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Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret

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Message par Lady Jhane Dim 16 Jan 2022, 17:35

Incroyable... elle était là, elle a tout vu !! Non mais ! soyons sérieux. C'est davantage une conteuse télé (je ne déteste pas d'ailleurs) mais elle tire un peu trop sur ce fil. Je suis mauvaise langue aujourd'hui !   Very Happy

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Message par Mme de Sabran Dim 16 Jan 2022, 17:48

Disons que, jusqu'aux révélations du projet REX , Mme Lever était toujours restée circonspecte et prudente ( ptêt ben qu'oui, ptêt ben qu'on ), comme d'ailleurs aussi Hélène Delalex .

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Message par Gouverneur Morris Dim 16 Jan 2022, 18:05

Oui mais a-telle depuis réellement écrit ou prononcé les mots que lui attribue Laurent Deutsch ?
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Message par Mme de Sabran Dim 16 Jan 2022, 18:11

Tel quel, cela m'étonnerait. C'est trop direct et puis elle ne s'exprime pas aussi crûment . Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 1123740815

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Message par Mme de Sabran Dim 16 Jan 2022, 18:17

Duc d'Ostrogothie a écrit:
J'ai vu Evelyne Lever il y a quelques jours au Cercle de l'Union Interalliée, où elle donnait une conférence au sujet de son livre, suivie d'un dîner.
Elle parle aujourd'hui en ce qui concerne Marie-Antoinette et Fersen, d'une "liaison" ("ils ont eu une li-ai-son" dit-elle avec emphase Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 2523452716 ) et d' "amants de coeur".
Elle est tout à fait charmante,  et plaisante à écouter.
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5102p50-d-evelyne-lever-le-grand-amour-de-marie-antoinette-lettres-secretes-de-la-reine-et-du-comte-de-fersen?highlight=LEVER

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Message par Mme de Sabran Dim 16 Jan 2022, 19:52

Gouverneur Morris a écrit:
Oui mais a-telle depuis réellement écrit ou prononcé les mots que lui attribue Laurent Deutsch ?

Je chercher, Momo, je cherche, car je suis sûre que cela me dit quelque chose ... mais si confusément ... Shocked

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Message par Mme de Sabran Dim 16 Jan 2022, 23:34

Je pense, mon cher Momo,  que voici le passage d'Evelyne Lever auquel Lorant Deutsch fait allusion.
Merci à Grégoire de Tours, sans qui j'aurais eu encore plus de mal à retrouver.  Very Happy
Il nous dit :
C’est à la page 113 que commence un des passages les plus délicats, celui relatif à la naissance du futur Louis XVII. Face aux rumeurs qui ont couru, Evelyne Lever commence par dire que de toute évidence, ils sont amants de cœur, mais il est impossible d’affirmer qu’il ait existé une liaison au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Ensuite, elle rejette l’idée d’une conception à l’occasion de la fête de Trianon de juin 1784 où Fersen était présent. Sa thèse, fort habile, est que Marie-Antoinette se rapprochait de son mari chaque fois qu’elle avait besoin d’en obtenir une faveur, en général une faveur politique répondant aux injonctions de Vienne, dans ce cas précis l’affaire dite de Hollande (p. 115). L’auteur n’a pas de mal à balayer l’objection tirée du journal du roi au moment du baptême : Tout s’est passé de même qu’à mon fils, car cette appellation était réservée au dauphin en titre. Elle oublie toutefois l’autre formule notée par Louis XVI : Il n’y a eu ni compliment, ni révérences. Or ce protocole a difficilement pu être adopté sans son accord. Qu’est-ce que cela signifie ?

L'article de Grégoire de Tours, en entier, est ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5102p50-d-evelyne-lever-le-grand-amour-de-marie-antoinette-lettres-secretes-de-la-reine-et-du-comte-de-fersen?highlight=lever
...  voici l'extrait en question du livre, Le grand amour de Marie-Antoinette,  de Mme Lever :
Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 Thumb580
Euh ... Hop!
On se demande un peu ce que viennent faire les affaires de Bavière et de Hollande dans un raisonnement sur la filiation du petit Louis-Charles, non ? Suspect Crois-tu que nous ayons là la source de Lorant Deutsch ?

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Message par Gouverneur Morris Lun 17 Jan 2022, 09:14

Merci Eléo !!!! Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 2523452716

Il est effectivement possible que ce soit ce passage qui ait été extrapolé par Deutsch... Mais en ce cas je serais outré à la place d'Evelyne Lever, car ce n'est absolument pas ce qu'elle écrit ! Shocked
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Message par Lecréateur Lun 17 Jan 2022, 13:24

"Mais comme le dit l’historienne Evelyne Lever, si Marie-Antoinette couchait avec Axel de Fersen, ce qui est probable, elle couchait illico avec son mari ensuite pour qu’un éventuel enfant à naître ne puisse pas être traité de bâtard".
Voilà qui vient relever et rafraîchir un genre de thème cher aux romans-photos toujours avides d'affriander leur fidèle public ! On voit tout de suite les cavalcades, entre deux copulations, dans les alcôves, les couloirs, les recoins et entresols méconnus etc etc à Trianon ? à Versailles ? aux Tuileries, que sais-je encore ? pour ne pas rater le coche entre légitimité et adultère ! Illico, fouette, cocher !  Et comme tout cela est désormais presque instantanément répercuté Outre-Antarticte, Outre-Baïkalie etc, on voit le lien qui inévitablement se resserre entre les visiteurs révolutionnaires de 1789 et les badauds actuels : où étaient les  amants de la reine, où couchait-elle avec eux etc etc?! L'histoire... c'est passionnant, c'est formidable !
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Message par Mme de Sabran Lun 17 Jan 2022, 19:00

Je trouve comme notre ami Gouverneur que Lorant Deutsch " extrapole " par trop et caricature éhontément la pensée de Mme Lever.  C'est un aimable conteur qui ne se prend pas au sérieux "  :   telle Meghan Markle " ou encore " Marie-Antoinette se la joue Emma Bovary. C’est intolérable pour une reine de France, surtout que Flaubert n’est pas encore né ! ",  certes,   mais enfin tout de même !

Lecréateur a écrit: on voit le lien qui inévitablement se resserre entre les visiteurs révolutionnaires de 1789 et les badauds actuels : où étaient les  amants de la reine, où couchait-elle avec eux etc etc?!
Qui eux ?! Shocked

Pardon mais que Marie-Antoinette ait aimé Fersen, et seulement lui, pendant toute sa vie,  ne fait pas d'elle la Messaline des pamphlets.

La Reine, écrit la comtesse de Boigne, n’a eu qu’un grand sentiment et, peut-être, une faiblesse. Monsieur le comte de Fersen, suédois, beau comme un ange et fort distingué sous tous les rapports, vint à la Cour de France. (  ... )  il n’était guère douteux pour les intimes qu’elle n’eût cédé à la passion de monsieur de Fersen.
Il a justifié ce sacrifice par un dévouement sans bornes, une affection aussi sincère que respectueuse et discrète ; il ne respirait que pour elle, et toutes les habitudes de sa vie étaient calculées de façon à la compromettre le moins possible. Aussi cette liaison, quoique devinée, n’a jamais donné de scandale.


Si elle s'est rendue coupable de légèreté, d'inconséquence, on le lui a fait payer de façon atroce.

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Message par Lecréateur Lun 17 Jan 2022, 21:57

Il ne s'agit pas de pamphlétaires, mais du tout-venant qui peu avant 1789 se promenait dans le parc et les jardins et qui, influencé par les ragots (que Fouquier et consorts n'ont fait que prolonger), s'enquérait des amants de la reine (S.  Bertière parle de cela, mais je n'en ai pas la référence à l'endroit où je suis). La reine a également aimé son mari et jusqu'à la mort
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Message par Mme de Sabran Mar 18 Jan 2022, 12:07

Lecréateur a écrit:
Il ne s'agit pas de pamphlétaires, mais du tout-venant qui peu avant 1789 se promenait dans le parc et les jardins et qui, influencé par les ragots (que Fouquier et consorts n'ont fait que prolonger), s'enquérait des amants de la reine (S.  Bertière parle de cela, mais je n'en ai pas la référence à l'endroit où je suis).

