Lettres de Marie-Antoinette à la princesse de Guéménée

Je vois que c’est la grande saison de la correspondance de Marie-Antoinette... :\\\\\\\\:
Je vide donc mes galeries très mal rangées !!

Je suppose donc qu’il s’agit d’un billet adressé à la princesse de Guéméné (Victoire Armande Josèphe de Rohan), puisque la photo avait été prise aux Archives nationales me semble-t-il.
Si je me trompe de destinataire, ou si nous l’avons déjà illustré dans cette section, signalez-le.



D’autres lettres ont été présentées dans le sujet consacré aux Guéméné, il faudra peut-être les déplacer ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t676-le-prince-et-la-princesse-de-guemenee

La nuit, la neige a écrit:Je vois que c’est la grande saison de la correspondance de Marie-Antoinette... :\\\\\\\\:

Mais oui, tu as vu ça? : Il y a des modes comme ça.

Dis donc, elle a l'air sacrément énervée Marie-Antoinette dans le billet que tu viens de poster ! :!,,,!!!: Qu'avait encore fait la princesse de Guéméné ?

Je présume que la Princesse a seulement été susceptible de croire en des ragots qui lui avaient été rapportés et qui étaient censés lui faire croire en sa défaveur dans l'estime de la Reine...

Bien à vous.

Cosmo a écrit:

Dis donc, elle a l'air sacrément énervée Marie-Antoinette dans le billet que tu viens de poster ! :!,,,!!!: Qu'avait encore fait la princesse de Guéméné ?

Elle a prêté une oreille trop complaisante à des ragots ...

En effet. L'écriture est nerveuse. Certaines lettres sont très noires : elle a appuyé trop fort sur le papier à certains endroits.

Bref, elle n'a pas l'air contente du tout.

Ce billet n'est pas daté ?

Il ne semble pas. Peut-être vers 1777? Cela coïncide avec une série de lettres de Mercy à Marie-Thérèse, où il explique comment il s'emploie, avec l'abbé de Vermond, à détruire le crédit de la princesse de Guéméné auprès de la reine :

"Nous sommes parvenus à lui démasquer le duc de Lauzun, qui était un des plus dangereux personnages, et la reine s'est décidée à lui refuser désormais tout accès de confiance. Il nous a réussi également de détruire le pernicieux crédit de la princesse de Guéméné, mais la reine, en la connaissant pour ce qu'elle vaut, la ménage encore pour pouvoir aller de temps en temps passer des heures de la soirée chez la dite princesse, qui rassemble chez elle la jeunesse de Versailles". (Mercy à Marie-Thérèse, le 17 janvier 1777).

Le frère de Marie-Antoinette, Joseph II, s'y met lui aussi puisque "choqué du mauvais ton de l'assemblage des gens" et de "l'air de licence" qui règne chez la princesse de Guéméné, dont la maison est qualifiée de "tripot", il morigène Marie-Antoinette sur cet article (lettre de Mercy à Marie-Thérèse du 15 juin 1777).

Marie-Antoinette aurait paraît-il "convenu" de la "justesse des remarques de l'empereur  sur la princesse de Guéménée et sa société" (même lettre).

Bref, je peux comprendre que les oreilles de la princesse de Guéméné sifflaient.  

Mais comme dit Mercy, Marie-Antoinette ne voulait pas se fâcher avec la princesse, car elle rassemblait chez elle la jeunesse de Versailles.

C'est dans le salon de la princesse de Guémenée que se réunissait la société Polignac ( en passe de devenir la société particulière de la reine ), avant que la comtesse Jules n'ouvre son propre salon .

Marie-Antoinette et la princesse de Guéméné : une amitié utile ?

... dans ce sens, en tout cas.
Mais peut-on parler d'amitié entre la reine et Mme de Guéménée ? Je ne sais pas .
Marie-Antoinette a-t-elle été particulièrement touchée par le crash et la banqueroute Guéménée ? La princesse se retire à Vigny sans pour autant laisser beaucoup de regrets .

De plus, il n'apparaît pas que sa démission de son poste de gouvernante ait eu un quelconque incident sur la petite Marie-Thérèse qui avait pourtant déjà quatre ans. Un âge suffisant pour être attachée à sa "nounou" me semble-t-il. Pour le dauphin, il était vraiment trop petit.
Or Marie-Antoinette se fera un point d'honneur de parler de madame de Polignac à son fils de quatre ans, de le surnommer Chou d'Amour pour qu'il se rappelle de son ancienne gouvernante...
L'aînée plus grande lui passera également des petits messages écrits.
A-t-elle jamais écrit à sa première gouvernante ? Pas à ma connaissance. Ne serait-ce que pour une bonne année, lorsqu'elle a su manier une plume.

