peu de dignité pendant les premières années de son mariage. Il rechute dans son vice ...
Peu de temps après son établissement en Toscane, on voit sa santé s’altérer de nouveau et ses goûts d’autrefois s’afficher sans vergogne. Il n’allait plus au théâtre sans emporter une bouteille de vin de Chypre ; étendu ensuite dans un fauteuil, il s’endormait si profondément que ses domestiques avaient grand’peine à le porter jusqu’à sa voiture. Sa santé, on le pense bien, était singulièrement compromise par de tels désordres. Atteint d’hydropisie, ses forces diminuaient sans cesse, et déjà le mal avait envahi la poitrine. On voudrait savoir quel a été le rôle de la princesse auprès d’un tel mari, on voudrait savoir si elle a exercé quelque influence sur sa conduite, si elle a tenté de relever son cœur, de le rappeler au sentiment de lui-même, si elle a essayé enfin de guérir le malade avant de s’en détourner avec dégoût. Par malheur, ces renseignemens nous manquent. La seule chose certaine, c’est que le comte d’Albany (tel était désormais le titre qu’il était réduit à porter) devint odieux à sa compagne. Ses chagrins, ses humiliations, les désordres de sa vie, l’horreur qu’il s’inspirait à lui-même, les remords qui l’obsédaient au réveil, tout irritait cette âme inquiète et la poussait à des violences qui aggravaient encore ses fautes.
« Il maltraite sa femme de toutes les manières, » écrivait un diplomate anglais, sir Horace Mann, à la fin du mois de novembre 1779.
C'était fatal, Louise allait chercher ( ... et trouver ) consolation, elle aussi ... ailleurs .
Deux années avant cette date ( 1779 ) , un jeune gentilhomme piémontais, ardent, enthousiaste, fou de poésie et ignorant comme un Vandale, venait d’arriver à Florence pour y apprendre cette belle langue toscane ; à peu près inconnue dans son pays. Après une jeunesse errante et toute remplie d’aventures, après maints voyages d’un bout de l’Europe à l’autre, , toujours occupé d’intrigues et de chevaux, était revenu dans sa patrie, amoureux de la poésie dramatique, enivré des premiers sourires de la Muse, .
Tel était le comte Victor Alfieri Vous me sentez venir ? Eh bien oui , cette Muse allait prendre les traits de la comtesse d'Albany ...
Lorsqu’Alfieri vint à Florence en 1777, âgé de vingt-huit ans à peine, et y rencontra, ce sont ses paroles, un amour digne de lui, qui l’enchaîna pour toujours.
Peu de temps après son établissement en Toscane, on voit sa santé s’altérer de nouveau et ses goûts d’autrefois s’afficher sans vergogne. Il n’allait plus au théâtre sans emporter une bouteille de vin de Chypre ; étendu ensuite dans un fauteuil, il s’endormait si profondément que ses domestiques avaient grand’peine à le porter jusqu’à sa voiture. Sa santé, on le pense bien, était singulièrement compromise par de tels désordres. Atteint d’hydropisie, ses forces diminuaient sans cesse, et déjà le mal avait envahi la poitrine. On voudrait savoir quel a été le rôle de la princesse auprès d’un tel mari, on voudrait savoir si elle a exercé quelque influence sur sa conduite, si elle a tenté de relever son cœur, de le rappeler au sentiment de lui-même, si elle a essayé enfin de guérir le malade avant de s’en détourner avec dégoût. Par malheur, ces renseignemens nous manquent. La seule chose certaine, c’est que le comte d’Albany (tel était désormais le titre qu’il était réduit à porter) devint odieux à sa compagne. Ses chagrins, ses humiliations, les désordres de sa vie, l’horreur qu’il s’inspirait à lui-même, les remords qui l’obsédaient au réveil, tout irritait cette âme inquiète et la poussait à des violences qui aggravaient encore ses fautes.
« Il maltraite sa femme de toutes les manières, » écrivait un diplomate anglais, sir Horace Mann, à la fin du mois de novembre 1779.
