Les comtes Stroganov (Stroganoff), père et fils
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Les comtes Stroganov (Stroganoff), père et fils
Petite fiche bio suite à une énigme de notre « jeu de l’été » :
Portrait of count Pavel Stroganoff (1772-1817)
Jean-Laurent Mosnier
Oil on canvas, 1806
The Stroganov Palace, Russian museum St Peterbourg
Il s’agissait donc de Pavel Alexandrovitch Stroganov, fils du Comte Alexandre Sergueïevitch Stroganov : riche à millions, et immense mécène russe.
Né le 7 Juin 1774 à Paris, il eut pour parrain, l'empereur Paul Ier de Russie, et comme ami d'enfance, le tsarevitch Alexandre Pavlovitch de Russie.
Portrait du jeune comte Pavel Alexandrovitch Stroganov enfant
par Jean-Baptiste Greuze (1778)
Image : Commons Wikimedia
En 1779, après un long séjour en France, ses parents s'installent à Saint-Petersbourg. Son père confia son éducation à un précepteur, Charles-Gilbert Romme, futur député de la Convention.
La même année, sa mère l'abandonna pour suivre Ivan Nikolaïevitch Rimski-Korsakov (1734-1831), ancien favori de Catherine II. Seul, son père prit soin de lui. Afin de dissimuler à son fils ses problèmes conjugaux, le comte éloigna le jeune garçon de la maison familiale, accompagné de son précepteur, le jeune Pavel Alexandrovitch fit un long voyage en Russie et en Crimée (1784-85).
En 1786, au grade de lieutenant, il incorpora le régiment Préobrajensky, à cette époque le jeune homme était placé sous les ordres de Grigori Alexandrovitch Potemkine (autre célèbre favori de Catherine), le prince lui donna l'autorisation de quitter la Russie pour terminer ses études.
Dés novembre 1787, il étudia la botanique à l'Université de Genève, en outre, il suivit des cours de théologie, il étudia la chimie et la physique.
En 1789, il quitta la Suisse pour s'installer dans un Paris en pleine révolution.Son arrivée à Paris coïncida avec les élections des députés à l'Assemblée constituante. Sur les instances de son précepteur, le jeune homme changea de patronyme et abandonna son titre.
Désormais, son pseudonyme fut Paul Otser, et pour ses amis, il se nommait Popo. boudoi32
Il adhèra au club des Jacobins, en 1790, il rejoint le Club des Amis de la loi. Sa fortune lui permit d'apporter un soutien financier à ses amis français, il devient l'amant de Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt.
Buste d'Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt, surnommée "La belle Liégeoise"
Joseph Charles Marin
Sculpture en plâtre, 1792
H : 78 cm
Image : Patrimoine ! Fondation du roi Baudouin
En juillet 1790, à Saint-Pétersbourg, Catherine II informée par l'ambassade de Russie à Paris du comportement du jeune Pavel Alexandrovitch ordonna son retour immédiat en Russie. boudoi26 :
Portrait of Count Pavel Stroganov
Elisabeth-Louise Vigée Le Brun
Oil on canvas, 1790
Image : The Hermitage Museum, St Petersburg
Le jeune Pavel Alexandrovitch fut un temps exilé à Bratsevo, petite localité située près de Moscou. Il fut de retour à la cour lors du décès de Catherine II et l'accession au trône, de son parrain, Paul Ier de Russie (1796).
Le jeune Pavel Alexandrovitch se lia d'amitié avec le tsarévitch Alexandre Pavlovitch de Russie.
Lors du coup d'État de 1801, il se rallia au jeune empereur Alexandre Ier de Russie. Cette même année, il remit au jeune souverain, un projet concernant la création d'un Comité secret chargé d'élaborer des projets de réforme. Fondateur et membre de ce Comité secret, il fut l'un des partisans de la réforme libérale sous le règne d'Alexandre Ier de Russie. Il proposa l'abolition du servage.