En effet,  cher Lecréateur, l'homme de la rue ne connaît pas Marie-Antoinette, hélas !  il est prêt à avaler n'importe quoi  et la crédite d'une multiplicité d'amants et même de maîtresses, allez hop ! tant que l'on y est..  Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 3236493444
C'est dire avec quel appétit il s'est gavé des pamphlets les plus croustillants, graveleux, orduriers,   souvent édités en Angleterre, parfois sur la commande de personnages hauts placés de la Cour de France ( Orléans, Provence, pour ne pas les nommer ...   entre autres  ), distribués sous le manteau à Paris et dans toute la France, parfois collectés et collectionnés par des irresponsables (  comme le ministre Maurepas, par exemple   Shocked  )   Franchement, où allons-nous ?  Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 3177668066

Lecréateur a écrit:
La reine a également aimé son mari et jusqu'à la mort
Ils ont fini par partager une affection nourrie par le crescendo d'épreuves inouïes que le sort leur a infligées...  
... mais de l'amour ?   Hop!

Simone Bertière appelle Marie-Antoinette et Louis XVI un couple disjoint.
Duc d'Ostrogothie a écrit:

Lors du colloque "Marie-Antoinette face à l'histoire" le 30 septembre 2006 à la Sorbonne, Simone Bertière avait fait une intervention ayant pour sujet "Louis XVI et Marie-Antoinette : un couple disjoint".

Je recommande vivement la lecture de cette intervention, qui remet quelque peu les pendules à l'heure sur la nature exacte des relations de la reine avec Louis XVI.

J'ai tenté de résumer les principales raisons pour lesquelles le mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette fût un échec total.

1/ Les "répugnances" physiques de Marie-Antoinette.

Si le couple royal demeure stérile pendant huit ans, c'est non pas en raison d'une malformation physique de Louis XVI, mais en raison des "répugnances de Marie-Antoinette", que Joseph II réprimande vivement lors de sa visite à Versailles au printemps 1777. Les minutes des rapports secrets de Mercy-Argenteau à l'impératrice laissent apparaître que "Marie-Antoinette était menue. Le futur Louis XVI, lui, était bâti en hercule. Leurs relations furent très douloureuses, parce que, tout comme son père auprès de sa première épouse, il trouvait le chemin trop étroit. Au bout de trois ans, il avait réussi à la déflorer, mais la douleur , réciproque, était telle qu'il ne concluait pas."

Lors de sa visite en 1777, Joseph II invite le couple à "passer en force". L'empereur comprend que l'obstacle n'est pas médicalement rédhibitoire et que les facteurs psychologiques y jouent un "rôle considérable - du côté de Marie-Antoinette, bien sûr" (S. Bertière).

2/ Le refus de Marie-Antoinette, d'être une épouse soumise.

Pour Simone Bertière, le refus de Marie-Antoinette de se donner à son mari est la conséquence et le symptôme d'un échec plus profond, son refus d'accepter sa condition de reine telle que la concevait la monarchie française . "Ce qu'elle a vu de la condition de reine à travers sa mère, régnant sans partage sur tous les biens des Habsbourg, en maîtresse de ses actes, ne la prédispose pas à devenir une épouse soumise vivant dans l'ombre de son mari" (c'est tellement vrai !).

3/ Le mépris de Vienne envers Louis XVI, inculqué à la reine.

A Vienne, on n'a cessé de seriner à Marie-Antoinette que Louis XVI est un benêt et qu'elle pourra le contrôler facilement.
Mercy-Argenteau qui caresse le projet de rester en poste à Paris lorsque Louis XVI deviendra roi, fait du zèle et insuffle l'idée à Marie-Antoinette qu'elle est promise à régner sur la France par époux interposé. Il lui répète sans cesse qu'elle est très supérieure à son mari et l'incite à le mépriser... Marie-Antoinette y est d'autant plus disposée que ses premiers contacts avec le dauphin ont été franchement décevants.

Une fois reine, Marie-Antoinette ne cache pas son mépris pour Louis XVI, "laissant plaisanter à ses dépens les quelques familiers dont elle fait sa société exclusive". Inconsciente, Marie-Antoinette n'hésitera pas à traiter Louis XVI de "pauvre homme" dans une lettre à un vieil ami autrichien.

4/ La volonté de liberté de Marie-Antoinette.

Selon Simone Bertière, "L'image d'une pauvre femme délaissée attendant éperdument que son balourd d'époux lui révèle enfin l'amour est fausse. Elle sort tout droit de l'imagination romanesque des vieilles tantes célibataires. Elle est l'écran derrière lequel Marie-Antoinette dissimule l'inavouable. En vérité, elle ne concevait pas la consommation du mariage comme promesse de volupté, mais comme source de contraintes."

Marie-Antoinette ne veut pas connaître la destinée de Marie Leczinska (dix enfants en dix ans, puis le délaissement) ou celle de Marie-Josèphe de Saxe (sept maternités ponctuées de fausses couches, puis la mort). Les reines ou dauphines enceintes sont enfermées à Versailles dans un cocon protecteur, qui les prive de tout ce qu'elle aime. Il lui faudrait renoncer aux veillées, aux sorties, aux bals, à l'équitation... Elle a envie de vivre pendant qu'elle est jeune.

5/ Marie-Antoinette "ne sent rien" pour Louis XVI.

"C'est avec beaucoup d'appréhension qu'elle aborde la vie conjugale. Si encore l'adolescent qu'on a jeté dans son lit lui inspirait quelque attirance ! Mais c'est le contraire qu'elle ressent."

L'épreuve imposée prématurément engendre chez elle une répugnance qui ne se démentira jamais et que sept ans plus tard, son frère relèvera d'une litote : "Elle ne sent rien pour le roi". (ça a le mérite d'être clair, je trouve !  Hop! ).

6/ Marie-Antoinette et Louis XVI n'ont aucune affinité.

Si encore ils avaient quelques affinités ! Mais ils sont de tempérament contraire en tous points. Elle le trouve épais, vulgaire, s'agace de sa démarche pataude, de son goût pour les travaux manuels, de son excessif appétit. Cette différence de tempérament inspirera à la reine, une comparaison bien connue entre Vénus et Vulcain.

7/ Marie-Antoinette et Louis XVI ne se font pas confiance.

Louis XVI et Marie-Antoinette sont chaperonnés par des hommes appartenant à des clans adverses.

Vermond est une créature de Choiseul, qui sera bientôt disgracié, alors que le gouverneur du dauphin, La Vauguyon, est un partisan du duc d'Aiguillon, qui triomphe. Chacun d'eux étant donc mis en en garde contre l'autre, ils ne sont d'accord sur rien.

8/ Marie-Antoinette fuit Louis XVI.

Une fois devenue reine, Marie-Antoinette qui n'a pas vingt ans, se livre comme prise de folie dans un "tourbillon de plaisirs" qui scandalise Paris et l'Europe entière. Elle fuit ouvertement son mari . Il se lève tôt pour aller à la chasse et se couche ponctuellement à 23h. C'est le moment où elle part pour le spectacle ou s'assied à une table de jeu. Elle ne gagne son lit qu'au petit matin et en émerge vers midi. Elle court sans lui les bals masqués de l'Opéra ou fraye avec les parieurs sur les champs de course.

9/ La liaison de Marie-Antoinette avec Fersen.

