La fête au XVIIIe siècle
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Mme de Sabran
Dominique Poulin
Vicq d Azir
La nuit, la neige
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La fête au XVIIIe siècle
J'ouvre ici un vaste sujet sur la fête sous l'ancien régime. Comment s'amuse t-on au XVIIIème siècle, quelle fête, pour qui ?
Il s'agira de distinguer les différents types de fête : fête royale, populaire...A travers certains événements ( Bals parés, carnaval, foire ), à travers aussi le théâtre : que jouait-on à Paris, comment se passaient les représentations, voire l'évolution des pièces ( jusqu'à la révolution ), de la danse ( à partir des traités historiques ), descriptions des fêtes et des jeux dans les cabarets...
Mais pour l'instant, une fois n'est pas coutume, commençons par ce qui caractérise l'apothéose d'une fête : le feu d'artifice royal.
Le premier feu d'artifice prendrait son origine de Chine, il y a 1400 ans. Il commence sous une pluie diluvienne. Besoin est, de chasser le démon qui hante la nature, alors pour l'impressionner va être créée, la première bombe de l'histoire, ( à base de salpêtre, charbon, soufre ) afin de faire revenir le soleil.
En France, on considère au XVIIIé siècle, que les meilleurs artificiers sont les italiens. En 1739, les frères Ruggieri entrent dans l'histoire avec le feu d'artifice mémorable du 29 août, tiré en l'honneur du mariage d'Elysabeth, fille de Louis XV avec l'infant Philippe d'Espagne. A partir de ce mythe inaugural, les frères s'affirment comme les artificiers des fêtes royales.
En 1743, ils fabriquaient des machines spectaculaires, des roues de feu qui engendraient d'autres roues de feu, le feu d'artifice s'allumait tout seul et symbolisait le rayonnement du monarque. Des bombes fantômes apparaissaient, puis disparaissaient, pour reparaître de nouveau.
Si les fusées étaient créées pour le plaisir des yeux; elles constituaient au XVème siècle, un arsenal militaire permettant de repousser l'ennemi. Puis au fil du temps, les artilleurs sont devenus artificiers.
La pyrotechnie militaire évolue donc vers une pyrotechnie artistique. Le feu maîtrisé, esthétisant, possède alors un pouvoir considérable sur un grand nombre de gens. Il donne un message d'autorité et de puissance à une masse qui ne sait pas lire.
Les lumières artificielles deviennent un excellent moyen d'intimidation, et arborent de ce fait une fonction politique : seul le roi est grand et le commun des mortels lui sont subordonnés.
Les messages étaient variés en référence au Roi ( éclat et grandeur...) La dimension visuelle dramatisait ou sublimait le message, combinée avec plusieurs supports ( lentilles, lampes à gaz...)
La lumière n'existe que le jour, avec le Roi, la lumière artificielle, pendant la nuit procure une véritable fascination; le Roi est un magicien.
Il s'agira de distinguer les différents types de fête : fête royale, populaire...A travers certains événements ( Bals parés, carnaval, foire ), à travers aussi le théâtre : que jouait-on à Paris, comment se passaient les représentations, voire l'évolution des pièces ( jusqu'à la révolution ), de la danse ( à partir des traités historiques ), descriptions des fêtes et des jeux dans les cabarets...
Mais pour l'instant, une fois n'est pas coutume, commençons par ce qui caractérise l'apothéose d'une fête : le feu d'artifice royal.
Le premier feu d'artifice prendrait son origine de Chine, il y a 1400 ans. Il commence sous une pluie diluvienne. Besoin est, de chasser le démon qui hante la nature, alors pour l'impressionner va être créée, la première bombe de l'histoire, ( à base de salpêtre, charbon, soufre ) afin de faire revenir le soleil.
En France, on considère au XVIIIé siècle, que les meilleurs artificiers sont les italiens. En 1739, les frères Ruggieri entrent dans l'histoire avec le feu d'artifice mémorable du 29 août, tiré en l'honneur du mariage d'Elysabeth, fille de Louis XV avec l'infant Philippe d'Espagne. A partir de ce mythe inaugural, les frères s'affirment comme les artificiers des fêtes royales.
En 1743, ils fabriquaient des machines spectaculaires, des roues de feu qui engendraient d'autres roues de feu, le feu d'artifice s'allumait tout seul et symbolisait le rayonnement du monarque. Des bombes fantômes apparaissaient, puis disparaissaient, pour reparaître de nouveau.
Si les fusées étaient créées pour le plaisir des yeux; elles constituaient au XVème siècle, un arsenal militaire permettant de repousser l'ennemi. Puis au fil du temps, les artilleurs sont devenus artificiers.
La pyrotechnie militaire évolue donc vers une pyrotechnie artistique. Le feu maîtrisé, esthétisant, possède alors un pouvoir considérable sur un grand nombre de gens. Il donne un message d'autorité et de puissance à une masse qui ne sait pas lire.
Les lumières artificielles deviennent un excellent moyen d'intimidation, et arborent de ce fait une fonction politique : seul le roi est grand et le commun des mortels lui sont subordonnés.
Les messages étaient variés en référence au Roi ( éclat et grandeur...) La dimension visuelle dramatisait ou sublimait le message, combinée avec plusieurs supports ( lentilles, lampes à gaz...)
La lumière n'existe que le jour, avec le Roi, la lumière artificielle, pendant la nuit procure une véritable fascination; le Roi est un magicien.
