Jean-François de la Pérouse et l'expédition Lapérouse

Monsieur de la Pérouse a écrit:Est-il vrai qu'à deux doigts de la mort, Louis XVI demanda si on avait de mes nouvelles ?  Sans mentir, j'en ai les chevilles qui enflent .

Au risque de vous décevoir, cher Monsieur de la Pérouse, je penche aussi pour la légende ...
que voici :

Lundi 21 janvier 1793. Paris ploie sous un brouillard poisseux. Une neige mêlée de boue nappe les pavés de la capitale. Derrière les murs épais de la prison du Temple, Louis XVI s’habille une dernière fois, d’un habit marron pâle aux boutons dorés. Quand les gardes viennent le chercher pour le conduire à l’échafaud, il glisse d’un air préoccupé à son valet : « A-t-on des nouvelles de Monsieur de Lapérouse ? » Il ne saura jamais qu’un naufrage — probablement vers 1787, du côté des îles Santa Cruz — a été fatal à cette expédition qui aura été le moment le plus heureux de son règne. Deux hommes, emportés par deux tempêtes.

« Lapérouse », par Anne Pons (Folio biographies).

Sauf erreur de ma part, cette phrase n'est pas citée par Cléry (dans son Journal), ni par l'abbé Edgeworth de Firmont (dans son Récit des dernières heures de Louis XVI).
Raison pour laquelle j'ai plutôt évoqué les Mémoires de(s) Sanson.

C'est un intéressant portrait en buste du célèbre explorateur qui sera prochainement présenté en vente aux enchères :

Buste de Jean-François de La Pérouse, en uniforme
Ecole française de la fin du XVIIIe siècle
Buste sur piédouche, en terre cuite (anciennement peint).
Ht : 64 cm. A.B.E (fêles et restaurations au piédouche)



Note au catalogue :

Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse (1741-1788) Navigateur envoyé par Louis XVI, La Pérouse aborda à l’île de Pâques, aux îles Hawaii, puis explora le nord-est de l’Asie, avant que ses deux bateaux ne fassent naufrage aux îles Salomon, en 1788.
L’histoire rapporte que Louis XVI quelques minutes avant son exécution aurait demandé des nouvelles de l’expédition de La Pérouse.

Oeuvre en rapport : Buste de La Pérouse, en bois sculpté, conservé à l’Arsenal de Brest.


* Source et infos complémentaires : Osenat MDV - Vente L'Empire à Fontainebleau, les 6 et 7 juillet 2019


L'oeuvre en rapport évoquée date du XIXe siècle. Il s'agit d'un buste en bois sculpté, attribué à l'atelier de sculpture de l'arsenal de Brest, est celle-ci :

Source image : http://rehve.fr/galerie/brest/



Nous retrouvons la physionomie de Lapérouse telle que sur les nombreuses estampes déclinées à la fin du XVIIIe siècle, puis ensuite, "d'après une miniature par Alex. Tardieu, 1793" est-il précisé sur ce frontispice :

LA PÉROUSE, Jean Francois de Galaup, Comte de.
Voyage de La Pérouse autour du monde, publicé conformément au décret du 22 Avril 1791, et réidé par... Millet-Mureau.
Paris: Imprimeries de la République, An V (1796-1797).
First edition : 5 volumes (...)
Image : Christie's


Source : Enghien SVV


Cette miniature pourrait être celle offerte par la famille Amet, en 2013, au Musée Lapérouse d'Albi :


Image : La Dépêche

C’est un don exceptionnel qui a été effectué, hier matin, au musée Lapérouse qui s’enrichit d’un portrait miniature, remis par le célèbre navigateur à Éléonore, son épouse.

Les coïncidences de la vie ont fait que ce portrait miniature de 22x15 cm a atterri dans la famille Amet au fil de six générations. Hier matin, le portrait du sémillant Jean-François Galaup de Lapérouse, explorateur de Louis XVI, en uniforme de lieutenant de vaisseau, a changé de mains pour atterrir dans une vitrine du musée. «C’est extraordinaire», ne cesse de répéter Henri Féral, le président de l’association Lapérouse Albi-France.
Il faut dire que ce mini-portrait est un des rares portraits attestés du célèbre navigateur.