C'était fatal, Louise allait chercher ( ... et trouver ) consolation, elle aussi ... ailleurs .
Deux années avant cette date ( 1779 ) , un jeune gentilhomme piémontais, ardent, enthousiaste, fou de poésie et ignorant comme un Vandale, venait d’arriver à Florence pour y apprendre cette belle langue toscane ; à peu près inconnue dans son pays. Après une jeunesse errante et toute remplie d’aventures, après maints voyages d’un bout de l’Europe à l’autre, , toujours occupé d’intrigues et de chevaux, était revenu dans sa patrie, amoureux de la poésie dramatique, enivré des premiers sourires de la Muse, .
Tel était le comte Victor Alfieri Vous me sentez venir ? Eh bien oui , cette Muse allait prendre les traits de la comtesse d'Albany ...
Lorsqu’Alfieri vint à Florence en 1777, âgé de vingt-huit ans à peine, et y rencontra, ce sont ses paroles, un amour digne de lui, qui l’enchaîna pour toujours.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bonnie Prince Charlie
Comme quoi Charles-Edouard était arrivé à un point de non retour, il usait prématurément sa santé tant physique que morale, avec des accès de violence sur sa pauvre femme. L'on sait, qu'un beau jour, elle le quitta pour de bon, car sa vie était devenue un enfer.
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Bonnie Prince Charlie
Certes, Dominique, certes . C'est bien triste . Mais comment aurait-elle pu résister à pareille passion ?
Ecoutons l'ardent Alfieri lui-même :
« A peine, dit-il en ses Mémoires, m’étais-je établi tant bien que mal à Florence, pour essayer d’y séjourner un mois, qu’une circonstance nouvelle m’y fixa et pour ainsi dire m’y enferma bien des années. Cette circonstance me détermina pour mon bonheur à m’expatrier à jamais, et je trouvai enfin dans des chaînes d’or, dont je me liai moi-même volontairement, cette liberté littéraire sans laquelle jamais je n’eusse rien fait de bon… Pendant l’été précédent, que j’avais tout entier passé à Florence, j’y avais souvent rencontré, sans la chercher, une belle et très gracieuse dame. Étrangère de haute distinction, il n’était guère possible de ne la point voir et de ne pas la remarquer, plus impossible encore, une fois vue et remarquée, de ne pas lui trouver un charme infini. La plupart des seigneurs du pays et tous les étrangers qui avaient quelque naissance étaient reçus chez elle ; mais, plongé dans mes études et ma mélancolie, sauvage et fantasque de ma nature, et d’autant plus attentif à éviter toujours entre les femmes celles qui me paraissaient les plus aimables et les plus belles, je ne voulus point, cet été-là, me laisser présenter dans sa maison. Néanmoins il m’était arrivé très souvent de la rencontrer dans les théâtres et à la promenade. Il m’en était resté dans les yeux et en même temps dans le cœur une première impression très agréable ; des yeux très noirs et pleins d’une douce flamme, joints (chose rare) à une peau très blanche et à des cheveux blonds, donnaient à sa beauté un tel éclat qu’il était difficile, à sa vue, de ne pas se sentir tout à coup saisi et subjugué. Elle avait vingt-cinq ans, un goût très vif pour les lettres et les beaux-arts, un caractère d’ange, et, malgré toute sa fortune, des circonstances domestiques pénibles et désagréables qui ne lui permettaient d’être ni aussi heureuse ni aussi contente qu’elle l’eût mérité. Il y avait là trop de prestiges pour que j’osasse les affronter.