Invité- Invité
Re: La fête au XVIIIe siècle
Merci pour la création de ce sujet passionnant qui porte le nom d'un film de Bertrand Tavernier que j'aime beaucoup ! boudoi30
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: La fête au XVIIIe siècle
Merci pour l’ouverture de ce sujet intéressant.
La nuit, la neige- Messages : 18136
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La fête au XVIIIe siècle
En 1729, le florentin Servandoni, dont la réputation était déjà grande à Paris, fut ainsi conduit à s'associer le 5 nov. à Jean-Baptiste-Augustin Beausire, conseiller architecte du Roi et de la ville, quand les ambassadeurs d'Espagne le sollicitèrent pour donner sur la Seine, une fête destinée à célébrer la naissance du Dauphin de France. Grâce à ce contrat, une autorisation lui fut plus facilement accordée pour "disposer" des lieux et le matériel dont il aurait besoin, conservé dans les "magasins du Roi et de la ville", pouvait lui être" prêté".
En proposant pour la décoration du feu d'artifice une étonnante évocation des Pyrénées, il recueillit en outre un succès indéniable qui allait lui permettre de poursuivre son activité pour la ville de Paris.
Les réjouissances organisées en 1739 pour le mariage de Madame Louise Elysabeth, fille aînée de Louis XV avec l'infant d'Espagne lui donnèrent l'occasion d'exceller dans le salon octogonal transparent, capable de flotter sur la Seine tout en accueillant environ 200 musiciens et dans le temple de l'Hymen qui occupait le milieu du Pont Neuf, soutenu de colonnes doriques, où la pierre blanche était imitée " la plus noble simplicité de l'architecture antique". Jamais encore à Paris, un décorateur de fêtes n'avait bénéficié d'un aussi bel hommage."
"Plan et élévation géométrale du salon de musique construit" Planche extraite de description des fêtes données, par la ville de Paris, à l'occasion du mariage de Madame Louise-Elisabeth de France et d Dom philippe, infant et grand amiral d'Espagne; 1739, Paris.
Tandis qu'une foule de spectateurs était massée sur les deux rives du fleuve, aménagées par des "particuliers" moyennant 22 livres la toise, versées à la ville de Paris, le Roi, en compagnie de la Reine, du Dauphin et de Madame, honora de sa présence, le divertissement pyrotechnique, préparé sur le Pont-Neuf, qu'il vit au vieux Louvre du balcon du salon de l'infante, garni d'un magnifique baldaquin créé par les Gabriel et les bâtiments du Roi.
Malgré un feu d'artifice considéré comme "le plus beau qui se soit jamais vu", le souverain, ayant remarqué quelques imperfections dans son exécution à cause des jalousies entre ceux qui en étaient chargés, fut si " mécontent du manque de respect, ce jour-là," qu'il les fit envoyer dés le lendemain dans les prisons de l'hôtel où ils furent un mois entier. ( Paris, Archives nationales, K.1006 )
A Versailles, il allait également sanctionner 2 ou 3 artificiers pour des fusées lancées mal à propos pendant la fête donnée le 30 décembre 1751 lors de la naissance du Duc de Bourgogne.
Louis XV s'intéressait de prés à ces divertissements. Il en suivait avec attention les programmes et dépensait sans compter pour les fééries qu'ils lui procuraient.
Celui de 1751, pour lequel furent sollicités les frères Ruggieri, coûta plus de 604 477 livres en comprenant les frais des illuminations et de la monumentale colonne feinte destinée à l'accueillir sur la terrasse des jardins, devant la grande galerie, d'où le monarque pouvait le contempler.
Après la mort de Louis XV, les fêtes perdirent cependant très vite de leur éclat à Versailles.
Les grands feux d'artifices, chargés de célébrer les naissances et les noces des princes et des princesses de la famille royale, disparurent dés le mariage de Madame Clothilde, sœur de Louis XVI, en 1775.
( Source : revues.org/ de Paris à Versailles : les grandes fêtes et les cérémonies de la ville et de Cour )
En proposant pour la décoration du feu d'artifice une étonnante évocation des Pyrénées, il recueillit en outre un succès indéniable qui allait lui permettre de poursuivre son activité pour la ville de Paris.
Les réjouissances organisées en 1739 pour le mariage de Madame Louise Elysabeth, fille aînée de Louis XV avec l'infant d'Espagne lui donnèrent l'occasion d'exceller dans le salon octogonal transparent, capable de flotter sur la Seine tout en accueillant environ 200 musiciens et dans le temple de l'Hymen qui occupait le milieu du Pont Neuf, soutenu de colonnes doriques, où la pierre blanche était imitée " la plus noble simplicité de l'architecture antique". Jamais encore à Paris, un décorateur de fêtes n'avait bénéficié d'un aussi bel hommage."
Tandis qu'une foule de spectateurs était massée sur les deux rives du fleuve, aménagées par des "particuliers" moyennant 22 livres la toise, versées à la ville de Paris, le Roi, en compagnie de la Reine, du Dauphin et de Madame, honora de sa présence, le divertissement pyrotechnique, préparé sur le Pont-Neuf, qu'il vit au vieux Louvre du balcon du salon de l'infante, garni d'un magnifique baldaquin créé par les Gabriel et les bâtiments du Roi.