Ce ne sont donc pas du tout les mêmes rapports.

J’ai fouillé dans mes papiers, et j’ai enfin retrouvé le document qui avait été distribué au grand public à l’occasion de l’exposition aux Archives nationales : "Marie-Antoinette, pièces à conviction".

Ce mot-ci n’est en effet pas daté, mais voici ce que précise l’une des commissaires de l’exposition, Mme Le Brigand, que je cite :

Lettre autographe de la reine Marie-Antoinette à la princesse de Guéméné

Contexte
Même si elle ne partage pas avec elle le même degré d’intimité, Mme de Guéméné offrait à Marie-Antoinette par sa désinvolture et sa gaieté exubérante la distraction que celle-ci n’avait pu trouver auprès de la princesse de Lamballe.
Liée officiellement au duc de Coigny, tandis que son époux avait pour maîtresse Mme Dillon, autre confidente de la reine, la princesse organisait des fêtes brillantes dans son petit château de Montreuil et dans ses appartements des Tuileries.
Elle attirait la meilleure société à ses tables de jeu où se retrouvaient les partisans de Choiseul et où l’on intriguait beaucoup.
Adepte de l’illuminisme, elle prétendait aussi avoir des rapports avec l’au delà ( boudoi32 )

Contenu
Intrigues et cabales allaient bon train dans l’entourage de Mme de Guéméné. Louis XVI lui même s’amusait beaucoup des « cancans » et « potins » de la Cour.
Il n’est donc guère étonnant que Marie-Antoinette, que la princesse traitait en égale, lui reproche dans cette lettre d’avoir prêté l’oreille a des rumeurs.
Bien que l’objet du mécontentement ne soit pas explicité, il semble que son amie se soit laissée persuader par quelque langue perfide qu’elle avait perdu son crédit auprès d’elle.

Marie-Antoinette appréciait suffisamment la princesse de Guéméné pour passer de nombreuses soirées chez elle. Parce qu'elle l'amusait. Marie-Antoinette cherchait surtout à se distraire. Mais ce n'est pas ce que nous pouvons appeler une véritable amitié.
La bonne copine pour les fêtes. Pas l'amie à qui l'on confie ses états d'âme.
Et vraiment pas celle à qui l'on confie ses enfants... àè-è\':

La nuit, la neige a écrit:

Selon Françoise Kermina, ce billet s'inscrit dans le cadre de la guerre que se livrent le clan de Mme de Guéméné et celui de Mme de Lamballe, pour l'emporter auprès de la reine.

"Lamballistes et guéménistes rivalisent âprement dans l'espoir de gouverner cette souveraine d'à peine vingt ans."(F. Kermina, "Mme de Guéménée, le mauvais ange", Revue des Deux Mondes 1985).

Transcription du billet litigieux :  

"Je suis fâchée, ma chère princesse, que vous ajoutiez si aisément foi à tout ce qu'on vient vous dire, vous devriez être assez sûre de mon amitié, et je crois que vous n'avez pas besoin d'explication particulière sur cet article."

Et toujours présentée à l’occasion de cette expo :

Lettre autographe de la reine Marie-antoinette à la princesse de Guéméné
Fin mars - mi-avril 1779
Archives nationales (Paris)



Je laisse aux habitués le soin de la retranscription... :

Notes de Mme Le Brigand, commissaire de l’exposition, que je cite :

Contexte
En mai 1777, inquiète de la stérilité du jeune couple royal, l’impératrice Marie-Thérèse dépêcha en France son fils Joseph. Celui-ci donna de judicieux conseils à son beau-frère et incita sa soeur à moins de réserve.
Le 19 décembre 1778, Marie-Antoinette mit au monde une petite fille, Marie Thérèse Charlotte, dite Madame Royale, qui fut baptisée le lendemain.
Ce premier enfant du couple royal fut confié à Mme de Guéméné que la reine ici rassure sur l’amélioration de sa santé tout en se plaignat d’avoir été séparée de son bébé.

Contenu
La naissance d’une fille rassura Louis XVI et l’opinion sur la fécondité de la reine. Mais restait à satisfaire le souci de pérennité dynastique.
Marie-Antoinette pouvait donc s’attendre à devoir le plus rapidement possible reprendre la vie conjugale.
Mais fin mars 1779, elle attrapa une rougeole très douloureuse qui lui causa de violents maux de gorges et des aphtes.
Elle se retira à Trianon, pour se reposer et préserver sa petite fille, mais aussi son mari de tout risque de contagion. Cet éloignement lui permit peut-être aussi de cacher son chagrin.
Bien qu’elle ait tenté de le retenir à la Cour, le comte Axel de Fersen était déterminé à partir pour l’Amérique.

