Liste des personnes reçues dans les cabinets de la reine

Voici la liste des personnes admises à entrer dans les cabinets particuliers de la reine, établie en 1784 (document conservé dans l'armoire de fer aux Archives Nationales) :



Les noms cités sont :

* chez les femmes, la duchesse de Polignac et Madame de Châlons (la princesse de Lamballe ne figure pas sur la liste ).
* chez les hommes : le duc de Polignac, le baron de Besenval, le comte de Crussol, Monsieur d'Adhémar, le comte d'Estherazy, le duc de Guines, Monsieur de Châlons, le comte de Coigny et le duc de Coigny.

Manifestement, Marie-Antoinette n'aimait pas trop la concurrence féminine !   

"La liste des gens reçus dans les cabinets de la reine, [...], avait été remise par la princesse de Lamballe, aux huissiers de la Chambre et les personnes qui y étaient inscrites ne pouvaient se présenter pour jouir de cette faveur que les jours où la reine désirait avoir sa société intime, ce qui était seulement à la suite de ses couches ou dans le cas de légère indisposition. Les gens du premier rang à la Cour lui demandaient quelquefois des audiences particulières ; la reine les recevait alors dans la pièce précédée par celle que l'on appelait le cabinet des femmes de garde, qui annonçaient dans l'intérieur de Sa Majesté." (Madame Campan, Mémoires, p. 142)

"La chanson nouvelle, le bon mot de jour, les petites anecdotes scandaleuses formaient les seuls sujets d'entretien du cercle intime de la reine. Le bel esprit en était banni." (Mémoires de Madame Campan).

Cosmo a écrit:la princesse de Lamballe ne figure pas sur la liste

Sans doute parce que ce privilège allait de pair avec sa charge de surintendante, non ?

Je présume oui, dans la mesure où Madame Campan indique, dans ses mémoires, que c'était la princesse de Lamballe qui remettait cette liste aux Huissiers de la chambre. Mais c'est quand même pas 100% clair cette histoire.

Comme Momo, je pense que l'ajouter à la liste eut été une sorte de pléonasme

Bien à vous.

Quelle remarquable découverte !   

Merci pour cette information !!!     
La princesse de Lamballe est aussi une princesse du sang... Non ?

Bien sûr !
Ce n'est pas pour rien que Louis XVI l'appelait "ma cousine"
Le duc de Penthièvre est le fils d'un bâtard légitimé de Louis XIV , le comte de Toulouse, ce qui en fait un petit-fils du grand roi

Bien à vous.

Donc on a une réponse à "sang pour sang" !!! : : : 

Merci pour cette découverte, cher Cosmo! Il est intéressant d'observer que même ces personnes ne pouvaient entrer chez la reine que les jours où elle choisissait de les recevoir - c'était encore plus privé au Trianon, où Mme de Lamballe n'avait aucun rôle officiel.

D'ailleurs, on sait qu'à Versailles, la reine préférait voir les gens de la cour chez Mme de Polignac ou Mme d'Ossun.

Cette liste nous montre encore une fois les moyens par lesquels Marie-Antoinette se créait ce qui était très rare à Versailles - une vie privée, et elle la gardait strictement.

De rien, ma chère Eve.   

Mme Campan précise au surplus, que ces personnes n'étaient admises dans les cabinets de la reine qu'après ses couches ou lorsqu'elle était indisposée.
C'est dire à quel point il était exceptionnel, pour Marie-Antoinette, de recevoir des personnes de la cour, et même ses plus proches ami(e)s "chez elle" à Versailles.
Comme tu le dis, elle préférait se rendre chez les autres !!   

Oui mais n'oublions pas que la reine recevait tous les matins la Cour dans sa chambre pour sa Toilette publique, équivalent du Lever du Roi, qu'elle devait encore supporter les Grands Couverts dans sa deuxième antichambre et que son Salon des Nobles était maintes fois utilisé. Ce n'est pas pour rien qu'elle a fait remettre à neuf cette dernière pièce.
Marie-Antoinette, comme Marie Leszcynska d'ailleurs, avait bien leur domaine privé mais assurait tout de même leur rôle de reine. Et comme la précédente reine d'ailleurs, elle tenait aussi sa cour chez ses ami(e)s.

Majesté a écrit:Bien sûr !
Ce n'est pas pour rien que Louis XVI l'appelait "ma cousine"
Le duc de Penthièvre est le fils d'un bâtard légitimé de Louis XIV , le comte de Toulouse, ce qui en fait un petit-fils du grand roi

N'est-ce pas le sang royal des Savoie-Carignan qui lui méritait cette appellation? Car je ne crois pas que les Penthièvre aient été jamais considéré comme princes du sang - cette reconnaissance s'étant éteinte me semble-t-il avec le Comte de Toulouse (qui d'ailleurs, par exceptionnelle faveur du Régent, avait été le seul des bâtards de Louis XIV à conserver cette dignité à titre viager).

Lucius !!!!  On a besoin de tes lumières !!!! àè-è\':

Edit:

Ceci dit, prince du sang ou non, ne sont-ce pas tous les ducs et pairs qui avaient droit au "Mon cousin"?

En effet, de par sa naissance, la Princesse prétendait déjà à ce titre, mais, ce me semble, elle l'a renforcé encore avec son mariage, non  : 

Bien à vous.

