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Le voyage en Italie de Charles de Brosses (1709-1777)

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Le voyage en Italie de Charles de Brosses (1709-1777) Empty Le voyage en Italie de Charles de Brosses (1709-1777)

Message par La nuit, la neige Sam 24 Déc 2022, 14:51

Une belle idée d'émissions que cette série, (re)diffusée sur France Musique, consacrée à Charles de Brosses (1709-1777) et à ses fameuses Lettres écrites d'Italie, réeditées de nombreuses fois depuis le 18e siècle

Le voyage en Italie de Charles de Brosses (1709-1777) Capt4555
Edition en deux volumes du Mercure de France (2005)


Présentation :

En mai 1739, un certain Charles de Brosses, jeune trentenaire dijonnais, passionné d'histoire romaine, entreprend avec quelques amis un voyage en Italie afin d'écrire une "Histoire de la République romaine au VIIe siècle". Grâce à ses lettres, nous avons reconstitué son voyage en musique.

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Idea Le voyage de Charles de Brosses en Italie 1/5

Une quête musicale

Partie de Dijon, la petite troupe de Charles de Brosses s'arrête d'abord à Avignon, puis à Marseille, pour arriver en Italie après la traversée de Toulon, Cannes et Antibes. Le voyage continue en felouque, et jusqu'à Gênes, il faut faire escale plusieurs fois et dormir dans des endroits improbables, où l'on entend la musique d'une centaine d'enfants qui chantent les Litanies de la Vierge. Selon de Brosses "parmi les plaisirs que Gênes peut procurer, on doit compter pour un des plus grands celui d'en être dehors."  Eventaille Autrement dit, il est heureux d'en repartir très vite, et de poursuivre la route jusqu'à Milan. Là une déception l'attend. On n'est pas en période d'opéra !
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A view of Milan, with the drum and the cupola of Santa Maria delle Grazie
Giovanni Migliara
Oil on canvas
Image : Christie's


Charles de Brosses, à défaut d'opéra à Milan, est à l'affût de toutes les occasions d'écouter de la musique. Une certaine "Mme Simonnetta, écrit-il à son ami de Blancey, nous a fait la faveur de nous faire entendre deux religieuses célèbres, qui quoiqu'elles aient la voix belle et qu'elles chantent très bien m'ont paru fort inférieures à la Vanloo, que vous avez sans doute entendue à Paris. Quant à leurs castrats, ces sortes de voix ne me plaisent pas du tout ; à l'exception d'un ou deux, tout ce que j'ai ouï m'a paru misérable. De plus, leurs récitatifs et leurs airs sont parvenus à un tel point de baroque, qu'ils me feraient revenir bientôt de mon extrême préférence pour la musique italienne par-dessus la française, s'ils n'eussent eu soin de me ramener à ma façon de penser ordinaire par quelques airs marqués au bon coin, par des symphonies admirables et des choeurs dont on ne saurait trop faire l'éloge."
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View of Verona with the Ponte delle Navi
Bernardo Belloto
oil on canvas, c. 1745-47
Image : Christie's


Une halte à Vérone

A la fin du mois de juillet 1739, sur le chemin de Venise, Charles de Brosses et ses amis font une halte à Vérone. Pour se délasser ils vont au théâtre où ils admirent la vivacité des comédiens italiens, qu'ils trouvent bien meilleurs que ceux qui s'exportent vers la France. "Mais, écrit de Brosses, ce qui m'a surpris de plus en plus, quoique je l'aie vue tous les jours, c'est une jeune danseuse qui s'élève au moins aussi haut et aussi fort que Javilliers, qui fait vingt entrechats de suite, sans se reprendre, battus à huit, et de même de tous les entre-pas de force qu'on admire dans nos maîtres ; de sorte qu'à l'égard de la légèreté, la Camargo auprès d'elle est une danseuse de pierre de taille."

Arrow Episode à écouter ici (durée 25 mn) : Musicopolis (France Musique) - Le voyage de Charles de Brosses en Italie (1/5)


Idea Le voyage de Charles de Brosses en Italie 2/5

Venise plus belle que Rome ?