Selon S. Bertière, Marie-Antoinette "fut infidèle de coeur. Ayant rempli ses devoirs dynastiques, elle se jugeait libre d'aimer qui elle voulait : le beau Fersen, qui avait le mérite d'être souvent absent, comblait ses aspirations romanesques. Furent-ils amants ? Nous n'avons pas les moyens de le savoir. Mais s'ils le furent, ce fut assez tard, lorsque déjà grondait l'orage révolutionnaire. Cela ne change rien à l'essentiel, au fait qu'elle ait opposé aux lois de la conjugalité les droits du coeur, irrépressibles à ses yeux."

* * *

S. Bertière conclut que Marie-Antoinette et Louis XVI "n'ont jamais été aussi loin l'un de l'autre que lorsque se referme sur eux la prison du Temple, après la journée du 10 août. Et là, soudain, leur relation s'inverse. C'est elle qui s'effondre et dont les nerfs lâchent. Et lui, au contraire, déchargé de toute responsabilité, dispensé d'avoir à choisir entre des options également détestables à ses yeux, retrouve une forme de sérénité. En attendant la mort, qu'il pressent et accepte, il s'applique à atténuer l'angoisse des siens, sa femme, sa soeur et ses enfants, en leur assurant une vie quotidienne calme, équilibrée, d'apparence normale. Il est solide, fort, rassurant, comme il ne l'a jamais été. Et la foi qui rayonne en lui le pare d'une incontestable grandeur. Marie-Antoinette découvre un autre homme, à qui se fier et sur qui s'appuyer. A vrai dire, ce n'est plus son mari mais une figure paternelle, qui lui rappelle son propre père très aimé. Elle peut ainsi l'associer, comme référence, à la mère dont elle ne s'est jamais détachée. Et la lettre testamentaire rédigée au jour de sa mort atteste que c'est sur lui qu'elle a pris modèle pour affronter l'exécution (...)".
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3910-louis-xvi-et-marie-antoinette-un-couple-disjoint-de-simone-bertiere?highlight=couple

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Message par Duc d'Ostrogothie Mar 18 Jan 2022, 21:59

Comment croire que Marie-Antoinette aurait pu éprouver des sentiments amoureux pour celui qu'elle considérait comme un "pauvre homme"? (cf. la lettre où Marie-Antoinette qualifie Louis XVI ainsi...).

Le propre frère de Marie-Antoinette l'a écrit : "Elle ne sent rien pour le Roi".

On ne saurait être plus clair...

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Message par Mme de Sabran Mer 03 Aoû 2022, 22:41

Voici qu'au détour des souvenirs de voyages d'Arthur Young,   je retrouve ce bon et excellent Fersen, tiens ! cela faisait longtemps ... Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 1123740815
Je m'arrête sur cette étrange réflexion  :

Dans l'appartement du roi au premier étage se promenaient « des hommes dont les haillons trahissaient qu'ils étaient au dernier degré de la misère : on aime le maître de maison qui ne serait ni blessé ni offensé de voir sa maison ainsi occupée ».
La clé des relations de Marie-Antoinette avec Fersen était son contrôle de l'accès à ses appartements privés. Quand Young demanda s'il pouvait voir l'appartement privé de la reine, comme il avait celui du roi, on lui dit : « ma foi, monsieur, c'est une autre chose » [c'est une toute autre affaire, monsieur].

...   dans le texte :

Walking through the King’s apartment on the first floor were ‘men whose rags betrayed them to be in the last stage of poverty: one loves the master of the house who would not be hurt or offended at seeing his house thus occupied’. The key to Marie-Antoinette’s relations with Fersen was her control of access to her private apartments. When Young asked whether he could see the Queen’s private apartment, as he had the King’s, he was told: ‘ma foi, monsieur, c’est une autre chose’ [that is quite a different matter, Sir].

Comment interprétez-vous cela, les amis  : La clé des relations de Marie-Antoinette avec Fersen était son contrôle de l'accès à ses appartements privés Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 1157026002  scratch

https://journals.openedition.org/crcv/18708?lang=en

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Message par Dominique Poulin Jeu 04 Aoû 2022, 01:42

Je pense que la reine était extrêmement attachée à l'intimité de ses appartements privés. N'y avait accès, que son personnel de service, Fersen, et quelques amis comme madame de Polignac selon des autorisations strictes données par Marie-Antoinette. L'accès au Petit Trianon devait être régi sous des conditions analogues.
Louis XVI savait bien qu'il était un mari trompé et de fait avait toléré la liaison de sa femme avec Axel de Fersen. Mon avis est qu'il connaissait l'existence d'un appartement de l'ami de la reine dans les propres appartements privés de Marie-Antoinette. Pour toutes ces raisons, il ne devait pas s'aventurer souvent chez son épouse. Tel est mon avis.


Dernière édition par Dominique Poulin le Jeu 04 Aoû 2022, 16:16, édité 1 fois
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Message par Marie-Jeanne Jeu 04 Aoû 2022, 14:35

Mme de Sabran a écrit: Comment interprétez-vous cela, les amis  : La clé des relations de Marie-Antoinette avec Fersen était son contrôle de l'accès à ses appartements privés Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 1157026002  scratch  

L'historien Philip Mansel semble avoir interprété les quelques lignes du journal d'Élisabeth Foster qui figurent dans son texte. Les propos de Young ne sont pas si spécifiquement ciblés. Smile

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Message par Lecréateur Jeu 04 Aoû 2022, 20:19

Etrange réflexion, en effet, je ne la comprend même pas. Il y avait des consignes assez lâches pour la visite des grands appartements tant du roi que de la reine,, mais plus strictes avec interdiction d’aller plus loin, pour  les appartements plus personnels,tant du roi que de la reine. Il était normal .que pour les pièces de la reine elles le fussent encore davantage, et si ce fut là un point sur lequel la reine insistait, qui ne l’aurait fait à sa place ? Mais on sent poindre ici le détail qui met la puce à l’oreille ; ce visiteur étranger a probablement été cornaqué par un local instruit des bruits de couloir et des ragots... qui n’ont pas varié depuis ! Je ne comprends d’ailleurs pas davantage comment la reine pouvait contrôler l’entrée de ses appartements comme fait de nos jours un gardien de musée en contrôlant les billets des visiteurs ! Elle avait certes la haute main sur la liste des personnes à laisser passer, mais il semble évident qu’elle ne faisait pas elle-même le travail des contrôleurs ! Cela  ne concerne en rien le nommé Fersen  : hors sujet ! Et tout cela se faisait de concert entre le roi et la reine.
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Message par Dominique Poulin Jeu 04 Aoû 2022, 20:31

Les huissiers, les gardes, les femmes de chambre contrôlaient les entrées selon les directives de la reine, cela me paraît évident.
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Message par Mme de Sabran Ven 05 Aoû 2022, 09:51

Marie-Jeanne a écrit:
Mme de Sabran a écrit: Comment interprétez-vous cela, les amis  : La clé des relations de Marie-Antoinette avec Fersen était son contrôle de l'accès à ses appartements privés Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 1157026002  scratch  

L'historien Philip Mansel semble avoir interprété les quelques lignes du journal d'Élisabeth Foster qui figurent dans son texte. Les propos de Young ne sont pas si spécifiquement ciblés. Smile

Oui, tout à fait.  Very Happy   J'ai retrouvé la citation exacte, dans son contexte :  Young est très loquace quant aux appartements de Louis XVI,  et subitement laconique dès qu'il s'agit de ceux de Marie-Antoinette.  Il a peut-être  ressenti une frustration, voire une vexation,  de ne pouvoir les visiter aussi.  Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 1123740815


4 OCTOBRE I787    Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 Voyage17


De nouveau, à Versailles. Lors de ma visite à l'appartement du Roi, qu'il avait quitté depuis à peine un quart d'heure, avec toutes ces légères marques de désordre qui montraient qu'il y vivait, c'était un amusant spectacle de voir les têtes de voyous, qui se promenaient, sans être surveillés, dans le palais et même dans la chambre à coucher du Roi, des hommes dont les haillons montraient qu'ils se trouvaient au dernier degré de la pauvreté, et j'étais la seule personne à se demander avec étonne-
ment comment diable ils pouvaient s'y trouver. Il est impossible de ne pas aimer ce sans-souci, ce laisser-aller, cette absence de toute suspicion. On aime le maître de la maison qui ne serait ni choqué, ni offensé de voir sa chambre ainsi occupée, s'il y retournait soudain car, si on pouvait redouter qu'il en fût autrement, on s'opposerait à cette intrusion. C'est certainement une manifestation de cette facilité d'humeur (good temper), qui m'apparaît si visible partout en France.
J'aurais désiré voir l'appartement de la Reine, mais on ne m'y autorisa pas. Sa Majesté y est-elle ? Non. Pourquoi ne pas le visiter alors comme celui du Roi ?  " Ma foi, Monsieur, c'est une autre chose .
 "  (1)

(1) En français dans le texte.

