Maximilien de Robespierre

Je ne la connaissais pas non plus, je dois dire .

Prendre comme égérie une illustre inconnue, c'est bien du Mélenchon, ça !

J'ai le sentiment que sa vision de l'histoire ressemble aux solutions qu'il propose : c'est du vent...

attachboy a écrit:
Si j'ai donné dans ce sujet, la parole à Mélenchon, (et je me demande si j'ai pas fait une ânerie...)

Non, non, ce n'était pas une ânerie. Merci bien, Attachboy.

J'ai écouté la version longue de cet entretien, avec intérêt.
Jean-Luc Mélenchon fait partie de l'ancienne génération d'hommes et femmes acteurs politiques qui ont une culture autre que celle des QCM des grandes écoles, et une -vraie - connaissance de l'histoire de leur pays.  
Exercice donc réussi ici, à mon avis.

Et c'est bien plus agréable de l'écouter parler - posément -, que de devoir écouter les vociférations des politiques lorsqu'ils s'entretuent dans l'arène médiatique.
Il devrait s'exprimer ansi plus souvent...
Ce qu'il reconnaît d'ailleurs, lorsqu'il évoque "l'art oratoire" d'un politique confronté aux images télévisuelles :  

Imaginez-vous le résultat avec un méditerranéen comme moi. C'est que l'on voit tout mon visage bouger. Je parle beaucoup avec les mains.
Alors cela concoure à l'idée d'une présence excessive, agressive, parce que vous êtes en gros plan.
Tandis que, si je me tenais coi et quasi immobile, susurrant du bout des lèvres des maximes terribles, on dirait : Oh ! Quelle maîtrise de soi.
Alors qu'en réalité vous seriez en face d'une brute, qui est capable de vous dire des horreurs avec une voix de notaire.
Donc on juge sur les apparences, on a toujours jugé sur les apparences.

Je l'attendais un peu sur la justification, voire l'encouragement à la violence, pour tout processus révolutionnaire ou contestataire, mais non : il la déplore ou la condamne.

Le passage où il envoie les griffes concernant l'ancienne librairie du musée Carnavalet (sur le fond, il n'a pas tout à fait tort), puis sur le "couple Capet" (de façon un poil outrancière et caricaturale) reste anecdotique au sein de ces 45mn d'interview.

A noter également les interventions d'une historienne, Cécile Obligi, qui vient ponctuer de façon intéressante les échanges entre Jean-Luc Mélenchon et ses deux interlocuteurs.
Elle est notamment l'autrice de cet essai, de nombreuses fois réédités :

Robespierre
La probité révoltante
Cécile Obligi
Editions Belin (Mars 2012)



Résumé :

« Je suis fait pour combattre le crime, non pour le gouverner », s'exclamait Maximilien Robespierre à la barre de la Convention, la veille de sa chute, le 8 thermidor an II : la formule est caractéristique de sa passion et de son emphase. Elle fait partie de l'abondant florilège qui alimente aussi bien les critiques contre le tribun intolérant que les louanges envers l'homme politique intègre. Tellement intègre d'ailleurs, qu'il finit par agacer le Danton imaginé par Georg Büchner, qui lui lance : « Robespierre, tu es d'une probité révoltante ».
Instigateur des horreurs perpétrées sous la Terreur, homme d'État rigide, implacable et déshumanisé pour les uns ; héros et héraut des droits de l'homme, dirigeant incorruptible, bouc émissaire pour les autres (moins nombreux cependant) : admirateurs ou contempteurs, rares sont les indifférents lorsque l'on évoque la figure de Robespierre.

Comment un banal avocat d'Arras, promis à une traditionnelle carrière locale, s'est-il trouvé propulsé en quelques mois à l'avant-scène de l'actualité ? Comment a-t-il pu concentrer sur sa personne une bonne partie du ressentiment contre ce que l'on a appelé la Terreur ?
Cécile Obligi a choisi de donner la parole au principal intéressé : Robespierre lui-même. Elle nous fait ainsi découvrir ou redécouvrir un orateur de grande classe et un penseur politique important, que la légende noire a fait trop longtemps oublier.