De 1802 à 1807, il fut vice-ministre de l'Intérieur, sénateur et conseiller privé. En 1806, Alexandre Ier de Russie chargea le comte d'une mission diplomatique à Londres, sa mission fut d'obtenir une rapprochement entre l'Empire de Russie et le royaume de Grande-Bretagne, Pavel Alexandrovitch entra en négociation avec les Britanniques dans le but de former une coalition contre Napoléon Ier.
En 1807, en qualité de volontaire, il commanda un régiment de cosaques, puis fut élevé au grade de major-général. Le 27 janvier 1808, il incorpora le régiment Izmaïlovski, dans cette unité, il participa à la Guerre russo-suédoise de 1808-1809.
Portrait of Pavel A. Stroganov
George Dawe and workshop
Oil on canvas, 19th century
The Winter Palace
Image Hermitage Museum, St Peterburg
De 1809 à 1811, il servit dans l'Armée du Danube et se distingua dans de nombreuses batailles livrées contre les Turcs lors du conflit opposant l'Empire russe à l'Empire Ottoman.
Le 7 septembre 1812, lors de la bataille de la Moskowa, il commanda la 1ère division de Grenadiers. Le 30 octobre 1813, il fut promu lieutenant-général. À la tête du 3ème corps d'infanterie, il participa aux batailles de Winkowo, Maloyaroslavets, Krasnoï. Du 16 octobre au 19 octobre 1813, il se distingua lors de la bataille de Leipzig, en récompense, il lui fut décerné l'Ordre de Saint-Alexandre Nevski.
En 1814, lors de la campagne de France, il fut engagé dans la bataille de Craonne. Lors de cette bataille, son fils Alexandre Pavlovitch fut tué sous ses yeux. Écrasé par le chagrin, il décéda trois ans plus tard sur la route de Copenhague, (10 juin 1817), il fut inhumé au Cimetière Saint-Lazare du monastère Saint-Alexandre-Nevski à Saint-Pétersbourg.
Merci à Wiki et à ce site, desquels j’ai compilé images et commentaires : http://meshistoiresdautrefois.hautetfort.com/tag/galitzinehttp://meshistoiresdautrefois.hautetfort.com/tag/galitzine
Portrait of count Pavel Stroganoff (1772-1817)
Jean-Laurent Mosnier
Oil on canvas, 1806
The Stroganov Palace, Russian museum St Peterbourg
Il s’agissait donc de Pavel Alexandrovitch Stroganov, fils du Comte Alexandre Sergueïevitch Stroganov : riche à millions, et immense mécène russe.
Né le 7 Juin 1774 à Paris, il eut pour parrain, l'empereur Paul Ier de Russie, et comme ami d'enfance, le tsarevitch Alexandre Pavlovitch de Russie.
Portrait du jeune comte Pavel Alexandrovitch Stroganov enfant
par Jean-Baptiste Greuze (1778)
Image : Commons Wikimedia
En 1779, après un long séjour en France, ses parents s'installent à Saint-Petersbourg. Son père confia son éducation à un précepteur, Charles-Gilbert Romme, futur député de la Convention.
La même année, sa mère l'abandonna pour suivre Ivan Nikolaïevitch Rimski-Korsakov (1734-1831), ancien favori de Catherine II. Seul, son père prit soin de lui. Afin de dissimuler à son fils ses problèmes conjugaux, le comte éloigna le jeune garçon de la maison familiale, accompagné de son précepteur, le jeune Pavel Alexandrovitch fit un long voyage en Russie et en Crimée (1784-85).
En 1786, au grade de lieutenant, il incorpora le régiment Préobrajensky, à cette époque le jeune homme était placé sous les ordres de Grigori Alexandrovitch Potemkine (autre célèbre favori de Catherine), le prince lui donna l'autorisation de quitter la Russie pour terminer ses études.