Je ne suis pas sûr car si par la naissance, elle avait le droit à un prédicat supérieur à celui de son époux, elle l'aurait conservé après le mariage. Ce fut par exemple le cas de la margravine de Bayreuth, soeur de Frédéric II, ou bien de Marie-Amélie quand elle n'était que duchesse d'Orléans (son Louis-Philippe de mari marchant toujours deux pas derrière elle). L'altesse royale prenant ainsi le pas sur l'altesse sérenissime.

Lucius !!!!! àè-è\': :!,,,!!!: 

J'arrive !

Alors ; beaucoup de choses ont été dites, donc je ne reprends pas toutes les interventions, et je vais droit au but.

La princesse de Lamballe comme son nom l'indique tient son rang de son mari. De naissance elle est issue d'une maison souveraine, mais une branche cadette. Elle n'est donc pas même altesse (ce qu'elle serait de nos jours cependant).

Du fait de leur ascendance illégitime, les Penthièvre appartiennent bien à la famille royale, et portent le prédicat d'Altesse, mais ne sont pas Prince du Sang, et sont donc comptés à part et après tous les autres, même les parents plus distants du Roi, comme les Condé, Conti .... car eux sont dynastes. Ainsi dans l'Almanach, à la suite du Roi apparaît toute sa famille, mais les Penthièvre sont séparés d'un trait des autres !

Ils sont donc Altesse Sérénissime, alors que le duc de Penthièvre, s'il était dynaste, serait Altesse Royale.

Il faut néanmoins signaler que le prédicat d'Altesse ... n'est pas utilisé de manière courante, il est réservé aux adresses au début d'un discours, ou dans la lettre d'une gravure ou dans la prose d'un document officiel. On préfère Madame Royale, Monsieur le duc, ou le titre (duc de Chartres, comte de La Marche ...).

Plus généralement, on donne beaucoup du Monseigneur à la famille royale, aux ducs et aux maréchaux ; "plan du domaine de Mgr le duc de ...."

Merci Lucius !!!     

Gouverneur Morris a écrit:
Ceci dit, prince du sang ou non, ne sont-ce pas tous les ducs et pairs qui avaient droit au "Mon cousin"?

L'appelation de "Mon cousin" se donne assez largement, au moins à la famille royale, aux ducs et maréchaux ....
La distinction réelle est celle de "Cousin du Roi" (non ce n'est pas la même chose d'être appelé cousin par le Roi, et de pouvoir se dire cousin du Roi !! ). Il fallait pour cela avoir marié une de ses filles à la famille royale, ce qui est le cas de peu de familles ; Albret, Beauvau, Rohan, La Trémoïlle, Montmorency, et La Tour d'Auvergne à la rigueur ....

Majesté a écrit:En effet, de par sa naissance, la Princesse prétendait déjà à ce titre, mais, ce me semble, elle l'a renforcé encore avec son mariage, non  : 

De sa naissance elle appartient en effet à une famille souveraine, mais à une branche cadette, qui s'était un peu rapproché de la plus haute noblesse de France, dans un statut assez particulier.

Gouverneur Morris a écrit:Je ne suis pas sûr car si par la naissance, elle avait le droit à un prédicat supérieur à celui de son époux, elle l'aurait conservé après le mariage. Ce fut par exemple le cas de la margravine de Bayreuth, soeur de Frédéric II, ou bien de Marie-Amélie quand elle n'était que duchesse d'Orléans (son Louis-Philippe de mari marchant toujours deux pas derrière elle). L'altesse royale prenant ainsi le pas sur l'altesse sérenissime.

Ce n'est pas une habitude, au contraire, vous citez les exceptions qui confirment la règle ! La margravine n'était pas du genre à descendre de son piédestal, et Marie-Amélie est en fait un prétexte pour les Bourbon directes afin d'humilier le duc d'Orléans.

Les femmes prennent le rang de leur mari, quelque soit leur rang précédent. C'est bien visible lorsque l'épouse est d'un rang inférieur, comme la duchesse de Verneuil ou la duchesse de Brunswick-Lunebourg, la duchesse d'Enghien, mais aussi dans l'autre sens.
La première reine en Prusse était fille du roi d'Angleterre, bien mieux que son margrave de mari, mais n'a jamais eu la préséance sur lui !
De même lorsque les ducs de Parme épousent des filles de roi (ce qu'ils font à chaque génération) , ou encore lorsqu'un électeur allemand épouse la fille de l'empereur ....

Je savais que vous sauriez nous éclairer Lucius !   :\\\\\\\\:

Lucius a écrit:

Gouverneur Morris a écrit:Je ne suis pas sûr car si par la naissance, elle avait le droit à un prédicat supérieur à celui de son époux, elle l'aurait conservé après le mariage. Ce fut par exemple le cas de la margravine de Bayreuth, soeur de Frédéric II, ou bien de Marie-Amélie quand elle n'était que duchesse d'Orléans (son Louis-Philippe de mari marchant toujours deux pas derrière elle). L'altesse royale prenant ainsi le pas sur l'altesse sérenissime.

Ce n'est pas une habitude, au contraire, vous citez les exceptions qui confirment la règle ! La margravine n'était pas du genre à descendre de son piédestal, et Marie Amélie est en fait un prétexte pour les Bourbon directes afin d'humilier le duc d'Orléans.

Merci  je ne ferai plus cette erreur  

Ce n'est pas une erreur de votre part, mais un exemple mal compris de beaucoup de gens, qui font une généralité d'un cas particulier (comme trop souvent hélas !!).

Très intéressant ! Merci !