Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Vous me pardonnerez d'être encore dans les Mémoires Secrets ?!! :n,,;::::!!!:
J'ignore de laquelle de ces oeuvres, toutes deux Buffon par Pajou, il s'agit :
Et maintenant, histoire de rire un peu, clin d'oeil à notre chère Princesse ! : : :
Bien ! Assez ri .
Recouvrons notre sérieux ! ( : )
Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, né à Montbard le 7 septembre 1707 et mort à Paris le 16 avril 17881, est un naturaliste, mathématicien, biologiste, cosmologiste, philosophe, écrivain et franc-maçon français. Son nom est lié à la localité de Buffon, en Côte-d'Or, dont la seigneurie fut acquise par la famille Leclerc.
Participant à l'esprit des Lumières, parallèlement à l’Encyclopédie, il est à la fois académicien des sciences et académicien français. Ses théories ont influencé deux générations de naturalistes, en particulier Jean-Baptiste de Lamarck et Charles Darwin. Salué par ses contemporains, Buffon a été qualifié de « Pline de Montbard », en référence au célèbre naturaliste romain du Ier siècle, auteur d'une monumentale Histoire naturelle.
Buffon par Drouais :
Quand il monte à Paris, Buffon a ses entrées à la cour : Louis XV et Louis XVI l’ont toujours soutenu, la marquise de Pompadour l’appréciait énormément (on lui prête ces mots « Vous êtes un joli garçon Monsieur de Buffon, on ne vous voit jamais ! » et elle lui envoya peu de temps avant sa mort ses animaux familiers pour enrichir le patrimoine de Montbard). Il bénéficie de nombreux soutiens politiques, tel celui d’Amelot de Chaillou, soutiens qui lui permettront d’être seul maître au Jardin du Roi pendant cinquante années. Mais Buffon n’est pas un courtisan : il se frotte à la politique avec précaution et ne rentre pas dans les intrigues de la Cour. Et s’il reste monarchiste toute sa vie (comme beaucoup à cette époque, il ne conçoit pas d’autres régimes possibles), il a toujours pris soin de mettre une certaine distance entre le pouvoir royal et lui.
Ses relations avec les savants de son époque sont bien plus difficiles et il s’oppose souvent à eux, par exemple avec Carl von Linné6, dont il conteste la méthode de classification, basée sur les fleurs. La méthode, de Buffon, pour le moins très personnelle, est plutôt de se fonder sur l'intérêt subjectif qu'ont les animaux pour l'homme. Dans son approche « naturelle », le cheval vient en premier, suivi immédiatement, comme il se doit du chien. Et les insectes sont quasiment absents, car de peu d'importance. il écrit ainsi à Réaumur : « Une mouche ne doit pas tenir dans la tête d'un naturaliste plus de place qu'elle n'en tient dans la nature ». À l'inverse Linné est un scientifique méthodique, un classificateur, là où Buffon en vulgarisateur voit surtout l'intérêt que l'on peut tirer de la création. Dans le même esprit, il censurera toutes les descriptions anatomiques de Daubenton.
Il accueille avec scepticisme les travaux de Lazzaro Spallanzani ou de Charles Bonnet et d'Abraham Trembley, car pour Buffon, les variations entre espèces sont dues à des dégénérescences.
En 1744, il est nommé trésorier perpétuel de l’Académie des sciences, dont il profite allègrement des privilèges, mais ne tarde pas à prendre ses distances avec le cénacle scientifique parisien. On le taxe en effet d’individualisme et de hauteur. Quelqu’un dira de lui : « M. de Buffon ne vient à Paris que pour toucher ses pensions et prendre les idées de ses confrères de l’Académie. »
L’Histoire naturelle, son œuvre majeure, dont les premiers volumes paraissent en 1749, l’occupera toute sa vie. Placé par cet ouvrage au premier rang des écrivains de son siècle aussi bien que des savants, Buffon reçoit récompenses et honneurs en tout genre : il est élu membre de l’Académie française en 1753, où il prononce le fameux Discours sur le style8. Il ne paraîtra que très rarement avec les Quarante, et plus jamais à partir de 1782, à l’élection de Condorcet, détesté rival de son ami Jean Sylvain Bailly (1736-1793). Il dira d’ailleurs de lui : « Condorcet élu ! Mais Condorcet n’a jamais fait que des vers dans les ruelles de femmes ! » (on peut noter qu’ironiquement c’est Condorcet qui prononcera plus tard l’éloge funèbre de Buffon à l’Académie des sciences, dans un style faussement élogieux).
Il fraie en outre avec les grands esprits de son temps, et notamment les philosophes des Lumières, avec qui il partage le scepticisme religieux, le matérialisme et l’amour de la raison contre le mysticisme. Mais il s’oppose à eux sur le plan social et politique : Buffon est un conservateur et un monarchiste.
On lui prêtera d’ailleurs ce mot, vers la fin de sa vie, aux derniers temps de l’Ancien Régime : « Je vois venir un mouvement terrible, et personne pour le diriger. » Grand ami des encyclopédistes (Diderot le compare à Lucrèce et Platon) auxquels il a promis de rédiger l’article « Nature », qu’il ne fera jamais, il finit par se brouiller avec D'Alembert à propos de Bailly et Condorcet.