Lecréateur a écrit:
Etrange réflexion, en effet, je ne la comprends même pas.
Ah ! vous non plus .  Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 1123740815
Lecréateur a écrit:
Mais on sent poindre ici le détail qui met la puce à l’oreille ; ce visiteur étranger a probablement été cornaqué par un local instruit des bruits de couloir et des ragots... qui n’ont pas varié depuis !
Bien-sûr !   Very Happy
D'où la référence de Philip Mansel au Journal de lady Elisabeth Foster .
Lecréateur a écrit:
Elle avait certes la haute main sur la liste des personnes à laisser passer, mais il semble évident qu’elle ne faisait pas elle-même le travail des contrôleurs ! Cela  ne concerne en rien le nommé Fersen  : hors sujet !
Fersen tenait rigoureusement un livre de comptes de ses dépenses .  Il y note qu'il se ruinait presque en pourboires qu'il prodiguait au Suisse chargé de contrôler l'accès à l'escalier Louis XIII menant aux appartements privés de Marie-Antoinette.   Ce Cerbère lui coûtait plus cher que son propre valet.
Lecréateur a écrit:
Et tout cela se faisait de concert entre le roi et la reine.
Absolument !  Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 1123740815
Ainsi que l'explique si clairement Dominique :
Dominique Poulin a écrit:Je pense que la reine était extrêmement attachée à l'intimité de ses appartements privés. N'y avait accès, que son personnel de service, Fersen, et quelques amis comme madame de Polignac selon des autorisations strictes données par Marie-Antoinette. L'accès au Petit Trianon devait être régi sous des conditions analogues.
Louis XVI savait bien qu'il était un mari trompé et de fait avait toléré la liaison de sa femme avec Axel de Fersen. Mon avis est qu'il connaissait l'existence d'un appartement de l'ami de la reine dans les propres appartements privés de Marie-Antoinette.
Pour toutes ces raisons, il ne devait pas s'aventurer souvent chez son épouse. Tel est mon avis.

Et voilà comme
Un galant homme
Evite tout désagrément

Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 Notes-22


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Message par Mme de Sabran Mar 14 Fév 2023, 12:06


Saint-Valentin oblige ... Very Happy

Marie-Antoinette à Fersen, le 4 janvier 1792 :

« Je vais finir non sans vous dire, mon cher et bien tendre ami, que je vous aime à la folie et que jamais jamais je ne peux être un moment sans vous adorer. »

Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 S-l50011

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Message par Gouverneur Morris Dim 05 Mar 2023, 17:17

Marchant sur les pas de notre Grâce Ostrogothe, j'ai posé "LA" question à ChatGPT Eventaille :

Have Queen Marie-antoinette and Fersen ever had sex together? Hop!

ChatGPT a écrit:There is no definitive evidence or historical records that confirm whether Queen Marie Antoinette of France and Axel von Fersen, a Swedish count and a close friend of the queen, had a sexual relationship.

There have been rumors and speculations about a possible romantic or sexual relationship between the two, fueled by some letters and diaries that suggest a close and intimate friendship. However, these sources are often ambiguous or open to interpretation, and there is no conclusive evidence that they had a sexual relationship.

It's worth noting that Marie Antoinette was married to King Louis XVI of France, and while their marriage was not always happy, they had four children together. Additionally, Axel von Fersen was also known to have had romantic relationships with women, so it is possible that his relationship with Marie Antoinette was purely platonic.

Overall, while the exact nature of their relationship remains a topic of speculation and debate, there is no definitive evidence that suggests that they had a sexual relationship.

Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 1238861238 Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 2815550750
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Message par Mme de Sabran Dim 05 Mar 2023, 17:28

Gouverneur Morris a écrit:
Marchant sur les pas de notre Grâce Ostrogothe, j'ai posé "LA" question à ChatGPT Eventaille :
...   ChatGPT, qui ne se mouille pas !  Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 218799748    


Merci, Ton Excellence ! Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing

C'était une bonne idée, mais Notre Grâce nous a fait la démonstration que ChatGPT a parfois des lacunes et se prend les pieds dans le tapis.

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Message par Mme de Sabran Mar 04 Avr 2023, 16:58

Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 Capt1491


Marie-Antoinette et Fersen : jusqu'où ont été leurs amours ?

Par Guillaume Perrault  ( ...   beaucoup plus futé que ChatGPT   Eventaille  )
Publié il y a 5 heures.

Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 9c92a311

GRAND RÉCIT - La reine de France et le séduisant comte suédois ont éprouvé des sentiments très forts l'un pour l'autre. Le déchiffrage des passages codés ou caviardés de leur correspondance, dont les Archives nationales exposent un échantillon dans le cadre d'une exposition, donne de précieux indices pour en savoir plus.
Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 77fe5010
«Louis XVI, Marie-Antoinette et la Révolution. La famille royale aux Tuileries (1789-1792)», jusqu'au 6 novembre 2023. Archives nationales, 60, rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris. Du lundi au vendredi, de 10 h à 17 h 30 ; le week-end, de 14 h à 17 h 30. Entrée libre et gratuite. Archives nationales.

Marie-Antoinette et son destin fascinent plus que jamais. L'histoire de son amour pour le suédois Fersen sur fond de tornade révolutionnaire suscite toutes les interrogations. Or, aux Archives nationales s'ouvre, ces jours-ci, une admirable exposition consacrée à Louis XVI et Marie-Antoinette aux Tuileries, entre leur retour de Versailles en octobre 1789 et la chute de la monarchie le 10 août 1792. Les visiteurs pourront découvrir un passionnant échantillon de la correspondance secrète, amoureuse et politique, entre la reine de France et le comte suédois, dont les passages codés ou caviardés qui résistaient encore aux chercheurs ont été -tout récemment- déchiffrés par la science, livrant leurs secrets.

Un romancier n'aurait jamais osé imaginer pareille affaire de cœur entre Marie-Antoinette et un bel aristocrate étranger au service de la France, tant elle paraît extravagante   geek , et pourtant avérée.

Marie-Antoinette: révélation sur les liaisons dangereuses de la reine avec le comte de Fersen : https://www.lefigaro.fr/histoire/marie-antoinette-fersen-une-passion-au-grand-jour-20200929

Le comte Hans-Axel de Fersen passe pour un des plus beaux hommes de son temps. De haute taille, réputé pour l'éclat de ses yeux noirs, réservé, grave et mélancolique, maniant l'épée aussi bien que le clavecin, il ne laisse pas le beau sexe insensible. Sa physionomie est assez froide, or « c'est ce que les femmes ne détestent pas quand elles espèrent l'animer », jugera un contemporain, le comte de Tilly, peut-être jaloux de celui qu'on surnommera à Versailles, «le beau Fersen».