Dés novembre 1787, il étudia la botanique à l'Université de Genève, en outre, il suivit des cours de théologie, il étudia la chimie et la physique.
En 1789, il quitta la Suisse pour s'installer dans un Paris en pleine révolution.Son arrivée à Paris coïncida avec les élections des députés à l'Assemblée constituante. Sur les instances de son précepteur, le jeune homme changea de patronyme et abandonna son titre.
Désormais, son pseudonyme fut Paul Otser, et pour ses amis, il se nommait Popo. boudoi32
Il adhèra au club des Jacobins, en 1790, il rejoint le Club des Amis de la loi. Sa fortune lui permit d'apporter un soutien financier à ses amis français, il devient l'amant de Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt.
Buste d'Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt, surnommée "La belle Liégeoise"
Joseph Charles Marin
Sculpture en plâtre, 1792
H : 78 cm
Image : Patrimoine ! Fondation du roi Baudouin
En juillet 1790, à Saint-Pétersbourg, Catherine II informée par l'ambassade de Russie à Paris du comportement du jeune Pavel Alexandrovitch ordonna son retour immédiat en Russie. boudoi26 :
Portrait of Count Pavel Stroganov
Elisabeth-Louise Vigée Le Brun
Oil on canvas, 1790
Image : The Hermitage Museum, St Petersburg
Le jeune Pavel Alexandrovitch fut un temps exilé à Bratsevo, petite localité située près de Moscou. Il fut de retour à la cour lors du décès de Catherine II et l'accession au trône, de son parrain, Paul Ier de Russie (1796).
Le jeune Pavel Alexandrovitch se lia d'amitié avec le tsarévitch Alexandre Pavlovitch de Russie.
Lors du coup d'État de 1801, il se rallia au jeune empereur Alexandre Ier de Russie. Cette même année, il remit au jeune souverain, un projet concernant la création d'un Comité secret chargé d'élaborer des projets de réforme. Fondateur et membre de ce Comité secret, il fut l'un des partisans de la réforme libérale sous le règne d'Alexandre Ier de Russie. Il proposa l'abolition du servage.
De 1802 à 1807, il fut vice-ministre de l'Intérieur, sénateur et conseiller privé. En 1806, Alexandre Ier de Russie chargea le comte d'une mission diplomatique à Londres, sa mission fut d'obtenir une rapprochement entre l'Empire de Russie et le royaume de Grande-Bretagne, Pavel Alexandrovitch entra en négociation avec les Britanniques dans le but de former une coalition contre Napoléon Ier.
En 1807, en qualité de volontaire, il commanda un régiment de cosaques, puis fut élevé au grade de major-général. Le 27 janvier 1808, il incorpora le régiment Izmaïlovski, dans cette unité, il participa à la Guerre russo-suédoise de 1808-1809.
Portrait of Pavel A. Stroganov
George Dawe and workshop
Oil on canvas, 19th century
The Winter Palace
Image Hermitage Museum, St Peterburg
De 1809 à 1811, il servit dans l'Armée du Danube et se distingua dans de nombreuses batailles livrées contre les Turcs lors du conflit opposant l'Empire russe à l'Empire Ottoman.
Le 7 septembre 1812, lors de la bataille de la Moskowa, il commanda la 1ère division de Grenadiers. Le 30 octobre 1813, il fut promu lieutenant-général. À la tête du 3ème corps d'infanterie, il participa aux batailles de Winkowo, Maloyaroslavets, Krasnoï. Du 16 octobre au 19 octobre 1813, il se distingua lors de la bataille de Leipzig, en récompense, il lui fut décerné l'Ordre de Saint-Alexandre Nevski.
En 1814, lors de la campagne de France, il fut engagé dans la bataille de Craonne. Lors de cette bataille, son fils Alexandre Pavlovitch fut tué sous ses yeux. Écrasé par le chagrin, il décéda trois ans plus tard sur la route de Copenhague, (10 juin 1817), il fut inhumé au Cimetière Saint-Lazare du monastère Saint-Alexandre-Nevski à Saint-Pétersbourg.
