Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
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Mme de Sabran
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Mme Vigée-Lebrun raconte dans ses souvenirs comment elle a eu le malheur d'être désignée comme la maîtresse de Calonne suite à une affreuse méprise :
"M. de Calonne allait très souvent rue du Gros-Chenet (où je ne logeais pas encore à cette époque), chez madame de S***, femme de D***, surnommé le roué.
Madame de S*** avait un charmant et doux visage, quoiqu'on pût remarquer quelque chose de faux dans son regard, et M. de Calonne en était très amoureux.
Dans le temps dont je vous parle, elle m'avait priée de faire son portrait, et, comme un jour elle prenait séance, elle me demanda avec son air de douceur habituel si je voulais lui prêter ma voiture le soir, pour aller au spectacle; j'y consentis, et mon cocher alla la prendre chez elle. Le lendemain matin je demandai mes chevaux pour onze heures; mais à onze heures, cocher, voiture, rien n'était rentré.
Je dépêche aussitôt quelqu'un chez madame de S***; madame de S*** n'était point de retour ; elle avait passé la nuit à l'hôtel des Finances !
Jugez de ma colère, quand je l'appris quelques jours après par mon cocher, auquel un bon pourboire ne ferma pas la bouche, et qui conta le fait à plusieurs personnes de la maison.
En pensant que si les gens de l'hôtel des finances, ou d'autres, avaient demandé à cet homme le nom de ses maîtres, cet homme avait dû répondre naturellement qu'il appartenait à madame Lebrun, j'étais tout-à-fait hors de moi.
Il est inutile d'ajouter que je n'ai jamais revu madame de S***, qui, m'a-t-on dit, vit à Toulouse, et s'est jetée dans la plus austère dévotion. Que Dieu lui pardonne !
A-t-elle voulu sauver sa réputation aux dépens de la mienne ? Me haïssait-elle ? Je ne sais ; mais elle m'a fait bien du mal ; car les longs détails dans lesquels je viens d'entrer, chère amie, vous prouvent assez combien j'ai souffert d'une calomnie qui s'appliquait si mal et à mon caractère et à la conduite de toute une vie, que j'ose dire avoir été honorable."
"M. de Calonne allait très souvent rue du Gros-Chenet (où je ne logeais pas encore à cette époque), chez madame de S***, femme de D***, surnommé le roué.
Madame de S*** avait un charmant et doux visage, quoiqu'on pût remarquer quelque chose de faux dans son regard, et M. de Calonne en était très amoureux.
Dans le temps dont je vous parle, elle m'avait priée de faire son portrait, et, comme un jour elle prenait séance, elle me demanda avec son air de douceur habituel si je voulais lui prêter ma voiture le soir, pour aller au spectacle; j'y consentis, et mon cocher alla la prendre chez elle. Le lendemain matin je demandai mes chevaux pour onze heures; mais à onze heures, cocher, voiture, rien n'était rentré.
Je dépêche aussitôt quelqu'un chez madame de S***; madame de S*** n'était point de retour ; elle avait passé la nuit à l'hôtel des Finances !
Jugez de ma colère, quand je l'appris quelques jours après par mon cocher, auquel un bon pourboire ne ferma pas la bouche, et qui conta le fait à plusieurs personnes de la maison.
En pensant que si les gens de l'hôtel des finances, ou d'autres, avaient demandé à cet homme le nom de ses maîtres, cet homme avait dû répondre naturellement qu'il appartenait à madame Lebrun, j'étais tout-à-fait hors de moi.
Il est inutile d'ajouter que je n'ai jamais revu madame de S***, qui, m'a-t-on dit, vit à Toulouse, et s'est jetée dans la plus austère dévotion. Que Dieu lui pardonne !
A-t-elle voulu sauver sa réputation aux dépens de la mienne ? Me haïssait-elle ? Je ne sais ; mais elle m'a fait bien du mal ; car les longs détails dans lesquels je viens d'entrer, chère amie, vous prouvent assez combien j'ai souffert d'une calomnie qui s'appliquait si mal et à mon caractère et à la conduite de toute une vie, que j'ose dire avoir été honorable."
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
;
... d'où ce beau portrait où Mme Le Brun coupe les jambes à Calonne ... pour qu'il se tienne tranquille insinuait-on fielleusement .