« Mais dans le cours de cet automne, pressé à plusieurs reprises par un de mes amis de me laisser présenter à elle, et me croyant désormais assez fort, je me risquai à en courir le danger, et je ne fus pas longtemps à me sentir pris, presque sans m’en apercevoir… Toutefois, encore chancelant entre le oui et le non de cette flamme nouvelle, au mois de décembre je pris la poste, et je m’en allai à franc étrier jusqu’à Rome, voyage insensé et fatigant, dont je ne rapportai pour tout fruit que mon sonnet sur Rome, que je fis, une nuit, dans une pitoyable auberge de Baccano, où il me fut impossible de fermer l’œil. Aller, rester, revenir, ce fut l’affaire de douze jours. Je passai et repassai par Sienne, où je revis mon ami Gori, qui ne me détourna pas de ces nouvelles chaînes dont j’étais déjà enlacé plus qu’à demi ; aussi mon retour à Florence acheva bientôt de les river pour toujours. L’approche de cette quatrième et dernière fièvre de mon cœur s’annonçait heureusement pour moi par des symptômes bien différens de ceux qui avaient marqué l’accès des trois premières. Dans celles-ci, je n’étais pas ému, comme dans la dernière, par une passion de l’intelligence, qui, se mêlant à celle du cœur et lui faisant contre-poids, formait, pour parler comme le poète, un mélange mystérieux et confus qui, avec moins d’ardeur et d’impétuosité, avait cependant quelque chose de plus profond, de mieux senti, de plus durable. Telle fut la flamme qui, à dater de cette époque, vint insensiblement se déployer à la cime de toutes mes affections, de toutes mes pensées, et qui désormais ne s’éteindra en moi qu’avec la vie. Ayant fini par m’apercevoir au bout de deux mois que c’était là la femme que je cherchais, puisque, loin de trouver chez elle, comme dans le vulgaire des femmes, un obstacle à la gloire littéraire, et de voir l’amour qu’elle m’inspirait me dégoûter des occupations utiles et rapetisser pour ainsi dire mes pensées, j’y trouvai au contraire un aiguillon, un encouragement et un exemple pour tout ce qui était bien, j’appris à connaître, à apprécier un trésor si rare, et dès lors je me livrai éperdument à elle. Et certes je ne me trompai pas, puisque, après dix années entières, à l’heure où j’écris ces enfantillages, désormais, hélas ! entré dans la triste saison des désenchantemens, de plus en plus je m’enflamme pour elle, à mesure que le temps va détruisant en elle ce qui n’est pas elle, ces frêles avantages d’une beauté qui devait mourir. Chaque jour mon cœur s’élève, s’adoucit, s’améliore en elle, et j’oserai dire, j’oserai croire qu’il en est d’elle comme de moi, et que son cœur, en s’appuyant sur le mien, y puise une force nouvelle. »
Ecoutons l'ardent Alfieri lui-même :
« A peine, dit-il en ses Mémoires, m’étais-je établi tant bien que mal à Florence, pour essayer d’y séjourner un mois, qu’une circonstance nouvelle m’y fixa et pour ainsi dire m’y enferma bien des années. Cette circonstance me détermina pour mon bonheur à m’expatrier à jamais, et je trouvai enfin dans des chaînes d’or, dont je me liai moi-même volontairement, cette liberté littéraire sans laquelle jamais je n’eusse rien fait de bon… Pendant l’été précédent, que j’avais tout entier passé à Florence, j’y avais souvent rencontré, sans la chercher, une belle et très gracieuse dame. Étrangère de haute distinction, il n’était guère possible de ne la point voir et de ne pas la remarquer, plus impossible encore, une fois vue et remarquée, de ne pas lui trouver un charme infini. La plupart des seigneurs du pays et tous les étrangers qui avaient quelque naissance étaient reçus chez elle ; mais, plongé dans mes études et ma mélancolie, sauvage et fantasque de ma nature, et d’autant plus attentif à éviter toujours entre les femmes celles qui me paraissaient les plus aimables et les plus belles, je ne voulus point, cet été-là, me laisser présenter dans sa maison. Néanmoins il m’était arrivé très souvent de la rencontrer dans les théâtres et à la promenade. Il m’en était resté dans les yeux et en même temps dans le cœur une première impression très agréable ; des yeux très noirs et pleins d’une douce flamme, joints (chose rare) à une peau très blanche et à des cheveux blonds, donnaient à sa beauté un tel éclat qu’il était difficile, à sa vue, de ne pas se sentir tout à coup saisi et subjugué. Elle avait vingt-cinq ans, un goût très vif pour les lettres et les beaux-arts, un caractère d’ange, et, malgré toute sa fortune, des circonstances domestiques pénibles et désagréables qui ne lui permettaient d’être ni aussi heureuse ni aussi contente qu’elle l’eût mérité. Il y avait là trop de prestiges pour que j’osasse les affronter.
