Le Cordon bleu et l'ordre du Saint-Esprit

Le petit duc d'Angoulême, fils aîné du comte d'Artois, reçoit le cordon bleu .
Arthur Young, de passage à la Cour, assiste à la cérémonie sur laquelle il pose un oeil bien critique !

La cérémonie du jour, c'était l'investiture par le roi du cordon bleu au duc de Berry, fils du comte d'Artois. La musique de la reine joua dans la chapelle où la cérémonie avait lieu, mais l'effet musical était maigre et faible. Pendant le service, le roi était assis entre ses frères, et semblait, par son attitude et son inattention, regretter de ne pas être à la chasse.    Cela aurait été certainement une occupation aussi utile que d'entendre le serment féodal de chevalerie, je suppose, ou quelque autre absurdité analogue, prêté par un garçon de 10 ans. A la vue de toute cette pompe insensée, je m'imaginai qu'il s'agissait du Dauphin, et je le demandai à une dame, fort à la mode, qui se trouvait près de moi. Elle me rit au nez, comme si j'avais dit la plus énorme absurdité rien ne pouvait être plus offensant, car la façon dont elle essayait d'étouffer son rire accentuait encore son expression moqueuse. Je m'adressai à M. de La Rochefoucauld, pour savoir de quelle énorme sottise je m'étais rendu coupable involontairement. Il me l'apprit : c'est que le Dauphin, comme tout le monde le sait en France, reçoit le cordon bleu dès sa naissance. C'était impardonnable, de la part d'un étranger, d'ignorer un trait aussi important de l'histoire de France, que le fait de donner à un bébé une bavette bleue au lieu d'une bavette blanche .

( Arthur Young : Voyage en France 1787 - 1788 - 1789 )

Prochainement présentée en vente aux enchères cette...

Ordre du Saint-Esprit, importante plaque de chevalier ayant appartenu au duc de la Châtre
en argent ciselé en pointes de diamant, les branches et le centre ajourés, les pommettes repercées, la colombe aux ailes éployées, les yeux et le bec en or émaillé rouge, le revers doré, fixation par épingle basculante et deux crochets latéraux, poinçon au cygne.
Dans un écrin octogonal en maroquin rouge à grain long, l'intérieur doublé de satin blanc et de velours de soie noir.
92 x 92 mm
France, vers 1820-1830.



Note au catalogue

TTB à SUP Claude Louis de la Châtre (1745-1824), entré au service en 1756, premier gentilhomme de la chambre de Monsieur en 1771 et l'un de ses proches. Maréchal de camp en 1788, député de la noblesse aux États généraux, il émigre en 1791. Il se distingue à l'Armée des Prince en 1792, puis lève en 1793 à Londres un régiment à son nom surnommé "Loyal-Émigrant" qu'il commande vaillamment à Quiberon.
Son régiment dissous en 1802, il représente alors Louis XVIII auprès du roi d'Angleterre à partir de 1805.

Claude Louis, duc de La Châtre
François-Séraphin Delpech  (1778–1825), d'après Robert Lefèvre  (1755–1830)  
Estampe, 19e siècle
Image : National Portrait Gallery, London

Lieutenant-général en 1814, pair de France en 1815, premier gentilhomme de la Chambre du Roi, ministre d'État et membre du conseil privé, créé duc en 1817, il signe l'acte de naissance du duc de Bordeaux le 29 septembre 1820.
Chevalier de l'ordre de Saint-Louis en 1779 et de l'ordre de Saint-Lazare et Notre-Dame-du-Mont-Carmel en 1783, le 30 septembre 1820, il est nommé chevalier des ordres du roi, mais il meurt en 1824, sans avoir été reçu. Exemplaire illustré dans JPC n°82, p. 61.

* Source et infos complémentaires : Beaussant Lefèvre & Associés - Paris Drouot, vente du 20 oct. 2023



Nous connaissons mieux le magnifique portrait de son épouse, née Bontemps, fille du célèbre valet de chambre du roi Louis XV, avec qui il divorcera en 1793 :

Notre sujet : Le plaisir de vivre ou les libertés de la marquise de Jaucourt

Comtesse de la Châtre (Marie Charlotte Louise Perrette Aglaé Bontemps, 1762–1848)
Élisabeth Louise Vigée Le Brun
Huile sur toile, 1789
Image : Metropolitan Museum of Art