Charles-Joseph, prince de Ligne

Toujours chez le prince de Ligne ! boudoi30

Pourquoi peint-on toujours la Justice avec une épée et une balance ?  
Je voudrais quelquefois lui mettre un voile. Il est souvent de la justice de ne pas faire justice. Il y a justice de sévérité et justice de bonté. Si après avoir bien pesé avec cette balance, et même levé ce glaive menaçant, le voile cependant l'empêchait de voir tout ce qu'il faudrait punir, la justice serait peut-être aussi juste. Si tout en voyant elle pardonnait, ce serait clémence.  Je ne veux pas que toujours elle pardonne, mais je veux que son examen et son jugement ne se fassent pas avec la volonté de punir.  Il y a tant de nuances imperceptibles à suivre, dont on ne peut pas rendre compte, et qui permettent cependant de justifier l'action ou d'adoucir la peine ! Il y a beaucoup d'esprit dans la bonté; elle suppose même plus de pénétration que le blâme, car ce qu'il y a de meilleur dans les hommes est souvent caché au fond de leur âme.

( le prince de Ligne )

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En parlant de Marie-Antoinette, bien-sûr :

Le prince de Ligne, qui l'avait si bien connue dans son intimité, gardera jusqu'à la fin de ses jours un portrait d'elle dans sa poche, comme on garderait une relique .

( Emmanuel de Waresquiel : Juger la reine )

Le prince de Ligne était, cette semaine, le sujet de l'une des émissions de radio Un jour dans l'Histoire.

Présentation :
Nous sommes à la fin du dix-huitième. Charles-Joseph de Ligne écrit : « Oh que je remercie le ciel d’avoir ouvert pour moi tous les canaux du plaisir ! Que j’en ai à rendre justice aux autres ! Malheureux et bien subalternes les esprits que l’envie arrête là-dessus. Heureux ceux qui ne la connaissent pas, et qui savent s’écrier : que cela est beau ! que cela est bon ! et que tout ce qui invite à la bienfaisance, au calme, au bonheur général, aura toujours des droits sur mon cœur ! ».

Charles-Joseph, prince de Ligne, que l’on appelle le prince rose, n’était-il que cela : gai et insouciant ?
Militaire, diplomate, homme de lettres, il a côtoyé les plus puissants de son époque et les plus fins esprits. Il reste l’un des plus fameux personnages de notre panthéon et l’un des plus mal connus .

Avec nous : Manuel Couvreur, ULB, l'un des initiateurs d'un colloque les 5 et 6 mai : « Pour en finir avec le Prince rose », à la Bibliothèque Royale de Belgique et au Palais des Académies, Bruxelles.





Si vous souhaitez écouter cette émission, titrée Le prince de Ligne, l'homme le plus gai de son siècle, c'est ici : https://www.rtbf.be/auvio/detail_un-jour-dans-l-histoire?id=2209517

Ca va faire plaisir à Mémée ça !  :

...En effet ! :

Oui, oui, je suis ravie !!!  boudoi30
Formidable ! Je vais écouter cela !!!

Merci, cher la nuit, la neige ...  

« Oh que je remercie le ciel d’avoir ouvert pour moi tous les canaux du plaisir ! Que j’en ai à rendre justice aux autres ! Malheureux et bien subalternes les esprits que l’envie arrête là-dessus. Heureux ceux qui ne la connaissent pas, et qui savent s’écrier : que cela est beau ! que cela est bon ! et que tout ce qui invite à la bienfaisance, au calme, au bonheur général, aura toujours des droits sur mon cœur ! »

Cet homme-là n'est-il pas merveilleux ?!!  

Voici deux portraits du prince de Ligne, gravés d'après des peintures de Charles Leclercq :






Ce même Charles Leclercq a peint des portraits de la famille royale, notamment Marie-Antoinette en vestale (v. ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2279p25-portraits-de-marie-antoinette-et-de-la-famille-royale-par-charles-leclercq?highlight=vestale ).