À ses premiers temps au Jardin du Roi on a pu le voir dans les salons parisiens, chez Marie-Thérèse Geoffrin ou Louise d’Épinay, chez Julie de Lespinasse ou chez le baron d'Holbach, où il a pu converser avec Voltaire, Montesquieu, Fontenelle, Marivaux… Mais il est devenu petit à petit solitaire, a délaissé les salons, puis Paris, pour sa vie tranquille à Montbard.
Merci Wiki !
.
J'ignore de laquelle de ces oeuvres, toutes deux Buffon par Pajou, il s'agit :
Et maintenant, histoire de rire un peu, clin d'oeil à notre chère Princesse ! : : :
Madame de Chimay a écrit:
L'Idée de nature en France dans la première moitié du XVIIIe siècle de
Jean Ehrard
Albin Michel (5 avril 1994) , 861 p : 14 euros
Résumé Amazone
"Entre 1715 et 1755, au temps de Marivaux, Montesquieu, Maupertuis et du premier Voltaire, la majorité des esprits cultivés accorde à la nature une confiance inconditionnelle.
Elle est partout, envahit tout, science, médecine, morale, religion, art et politique. Avant d'entamer une carrière plus tourmentée après 1750, l'idée de nature est à l'aube des Lumières, non sans contradictions latentes, une notion "euphorique", en rupture avec le pessimisme de l'âge précédent.
C'est l'originalité de ce premier XVIIIe siècle que Jean Ehrard, professeur émérite des Universités, a voulu saisir dans ce portrait magistral d'une génération qui a su explorer les voies d'un optimisme certes ambigu mais globalement tonique et libérateur. "
Kiki a écrit:
Ce livre à l'air fort intéressant, l'avez-vous acheté?
Ils n'avaient pas tort en effet au niveau de la science, de la médecine...
Madame de Chimay a écrit:
Euh , non .
J'en ai déjà acheté pas mal et je ne peux tout acheter ou alors il me faudrait la fortune de Bill Gates...
Bien ! Assez ri .
Recouvrons notre sérieux ! ( : )
Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, né à Montbard le 7 septembre 1707 et mort à Paris le 16 avril 17881, est un naturaliste, mathématicien, biologiste, cosmologiste, philosophe, écrivain et franc-maçon français. Son nom est lié à la localité de Buffon, en Côte-d'Or, dont la seigneurie fut acquise par la famille Leclerc.
Participant à l'esprit des Lumières, parallèlement à l’Encyclopédie, il est à la fois académicien des sciences et académicien français. Ses théories ont influencé deux générations de naturalistes, en particulier Jean-Baptiste de Lamarck et Charles Darwin. Salué par ses contemporains, Buffon a été qualifié de « Pline de Montbard », en référence au célèbre naturaliste romain du Ier siècle, auteur d'une monumentale Histoire naturelle.
Buffon par Drouais :
Quand il monte à Paris, Buffon a ses entrées à la cour : Louis XV et Louis XVI l’ont toujours soutenu, la marquise de Pompadour l’appréciait énormément (on lui prête ces mots « Vous êtes un joli garçon Monsieur de Buffon, on ne vous voit jamais ! » et elle lui envoya peu de temps avant sa mort ses animaux familiers pour enrichir le patrimoine de Montbard). Il bénéficie de nombreux soutiens politiques, tel celui d’Amelot de Chaillou, soutiens qui lui permettront d’être seul maître au Jardin du Roi pendant cinquante années. Mais Buffon n’est pas un courtisan : il se frotte à la politique avec précaution et ne rentre pas dans les intrigues de la Cour. Et s’il reste monarchiste toute sa vie (comme beaucoup à cette époque, il ne conçoit pas d’autres régimes possibles), il a toujours pris soin de mettre une certaine distance entre le pouvoir royal et lui.
Ses relations avec les savants de son époque sont bien plus difficiles et il s’oppose souvent à eux, par exemple avec Carl von Linné6, dont il conteste la méthode de classification, basée sur les fleurs. La méthode, de Buffon, pour le moins très personnelle, est plutôt de se fonder sur l'intérêt subjectif qu'ont les animaux pour l'homme. Dans son approche « naturelle », le cheval vient en premier, suivi immédiatement, comme il se doit du chien. Et les insectes sont quasiment absents, car de peu d'importance. il écrit ainsi à Réaumur : « Une mouche ne doit pas tenir dans la tête d'un naturaliste plus de place qu'elle n'en tient dans la nature ». À l'inverse Linné est un scientifique méthodique, un classificateur, là où Buffon en vulgarisateur voit surtout l'intérêt que l'on peut tirer de la création. Dans le même esprit, il censurera toutes les descriptions anatomiques de Daubenton.
Il accueille avec scepticisme les travaux de Lazzaro Spallanzani ou de Charles Bonnet et d'Abraham Trembley, car pour Buffon, les variations entre espèces sont dues à des dégénérescences.