Merci pour ce document mon cher LNLN.
Il date de 1779 semble-t-il oui.
Victime d'une épidémie de rougeole, Marie-Antoinette avait dû se séparer de sa fille, bien malgré elle.

Transcription de cette lettre :

"Je compte trop sur votre amitié ma princesse, pour douter de l'intérêt que vous prenez à ce qui me regarde. Je me porte à merveille à cette heure. Mes forces reviennent petit à petit. Je vous promets bien de me ménager beaucoup et longtemps. C'est une grande privation pour moi de ne pas vous voir, et surtout ma fille, j'ai une grande impatience de la revoir. Je compte que je la trouverai bien grandie, mais je me meurs de peur de peler encore après trois semaines, et alors je n'oserai pas la voir. Adieu, ma princesse, mes forces et mes yeux m'empêchent d'en dire davantage.
Si vous écrivez à Mme Dillon, mandez lui de ma part que j'ai été bien malade mais que je me porte très bien à cette heure."

Marie-Antoinette était alors "enfermée" à Trianon, nous explique Françoise Kermina, mais pas toute seule. "Quatre courtisans, parmi les plus divertissants, lui servaient de gardes-malades, se relayant à son chevet de 7 heures du matin à 9 heures du soir : le comte Esterhazy, noble officier hongrois, qui devait à la reine un avancement voyant, le baron de Besenval, qui briguait ses faveurs, et, plus compromettants encore, le duc de Coigny et le duc de Guines qui appartenaient également au clan des Guéménée, le premier passait pour l'amant de Marie- Antoinette, et elle avait soutenu le second dans un procès scandaleux." (F. Kermina, "Mme de Guéméné le mauvais ange", Revue des Deux Mondes 1985).

Cosmo a écrit:Mme de Guéméné le mauvais ange",.

... le mauvais ange, à cause du jeu ?

Le jeu, les moeurs... et les intrigues.

1/ Le jeu : comme tu sais, on misait des sommes très importantes chez Mme de Guéménée et on trichait même parfois. Alors que les jeux de hasard étaient interdits à Paris, Marie-Antoinette perdait de grosses sommes chez Mme de Guéménée (parfois jusqu'à 100 louis dans une seule soirée). L'empereur Joseph II refusa d'ailleurs catégoriquement, en 1777, la partie que lui proposait sa sœur :

— Je ne suis pas assez riche, d'ailleurs le jeu fait entrer dans vos appartements des gens qui sont faits pour rester dans l'antichambre.

2/ La liberté de moeurs de la princesse et de son entourage : Mme de Guéménée rejoignait quelquefois à la campagne son mari et la maîtresse de celui-ci, Mme Dillon. Elle était très attachée à Mme Dillon qui, comme dame du palais, avait été "la première flamme de Marie-Antoinette" selon Françoise Kermina. "Une complaisance réciproque régnait d'ailleurs dans cet aimable château de Hautefontaine, dont la maîtresse de maison, mère de Mme Dillon, affichait sa propre liaison avec l'archevêque de Narbonne. Comme l'expliquait l'un des invités à une jeune mariée trop naïve :
— Si vous voulez vivre tranquille ici, cachez mieux votre amour pour votre mari, l'amour conjugal est le seul qu'on n'y tolère pas." (F. Kermina, "Mme de Guéménée le mauvais ange", Revue des Deux Mondes 1985, citant la comtesse de Boigne me semble-t-il).

3/ Les intrigues : "ambitionnant, comme tous les prétendus amis de la reine, de diriger sa conduite, la princesse de Guéménée s'appliquait à lui trouver des mentors" (F. Kermina). C'est Mme de Guéménée qui "lancera" Coigny, Guines... et Lauzun . Avec le résultat que l'on connaît en ce qui concerne Lauzun : sa conduite obligera la reine à le mettre à la porte. Le duc de Coigny, jaloux, oeuvre contre Lauzun et celui-ci, pour se soustraire à une disgrâce menaçante, part conquérir le Sénégal. La reine, peu rancunière, l'annonce avec plaisir à Mme de Guéménée :

"Je connais trop votre amitié pour vos amis, ma chère princesse, pour ne pas m'empresser à être la première à vous faire compliment sur la nouvelle que le roi vient de recevoir que M. de Lauzun a pris le Sénégal. [... ] J'oubliais de vous dire que cette prise s'est faite sans que personne n'ait été blessé."