Merci à Wiki et à ce site, desquels j’ai compilé images et commentaires : http://meshistoiresdautrefois.hautetfort.com/tag/galitzinehttp://meshistoiresdautrefois.hautetfort.com/tag/galitzine
Dernière édition par La nuit, la neige le Lun 11 Déc 2023, 20:43, édité 2 fois
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les comtes Stroganov (Stroganoff), père et fils
Quelle vie !!!
Il devait vraiment être beau. boudoi30
Il devait vraiment être beau. boudoi30
Invité- Invité
Re: Les comtes Stroganov (Stroganoff), père et fils
N’est-ce pas ?Reinette a écrit:Quelle vie !!!
Le genre de type avec qui un biographe peut vraiment se faire plaisir ! :\\\\\\\\:
Ce qui ne gâche rien ! :Reinette a écrit:Il devait vraiment être beau.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les comtes Stroganov (Stroganoff), père et fils
Un objet prochainement présenté à l'une des ventes aux enchères de la collection Hubert Guerrand-Hermès nous donne l'occasion d'évoquer la figure du comte Stroganov père : Alexandre Sergueïevitch Stroganov.
Grand vase couvert en granit rose de l’Oural et bronze doré
Russie, manufacture de Peterhof pour la pierre, ateliers de Saint-Petersbourg pour les bronzes
Vers 1805
les anses en sirènes portant le némès égyptien, la prise en graine
Haut. 56 cm
Provenance : Collection du comte Alexandre Sergueïévitch Stroganoff, palais Stroganoff, Saint-Pétersbourg, puis par descendance collection des comtes Stroganoff; Vente de la collection Stroganoff, Berlin, Galerie Lepke, 12-13 mai 1931, lot 142; Vente étude Beaussant-Lefèvre, Paris, 25 avril 2003, lot 133
Note au catalogue
Le comte Alexandre Sergueïevitch Stroganoff (1733–1811)
Issu d’une puissante famille originaire de Novgorod qui, au XVIe siècle, colonisa en partie l’Oural et ses fabuleux gisements de minerai, Alexandre Sergueïevitch naquit en 1733. Dès 1768, il participa à la création de l’Académie des Arts après un premier mariage avec Anna Vorontzova en 1758, il épousa en 1771 Katherine Troubetskaïa.
Il entreprit alors un second voyage en Europe et s’installa à Paris rue de Richelieu puis rue Montmartre et enfin rue de Verneuil. Ses deux enfants Pavel Alexandrovich et Sofia naquirent à Paris.
Portrait of Alexander Stroganov
Alexander Roslin
Oil on canvas, 1772
Image : Virtual Russian museum
Alexander Stroganov (1733–1811) was count and son of Sergei Stroganov and Sofia Kirillovna (née Naryshkina). He was a privy councilor, senator, Great Chamberlain and member of the State Council. He was also Director of the Public Library and President of the Imperial Academy of Arts, as well as a collector. He is depicted with the Orders of the White Eagle (ribbon and star) and St. Anne (cross).
Passionné par les arts, il se constitua alors une des plus importantes collections de tableaux, achetant dans les plus belles ventes de l’époque. Il commanda des tableaux à Hubert Robert et à Élisabeth Vigée-Lebrun, des bustes de Voltaire et Diderot au sculpteur Jean-Antoine Houdon, une paire de consoles en ébène d’un dessin très original à l’ébéniste Jacques Dubois et également chez la veuve Dulac, rue Saint Honoré. Il a notamment possédé la paire de vases de l’ancienne collection Luigi Anton Laura (vente Sotheby’s, Paris, le 27 juin 2001, lot 76) ainsi que le bureau cylindre de Saunier orné d’une pendule aux Parques provenant de la collection Ribes vendu par Sotheby’s à Paris le 11 décembre 2019, lot 7.