Il a été établi, officiellement, que Lapérouse en a fait don à son épouse Eléonore, née Broudou. Celle-ci l’a transmis à sa nièce Eugénie qui l’a cédé à sa fille qui l’a elle-même cédé à sa fille Laure, épouse du lieutenant de vaisseau Achille Amet.
(...)

* Source et article complet : La Dépêche - Ils cèdent un portrait de Lapérouse au musée d'Albi


Image : Rodama 1789


Ce Blog précise cependant qu'il existerait deux autres miniatures, offertes en 1777 par le navigateur à ses soeurs.
Il présente également une photo d'archives, sur laquelle nous distinguons, en collection privée, une huile sur toile d'un plus grand format :


(...) which shows the interior of the château du Gô with its current owner Jean-Marie Pestel, a descendant and current president of the Association Lapérouse in Albi.
Image (détail) : Rodama 1789


Image (détail) : La Dépêche - Albi. Marie-Christine Pestel, " Je cours le monde au Gô "


Bref, pour en revenir au buste présenté en introduction de ce sujet   , la physionomie est à comparer avec le buste en marbre, sculpté en 1828, par François Rude (1784-1855), dont une copie est conservée au Musée de la marine de Brest   :


Image : Leon Petrosyan / Wikipedia


Jean-François de La Pérouse
Sculpture du Musée de la Marine de Brest - Château de Brest
Image : S. Déniel / Wikipédia


Jean-François de La Pérouse
Sculpture du Musée de la Marine de Brest - Château de Brest
Image : S. Déniel / Wikipédia

L'excellente émission de radio Le temps d'un bivouac (France Inter) proposait dernièrement deux émissions consacrées à l'expédition Lapérouse.
Je les recommande, si le sujet vous intéresse...


Présentation de la première partie :

Officier de marine et explorateur, Jean François de Galaup, comte de La Pérouse a le goût de l'aventure. Bernard Jimenez, historien et voyageur, nous mène sur les traces de cet aventurier des flots, dans une formidable épopée à la découverte des îles du Pacifique.

Jean-François de Galaup a déjà la navigation dans le sang, alors qu'il entre à seulement 15 ans dans la compagnie des Gardes de la Marine de Brest en 1756. La mer constitue d'abord son champ de bataille, avant de devenir la source qui le mènera à de fabuleuses explorations. Des Indes orientales à l'île Maurice, le comte de La Pérouse sillonne les flots sous le pavillon du roi.

Mais c'est réellement en 1785 que le nom de La Pérouse entre dans l'Histoire. Ses connaissances des mers et ses qualités de navigateur lui ont valu d'être choisi pour mener une expédition autour du monde dans l'océan Pacifique, dans les pas de James Cook, explorateur britannique.
Ainsi, le 1er août 1785, la Boussole et l'Astrolabe, les deux frégates préparées pour l'expédition, s'élancent du port de Brest, à la découverte du mystérieux Pacifique.

L'invité :
Dans ce premier épisode consacré à La Pérouse, Bernard Jimenez, historien, voyageur et photographe nous fait embarquer à bord de cette épopée maritime, de l'île de Pâques, en passant par la Californie et la baie de Manille, pour finir aux île Santa Cruz, dans la mer de Corail, où les frégates s'échoueront tragiquement sur les rochers, mettant fin au voyage et causant la mort du navigateur passionné.

Les frégates de Lapérouse devant l'île de Maui (Mowée).
Voyage de La Pérouse autour du monde /publié conformément au décret du 22 avril 1791, et rédigé par L.A. Milet-Mureau.
Duboy-Laverne, P. D.; La Pérouse, Jean-François de Galaup; Milet de Mureau, Louis Marie Antoine Destouff; Mourelle de la Rúa, Francisco Antonio; Pingré, Alexandre Guy
Image : https://www.biodiversitylibrary.org/pageimage/15849652 / Wikipedia


C'est ici (durée environ 52 minutes) : Sur les traces de La Pérouse 1 / 2


Présentation de la seconde partie :

La suite des aventures du capitaine de la Boussole et de l'Astrolabe. Aujourd'hui, le naufrage et le mystère qui entoure le sort des survivants.

Leur histoire s'est fracassée contre les récifs de Vanikoro et l'expédition La Pérouse a sombré dans les tréfonds de la mer de Corail. Pourtant, bien vite, une rumeur s'est répandue dans le Pacifique Sud, quelques histoires de marins qui ont bien vite gagné l'imaginaire des explorateurs d'hier et des archéologues d'aujourd'hui. Et si il y avait eu des survivants ?