A son retour du Sénégal, Lauzun tombe sous le charme de la marquise de Coigny, belle-fille du duc... et rivale de Marie-Antoinette. La reine aurait soupiré "Je suis la reine de Versailles, mais c'est Mme de Coigny qui est la reine de Paris".

Le vent finira par tourner en 1782 pour les Guéménée. Tout d'abord avec la mort de Mme Dillon, début septembre 1782, à l'âge de 37 ans.
La cour se trouvait alors à La Muette, pour l'inoculation de Madame Royale, qui préoccupait beaucoup Marie-Antoinette. Elle écrit alors à Mme de Guéménée :

"Enfin, ma princesse, cette pauvre petite est inoculée, le cœur me battait bien fort ce matin, mais tout s'est passé à merveille, ma fille n'a pas crié, n'a pas jeté une larme. On lui a fait quatre piqûres, son bras malade la fait souffrir un peu davantage, mais elle a le même courage pour tout, je n'ai plus qu'à désirer que tout se passe de même, je compte que ces dames vous auront mandé que ma fille a été très aimable à Saint-Denis."

Marie-Antoinette restera bienveillante jusqu'à la fin envers Mme de Guéménée, comme le montre cette lettre notamment :

"On m'a dit hier que vous aviez la fièvre, ma princesse, je crains bien que l'humidité de Trianon, jointe aux chagrins, n'en soit la cause. [...]
Comme nous n'allons pas à Versailles, vous êtes maîtresse d'y revenir comme vous voudrez, je serai bien... d'y trouver mon fils le 9, car je compte y faire une course ce jour-là et l'humidité pourra bien nous ramener plus tôt. [...] Je suis charmée que Mme d'Aumale soit bien, je l'aurais bien regrettée, et c'aurait été une véritable perte pour mes enfants."

Le lendemain de cette lettre, les Guéménée annoncent une banqueroute de 33 millions de livres... soit le quart du déficit de l'Etat à la veille de la Révolution.  
"M. et Mme de Guéménée ont tout perdu, fortune, existence, asile, en un mot tout, sans même qu'il leur reste ce que notre François Ier s'applaudissait d'avoir sauvé", écrit le chevalier de l'Isle au prince de Ligne.

Louis XVI exigea que les Guéménée se défassent de toutes leurs charges. C'est ainsi que la charge de gouvernante des Enfants de France échappa aux Rohan, pour revenir à Mme de Polignac. Les Rohan en voulurent mortellement à la reine, qu'ils accusaient d'avoir poussé le roi à la rigueur.
Pourtant, la reine avait obtenu du roi, des lettres de surséance (c'est-à-dire un répit de 3 mois pour payer les créanciers ), comme cette lettre de Marie-Antoinette à la princesse de Guéménée en atteste :

"J'ai montré ce matin votre lettre au roi, ma princesse, il n'a pas hésité sur les lettres de surséance [...] et vous devez bien croire, ma princesse, que je ferai tout ce qui dépendra de moi pour l'accélérer, c'est bien dans une occasion comme celle-ci que je désire vous obliger et vous donner la preuve de ma tendre amitié pour vous et M. de Guéménée. Vous savez par Mme de Soucy des nouvelles de ma fille, je commence à respirer, il n'y a plus que des malaises de temps en temps."

Néanmoins, la vindicte des Rohan "poursuivra implacablement Marie-Antoinette" nous dit Françoise Kermina ("Mme de Guéménée le mauvais ange", Revue des Deux Mondes 1985): "En 1786, ils obtiendront l'acquittement spectaculaire du cardinal compromis dans l'Affaire du collier ; le prince de Condé, beau-frère de Mme de Guéménée, sera, dans l'émigration, un ennemi redoutable de la reine ; le duc de Lauzun participera aux intrigues du parti Orléans avant de finir général de la République ; quant à la marquise de Coigny, son animosité sans objet deviendra de l'exécration lorsque le roi aura refusé au marquis de Conflans l'ordre du Saint-Esprit parce qu'il avait épousé une roturière. L'esprit de vengeance des Rohan soufflait à ces aristocrates égarés la haine d'un régime qui était pourtant la source de leur propre puissance. L'infortunée Marie-Antoinette, en se séparant, sans doute contre son gré, de la princesse de Guéménée, ne se doutait pas qu'elle aurait à payer, l'une après l'autre, toutes les folies que lui avait inspirées ce mauvais ange."