Malgré un feu d'artifice considéré comme "le plus beau qui se soit jamais vu", le souverain, ayant remarqué quelques imperfections dans son exécution à cause des jalousies entre ceux qui en étaient chargés, fut si " mécontent du manque de respect, ce jour-là," qu'il les fit envoyer dés le lendemain dans les prisons de l'hôtel où ils furent un mois entier. ( Paris, Archives nationales, K.1006 )
A Versailles, il allait également sanctionner 2 ou 3 artificiers pour des fusées lancées mal à propos pendant la fête donnée le 30 décembre 1751 lors de la naissance du Duc de Bourgogne.
Louis XV s'intéressait de prés à ces divertissements. Il en suivait avec attention les programmes et dépensait sans compter pour les fééries qu'ils lui procuraient.
Celui de 1751, pour lequel furent sollicités les frères Ruggieri, coûta plus de 604 477 livres en comprenant les frais des illuminations et de la monumentale colonne feinte destinée à l'accueillir sur la terrasse des jardins, devant la grande galerie, d'où le monarque pouvait le contempler.
Après la mort de Louis XV, les fêtes perdirent cependant très vite de leur éclat à Versailles.
Les grands feux d'artifices, chargés de célébrer les naissances et les noces des princes et des princesses de la famille royale, disparurent dés le mariage de Madame Clothilde, sœur de Louis XVI, en 1775.
( Source : revues.org/ de Paris à Versailles : les grandes fêtes et les cérémonies de la ville et de Cour )
Invité- Invité
Re: La fête au XVIIIe siècle
Le journal de Barbier est rempli de détails abondants sur les feux d'artifices qui signalèrent en si grand nombre les fêtes de la Régence et du règne de Louis XV.
Le 9 mars 1722, à propos de l'entrée de l'infante d'Espagne à Paris, il y eut dans le jardin des Tuileries, un grand feu d'artifice pour lequel on avait fait des préparatifs immenses :
sur le bassin du milieu du parterre, s'élevait un Parnasse dominé par Pégase, quatre allées étaient encombrées de grandes caisses plantées dans le sol et derrière le bassin s'alignaient 800 fusées qui devaient éclater à la fois. Mais l'effet manque en partie par la peur de l'artificier, à la grande indignation de Barbier, qui le traite de benêt.
Quelques jours après, le désappointement des parisiens fut bien compensé par le feu superbe que le Duc d'Ossone fit tirer sur l'eau vis-à-vis le balcon de la Reine, le 24, veille de l'annonciation.
Feu d'artifice sur le Pont-Neuf, à Paris en 1739.
Ce feu était de cent pieds de hauteur et de trente de largeur, sur toutes les surfaces couvert de toiles peintes représentant l'hymen, de l'autre la paix avec des colonnes aux quatre coins.
On avait illuminé le devant du feu, de façon à rendre toutes les peintures transparentes. Une vaste enceinte de bateaux vides entourait l'édifice, et tous étaient garnis de pots à feu et d'ifs chargés de lampions.
Cette riche illumination se doublait en se reflétant dans la Seine. Au milieu de l'enceinte se promenaient vingt petits bateaux peints en rouge, quelques-uns couverts d'un taffetas cramoisi, avec des fleurs de lys dorées, tous ayant au mât un étendart aux armes d'Espagne. Chacun d'eux était monté par quatre matelots en camisoles blanches, avec des bonnets rouges et des écharpes jaunes, livrée du Duc d'Ossone.
Quatre de ces bateaux renfermaient la musique, les autres étaient pleins de pièces d'artifice.
Feu d'artifice donné au Roi et à la Reine d'après Moreau, 1782.
A sept heure, on donna le signal du balcon du Roi. Aussitôt, il partit de tous les coins de l'enceinte une multitude de magnifiques fusées volantes; puis les bateaux s'approchèrent comme pour faire le siège du grand feu et vomirent à l'assaut des milliers de gerbes, saucissons, flammes de Bengales, serpenteaux, pétards, qui se répétaient dans l'eau, et parfois se promenaient longuement à la surface de la Seine en y traçant une traînée lumineuse et multicolore.
Enfin on fit jouer le grand feu.
Le 9 mars 1722, à propos de l'entrée de l'infante d'Espagne à Paris, il y eut dans le jardin des Tuileries, un grand feu d'artifice pour lequel on avait fait des préparatifs immenses :
sur le bassin du milieu du parterre, s'élevait un Parnasse dominé par Pégase, quatre allées étaient encombrées de grandes caisses plantées dans le sol et derrière le bassin s'alignaient 800 fusées qui devaient éclater à la fois. Mais l'effet manque en partie par la peur de l'artificier, à la grande indignation de Barbier, qui le traite de benêt.
Quelques jours après, le désappointement des parisiens fut bien compensé par le feu superbe que le Duc d'Ossone fit tirer sur l'eau vis-à-vis le balcon de la Reine, le 24, veille de l'annonciation.
Feu d'artifice sur le Pont-Neuf, à Paris en 1739.
Ce feu était de cent pieds de hauteur et de trente de largeur, sur toutes les surfaces couvert de toiles peintes représentant l'hymen, de l'autre la paix avec des colonnes aux quatre coins.
On avait illuminé le devant du feu, de façon à rendre toutes les peintures transparentes. Une vaste enceinte de bateaux vides entourait l'édifice, et tous étaient garnis de pots à feu et d'ifs chargés de lampions.
Cette riche illumination se doublait en se reflétant dans la Seine. Au milieu de l'enceinte se promenaient vingt petits bateaux peints en rouge, quelques-uns couverts d'un taffetas cramoisi, avec des fleurs de lys dorées, tous ayant au mât un étendart aux armes d'Espagne. Chacun d'eux était monté par quatre matelots en camisoles blanches, avec des bonnets rouges et des écharpes jaunes, livrée du Duc d'Ossone.