... d'où ce beau portrait où Mme Le Brun coupe les jambes à Calonne ... pour qu'il se tienne tranquille insinuait-on fielleusement .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Une bonne nouvelle, chers amis! Je viens d'apprendre par des voies officieuses qu'une étude sur la correspondance de Charles-Alexandre de Calonne devrait paraitre à l'automne sous la plume d'Emmanuel de Valicourt dont il me semble que la famille aurait un lien de parenté avec celle du ministre.
Décidémment, la rentrée s'annonce sous d'excellents auspices.
Bien à vous. Roi-cavalerie
Décidémment, la rentrée s'annonce sous d'excellents auspices.
Bien à vous. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Quelle chance !!! :n,,;::::!!!:
Nous allons guetter cette publication !!!
Merci, cher Roi-cavalerie, pour nous livrer cette information en avant-première .
Nous allons guetter cette publication !!!
Merci, cher Roi-cavalerie, pour nous livrer cette information en avant-première .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Roi-cavalerie a écrit:Emmanuel de Valicourt dont il me semble que la famille aurait un lien de parenté avec celle du ministre.
La sœur de Calonne épousera une grande-grande-grande-tante de l'auteur.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Lucius a écrit:
La sœur de Calonne épousera une grande-grande-grande-tante de l'auteur.
Un mariage pour tous au XVIIIème siècle? :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Oups !!! Un oncle bien sûr !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Majesté a écrit:Lucius a écrit:
La sœur de Calonne épousera une grande-grande-grande-tante de l'auteur.
Un mariage pour tous au XVIIIème siècle? :
;
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Mme Vigée Le Brun et Calonne, une idylle ?
.
" Que non point !!! " se récrie Elisabeth offusquée . :
Le vrai-faux suborneur, sous son pinceau :
N'ayons pas peur des mots ( : ), dis carrément l'épouse du Roué !
Te souviens-tu de ce que nous disait Félix au sujet de cette dame ? :n,,;::::!!!:
Je le cite :
Et Mme Le Brun de renchérir :
.
... une perruque fiscale ?
C'est koikoi ?!!!
Enfin bref, et quoi qu'il en soit ...
" Que non point !!! " se récrie Elisabeth offusquée . :
Le vrai-faux suborneur, sous son pinceau :
N'ayons pas peur des mots ( : ), dis carrément l'épouse du Roué !
Te souviens-tu de ce que nous disait Félix au sujet de cette dame ? :n,,;::::!!!:
Je le cite :
Comte d'Hézècques a écrit:
Mme Vigée-Lebrun raconte dans ses souvenirs comment elle a eu le malheur d'être désignée comme la maîtresse de Calonne suite à une affreuse méprise :
"M. de Calonne allait très souvent rue du Gros-Chenet (où je ne logeais pas encore à cette époque), chez madame de S***, femme de D***, surnommé le roué.
Madame de S*** avait un charmant et doux visage, quoiqu'on pût remarquer quelque chose de faux dans son regard, et M. de Calonne en était très amoureux.
Dans le temps dont je vous parle, elle m'avait priée de faire son portrait, et, comme un jour elle prenait séance, elle me demanda avec son air de douceur habituel si je voulais lui prêter ma voiture le soir, pour aller au spectacle; j'y consentis, et mon cocher alla la prendre chez elle. Le lendemain matin je demandai mes chevaux pour onze heures; mais à onze heures, cocher, voiture, rien n'était rentré.
Je dépêche aussitôt quelqu'un chez madame de S***; madame de S*** n'était point de retour ; elle avait passé la nuit à l'hôtel des Finances !
Jugez de ma colère, quand je l'appris quelques jours après par mon cocher, auquel un bon pourboire ne ferma pas la bouche, et qui conta le fait à plusieurs personnes de la maison.
En pensant que si les gens de l'hôtel des finances, ou d'autres, avaient demandé à cet homme le nom de ses maîtres, cet homme avait dû répondre naturellement qu'il appartenait à madame Lebrun, j'étais tout-à-fait hors de moi.
Il est inutile d'ajouter que je n'ai jamais revu madame de S***, qui, m'a-t-on dit, vit à Toulouse, et s'est jetée dans la plus austère dévotion. Que Dieu lui pardonne !