Dans un premier temps, la ville de Venise n'a pas étonné Charles de Brosses outre mesure. Quelques temps après son arrivée, il écrit à un ami : "A vous dire vrai, l'abord de cette ville ne me surprit pas autant que je m'y attendais. Cela ne me fit pas un autre effet que la vue d'une place située au bord de la mer, et l'entrée par le Grand Canal fut, à mon gré, celle de Lyon ou de Paris, par la rivière. Mais aussi quand on y est une fois, qu'on voit sortir de l'eau de tous côtés des palais, des églises, des rues, des villes entières ; enfin, de ne pouvoir faire un pas dans une ville sans avoir le pied dans la mer, c'est une chose, à mon gré, si surprenante, qu'aujourd'hui j'y suis moins fait que le premier jour, aussi bien qu'à voir cette ville ouverte de tous côtés, sans portes, sans fortifications et sans un seul soldat de garnison, imprenable par mer ainsi que par terre. En un mot, cette ville-ci est si singulière par sa disposition, ses façons, ses manières de vivre à faire crever de rire, la liberté qui y règne et la tranquillité qu'on y goûte, que je n'hésite pas à la regarder comme la seconde ville de l'Europe, et je doute que Rome me fasse revenir de ce sentiment."
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The Grand Canal with the Rialto Bridge
Giovanni Antonio Canal, called Canaletto
Oil on canvas, c.1740
Image : Musée Jacquemart-André, Paris


Un détour à l'Ospedale della Pieta

Pour la musique instrumentale, à Venise, Charles de Brosses apprécie surtout l'Ospedale della Pieta, celui justement où Vivaldi a enseigné pendant de nombreuses années, et où il a formé des générations de musiciennes. Mais la plus grande violoniste à son goût n'est pas à la Pieta, selon lui, c'est "l'Anna-Maria des Hospitalettes". "J'ai été assez heureux, écrit-il, pour entendre cette dernière, qui est si fantasque qu'à peine joue-t-elle une fois en un an."
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La cantata delle putte delli Ospitali Group of orphans collected in Venice hospitals and forming part of choirs at the time of Antonio Vivaldi
Gabriel Bella (1730-1799)
Oil on canvas, 18th century
Image : Palazzo Querini Stampalia, Venice


Une halte à Padoue

Le 30 août 1739, Charles de Brosses quitte Venise, et "ses douces gondoles". Toujours avec sa petite troupe d'amis, il fait une étape à Padoue. Là, il faut s'arrêter pour écouter jouer le violoniste et compositeur Giuseppe Tartini. Selon de Brosses, ce dernier "passe communément pour le premier violon de l'Italie." Il précise d'ailleurs : "C'est tout ce que j'ai ouï de mieux pour l'extrême netteté des sons, dont on ne perd pas le plus petit, et pour la parfaite justesse."

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Portrait of Giuseppe Tartini (1692 - 1770)
Anonymous painting, 18th century
Milan, museo del castello
Image : Commons Wikimedia


Un voyageur sous le charme de Tartini

Charles de Brosses fait encore un commentaire sur Tartini qui vaut d'être cité (je le cite) : "Tartini raisonne comme un ange et sans partialité sur les différents mérites des musiques française et italienne". Oui, c'est que la grande affaire musicale depuis longtemps et encore en ce milieu de 18ème siècle, c'est comparer les particularités musicales française et italienne, et se mettre bien sûr dans un camp ou dans l'autre. Il s'en écrit des volumes entiers, volontiers polémiques, et qui débouchent sur de véritables querelles où s'affrontent à coup de pamphlets virulents les tenants de l'une ou de l'autre ! D'où la mention de Charles de Brosses à propos de Tartini, qui veut par là prouver qu'on peut rester calme sur le sujet, raisonner "comme un ange", et non comme un diable !

Arrow Emission à écouter ici (durée 25 mn) : Musicopolis (Radio France) - Le voyage de Charles de Brosses en Italie (2/5)


Idea Le voyage de Charles de Brosses en Italie 3/5

Naples, une ville vivante et animée

À son arrivée dans le Sud, à la fin du mois d’octobre 1739, Charles de Brosse est immédiatement séduit par Naples : c'est une ville bruyante et mouvementée, à l'image d'une capitale comme Londres ou Paris. L’écrivain croque la baie de Naples d’un coup de plume : “au fond d’une espèce de golfe, étendue en demi-lune, le long du rivage, contre un rocher”. Les voitures en coquilles tirées par de petits chevaux entraînent les citadins pressés dans un vacarme de carrosses.
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Vue de Naples avec le Vésuve
Joseph Vernet
Huile sur toile, vers 1748
Image : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi


" À mon sens, Naples est la seule ville d'Italie qui sente véritablement sa capitale ; le mouvement, l'affluence du peuple, l'abondance et le fracas perpétuel des équipages ; une cour dans les formes, et assez brillante, le train et l'air magnifique qu'ont les grands seigneurs : tout contribue à lui donner cet extérieur vivant et animé qu'ont Paris et Londres, et qu'on ne trouve point du tout à Rome."