« Mais dans le cours de cet automne, pressé à plusieurs reprises par un de mes amis de me laisser présenter à elle, et me croyant désormais assez fort, je me risquai à en courir le danger, et je ne fus pas longtemps à me sentir pris, presque sans m’en apercevoir… Toutefois, encore chancelant entre le oui et le non de cette flamme nouvelle, au mois de décembre je pris la poste, et je m’en allai à franc étrier jusqu’à Rome, voyage insensé et fatigant, dont je ne rapportai pour tout fruit que mon sonnet sur Rome, que je fis, une nuit, dans une pitoyable auberge de Baccano, où il me fut impossible de fermer l’œil. Aller, rester, revenir, ce fut l’affaire de douze jours. Je passai et repassai par Sienne, où je revis mon ami Gori, qui ne me détourna pas de ces nouvelles chaînes dont j’étais déjà enlacé plus qu’à demi ; aussi mon retour à Florence acheva bientôt de les river pour toujours. L’approche de cette quatrième et dernière fièvre de mon cœur s’annonçait heureusement pour moi par des symptômes bien différens de ceux qui avaient marqué l’accès des trois premières. Dans celles-ci, je n’étais pas ému, comme dans la dernière, par une passion de l’intelligence, qui, se mêlant à celle du cœur et lui faisant contre-poids, formait, pour parler comme le poète, un mélange mystérieux et confus qui, avec moins d’ardeur et d’impétuosité, avait cependant quelque chose de plus profond, de mieux senti, de plus durable. Telle fut la flamme qui, à dater de cette époque, vint insensiblement se déployer à la cime de toutes mes affections, de toutes mes pensées, et qui désormais ne s’éteindra en moi qu’avec la vie. Ayant fini par m’apercevoir au bout de deux mois que c’était là la femme que je cherchais, puisque, loin de trouver chez elle, comme dans le vulgaire des femmes, un obstacle à la gloire littéraire, et de voir l’amour qu’elle m’inspirait me dégoûter des occupations utiles et rapetisser pour ainsi dire mes pensées, j’y trouvai au contraire un aiguillon, un encouragement et un exemple pour tout ce qui était bien, j’appris à connaître, à apprécier un trésor si rare, et dès lors je me livrai éperdument à elle. Et certes je ne me trompai pas, puisque, après dix années entières, à l’heure où j’écris ces enfantillages, désormais, hélas ! entré dans la triste saison des désenchantemens, de plus en plus je m’enflamme pour elle, à mesure que le temps va détruisant en elle ce qui n’est pas elle, ces frêles avantages d’une beauté qui devait mourir. Chaque jour mon cœur s’élève, s’adoucit, s’améliore en elle, et j’oserai dire, j’oserai croire qu’il en est d’elle comme de moi, et que son cœur, en s’appuyant sur le mien, y puise une force nouvelle. »
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Re: Bonnie Prince Charlie
Je propulse dans ce sujet la dernière énigme de notre Jeu, car elle avait trait à Charles-Edouard.
C'est l'occasion d'un flash back qui nous ramène au tout début de la galère du prince, l'épisode de sa fuite pour échapper aux Anglais dans lequel Flora Mac Donald se met en quatre pour lui. Il est encore jeune et beau, d'une vaillance à toute épreuve ...