A-t-elle voulu sauver sa réputation aux dépens de la mienne ? Me haïssait-elle ? Je ne sais ; mais elle m'a fait bien du mal ; car les longs détails dans lesquels je viens d'entrer, chère amie, vous prouvent assez combien j'ai souffert d'une calomnie qui s'appliquait si mal et à mon caractère et à la conduite de toute une vie, que j'ose dire avoir été honorable."
Et Mme Le Brun de renchérir :
.
... une perruque fiscale ?
C'est koikoi ?!!!
Enfin bref, et quoi qu'il en soit ...
Dernière édition par Mme de Sabran le Mar 24 Nov 2015, 13:23, édité 1 fois
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
;
Il n'y a pas une allusion, dans les mémoires d'Elisabeth, à sa vie sentimentale . C'est ainsi que l'on a pu dire d'elle qu'à l'instar de Marguerite de Valois la soeur de Charles IX, " elle ne s'est peinte qu'en buste ."
Il n'y a pas une allusion, dans les mémoires d'Elisabeth, à sa vie sentimentale . C'est ainsi que l'on a pu dire d'elle qu'à l'instar de Marguerite de Valois la soeur de Charles IX, " elle ne s'est peinte qu'en buste ."
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Ah oui quand j'ai lu récemment ces passages j'ai bien ri : la femme du Roué aussi rouée que son mari, la pauvre Elisabeth victime de cette femme sans scrupule et la pauvre accusée d'être la vénale maîtresse d'un homme pas du tout à son goût... :
Je suppose que perruque fiscale pourrait désigner un type de fonction : perruque de juges, d'avocats, de médecins, de prêtres... Pourquoi pas une spéciale pour tous ceux se chargeant des impôts ?
Je suppose que perruque fiscale pourrait désigner un type de fonction : perruque de juges, d'avocats, de médecins, de prêtres... Pourquoi pas une spéciale pour tous ceux se chargeant des impôts ?
Invité- Invité
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Reinette a écrit:
Ah oui quand j'ai lu récemment ces passages j'ai bien ri : la femme du Roué aussi rouée que son mari
Je l'ai raconté, il y a belle lurette, dans le sujet de la famille du Barry .
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Mme de Sabran- Messages : 55293
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Je l'avais déjà lu il y a au moins dix ans, mais à l'époque, cela ne m'avait pas fait tilt comme cette fois-ci. :
Invité- Invité
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
.
Juin 1787
On raconte une anecdote assez plaisante de M. de Calonne. :
Dans le temps même que son esprit étoit occupé des projets les plus importants, du bien de l'État sans doute, mais particulièrement de sa propre
conservation, tous les soirs il se livroit à la gaieté dans des soupers fins et de joyeuses orgies. Une nuit, ne pouvant dormir, il sonne ; son valet de
chambre accourt, "Que l'on fasse descendre Rose!" — «Mais, monseigneur, vous m'avez ordonné de vous éveiller à quatre heures du matin pour votre discours à l'assemblée des notables !... » — Je me f. .. des notables! qu'on fasse venir Rose!... »
Rose est une jolie petite personne que le valet de chambre avoit donnée à son maître, en se réservant, comme de raison, le droit de jambage. Rose arrive,
et ne se retire qu'au lever du soleil. « Par quel caprice, lui demande le valet, notre maître vous a-t-il fait descendre aujourd'hui ? Il avoit un discours si important à corriger. » — « Ah! dit la maligne Rose, je ne m'étonne donc plus qu'il ait passé la nuit à faire des ratures. »
( La Correspondance Secrète )
Juin 1787
On raconte une anecdote assez plaisante de M. de Calonne. :
Dans le temps même que son esprit étoit occupé des projets les plus importants, du bien de l'État sans doute, mais particulièrement de sa propre
conservation, tous les soirs il se livroit à la gaieté dans des soupers fins et de joyeuses orgies. Une nuit, ne pouvant dormir, il sonne ; son valet de
chambre accourt, "Que l'on fasse descendre Rose!" — «Mais, monseigneur, vous m'avez ordonné de vous éveiller à quatre heures du matin pour votre discours à l'assemblée des notables !... » — Je me f. .. des notables! qu'on fasse venir Rose!... »
Rose est une jolie petite personne que le valet de chambre avoit donnée à son maître, en se réservant, comme de raison, le droit de jambage. Rose arrive,
et ne se retire qu'au lever du soleil. « Par quel caprice, lui demande le valet, notre maître vous a-t-il fait descendre aujourd'hui ? Il avoit un discours si important à corriger. » — « Ah! dit la maligne Rose, je ne m'étonne donc plus qu'il ait passé la nuit à faire des ratures. »
( La Correspondance Secrète )
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Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
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Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Madame de Chabannes a fait demander au Roi la permission d'aller voir M. de Calonne.