C'est certain que Robespierre est coupable de tout, puisque les français ne connaissent que son nom ! Il a cependant tapé sur pas mal de doigts (et de têtes) de politiciens encore plus excessifs que lui ! Et puis, nous étions en temps de guerre !

Je prétends que Robespierre a enlevé Louis XVII pour restaurer la Monarchie (dossier Louvel - il y a des éléments très troublants). Et une personne avec qui je n'ai pour ainsi dire plus de contacts (de part ma volonté) m'a cependant fait comprendre il y a peu de temps que certains chercheurs s'orientent désormais vers "un coup de l'Incorruptible" dans ce dossier. On revient au bon sens !

Pour conclure, nous sommes encore loin d'une classe d'historiens impartiaux.

La nuit, la neige a écrit:

Je l'attendais un peu sur la justification, voire l'encouragement à la violence, pour tout processus révolutionnaire ou contestataire, mais non : il la déplore ou la condamne.

Oui, et dans la première interview plus courte aussi.  
Rien ne peut sortir de bon de la violence.  Robespierre n'assista jamais à une exécution .

Mélenchon présente Robespierre comme l'intégrité et la lucidité faites homme.   Il le compare rien moins qu'aux Droits de l'Homme sur pattes ( témoignage d'un contemporain ).  
Cécile Obligi insiste sur son célèbre ( et pourtant trop méconnu ) discours contre la peine de mort .

Thermidor, qui le balaya, fut l'oeuvre de révolutionnaires bien pires que lui, selon Mélenchon,   Fouché en tête .

Thérmidor fut l’œuvre de ce que l'on a appelé la "conspiration de la peur". autrement dit, ceux qui ont expédié Robespierre et les siens à la guillotine l'on fait pour ne pas être les suivants sur la liste. Bien sur, Fouché et les autres étaient des êtres  abjects mais qui les a envoyés dans toute la France, ces gens là ? qui leur a donné les pleins pouvoirs avec  la consigne de faire couler le sang sans pitié, si ce n'est la Convention ?  et qui dominait alors la convention ? C'est bien Robespierre et ses amis, il me semble ! On ne peut pas se cacher derrière la lâcheté ou la peur  des autres pour refuser de faire face à ses responsabilités.

Melenchon peut nous dire tout ce qu'il veut sur les qualités de Robespierre, mais son nom et son œuvre resteront à jamais entachés par le sang qu'il a fait couler, tout comme le manteau ducal ne fit jamais disparaître le surnom infamant de "mitrailleur de Lyon" qui collera à la peau de Fouché jusqu'à sa mort...

C'était un engrenage, une spirale infernale ...

Si je comprends bien il faut que j'écoute cet interview de qui semble vous avoir bien intéressés. Il est vrai que toutes les opinions sont à entendre.

Il ne manquerai plus que çà que le Mélenchon national prône la violence. Il n'empêche que comme son modèle Robespierre dont le discours sur la condamnation de Louis XVI est un monument d'ambiguïté, Monsieur « la République c'est moi » pratique avec componction un double langage officieux qui l'air de rien la justifie.

...  une fin bien pitoyable pour le maître de la France de la veille, et toujours ce mystère autour du coup de feu qui lui broya la mâchoire .  Lui ?  Merda ?   Le saurons-nous un jour ?
Contempler cette table, son maroquin taché,  doit faire froid dans le dos .

Merci, mon cher Momo, pour cette annonce. 

Une émission que je ne raterai pas. C'est un peu morbide mais j'adore les enquêtes de Philippe Charlier.
Merci !

C'est toujours très intéressant d'en apprendre davantage, sur les personnages historiques et les faits. 
Même si le personnage est détestable et les faits quelque peu... morbides !

Rendez-vous noté, en tout cas !

Quand un Etat ou une révolution veut mettre en place une volonté de créer un peuple composé d'hommes nouveaux et une ère nouvelle , cela part très vite en sucette. Le monde est rempli de révolutions de périodes voulant créer pour le bonheur du peuple des hommes nouveaux. Bien souvent tout termine dans un massacre d'Etat qui pour exister devient totalitaire.

Quelques pages en amont, nous évoquions ce bureau duquel le médecin légiste de l'émission tentera de percer les mystères...