Ce grand seigneur suédois est membre d'une famille illustre et riche. Plusieurs de ses parents ont occupé, dans son pays, les plus hautes charges de l'État. Les Fersen sont alors des familiers des souverains de Suède, puissance régionale de l'Europe du nord, longtemps rivale de la Russie et alliée traditionnelle de la France depuis le début du XVIIe siècle. Le père de notre personnage, chef du parti pro-français à la cour de Stockholm, avait servi dans l'armée de Louis XV pendant la guerre de succession d'Autriche (1740-1748), sans qu'on lui demande de renoncer à sa religion protestante.

Comme l'élite aristocratique européenne d'alors, le jeune Fersen s'exprime au quotidien en français. Et c'est dans la langue de Beaumarchais qu'il tiendra son journal (où il évoquera ses conquêtes). À 16 ans, il accomplit le traditionnel « Grand Tour » en Europe, passage obligé du jeune noble de haut rang soucieux de parfaire son éducation avant d'embrasser une carrière. Fersen étudie les arts en Italie. L'adolescent demande à être reçu par Voltaire à Ferney pour présenter ses hommages à cette célébrité européenne. Puis le voilà à Versailles au terme de l'année 1773.

C'est lors d'un bal masqué à l'Opéra de Paris, le 30 janvier 1774, qu'il rencontre pour la première fois Marie-Antoinette. Celle qui n'est encore que dauphine (c'est-à-dire l'épouse du dauphin, le futur Louis XVI) aime à se soustraire à l'étiquette de la cour en participant incognito à ces divertissements, sans mesurer que les libertés prises avec les usages du temps nourrissent déjà les rumeurs à son endroit. Les jeunes gens, tous deux âgés de 19 ans, conversent longuement, mais Fersen ignore alors qui est la jeune femme masquée avec qui il marivaude et ne l'apprendra qu'après.

Flatté et cependant conscient des réalités, le jeune Suédois ne cherche en rien à revoir la dauphine. Il regagne bientôt la Suède pour ne revenir à Versailles que quatre ans plus tard, à l'été 1778, résolu à briguer une position dans les armées françaises. Lorsque « le beau Fersen » est officiellement présenté à Marie-Antoinette, devenue reine de France, celle-ci le reconnaît et s'exclame malicieusement : « c'est une vieille connaissance », devant les courtisans stupéfaits.

Dès cette époque, la revendication, par la souveraine, d'un bonheur privé comme si elle était une simple particulière, choque les Français, attachés au spectacle public qu'est la monarchie absolue. Néanmoins, en dépit des critiques qui fusent déjà contre elle et des ragots sur l'intimité du couple royal, qui n'a toujours pas d'enfant, Marie-Antoinette jouit encore, à l'époque, d'un prestige considérable. « On avait toujours envie de lui apporter son trône », rapporte un contemporain, séduit par son mélange de majesté et de naturel. «Elle a un genre d'affabilité qui ne permet pas d'oublier qu'elle est reine et persuade toujours cependant qu'elle l'oublie», écrit de son côté Madame de Staël, enchantée d'être présentée à la souveraine.

Fersen est admis dans le premier cercle de Marie-Antoinette et grossit les rangs de ses chevaliers servants, tels Lauzun et Besenval. Le Suédois soupe au Petit Trianon, offert par Louis XVI à la reine –ce fut sa première décision lorsqu'il devint roi- qui en a fait son séjour favori et l'instrument de son indépendance, à distance de la cour. On le voit jouer à colin-maillard avec la duchesse de Polignac et la princesse de Lamballe au Hameau de la reine.

La masse des courtisans maintenue à l'écart de cette coterie s'aigrit et l'on jase sur les familiarités, voire pire, prêtées aux intimes de la souveraine. À Vienne, la mère de Marie-Antoinette, l'impératrice Marie-Thérèse, informée par son ambassadeur de l'attitude irréfléchie et capricieuse de sa cadette, l'exhorte jusqu'à son dernier souffle à ne songer qu'à ses devoirs d'État. En vain car sa fille est entêtée.

Honoré d'être distingué mais prudent, le froid Fersen, pour sa part, n'oublie pas son objectif : en 1780, à force de démarches, il obtient la commission de colonel au régiment d'infanterie allemande Royal-Deux-Ponts. À l’époque, Louis XVI a accepté de secourir les insurgés américains (on les appelait « les Insurgents ») en lutte contre l'Angleterre. Et le Suédois réussit à se faire nommer premier aide de camp du chef du corps expéditionnaire français, le général de Rochambeau. En Amérique, il sert d'interprète lors les entretiens de son chef avec le général Washington, combat à la bataille de Yorktown (1781), et, entre deux campagnes, mène grand train (son père l'en blâme fort dans ses courriers).

Après la victoire, rentré en France à l'été 1783, Fersen ne donne pas suite à des projets de mariage. Sans doute a-t-il reçu, pendant ses années de guerre, des marques de l'intérêt tendre de la reine à son égard, puisqu'il écrit à sa sœur, première expression de ses sentiments parvenue jusqu'à nous :
« Je ne peux appartenir à la seule personne à laquelle je voudrais être, la seule qui m'aime réellement, ainsi je ne veux appartenir à personne ».   Marie-Antoinette et Fersen : un amour secret - Page 25 1020289783

Les correspondants utilisaient sans doute l'encre sympathique. Les originaux des lettres de Fersen à Marie-Antoinette de cette période ont disparu, détruits à coup sûr par la reine en raison de leur caractère compromettant. Mais le Suédois, s'il a pris la même précaution, a aussi fait des minutes de certaines des réponses de la souveraine. En outre, au cours de sa vie, il a recensé toute sa correspondance dans un document distinct de son journal. Chaque lettre est mentionnée par la date et le nom du destinataire, parfois accompagnés d'un résumé elliptique.

Une familiarité avérée

Or à partir de l'automne 1783 apparaît dans ce registre «Joséphine» (Josèphe était le second prénom de la reine), à qui il écrit chaque semaine et qui lui répond au même rythme. Leur familiarité est déjà avérée. Il la prie de bien vouloir lui adresser la partition d'un air qu'ils avaient sans doute joué ensemble au Petit Trianon. Dans un autre courrier, Fersen parle à la souveraine du chien qu'elle l'a chargé de choisir pour elle. Rien pourtant ne permet d'affirmer que Fersen soit davantage encore, ces années-là, que l'ami de cœur de la reine.

D'autant qu'il a désormais des devoirs militaires à remplir. En ce même automne 1783, après avoir emprunté les fonds nécessaires (le prétendant à un régiment devait acheter sa charge), Fersen, soutenu par Marie-Antoinette, est nommé colonel propriétaire du prestigieux Royal-Suédois, en garnison à Landrecies, puis à Valenciennes. Il assume ses fonctions avec grand sérieux et, pendant les périodes creuses, fait sa cour à Versailles ou fréquente les salons parisiens.

Les liens entre la reine et Fersen semblent s'être resserrés en 1787. Ils ont désormais 32 ans. Marie-Antoinette a donné quatre enfants à Louis XVI. Trois ont survécu, dont deux fils. Jugeant son devoir dynastique accompli, la reine aurait alors cessé toute intimité avec le roi, tout en lui conservant estime et affection, et Louis XVI, guère porté sur les plaisirs des sens, l'aurait accepté. Outre l'inclination du cœur, un autre mobile pousse sans doute la reine à rechercher le réconfort d'un confident : Marie-Antoinette est soudain sensible à la dégradation de son image publique et à son impopularité. Surnommée « Madame déficit » pour ses dépenses somptuaires, visée par un flot de libelles à la fois haineux, obscènes et moralisateurs (suscités, dans un premier temps, par les coteries de la cour qui la détestent, puis imités par d'autres), « l'Autrichienne » a besoin d'un soutien affectif et moral.