Cosmo a écrit:
Marie-Antoinette était alors "enfermée" à Trianon, nous explique Françoise Kermina, mais pas toute seule. "Quatre courtisans, parmi les plus divertissants, lui servaient de gardes-malades, se relayant à son chevet de 7 heures du matin à 9 heures du soir : le comte Esterhazy, noble officier hongrois, qui devait à la reine un avancement voyant, le baron de Besenval, qui briguait ses faveurs, et, plus compromettants encore, le duc de Coigny et le duc de Guines qui appartenaient également au clan des Guéménée, le premier passait pour l'amant de Marie- Antoinette, et elle avait soutenu le second dans un procès scandaleux." (F. Kermina, "Mme de Guéméné le mauvais ange", Revue des Deux Mondes 1985).

Esterhazy n'était pas hongrois – c'était un français, ainsi que son père et sa mère. C'est son grand-père qui avait émigré en France.

En 1775, l'influence de la puissante famille des Rohan était à son comble. Le prince de Guéménée, Henri de Rohan, devenait grand chambellan, une des principales charges de la cour.
La reine était intervenue en sa faveur, comme en témoigne cette lettre (1) qu'elle adresse alors à la princesse de Guéménée :

Je viens de reparler au roi pour l'affaire de M. de Guéménée. Le roi me paraît en bonne disposition pour lui, mais je crains que M. de Bouillon (2) ne se prête pas de bonne grâce à l'idée du roi, il voudrait bien que M. de Bouillon cédât sa place à son neveu et se contentât de la survivance. Employez votre esprit pour le persuader. Le roi me charge de vous dire ce que je vous mande, je n'aurais pas griffonné si j'avais pu vous voir aujourd'hui. Si vous ne réussissez pas à persuader M. de Bouillon, ne vous découragez pas, nous vivrons plus d'un jour, et nous tenterons d'une autre manière.


(1) Non datée comme toutes celles qui vont suivre, mais on peut la situer, par le contexte, en juillet-août 1775. L'orthographe a été rétablie et uniformisée. Pour le mot roi, par exemple, la reine emploie indifféremment majuscule ou minuscule.

(2) Oncle du prince.

Ces lettres de Marie-Antoinette à Mme de Guéménée, publiées par Françoise Kermina, ne sont pas répertoriées non plus dans la correspondance éditée par Mme Lever .

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Merci.
Y a-t-il une image ? Je ne la vois pas... àè-è\':

J’ai fusionné dans le sujet existant : Guéméné (ou Guéménée ?)

La nuit, la neige a écrit:Merci.
Y a-t-il une image ? Je ne la vois pas... àè-è\':

J’ai fusionné dans le sujet existant : Guéméné (ou Guéménée ?)

Non hélas, pas d'image !
Quant à Guéménée, je l'écris à l'ancienne " ée " . C'est beaucoup plus joli.

Oups, pardon pour avoir mal posté !

Comme toute la cour, poursuit Françoise Kermina,  Marie-Antoinette doutait de la compétence de Mme de Guéménée ; ni elle ni le roi ne l'avait choisie pour un poste qu'elle avait obtenu en survivance de sa tante, la comtesse de Marsan, mais, n'osant heurter la gouvernante de front ni même supprimer le cérémonial des révérences au berceau, la reine s'arrangeait seulement pour qu'elles n'eussent pas lieu.

Il lui suffisait pour cela d'écrire de petites notes à Mme de Guéménée, telle celle-ci :

Je viens de prendre les ordres du roi, ma chère princesse, pour les présentations de demain, il pense comme moi que sa fille est bien petite pour en recevoir et qu'on peut les regarder comme reçues.
Bonsoir, ma princesse, je vous embrasse.

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Mme de Sabran a écrit:Comme toute la cour, poursuit Françoise Kermina,  Marie-Antoinette doutait de la compétence de Mme de Guéménée ; ni elle ni le roi ne l'avait choisie pour un poste qu'elle avait obtenu en survivance de sa tante, la comtesse de Marsan, mais, n'osant heurter la gouvernante de front ni même supprimer le cérémonial des révérences au berceau, la reine s'arrangeait seulement pour qu'elles n'eussent pas lieu.

Il lui suffisait pour cela d'écrire de petites notes à Mme de Guéménée, telle celle-ci :

Je viens de prendre les ordres du roi, ma chère princesse, pour les présentations de demain, il pense comme moi que sa fille est bien petite pour en recevoir et qu'on peut les regarder comme reçues.
Bonsoir, ma princesse, je vous embrasse.

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C'est charmant comme petit mot. Louis XVI et Marie-Antoinette ont eu bien raison de supprimer cet usage d'étiquette qui il faut l'avouer était aberrant. Un nouveau-né, quelque soit sa naissance, n'a pas besoin d'un défilé de centaines de personnes à son berceau. boudoi29