En 1744, il est nommé trésorier perpétuel de l’Académie des sciences, dont il profite allègrement des privilèges, mais ne tarde pas à prendre ses distances avec le cénacle scientifique parisien. On le taxe en effet d’individualisme et de hauteur. Quelqu’un dira de lui : « M. de Buffon ne vient à Paris que pour toucher ses pensions et prendre les idées de ses confrères de l’Académie. »
L’Histoire naturelle, son œuvre majeure, dont les premiers volumes paraissent en 1749, l’occupera toute sa vie. Placé par cet ouvrage au premier rang des écrivains de son siècle aussi bien que des savants, Buffon reçoit récompenses et honneurs en tout genre : il est élu membre de l’Académie française en 1753, où il prononce le fameux Discours sur le style8. Il ne paraîtra que très rarement avec les Quarante, et plus jamais à partir de 1782, à l’élection de Condorcet, détesté rival de son ami Jean Sylvain Bailly (1736-1793). Il dira d’ailleurs de lui : « Condorcet élu ! Mais Condorcet n’a jamais fait que des vers dans les ruelles de femmes ! » (on peut noter qu’ironiquement c’est Condorcet qui prononcera plus tard l’éloge funèbre de Buffon à l’Académie des sciences, dans un style faussement élogieux).
Il fraie en outre avec les grands esprits de son temps, et notamment les philosophes des Lumières, avec qui il partage le scepticisme religieux, le matérialisme et l’amour de la raison contre le mysticisme. Mais il s’oppose à eux sur le plan social et politique : Buffon est un conservateur et un monarchiste.
On lui prêtera d’ailleurs ce mot, vers la fin de sa vie, aux derniers temps de l’Ancien Régime : « Je vois venir un mouvement terrible, et personne pour le diriger. » Grand ami des encyclopédistes (Diderot le compare à Lucrèce et Platon) auxquels il a promis de rédiger l’article « Nature », qu’il ne fera jamais, il finit par se brouiller avec D'Alembert à propos de Bailly et Condorcet.
À ses premiers temps au Jardin du Roi on a pu le voir dans les salons parisiens, chez Marie-Thérèse Geoffrin ou Louise d’Épinay, chez Julie de Lespinasse ou chez le baron d'Holbach, où il a pu converser avec Voltaire, Montesquieu, Fontenelle, Marivaux… Mais il est devenu petit à petit solitaire, a délaissé les salons, puis Paris, pour sa vie tranquille à Montbard.
Merci Wiki !
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Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Que j'aime le gilet et l'habit de Buffon par Drouais
Merci, Eléonore, pour ce souvenir de la Princesse
Bien à vous.
Merci, Eléonore, pour ce souvenir de la Princesse
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Ce qu'elle pouvait nous faire rire tout de même !!! : : :
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Mme de Sabran a écrit:Il ne paraîtra que très rarement avec les Quarante, et plus jamais à partir de 1782, à l’élection de Condorcet, détesté rival de son ami Jean Sylvain Bailly (1736-1793). Il dira d’ailleurs de lui : « Condorcet élu ! Mais Condorcet n’a jamais fait que des vers dans les ruelles de femmes ! » (on peut noter qu’ironiquement c’est Condorcet qui prononcera plus tard l’éloge funèbre de Buffon à l’Académie des sciences, dans un style faussement élogieux).
Il s’agissait de l’élection au secrétariat de l’Academie des Sciences, le secrétaire perpétuel étant celui chargé de prononcer les éloges funèbres.
C’est une querelle célèbre dans le petit monde des salons parisiens.
D’Alembert et Buffon ne s’aimaient guère. Conflit de tempéraments.
Or D’Alembert pousse Condorcet à ce poste ; Turgot et La Vrillière s’activent eux aussi en coulisses à la cour, et emportent l’adhésion royale.
Le clan Buffon s’incline, mais de mauvaise grâce, reprochant l’influence déjà soutenue du salon de Julie de Lespinasse pour les élections à Académie des Lettres, en serait-il de même pour celle des Sciences !? boudoi32
Bref, ce sont des échanges d’amabilités pendant des semaines, et des querelles de procédures et petites tracasseries.
La palme d'or de la meilleure « pique » revenant à Voltaire, proche de Condorcet.
Dans une lettre qu’il lui envoie, et alors qu’il parle de Buffon et le critique, Voltaire se dit méditatif « sur l’adresse qu’on a eue de se faire passer pour un esprit supérieur, quand on a donné au public la dimension de la queue d’un singe ».
J'adore ! :
Lettre, bien évidemment, largement commentée et lue dans les salons parisiens.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
La nuit, la neige a écrit:
La palme d'or de la meilleure « pique » revenant à Voltaire, proche de Condorcet.
Dans une lettre qu’il lui envoie, et alors qu’il parle de Buffon et le critique, Voltaire se dit méditatif « sur l’adresse qu’on a eue de se faire passer pour un esprit supérieur, quand on a donné au public la dimension de la queue d’un singe ».
J'adore ! :
" L’Histoire naturelle " connaît bien des détracteurs : on reproche à Buffon son style ampoulé et emphatique, qui n’est pas adapté à un traité scientifique, et surtout un trop grand anthropomorphisme. Parmi ses détracteurs, figurent : d'Alembert, Condillac, Condorcet, La Harpe, Réaumur, Voltaire. Voltaire faisait allusion à Buffon dans ce vers de la satire Les Deux Siècles : « Dans un style ampoulé parlez-moi de physique ».
Voltaire a pu répondre de « l'Histoire naturelle ? — Pas si naturelle que cela19,20,21 ! »
Longtemps profondément respectueux l'un de l'autre, Voltaire et lui se sont finalement disputés sur la question des fossiles, indices restant de l'histoire de la formation de la Terre. Jusqu'à ce que Voltaire accepte de faire amende honorable et d'abandonner sa thèse car il ne voulait pas rester brouillé avec Monsieur de Buffon pour des coquilles. ( : )
( WIKI )
.