Une garde d’épée en argent fleurdelisée, une cloche en cuivre, quatre canons en bronze et quelques témoignages d'habitants de Vanikoro permirent à Durmont d'Urville et Peter Dillon de lever le mystère sur le sort de la Boussole et de l'Astrolabe.

Plus de 150 ans après, une mission archéologique a cherché à savoir si oui ou non des hommes avaient pu survivre au naufrage et se réfugier sur l'île.

Les invités :
En compagnie de Bernard Jimenez et de Jean-Christophe Galipaud, archéologue à l'IRD, nous partons sur les lieux du naufrage, à la recherche de réponses qui sommeillent depuis si longtemps dans la terre et dans les eaux de Vanikoro.

Présentation des collections Lapérouse au Musée maritime de Nouvelle-Calédonie
Image : Eric Dell'Erba / Musée maritime de Nouvelle Calédonie / Laurent Lange - Wikipedia

C'est ici (durée environ 52 minutes) : Sur les traces de La Pérouse 2 / 2


Nous présentions le livre de Bernard Jimenez, l'invité principal de cette série, dans notre rubrique "Bibliographie", ici :

L'expédition Lapérouse. De Bernard Jimenez

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Est ce que quelqu'un  sait si LA PEROUSE était décédé avant Louis XVI ?

Eh bien, chère Teresa, la réponse est dans les messages de ce sujet...

IL parait que Louis XVI sur le échafaud a demandé de nouvelles de Lapérouse .....

Merci de votre réponse  La nuit et la neige, elle m'a poussée à lire tout le sujet (ou à peu près) qui est passionnant.

Elisabeth Vigée Le Brun se souvient :  

Un des côtés du boulevard (celui où se trouve maintenant le café Turc) offrait un spectacle qui bien souvent m'a donné le fou rire. C'était une longue rangée de vieilles femmes du Marais, assises gravement sur des chaises, et les joues tellement couvertes de rouge qu'elles ressemblaient tout-à-fait à des poupées. Comme à cette époque les femmes d'un rang élevé pouvaient seules porter du rouge, ces dames croyaient devoir jouir du privilège dans toute sa latitude. Un de nos amis, qui les connaissait pour la plupart, nous dit qu'elles n'avaient d'autre occupation que celle de jouer au loto du matin au soir, et qu'un jour qu'il revenait de Versailles, quelques-unes d'elles lui demandant des nouvelles, il répondit qu'il venait d'apprendre que M. de La Pérouse devait partir pour aller faire le tour du monde : En vérité, s'écria la maîtresse de la maison, il faut que cet homme-là soit bien désœuvré !

Jean-François de Pérusse des Cars  
colonel du Régiment des Dragons-Artois, navigue sur le bâtiment de la Pérouse,
et raconte :


Un de nos camarades avait eu à Bayonne une petite passion pour une grisette qui avait été pendant toute notre relâche dans cette ville l'objet de nos plaisanteries; nous les continuâmes tellement pendant cette traversée, qu'il en était résulté entre La Peyrouse et moi une romance de soixante à quatre-vingts couplets; à chaque instant, soit ensemble, soit séparément, il en naissait un. La plaisanterie était prise à merveille par l'officier qui en était l'objet. Cependant, à l approche de Brest, et au moment où nous allions donner dans le fameux passage du Raz, il nous pria de ne pas parler de cette aventure.
Sa demande nous inspira une idée assez plaisante. Les anciennes ordonnances de Louis XIV prescrivant à tout bâtiment de guerre passant le raz, de chanter un De profundis lorsqu'on se trouve par le travers de la baie des Trépassés, nous imaginâmes une superbe cérémonie. La romance fut enveloppée dans une boîte bien ficelée, bien plombée, l'on y attacha un boulet de canon, et avec la plus grande pompe, nous jetâmes à la mer ce cercueil de nos folies. "



Source : Les Mémoires du duc des Cars

Je n'ai pas compris. Quel bâtiment de La Pérouse ?

... son bateau.

Entendu, mais lequel ? Ce duc des Cars a un jour navigué sur un navire commandé par La Pérouse ?

Je ne suis pas à la maison , je n'ai pas mon livre sous les yeux pour pouvoir te répondre...

Voici !