Dans son registre de correspondance, en 1787, le favori écrit ce résumé allusif :
"Octobre 8, par M. de Valois, qu'elle fasse faire une niche au poêle, que je partirai le 18, pour être le 19 à Paris, et le soir chez elle, qu'elle m'envoie une lettre chez moi à 3 ou 4h, pour me dire ce que je dois faire".
Or on dispose aux Archives nationales d'une note adressée au directeur général des bâtiments de Versailles d'alors par un subordonné, qui rend compte de travaux en ce sens ordonnés par la reine:
« La reine a envoyé chercher le poêlier suédois qui a fait des poêles à l'appartement de Madame [titre de l'épouse du frère du roi, NDLR], et Sa Majesté lui a ordonné d'en faire un dans un de ses cabinets intérieurs, avec tuyaux de chaleur pour échauffer une petite pièce à côté ».

Aussi est-on convaincu par Françoise Kermina, qui conclut, dans son excellente biographie de Fersen : « Ce qui compte, c'est la preuve apportée ici de la familiarité de ton qui régnait entre elle et Axel. Ils parlent ensemble de tout, et s'intéressent à tout ce qui les concerne respectivement, famille, politique, ou simples arrangements domestiques, avec affection et confiance, comme deux vrais amants, pour qui ce qui vient de l'autre, important ou futile, a toujours le même prix »
(   Françoise Kermina, Hans-Axel de Fersen, Perrin, 2001).

Faut-il conclure pour autant à une union charnelle ?

Comme nombre de contemporains, Madame de Boigne, qui a passé son enfance à Versailles, soutiendra cette thèse: « La reine n'eut qu'un grand sentiment, et peut-être une faiblesse. Il n'était guère douteux pour les intimes qu'elle n'eût cédé à la passion de M. de Fersen ». Et la mémorialiste de poursuivre : « Il a justifié ce sacrifice par un dévouement sans bornes, une affection aussi sincère que respectueuse et discrète, il ne respirait que par elle, et toutes les habitudes de sa vie étaient calculées de manière à la compromettre le moins possible. Aussi cette liaison, quoique devinée, n'a jamais donné de scandale ».

L'écrivain Stefan Zweig a défendu lui aussi la thèse de l'amour physique dans un portrait psychologique brillant de sa compatriote Marie-Antoinette, paru en 1932, et qui se lit aujourd'hui encore avec un plaisir intact. L'auteur invoque la puissance des sentiments que se portaient la reine et Fersen.

A contrario, l'étiquette, le regard presque permanent de l'entourage et des serviteurs, l'idée très élevée que la reine de France se faisait de sa dignité et que partageait son favori, plaident pour un amour resté platonique. L'hypothèse paraît la plus vraisemblable. Sans compter que Fersen, en 1789, noue une liaison durable avec une Italienne, Éléonore Franchi, épouse d'un officier irlandais qu'elle avait suivi aux Indes avant de le quitter pour un riche homme d'affaires écossais, Quentin Craufurd (on francisait l'orthographe des noms étrangers, à l'époque). Ce fait peut paraître accréditer l'hypothèse que Fersen dissocie un amour charnel (sa maîtresse) et un amour idéal et impossible (la reine de France).

Une thèse intermédiaire soutient l'idée que Marie-Antoinette et Fersen étaient des « amants restreints », qui se seraient autorisés certaines privautés mais interdit les derniers abandons.
Il est, en définitive, impossible de trancher.    ( Taratata !  Wink  )

L'insouciance évanouie

L'insouciance de la souveraine, en tous cas, n'est plus qu'un lointain souvenir lorsque, en août 1788, confronté à la crise des finances publiques et à la fronde des parlements, Louis XVI se résigne à convoquer les États généraux. Ils s'ouvrent le 4 mai 1789 à Versailles dans une atmosphère d'ébullition générale. Le 17 juin 1789, les députés du Tiers, rejoints par 19 députés du clergé, se déclarent Assemblée nationale. Ils s'emploient à conquérir et exercer la souveraineté forgée par l'absolutisme monarchique. La révolution commence.

Le 8 juillet 1789, tandis que le bruit court que Louis XVI veut rassembler autour de Paris des régiments fidèles cantonnés dans différentes provinces, Fersen, alors à Valenciennes où est caserné son régiment, rédige une lettre à la reine (on ignore si elle fut envoyée à sa destinatrice), dans le beau français du XVIIIe siècle : «Madame, j'ose me flatter que Votre Majesté est trop persuadée de mon zèle et de mon dévouement à la personne du roi et à celle de Votre Majesté pour douter de ce que j'éprouve dans les circonstances présentes, et pour n'en pas recevoir avec bonté les assurances, et l'expression du vif désir que j'ai de Lui en donner des preuves. »

Fersen poursuit : « Le rassemblement des troupes près de Paris m'en fournit l'occasion, tous mes vœux seraient comblés si le régiment que j'ai l'honneur de commander en était, et celui où je serais assez heureux pour servir le roi serait le plus beau de ma vie. Tout mon régiment partage ce désir. Daignez donc, Madame, par un effet de vos bontés dont il Vous a plu m'honorer, me mettre à même de les mériter en donnant au roi des preuves de mon zèle pour son service et de mon attachement respectueux pour sa personne et celle de Votre Majesté ». Le roi n'appellera pas le régiment de Fersen.

Le 14 juillet provoque une première émigration. À Paris, des libelles dressent des listes de personnalités à lyncher. Les familiers de la reine, comme la duchesse de Polignac, sont visés au premier chef par ces appels au meurtre. Marie-Antoinette les encourage à fuir, et Louis XVI fait de même avec ses serviteurs. Versailles se vide.

Quelques mois plus tard, Fersen est présent à Versailles lors des Journées d'Octobre 1789. Après un incident qui met le feu aux poudres, au Palais-Royal, on réclame une marche sur Versailles pour ramener le roi à Paris. Le 5 octobre, plusieurs milliers d'âmes se réunissent devant l'Hôtel de Ville, en majorité des femmes lasses de faire la queue aux portes des boulangeries. Un arsenal est forcé. Sous la pluie, une foule se met en route pour Versailles, armée de piques et traînant, semble-t-il, une à trois pièces de canon saisies place de Grève. Six à huit heures plus tard, muni de l'ordre légal de la Commune qu'il réclamait, La Fayette, quoique réticent, et 15.000 gardes nationaux partent à leur tour pour Versailles. La foule arrive par vagues successives devant le château dès la fin de l'après-midi.

Louis XVI refuse de fuir à Rambouillet comme une partie de ses ministres l'en adjurent. Il défend d'ouvrir le feu sur les émeutiers avec les troupes encore fidèles. Fersen, présent sur place, semble favorable à l'emploi de la force. Il regrettera toujours, en tous cas, que le roi ait refusé de fuir. Neuf ans plus tard, un 5 octobre, il écrira dans son journal : "Je me rappelle parfaitement ce jour, toutes nos angoisses à Versailles, s'ils étaient partis, ils eussent été sauvés ».

Des têtes sur des piques

Au petit matin du 6 octobre, la foule envahit le château. Deux gardes du corps de la maison du roi sont tués. Les émeutiers pénètrent dans les appartements royaux tandis que La Fayette, enfin réveillé et accouru, protège in extremis la famille royale. Dans l'espoir de ramener le calme, Louis XVI consent à apparaître au balcon du château, accompagné de Marie-Antoinette portant le dauphin dans ses bras. Fersen est aux premières loges et juge que la reine fait preuve d'un courage exceptionnel. «Plus on voit cette princesse, plus on est forcé de l'admirer», écrira-t-il. La foule acclame le couple royal tout en criant «À Paris! À Paris!». Le roi s'exécute et gagne les Tuileries sous bonne garde, tandis que des émeutiers arborent, sur des piques, les têtes des deux gardes du corps qui ont été tués. Fersen, révulsé, prend place dans une des nombreuses voitures de la cour qui accompagnent le cortège. L'Assemblée se transporte, elle aussi, dans la capitale.