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Buffon et l'âge de la planète terre au XVIIIe siècle
Nous présentons dans un autre sujet de rares objets précieux, ou meubles du XVIIIe siècle, constitués de décors de cire avec inclusions d'insectes ou végétaux (réels ou reconstitués à base de plumes et fragments divers).
Boîte "aux papillons" à montures en or et émail
Par A.J.M Vachette, Paris, 1784
Monture à cage émaillée de bleu et encadrant des panneaux de cire contenant des insectes : le couvercle des papillons de nuit, le dessous avec une libellule et des fourmis sous cristal.
Photo : Sotheby's
Cabinet-médaillier de Louis XVI
Estampillé Benneman (Guillaume Benneman ou Beneman)
Décoré de panneaux de cire sous glaces.
Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin
Panneaux sous verre représentant des insectes, papillons et oiseaux sur fond de plantes variées, exécutés à l'aide de papillons exotiques, de plumes d'oiseaux et de plantes des îles fixés dans la cire.
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin
Voir notre sujet, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3880-les-objets-en-cire-avec-inclusions-jean-jacques-hettlinger-et-le-cabinet-medaillier-de-louis-xvi#122682
J'imaginais qu'il s'agissait là de recréer, avec de la cire, ces fragments d'ambre dans lesquels, à de très rares occasions, sont retrouvés des organismes, ainsi "conservés" dans cette résine (sécrétée par des conifères) lentement devenue fossile.
Mais nos amis du XVIIIe siècle imaginaient-ils pour autant que ces insectes, fleurs ou autres organismes, capturés dans l'ambre, étaient âgés de plusieurs millions d'années ?
Certainement pas !
Photomicrographs of Linguamyrmex vladi and Linguamyrmex sp.
Espèces de fourmis disparues.
Ambre datée à 98 millions d'années environ
* Source : http://www.sci-news.com/paleontology/burmese-amber-hell-ants-linguamyrmex-vladi-05219.html
Que savait-on alors, en France, et qu'imaginait-on au sujet de l'âge de la terre ?
Une vieille dame dont on estime aujourd'hui l'âge à 4,5 milliards d'années...
La version officielle et culturelle d'alors, celle qui collait au récit biblique, présumait que la terre était âgé d'environ 6000 ans ! Pas davantage...
Soit, à l'époque, une date aux alentours de l'an 4000 ans avant J.C.
Et il était alors extrêmement dangereux de remettre en cause la version de l'Eglise.
La création de la mer
Biblia latina. Venise, Nicolas Jenson, 1476.
Exemplaire imprimé sur vélin, enluminé en Castille entre 1480 et 1508 par plusieurs artistes.
Reliure aux armes de Philippe V, roi d'Espagne.
Dans le texte de la Genèse, la création de la mer est l'ouvre des deuxième et troisième journées.
Le deuxième jour, Dieu divisa les eaux en eaux d'en haut et eaux d'en bas et les sépara par la voûte céleste ; le troisième jour, il sépara la terre de la mer :
"Que les eaux qui sont au-dessous du ciel s'amassent en un seul endroit et que la partie sèche apparaisse [.]. Dieu appela terre la partie sèche et il appela mers la masse des eaux." (La Sainte Bible, Éd. Alliance biblique universelle, 1993.)
* Source image et texte : BNF Paris
Je cite un extrait de ce site intéressant : Buffon, ou comment le siècle des Lumières envisageait l'origine du monde
L'estimation la plus célèbre, pour ne pas dire la plus caricaturale avec notre vision du XXIème siècle, est celle de James Ussher (1581-1656), évêque anglican d'Irlande, qui calcula que Dieu commença la Création au début de la nuit du 22 au 23 octobre de l'an 4004 av. J.-C. !
Plusieurs autres chronologies furent proposées sur de telles bases bibliques, et toutes donnaient des âges de quelques milliers d'années.
Pourtant les sciences géologiques qui débutèrent vraiment au XVIIème siècle, avec notamment Nicolas Stenon (1638-1686), avaient du mal avec ces courtes durées.
Comment expliquer, en quelques milliers d'années seulement, la formation de profondes vallées, de hautes montagnes… L'intervention du Déluge, commode, n'expliquait pas tout.
Et secrètement, beaucoup de naturalistes pensaient à des temps beaucoup plus longs.
Buffon était certainement de ceux-là.
Globe céleste et terrestre, renfermant un second globe où sont figurés les reliefs émergés et sous-marins
Exécuté par Mancelle en 1786, peint par Vernet et doré par Gardeur.
Réalisé à la demande de Louis XVI qui le destinait à l'éducation de son fils.
Grand cabinet du Dauphin, Château de Versailles
Un des premiers à proposer une méthode quantitative pour calculer l'âge de la Terre fut Halley (celui de la comète), qui pensa mesurer la faible salinité des fleuves et leur débit moyen pour calculer combien de temps il leur aurait fallu pour amener à la mer le sel qui s'y trouve. Halley n'a jamais mis cette méthode en œuvre, mais le principe était d'une logique intéressante.
D'autres, comme Henri Gautier (1660-1737), essaya d'estimer la vitesse d'érosion des montagnes pour trouver le temps qu'il avait fallu pour aplanir celles qui ne sont plus que de modestes collines. Il disait trouver un âge supérieur à 35 000 ans.