Charles-Edouard et ses compagnons se remettent donc en mer, et ils abordent pendant la nuit. Ils erraient sur le rivage, n’ayant pour habits que des lambeaux déchirés de vêtements à l’usage des montagnards quand ils rencontrèrent au point du jour Mlle Macdonald, d'un clan attaché aux Stuarts. Le prince, qui l’avait vue dans le temps de ses succès, la reconnut et s’en fit reconnaître. Elle se jeta à ses pieds. On ne pouvait faire un pas sans risquer d’être pris. Elle conseilla au prince de se cacher dans une caverne qu’elle lui indiqua, au pied d’une montagne, près de la cabane d’un montagnard connu d’elle et affidé, et elle promit de venir le prendre dans cette retraite, ou de lui envoyer quelque personne sûre qui se chargerait de le conduire.
Le prince s’enfonça donc dans cette caverne avec ses fidèles compagnons. Le paysan montagnard leur fournit un peu de farine d’orge détrempée dans de l’eau ; mais ils perdirent toute espérance lorsque, ayant passé deux jours dans ce lieu affreux, personne ne vint à leur secours. Tous les environs étaient garnis de milices. Il ne restait plus de vivres à ces fugitifs. Une maladie cruelle affaiblissait le prince : son corps était couvert de boutons ulcérés. Cet état, ce qu’il avait souffert, et tout ce qu’il avait à craindre, mettaient le comble à cet excès des plus horribles misères que la nature humaine puisse éprouver ; mais il n’était pas au bout.
Mlle Macdonald envoie enfin un exprès dans la caverne qui leur apprend que la retraite dans le continent est impossible ; qu’il faut fuir encore dans une petite île nommée Benbecula, et s’y réfugier dans la maison d’un gentilhomme qu’on leur indique ; que Mlle Macdonald s’y trouvera, et que là on verra les arrangements qu’on pourra prendre pour leur sûreté. La même barque qui les avait portés au continent les transporte donc dans cette île. Ils marchent vers la maison de ce gentilhomme, Mlle Macdonald s’embarque à quelques milles de là pour les aller trouver ; mais ils sont à peine arrivés dans l’île qu’ils apprennent que le gentilhomme chez lequel ils comptaient trouver un asile avait été enlevé la nuit avec toute sa famille. Le prince et ses amis se cachent encore dans des marais. Onel enfin va à la découverte et retrouve Mlle Macdonald : elle lui dit qu’elle peut sauver le prince en lui donnant des habits de servante qu’elle a apportés avec elle ; mais qu’elle ne peut sauver que lui, qu’une seule personne de plus serait suspecte. Ces deux hommes n’hésitent pas à préférer le salut du prince au leur. Ils se séparent en pleurant. Charles-Édouard prit des habits de servante, et suivit, sous le nom de Betty, Mlle Macdonald. Les dangers ne cessèrent pas malgré ce déguisement. Cette demoiselle et le prince, déguisé, se réfugièrent d’abord dans l’île de Skye, à l’occident de l’Ecosse.
Ils étaient dans la maison d’un gentilhomme, lorsque cette maison est tout à coup investie par les milices ennemies. Le prince ouvre lui-même la porte aux soldats. Il a le bonheur de n’être pas reconnu ; mais bientôt après on sut dans l’île qu’il était dans ce château. Alors il fallut se séparer de Mlle Macdonald, et s’abandonner seul à sa destinée. Il marcha dix milles suivi d’un simple batelier. Enfin, poussé par la faim et prêt à succomber, il se hasarda à entrer dans une maison dont il savait bien que le maître n’était pas de son parti. « Le fils de votre roi, lui dit-il, vient vous demander du pain et un habit. Je sais que vous êtes mon ennemi ; mais je vous crois assez de vertu pour ne pas abuser de ma confiance et de mon malheur. Prenez les misérables vêtements qui me couvrent, gardez-les ; vous pourrez me les apporter un jour dans le palais des rois de la Grande-Bretagne. » Le gentilhomme auquel il s’adressait fut touché comme il devait l’être. Il s’empressa de le secourir, autant que la pauvreté de ce pays peut le permettre, et lui garda le secret.
C'est l'occasion d'un flash back qui nous ramène au tout début de la galère du prince, l'épisode de sa fuite pour échapper aux Anglais dans lequel Flora Mac Donald se met en quatre pour lui. Il est encore jeune et beau, d'une vaillance à toute épreuve ...