Vicq d Azir a écrit:Le bureau sur lequel fut déposé Robespierre blessé a l’Hôtel de Ville, est visible aux Archives Nationales.
Le marocain qui le recouvre est celui d’origine.
Notez que le bonnet phrygien avait remplacé les armes de France, ce bureau étant d’époque Louis XV.
Robespierre, comme on sait, agonisera toute une nuit sur ce meuble, avant d’être transféré à la Conciergerie, puis exécuté.

La nuit, la neige a écrit:

Je cite un extrait de l'article "Le 9 thermidor", du site Histoire par l'image :


Photo : Centre historique des Archives nationales - Atelier de photographie

Selon une tradition invérifiable mais très vraisemblable, Robespierre, le visage en sang, a passé sa dernière nuit allongé sur ce bureau Louis XV. Image terrible de l’Incorruptible gisant sur les fastes de l’Ancien Régime.

Outre cet épisode, le destin de ce meuble est particulier. Réalisé, en 1744, pour le cabinet de travail du roi au château de Choisy, il y reste jusqu’en 1787, puis revient au garde-meuble de la couronne.
On le retrouve en l’an II dans les locaux du Comité de salut public. Les insignes royaux sont alors martelés et remplacés par des bonnets phrygiens et des faisceaux de licteurs.

Le 4 février 1947, ce bureau servira à la signature du traité de paix avec l’Italie.

Bonnets phrygiens également aux quatre coins du plateau :


Photo : Centre historique des Archives nationales - Atelier de photographie

* Source et infos complémentaires : https://www.histoire-image.org/fr/etudes/9-thermidor

Une phrase d'une grande portée historique.
Image terrible de l'Incorruptible gisant sous les fastes de l'ancien régime..

Il y demanda un mouchoir, a-t-on rapporté.
Kidnappeur du Dauphin en février 1794 (il frôlait tous les jours le domicile des Louvel durant les Etats-Généraux; il était à l'époque l'ami de l'homme d'affaires et futur député versaillais Lecointre, véritable "concierge" du tout-Versailles" - et très bonne connaissance des Louvel), il fut bien incapable de jouer son joker.

Hier, nous avons donc pu voir  l'émission " Science grand format - Marat, Robespierre les malades de la Révolution " (France 5), annoncée ci-dessus dans ce sujet et ICI.
Il était question de retrouver quelles maladies rongeaient Robespierre peu avant sa mise à mort ?

Vous retrouverez la vidéo ici (Durée 52 mn) :  

France TV - Science grand format

Et si vous souhaitez donc voir la vidéo de cette enquête, ne lisez pas la suite de mon message !!  



Bref, les restes de l'Incorruptible demeurant introuvables aujourd'hui, nous étions invités à considérer deux pistes pouvant témoigner de ses maladies : celle de son masque mortuaire et celle de la trace de sang, laissée sur le bureau conservé aux Archives nationales (voir nos messages ci-dessus).  

Le masque mortuaire de Robespierre, dont le moule original aurait été réalisé par Mme Tussaud peu après son exécution, était déjà le centre de nos débats page 1 de ce sujet.

En 2013, une équipe de scientifiques (dont Philippe Charlier, le médecin et anthropologue qui mène à nouveau l'enquête pour France 5 dans cette émission) avait déjà proposé une étude du masque mortuaire dit de Robespierre.
La création d'une reconstitution 3D de son visage (réalisée notamment à partir de ce masque) et les témoignages de contemporains de Roby, auraient permis de dresser une liste de ses nombreuses maladies (petite vérole, troubles de la vision, jaunisse, épitaxis, asthénie etc.).


A l'époque déjà, beaucoup ont contesté cette étude (méthode et résultats), et notamment l'utilisation de ce masque mortuaire dont l'authenticité était loin d'être acquise.
Voir nos débats et les articles cités en lien, ICI.

Hier soir, le cas de ce masque a été rapidement balayé par une conservatrice en chef du musée du Louvre, " spécialiste de masques mortuaires ".
Selon elle, ce masque n'est probablement pas celui de Robespierre notamment parce que :

1) Il ne ressemble pas aux portraits de Robespierre (les lèvres, le menton et surtout le nez, notoirement en " trompette ").
2) le masque laisserait apparaître un visage trop patibulaire, celui d'une brute épaisse.