Le premier n'est pas ressemblant : front trop bas, trop joufflu .
Mais je retrouve bien le prince sur le second . Tu notes qu'il porte un petit anneau à l'oreille . Peut-être avait-il des troubles de la vue, comme Fersen ?

Grand merci, cher Ostroptrop !

Mme de Sabran a écrit:Le premier n'est pas ressemblant : front trop bas, trop joufflu .  

C'est un portrait dans lequel il paraît plus jeune. Peut-être a-t-il perdu du poids avec le temps ? Cela n'est pas très habituel, mais pourquoi pas.

Mme de Sabran a écrit:
Mais je retrouve bien le prince sur le second .     Tu notes qu'il porte un petit anneau à l'oreille .   Peut-être avait-il des troubles de la vue, comme Fersen ?

Bien vu, l'aveugle. Effectivement, cela rappelle l'anneau à l'oreille de Fersen.

Duc d'Ostrogothie a écrit:

Mme de Sabran a écrit:Le premier n'est pas ressemblant : front trop bas, trop joufflu .  

C'est un portrait dans lequel il paraît plus jeune. Peut-être a-t-il perdu du poids avec le temps ? Cela n'est pas très habituel, mais pourquoi pas.

Je pense qu'il s'agit plutôt d'un portrait de son fils aîné, ce fils chéri dont il ne se remit jamais vraiment de la mort prématurée, Charles Joseph Antoine Lamoral Ghislain, tué par les français le 14 septembre 1792. En voici un autre portrait :





Et un autre :



http://impereur.blogspot.com/2018/01/charles-joseph-antoine-lamoral-ghislain.html

Ce qui explique pourquoi il est dit héréditaire sur le gravure, dans le sens d'héritier (et non en titre).

Mais oui, c'est tout à fait lumineux, il s'agit de son fils adoré Charles ! La ressemblance entre les différents tableaux en atteste sans l'ombre d'un doute . Bravo, mon cher Momo !

A Saint-Petersbourg, la vie très mondaine du chevalier de Corberon ...
Rien que du beau linge !  


J'ai dîné chez Cobenzl, chez qui est arrivé le prince de Ligne, son fils Charles, et M. de l'Isle, colonel françois à la suite, homme, dit-on, fort aimable, ancien ami du marquis de Choiseul et bienvenu dans les sociétés de Versailles. Le prince de Ligne est un grand homme, de bonne mine, de beaucoup d'esprit, et qui a dans la tournure la grande aisance de la bonne et de la mauvaise compagnie.  ( Oh c'est bien lui !!!  ) Ce qui m'a frappé, c'est qu'à table Cobenzl paroissoit maté par lui, ce qui me confirme dans mon opinion que ce dernier n'a pas tout l'esprit qu'on lui prête.

Le comte de Goertz m'a parlé de plusieurs propos du prince de Ligne hier à souper chez Cobenzl, qui ont embarrassé l'hôte, des propos rouloient sur le roy de Prusse, ses talents et sa santé, ainsi que le motif des trois guerres qu'il a faites et le succès qu'il y a eu. Cobenzl ne disoit rien, et le prince de Ligne poussoit ses pointes en éloges de Frédéric, etc. Cette scène a dû être plaisante.

Le prince de Ligne, grand seigneur d'une famille de Flandre, a une tournure extérieure qui me plaît infiniment. C'est ce qu'on appelle un aimable roué, mais il a beaucoup d'esprit, il est brave et bon militaire. Général au service d'Autriche, ayant la Toison d'or, il fait ouvertement l'éloge du roy de Prusse, et sa franchise à cet égard est divertissante, auprès de Cobenzl, qui en est embarrassé.

Son fils est un bon enfant ; il se nomme le prince Charles. Leur compagnon de voyage, M. de l'lsle, a la réputation d'homme d'esprit et de méchante langue. Il est colonel à la suite du régiment Royal-Dragons, et reçoit les appointements comme s'il étoit en pied, mais à titre de pension, avec la croix de Saint-Louis. Il m'a fait une peinture peu avantageuse du duc de Deux-Ponts .  ( * )
Il le croit faux, avare et vicieux, vivant mal avec sa femme qui est charmante et ayant pour maîtresse la grande-gouvernante, dont le mari, premier ministre, est une bête. En général, ce qu'il m'a dit de ce prince et de sa Cour, mon ami, n'est pas attrayant pour un homme qui doit y vivre; mais ce qui me console, c'est la perspective de ne pas y rester longtemps.