Portrait of Count Alexander Stroganov with His Family
Lafrensen, Niklas the Younger (attributed to)
Gouache on paper pasted on canvas, 1777
Originally in the Counts Stroganov collection
Image : The State Hermitage Museum
En 1801, le tsar Paul 1er nomma le comte Stroganoff Président du comité de contrôle de la construction de la cathédrale Notre-Dame de Kazan. Sur un portrait posthume réalisé en 1814, on le voit au premier plan vêtu du grand uniforme de l’Ordre de Saint-André, sa main gauche tenant un plan de l’académie des Beaux-arts, le dôme de Notre-Dame de Kazan apparait à l’arrière-plan. Le vase en granit rose aux sirènes égyptiennes est posé sur la console en ébène et bronze doré à plateau de lapis lazzuli (lot 209 de la vente de 1931) montrant ainsi son attachement à un ameublement qu’il considère comme précieux et révélateur de son goût, ce qui permettait aussi d’affirmer le savoir-faire et la compétence des manufactures impériales.
Portrait of A. S. Stroganov
Alexander Varnek (1782–1843)
Oil on canvas, 1814
Image : Commons wikimedia
La richesse des gisements de l’Oural et la variété des pierres de couleur a permis le développement de trois tailleries impériales (Peterhof, Ekaterinbourg et Kolyvan) où les maîtres lapidaires ont perfectionné un art destiné entre autre à orner les palais impériaux. Ce vase, en granit rose s’inscrit dans cette tradition, tout comme la grande coupe supportée par une égyptienne réalisée dans les ateliers de Peterhof d’après un dessin de l’architecte Voronikhine, un proche du comte Stroganoff et aujourd’hui conservée à Pavlovsk. Le thème des figures en bronze à queue de sirène ou triton a d’ailleurs été largement utilisé pour orner des objets en pierre taillée au début du XIXe siècle en Russie. L’atelier des bronzes d’Etat créée à l’initiative du comte Alexandre Sergueïévitch Stroganoff était situé sur l’île Vassilievsky à Saint-Petersbourg et se chargeait de monter en bronze doré les pièces issues des tailleries de pierre, notamment celle de Peterhof ainsi que les meubles et objets d’art.
Le Palais Stroganoff
Bâti dès 1753 au cœur de Saint-Pétersbourg sur la perspective Nevsky par l’architecte Francesco Bartoloméo Rastrelli, architecte du Palais d’Hiver, le palais Stroganoff constitue de nos jours l’un des joyaux de l’architecture pétersbourgeoise. Nettement influencé par le baroque italien, le palais, lors de sa construction, présentait un décor que l’on peut aujourd’hui trouver dans certaines églises de Bavière. Au retour du comte en Russie, il entreprit de nouveaux travaux à la fois d’agrandissement et de rénovation dans un style « antiquisant ».
C’est aux environs de 1790 que la célèbre galerie de tableaux fut construite ainsi que le cabinet de minéralogie.
Palace of the Stroganovs, 1752-1754 (architect F. Rastrelli)
Image : Commons wikimedia
Les ventes des Soviets
Sergeï Alexandrovich (1852-1923), dernier comte de la dynastie décida en 1914 d’ouvrir le palais au public. Quatre ans plus tard les bolcheviks occupèrent le quatrième étage du palais, qui devint en 1919 un musée de la ville de Pétrograd et fut par la suite rattaché à l’Ermitage. Le gouvernement soviétique, disposant de son contenu, commença à disperser les collections.