Benoit de Mallet (1656-1738) fit publier son Telliamed de façon posthume et sous un pseudonyme (on n'est jamais trop prudent), ouvrage où il proposait que la Terre avait un âge de plusieurs millions d'années. Il était arrivé à ce chiffre en estimant la vitesse, ou plutôt la lenteur du retrait de la mer qu'il supposait autrefois recouvrir les plus hautes montagnes puisqu'on y trouvait des « coquilles » (des fossiles).
Cabinet de curiosités
Par Domenico Remps (1620-1699)
Huile sur toile, XVIIe siecle
Les fossiles ont de tout temps intrigué, voire perturbé les esprits curieux, de Léonard de Vinci (1452-1519) à Bernard Palissy (1510-1590).
Buffon les connaissait bien sûr, et les étudiait.
Il avait remarqué la variation des fossiles suivant les différentes couches, l'existence de fossiles d'animaux ou de végétaux aujourd'hui disparus, la présence en France et en Europe de fossiles d'animaux vivant aujourd'hui dans les pays chauds…
Tout cela lui faisait entrevoir de longues durées de changements, le temps nécessaire pour que de profonds bouleversements biologiques et/ou climatiques s'opèrent.
Entre autres expériences et hypothèses, afin de déterminer l'âge de la terre, Buffon calculera le temps de refroidissement de boulets chauffés à blanc dans ses forges de Montbard qu'il "adaptera" (par extrapolation et changement d'échelle) à celui présumé de la terre.
Témoin prestigieux de la sidérurgie au Siècle des Lumières, cette usine modèle qui occupait 300 ouvriers, réunit sur le même site l'ensemble des opérations de production, les habitations ouvrières et la maison du maître.
Construite en 1768 par le naturaliste Buffon qui y mit en oeuvre ses expériences sur la fusion, la Forge produisait au XVIIIe siècles 450 tonnes de barres de fer.
* Source texte et images : http://www.cotedor-tourisme.com/bourgogne/les-sites-et-monuments/grande-forge-de-buffon_monbou02100060_fiche.html/
Par de savants calculs, au fil du temps, Buffon estimera l'âge de la terre compris entre 75 000 et 100 000 ans.
C'est déjà très audacieux, en comparaison des 6000 ans admis par l'Eglise.
Mais il est resté extrêmement discret et prudent : il n'est pas question de fanfaronner avec de telles hypothèses !
Je cite toujours un extrait du site précédemment cité :
Buffon est le premier à s'attaquer scientifiquement à ce problème, même si c'est par la bande.
Ces textes sont tirés du premier tome des Suppléments à l'Histoire naturelle (1774), dans le premier mémoire intitulé Expériences sur les progrès de la chaleur dans les corps, mémoire se trouvant dans la première partie intitulée Partie expérimentale.
Ce n'est pas à cet endroit, ô combien discret, qu'on s'attendrait à trouver la première tentative sérieuse entreprise par l'humanité pour estimer quantitativement l'âge de la Terre.
M. de Buffon
Par Carmontelle, 1769
Photo : Chantilly, musée Condé
Il propose un âge de 96 670 ans, soit 16 fois plus grand, et encore a-t-il préféré l'option basse, en choisissant une durée de refroidissement proportionnelle au diamètre, alors qu'il a montré que le refroidissement réel est plus long.
Et que fait Buffon après avoir proposé cet âge "révolutionnaire" pour l'époque, qui suggère que la Bible ne peut en aucun cas être interprétée à la lettre, comme l'avait déjà fait Galilée en son temps ? Rien !
Il ne fait rien, ou plutôt passe à autre chose, à des considérations générales sur les modes de refroidissement des solides, considérations qui d'ailleurs suggèrent que la situation de la Terre dans l'espace ne peut en aucun cas augmenter cette durée de refroidissement.
Aucune discussion sur la signification de cet âge "énorme" pour le XVIIIème siècle ; aucune discussion ni sur sa signification religieuse, ni sur sa signification géologique. Pourquoi ? Buffon est prudent !
Il ne faut pas oublier que nous sommes en 1774, année de la mort de Louis XV (qui appréciait Buffon), année où l'Église revient en force, huit ans seulement après que le chevalier de la Barre (1746-1766) ait été exécuté pour blasphème.
Source texte : Buffon, ou comment le siècle des Lumières envisageait l'origine du monde
Auteur : Pierre Thomas
ENS Lyon - Laboratoire de Géologie de Lyon
Publié par : Olivier Dequincey
L'article complet et détaillé, ici : http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/Buffon-origine-monde.xml
Boîte "aux papillons" à montures en or et émail
Par A.J.M Vachette, Paris, 1784
Monture à cage émaillée de bleu et encadrant des panneaux de cire contenant des insectes : le couvercle des papillons de nuit, le dessous avec une libellule et des fourmis sous cristal.
Photo : Sotheby's
Cabinet-médaillier de Louis XVI
Estampillé Benneman (Guillaume Benneman ou Beneman)
Décoré de panneaux de cire sous glaces.
Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin
Panneaux sous verre représentant des insectes, papillons et oiseaux sur fond de plantes variées, exécutés à l'aide de papillons exotiques, de plumes d'oiseaux et de plantes des îles fixés dans la cire.