Un touriste mélomane à la cour du roi

Entre une excursion au Vésuve et une visite d'Erculanum, le voyageur s'intéresse à l'histoire de la ville napolitaine, ville de l'opéra. La capitale du monde musicien a accueilli Alessandro Scarlatti, Leonardo Vinci, ou encore Jean-Baptiste Pergolèse, et c'est à Naples qu'est né l'opera buffa, comédie en dialecte napolitain appréciée des locaux comme des voyageurs. Et Charles de Brosses ne manque aucune des représentations....
Heureux hasard, le séjour de Charles de Brosses coïncide avec la fête du roi. Il assiste à la première de l'opéra de Parthenope, du napolitain Domenico Sarri, lors de l'ouverture du grand théâtre du Palais du roi, que notre guide trouve immense. Selon lui, l'Opéra de Paris tiendrait tout entier sur la scène !
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View of the night-time celebrations for the baptism of the Infanta in Naples
Tommaso Ruiz
Oil on copper, 1740
Image : MutualArt


Arrow Emission à écouter ici (durée 25 mn) : Musicopolis (Radio France) - Le voyage de Charles de Brosses en Italie (3/5)


Idea Le voyage de Charles de Brosses en Italie 4/5

Charles de Brosses arrive à Rome


Poursuivant ses voyages en Italie, Charles de Brosses arrive cette fois à Rome. Ses nombreuses lettres qu'il envoie à ses correspondants français sont un témoignage précieux de la vie italienne du XVIIIe siècle, et particulièrement de sa musique.

De son excursion à Rome, De Brosses se montre volontiers rosse envers les italiens et leur musique : malversations d'entrepreneurs d'opéras, pickpockets, musique d'église terne... mais il sait apprécier la pratique de musiciens ou d'amateurs doués, comme ceux des fils du déchu Jacques III d'Angleterre, d'un cardinal amateur d'opéra français et touchant du violon. Au final, il renvoie dos à dos Italiens et Français, incapables de comprendre la musique de l'autre.
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Rome, a view of the Tiber with the Ponte and Castel Saint'Angelo with Saint Peter's Basilica and the Vatican beyond
Antonio Joli
Oil on canvas, 18th century
Image : Christie's


Arrow Emission à écouter ici (durée 25 mn) : Musicopolis (France Musique) - Le voyage de Charles de Brosses en Italie (4/5)


Idea Le voyage de Charles de Brosses en Italie 5/5

Nous avons commencé il y a quelques jours un voyage en Italie avec Charles de Brosses, ce jeune dijonnais parti visiter la péninsule avec quelques amis à la recherche de manuscrits de Salluste, l'historien romain. Nous sommes début février 1740 à Rome, et nous découvrons ses lettres familières...

Le voyage en Italie de Charles de Brosses (1709-1777) Capt1180
Lettres familières sur l'Italie. Sans lieu ni date [Dijon?, vers 1755]
Charles de Brosses
Manuscrit sur papier in-4 [277 x 194 mm], relié en 2 volumes (...)
Une des quelques copies manuscrites complètes connues, celle-ci exécutée pour un des compagnons du voyage en Italie du président de Brosses, Germain-Anne Loppin de Montmort.
Image : Pierre Bergé & Associés


La lettre du président de Brosses sur les Spectacles et la Musique : Musique italienne VS Musique française

Nous sommes début février 1740, Charles de Brosses est sur la fin de son voyage en Italie. Voici plusieurs mois qu'il est parti de sa ville de Dijon avec une petite troupe d'amis. Depuis mai 1739, il a arpenté avec eux de nombreuses villes et régions de l'Italie. Nous l'avons suivi dans Musicopolis à Milan et Vérone, à Venise et Padoue, à Naples, toutes villes où il rend compte dans des lettres familières qu'il adresse à ses proches, de l'activité culturelle, et en particulier de tout ce qui concerne la musique. Depuis le 19 octobre, il est arrivé à Rome, ville qu'il chérit entre toutes. Il a pu assister à des représentations d'opéra, son loisir favori. Et dans ses lettres, il compare à longueur de temps la musique italienne et la musique française. "La musique italienne est certainement au-dessus de la nôtre ; mais notre opéra vaut le leur, tout mis en balance ; si ce n'est qu'il leur serait plus aisé de donner à leur opéra la forme du nôtre, qu'à nous de donner au chant français la tournure brillante et les agréments flatteurs du chant italien. Voilà mon cher Maleteste, tout le compte que je puis vous rendre de la musique italienne"...

Le voyage en Italie de Charles de Brosses (1709-1777) Rogist10
Buste du président de Brosses
Jean Baptiste Lemoyne.
Image : Bibliothèque municipale de Dijon / Voltaire Foundation


Arrow Emission à écouter ici (durée 25 mn) : Musicopolis (France Musique) - Le voyage de Charles de Brosses en Italie (5/5)
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