Ce vase a été cédé par l’Union Soviétique dans le cadre des ventes massives d’œuvres d’art de l’entre-deux guerres réalisées pour financer le développement de l’industrie. L’absence de liquidités (devises et or) ont conduit le Politburo à envisager l’exportation pour vente d’objets d’art et d’antiquités. Ces cessions ont été étudiées par Elena A. Osokina, « De l’or pour l’industrialisation. La vente d’objets d’art par l’URSS en France pendant la période des plans quinquennaux de Staline », in Cahiers du Monde russe, n°41/1, janvier-mars 2000. Les ventes commencèrent au début des années 1920 et s’amplifièrent réellement à partir de 1927 lorsque tout un mécanisme d’expropriation et de confiscation des biens fut mis en place. En 1927, le Sovnarkom propose « d’organiser l’exportation hors d’URSS d’objets d’antiquités et d’objets de luxe, à savoir : meubles anciens, objets domestiques, objets de culte, bronze, porcelaine, cristal, argent, brocart, tapis, tapisseries, tableaux, autographes, pierres fines d’origine russe, objets d’artisanat et autres ne présentant pas de valeur pour les musées ». Ce dernier point ne fut pas retenu et surtout adapté pour réaliser la vente « des objets ayant une valeur pour les musées ».
Les soviétiques orchestrèrent ainsi plusieurs ventes aux enchères où les peintures anciennes et les plus belles pièces des arts décoratifs français furent proposées en vente publique à Berlin, à la galerie Rudolph Lepke. La collection Stroganoff fut dispersée du 12 au 13 mai 1931.
Veuillez noter que le 27 juillet 2022, les États-Unis ont imposé des droits de douane sur certains produits russes. Ce lot peut être soumis à des droits de douane lors de son importation aux États-Unis. Le montant des droits de douane dus est un pourcentage de la valeur déclarée à l'entrée aux États-Unis.
* Source et infos complémentaires : Sotheby's Paris- Collection Hubert Guerrand-Hermès, vente du 13 déce. 2023)
Grand vase couvert en granit rose de l’Oural et bronze doré
Russie, manufacture de Peterhof pour la pierre, ateliers de Saint-Petersbourg pour les bronzes
Vers 1805
les anses en sirènes portant le némès égyptien, la prise en graine
Haut. 56 cm
Provenance : Collection du comte Alexandre Sergueïévitch Stroganoff, palais Stroganoff, Saint-Pétersbourg, puis par descendance collection des comtes Stroganoff; Vente de la collection Stroganoff, Berlin, Galerie Lepke, 12-13 mai 1931, lot 142; Vente étude Beaussant-Lefèvre, Paris, 25 avril 2003, lot 133
Note au catalogue
Le comte Alexandre Sergueïevitch Stroganoff (1733–1811)
Issu d’une puissante famille originaire de Novgorod qui, au XVIe siècle, colonisa en partie l’Oural et ses fabuleux gisements de minerai, Alexandre Sergueïevitch naquit en 1733. Dès 1768, il participa à la création de l’Académie des Arts après un premier mariage avec Anna Vorontzova en 1758, il épousa en 1771 Katherine Troubetskaïa.
Il entreprit alors un second voyage en Europe et s’installa à Paris rue de Richelieu puis rue Montmartre et enfin rue de Verneuil. Ses deux enfants Pavel Alexandrovich et Sofia naquirent à Paris.
Portrait of Alexander Stroganov
Alexander Roslin
Oil on canvas, 1772
Image : Virtual Russian museum
Alexander Stroganov (1733–1811) was count and son of Sergei Stroganov and Sofia Kirillovna (née Naryshkina). He was a privy councilor, senator, Great Chamberlain and member of the State Council. He was also Director of the Public Library and President of the Imperial Academy of Arts, as well as a collector. He is depicted with the Orders of the White Eagle (ribbon and star) and St. Anne (cross).