Quatre de ces bateaux renfermaient la musique, les autres étaient pleins de pièces d'artifice.
Feu d'artifice donné au Roi et à la Reine d'après Moreau, 1782.
A sept heure, on donna le signal du balcon du Roi. Aussitôt, il partit de tous les coins de l'enceinte une multitude de magnifiques fusées volantes; puis les bateaux s'approchèrent comme pour faire le siège du grand feu et vomirent à l'assaut des milliers de gerbes, saucissons, flammes de Bengales, serpenteaux, pétards, qui se répétaient dans l'eau, et parfois se promenaient longuement à la surface de la Seine en y traçant une traînée lumineuse et multicolore.
Enfin on fit jouer le grand feu.
Invité- Invité
Re: La fête au XVIIIe siècle
Les fêtes de la Reine au petit Trianon
Marie-Antoinette associa Trianon aux honneurs rendus à Joseph II par la Cour de France. La fête offerte au Comte et à la Comtesse du nord peut donner une idée de ces réceptions.
Elle commença par un spectacle dans la nouvelle salle du jardin. La Reine guida ses hôtes par un corridor de toiles, éclairé de réverbères, qui reliait le château au théâtre.
Les gentilshommes russes suivaient en grandes toilettes. La Baronne d'Oberkirch, avec ses bouteilles d'eau dans les cheveux et ses fleurs fraîches, était fort entourée, en qualité d'amie de la grande Duchesse
On prit place dans la petite salle où furent distribués, suivant un gracieux usage, des livrets imprimés pour la soirée : 12 exemplaires étaient reliés en maroquin avec dentelle d'or, aux armes de la Reine et des grands-Ducs.
Il y eut, comme d'ordinaire, spectacle : un opéra-comique, Zémire et Azor de Marmontel et Guétry, par la Comédie Italienne, puis la jeune française au sérail, ballet d'action du Sieur Gardel aîné, maître des ballets de la Reine, avec des décors nouveaux.
La table de la Reine et les trois tables d'honneur occupaient chacune une pièce du premier étage. Au rez de chaussée et dépendances étaient installées celle des "seigneurs russiens", celle de l'intendant des menus où soupèrent les comédiens français et italiens, celles des musiciens des gardes, cent couverts pour l'Opéra et la musique du Roi, enfin une petite table servie à quatre dames de la part de la Reine et une autre à Madame de Polignac.
Mangèrent encore les femmes de chambre, les femmes attachées de la suite de la Reine et de la grande Duchesse, les gardes, les officiers de bouche, les valets de pied, les gens des écuries, et les porteurs de chaises, les lingères, les aides de cuisine, et un nombre infini d'ouvriers dont il est impossible de fixer le nombre.
A la table de la Reine, il a été présenté, en viandes seulement, quatre sortes de relevés, 24 entrées, 8 plats de rôts différents; et plus de 1200 personnes se sont attablées, ce soir là, dans le petit château de la Reine.
Après ce souper de gala, arrivaient les personnes de la Cour qui n'y avaient pas été invitées. On se répandait dans les jardins pour écouter les musiques des gardes françaises et suisses.
Fête de nuit donnée par la Reine au Comte du nord à Trianon d'Hubert Robert. ( vers 1782-83 )
L'art avec lequel on avait éclairé le jardin anglais, produisait un effet charmant. Des terrines cachées par des planches peintes en vert, éclairaient tous les massifs d'arbustes et de fleurs, et en faisaient ressortir les diverses teintes de la manière la plus variée et la plus agréable. Quelques centaines de fagots allumés entretenaient dans le fossé, derrière le temple de l'Amour, une grande clarté qui le rendait le point le plus brillant du jardin.
C'étaient les grands jours de Trianon, envahi quelques heures par la foule, mais il reprenait bien vite son charme de retraite et son recueillement de solitude.
( Source : les annales politiques et littéraires. )
Invité- Invité
Re: La fête au XVIIIe siècle
Qu'en est-il des fêtes dans le Paris populaire ? Une des figures incontournables des spectacles des boulevards est irrémédiablement : la parade.
Tabarin, Bruscambille, Gratelard, etc...étaient de vrais pitres, dans la toute noble signification du terme; les opérateurs et les arracheurs de dents, Mondor, Jean Farine, Desiderio descombes, Hierronymo Ferianti, Carmeline, Cormier, jouaient des parades sur les tréteaux pour attirer la foule.
A l'origine du théâtre, la parade est partout et même elle constitue presque tout le théâtre à elle seule.
Lorsque les spectacles de la foire furent autorisés à s'établir sur le boulevard, ce fut à la condition expresse de jouer des parades à la porte avant la représentation, afin de rester assimilé aux spectacles forains.
L'ambigu-comique établi par Audisot sur le boulevard du Temple en 1769; la Gaîté, fondée par Nicolet ( 1760), le théâtre du comédien et dentiste l'Ecluse (1777), tous ceux qu'on vit s'élever dans les mêmes paraves, pendant la seconde moitié du XVIIIé siècle, durent se soumettre à cette loi.
Les premières années du théâtre de Nicolet furent illustrées par l'un des rois de la parade : Taconnet, surnommé le Molière des boulevards.