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin
Voir notre sujet, ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3880-les-objets-en-cire-avec-inclusions-jean-jacques-hettlinger-et-le-cabinet-medaillier-de-louis-xvi#122682
J'imaginais qu'il s'agissait là de recréer, avec de la cire, ces fragments d'ambre dans lesquels, à de très rares occasions, sont retrouvés des organismes, ainsi "conservés" dans cette résine (sécrétée par des conifères) lentement devenue fossile.
Mais nos amis du XVIIIe siècle imaginaient-ils pour autant que ces insectes, fleurs ou autres organismes, capturés dans l'ambre, étaient âgés de plusieurs millions d'années ?
Certainement pas !
Photomicrographs of Linguamyrmex vladi and Linguamyrmex sp.
Espèces de fourmis disparues.
Ambre datée à 98 millions d'années environ
* Source : http://www.sci-news.com/paleontology/burmese-amber-hell-ants-linguamyrmex-vladi-05219.html
Que savait-on alors, en France, et qu'imaginait-on au sujet de l'âge de la terre ?
Une vieille dame dont on estime aujourd'hui l'âge à 4,5 milliards d'années...
La version officielle et culturelle d'alors, celle qui collait au récit biblique, présumait que la terre était âgé d'environ 6000 ans ! Pas davantage...
Soit, à l'époque, une date aux alentours de l'an 4000 ans avant J.C.
Et il était alors extrêmement dangereux de remettre en cause la version de l'Eglise.
La création de la mer
Biblia latina. Venise, Nicolas Jenson, 1476.
Exemplaire imprimé sur vélin, enluminé en Castille entre 1480 et 1508 par plusieurs artistes.
Reliure aux armes de Philippe V, roi d'Espagne.
Dans le texte de la Genèse, la création de la mer est l'ouvre des deuxième et troisième journées.
Le deuxième jour, Dieu divisa les eaux en eaux d'en haut et eaux d'en bas et les sépara par la voûte céleste ; le troisième jour, il sépara la terre de la mer :
"Que les eaux qui sont au-dessous du ciel s'amassent en un seul endroit et que la partie sèche apparaisse [.]. Dieu appela terre la partie sèche et il appela mers la masse des eaux." (La Sainte Bible, Éd. Alliance biblique universelle, 1993.)
* Source image et texte : BNF Paris
Je cite un extrait de ce site intéressant : Buffon, ou comment le siècle des Lumières envisageait l'origine du monde
L'estimation la plus célèbre, pour ne pas dire la plus caricaturale avec notre vision du XXIème siècle, est celle de James Ussher (1581-1656), évêque anglican d'Irlande, qui calcula que Dieu commença la Création au début de la nuit du 22 au 23 octobre de l'an 4004 av. J.-C. !
Plusieurs autres chronologies furent proposées sur de telles bases bibliques, et toutes donnaient des âges de quelques milliers d'années.
Pourtant les sciences géologiques qui débutèrent vraiment au XVIIème siècle, avec notamment Nicolas Stenon (1638-1686), avaient du mal avec ces courtes durées.
Comment expliquer, en quelques milliers d'années seulement, la formation de profondes vallées, de hautes montagnes… L'intervention du Déluge, commode, n'expliquait pas tout.
Et secrètement, beaucoup de naturalistes pensaient à des temps beaucoup plus longs.
Buffon était certainement de ceux-là.
Globe céleste et terrestre, renfermant un second globe où sont figurés les reliefs émergés et sous-marins
Exécuté par Mancelle en 1786, peint par Vernet et doré par Gardeur.
Réalisé à la demande de Louis XVI qui le destinait à l'éducation de son fils.
Grand cabinet du Dauphin, Château de Versailles
Un des premiers à proposer une méthode quantitative pour calculer l'âge de la Terre fut Halley (celui de la comète), qui pensa mesurer la faible salinité des fleuves et leur débit moyen pour calculer combien de temps il leur aurait fallu pour amener à la mer le sel qui s'y trouve. Halley n'a jamais mis cette méthode en œuvre, mais le principe était d'une logique intéressante.
D'autres, comme Henri Gautier (1660-1737), essaya d'estimer la vitesse d'érosion des montagnes pour trouver le temps qu'il avait fallu pour aplanir celles qui ne sont plus que de modestes collines. Il disait trouver un âge supérieur à 35 000 ans.
Benoit de Mallet (1656-1738) fit publier son Telliamed de façon posthume et sous un pseudonyme (on n'est jamais trop prudent), ouvrage où il proposait que la Terre avait un âge de plusieurs millions d'années. Il était arrivé à ce chiffre en estimant la vitesse, ou plutôt la lenteur du retrait de la mer qu'il supposait autrefois recouvrir les plus hautes montagnes puisqu'on y trouvait des « coquilles » (des fossiles).
Cabinet de curiosités
Par Domenico Remps (1620-1699)
Huile sur toile, XVIIe siecle
Les fossiles ont de tout temps intrigué, voire perturbé les esprits curieux, de Léonard de Vinci (1452-1519) à Bernard Palissy (1510-1590).
Buffon les connaissait bien sûr, et les étudiait.
Il avait remarqué la variation des fossiles suivant les différentes couches, l'existence de fossiles d'animaux ou de végétaux aujourd'hui disparus, la présence en France et en Europe de fossiles d'animaux vivant aujourd'hui dans les pays chauds…
Tout cela lui faisait entrevoir de longues durées de changements, le temps nécessaire pour que de profonds bouleversements biologiques et/ou climatiques s'opèrent.