Charles-Edouard et ses compagnons se remettent donc en mer, et ils abordent pendant la nuit. Ils erraient sur le rivage, n’ayant pour habits que des lambeaux déchirés de vêtements à l’usage des montagnards quand ils rencontrèrent au point du jour Mlle Macdonald, d'un clan attaché aux Stuarts. Le prince, qui l’avait vue dans le temps de ses succès, la reconnut et s’en fit reconnaître. Elle se jeta à ses pieds. On ne pouvait faire un pas sans risquer d’être pris. Elle conseilla au prince de se cacher dans une caverne qu’elle lui indiqua, au pied d’une montagne, près de la cabane d’un montagnard connu d’elle et affidé, et elle promit de venir le prendre dans cette retraite, ou de lui envoyer quelque personne sûre qui se chargerait de le conduire.
Le prince s’enfonça donc dans cette caverne avec ses fidèles compagnons. Le paysan montagnard leur fournit un peu de farine d’orge détrempée dans de l’eau ; mais ils perdirent toute espérance lorsque, ayant passé deux jours dans ce lieu affreux, personne ne vint à leur secours. Tous les environs étaient garnis de milices. Il ne restait plus de vivres à ces fugitifs. Une maladie cruelle affaiblissait le prince : son corps était couvert de boutons ulcérés. Cet état, ce qu’il avait souffert, et tout ce qu’il avait à craindre, mettaient le comble à cet excès des plus horribles misères que la nature humaine puisse éprouver ; mais il n’était pas au bout.
Mlle Macdonald envoie enfin un exprès dans la caverne qui leur apprend que la retraite dans le continent est impossible ; qu’il faut fuir encore dans une petite île nommée Benbecula, et s’y réfugier dans la maison d’un gentilhomme qu’on leur indique ; que Mlle Macdonald s’y trouvera, et que là on verra les arrangements qu’on pourra prendre pour leur sûreté. La même barque qui les avait portés au continent les transporte donc dans cette île. Ils marchent vers la maison de ce gentilhomme, Mlle Macdonald s’embarque à quelques milles de là pour les aller trouver ; mais ils sont à peine arrivés dans l’île qu’ils apprennent que le gentilhomme chez lequel ils comptaient trouver un asile avait été enlevé la nuit avec toute sa famille. Le prince et ses amis se cachent encore dans des marais. Onel enfin va à la découverte et retrouve Mlle Macdonald : elle lui dit qu’elle peut sauver le prince en lui donnant des habits de servante qu’elle a apportés avec elle ; mais qu’elle ne peut sauver que lui, qu’une seule personne de plus serait suspecte. Ces deux hommes n’hésitent pas à préférer le salut du prince au leur. Ils se séparent en pleurant. Charles-Édouard prit des habits de servante, et suivit, sous le nom de Betty, Mlle Macdonald. Les dangers ne cessèrent pas malgré ce déguisement. Cette demoiselle et le prince, déguisé, se réfugièrent d’abord dans l’île de Skye, à l’occident de l’Ecosse.
Ils étaient dans la maison d’un gentilhomme, lorsque cette maison est tout à coup investie par les milices ennemies. Le prince ouvre lui-même la porte aux soldats. Il a le bonheur de n’être pas reconnu ; mais bientôt après on sut dans l’île qu’il était dans ce château. Alors il fallut se séparer de Mlle Macdonald, et s’abandonner seul à sa destinée. Il marcha dix milles suivi d’un simple batelier. Enfin, poussé par la faim et prêt à succomber, il se hasarda à entrer dans une maison dont il savait bien que le maître n’était pas de son parti. « Le fils de votre roi, lui dit-il, vient vous demander du pain et un habit. Je sais que vous êtes mon ennemi ; mais je vous crois assez de vertu pour ne pas abuser de ma confiance et de mon malheur. Prenez les misérables vêtements qui me couvrent, gardez-les ; vous pourrez me les apporter un jour dans le palais des rois de la Grande-Bretagne. » Le gentilhomme auquel il s’adressait fut touché comme il devait l’être. Il s’empressa de le secourir, autant que la pauvreté de ce pays peut le permettre, et lui garda le secret.