Taconnet a composé pour Nicolet une multitude de farces et parodies avec des titres caractéristiques :
La mariée de la courtille
Les fous des boulevards
La mort du bœuf gras
Les écosseuses de la Halle
Les ahuris de Chaillot
Sur le titre du baiser donné et rendu , il se qualifie de membres des arcades du Pont-Neuf, du pont aux choux et du pont aux tripes, compositeur des théâtres forains.
Taconnet ne va pas chercher ses héros dans les nuages :
un ivrogne, une commère, un rempailleur de chaises, un égrillard, voilà ses types de prédilection, mais surtout il aime les savetiers. Il jouait avec une gravité superbe et avait surtout les effets de pantomime complètement irrésistibles.
Sa grande scène favorite, qu'il ne manquait pas de mêler à tous ses rôles de savetier et que le public attendait, était celle où il tournait le dos au spectateur, et, se baissant lentement, dans l'attitude d'un homme qui ramasse un objet à terre, lui dévoilait par degrés un vieux fond de culotte en lambeaux, par les lacunes duquel s'échappait un pan de chemise.
A cette vue, les applaudissements, les rires frénétiques et les cris d'enthousiasme éclataient de toutes parts. C'était sans doute de pareils traits comiques qui avaient fait nommer Taconnet : le Molière des boulevards !
( Source : Tableau du vieux Paris : les spectacles populaires et les artistes des rues de Victor Fournel )
Tabarin, Bruscambille, Gratelard, etc...étaient de vrais pitres, dans la toute noble signification du terme; les opérateurs et les arracheurs de dents, Mondor, Jean Farine, Desiderio descombes, Hierronymo Ferianti, Carmeline, Cormier, jouaient des parades sur les tréteaux pour attirer la foule.
A l'origine du théâtre, la parade est partout et même elle constitue presque tout le théâtre à elle seule.
Lorsque les spectacles de la foire furent autorisés à s'établir sur le boulevard, ce fut à la condition expresse de jouer des parades à la porte avant la représentation, afin de rester assimilé aux spectacles forains.
L'ambigu-comique établi par Audisot sur le boulevard du Temple en 1769; la Gaîté, fondée par Nicolet ( 1760), le théâtre du comédien et dentiste l'Ecluse (1777), tous ceux qu'on vit s'élever dans les mêmes paraves, pendant la seconde moitié du XVIIIé siècle, durent se soumettre à cette loi.
Les premières années du théâtre de Nicolet furent illustrées par l'un des rois de la parade : Taconnet, surnommé le Molière des boulevards.
Taconnet a composé pour Nicolet une multitude de farces et parodies avec des titres caractéristiques :
La mariée de la courtille
Les fous des boulevards
La mort du bœuf gras
Les écosseuses de la Halle
Les ahuris de Chaillot
Sur le titre du baiser donné et rendu , il se qualifie de membres des arcades du Pont-Neuf, du pont aux choux et du pont aux tripes, compositeur des théâtres forains.
Taconnet ne va pas chercher ses héros dans les nuages :
un ivrogne, une commère, un rempailleur de chaises, un égrillard, voilà ses types de prédilection, mais surtout il aime les savetiers. Il jouait avec une gravité superbe et avait surtout les effets de pantomime complètement irrésistibles.
Sa grande scène favorite, qu'il ne manquait pas de mêler à tous ses rôles de savetier et que le public attendait, était celle où il tournait le dos au spectateur, et, se baissant lentement, dans l'attitude d'un homme qui ramasse un objet à terre, lui dévoilait par degrés un vieux fond de culotte en lambeaux, par les lacunes duquel s'échappait un pan de chemise.
A cette vue, les applaudissements, les rires frénétiques et les cris d'enthousiasme éclataient de toutes parts. C'était sans doute de pareils traits comiques qui avaient fait nommer Taconnet : le Molière des boulevards !
( Source : Tableau du vieux Paris : les spectacles populaires et les artistes des rues de Victor Fournel )
Invité- Invité
Re: La fête au XVIIIe siècle
La fête-Dieu
La Fête-Dieu se célébrait également par les rues de Paris au milieu d'un appareil extraordinaire.
Cette procession était accompagnée quelquefois de représentations et de mystères.
Les corporations marchaient dans les rangs de la procession, portant la bannière; toutes les maisons étaient tapissées, tous les pavés parsemés de fleurs, et de nombreux reposoirs.
Au XVIII é siècle, le Mercure de France et les autres recueils abondent en détails sur les reposoirs merveilleux que l'on construisait en certains endroits, comme celui de la porte Saint-Michel, en 1735, véritable monument artistique, d'une architecture grandiose, figurant un arc de Triomphe colossal de 76 pieds de large sur 55 de haut avec une multitude d'ornements et de dorures, un grand luxe de colonnes et de bas-reliefs.
Les reposoirs faisaient l'occupation et l'orgueil de toute une rue, de tout un quartier, et les splendeurs réunies de la richesse et de l'art concourraient à l'édification de ces monuments éphémères; qui ne duraient qu'une heure, mais qu'on voulait rendre dignes de Dieu auquel ils donnaient l'hospitalité.
Le soir, les enfants reprenaient la fête pour leur propre compte et dressaient partout des petites chapelles.
Ils ont ( écrit Mercier ), des chandeliers de bois, des chasubles de papier, des encensoirs de fer blanc, des dais de carton, un petit soleil d'étain.
L'un fait le curé, l'autre le sous-diacre. Ils promènent l'hostie en chantant, disent la messe, donnent la bénédiction et obligent leurs camarades à se mettre à genoux.
