Le Cordon bleu et l'ordre du Saint-Esprit

Cordon bleu de chevalier de l'ordre du Saint-Esprit ayant appartenu à Louis XVI (musée du Louvre) :

Voici l'extrait des Fragments de l'histoire de sa vie où le prince de Ligne se souvient du cordon bleu de Louis XVI   :

Le roi, dont j'espérais quelquefois un peu de mérite, que je protégeais pour ainsi dire, dont je cherchais souvent à élever l'âme par quelque conversation intéressante au lieu de ses propos de fou ou de chasseur, aimait beaucoup à polissonner . Les coups tombaient toujours sur les Conflans, les Coigny, Adhémar, Esthérazy et les amis des Jules, c'est à dire des Polignac, que j'appelle toujours de même malgré leur duché dont ils ne se souciaient pas .
La reine était parvenue à le corriger de cela . C'était au coucher que Sa Majesté se plaisait à nous tourmenter . Il y avait cependant une espèce de tact au milieu de ces jeux grossiers .
Un jour qu'il nous menaçait de son cordon bleu qu'il voulait jeter au nez de quelqu'un, en y accrochant ceux qui, comme moi, ont des anneaux aux oreilles, le duc de Laval se retira . Il lui dit: " Ne craignez rien, Monsieur, cela ne vous regarde pas . "
Un autre jour qu'il m'étrangla presque par une grosse gaieté, je me fâchai un peu et je lui dis : " Le roi me touche, Dieu me guérisse. " Cela n'a duré qu'un ou deux ans et souvent, devant le monde, il témoignait de la considération à ceux qui en méritaient . Je l'ai vu corriger une ou deux fois brusquement des gens qui se plaçaient devant moi ....

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Merci pour les photos, mon cher Cosmo - mais il me semble que ce cordon bleu serait mieux placé dans les appartements du roi à Versailles.

Mme de Sabran a écrit:
Un jour qu'il nous menaçait de son cordon bleu qu'il voulait jeter au nez de quelqu'un, en y accrochant ceux qui, comme moi, ont des anneaux aux oreilles, le duc de Laval se retira . Il lui dit: " Ne craignez rien, Monsieur, cela ne vous regarde pas . "
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Quel farceur ce Louis XVI !   

evelynfarr a écrit:Merci pour les photos, mon cher Cosmo - mais il me semble que ce cordon bleu serait mieux placé dans les appartements du roi à Versailles.

... pourquoi pas, oui.   

Le bleu est un peu passé, au bout de deux siècles, non ?  :

Cosmo a écrit:

Mme de Sabran a écrit:
Un jour qu'il nous menaçait de son cordon bleu qu'il voulait jeter au nez de quelqu'un, en y accrochant ceux qui, comme moi, ont des anneaux aux oreilles, le duc de Laval se retira . Il lui dit: " Ne craignez rien, Monsieur, cela ne vous regarde pas . "
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Quel farceur ce Louis XVI !   

Et quel farceur, ce prince de Ligne !!! : 
Vois plutôt :

Une autre fois, il passe au cou de Ligne son cordon bleu, le heurte contre un meuble, et comme il semblait s’inquiéter si le coup avait porté, le prince l’adjure plaisamment de prononcer les paroles consacrées. lorsque les fils de saint Louis imposaient les mains aux scrofuleux : « Le roi te touche, Dieu te guérisse ! .. »

            

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Je connaissais l'esprit badin du Roi... mais j'aime cette répartie comique !
La moire du cordon bleu a bien éclairci... Saurais-tu , Cosmo en évaluer la largeur?
Une quinzaine de centimètres?

Bien à vous.

Mme de Sabran a écrit:


Le bleu est un peu passé, au bout de deux siècles, non ?  :

Légèrement, oui.   Afin de ne pas abîmer encore plus les étoffes, la pièce est plongée dans une semi-pénombre.

Majesté a écrit:
La moire du cordon bleu a bien éclairci... Saurais-tu , Cosmo en évaluer la largeur?
Une quinzaine de centimètres?
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Non, plus que ça je pense... mais je ne saurais dire combien.

Ah bon? Pour évaluer à une quinzaine de centimètres, je me basais sur la valeur du cou à l'épaule qui varie de 12 à 16 centimètres, généralement...mais Louis XVI était un colosse, il est vrai...
Le cordon monterait donc à 20 centimètres de large?

Bien à vous.

J'aurais dit une quinzaine.

Ah tu parles de la largeur ! pardon, je croyais que tu parlais de la longueur.    

En ce qui concerne la largeur, je dirais 10 ou 15 cm oui... mais je ne te promets rien.

Cosmo a écrit:   

En effet   
Je sais bien qu'on n'a pas affaire à un Schtroumpf...tout bleu que soit le cordon  : 

Bien à vous.

Formule de serment prêté par Louis XVI comme Grand Maître de l'Ordre du Saint-Esprit.





L'Ordre du Saint-Esprit fut institué par le roi Henri III, le 31 décembre 1578, dans un contexte, celui des Guerres de Religion, propre aux manifestations de piété les plus exaltées. Cette fondation vise à canaliser et fidéliser une noblesse tentée par des prises de position extrêmes, tout en flattant l'image du roi, serviteur de Dieu et Commandeur d'une nouvelle chevalerie.
Les rois de France sont en effet de droit Grands Maîtres de l'Ordre, qui est administré par des officiers issus de la noblesse. La croix de Malte en est l'emblème, d'où sa présence aux quatre angles du placard ci-contre, qui fait pendant au chiffre du roi Louis XVI et à l'écu fleurdelysé et couronné figurant en bas du document.

Merci pour ce texte, inédit pour ma part.

Cosmo a écrit:L'Ordre du Saint-Esprit fut institué par le roi Henri III, le 31 décembre 1578

Le souverain voulait ainsi rappeler qu'il était né et avait ceint la couronne (à deux reprises !) le jour de la Pentecôte  .

Il avait en effet le sentiment d'être protégé par la troisième personne de la Trinité.

Ah oui c'est vrai ! J'avais oublié ce détail.  

 Portrait de Louis XVI en costume de l'ordre du St. Esprit par Roslin..

...   très flatteur !
Merci, cher Févicq .

1er janvier 1778, décision royal d'un nouvel habit pour les chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit afin qu'il y ait plus d'uniformité dans leurs habillements.



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Plus intimes, voici le cordon, la plaque et la croix du Saint-Esprit de Chateaubriand, pieusement conservés à Combourg (photos interdites, j'ai fait ce que j'ai pu !). Ils sont accompagnés de sa Légion d'Honneur version Restauration, sur laquelle le profil d'Henri IV remplace celui de l'Usurpateur :



Cliché personnel

Promotion du 5 février 1824
François-René-Auguste, vicomte de Chateaubriand, pair de France, chevalier de la Toison-d'Or, l'un des quarante de l'Académie française, etc. (wiki)

Henri III créateur de l'ordre en 1578.



Deux cent ans plus tard, peu de changement dans l'habit de cérémonie.



Le comte d'Artois, d'après Antoine-François Callet, après 1779, château de Chambord.

Marie-Jeanne a écrit:

Deux cent ans plus tard, peu de changement dans l'habit de cérémonie.

Merci, chère Marie-Jeanne, le rapprochement entre les deux tableaux est fort intéressant !
Encore une proposition de Jeu des 7 Erreurs !

La fraise disparaît, les manches se chargent de dentelles, mais la culotte reste bouffante, gants blancs, souliers blancs, tout le reste est identique si l'on excepte les plumes du chapeau du comte d'Artois.