Maximilien de Robespierre
Anonyme France XVIIIe siècle (dessinateur) ; attribué à Jean-Baptiste Fouquet (dessinateur) ; anciennement attribué à Vincent, Antoine-Paul (dessinateur)
Physionotrace, crayons et rehauts de pastel blanc sur papier rosé
Vers 1792
Image : RMN GP / Château de Versailles

C'est tout ?!   En 2013, Les arguments des uns et contre-arguments des autres étaient bien plus fouillés, et intéressants.

Mais Philippe Charlier de reconnaître donc qu'il est dès lors impossible de dire si les traces de maladies sur le masque mortuaire de Robespierre sont authentiques ou pas, et que le dit masque est probablement un faux.


Exit également le bureau conservé aux Archives nationales, dont le plateau aurait été tâché du sang de Robespierre le 9 Thermidor.
Pour rappel, selon des témoignages du temps, Robespierre, gravement blessé à la mâchoire, aurait été transporté aux Tuileries et allongé sur ce bureau.


Bureau sur lequel aurait été étendu Robespierre blessé, le 9 thermidor an II(27 juillet 1794).
Bureau de style Louis XV, réalisé en 1744 pour le cabinet de travail du roi au château de Choisy, revenu au garde meuble de la Couronne en 1787, puis passé en l'an II dans les locaux du Comité de salut public.
Image : Centre historique des Archives nationales - Atelier de photographie

Image : Forum de Marie-Antoinette

L'étude toxicologique menée à l'occasion de cette émission, après analyse des échantillons prélevés sur la " tâche brune " du plateau de ce bureau, n'a pas permis de démontrer la présence de sang de façon probante.
Philippe Charlier conclut à un " prélèvement inexploitable " et / ou à une " impossibilité d'obtenir un échantillon du sang de Robespierre sur ce bureau ".

Je pense personnellement que l'histoire du " monstre révolutionnaire " souffrant le martyre sur un ancien bureau royale avant d'être, à son tour, emporté par la Révolution, était un joli roman historique !

Fouché et Collot (je crois bien que c'était ce dernier) se rendent chez les Duplay, où vivait Robespierre (chambre et petit salon). Nous étions dans les préparatifs de Thermidor et les deux hommes voulaient savoir ce qu'il y avait dans la tête du tribun.
Robespierre se lavait les dents. Fouché rapporte ce fait. Fouché parle à Robespierre, qui crache son lavage de dents au pied des bottes de Fouché. Vérité, ou langue de vipère de l'exilé de Trieste ? L'ancien ministre sera une énigme à jamais.

En sommes, tout ce qu'il reste de Robespierre, c'est de la fausseté...

Qui sait ce que serait devenu le Monde si Robespierre avait été nommé Gouverneur du Dauphin en 1791, comme le souhaitaient des députés de l'Assemblée ? Il aurait peut-être eu un bon ascendant sur le couple royal, évitant par ricochets Bonaparte et Hitler ! C'est l'un des rares qui avaient un programme politique complet dans la tête.

pilayrou a écrit:  C'est l'un des rares qui avaient un programme politique complet dans la tête.

Mais lequel ? 

Mme de Sabran a écrit:

pilayrou a écrit:  C'est l'un des rares qui avaient un programme politique complet dans la tête.

Mais lequel ? 

Voir Wikipédia déjà, je pense.

Au vu de ce qu'il a fait en étant au pouvoir, je doute fort qu'une position de gouverneur du Dauphin aurait pu déboucher sur quelques chose de bon.

Encore cette histoire délirante et romanesque ? Nous en avons déjà parlé un nombre incalculable de fois !  

Si ce " conseil de régence " est vaguement  évoqué par quelques-uns après la fuite à Varennes (projet très vite étouffé), Robespierre s'est déjà prononcé - publiquement et officiellement - à mille lieues d'être à la botte du pouvoir royal et / ou de conseiller gentiment le couple royal.  

Le 14 juillet 1791 Robespierre demande que la question de l'inviolabilité royale soit posée à la Nation :