Le jour de l'Octave, un des plus magnifiques reposoirs était bâti sur la place Dauphine et les jeunes peintres qui n'avaient pas encore conquis leur droit d'entrée aux expositions du Louvre, avaient le droit de venir exposer leurs œuvres sur les tapisseries dont ce reposoir était recouvert.
Les miniatures, les tableaux d'histoire, les paysages, les portraits à l'huile abondaient à ce Salon en plein vent, qui donnait une physionomie originale au reposoir de la place Dauphine où débutèrent et se firent connaître un certain nombre de peintres devenus illustres depuis.
C'est surtout sous le règne de Louis XVI et aux approches de la révolution que cet usage avait pris une extension singulière, et que le reposoir de la petite Fête-Dieu sur la place Dauphine, où d'ailleurs les tableaux trouvaient un cadre magnifique dans la richesse de la décoration, était devenu l'un des spectacles les plus courus de Paris.
Invité- Invité
Re: La fête au XVIIIe siècle
Le reposoir du Saint-Sacrement, prévu pour le maître autel de la cathédrale de Chartres est composé des éléments datant de la fin XVIIIème siècle et début XIXème.
Il était installé à l'occasion des fêtes de l'Assomption de la Vierge.
Il était installé à l'occasion des fêtes de l'Assomption de la Vierge.
Invité- Invité
Re: La fête au XVIIIe siècle
L'Amour menaçant a écrit:Qu'en est-il des fêtes dans le Paris populaire ? Une des figures incontournables des spectacles des boulevards est irrémédiablement : la parade.
Quelques illustrations...
Parade au théâtre de la foire Saint-Laurent (1786)
Gouache anonyme
La parade du boulevard (1760)
Gabriel de Saint Aubin
L’entrée de la foire Saint Laurent (1763)
Miniature de Nicholas Van Blarenberghe
Dans son Tableau de Paris, Nicolas Mercier se montre critique dans la description des parades :
Les parades qu’on représente extérieurement sur le balcon comme une espèce d’invitation publique, sont très préjudiciables aux travaux journaliers, en ce qu’elles ameutent une foule d’ouvriers, qui, avec les instruments de leur profession sous le bras, demeurent-là, la bouche béante, et perdent les heures les plus précieuses de la journée.
La nuit, la neige- Messages : 18136
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La fête au XVIIIe siècle
Les fêtes pour la naissance de Louis-Joseph ont réjoui tout le monde. Onze ans plus tard, Louis XVI était guillotiné.
Invité- Invité
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: La fête au XVIIIe siècle
Merci Vicq pour ce beau sujet.
Ce dernier m'a donné une idée :
Il me semble que Louis XVI et Marie-Antoinette ont séjourné quelque temps au château de Saint-Cloud au printemps de 1788.
Je l'ai lu ici ou là ; pour confirmer mon questionnement, je vais chercher.
Ce dernier m'a donné une idée :
Il me semble que Louis XVI et Marie-Antoinette ont séjourné quelque temps au château de Saint-Cloud au printemps de 1788.
Je l'ai lu ici ou là ; pour confirmer mon questionnement, je vais chercher.
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: La fête au XVIIIe siècle
Oui, bien sûr : ils ont passé une partie de l’été là-bas.
D’ailleurs, je pense que c’est Louis XVI qu’on voit sur la deuxième vue, accompagnant les ambassadeurs...
Mais ce tableau montre aussi des scènes populaires telles que le marchand de coco avec son réservoir sur le dos ( dixième vue ), les gardes, les marchands de drap, etc.
A ma connaissance, il existe peu de témoignages comme celui-ci sur les années précédant la Révolution...
D’ailleurs, je pense que c’est Louis XVI qu’on voit sur la deuxième vue, accompagnant les ambassadeurs...
Mais ce tableau montre aussi des scènes populaires telles que le marchand de coco avec son réservoir sur le dos ( dixième vue ), les gardes, les marchands de drap, etc.
A ma connaissance, il existe peu de témoignages comme celui-ci sur les années précédant la Révolution...
Dernière édition par Vicq d Azir le Jeu 11 Oct - 10:46, édité 3 fois
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: La fête au XVIIIe siècle
C'est tellement vivant, tellement foisonnant !
Nous sommes transportés au beau milieu de toute cette multitude .
Merci, cher Févicq .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La fête au XVIIIe siècle
Chers amis,
Comme j'ai regardé.
Le 8 août 1788, Louis XVI écrivait dans son journal: rien, dîne au hameau, soupe et Trianon.
C'était peut-être pour lui rien... fete a Saint Cloud ?
Mais si la reine était présente?
Cela doit être vérifié dans dans les journaux du temps
... mais je ne suis pas sûr..
Merci beaucoup pour ce tableau du fete si détaillé ..
Cela me rappelle un peu le style de peinture de Goya de sa première période. /1770-1790/
Leos
Comme j'ai regardé.
Le 8 août 1788, Louis XVI écrivait dans son journal: rien, dîne au hameau, soupe et Trianon.
C'était peut-être pour lui rien... fete a Saint Cloud ?
Mais si la reine était présente?
Cela doit être vérifié dans dans les journaux du temps
... mais je ne suis pas sûr..
Merci beaucoup pour ce tableau du fete si détaillé ..
Cela me rappelle un peu le style de peinture de Goya de sa première période. /1770-1790/
Leos
Leos- Messages : 796
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 55
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: La fête au XVIIIe siècle
Merci cher Leos de mener cette enquête..