Entre autres expériences et hypothèses, afin de déterminer l'âge de la terre, Buffon calculera le temps de refroidissement de boulets chauffés à blanc dans ses forges de Montbard qu'il "adaptera" (par extrapolation et changement d'échelle) à celui présumé de la terre.
Témoin prestigieux de la sidérurgie au Siècle des Lumières, cette usine modèle qui occupait 300 ouvriers, réunit sur le même site l'ensemble des opérations de production, les habitations ouvrières et la maison du maître.
Construite en 1768 par le naturaliste Buffon qui y mit en oeuvre ses expériences sur la fusion, la Forge produisait au XVIIIe siècles 450 tonnes de barres de fer.
* Source texte et images : http://www.cotedor-tourisme.com/bourgogne/les-sites-et-monuments/grande-forge-de-buffon_monbou02100060_fiche.html/
Par de savants calculs, au fil du temps, Buffon estimera l'âge de la terre compris entre 75 000 et 100 000 ans.
C'est déjà très audacieux, en comparaison des 6000 ans admis par l'Eglise.
Mais il est resté extrêmement discret et prudent : il n'est pas question de fanfaronner avec de telles hypothèses !
Je cite toujours un extrait du site précédemment cité :
Buffon est le premier à s'attaquer scientifiquement à ce problème, même si c'est par la bande.
Ces textes sont tirés du premier tome des Suppléments à l'Histoire naturelle (1774), dans le premier mémoire intitulé Expériences sur les progrès de la chaleur dans les corps, mémoire se trouvant dans la première partie intitulée Partie expérimentale.
Ce n'est pas à cet endroit, ô combien discret, qu'on s'attendrait à trouver la première tentative sérieuse entreprise par l'humanité pour estimer quantitativement l'âge de la Terre.
M. de Buffon
Par Carmontelle, 1769
Photo : Chantilly, musée Condé
Il propose un âge de 96 670 ans, soit 16 fois plus grand, et encore a-t-il préféré l'option basse, en choisissant une durée de refroidissement proportionnelle au diamètre, alors qu'il a montré que le refroidissement réel est plus long.
Et que fait Buffon après avoir proposé cet âge "révolutionnaire" pour l'époque, qui suggère que la Bible ne peut en aucun cas être interprétée à la lettre, comme l'avait déjà fait Galilée en son temps ? Rien !
Il ne fait rien, ou plutôt passe à autre chose, à des considérations générales sur les modes de refroidissement des solides, considérations qui d'ailleurs suggèrent que la situation de la Terre dans l'espace ne peut en aucun cas augmenter cette durée de refroidissement.
Aucune discussion sur la signification de cet âge "énorme" pour le XVIIIème siècle ; aucune discussion ni sur sa signification religieuse, ni sur sa signification géologique. Pourquoi ? Buffon est prudent !
Il ne faut pas oublier que nous sommes en 1774, année de la mort de Louis XV (qui appréciait Buffon), année où l'Église revient en force, huit ans seulement après que le chevalier de la Barre (1746-1766) ait été exécuté pour blasphème.
______________
Source texte : Buffon, ou comment le siècle des Lumières envisageait l'origine du monde
Auteur : Pierre Thomas
ENS Lyon - Laboratoire de Géologie de Lyon
Publié par : Olivier Dequincey
L'article complet et détaillé, ici : http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/Buffon-origine-monde.xml
Dernière édition par La nuit, la neige le Mar 04 Fév 2020, 23:08, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Grand merci, cher la nuit, la neige, pour ce post particulièrement intéressant !!!
Cette problématique des avancées de la science qui battent en brèche les doctrines religieuses fin XVIIIème me passionne tout spécialement. Il fallait beaucoup de courage, de folie ou d'inconscience pour oser exprimer des opinions contraires .
Eh oui, Buffon est prudent : s'il y a bien une chose qu'il veuille éviter c'est de faire des vagues . Ceci parce que comme tu le soulignes le drame du petit chevalier de la Barre n'est pas loin, mais aussi, je suppose, par tempérament . Car Hérault de Séchelles le note : Buffon aime ses aises et sa tranquillité. Il tient à ne choquer personne et ne veut pas que l'on vienne lui chercher noises .
Hérault s'en explique dans son " Voyage à Montbard, visite à Buffon " ( Oeuvre littéraire )
Sur le plan de la religion, Buffon se comporte en bon catholique pratiquant .
... et pourtant, voici le discours qu'il tient à Hérault débarqué en visite chez lui avec toute la vénération d'un disciple pour son maître:
Cette problématique des avancées de la science qui battent en brèche les doctrines religieuses fin XVIIIème me passionne tout spécialement. Il fallait beaucoup de courage, de folie ou d'inconscience pour oser exprimer des opinions contraires .
La nuit, la neige a écrit:
Et que fait Buffon après avoir proposé cet âge "révolutionnaire" pour l'époque, qui suggère que la Bible ne peut en aucun cas être interprétée à la lettre, comme l'avait déjà fait Galilée en son temps ? Rien !
Il ne fait rien, ou plutôt passe à autre chose, à des considérations générales sur les modes de refroidissement des solides, considérations qui d'ailleurs suggèrent que la situation de la Terre dans l'espace ne peut en aucun cas augmenter cette durée de refroidissement.