Au palais des Tuileries, qui était presque à l'abandon depuis le retour du jeune Louis XV à Versailles en 1722 sur décision du Régent, les souverains, surveillés, ne sont pas libres de leurs mouvements. La famille royale est soudée dans l'épreuve et refuse opiniâtrement tout projet de fuite séparée de l'un ou l'autre des siens. La reine ne quitte plus le dauphin. Un semblant de vie de cour se reconstitue néanmoins. Des ambassadeurs étrangers sont reçus, des grands seigneurs libéraux assistent aux levers et aux couchers du roi. On entend la messe chaque jour à midi.

Fersen se rend aux Tuileries trois fois par semaine, déguisé en bourgeois. Il a des entretiens politiques avec les souverains, sert d'intermédiaire pour porter des courriers secrets aux couronnes étrangères, organise des boîtes aux lettres chez des fidèles. Signe d'une confiance totale, le Suédois est admis dans l'intimité du couple royal le jour de Noël 1789. Il écrit à sa sœur : "Enfin, le 24, j'ai passé une journée entière avec Elle. C'était la première, jugez de ma joie".

Louis XVI, à qui l'Assemblée nationale a accordé un veto suspensif, accepte presque toutes ses décisions, mais ne paraît jamais en faire assez, tant le courant est puissant. Le roi espère un retournement de la majorité silencieuse en sa faveur devant la désorganisation des pouvoirs et ce qu'il juge être le radicalisme des hommes de 1789. Au printemps suivant, Mirabeau, le leader révolutionnaire, entreprend de conseiller secrètement le souverain. « Le roi n'a qu'un seul homme, c'est sa femme », lui écrit-il. Certes, à la mi-1790, l'atmosphère se détend quelque peu. Le couple royal se rend à Notre-Dame et dans les hôpitaux aussi bien qu'au théâtre et au bois de Boulogne. Partout, Louis XVI est acclamé. La famille royale peut passer l'été au château de Saint-Cloud.

Reste que des témoins de l'époque indiquent le vieillissement prématuré de la reine sous l'effet de la tension nerveuse permanente. Maigre, les cheveux presque blancs depuis la mort de son fils aîné en juin 1789, Marie-Antoinette presse le roi d'accepter de fuir. L'entreprise semble résolue dès la fin de 1790. Fersen en sera la cheville ouvrière. Comme la tragédie peut se concilier avec des parenthèses de légèreté, le beau Suédois se tourne vers ses anciennes maîtresses et ses amis pour financer l'équipée de la famille royale.

La fuite à Varennes commence le 20 juin 1791. Avant de quitter les Tuileries de nuit dans le plus grand secret, le roi a rédigé une «Déclaration» très argumentée expliquant aux Français sa décision. Fersen accompagne d'abord la famille royale mais, au relais de Bondy, Louis XVI exige qu'il les quitte et lui confie un message à remettre à son beau-frère l'empereur d'Autriche en cas d'échec. Fersen réussit à gagner les Pays-Bas autrichiens. C'est là qu'il apprendra que le roi, faisant halte à Varennes, a été reconnu et reconduit à Paris sous bonne garde au milieu d'une foule hostile.

Dès le 28 juin, de retour aux Tuileries, Marie-Antoinette écrit en secret à son chevalier servant : «Rassurez-vous sur nous, nous vivons». Et le lendemain, comme si la rétention des sentiments n'était plus de mise après avoir frôlé la mort :
«J'existe mon bien aimé et c'est pour vous adorer. Que j'ai été inquiète de vous et que je vous plains de tout ce que vous souffrez de n'avoir point de nos nouvelles, le ciel permettra que celle-ci vous arrive, ne m'écrivez pas, ce serait nous compromettre, et surtout ne revenez pas ici, sous aucun prétexte, on sait que c'est vous qui nous avez fait sortir d'ici, tout serait perdu si vous paraissiez, nous sommes gardés à vue jour et nuit. »
Et la reine conclut :
«Adieu le plus aimé des hommes, calmez-vous, si vous pouvez, ménagez-vous pour moi, je ne pourrai plus vous écrire mais rien dans le monde ne peut m'empêcher de vous adorer jusqu'à la mort».

Puis le 4 juillet, elle lui adresse ce billet où elle donne libre cours à ses sentiments :
«Je peux seulement vous dire que je vous aime, et je n'ai même guère le temps que de cela. (...) Envoyez les lettres par votre valet de chambre, mandez-moi à qui je dois envoyer celles que je pourrai vous écrire, car je ne peux vivre sans cela. Adieu, le plus aimé et le plus aimant de tous les hommes, je vous embrasse de tout mon cœur».
Il ne recevra pas ce billet. Ne sachant plus où le joindre, la reine s'adresse à leur ancienne boîte aux lettres, le comte Esterhazy:
« Si vous lui écrivez, dites-LUI que bien des lieues et des pays ne peuvent jamais séparer des cœurs, je sens cette vérité chaque jour davantage ».

Fersen, installé à Bruxelles, se consacre à des tractations avec les ministres des cours européennes en qualité de porte-parole présumé du couple royal. Apprenant que la reine écoute les conseils du député Barnave, l'ancien révolutionnaire radical devenu modéré, qui avait accompagné le couple royal dans leur berline sur le chemin du retour entre Varennes et Paris, il se montre jaloux. On frôle la querelle d'amoureux au milieu du drame national. Marie-Antoinette semble elle-même s'en amuser. La reine lui répond, faisant allusion à un messager que le Suédois lui avait envoyé :
«Il vous dira des choses de ma part, et surtout sur mes nouvelles connaissances et liaisons. Je l'ai trouvé bien sévère, j'avais cru déjà avoir fait beaucoup, et qu'il m'admirerait. Point du tout. Mais, comprenez-moi, ma position, et le rôle que je suis obligée de jouer toute la journée. Quelquefois je ne m'entends pas moi-même, et je suis obligée de réfléchir pour voir si c'est bien moi qui parle ».

Désireuse de rassurer son ami de coeur, la souveraine ajoute, dans une lettre du 9 juillet :
«Adieu plaignez-moi, aimez-moi et surtout ne me jugez dans tout ce que vous me verrez faire qu'après m'avoir entendue, je mourrais si j'étais un jour désapprouvée par l'être que j'adore et que je ne cesserai jamais d'adorer».
(Isabelle Aristide-Hastir, Marie-Antoinette et Axel de Fersen, correspondance secrète, Michel Lafon/Archives nationales, 2021).

En septembre, Marie-Antoinette envoie aussi à son favori, par l'intermédiaire d'un tiers, le comte d'Esterhazy, un anneau décoré de fleurs de lys sur fond bleu et, au verso, une devise latine qu'on chantait à la messe au moment de l'élévation de l'eucharistie, accompagné de cette explication :
«Celui qui est entouré de papier est pour lui, il est juste à sa mesure, je l'ai porté deux jours avant de l'emballer, mandez-lui que c'est de ma part. Je ne sais où il est, c'est un supplice affreux de n'avoir aucune nouvelle, et de ne savoir même pas où habitent les gens qu'on aime».
Et la reine confie aussi au comte Esterhazy ce billet tendre pour Fersen :
«Je peux vous dire que je vous aime et je n'ai même le temps que de cela. Je me porte bien. Ne soyez pas inquiet de moi. Je voudrai bien vous savoir de même. Ecrivez-moi en chiffre par la poste, l'adresse à M. de Brown; une double enveloppe à M. Gougenot [des personnes de confiance, NDLR]. Faites mettre les adresses par votre valet de chambre. Mandez-moi à qui je dois adresser celles que je pourrai vous écrire, car je ne peux plus vivre sans cela. Adieu, le plus aimé et le plus aimant des hommes».