Peut-être les ambassadeurs n’ont-ils pas été reçus par la Famille Royale à St Cloud ce jour-là ?
Ceci expliquerait que l’homme qui les accompagne ne porte pas de cordons, comme le Roi le faisait toujours... Peut-être était-ce alors Breteuil, qui logeait à St Cloud ???
Peut-être les ambassadeurs n’ont-ils pas été reçus par la Famille Royale à St Cloud ce jour-là ?
Ceci expliquerait que l’homme qui les accompagne ne porte pas de cordons, comme le Roi le faisait toujours... Peut-être était-ce alors Breteuil, qui logeait à St Cloud ???
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: La fête au XVIIIe siècle
Et pourtant, ce sont bien des valets de la Maison du Roi que l'on voit sur le tableau, (ils sont reconnaissables à leur livrée tricolore) tentant de contenir la foule.
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La fête au XVIIIe siècle
Oui, Gouverneur, il ne fait pas de doute que le domaine appartient à la Reine depuis déjà 4 ans.
Mais le Roi et la Reine étaient-ils là ce jour là ?
Le Roi et la Reine sont partis pour St Cloud le 25 mai, entre autre pour se rapprocher du Dauphin, malade, qui avait été transféré à Meudon.
La Reine regagne Trianon le 12 juillet.
Les ambassadeurs indiens sont reçus au Grand Trianon puis au château (salon d’Hercule) les 9 et 10 août. Les scènes ci-dessus sont datées du 8.
Mais le Roi et la Reine étaient-ils là ce jour là ?
Le Roi et la Reine sont partis pour St Cloud le 25 mai, entre autre pour se rapprocher du Dauphin, malade, qui avait été transféré à Meudon.
La Reine regagne Trianon le 12 juillet.
Les ambassadeurs indiens sont reçus au Grand Trianon puis au château (salon d’Hercule) les 9 et 10 août. Les scènes ci-dessus sont datées du 8.
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: La fête au XVIIIe siècle
Je vais regarder ce que dit la notice du catalogue Visiteurs de Versailles.
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
La fête au XVIIIe siècle
Une émission de radio à écouter si le sujet vous intéresse...
Joie décrétée, joie détournée : la fête au XVIIIe siècle
Concordance des temps (France Culture)
Épisode du samedi 26 février 2022 par Jean-Noël Jeanneney
Durée : 58 mn
Présentation :
Chaque événement heureux de la Couronne donne lieu, au XVIIIe siècle, à l’organisation de réjouissances dans l’espace public parisien. Pauline Valade revient sur l'histoire politique et culturelle de ces plaisirs éphémères.
Feu d'artifice tiré à la place de Louis XV le 30 mai 1770, à l'occasion du mariage de Louis Auguste Dauphin de France avec l'archiduchesse Marie Antoinette, soeur de l'empereur.
Estampe, c. 1770
A Paris chez Basset, rue S.t-Jacques à S.e-Geneviève
Image : Bibliothèque nationale de France
Un je-ne-sais-quoi nous murmure que nous éprouvons, par les temps qui courent, qui sont riches de malheurs divers, un besoin lancinant de fêtes. Et puisqu’il s’agit aujourd’hui, spécifiquement, de trancher avec une morosité ambiante, on éprouve le goût de vérifier qu’à diverses époques, les réjouissances partagées renseignent sur les psychologies collectives, sur les solidarités et sur les tensions qui sont au travail, en chaque occurrence, dans une société donnée.
Afin de s’en assurer, il n’est que de lire le beau livre que Pauline Valade, docteure en histoire moderne, dont les recherches se développent dans le cadre de l’Université Bordeaux-Montaigne, vient de consacrer à ce sujet, dans le cas particulier du XVIIIe siècle à Paris. Avec elle, par-delà les rituels répétitifs des feux de joie, des bals, des illuminations, des feux d’artifice, des plaisirs éphémères, nous allons constater une évolution remarquable de l’attitude des Parisiens. Ils étaient priés de ratifier implicitement et respectueusement un échange entre la générosité affichée du souverain et l’obéissance de son peuple, selon le vieux principe d’un don et d’un contre-don. C’était d’ailleurs à l’occasion des divers événements heureux qui touchaient la famille royale que ces réjouissances étaient organisées, offertes et en somme imposées à tous.
Mais il se trouva qu’à mesure que le siècle avançait, le public de la capitale se montra de plus en plus rétif envers ce contrat implicite. La joie décrétée d’en haut fut progressivement subvertie au service d’actes de résistance et de contestation politiques. Des actes qui se glissaient dans les interstices d’une surveillance policière obsessionnelle. Ainsi se prépara la Révolution. Les mutations des fêtes dont nous allons parler peuvent nous apprendre beaucoup, par-delà tout leur éclat, sur l’émergence tâtonnante d’une liberté nationale.
Bibliographie :
° Pauline Valade, Le goût de la joie. Réjouissances monarchiques et joie publique à Paris au XVIIIe siècle, Champ Vallon, 2021.
° Arlette Farge, La vie fragile. Violence, pouvoirs et solidarités à Paris au XVIIIe siècle, Hachette, 1986 (rééduquer. depuis).
° Arlette Farge, Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle, Gallimard, 1979 (réed. 1992).