" Qu'elle aille se faire f...,- répondit le monarque. — .Je vais donc, répliqua M. de Breteuil, dire à madame de Chabannes que Votre .Majesté lui accorde sa demande."
( la Correspondance secrète )
" Qu'elle aille se faire f...,- répondit le monarque. — .Je vais donc, répliqua M. de Breteuil, dire à madame de Chabannes que Votre .Majesté lui accorde sa demande."
( la Correspondance secrète )
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
;
Lettre du chevalier de l'Isle, le 2 décembre 1783 au comte de Riecour :
« M. de Calonne fait jusqu’ici des merveilles, il trouve de l’argent, il en donne, il en assure ; il parle bien au conseil, bien à ses audiences, bien dans son cabinet. Je le crois depuis longtemps homme d’état, et je me le persuade plus que jamais. Il ne remplacera point les trois commis renvoyés, pouvant, dit-il, se passer de personnages aussi chers, car chacun d’eux avait 64 000 francs d’appointements… »
:
Lettre du chevalier de l'Isle, le 2 décembre 1783 au comte de Riecour :
« M. de Calonne fait jusqu’ici des merveilles, il trouve de l’argent, il en donne, il en assure ; il parle bien au conseil, bien à ses audiences, bien dans son cabinet. Je le crois depuis longtemps homme d’état, et je me le persuade plus que jamais. Il ne remplacera point les trois commis renvoyés, pouvant, dit-il, se passer de personnages aussi chers, car chacun d’eux avait 64 000 francs d’appointements… »
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Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Il fallait un homme d’état, on prenait un homme du monde, causeur séduisant, dialecticien spécieux, incapable de travail soutenu, ignorant et les chiffres et le crédit qui est l’alchimie de la richesse. Ce trait suffirait à le peindre : pendant l’assemblée des notables, il devait remettre à jour fixe certain mémoire très important et avait négligé de s’en occuper : afin de présenter une excuse, il fit mettre le feu au contrôle général de Versailles. N’est-ce pas un procédé digne du sauvage qui abat le palmier pour obtenir le fruit ?
Victor Du Bled
Un Client de l’Ancien Régime
Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 101, 1890 (pp. 351-386)
Qu'est ce que c'est que cette histoire rocambolesque ?!! boudoi16
Victor Du Bled
Un Client de l’Ancien Régime
Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 101, 1890 (pp. 351-386)
Qu'est ce que c'est que cette histoire rocambolesque ?!! boudoi16
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Le 7 mars 1791 .
J'ai eu aujourd'hui une longue conversation avec M. de Calonne. Nous étions tête-à-tete au coin de mon feu et, après nous être concertés sur les réponses à faire aux lettres que Mgr nous avait permis d'ouvrir, M. de Calonne a de nouveau cherché à me convaincre sur le dégoût qu'il aurait si les circonstances le reportaient au ministère. Il m'a dit ce qu'il a voulu, j'ai cru ce que j'ai voulu, mais cela nous a conduits à un retour vers les époques de son administration. Et je lui ai demandé comment il avait pu risquer, pour lui et pour le royaume, la convocation des Notables, dans la disposition où les esprits étaient déjà. Il m'a avoué qu'il avait trop compté sur l'ascendant qu'il avait sur le roi et que, la mort de M. de Vergennes l'ayant privé d'un grand soutien, il n'avait pas assez éclairé les manoeuvres de ses ennemis.