Passionné par les arts, il se constitua alors une des plus importantes collections de tableaux, achetant dans les plus belles ventes de l’époque. Il commanda des tableaux à Hubert Robert et à Élisabeth Vigée-Lebrun, des bustes de Voltaire et Diderot au sculpteur Jean-Antoine Houdon, une paire de consoles en ébène d’un dessin très original à l’ébéniste Jacques Dubois et également chez la veuve Dulac, rue Saint Honoré. Il a notamment possédé la paire de vases de l’ancienne collection Luigi Anton Laura (vente Sotheby’s, Paris, le 27 juin 2001, lot 76) ainsi que le bureau cylindre de Saunier orné d’une pendule aux Parques provenant de la collection Ribes vendu par Sotheby’s à Paris le 11 décembre 2019, lot 7.
Portrait of Count Alexander Stroganov with His Family
Lafrensen, Niklas the Younger (attributed to)
Gouache on paper pasted on canvas, 1777
Originally in the Counts Stroganov collection
Image : The State Hermitage Museum
En 1801, le tsar Paul 1er nomma le comte Stroganoff Président du comité de contrôle de la construction de la cathédrale Notre-Dame de Kazan. Sur un portrait posthume réalisé en 1814, on le voit au premier plan vêtu du grand uniforme de l’Ordre de Saint-André, sa main gauche tenant un plan de l’académie des Beaux-arts, le dôme de Notre-Dame de Kazan apparait à l’arrière-plan. Le vase en granit rose aux sirènes égyptiennes est posé sur la console en ébène et bronze doré à plateau de lapis lazzuli (lot 209 de la vente de 1931) montrant ainsi son attachement à un ameublement qu’il considère comme précieux et révélateur de son goût, ce qui permettait aussi d’affirmer le savoir-faire et la compétence des manufactures impériales.
Portrait of A. S. Stroganov
Alexander Varnek (1782–1843)
Oil on canvas, 1814
Image : Commons wikimedia
La richesse des gisements de l’Oural et la variété des pierres de couleur a permis le développement de trois tailleries impériales (Peterhof, Ekaterinbourg et Kolyvan) où les maîtres lapidaires ont perfectionné un art destiné entre autre à orner les palais impériaux. Ce vase, en granit rose s’inscrit dans cette tradition, tout comme la grande coupe supportée par une égyptienne réalisée dans les ateliers de Peterhof d’après un dessin de l’architecte Voronikhine, un proche du comte Stroganoff et aujourd’hui conservée à Pavlovsk. Le thème des figures en bronze à queue de sirène ou triton a d’ailleurs été largement utilisé pour orner des objets en pierre taillée au début du XIXe siècle en Russie. L’atelier des bronzes d’Etat créée à l’initiative du comte Alexandre Sergueïévitch Stroganoff était situé sur l’île Vassilievsky à Saint-Petersbourg et se chargeait de monter en bronze doré les pièces issues des tailleries de pierre, notamment celle de Peterhof ainsi que les meubles et objets d’art.
Le Palais Stroganoff
Bâti dès 1753 au cœur de Saint-Pétersbourg sur la perspective Nevsky par l’architecte Francesco Bartoloméo Rastrelli, architecte du Palais d’Hiver, le palais Stroganoff constitue de nos jours l’un des joyaux de l’architecture pétersbourgeoise. Nettement influencé par le baroque italien, le palais, lors de sa construction, présentait un décor que l’on peut aujourd’hui trouver dans certaines églises de Bavière. Au retour du comte en Russie, il entreprit de nouveaux travaux à la fois d’agrandissement et de rénovation dans un style « antiquisant ».
C’est aux environs de 1790 que la célèbre galerie de tableaux fut construite ainsi que le cabinet de minéralogie.
Palace of the Stroganovs, 1752-1754 (architect F. Rastrelli)
Image : Commons wikimedia
Les ventes des Soviets
Sergeï Alexandrovich (1852-1923), dernier comte de la dynastie décida en 1914 d’ouvrir le palais au public. Quatre ans plus tard les bolcheviks occupèrent le quatrième étage du palais, qui devint en 1919 un musée de la ville de Pétrograd et fut par la suite rattaché à l’Ermitage. Le gouvernement soviétique, disposant de son contenu, commença à disperser les collections.