( * ) : Charles-.Auguste, prince palatin, duc de Deux-Ponts, né en 1746, marié, depuis le 12 février 1774, à Marie-Amélie de Saxe, née le 26 septembre 1757. Le chevalier de Corberon était alors désigné pour être ministre plénipotentiaire à sa Cour.

https://archive.org/stream/undiplomatefran02corbuoft/undiplomatefran02corbuoft_djvu.txt

Un jour, polissonnant avec mon fils Louis, il me jeta l'une de ses pantoufles à la tête.
Je lui dis : " Tu me bats avec l'arme de ton raisonnement. "

Il voulait lui dire qu'il était bête comme ses pieds ?

...    gentiment : ils polissonnent, son fils et lui .  
Il veut surtout comme d'habitude être drôle .  

Le prince de Ligne et moi, c'est tout pareil !  

On ne pouvait m'apprendre que ce que j'aimais et on découvrit l'impossibilité de m'enseigner la physique, la chimie, les mathématiques (excepté ce qui suffît pour les fortifications) ( ), l'astronomie et même l'arithmétique. Je n'ai jamais pu apprendre un jeu de cartes, ni d'échecs, ni de trictrac. 

( Fragments de l'histoire de ma vie )


... sauf que j'ai un peu tâté des échecs dans mon jeune temps .

Dans le magazine Elle d'octobre 1957, un petit billet sur  le prince de Ligne :






Le château de Baudour ...

Mme de Sabran a écrit:Le château de Baudour ...

En voyant cette image, je me disais : mais quel vilain " château " !!! On dirait une écurie.  

Voici une représentation du domaine au 18e siècle.

Vue du Chateau de Boudour (..).
Print originates from 'Jardins Anglo-Chinois à la Mode' by Georg Louis le Rouge
Hainaut, Belgium, c.1785
Image : 1stdibs

Le seul bâtiment qui subsistait de ce domaine du temps où cette photo fut prise était donc celui des... " remises " !   Le " château terrasse ", visible au centre de la composition, avait été détruit bien avant.

Ah,  voilà donc le fin mot de l'histoire !  

La nuit, la neige a écrit:
En voyant cette image, je me disais : mais quel vilain " château " !!! On dirait une écurie.  

Et moi, j'ai pensé:  " mais quel vilain " château " !!! On dirait une caserne. "  

Merci pour cette représentation des lieux à l'époque du prince de Ligne.    
 Le " château terrasse " certainement agrémenté par les jardins est bien plus riant. Nous voilà rassurés !
Encore un château éliminé du paysage ...

Mme de Sabran a écrit:
Et moi, j'ai pensé:  " mais quel vilain " château " !!! On dirait une caserne. "  

La première édition de cette biographie date pourtant de 1965, mais la voici rééditée ce mois-ci en format poche...

Le Prince de Ligne
Sophie Deroisin
Préface de Simon Leys
Editions Tammandier, Texto (mars 2023)
224 pages



Résumé

Aristocrate belge, maréchal de l’armée du Saint-Empire et « maître des plaisirs » du congrès de Vienne, aussi bien que moraliste et homme de théâtre, le prince Charles Joseph de Ligne fut « le XVIIIe incarné ».

Il fréquenta la plupart des personnalités de cette époque : Casanova dont il était l’ami, Rousseau avec lequel il conversait, Catherine II de Russie pour laquelle il écrivait des pièces de théâtre… Fils spirituel de Montaigne et de La Bruyère, il croque ses contemporains avec une ironie parfois cruelle dans les Fragments de l’histoire de ma vie.
Sophie Deroisin nous livre un portrait nuancé et enthousiasmant du prince et de ses ambiguïtés.