Emission à écouter ici : Radio France - Joie décrétée, joie détournée, la fête au XVIIIe siècle
Joie décrétée, joie détournée : la fête au XVIIIe siècle
Concordance des temps (France Culture)
Épisode du samedi 26 février 2022 par Jean-Noël Jeanneney
Durée : 58 mn
Présentation :
Chaque événement heureux de la Couronne donne lieu, au XVIIIe siècle, à l’organisation de réjouissances dans l’espace public parisien. Pauline Valade revient sur l'histoire politique et culturelle de ces plaisirs éphémères.
Feu d'artifice tiré à la place de Louis XV le 30 mai 1770, à l'occasion du mariage de Louis Auguste Dauphin de France avec l'archiduchesse Marie Antoinette, soeur de l'empereur.
Estampe, c. 1770
A Paris chez Basset, rue S.t-Jacques à S.e-Geneviève
Image : Bibliothèque nationale de France
Un je-ne-sais-quoi nous murmure que nous éprouvons, par les temps qui courent, qui sont riches de malheurs divers, un besoin lancinant de fêtes. Et puisqu’il s’agit aujourd’hui, spécifiquement, de trancher avec une morosité ambiante, on éprouve le goût de vérifier qu’à diverses époques, les réjouissances partagées renseignent sur les psychologies collectives, sur les solidarités et sur les tensions qui sont au travail, en chaque occurrence, dans une société donnée.
Afin de s’en assurer, il n’est que de lire le beau livre que Pauline Valade, docteure en histoire moderne, dont les recherches se développent dans le cadre de l’Université Bordeaux-Montaigne, vient de consacrer à ce sujet, dans le cas particulier du XVIIIe siècle à Paris. Avec elle, par-delà les rituels répétitifs des feux de joie, des bals, des illuminations, des feux d’artifice, des plaisirs éphémères, nous allons constater une évolution remarquable de l’attitude des Parisiens. Ils étaient priés de ratifier implicitement et respectueusement un échange entre la générosité affichée du souverain et l’obéissance de son peuple, selon le vieux principe d’un don et d’un contre-don. C’était d’ailleurs à l’occasion des divers événements heureux qui touchaient la famille royale que ces réjouissances étaient organisées, offertes et en somme imposées à tous.
Mais il se trouva qu’à mesure que le siècle avançait, le public de la capitale se montra de plus en plus rétif envers ce contrat implicite. La joie décrétée d’en haut fut progressivement subvertie au service d’actes de résistance et de contestation politiques. Des actes qui se glissaient dans les interstices d’une surveillance policière obsessionnelle. Ainsi se prépara la Révolution. Les mutations des fêtes dont nous allons parler peuvent nous apprendre beaucoup, par-delà tout leur éclat, sur l’émergence tâtonnante d’une liberté nationale.
Bibliographie :
° Pauline Valade, Le goût de la joie. Réjouissances monarchiques et joie publique à Paris au XVIIIe siècle, Champ Vallon, 2021.
° Arlette Farge, La vie fragile. Violence, pouvoirs et solidarités à Paris au XVIIIe siècle, Hachette, 1986 (rééduquer. depuis).
° Arlette Farge, Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle, Gallimard, 1979 (réed. 1992).
Emission à écouter ici : Radio France - Joie décrétée, joie détournée, la fête au XVIIIe siècle
La nuit, la neige- Messages : 18136
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La fête au XVIIIe siècle
Un beau sujet. Merci
Mr ventier- Messages : 1133
Date d'inscription : 18/11/2020
Age : 58
Localisation : Rouen normandie
Le goût de la joie. De Pauline Valade
J'en profite pour présenter ici le livre de l'invitée de l'émission :
Le goût de la joie
Réjouissances monarchiques et joie publique à Paris au XVIIIe siècle
De Pauline Valade
Champ Vallon, collec. Epoques (Nov 2021)
424 pages
Présentation :
Au XVIIIe siècle, Paris célébrait chaque événement heureux pour la Couronne. La Maison du Roi, le Bureau de la Ville et le Châtelet de Paris organisaient les réjouissances. Les manifestations de joie étaient donc contrôlées par les autorités qui y voyaient les signes tangibles d’une communion avec les sentiments du souverain.
Pour autant, l’expérience de la joie publique n’était pas celle d’une obéissance passive. Les Parisiens s’appropriaient les réjouissances aussi bien en participant qu’en détournant certaines normes de réjouissances. Ils fabriquaient leur propre culture de l’approbation, empreinte d’une critique à peine voilée.
Dès 1770, les gestes traditionnels des réjouissances furent progressivement détournés pour faire valoir un droit de se réjouir indépendamment de la Couronne.
Le goût de la joie
Réjouissances monarchiques et joie publique à Paris au XVIIIe siècle
De Pauline Valade
Champ Vallon, collec. Epoques (Nov 2021)
424 pages
Présentation :
Au XVIIIe siècle, Paris célébrait chaque événement heureux pour la Couronne. La Maison du Roi, le Bureau de la Ville et le Châtelet de Paris organisaient les réjouissances. Les manifestations de joie étaient donc contrôlées par les autorités qui y voyaient les signes tangibles d’une communion avec les sentiments du souverain.
Pour autant, l’expérience de la joie publique n’était pas celle d’une obéissance passive. Les Parisiens s’appropriaient les réjouissances aussi bien en participant qu’en détournant certaines normes de réjouissances. Ils fabriquaient leur propre culture de l’approbation, empreinte d’une critique à peine voilée.
Dès 1770, les gestes traditionnels des réjouissances furent progressivement détournés pour faire valoir un droit de se réjouir indépendamment de la Couronne.
La nuit, la neige- Messages : 18136
Date d'inscription : 21/12/2013
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