Dans ses propres lettres, consacrées pour l'essentiel à la stratégie politique à adopter en ces temps de péril extrême pour la famille royale, Fersen s'abandonne à son tour le temps de quelques phrases:
«Je puis vous dire, ma bien chère et tendre amie, combien je vous aime (...) L'univers n'est rien sans vous» (10 octobre 1791).
«Mes chevaux sont arrivés, je sais que vous avez vu la femme de mon valet de chambre, quelle bonté! Mais je devrais y être accoutumé, car il n'y a jamais eu d'être plus parfait que vous, aussi n'a-t-on jamais été tant aimé que je vous aime.» (25 octobre 1791).

Le chiffrage des lettres de Fersen est si plus sophistiqué que la reine elle-même, moins rompue à la cryptographie que son correspondant, officier de carrière, s'y perd parfois. «L'un des modèles est le Grand Chiffre diplomatique développé sous Louis XIV, explique l'historienne Isabelle Aristide-Hastir. Un mot ou une syllabe sont remplacés par une suite de chiffres; il faut nécessairement que les correspondants aient échangé au préalable un répertoire ou une table commune.». Autre méthode, choisie par Fersen pendant la préparation de la fuite à Varennes : «chaque caractère est substitué à un autre selon une table de concordance, mais aussi via une «clé» (ou mot) convenue qui se décale à chaque caractère; il n'y a donc pas de répétition dans la transposition des caractères. Chacun des correspondants doit avoir sur lui non seulement la table mais aussi le livre  [par exemple, le roman Paul et Virginie, de Bernardin de Saint-Pierre, NDLR] où il trouvera le mot-clé (premier mot de plus de quatre caractères) grâce à un numéro de page indiqué au début de la lettre cryptée».

C'est ainsi que Fersen peut déchiffrer la lettre de la reine, en date du 4 janvier 1792, consacrée à la situation politique, et qui s'achève ainsi :
«Je vais finir non pas sans vous dire, mon cher et bien tendre ami, que je vous aime à la folie et que jamais jamais, je ne peux être un moment sans vous adorer».

Dès l'échec de la fuite à Varennes, une aristocrate suédoise, la duchesse de Sudermanie, avait écrit à la sœur de Fersen, pour la rassurer : «Axel est sauvé, ma chère Sophie, si votre frère n'a pas réussi dans l'entreprise, vous avez la satisfaction qu'il a agi en honnête homme, et comme il devait le faire en pareil cas. Un sentiment plus vif y a contribué sans doute, et je crains que ce sentiment ne le perde et qu'il ne veuille retourner en France, ce qui serait d'une imprudence affreuse, tout Paris lui en veut».
C'était voir juste. Car, par esprit chevaleresque et souci du beau geste, il va en effet revenir à Paris.

Le 13 janvier 1792, rentré clandestinement dans la capitale française, Fersen, muni semble-t-il d'un laisser-passer signé par La Fayette, entre au palais des Tuileries. Dans son journal, il notera :
"Allé chez Elle, passé par mon chemin ordinaire; peur des gardes nationaux, son logement à merveille, pas vu le roi".
Deux mots suivent, caviardés par les descendants de Fersen par souci des convenances et reconstitués dès les années 1930. Le comte avait ajouté, en français : « resté là ». Certains spécialistes en déduisent que le favori et la reine ont consommé leur amour cette nuit-là.

Louis XVI refuse de fuir une nouvelle fois

D'autres rétorquent que le bourreau des cœurs, lorsqu'il obtenait les dernières faveurs d'une nouvelle maîtresse, avait l'habitude de noter dans son journal « resté là » en suédois, et non en français. Les tenants de l'amour platonique en concluent que l'usage délibéré du français dans ce contexte donne un tout autre sens à l'expression, qui signifierait simplement que la reine et lui sont restés dans la même pièce au cours de la nuit.

Le lendemain, Fersen est reçu par le roi et lui propose un nouveau plan d'évasion, mais il refuse. D'après le témoignage ultérieur du Suédois, Louis XVI lui aurait répondu : «Je sais qu'on me taxe de faiblesse et d'irrésolution; mais personne ne s'est jamais trouvé dans ma position».

Le comte prend congé de la famille royale. Ils ne se verront plus. Bientôt, c'est l'engrenage. Le 20 avril 1792, la France révolutionnaire déclare la guerre à l'Autriche, liée par une alliance défensive à la Prusse. Fersen, rentré à Bruxelles, apprend bientôt la prise des Tuileries et la chute de la monarchie, le 10 août 1792. Louis XVI, condamné à mort, est exécuté le 21 janvier 1793. Pour sauver Marie-Antoinette, Fersen tente de nouer des contacts avec Danton, seul leader jacobin réputé ouvert au compromis. En vain. La reine, condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire, est guillotinée le 16 octobre 1793.

Rentré en Suède, Fersen rassemble témoignages et reliques sur les derniers jours de la reine. Il devient le servant d'un culte à un temps révolu. Le 20 mars 1795, il colle sur son journal le dernier billet de Marie-Antoinette, gardé par des personnes de confiance, et qui lui est remis un an et demi après sa mort :
«Adieu mon cœur est tout à vous».

Et, le croira-t-on ?, quinze ans plus tard, le 20 juin 1810, à Stockholm, devenu Grand maréchal d'un royaume en proie à des querelles dynastiques, Fersen, chargé d'accompagner le cortège funèbre du prince héritier mort prématurément, est lynché par la foule qui l'accuse follement de l'avoir assassiné. Son corps est mutilé. Il portait une montre que lui avait offerte Marie-Antoinette aux jours de Trianon, en 1785, avec ses initiales gravées sur le cadran : « AF ». Il ne l'avait pas quittée.

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«Louis XVI, Marie-Antoinette et la Révolution. La famille royale aux Tuileries (1789-1792)», jusqu'au 6 novembre 2023. Archives nationales, 60, rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris. Du lundi au vendredi, de 10 h à 17 h 30 ; le week-end, de 14 h à 17 h 30. Entrée libre et gratuite. Rens. : archives-nationales.culture.gouv.fr/louis-xvi-marie-antoinette-et-la-revolution

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Message par Dominique Poulin Mar 04 Avr 2023, 18:04

Cet article est très intéressant, très complet, nous savons tout de ce qui est écrit.
La seule réponse est une recherche ADN des restes de Louis XVII, son cœur, ses cheveux, afin de connaître le père : Louis XVI ou Fersen.
Il ne reste rien des restes de Sophie, née en 1786 et morte un an plus tard, du moins à ma connaissance.
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Message par Calonne Mar 04 Avr 2023, 18:09

Pour moi, ils ont été des amants restreints.
Pour elle, il y avait la crainte d'une possible grossesse non désirée et surtout, que l'on soupçonne ses enfants d'être des bâtards. Elle les aimait trop pour prendre un tel risque. Et puis, si on les surprenait, même si on n'était plus à l'époque du masque de fer et même si Louis XVI n'était pas un violent, c'était peut-être un sort funeste pour lui, le couvent ou la répudiation pour elle.
Joseph II a lui-même reconnu qu'elle n'avait aucun goût pour le plaisir et ce n'est sûrement pas Louis XVI qui lui a appris quoi que ce soit dans ce domaine... Elle est une Romantique avant la lettre, elle rêve d'un prince charmant, de grands sentiments et de romance comme dans les opéras légers qu'elle chante ou comme dans les contes de fée. Pour moi, ils ont peut-être été jusqu'aux baisers, aux caresses et étreintes (j'espère pour elle qu'au moins une fois, elle a pu trouver le réconfort dans ses bras) mais jusqu'à l'acte sexuel complet, non.

Elle savait qu'il était là, qu'elle pouvait compter sur lui et qu'il l'aimait. Je pense que pour elle, c'était l'essentiel.

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