Jean-François de Pérusse des Cars s'était embarqué avec la Pérouse sur la flûte l'Adour qui ne donna aucune satisfaction à son commandant.  Il obtint qu'elle fut échangée contre la corvette la Dorothée.
Notre anecdote se passe sur la Dorothée.  

Merci pour tes recherches.

Cher Monsieur de la Pérouse,
N'avez-vous pas les oreilles qui tintent ?!  




Paris. 1964. Le nageur de combat François Guérin est dépêché à l’autre bout du monde pour une opération « secret-défense » : retrouver l’épave perdue de La Boussole, le mythique vaisseau amiral de Lapérouse ! De nouvelles informations ont en effet été livrées aux autorités françaises, qui se mobilisent pour percer enfin le mystère de Vanikoro... François n’est pas attiré par cette légende "lapérousienne" mais le devoir l’appelle et il sait que le destin funeste de cette expédition n'a cessé d'obséder tous les pouvoirs français en place depuis près de deux siècles. Partie de Brest en 1785 à bord de deux frégates, La Boussole et L'Astrolabe, l'expédition a subi plusieurs drames avant de disparaître corps et biens début 1788, après une halte dans la nouvelle colonie anglaise de Sydney.

Sous la Révolution et durant tout le XIXe siècle, des recherches et fouilles ont été entreprises, notamment à Vanikoro, une île "maudite" du Pacifique. Là, on sait qu'en effet L'Astrolabe s'est bien fracassée sur des récifs coralliens... mais quid de La Boussole, le navire où se trouvait Lapérouse ? Il semble bien que cette fois, on puisse apporter la preuve définitive du lieu du naufrage. Lorsque le patrouilleur français, La Lilloise, arrive aux abords de Vanikoro, François ne se doute pas encore de ce qui l’attend. Sous les ordres du Capitaine de frégate Durieux, c'est une véritable "fièvre" qui semble s'emparer de l'équipage, prêt à tout pour arracher une relique des profondeurs... François va devoir agir avec prudence. Après tout n’est-ce pas l’orgueil des hommes qui mena l’équipage à sa perte 176 ans en arrière ? Et si la quête de la preuve ultime du naufrage de Lapérouse ne devenait pas, sous une météo exécrable et des périples hasardeux dans la jungle, le terrain idéal pour se tromper encore une fois et mettre des vies en danger ? Sous l'œil parfois narquois de Viviane, une journaliste photographe indépendante et peu encline à suivre la hiérarchie militaire, François navigue assurément en eaux troubles... Est-ce la plus belle des quêtes qui est en cours, ou la plus absurde ?

Inspiré par les missions d'exploration menées par la France à Vanikoro dans les années 1960, ce superbe roman graphique écrit par LF Bollée (La Bombe, Terra Australis, Terra Doloris, Patrick Dewaere...) et Marie-Agnès Le Roux, grande passionnée de Lapérouse, remet au goût du jour le naufrage le plus célèbre de la Marine française, qui restait alors un mystère et ne cessait de hanter les esprits depuis près de deux siècles. Une aventure humaine entre Cousteau et Conrad, Histoire et fiction, qui nous plonge dans les eaux fascinantes et dangereuses du Pacifique sud.

Vincenzo Bizzarri  ( ... bizzarri    ...  vous avez dit bizzarri ?!  ...  comme c'est bizzarri.    ) rend à cette expédition toutes ses couleurs et nous invite à évoluer dans des décors plus vrais que nature, où les hommes semblent devenir plus fragiles que jamais...

https://www.glenat.com/hors-collection-glenat-bd/laperouse-64-9782344052501

Mme de Sabran a écrit:

Cher Monsieur de la Pérouse,
N'avez-vous pas les oreilles qui tintent ?!  

Non ça va,  votre sollicitude me touche.     Depuis que Louis XVI a fait une fixette sur ma disparition corps et biens, les foules se sont toujours passionnées sur le sort de mon expédition.
Elle fait même maintenant l'objet d'une BD.

Aujourd'hui la disparition de Lapérouse et de son voilier La boussole a été élucidée. Le voilier s'est écrasé sur les récifs de Vanikoro. Mais qui a retrouvé et identifié les vestiges de cette frégate ? C'est justement le thème du récit Lapérouse 64, qui relate en bande dessinée la recherche de cette épave légendaire.
https://www.bateaux.com/article/44129/laperouse-64-une-expedition-racontee-en-bande-dessinee