Ce vase a été cédé par l’Union Soviétique dans le cadre des ventes massives d’œuvres d’art de l’entre-deux guerres réalisées pour financer le développement de l’industrie. L’absence de liquidités (devises et or) ont conduit le Politburo à envisager l’exportation pour vente d’objets d’art et d’antiquités. Ces cessions ont été étudiées par Elena A. Osokina, « De l’or pour l’industrialisation. La vente d’objets d’art par l’URSS en France pendant la période des plans quinquennaux de Staline », in Cahiers du Monde russe, n°41/1, janvier-mars 2000. Les ventes commencèrent au début des années 1920 et s’amplifièrent réellement à partir de 1927 lorsque tout un mécanisme d’expropriation et de confiscation des biens fut mis en place. En 1927, le Sovnarkom propose « d’organiser l’exportation hors d’URSS d’objets d’antiquités et d’objets de luxe, à savoir : meubles anciens, objets domestiques, objets de culte, bronze, porcelaine, cristal, argent, brocart, tapis, tapisseries, tableaux, autographes, pierres fines d’origine russe, objets d’artisanat et autres ne présentant pas de valeur pour les musées ». Ce dernier point ne fut pas retenu et surtout adapté pour réaliser la vente « des objets ayant une valeur pour les musées ».
Les soviétiques orchestrèrent ainsi plusieurs ventes aux enchères où les peintures anciennes et les plus belles pièces des arts décoratifs français furent proposées en vente publique à Berlin, à la galerie Rudolph Lepke. La collection Stroganoff fut dispersée du 12 au 13 mai 1931.
Veuillez noter que le 27 juillet 2022, les États-Unis ont imposé des droits de douane sur certains produits russes. Ce lot peut être soumis à des droits de douane lors de son importation aux États-Unis. Le montant des droits de douane dus est un pourcentage de la valeur déclarée à l'entrée aux États-Unis.
* Source et infos complémentaires : Sotheby's Paris- Collection Hubert Guerrand-Hermès, vente du 13 déce. 2023)
Dernière édition par La nuit, la neige le Mar 12 Déc 2023, 17:30, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les comtes Stroganov (Stroganoff), père et fils
Le vase devait être très précieux pour cette famille pour le faire figurer sur le tableau.
_________________
Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Les comtes Stroganov (Stroganoff), père et fils
Ce vase retournera-t-il en Russie ? Peut-être pas dans l'immédiat au regard des...
Dernières mesures européennes imposant de nouvelles restrictions de commerce avec la Russie rappelées ici par le Conseil des ventes (extraits) :
L’article 3 nonies du règlement 2022/428 du Conseil du 15 mars 2022 interdit en effet de vendre, de fournir, de transférer ou d’exporter, directement ou indirectement, les articles de luxe d’une valeur supérieure à 300 euros à des personnes physiques ou morale en Russie.
(...) Elle comprend notamment les œuvres d’art, les objets de collection et les antiquités, les voitures ou encore les chevaux.
L'objet étant estimé entre 200 000 et 300 000 euros (hors frais), le seuil des ridicules 300 euros est amplement pulvérisé !
Dernières mesures européennes imposant de nouvelles restrictions de commerce avec la Russie rappelées ici par le Conseil des ventes (extraits) :
L’article 3 nonies du règlement 2022/428 du Conseil du 15 mars 2022 interdit en effet de vendre, de fournir, de transférer ou d’exporter, directement ou indirectement, les articles de luxe d’une valeur supérieure à 300 euros à des personnes physiques ou morale en Russie.
(...) Elle comprend notamment les œuvres d’art, les objets de collection et les antiquités, les voitures ou encore les chevaux.
L'objet étant estimé entre 200 000 et 300 000 euros (hors frais), le seuil des ridicules 300 euros est amplement pulvérisé !
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
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