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Re: Bonnie Prince Charlie
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Re: Bonnie Prince Charlie
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: Bonnie Prince Charlie
Merci, Comtesse, pour ce magnifique portrait de jeunesse, Charlie tel que je l'aime !
L'alcolisme n'a pas encore commencé son oeuvre de destruction ...
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Re: Bonnie Prince Charlie
Charles rejoint finalement la frégate française « L’Heureux » et embarque pour la France le 20 septembre 1746.
Il ne reverra plus jamais l’Écosse.
À l’endroit de son embarquement, sur les rives du Loch nan Uamh dans le Lochaber est désormais érigé un cairn commémorant le départ du prince…
Flora MacDonald, par Allan Ramsay, XVIIIe iècle Flora MacDonald, par Allan Ramsay, XVIIIe iècle
Quant à Flora MacDonald, elle est arrêtée et emmenée à Londres pour avoir aidé à la fuite du prince. Après un court emprisonnement à la Tour de Londres, on l’autorise à vivre hors de ses murs, sous la garde d’un “messager” ou geôlier. Quand l’Acte d’Amnistie est appliqué en 1747, elle est relâchée.
Elle se marie en 1750, émigre aux Amériques en 1773 et retournera en Écosse en 1779.
Elle meurt en 1790 à Kingsburgh, sur l’île de Skye, à l’âge de 68 ans.
Une statue a été élevée à sa mémoire à Inverness, en Écosse.
Flora regarde disparaître la frégate l'Heureux à l'horizon ...
Il ne reverra plus jamais l’Écosse.
À l’endroit de son embarquement, sur les rives du Loch nan Uamh dans le Lochaber est désormais érigé un cairn commémorant le départ du prince…
Flora MacDonald, par Allan Ramsay, XVIIIe iècle Flora MacDonald, par Allan Ramsay, XVIIIe iècle
Quant à Flora MacDonald, elle est arrêtée et emmenée à Londres pour avoir aidé à la fuite du prince. Après un court emprisonnement à la Tour de Londres, on l’autorise à vivre hors de ses murs, sous la garde d’un “messager” ou geôlier. Quand l’Acte d’Amnistie est appliqué en 1747, elle est relâchée.
Elle se marie en 1750, émigre aux Amériques en 1773 et retournera en Écosse en 1779.
Elle meurt en 1790 à Kingsburgh, sur l’île de Skye, à l’âge de 68 ans.
Une statue a été élevée à sa mémoire à Inverness, en Écosse.
Flora regarde disparaître la frégate l'Heureux à l'horizon ...
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Re: Bonnie Prince Charlie
Comme quoi, l'âme des Stuarts plane toujours sur l'Ecosse, leur premier royaume !
Les portraits de Charles-Edouard Stuart sont vraiment très beaux ; quel gâchis, que ses échecs ont ruiné une telle couronne de dons à sa naissance ! Les rois en exil finissent bien mal en général, le dépit, le souvenir de la gloire révolue... Plus près de nous, les souverains déchus n'ont pas résisté à leurs déchéances. Pour ne citer que quelques uns, Manuel II de Portugal, Alphonse XIII d'Espagne, Victor-Emmanuel III d'Italie, ont rongé leur desillutions pour succomber.
Les portraits de Charles-Edouard Stuart sont vraiment très beaux ; quel gâchis, que ses échecs ont ruiné une telle couronne de dons à sa naissance ! Les rois en exil finissent bien mal en général, le dépit, le souvenir de la gloire révolue... Plus près de nous, les souverains déchus n'ont pas résisté à leurs déchéances. Pour ne citer que quelques uns, Manuel II de Portugal, Alphonse XIII d'Espagne, Victor-Emmanuel III d'Italie, ont rongé leur desillutions pour succomber.
Dominique Poulin- Messages : 7013
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