Aucune discussion sur la signification de cet âge "énorme" pour le XVIIIème siècle ; aucune discussion ni sur sa signification religieuse, ni sur sa signification géologique. Pourquoi ? Buffon est prudent !
Il ne faut pas oublier que nous sommes en 1774, année de la mort de Louis XV (qui appréciait Buffon), année où l'Église revient en force, huit ans seulement après que le chevalier de la Barre (1746-1766) ait été exécuté pour blasphème.
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Eh oui, Buffon est prudent : s'il y a bien une chose qu'il veuille éviter c'est de faire des vagues . Ceci parce que comme tu le soulignes le drame du petit chevalier de la Barre n'est pas loin, mais aussi, je suppose, par tempérament . Car Hérault de Séchelles le note : Buffon aime ses aises et sa tranquillité. Il tient à ne choquer personne et ne veut pas que l'on vienne lui chercher noises .
Hérault s'en explique dans son " Voyage à Montbard, visite à Buffon " ( Oeuvre littéraire )
Sur le plan de la religion, Buffon se comporte en bon catholique pratiquant .
... et pourtant, voici le discours qu'il tient à Hérault débarqué en visite chez lui avec toute la vénération d'un disciple pour son maître:
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Passionnant. Merci à vous deux !
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Intéressant, merci !
Alors je te recommande de regarder une partie de cette vidéo : l'une des nombreuses et passionnantes conférences filmées et organisées par le génial Espace des Sciences de Rennes.
L'intervenant présente l'histoire et les différents acteurs qui ont marqué les Sciences, et en particulier autour du thème de "l'évolution des espèces".
En effet, la culture religieuse d'alors ne pouvait être que battue en brèche par les recherches scientifiques, mais tu verras combien ce "conflit" n'a pas été aussi simple que cela, et du reste cela ne l'est toujours pas, de nos jours, dans les pays où l'empreinte de la culture religieuse est encore forte.
Très, très intéressant !
Tu y retrouveras Buffon, évidemment, qui, d'une certaine manière, ouvre -enfin- la voix aux nombreuses autres théories de la "science de la nature" des XIXe et XXe siècles.
A partir de la 8ème minute. Durée totale 1h45 (avec les questions du public).
L'évolution des espèces : mais d'où sort vraiment cette idée ?
Mme de Sabran a écrit:Grand merci, cher la nuit, la neige, pour ce post particulièrement intéressant !!!
Cette problématique des avancées de la science qui battent en brèche les doctrines religieuses fin XVIIIème me passionne tout spécialement.
Alors je te recommande de regarder une partie de cette vidéo : l'une des nombreuses et passionnantes conférences filmées et organisées par le génial Espace des Sciences de Rennes.
L'intervenant présente l'histoire et les différents acteurs qui ont marqué les Sciences, et en particulier autour du thème de "l'évolution des espèces".
En effet, la culture religieuse d'alors ne pouvait être que battue en brèche par les recherches scientifiques, mais tu verras combien ce "conflit" n'a pas été aussi simple que cela, et du reste cela ne l'est toujours pas, de nos jours, dans les pays où l'empreinte de la culture religieuse est encore forte.
Très, très intéressant !
Tu y retrouveras Buffon, évidemment, qui, d'une certaine manière, ouvre -enfin- la voix aux nombreuses autres théories de la "science de la nature" des XIXe et XXe siècles.
A partir de la 8ème minute. Durée totale 1h45 (avec les questions du public).
L'évolution des espèces : mais d'où sort vraiment cette idée ?
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
La nuit, la neige a écrit:
Alors je te recommande de regarder une partie de cette vidéo : l'une des nombreuses et passionnantes conférences filmées et organisées par le génial Espace des Sciences de Rennes.
Je n'y manquerai pas, merci !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Je te recommande ces vidéos proposées par l'Espace des Sciences que tu retrouveras sur leur site ou sur Youtube. De très nombreux thèmes sont abordés.
Une vulgarisation scientifique formidable !!
Depuis que je les regarde (ou les écoute), je deviens presque instruit au sujet de quelques thèmes scientifiques.
Presque...
Une vulgarisation scientifique formidable !!
Depuis que je les regarde (ou les écoute), je deviens presque instruit au sujet de quelques thèmes scientifiques.
Presque...
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
La nuit, la neige a écrit:
Presque...
Taratata ! Nous connaissons bien ta légendaire modestie ...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Photo : Delorme & Collin du Bocage
Portrait de Georges Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788)
Atelier de Jean-Antoine Houdon
Buste en plâtre.
Travail du XVIIIe siècle
Photo : Delorme & Collin du Bocage
* Source et infos complémentaires : http://catalogue.gazette-drouot.com/pdf/80/90166/20180613complet-BD_3.pdf?id=90166&cp=80
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Absolument remarquable !
Pour moi, Houdon est le maître des sculpteurs portraitistes.
Pour moi, Houdon est le maître des sculpteurs portraitistes.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
En 1771, Buffon, pensant mourir d'une affection grave, avait demandé pour son fils la survivance de sa charge ; mais le jeune homme, major au régiment d'Angoumois, ne l'avait pas obtenue. L'expérience de l'âge lui manquait pour la remplir, et peut-être bien aussi lui reprochait-on une certaine indolence de l'esprit qui avait fait dire de lui : « C'est le plus pauvre chapitre de l'Histoire Naturelle de son père. »
Source :
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55510
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon
Très bien...
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
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