Ce qui j'ignorais, et ce qu'il m'a dit avec toutes les caractères de la vérité, c'est que la reine, dans le secret des plans de M. de Calonne, l'avait d'abord favorisé de bonne foi pendant plusieurs mois, parce qu'elle lui savait gré de l'influence qu'il lui avait donnée auprès du roi ( influence qui, dans ces temps, avait été fort diminuée ).
Ce ne fut qu'au moment où l'Assemblée des Notables fut décidée et publiquement convoquée que la reine, trompée par les inquiétudes que lui donnèrent l'archevêque de Toulouse Brienne, l'abbé de Vermond et le garde des sceaux Miromesnil, trompa à son tour le roi en lui persuadant que la banqueroute allait se faire, tandis qu'après la démission de M. de Calonne il prouva que, tous les paiements étaient au courant, il restait 23 millions et même près de 24 au Trésor royal. M. de la Borde se prêta à l'indigne intrigue de son ami l'abbé de Vermond en donnant un faux état du Trésor royal et un aperçu effrayant, auquel le roi fut pris. Certainement M. de Calonne fut de son côté trop confiant, mais, en écoutant tout ce qu'il établit solidement, il est permis de croire que, si Sa Majesté eût continué à soutenir son ministre, cet homme aussi habile qu'entreprenant eût tiré son maître d'embarras, et donné un tel jeu à l'autorité royale que tout ce qu'elle a éprouvé depuis n'eût certainement pas eu lieu .
J'ai eu aujourd'hui une longue conversation avec M. de Calonne. Nous étions tête-à-tete au coin de mon feu et, après nous être concertés sur les réponses à faire aux lettres que Mgr nous avait permis d'ouvrir, M. de Calonne a de nouveau cherché à me convaincre sur le dégoût qu'il aurait si les circonstances le reportaient au ministère. Il m'a dit ce qu'il a voulu, j'ai cru ce que j'ai voulu, mais cela nous a conduits à un retour vers les époques de son administration. Et je lui ai demandé comment il avait pu risquer, pour lui et pour le royaume, la convocation des Notables, dans la disposition où les esprits étaient déjà. Il m'a avoué qu'il avait trop compté sur l'ascendant qu'il avait sur le roi et que, la mort de M. de Vergennes l'ayant privé d'un grand soutien, il n'avait pas assez éclairé les manoeuvres de ses ennemis.
Ce qui j'ignorais, et ce qu'il m'a dit avec toutes les caractères de la vérité, c'est que la reine, dans le secret des plans de M. de Calonne, l'avait d'abord favorisé de bonne foi pendant plusieurs mois, parce qu'elle lui savait gré de l'influence qu'il lui avait donnée auprès du roi ( influence qui, dans ces temps, avait été fort diminuée ).
Ce ne fut qu'au moment où l'Assemblée des Notables fut décidée et publiquement convoquée que la reine, trompée par les inquiétudes que lui donnèrent l'archevêque de Toulouse Brienne, l'abbé de Vermond et le garde des sceaux Miromesnil, trompa à son tour le roi en lui persuadant que la banqueroute allait se faire, tandis qu'après la démission de M. de Calonne il prouva que, tous les paiements étaient au courant, il restait 23 millions et même près de 24 au Trésor royal. M. de la Borde se prêta à l'indigne intrigue de son ami l'abbé de Vermond en donnant un faux état du Trésor royal et un aperçu effrayant, auquel le roi fut pris. Certainement M. de Calonne fut de son côté trop confiant, mais, en écoutant tout ce qu'il établit solidement, il est permis de croire que, si Sa Majesté eût continué à soutenir son ministre, cet homme aussi habile qu'entreprenant eût tiré son maître d'embarras, et donné un tel jeu à l'autorité royale que tout ce qu'elle a éprouvé depuis n'eût certainement pas eu lieu .
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Mme de Sabran- Messages : 55293
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Journal de Bombelles
Le 13 mars ( 1789 ) , à Lourps.
( ... ) Le long du chemin j'ai lu la lettre de M. de Calonne au Roi. Ce ne sont pas par des sarcasmes que la conduite de M. Necker est critiquée, c'est à l'aide de raisonnements ( en vérité sans réplique ) que M. de Calonne prouve au Roi combien son ministre actuel a cruellement abusé de sa confiance, combien il a été malhonnête ou maladroit ( à M. Necker ) de détériorer, comme il l'a fait, l'autorité de Sa Majesté en lui faisant prendre des engagements qu'il n'était pas en son pouvoir de contracter. Je n'aviliserai pas cette nouvelle production de M. de Calonne. Je n'en aime pas l'auteur, parce que je ne puis pas l'estimer; mais son livre doit être lu, médité et retenu à bien des égards. Le style facilite cette entreprise, étant aussi agréable que clair.
Le 13 mars ( 1789 ) , à Lourps.
( ... ) Le long du chemin j'ai lu la lettre de M. de Calonne au Roi. Ce ne sont pas par des sarcasmes que la conduite de M. Necker est critiquée, c'est à l'aide de raisonnements ( en vérité sans réplique ) que M. de Calonne prouve au Roi combien son ministre actuel a cruellement abusé de sa confiance, combien il a été malhonnête ou maladroit ( à M. Necker ) de détériorer, comme il l'a fait, l'autorité de Sa Majesté en lui faisant prendre des engagements qu'il n'était pas en son pouvoir de contracter. Je n'aviliserai pas cette nouvelle production de M. de Calonne. Je n'en aime pas l'auteur, parce que je ne puis pas l'estimer; mais son livre doit être lu, médité et retenu à bien des égards. Le style facilite cette entreprise, étant aussi agréable que clair.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
La calomnie aurait donc jeté à bas Calonne..
Bombelles raconte après un entretien avec lui qu'il restait 24 millions dans les caisses de l'État, il n'était donc pas à sec, et que tous les paiements étaient honorés.
Louis XVI avait certainement un compte exact du Trésor, c'est certain. Et il le renvoie... Faut-il imputer, la défaveur de la reine, l'animosité de Lomenie de Brienne et du garde des sceaux, au seul renvoi du Contrôleur général ? Et pourtant, seul Louis XVI est en droit de le garder, ses bonnes intentions quelques semaines plus tôt pour Calonne y prêtant foi. J'ai bien peur qu'il n'ai agi en homme acculé par la meute, à l'instigation du renvoi de Turgot en 1776, également, trait pour trait, ou presque.
Bombelles raconte après un entretien avec lui qu'il restait 24 millions dans les caisses de l'État, il n'était donc pas à sec, et que tous les paiements étaient honorés.
Louis XVI avait certainement un compte exact du Trésor, c'est certain. Et il le renvoie... Faut-il imputer, la défaveur de la reine, l'animosité de Lomenie de Brienne et du garde des sceaux, au seul renvoi du Contrôleur général ? Et pourtant, seul Louis XVI est en droit de le garder, ses bonnes intentions quelques semaines plus tôt pour Calonne y prêtant foi. J'ai bien peur qu'il n'ai agi en homme acculé par la meute, à l'instigation du renvoi de Turgot en 1776, également, trait pour trait, ou presque.
Dominique Poulin- Messages : 6942
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Louis XVI a tout simplement agi par faiblesse, comme avec Turgot, comme avec Malesherbes, comme d'habitude. Il aura toujours été incapable de soutenir ses ministres les plus réformateurs jusqu'au bout, surtout ceux des finances. Il y a eu tant de passages à ce poste que les parisiens surnommaient ironiquement l'hôtel des Finances "l'hôtel du déménagement"...
Le malentendu était des deux côtés : ces ministres audacieux et réformateurs avaient compris que seule une réforme structurelle en profondeur de tout le système fiscal pouvait sauver le Trésor alors que le roi leur demandait simplement de l'aider à boucler ses fins de mois...
Le malentendu était des deux côtés : ces ministres audacieux et réformateurs avaient compris que seule une réforme structurelle en profondeur de tout le système fiscal pouvait sauver le Trésor alors que le roi leur demandait simplement de l'aider à boucler ses fins de mois...
_________________
J'ai oublié hier, je ne sais pas ce que sera demain, mais aujourd'hui je t'aime
Calonne- Messages : 1098
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Charles Alexandre de Calonne, ministre des Finances
Calonne a écrit:ces ministres audacieux et réformateurs avaient compris que seule une réforme structurelle en profondeur de tout le système fiscal pouvait sauver le Trésor alors que le roi leur demandait simplement de l'aider à boucler ses fins de mois...
Il y a comme un hiatus !
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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